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03/10/2013

(K-Drama / Pilote) The Suspicious Housekeeper : une étrange gouvernante au sein d'une famille endeuillée


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Il vous avait manqué, le revoilà, le rendez-vous asiatique... du jeudi, pour cette semaine. Aujourd'hui, je vous propose de prendre la direction de la Corée du Sud pour un drama un peu particulier. Si vous me lisez régulièrement, vous connaissez mes réticences vis-à-vis des remakes : cela peut aller de la réaction épidermique à la franche mauvaise foi suivant la qualité de l'adaptation et de l'originale. Cependant, parallèlement, je reste une sériephile curieuse. Et quand la télévision sud-coréenne adapte le grand succès japonais de 2011, Kaseifu no Mita, je ne peux résister à l'envie d'y jeter un oeil. 

The Suspicious Housekeeper a débuté sur SBS le 23 septembre 2013, diffusée les lundi et mardi soirs. Elle est annoncée pour une durée de 20 épisodes, donc bien plus longue que l'originale qui comptait seulement 11 épisodes, lesquels étaient en plus beaucoup plus courts que le format sud-coréen d'épisodes dépassant 1h. Le scénario a été confié à Baek Woon Chul, et la réalisation à Kim Hyung Shik. Pour tout vous dire, même si je ne me suis pas installée devant ma télévision à reculons, je ne vous cache pas que j'étais assez sceptique de voir porter à l'écran un telle adaptation. Ces premiers épisodes n'ont pas balayé toutes mes réserves.

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The Suspicious Housekeeper s'ouvre sur des funérailles : celle d'une mère de famille laissant derrière elle quatre enfants sans repères, ainsi qu'un mari dépassé par le rôle de père et les responsabilités qui lui sont soudain confiées, lui qui préfèrerait se consacrer à sa carrière et à sa maîtresse. Ce dernier décide de louer les services d'une gouvernante pour remettre de l'ordre dans la maison et assurer les tâches du quotidien. L'agence à laquelle il s'adresse lui envoie une employée très particulière : Park Bok Nyeo. Appliquée et consciencieuse, elle est incapable de sourire et reste invariablement impassible. Elle exécute aussi tous les ordres - quels qu'ils soient - sans broncher. Sa supérieur conseille d'ailleurs de faire attention : si on lui donnait l'ordre de tuer quelqu'un, il se pourrait bien qu'elle l'exécute...

Malgré son étrangeté, Park Bok Nyeo s'intègre au sein de la famille brisée et dysfonctionnelle qui l'emploie, provoquant des réactions qui permettent à chacun d'exprimer ce qu'il a sur le coeur. Cependant, la maisonnée frôle l'implosion lorsque la vérité sur le drame qui les a durement touchés est révélée. Outre le récit d'une famille en ruines et à reconstruire, le drama invite le téléspectateur à s'interroger : qui est vraiment cette gouvernante ? Quels secrets passés dissimule-t-elle ?

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Au cours de ses deux premiers épisodes, la trame de The Suspicious Housekeeper suit un schéma relativement fidèle au drama d'origine. La série respecte les deux grandes sphères narratives qui avaient fait la force de Kaseifu no Mita : le mystère du personnage de Park Bok Nyeo et le difficile travail de deuil au sein de la famille Eun. Concernant le premier point, nul doute que la gouvernante intrigue. Sa froide impassibilité, combinée à l'excellence de ses compétences - de ses qualités de cuisinière à ses capacités de mathématicienne -, interpelle. Ses non-réactions et la manière abrupte dont elle peut prendre congé de conversations très importantes vont à rebours de toute convention sociale. Souvent, l'étalage de ses connaissances tient du spectacle, mais, dès qu'une pointe plus inquiétante se fait jour, The Suspicious Housekeeper prend son envol : la scène finale du premier épisode fait office d'électrochoc, à la suite de l'avertissement sur les dangers de l'obéissance aux ordres de Bok Nyeo. Deux problématiques sont ainsi à exploiter : en plus de se demander jusqu'où la gouvernante peut aller et quels actes elle peut commettre dans le cadre de ses fonctions, elle s'impose comme une énigme. Pourquoi est-elle ainsi ?

