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27/12/2011

(UK) Downton Abbey, Christmas special episode : un passage réussi de 1919 à 1920

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Au pied du sapin cette année, les chaînes anglaises gâtaient tout particulièrement leurs téléspectateurs, apportant chacune leurs cadeaux afin de parfaitement conclure Noël le soir du 25 décembre. A 21 heures, sur ITV1, un christmas special de Downton Abbey était ainsi offert, proposant de nous faire vivre les fêtes au sein de cette grande maisonnée.

Après la saison 2 mitigée diffusée cet automne, marquée par des choix scénaristiques discutables, j'attendais ce double épisode avec un mélange de curiosité (parce que mon attachement à la série demeure toujours aussi fort), mais aussi une certaine crainte (ne souhaitant pas assister à la répétition des mêmes erreurs).

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L'objet de ce christmas special était double : il fallait offrir une transition à une saison 2 mélodramatique et éprouvante, avec un certain nombre de storylines en cours à préciser, tout en posant les orientations à venir pour la future saison 3. L'épisode va remplir ses objectifs en nous faisant vivre les fêtes de fin d'année 1919 à Downton Abbey, et le passage en 1920.

C'est l'occasion de découvrir quelles sont les traditions de la maisonnée, et comment les rapports entre maîtres de maison et serviteurs s'organisent durant cette période d'exceptions. Mais en dépit de la paix désormais revenue, les fêtes n'en demeurent pas moins obscurcies par le procès de Bates, accusé du meurtre de sa femme. Il risque la peine capitale s'il est reconnu coupable. Si l'ombre de ce drame potentiel plane sur les lieux, au sein même de la demeure, la réunion familiale exacerbe également les tensions, mais aussi les sentiments... Tandis que Rosamund se voit courtisée par un chasseur de fortune qu'elle considère comme un mari acceptable par défaut, les relations entre Mary et Richard se dégradent. 

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Downton Abbey retrouve indéniablement des couleurs au cours d'un christmas special qui renoue avec la magie des heures les plus fastes de la série. S'inscrivant dans la continuité directe de la saison 2, tout en ambitionnant de liquider certains éléments du passé qui n'ont que trop durer, l'épisode adopte cette construction chorale, rythmée et parfaitement huilée, qui était la grande marque de la série. La densité des storylines n'occulte ainsi pas la cohérence d'ensemble de leur développement. L'histoire est parfaitement mise en valeur par des dialogues, souvent savoureux et ciselés avec soin, qui trouvent le juste équilibre entre passages dramatiques et quelques piques légères qui font mouches.

Un des grands atouts de Downton Abbey demeure cette faculté à susciter l'empathie du téléspectateur, faisant vibrer son coeur comme rarement devant le petit écran. Ce christmas special est en effet un cocktail d'émotions plus intenses les unes que les autres. Avec ses hauts et ses bas, ses espoirs et ses désillusions, l'épisode fournit son lot d'instants poignants, mais aussi de scènes de vrai bonheur qui déposent un sourire béat sur nos lèvres. Fidèle à l'esprit des fêtes de fin d'année, sa structure est rapidement identifiable et relativement prévisible : il débute de manière plutôt pessimiste, pour finalement ensuite renouer avec l'espoir, que ce dernier se concrétise pour certains ou reste seulement au stade de l'esquisse pour d'autres.

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La réussite de cette heure et demie, que l'on ne voit pas passer, est en fait de répondre admirablement bien à toutes les attentes légitimes du téléspectateur. A défaut de surprises, l'épisode est rythmé - de façon très soutenue - par des évènements et autres rebondissements qui s'enchaînent de manière logique. Fidèle à l'esprit de Downton Abbey, Julian Fellowes redistribue efficacement les cartes entre les protagonistes, sans chercher à prendre des détours ou des raccourcis inutiles qui accentueraient artificiellement les effets. L'impression d'une certaine transition et d'un retour aux sources est renforcé par le fait que le thème central de l'épisode semble être celui de la solidarité entre les maîtres et leurs serviteurs au sein d'une maisonnée unie par les difficultés, mais aussi par les célébrations.

Par contraste, toutes les pièces rapportées à l'occasion de ces festivités vont se retrouver en porte à faux par rapport à cet instant de communion. L'évènement clôturant la période, le bal des domestiques, est à ce titre hautement symbolique, représentant parfaitement ce moment. Downton Abbey apparaît alors comme un refuge contre les attaques à venir. Ce parti pris narratif est habile, car il ne fait qu'accroître l'attachement du téléspectateur à toute cette galerie de personnages. C'est à leurs côtés que l'on souhaite affronter la tempête médiatique future - sur Bates comme sur le scandale du diplomate turc -, laquelle ne fait que resserrer les liens entre les personnages. D'ailleurs, Mrs O'Brien continue de voir sa personnalité se nuancer, Thomas restant le seul toujours dépeint aussi négativement.

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Enfin, c'est tout un paragraphe qu'il faut sans doute consacrer à la superbe scène finale qui vient conclure l'épisode. Elle est pour moi, sans conteste, le plus beau cadeau de Noël envisageable. Au cours de ces dernières années, Mary et Matthew ont été un des rares couples (potentiels) du petit écran, dont les échanges et la torture sentimentale vécue ont su littéralement me faire fondre. Ils éveillent mes plus primaires instincts shippers, et c'est donc avec une saveur toute particulière que j'ai visionné (et re(x3)visionné depuis) cette dernière scène qui nous fait quitter Downton Abbey sur la note la plus positive qui soit.

Oubliées les errances de la saison 2, Lavinia et Richard enfin derrière eux, l'éternel manque de synchronisation entre Mary et Matthew semble n'être, au moins pour cette nuit magique, plus qu'un mauvais souvenir. Tout au long de l'épisode, leurs vraies retrouvailles se sont imposées comme une évidence imminente. Mais la mise en scène du moment qui devait parachever cette évolution est vraiment réussie et confère à ce passage une magie supplémentaire : en extérieur, sur un manteau neigeux, entourés de flocons qui virevoltent autour d'eux, cette scène, quasi-féérique, est tout simplement magnifique.

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Bilan : Episode de transition efficace posant des bases intéressantes pour la suite, qu'il s'agisse de la bonne nouvelle envoyée par Sybil à ses parents ou de la révision du procès de Bates qu'il va falloir obtenir, ce christmas special permet à Downton Abbey de renouer avec la magie originelle de ce superbe period drama, avec des dialogues ciselés et une construction narrative chorale bien maîtrisée. Offrant une heure et demie riche en émotions les plus contradictoires, l'épisode respecte à la perfection l'esprit des fêtes de fin d'année en se terminant sur une scène finale qui fait chavirer les coeurs et nous permet de dire au revoir à la série les yeux brillants de satisfaction.

Après cet épisode de réconciliation, le mot de la fin sera donc : vivement la saison 3 !


NOTE : 9/10


La bande-annonce de l'épisode :


(EDIT) Bonus : la scène finale entre Matthew et Mary :

24/12/2011

(Blog) Joyeux Noël !

 Je vous souhaite à tous un joyeux Noël.

 Qu'il soit gourmand, sériephile, avec tout le bonheur qui convient. 

 

Pour accompagner mes voeux, cette année, une scène chantée issue de Ally McBeal :

River, chanté par Larry (Robert Downey Jr, dans Ally McBeal)

 

Cette année, c'est un double cadeau que proposent les chaînes anglaises aux sériephiles. Non seulement le traditionnel épisode spécial de Doctor Who est diffusé le 25 au soir à 19h sur BBC1, mais en plus ITV1 s'est également parée de ses plus beaux atours festifs pour nous offrir un épisode spécial de Downton Abbey demain soir à 21h. A savourer !


La bande-annonce de l'épisode de Doctor Who :


La bande-annonce de l'épisode de Downton Abbey :



Merry Christmas ! 메리 크리스마스 !

Bon week-end de fêtes !

27/11/2011

(UK) Downton Abbey, saison 2 : tournant mélodramatique dans la tourmente de la Première Guerre Mondiale


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Poursuivons les bilans sur les séries du petit écran anglais de ces dernières semaines, avec une review qui se sera révélée bien difficile à rédiger. Downton Abbey avait été un de mes grands coups de coeur (si ce n'est "LE" coup de coeur) de l'an passé ; un period drama aussi marquant que savoureux qui avait su me faire vibrer comme rarement. C'était donc avec une certaine impatience que j'attendais cette saison 2 qui a été diffusée cet automne sur ITV1. L'équilibre narratif, tant loué, allait-il perdurer ? La série allait-elle se maintenir à la hauteur d'une réputation qu'elle s'était forgée de façon très méritée ?

Tout l'enjeu de cette nouvelle saison aura été la négociation du tournant constitué par la Première Guerre Mondiale. La saison 1 nous avait quitté sur la déclaration de guerre de 1914, la suite nous plonge directement dans le conflit pour couvrir une période relativement étendue qui nous conduira jusqu'en 1919. La vaste demeure qu'est Downton Abbey va une nouvelle fois être le reflet des évolutions du pays, avec ses hommes au front, l'effort de guerre requis des civils et ses blessés qui affluent. Comment chacun va-t-il traverser, humainement et émotionnellement, ces bouleversements ?

