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17/10/2012

(J-Drama / Pilote) Going My Home : un drama humain, sincère et décalé ne laissant pas indifférent

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Quand je vous disais la semaine passée que la saison automnale au Japon s'annonçait autrement plus enthousiasmante que l'été qui s'achevait, je n'exagérais pas. En témoigne ce premier pilote visionné ce week-end. Going My Home était le drama attendu de cet automne, aussi bien par le public japonais que par moi. La raison ? Il s'agit du premier passage au petit écran, pour un renzoku, du cinéaste Koreeda Hirokazu. Ce nom ne vous est pas inconnu si vous vous intéressez un peu au cinéma japonais : Nobody knows, Still walkting, Air Doll ou encore I wish sont des films qui méritent leur visionnage. Pour couronner le tout, Going My Home présentait également un argument de casting convaincant, avec notamment la présence de Abe Hiroshi.

Autant de bonnes raisons de découvrir un drama qui a débuté sur Fuji TV le 9 octobre 2012, par un (long) pilote de rien moins qu'1h40. Qu'importe sa longueur, puisque ce premier épisode m'a conquise. S'il donne peu d'indication sur les orientations futures de cette histoire familiale parsemée d'étrange, il installe une ambiance caractéristique savoureuse. Une entrée en matière réussie, pleine de potentiel, qui ne demande qu'à être confirmée par la suite. Mais après un tel premier épisode, on ne peut être qu'optimiste !

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Expliquer le synopsis de Going My Home est en soi presque un défi, tant, au cours de ce pilote, l'univers de la série s'installe par petites touches, sans qu'une trame narrative principale ne s'impose. Une chose est certaine, pour ceux qui s'interrogeaient sur les compromissions et aménagements à adopter pour le passage du grand au petit écran, le style caractéristique de Koreeda Hirokazu s'impose d'emblée, transposé tel qu'il nous est familier. Il sera d'ailleurs intéressant de voir comment il va se développer par la suite dans un format de renzoku.

Le drama s'intéresse au quotidien, familial et professionnel, de Tsuboi Ryota. Ce père de famille a souvent du mal à s'affirmer et à trouver son registre, confronté aux jugements incessants de ceux qui l'entourent et que son attitude et ses choix ne semblent jamais satisfaire. Au travail, sa carrière professionnelle ne suit pas l'ascension espérée. Evoluant dans le milieu souvent ingrat de la publicité, il doit gérer des clients compliqués et des collègues méfiants. A la maison, son épouse a en revanche trouvé son créneau et voit sa renommée grandir : elle est une cuisinière publiant des livres de recettes. Face à ces parents débordés, leur petite fille cherche aussi sa place. Isolée, elle s'invente tout un monde imaginaire, et attire l'attention à l'école par son comportement. Le quotidien de Ryota se complique un peu plus lorsque son père fait un malaise et se retrouve dans le coma dans un hôpital de province : il renoue avec sa soeur et sa mère, deux autres fortes personnalités qui, comme lui, ne savent trop comment gérer cette situation. Dépêché pour se renseigner sur ce père aux pans de vie parfois méconnus, Ryota attérit dans une petite ville où il découvre qu'il y animait d'étranges visites.

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Going My Home est un drama d'ambiance à la saveur très particulière. Résolument intime, profondément humain, il se nourrit d'une écriture toute en subtilité et des petites intéractions qu'elle met en scène entre les personnages. La narration n'a pas son pareil pour capturer avec justesse des dynamiques familiales au sein desquelles le naturel semble être le maître-mot. Au cours de ce pilote, c'est tout particulièrement les relations entre Ryota, sa soeur et sa mère qui sont très bien mises en valeur. Le trio partage en effet quelques scènes, dépeintes avec une sincérité émotionnelle à fleur de peau, qui résonnent d'une authenticité assez unique. En effet, l'hospitalisation du père les rassemble bon gré mal gré, et, instantanément, revient la réalité de leurs rapports, avec toutes les nuances inhérentes aux sentiments humains : la tendresse comme les piques surgissent spontanément, tout comme les anecdotes du passé, au détour des conversations de ces personnes qui se connaissent par coeur.