Si tous les ingrédients sont posés pour susciter le mystère, il faut cependant avouer que les débuts de cette version sud-coréenne fonctionnent moins bien que ceux de Kaseifu no Mita qui capitalisait sur une dimension inquiétante plus prononcée. La faute peut-être à une narration dont la tonalité se disperse trop facilement. De plus, l'écriture verse dans quelques excès dispensables, manquant de la subtilité attendue devant à certaines situations. Car, parallèlement aux questions provoquées par Bok Nyeo, c'est dans une famille en train d'imploser que The Suspicious Housekeeper nous plonge. Le drama évoque la douleur de ces enfants privés de leur mère, mais aussi la faillite complète de ce père et de ce mari. Des ajustements restent à opérer : certains enfants sont vite crispants, et le père est encore trop renfermé pour que le téléspectateur dépasse l'antipathie instinctive générée par ses actions. L'équilibre était plus immédiat dans Kaseifu no Mita. Cependant, au sein de ce tableau de famille désagrégée, et dans les déchirures qui se poursuivent au gré des révélations - s'accélérant efficacement durant le second épisode -, se perçoit un vrai potentiel narratif, lequel ne demande qu'à être mis en valeur par une écriture plus fine.

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Sur la forme, The Suspicious Housekeeper reste plutôt en dedans, avec une réalisation sans prise de risque, extrêmement classique. Si quelques scènes sont assez réussies - la scène dans la rivière du premier épisode, par exemple -, dans l'ensemble, le visuel est très quelconque. Quant à la bande-son, on y retrouve certaines des incertitudes liées à la tonalité du récit, avec le surgissement pas toujours opportun d'une musique soudain légère plus orientée comédie, avec des passages d'une ambiance à l'autre soient toujours bien dosés.

Enfin, côté casting, c'est Choi Ji Woo (Winter Sonata, Can't Lose) qui interprète la mystérieuse gouvernante : l'impassibilité exigée par son rôle rend la performance presque minimale. Ayant logiquement tendance à la comparer avec Matsushima Nanako, j'ai trouvé qu'il lui manquait ce petit quelque chose grâce auquel l'actrice japonaise apportait une aura très particulière à cette figure étrange ; cependant, Choi Ji Woo est pleinement entrée dans son personnage. Au sein de la famille qui l'accueille, Lee Sung Jae (A wife's credentials) incarne ce père dépassé : c'est en faisant ressortir ses failles qu'il saura l'humaniser. Quant aux quatre enfants, les performances sont très diverses : Chae Sang Woo, dans le rôle du fils le plus âgé, vite l'insupportable, tandis que Kim So Hyun sait se montrer plus assurée en tant que fille aînée ; Nam Da Reum et Kang Ji Woo complètent le tableau familial. Il manque peut-être pour l'instant l'homogénéité du drama japonais. Enfin Wang Ji Hye (President, Personal Preference) interprète la maîtresse de Sang Chul.

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Bilan : A mi-chemin entre le drame familial et le mystère intrigant que représentante la gouvernante, The Suspicious Housekeeper se réapproprie assez fidèlement les ingrédients qui avaient fait l'efficacité de la série d'origine. Ce drama entraîne le téléspectateur dans des dynamiques difficiles, mais ambitieuses, face à une famille en cours de désagrégation suite au deuil qui l'a frappé. L'écriture est correcte, mais manque de finesse, notamment avec des changements de tons et des excès pas toujours heureux. L'ensemble intrigue, sans pour autant parvenir à susciter la même aura inquiétante que Kaseifu no Mita.

En résumé, des réglages sont encore nécessaires. Je pense que si je n'avais pas vu et apprécié Kaseifu no Mita, j'aurais donné quelques épisodes de plus à The Suspicious Housekeeper pour s'installer. Je retenterai peut-être un peu plus tard en fonction des échos que je lirai sur le drama. Pour les curieux amateurs de mélange des genres.


NOTE : 6,25/10


Un extrait du premier épisode :


Une chanson de l'OST :


21/09/2011

(K-Drama / Pilote) Can't Lose (Can't Live With Losing) : la vie de couple dans tous ses états

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Après l'escapade tokyoïte de la semaine passée, nous voici de retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique, pour évoquer les débuts d'un drama actuellement en cours de diffusion et que j'attendais avec une certaine curiosité, en partie en raison de son synopsis intrigant qui semblait se distinguer des ressorts classiques des rom-com sud-coréenne, mais aussi en raison de son casting (notamment avec la présence de Choi Ji Woo). 

Can't Lose a débuté sur MBC le 24 août dernier. Diffusée les mercredi et jeudi soirs, elle devrait comporter 16 épisodes. A défaut d'avoir conquis le public sud-coréen, les audiences n'étant malheureusement pas vraiment au rendez-vous, ces premiers épisodes ne m'ont pas déplu. Loin de là. Ce n'est sans doute pas un drama pour lequel on aura un coup de foudre instantané, ni une comédie pétillante qui vous fera rire aux larmes, mais les relations explosives qu'il dépeint nous rallie progressivement à la cause de ce couple au bord de la rupture.

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Eun Jae et Hyung Woo sont deux jeunes mariés. Ils sont tombés sous le charme l'un de l'autre dès leur première rencontre fortuite dans un stade, laquelle s'est terminée par l'échange d'un premier baiser devant un parterre de spectateurs retenant leur souffle. Complémentaires dans leurs ambitions, ils partagent en plus la même profession puisqu'ils sont tous deux avocats. Emportés par leurs sentiments, ils décident très rapidement de se marier et d'ouvrir ensemble un cabinet. Madame aspire à gagner de l'argent, Monsieur tend plutôt vers l'aide aux plus faibles et défavorisés, les deux devraient donc parfaitement s'équilibrer... En théorie du moins.

Car un an a passé, et la supposée complémentarité peine à se trouver. Au contraire, il y a de l'eau dans le gaz dans cette relation entre deux personnes peut-être trop différentes pour partager leur vie. Eun Jae a l'impression d'être la seule à faire face à ses responsabilités financières pour permettre au couple de vivre, le caractère bon samaritain de Hyung Woo n'ayant plus à ses yeux le romantisme qu'il pouvait avoir au départ. D'incompréhensions en opposition directe de caractères, les deux jeunes gens s'éloignent, perdant le fil de communication qui existait entre eux et passant désormais plus de temps à se fâcher qu'à apprécier la compagnie de l'autre. Leur mariage peut-il survivre à ces soubresauts et retrouver une seconde vitalité ?

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Le premier attrait de Can't Lose, c'est d'être un drama relationnel qui tranche dans le paysage classique de la romcom sud-coréenne. En effet, ce n'est pas une rencontre qu'il va nous relater, mais le devenir d'un couple déjà marié. Battant en brêche les happy end où le mariage est présenté comme l'apogée et le parachèvement du récit, Can't Lose nous entraîne par-delà ce mythe pour s'intéresser justement à une relation sur le long terme : que se passe-t-il lors de ce fameux "après" où les caméras s'aventurent peu ? Comment préserver les sentiments, maintenir une complicité au quotidien, alors même que cette fréquentation constante amène de plus en plus à souligner les différences, les défauts de l'autre, exacerbant les points de tension au sein du couple ?

Can't Lose ne reprend pas à son compte la promesse d'horizon doré imaginée par les grands romantiques. Au contraire, c'est un drama qui n'hésite pas à globalement aborder la vie maritale sous un angle plus sombre, refusant de passer sous silence les difficultés qui surgissent irrémédiablement, et dont nos deux héros sont loin d'être les seuls représentants - une scène dans le parc illustrant cela à merveille. Comment réapprend-on à communiquer, à s'apprécier en dépit de l'addition des petites frustrations que chaque jour apporte ? Le couple principal n'est pas en quête d'un changement de partenaire, c'est un nouvel équilibre qu'il leur faut : s'il est évident que Eun Jae et Hyung Woo ont toujours des sentiments réciproques très forts l'un pour l'autre, les dissonances sautent également aux yeux.