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La Première Guerre Mondiale agit sur Downton Abbey comme sur ses personnages : on y retrouve une perte d'innocence, en étant soudain confronté à la réalité d'un conflit qui fait peser une véritable épée de Damoclès sur certains personnages. La série embrasse un tournant mélodramatique qui se révèle souvent poignant, parfois même très éprouvant (les pyramides de kleenex construites lors du visionnage de certains épisodes sont là pour en attester). Plus que tout, le ressenti émotionnel demeure la dynamique centrale la série. Downton Abbey conserve en effet une faculté rare, celle d'être capable d'ouvrir et de toucher directement le coeur du téléspectateur. Elle peut nous émouvoir en simplement quelques lignes de dialogues ou en une scène symbolique parfaitement maîtrisée. Cette marque de fabrique reste une des forces de l'oeuvre.

Parallèlement, la saison 2 s'inscrit également dans une continuité revendiquée sur le fond. En dépit de tous les bouleversements traversés, les bases de la série demeurent invariables. Elles semblent même revendiquer une dimension presque intemporelle qu'elles acquièrent en raison du recours abusif à des ellipses qui nous font traverser les années sans en avoir pleinement conscience. Tandis que la guerre permet d'accélérer le tourbillon des changements sociaux, la frontière entre les deux milieux devient de plus en plus poreuse - le personnage de Sybie en restant le symbole le plus représentatif. De plus, la série continue d'explorer ses relations phares, lesquelles semblent vouées à ne pouvoir fonctionner : Mr Bates et Anna, Matthew et Mary... Mais en voulant trop protéger ces recettes inchangées, la série en perd la fraîcheur étonnante qui avait marqué sa première saison.

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Si la saison 1 de Downton Abbey était un bijou, elle le devait non à son originalité - la série embrassait et s'appropriait les codes narratifs d'un period drama classique sans les remettre en cause -, mais pour l'équilibre fragile et précieux qu'elle avait su trouver. Semblable à une partition musicale parfaitement huilée, l'enchaînement des évènements et l'entremêlement des storylines avaient permis un parcours sans fautes. Au cours de cette saison 2, le sens du dosage se dilue, une part de la magie également. Les dialogues sont toujours aussi bien ciselés, mais il manque une spontanéité. Les ficelles narratives se retrouvent soudain comme exposées au grand jour. La série en devient prévisible, tant dans ses développements que dans ses retournements de situation.

Plus problématique, en poursuivant l'exploration des relations qui avaient constitué l'assise de la première saison, Downton Abbey tombe dans le travers de la répétition, en appliquant invariablement une même recette pour rythmer les rapprochements et éloignements de chacun. Au-delà du gênant sentiment de vanité qu'ont certaines des épreuves qui s'élèvent constamment sur la route de nos héros, le scénariste prend en plus la frustrante habitude de ne pas aller toujours au bout des storylines qu'il initie. Les problèmes soulevés ont trop souvent l'art de se résoudre en empruntant un raccourci facile, qui élimine l'obstacle d'une façon ou d'une autre, revenant brutalement au point de départ. En cédant ainsi au plus simple, la série perd également en nuances, certains comportements relevant alors plus de la caricature, voire sortant même du canon établi jusqu'alors par la fiction. La qualité se fait donc plus inégale. 

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S'il y a à redire sur le fond, il faut en revanche reconnaître que Downton Abbey demeure égale à elle-même sur la forme. Conservant toujours ce style particulièrement soigné et l'art d'une mise en scène où la caméra alterne habilement entre des plans larges, qui prennent la mesure des décors, et des passages au cadre plus serré permettant de souligner des scènes plus intimes. Ce savoir-faire permet une reconstitution historique appréciable, à saluer jusque dans les quelques scènes de guerre proposées. La clarté de la photographique accentue d'ailleurs cette impression quasi-enchanteresque qui fait de la série un plaisir pour les yeux.

Enfin, Downton Abbey continue de pouvoir s'appuyer sur un casting très solide qui donne vie à cette galerie éclatée de personnages si différents. Il est une nouvelle fois difficile de faire des choix devant une telle homogénéité, mais soulignons que ce sont souvent les femmes qui resplendissent le plus cette saison. Certaines s'affirment et évoluent favorablement, à l'image par exemple de Laura Carmichael dont le personnage d'Edith se nuance. Jessica Brown Findlay conserve une fraîcheur admirable à l'écran. Maggie Smith, fidèle à elle-même, bénéficie une nouvelle fois des quelques lignes les plus percutantes, celles qui emportent toute la scène dans laquelle elle joue. Par ailleurs, la sobriété de Brendan Coyle fait toujours des merveilles à l'écran. Enfin, pour conclure sur une note plus légère, il faut bien avouer que je ne suis décidément pas insensible au charme de Dan Stevens (au point de m'avoir fait regarder Have I Got News For You qu'il présentait ce vendredi...).

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Bilan : La Première Guerre Mondiale permet à Downton Abbey d'embrasser un tournant mélodramatique au cours duquel la série, à l'image de ses personnages, perd une part de son innocence. Plus sombre et poignante que la première, elle aura su me faire vibrer émotionnellement comme peu de fictions en sont capables. Cependant, si cette deuxième saison reste fidèle aux thèmes qui ont fait la force de la série, c'est avec moins de subtilité qu'elle applique des recettes semblables. Devenue prévisible, la série ne parvient pas à dépasser ses schémas fondateurs, au risque de tomber dans une certaine répétition au parfum quelque peu vain.

Mais ne vous y trompez pas, si l'enthousiasme dithyrambique qu'avait suscité chez moi la première saison explique en partie cette review mitigée, Downton Abbey reste un très solide period drama, qui se repose habilement sur des personnages ne laissant pas indifférents. J'attends donc avec impatience l'épisode spécial de Noël qui sera diffusé le 25 décembre sur ITV1 !


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce de la saison 2 :

18/11/2010

(UK) Downton Abbey, series 1 : un period drama aussi savoureux que luxueux


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Meilleure nouveauté téléphagique anglo-saxonne de cet automne 2010, il était proprement inconcevable que je ne prenne pas le temps de rédiger une review en forme de bilan, tressant les louanges d'une des grandes et belles surprises de cette rentrée que fut Downton Abbey.

Succès public chaque dimanche soir sur ITV1, où elle a fédéré le public anglais en réalisant d'impressionnantes audiences, ce sera avec une plume d'autant plus légère que cette critique sera écrite. En effet, le téléspectateur a l'assurance de retrouver le quotidien de ce château et la vie de ses habitants l'an prochain, pour une saison 2, en bien des points parfaitement introduite par un final de saison 1 qui ouvre des perspectives narratives importantes, se concluant dans la torpeur de l'été 1914.

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Si j'aborde cette review avec un entrain que j'espère communicatif, c'est que l'enthousiasme ressenti durant le visionnage du pilote de Downton Abbey ne s'est en réalité jamais démenti tout au long d'une saison, dont la richesse et la densité furent source d'une fascination constamment renouvelée pour cet univers codifié et coloré ainsi porté à l'écran. Où commencer, si ce n'est en évoquant la magie d'une écriture virevoltante et chatoyante, où les dialogues délicieusement ciselés se trouvent portés par une sobriété et une subtilité d'ensemble, qui construisent toute en nuances une atmosphère inimitable, que l'on ne peut réellement comprendre qu'en regardant un épisode.

Loin de la reconstitution historique descriptive et déshumanisée qui est un travers dans lequel tombent certaines fictions, c'est par sa vitalité revigorante que Downton Abbey s'illustre. Elle doit cela à la qualité de son écriture, mais également à la manière dont celle-ci va adopter une volatilité des tonalités des plus grisantes. Si la réalité de cette société rigide d'avant-guerre demeure une constante en arrière-plan, elle pèse sur les personnages sans jamais éteindre l'étincelle qui anime la série. Cette dernière demeure un drama au sens littéral du terme, mais la narration extrêmement vive lui permet d'alterner à bon escient, passages plus sombres, voire douloureux, et petits interludes résolument légers, où pointe un humour également tout en sobriété offrant une détente bienvenue au téléspectateur. L'intelligence et la vigueur des réparties de personnages toujours inspirés apportent une spontanéité, pleine d'authenticité, des plus prenantes. Si elle s'inscrit dans un registre tout en retenue, par cette forme d'imprévisibilité quelque peu enivrante qu'elle adopte, Downton Abbey se révèle ainsi plus pimentée que ce que son concept aurait pu laisser penser.

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Cette ambiance rapidement addictive s'explique également par la dimension profondément humaine que développe la série. Car la réussite éclatante de Downton Abbey, c'est aussi de savoir instinctivement toucher le téléspectateur, d'être capable de l'impliquer immédiatement dans le quotidien du château en l'invitant à suivre les existences plus ou moins troublées d'une galerie de personnages particulièrement riche. Il règne comme une fausse impression de proximité vis-à-vis de chacun ; et si le téléspectateur se trouvera logiquement plus d'affinités avec les uns ou les autres, il s'investira pleinement dans les storylines, toutes plus ou moins liées, que la série présentera. Des jalousies plus ou moins maîtrisées aux peines de coeur, des problèmes d'argent aux basses vengeances qui ne rebuteront pas certains, c'est tout un quotidien coloré et intense, souvent passionné, voire passionnel, qui nous est dépeint. Si certains rebondissements pourront paraître à l'occasion un peu excessifs, le téléspectateur se laissera emporter sans peine par le souffle d'ensemble.

L'atout de Downton Abbey est de disposer de nombreux personnages qui sont, chacun, envisagés comme des individualités indépendantes, aux personnalités travaillées. Avec des figures fortes et quelques tempéraments hors normes, la série dispose d'un potentiel humain impressionnant qu'elle va s'attacher à pleinement exploiter, consciente qu'il représente une de ses forces. Certes, la série n'évitera pas l'écueil de quelques portraits plus unidimensionnels, qui pourront faire débat, comme Thomas, Mrs O'Brien ou encore l'attitude d'Edith. Mais le plus important demeure qu'à aucun moment, la série ne laissera indifférent un téléspectateur prompt à prendre parti dans les conflits qui s'esquissent ou les prises de position que certains adopteront. Par cet emploi à bon escient de ses personnages, et même si certains auraient gagné à être plus nuancés, la série réussit rapidement à gagner l'affectif du téléspectateur, acquérant un capital sympathie des plus confortables.

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Cette animée galerie de personnages permet également à Downton Abbey d'assurer une reconstitution d'époque qui sonne authentique. Car cette fiction, à travers toutes les figures si diverses que le domaine rassemble, apparaît comme le reflet d'une société britannique en mutation, parcourue par des tensions, où le respect des traditions qu'incarne cette noblesse aux codes sociaux rigides, versant entre paternalisme et gouvernance, vient se heurter à l'apparition et à la consécration de nouvelles idées. Des suffragettes militant pour le droit de vote des femmes jusqu'aux socialistes, l'esprit tourné vers la lutte des classes, c'est au final un portrait excessivement riche et surtout très vivant d'une époque qui est dressé.

La série capte avec beaucoup de justesse ces frémissements vers les changements qui se font jour. C'est assez fascinant d'assister à l'évolution progressive des mentalités, particulièrement mise en exergue par ce parallèle que la série permet en faisant se côtoyer des protagonistes appartenant à des classes sociales si différentes. Car cette ébullition des idées conduit à terme à une émancipation inévitable, où chacun pourra ne plus considérer sa position sociale comme définitivement fixée ; une révolution des esprits dans un monde où pèse encore lourdement le poids d'une forme de prédestination des individus qui ne peuvent imaginer d'autres futurs que celui qui semble déjà tout tracé dès leur naissance. Avec la fraîcheur et la candeur qui lui sont propres, Sybil illustre à merveille toutes les ambivalences inhérentes à cette période de transition. 

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Period drama ambitieux et accompli sur le fond, Downton Abbey fait preuve de tout autant de maîtrise sur la forme. Dotée d'un accompagnement musical sobre des plus opportuns et s'ouvrant sur un générique qui donne immédiatement le ton et que l'on prend plaisir à retrouver, la série propose une magnifique reconstitution d'époque qui va ravir les yeux d'un téléspectateur immédiatement séduit par l'esthétique et la photographie de cette réalisation luxueuse. Au-delà des superbes costumes et d'un soin apporté aux détails de l'époque recréée, c'est sans doute le cadre du tournage qu'est ce château du Berkshire, le Highclere Castle, qui impressionne le plus, offrant un somptueux décor à l'histoire.

Enfin, il serait inconcevable de ne pas saluer le casting qui a donné vie à cette série. Un casting pour lequel il n'y a sans doute pas de compliments suffisamment louangeurs permettant de qualifier et d'applaudir la performance d'ensemble proposée. Parmi ces acteurs qui ont tous rempli avec beaucoup d'implication et de savoir-faire leurs rôles, s'il fallait n'en retenir que quelques-uns, je serais tentée de, tout d'abord, rappeler combien Maggie Smith est tout simplement extraordinaire à l'écran, combien Hugh Bonneville incarne à merveille cette figure parfaite du Lord ou encore combien Michelle Dockery a su prendre la mesure de l'ambivalence du personnage de Lady Mary. Mais ce serait injuste pour ceux que je n'aurais pas mentionné : donc saluons simplement cette réussite collective.

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Bilan : Ambitieux period drama doté d'une écriture fine particulièrement bien maîtrisée, Downton Abbey est une réussite aussi bien visuelle que narrative. Derrière ses couleurs chatoyantes et ses dialogues savoureux, c'est une série profondément humaine dont les personnages, qui ne peuvent laisser insensibles, constituent le coeur. Délicieusement virevoltante, presque enivrante, elle s'impose comme une fiction aboutie, dépassant la simple reconstitution d'une époque pour parvenir à donner véritablement vie à ses protagonistes. 

En somme, Downton Abbey se savoure sans modération. Une série à ne pas rater !


NOTE : 9/10


Le générique de la série :

10/10/2010

L'heure du premier bilan et du constat des tendances de la rentrée téléphagique


 Divorce américain, coups de coeur anglais & flirts sud-coréens

Le mois d'octobre est déjà bien entamé. Septembre et l'euphorie de rentrée sont derrière nous. Déjà, il est possible de faire un premier bilan de saison, de tirer quelques orientations pour la saison 2010-2011... Or, une fois n'est pas coutume, je vais vous épargner mes états d'âme et autre pseudo-crise, car je passe actuellement de bonnes semaines téléphagiques. A défaut d'une qualité constante, le potentiel est là et m'assure d'agréables moments devant la télévision. La sériephile qui est en moi est donc satisfaite de ce début de saison 2010-2011.

Pourtant, soyons franc, si on se penche un peu plus près dans mes visionnages des dernières semaines, c'est sans doute une vue plus nuancée qui va prévaloir...

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Bilan américain... +1 ?

La "rentrée de septembre" renvoie logiquement aux Etats-Unis, puisque ce sont les grands networks qui provoquent une orgie pour pilotovore insomniaque, lançant officiellement la saison téléphagique. En ce qui me concerne, j'ai vécu une rentrée américaine assez paradoxale. J'ai picoré à droite, à gauche, dans les nouveautés, sans réel agenda, me retrouvant parfois à regarder un pilote plus par le fait du hasard, ou d'une impulsion soudaine. Au fond, j'ai fait de la téléphagie en dilettante, si bien que je n'ai parfois même pas eu le temps de m'installer devant le pilote de telle série dans laquelle j'aurais bien voulu m'investir, que cette dernière était déjà annulée ou maintenue sous diffusion artificielle. De cette rentrée des plus désorganisées, qu'ai-je donc retenu ?

J'ai bien eu le temps de visionner le pilote de Lone Star avant que le drame Fox-ien, prévisible et annoncé, n'ait lieu. La "meilleure nouveauté de la rentrée" ? Faire de Lone Star le bijou téléphagique érigé en martyr sacrificiel du méchant network qui n'a pas compris quelle série il avait commandée avant qu'il ne soit trop tard (quel "Dallas" ?) est probablement trop caricatural. Son pilote laissait entrevoir un potentiel dont on ne saura jamais s'il aurait pu se concrétiser. Le héros arnaqueur avait son charme, tout semblait bien calibré dans le décor texan de carte postale qui avait été planté... Scindé entre relents de soap non digéré et échos actuels sur les difficultés économiques, le pilote n'indiquait pas quelle voie définitive la série pourrait prendre. Lone Star aurait pu... mais n'a eu le temps que de proposer des esquisses. C'est tout. Les réactions à son annulation furent disproportionnées au vu de ce que la série avait pu construire. Restera-t-il un regret ? Certainement. Mais qui ne fait que rejoindre des dizaines d'autres que seule la mémoire téléphagique conserve avec soin...

Pour le reste, la rentrée aura été une sorte d'énième répétition des rentrées américaines précédentes avec plus de lassitude et moins de patience de mon côté. The Event ? Sérieusement, avec tout le passif que les networks américains ont en la matière, au cours de ces dernières saisons, il y en a encore une pour se lancer dans du mystéro-conspirationnisme clinquant ? Et, en plus, elle s'imagine que je serais prête à m'investir, sachant qu'au mieux, cela accouchera d'une souris, au pire, ce sera exécuté sur l'autel de l'audience avant même d'avoir eu le temps de nous mettre de la poudre aux yeux ? Non merci, je passe mon tour. Du judiciaire ? L'excessivement pompeux Outlaw m'a juste donné temps de sentir mon coeur se serrer en me souvenant de Jimmy Smits dans La loi de Los Angeles, et j'ai bien vite oublié. The Defenders ? Je ne guérirais jamais de mon crush d'adolescence pour Jerry O'Connell, certes, mais je ne peux regarder une série sur ce seul argument (même si je veux bien reconnaître au pilote un certain potentiel). Le policier serait-il plus convaincant ? Michael Imperioli n'a pas réussi à ce jour à me motiver pour tester Detroit 1-8-7. En revanche, les cinq dernières minutes du pilote de Blue Bloods m'auraient presque convaincue de laisser une chance à l'épisode suivant. Presque. Parce que l'arrière-goût de déjà-vu lancinant qui l'a accompagnée tout le long de ses quarante minutes a été trop lourd à digérer pour que j'ose y remettre les pieds. Je me soupçonne d'avoir développé une certaine allergie au genre policier qui se soignera en prenant un peu de distance. Et un classique spy game, genre que j'apprécie tellement ? Par charité, je vais tâcher d'oublier que Undercovers a jamais été créé. Et du côté des comédies, me direz-vous ? Comme vous le savez, je ne regarde pas de comédie. Ou du moins, j'entretiens une relation compliquée avec elles. Dans mon cahier des charges, j'en suis encore à essayer de me motiver pour lancer la première saison de Community ou de Modern family, alors pour ce qui est des toutes dernières comédies... On a bien le temps. Enfin, un peu à part, My Generation était annulée avant que je puisse trouver le temps de m'y mettre.

Le bilan comptable de ce mois de septembre aux Etats-Unis est donc à +1 série dans mes programmes (Boardwalk Empire). Une rentrée nulle qui, j'espère, se corrigera avec le temps et les échos d'autres téléphages. L'an dernier, j'avais bien raté le démarrage (corrigé depuis) de The Good Wife.

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Un divorce consommé avec les grands networks US...

Si mes grilles américaines sont à ce point sinistrées, comment puis-je me déclarer satisfaite de ma rentrée téléphagique ? Ceci s'explique sans doute par ce fameux processus dont je vous parle depuis des mois et qui s'est probablement parachevé en septembre : désormais, les Etats-Unis occupent un peu le rôle du pays du fond de la classe téléphagique, que l'on va chercher en guise d'appoint, pour compléter les trous. Pensez que ma consommation de séries américaines est tombée en dessous de ma consommation de séries... japonaises ! Qui l'eut cru... Certainement pas moi lorsque j'ai commencé ce blog il y a presque un an.

De manière assez paradoxale, ce qui m'a le plus dérangée, voire énervée, en cette rentrée 2010, ce fut de suivre la destinée des séries liée aux chiffres d'audience tombant tel un couperêt le lendemain de leur diffusion. J'ai découvert que je n'avais plus envie de m'investir dans des fictions ayant une épée de Damoclès au-dessus de la tête, pouvant ainsi disparaître au bout de 2 épisodes. Me lancer dans telle ou telle série des grands networks US revenait à me donner la désagréable impression de jouer à la roulette russe... Vous allez m'objecter à juste titre que ce fonctionnement a toujours existé. Sauf qu'à présent, j'ai goûté à un autre traitement du téléspectateur sous d'autres latitudes. A qualité égale, pour suivre "en direct du pays original de diffusion" une série, je choisirais toujours celle dont je sais que sa saison - ou la série en elle-même - ira jusqu'à son terme. Pas de déprogrammation intempestive. Pas d'angoisse inutile à attendre les derniers chiffres tomber. Un contrat clair pré-établi, avec un minimum de certitudes : voilà ce dont j'ai besoin pour être prête à m'investir. Et si les séries des grands networks n'étaient désormais visionnables qu'en rattrapage a posteriori sur support DVD ?

Entre leurs saisons interminables, devenues trop longues à mon goût, et leur démarrage au futur trop incertain, auquel s'ajoute la faible qualité globale, il semble que le divorce soit donc consommé entre les grands networks US et moi. Cependant, je crois en la vertu des cycles téléphagiques. Même s'il est hors de question que, sous un prétexte de "culture sériephile" (parce que, oui, ma conscience râle et me titille un peu quand même), je me force à regarder (j'aurais trop peur de m'écoeurer), je continue donc de suivre normalement l'actualité, lire les opinions des uns et des autres... A mon avis, ce dont j'ai surtout besoin, c'est d'une bonne dés-overdose. Un vrai sevrage. Prendre un peu de recul pour ne plus avoir la désagréable impression de voir défiler le cahier des charges de la chaîne quand je regarde telle ou telle série des grands networks. Le charme et la magie opèreront à nouveau dans deux ou trois ans. Qui sait, d'ici là, peut-être que les scénaristes auront retrouvé une créativité.

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Mais un horizon téléphagique au beau fixe...

Si mon horizon téléphagique me paraît pourtant dégagé, c'est que dans les trois pays dont je suis également les productions et qui précédent désormais les Etats-Unis, en revanche, tout est beau fixe.

Tout d'abord, il y a les sirènes anglaises qui n'ont jamais aussi bien fonctionné. En nouveauté, Downton Abbey m'éblouit et me ravit, son seul défaut étant le sentiment de frustration qu'elle me laisse à la fin de ses trop brefs épisodes. Whites a un certain charme, me sert de caution humoristique ("oui, je suis une comédie actuellement"), et remplit un peu la case que Rev. occupa cet été dans mes programmes. Par ailleurs, les mini-séries se succèdent. Bouquet of Barbed Wire a joué efficacement sur un sentiment diffus de fascination/répulsion, sa brève durée lui permettant de maintenir jusqu'au bout cette ambivalence. Et pour ce qui est du programme à venir, il est alléchant : ce soir débutent Single Father sur BBC1 et Thorne sur Sky One... Et demain, c'est le retour attendu de Whitechapel sur ITV1 ! Bref, aucune disette à craindre en ce qui concerne l'Angleterre, puisque parallèlement, des valeurs sûres démarrent doucement. Je suis donc une téléphage anglophile heureuse !

De plus, ces dernières semaines ont été une période propice aux passages de relais en Corée du Sud. Il y a des nouveautés que j'attendais et dont les débuts sont un peu hésitants ou mitigés : Fugitive : Plan B est entre deux eaux, à la croisée des genres, mais je vais quand même poursuivre un peu pour en surveiller l'évolution, le cliffhanger et trailer de fin du pilote ayant éveillé mon intérêt. De manière plus marquante, il y a aussi les imprévus qui font plaisir : et si Doctor Champ était une des agréables surprises de cet automne ? Il faut dire que ce drama m'a prise un peu au dépourvu à me faire passer un moment si sympathique devant ma télévision, alors que je regardais son pilote plus par acquis de conscience. A défaut de faire dans l'originalité, il propose un mélange entre accomplissement personnel/professionnel, amour et sport, chargé de vitalité, qui s'avère rafraîchissant. Il y a du potentiel pour y bâtir de belles relations compliquées mais attendrissantes, pour obtenir un drama agréable à suivre. Ajoutons à cela que mercredi dernier a débuté un drama que j'attends avec beaucoup de curiosité, Daemul, car il se propose de nous conduire à la Maison Bleue - et vous connaissez mon attrait pour tout ce qui touche de près ou de loin à la politique. Et puis, God's Quiz a débuté ce vendredi soir sur OCN ; et chaque semaine à suivre comprendra sa petite nouveauté qui viendra essayer de se faire une place dans mes programmes. En somme, tout va également bien en Corée du Sud !

Enfin, ce mois d'octobre est celui du début du quatrième trimestre téléphagique japonais. De nombreuses nouveautés à l'horizon... A la différence du monde anglophone, évidemment, tout dépendra des sous-titres disponibles. Mais j'ai déjà quelques projets que j'espère avoir l'occasion de tester (Face Maker). Et puis, vous connaissez ma manie de cultiver un certain décalage avec le Japon. C'est ainsi que j'ai savouré Atami no Sousakan en septembre, et que j'entreprends toujours des découvertes dans les dramas de l'été (Mioka), ou suis en attente de sous-titres (Gold). De plus, comme je demeure une novice en la matière, j'essaye de me construire peu à peu une culture téléphagique dorama-esque, en regardant des séries un peu plus "anciennes". C'est ainsi qu'actuellement sont en cours de visionnage Karei Naru Ichizoku, Ashita no kita Yosho et Chase. Bref, le Japon ne s'est jamais aussi bien porté.

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Et voilà comment on se constitue des grilles de programmes sur-chargées et de qualité... en regardant de manière hebdomadaire seulement 2 ou 3 séries américaines (Rubicon me fait plaisir) ! Est-ce que ce désamour, qui reflète désormais une tendance de fond récurrente, remet en question l'essence même de ma téléphagie ? Honnêtement, je me suis un instant posée la question, cette semaine, après qu'une connaissance, à qui je tentais un peu naïvement d'exposer ma vision actuelle des séries, me l'affirme comme un reproche. Pourtant, ce n'est pas un avis que je partage. Certes, peut-être que le centre de ma sphère culturelle dérive un peu des tendances les plus communément rencontrées dans la communauté sériephile. Mais je ne pense pas renier mon sacerdoce de téléphage en faisant les choix que je fais.

En résumé, ce début d'automne est une période téléphagique riche et très agréable à suivre. La sériephile qui est en moi se déclare donc satisfaite : aucune crise à l'horizon, c'est bien ça le plus important !


Et vous, bonne rentrée (où qu'elle ait eu lieu) ou bilan un peu plus mitigé ?