Si les circonstances auraient pu conduire le drama sur une pente résolument dramatique, il n'en est pourtant rien : Going My Home garde résolument une tonalité légère. Cela explique en partie la chaleur humaine qui émane de l'ensemble et réchauffe le coeur du téléspectateur. De plus, le drama n'hésite pas non plus à distiller des petites touches d'humour introduites avec ce même naturel, sans jamais forcer les situations, à l'image du savoureux running gag sur la couleur des vêtements de Ryota à l'hôpital, tellement sombres que chacun lui demande s'il n'a pas pris une avance et ne s'est pas paré des couleurs du deuil alors que son père n'est pas encore mort.

De manière générale, le pilote de Going My Home prend résolument son temps, avec une approche presque contemplative. Sa construction narrative apparaît d'ailleurs originale pour la télévision, tant ces 1h40 pourraient s'apparenter à un long métrage. Le format du renzoku n'est exploité ici que de façon minimaliste : il faut attendre la toute fin de l'épisode pour voir infléchir ce récit d'instantanés et de tranches de vies, et permettre d'assister aux prémices d'une intrigue sur le plus long terme. Cette dernière ajoute d'ailleurs à l'étrangeté ambiante, avec l'introduction de créatures mythologiques, les kuna, qui vivraient dans la région du père de Ryota. S'apprêtant à osciller entre folklore fantastique et retranscriptions de relations humaines, l'univers ainsi posé, décalé à sa façon, est déjà un vrai délice, unique en son genre, dans lequel le téléspectateur s'immerge sans voir le temps passer. 

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Faisant déjà preuve d'une vraie personnalité sur le fond, Going My Home est tout aussi abouti sur la forme. La réalisation est soignée, à la fois proche des personnages, mais aussi capable de prendre du recul pour capturer, avec des plans plus larges, les scènes d'intéractions entre chaque protagoniste. La photographie reflète une certaine authenticité de l'approche choisie. La bande-son est également très agréable, contribuant à l'ambiance, avec une chanson du générique qui se détache déjà et semble parfaitement correspondre à l'atmosphère caractéristique et unique développée.

Enfin, ultime raison de découvrir Going My Home - et non des moindres -, le drama bénéficie d'un casting, alléchant sur le papier, et parfaitement à la hauteur à l'écran. Abe Hiroshi, dans un registre de père de famille faillible, remis en cause à l'occasion, fait des merveilles. Ses scènes avec YOU, qui incarne sa soeur, sont un délice dans ce premier épisode, l'actrice - que j'aime beaucoup également - retranscrivant bien l'ambivalence de son personnage. Yamaguchi Tomoko interprète sa femme, et ses quelques scènes sont tout aussi prometteuses. C'est en résumé un vrai casting cinq étoiles qui n'aurait pas pu être mieux sélectionné pour transposer à l'écran une telle histoire. On retrouve également parmi eux Miyazaki Aoi, Yasuda Ken, Arai Hirofumi, Bakarhythm, Natsuyagi Isao, Abe Sadao, Yoshiyuki Kazuko ou encore Nishida Toshiyuki.

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Bilan : Les séries trop attendues sont souvent source de déception. Il n'en est rien dans ce pilote où Going My Home réussit le tour de force de convaincre tout en permettant à son créateur de rester en tout point fidèle à sa réputation et à son univers. Pépite d'humanité et de subtilité, l'épisode propose 1h40 d'écriture fine et nuancée, rythmée par des instantanés de vie offrant des caractérisations à la sincérité bien réelle qui font toujours mouche. La pleine réappropriation du format télévisuel feuilletonnant reste à prouver sur la longueur, tout comme l'exploration d'un registre plus folklorique et fantastique. Mais il ne faut pas bouder son plaisir : le style est certes à part (et peut-être tout le monde n'y trouvera pas son compte), mais une telle immersion représente pour moi un délice qui se savoure.

Les amateurs de dramas japonais comme les familiers de l'oeuvre de Koreeda Hirokazu ne s'y tromperont pas. Tout comme tous les téléphages curieux qui voudront voir si cet univers trouve un écho en eux. Foncez.


NOTE : 8/10


Une bande-annonce (décalée) :