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De par son sujet, Can't Lose adopte logiquement une tonalité moins insouciante et plus mature sur les jeux de l'amour. Bénéficiant d'un rythme de narration dynamique qui ne tombe pas dans l'excès de vouloir trop en faire, le développement des intrigues apporte son lot de petits rebondissements, avec notamment une introduction des belles-mères pour le moment fort bien gérée. C'est que, de manière assez paradoxale et fort bien trouvée, chacun semble plus proche dans son caractère de la mère de l'autre (même s'il est dans la plus pure tradition sud-coréenne que la mère du marié et sa belle-fille ne puissent s'entendre). Au fil des premiers épisodes, l'approche très concrète et authentique des relations permet au téléspectateur de se sentir de plus en plus impliqué par ce qui se joue sous yeux. Elles nous entraînent en effet dans des montagnes russes émotionnelles permanentes, l'apaisement de l'un équivalent au réveil de l'agacement de l'autre, comme s'il ne leur était plus possible de s'accorder autrement qu'en étant tous deux fâchés.

Dans ces scènes, les dialogues de la série, toujours très vifs, bénéficient aussi grandement du sens de la répartie aiguisée que cultivent des protagonistes dont c'est justement la profession. La manière dont est exploité la toile de fond juridique est plutôt astucieuse : non pas pour nous plonger dans un ersatz de legal drama auquel la série n'aspire nullement, mais parce que leurs différences de conception du métier symbolisent leur opposition, tout en empiétant sur leur manière de fonctionner et de gérer ces périodes de crise. Le titre "can't lose" reflète bien tout l'enjeu : transiger, trouver une voie de conciliation, oui, mais capituler et abandonner complètement ses griefs ou ses exigences, non. Il est assez symptomatique d'ailleurs que le moyen le plus irrésistible existant au sein de leur couple est celui de communiquer par mémoire interposé : une vague argutie juridique teintée d'une volonté de compromis s'avère plus payante qu'une conversation qui part rapidement hors de contrôle. C'est bien le signe que Eun Jae et Hyung Woo doivent réapprendre à se trouver pour repartir sur des fondations apaisées, et qu'ils ont ici des torts partagés manifestes.

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Sur la forme, Can't Lose est un produit parfaitement calibré. La réalisation est classique, la caméra profite des décors esthétiques, accompagnée d'une photographie qui aime les couleurs claires... A tous ces éléments s'ajoutent également quelques effets spéciaux de style, brèves hallucinations ou fantasmes d'un personnage, qui, sans abus, tombent souvent justes pour capturer l'atmosphère de l'instant : quelle belle-fille n'a pas visualisé sa belle-mère en diablotin dans un k-drama ? Par ailleurs, la bande-son est agrémenté de plusieurs chansons agréables à l'écoute, dont une, particulièrement entraînante, sied parfaitement à l'ambiance sur-dynamique et versatile qui régit les relations au sein du couple principal.

Enfin, une partie du charme de Can't Lose tient assurément à son casting, ou plus précisément à son duo qui dispose d'une alchimie indéniable à l'écran. Choi Ji Woo (Winter Sonata) incarne avec beaucoup d'énergie une femme de caractère, aussi dispersée qu'ambitieuse. Face à elle, Yoon Sang Hyun (Secret Garden) joue de manière très posée cet avocat, certes plus ordonné mais qui souhaite se consacrer, non à faire fructifier un compte en banque pour lequel il n'a aucun intérêt, mais à mettre sa connaissance du droit au service des défavorisés. A leurs côtés, gravitent des amis ou des employés, sans que le drama perde de vue que son sujet reste le couple déjà formé. On y croise Kim Jung Tae, Jo Mi Ryung, Sung Dong Il, Park Won Sook, Kim Ja Ok ou encore Joo Jin Mo.

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Bilan : Déclinaison particulière du drama relationnel, Can't Lose est une série qui séduit par son sujet post-mariage, nous plongeant dans les étincelles de la mécanique complexe et volatile qu'est une vie de couple où la lune de miel est déjà terminée et où beaucoup reste à apprendre sur la vie commune. En dépit d'une dimension sentimentale qui reste pour le moment à approfondir, l'écriture à la fois consistante et homogène retient l'attention du téléspectateur, curieux de voir jusqu'où peut conduire ce cycle d'incompréhensions s'auto-nourrissant de manière si frustrante. A surveiller.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :