Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/11/2012

(Pilote AUS) Redfern Now : tranches de vie contemporaines d'aborigènes à Sidney

redfernnowa.jpg

Ce dimanche est l'occasion de repartir en Australie, où My Télé is Rich! ne s'était plus arrêté depuis quelque temps déjà. Je continue pourtant de suivre ce petit écran avec intérêt : le bilan de Puberty Blues attend que je finisse de le rédiger ; la saison 2 de ce legal drama bien à part qu'est Rake est arrivée avec l'automne... Et c'est une nouveauté plus récente qui va être l'objet du billet du jour : Redfern Now a débuté ce jeudi soir 1er novembre 2012 sur ABC1, y rassemblant une audience honorable.

Deux raisons expliquaient que cette série figurait parmi mes grandes attentes du mois. D'une part, son sujet - s'intéresser à la communauté aborigène - avait automatiquement aiguisé ma curiosité. D'autre part, il y avait aussi le fait que ABC1 ait associé aux scénaristes locaux du projet le britannique Jimmy McGovern, figure familière des amateurs du petit écran britannique dont le nom reste associé à Cracker, sans oublier The Lakes et plus récemment The Street - et dont la dernière série anglaise en date est Accused). L'approche et le style de Redfern Now apparaissent d'ailleurs dès ce premier épisode assez caractéristiques, se rapprochant de The Street.

redfernnowc.jpg

Se déroulant à Sidney, Redfern Now adopte le format d'une anthologie, au sens où chacun de ses six épisodes va proposer de suivre un individu différent et une histoire indépendante. C'est à la communauté aborigène, vivant actuellement dans le quartier de Redfern, qu'elle s'intéresse. Chaque récit est une tranche de vie qui débute par une décision ou un changement dans la situation du protagoniste principal, pour narrer ensuite les effets et les conséquences de ce choix sur lui, son entourage et plus généralement son quotidien. Les thèmes abordés s'annoncent variés, avec des personnages, tous aborigènes, très différents : un policier idéaliste dont une arrestation conduit à la mort du détenu, un repris de justice qui revient après avoir purgé sa peine ou encore un adolescent qui refuse de chanter l'hymne national à l'école.

Dans ce premier épisode, intitulé "Family" et écrit par Danielle Maclean, nous suivons Grace, une mère de famille dynamique épuisée par une famille proche dont les membres semblent tenir pour acquis tout ce qu'elle fait pour eux. Ses deux enfants, capricieux et trop gâtés, ont pris modèle sur un père passif. Alors qu'ils s'apprêtent à partir en vacances, le téléphone de la maison sonne : Grace répond et a au bout du fil un de ses neveux, terrifié par sa mère qui n'a pas pris ses médicaments et est en pleine crise irrationnelle. Grace prend alors les choses en main, appelant les secours pour sa soeur et récupérant avec elle son neveu et sa nièce. Il ne lui reste ensuite plus que quelques heures afin de trouver un foyer provisoire pour ces deux enfants et sauver ses projets de vacances. Mais les membres de sa famille, proche comme élargie, ont tous leur vie, et elle se heurte à plus d'une porte close...

redfernnowi.jpg

L'ambition de Redfern Now est de proposer des instantanés issus d'un quotidien ordinaire, profitant d'un évènement qui bouscule cette routine, pour ensuite se servir de cet angle particulier afin d'explorer l'ensemble des dynamiques humaines et relationnelles au sein desquelles évolue et intéragit son protagoniste principal. Le style se veut volontairement direct, parfois abrasif dans les portraits et réactions dépeints, mais toujours très humain. L'écriture adopte une retenue et une sobriété qui soulignent sa recherche d'authenticité. Véritable human drama chroniquant ce moment où l'ordinaire échappe à ses personnages, la série choisit de mettre en lumière la communauté aborigène. Cependant les thèmes abordés n'en demeurent pas moins universels : c'est une fiction qui entend traiter de thématiques qui parlent à tout un chacun, et s'adresse à l'ensemble du public australien tout en plaçant, pour une fois, sur le devant de la scène des Aborigènes.

Dans cette optique, le premier épisode - qui n'était pas forcément sur le papier le synopsis dont j'attendais le plus parmi les six - est prometteur. Son histoire est simple, avec une construction narrative fluide et linéaire. Il s'en dégage pourtant une intensité émotionnelle et une solidité d'ensemble appréciables. La scénariste sait mettre à profit ce bref récit pour esquisser la complexité et l'ambivalence d'une dynamique familiale particulière, celle qui entoure Grace. D'une part, elle permet de mesurer l'ambiguïté des rapports entre frères et soeurs (et la place des belles-familles, en l'occurence ici surtout des maris), soulignant les limites d'une solidarité pourtant légitime. D'autre part, la mise en parallèle de la frustration de Grace face à son propre foyer par rapport à la solidité des liens unissant sa soeur à ses deux enfants (en dépit de ce que son état leur fait subir comme épreuve) offre un contraste qui interpelle. La brièveté de l'épisode (une cinquantaine de minutes) explique que le dénouement qui suit la remise en cause initiée par Grace puisse paraître assez facile. Cependant l'ensemble a le mérite de sonner juste et simple ; la capacité du récit à impliquer le téléspectateur achève de convaincre de revenir la semaine suivante.

redfernnowl.jpg

Sur la forme, Redfern Now est une oeuvre visuellement maîtrisée et soignée. La réalisation préserve bien l'authenticité recherchée dans l'écriture, tout en proposant des plans travaillés. En réalité, le téléspectateur tombe sous le charme de l'esthétique de la série dès sa première minute avec son générique d'ouverture : qu'il s'agisse de la chanson qui le rythme, ou des images, scènes de vie capturées au ralenti, il donne superbement le ton et nous immerge instantanément dans le récit. Une belle réussite à laquelle vous pouvez jeter un oeil ci-dessous (1ère vidéo).

Quant au casting, le format d'anthologie de Redfern Now explique que les acteurs changent à chaque épisode. On croise cependant quelques valeurs sûres. Dans le premier épisode, Grace est superbement interprétée par Leah Purcell, qui trouve dans cette figure de femme forte mais aussi poignante un rôle où elle peut pleinement s'exprimer : l'intensité de sa performance n'est pas étrangère à la force de l'histoire relatée. On croise également à ses côtés Alec Doomadgee, Alec Doomadgee, Shareena Clanton et Val Weldon. La suite de la série sera l'occasion de suivre Dean Daley-Jones, Deborah Mailman, Jimi Bani, Kelton Pell, Miranda Tapsell, Rhimi Johnson Page, Shari Sebbens, Tessa Rose, Wayne Blair ou encore Johnny Lever.

redfernnowq.jpg

Bilan : Suivant le format d'une anthologie pour mettre sur le devant de la scène la communauté aborigène, chaque épisode de Redfern Now apparaît comme un instantané issu du quotidien soudainement troublé et remis en cause de gens ordinaires. Bénéficiant d'une écriture assurée, la série mise sur une sobriété et une authenticité d'écriture lui permettant d'entreprendre l'exploration de multiples thématiques actuelles, en s'intéressant tout particulièrement aux rapports humains et à la charge émotionnelle qui les accompagne. Avec son casting convaincant apportant une force supplémentaire au récit, ce premier épisode est une première pierre dans un tableau plus vaste de société que l'ensemble pourra dépeindre si la suite poursuit sur cette voie. A surveiller !


NOTE : 7,5/10


Le générique de la série :


La bande-annonce de la série :

25/11/2010

(Pilote UK) Accused : un crime drama réduit à sa plus sobre expression


accusedb.jpg


Spooks
à peine terminée, depuis le 15 novembre 2010, les lundis soirs de BBC1 sont désormais occupés par un crime drama, signé Jimmy McGovern : Accused. Cette série a la particularité de présenter des histoires indépendantes, chaque épisode se concentrant sur un personnage différent. Le nom du scénariste, auquel s'ajoutait un casting très alléchant, suffisait à aiguiser l'intérêt et la curiosité d'un téléspectateur quand même très intrigué, d'autant que visionner le pilote n'engageait pas sur toute la série. Et puis, Accused a aussi fait parler d'elle ces derniers jours en Angleterre à cause d'une controverse née autour de son deuxième épisode et de son traitement de l'armée.

Pour ce premier épisode, j'avoue sans peine que la présence de Christopher Eccleston ne fut pas étrangère à mon visionnage. De la même façon que j'aurais bien envie d'aller jeter un oeil aux épisodes où apparaîtront Peter Capaldi ou encore Warren Brown. Pour autant, le pilote d'Accused n'aura su que modérément me convaincre, proposant une histoire relativement solide, sous un angle narratif assez original, mais en échouant à réellement s'affranchir des codes du genre.

accusedc.jpg


Chaque épisode d'Accused s'ouvre au moment où le tribunal s'apprête à rendre son verdict, le prévenu montant les marches qui le conduisent jusqu'au banc des accusés. Sans autre information, le téléspectateur découvre dans ces premières images les protagonistes de l'histoire qui s'apprête à lui être racontée. Puis, le récit enchaîne sur un flashback, remontant le temps pour revenir au moment où tout a débuté, à cette journée où tout a commencé à déraper, pour conduire presque inéluctablement à la commission de l'infraction pénale dont le personnage principal du jour est accusé. Le laissant ainsi suspendu à son sort, attendant que soit prononcé son acquittement/relaxe ou sa condamnation, l'épisode va nous relater, sans parti pris, les faits tels qu'ils se sont réellement produits. En somme, la narration d'Accused se résume en deux points : l'infraction et le verdict, accompagné éventuellement de la sanction. Le crime drama réduit à sa plus sobre expression.

Ce premier épisode va ainsi nous raconter l'histoire de Willy Houlihan. Comment ce plombier, père de famille marié depuis 25 ans, menant en apparence une vie rangée, a-t-il pu se retrouver sur le banc des accusés, à attendre stoïquement sa sentence ? Sans plus d'indice, le téléspectateur est invité à découvrir l'engrenage des évènements et décisions qui vont le mener à cette première scène de l'épisode.

accusede.jpg

L'atout principal d'Accused réside incontestablement dans le concept narratif que la série choisit de suivre, nous présentant le prévenu à la fin de son procès pour ensuite nous conter ses dernières actions qui l'auront mené devant ce tribunal. Cet angle d'attaque original fournit à la fiction une relative originalité qu'elle va s'attacher à pleinement exploiter. En effet, tranchant avec le modèle traditionnel, le suspense ici ne réside pas dans la question de savoir qui a commis le crime, mais dans le fait de découvrir de quel crime il s'agit. "Quels sont donc les faits de l'espèce ?", voici la question qui résonne de façon presque obsessionnelle dans la tête du téléspectateur pendant la majeure partie de l'épisode.

Avec beaucoup d'habileté, la série mise sur un suggestif des plus accrocheurs. Tout au long des deux premiers tiers de l'épisode, on se perd en conjectures, concluant fatalement au pire dès que Willy se retrouve dans une situation ambiguë, imaginant y voir telle ou telle indication sur ce que le futur lui réserve, alors que le personnage s'enfonce peu à peu dans des problèmes domestiques et financiers rapidement inextricables. L'imagination fertile, prompte à toutes les extrapolations, le téléspectateur se prend facilement à ce jeu scénaristique, au final presque plus piquant qu'un crime drama à la narration traditionnelle.

accusedi.jpg

Cependant, après avoir si bien stimulé notre inventivité et encouragé à suivre mille et une (fausses) pistes, Accused se rabât, au final, de façon assez frustrante, sur des sentiers très balisés, proposant un dernier tiers somme toute excessivement classique. Cela donne un peu l'impression d'avoir beaucoup promis pour n'offrir qu'une conclusion à la prise de risque minimale, où tout rentre dans l'ordre en s'achevant sur une sortie d'un classicisme soudain trop abrupt pour le téléspectateur.

Il y a un contraste assez déconcertant, un peu déstabilisant, entre l'ambition affichée initialement et la manière dont l'histoire se termine, comme si la fiction avait soudain été trop timorée pour réellement s'affranchir des codes narratifs attachés à ce genre. Si bien que sans remettre en cause les spécificités qui ont séduit lors de la première partie de la narration, cela laisse cependant comme un arrière-goût d'inachevé. Une sorte d'essai non transformé. 

accusedg.jpg
Sur la forme, Accused présente une réalisation aboutie, plutôt soignée, mais qui ne marque pas particulièrement hormis par quelques plans plus inspirés. Elle se situe globalement dans le standing habituel (plutôt élevé, donc) de la chaîne.

Enfin, comme je l'ai déjà souligné, une partie de l'intérêt de la série - et sans doute beaucoup de la curiosité qu'elle peut susciter a priori - réside dans son casting. Si ce premier épisode se concentrait sur le toujours excellent Christopher Eccleston (Doctor Who), que je retrouve chaque fois avec beaucoup de plaisir dans mon petit écran, la suite offre des noms également très alléchants, comptant parmi les valeurs sûres de la télévision d'outre-Manche. Devraient ainsi apparaître Mackenzie Crook (The Office UK), Juliet Stevenson, Peter Capaldi (The Thick of It), Marc Warren (State of Play, Hustle), Naomie Harris (The Tomorrow People), Warren Brown (Dead Set, Luther, Single Father), ou encore Ben Smith. Au final, quelques bonnes raisons de vérifier si la série saura faire preuve de plus d'ambitions !

accusedd.jpg

Bilan : Avec sa structure narrative qui recentre l'enjeu de l'épisode sur l'infraction pénale qui sera commise et non sur le coupable, Accused s'impose comme un crime drama intrigant, qui tranche avec les codes traditionnels du genre. Mais si le téléspectateur se prend aisément à ce jeu scénaristique qui mise beaucoup sur le suggestif, Accused échoue à mener jusqu'au bout cet essai. Manquant de témérité dans sa conclusion, elle retombe alors sur des sentiers très balisés pour finalement abandonner l'expérimental et renouer avec le classique judiciaire. Si on se dit alors qu'on aurait pu légitimement en attendre un peu plus, cela n'enlève rien à ce pilote qui permet quand même de passer une heure prenante devant son petit écran. A défaut de vraiment révolutionner le genre, Accused s'avère solide. Son casting devrait achever de convaincre les derniers récalcitrants.    


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :