Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/03/2013

(J-Drama / Pilote) xxxHOLiC : celui qui voyait les esprits et celle qui exauçait les voeux

xxxholic.jpg

Restons au Japon en ce mercredi asiatique pour s'intéresser à la saison hivernale en cours. C'est l'occasion de se pencher sur un genre que j'ai assez peu exploré ces dernières années dans le petit écran japonais : le fantastique. Parmi les projets notables de l'hiver, figurait en effet l'adaptation live d'un célèbre manga de Clamp, xxxHOLiC. Je ne connais ce dernier que de nom (suivant la fameuse règle qui me fait débuter par une série pour finir dans la version papier d'origine), mais le thème de l'histoire, ainsi que la beauté des images que les premières previews avaient laissée entrevoir, suffisaient à ma curiosité.

Proposé par la chaîne câblée WOWOW, xxxHOLiC sera composé de 8 épisodes, d'une demi-heure chacun. Sa diffusion a débuté le 24 février 2013. Derrière ce travail d'adaptation à destination du petit écran, nous retrouvons au scénario et à la réalisation Tsugita Jun et Toyoshima Keisuke. Après deux épisodes regardés, mes premières impressions sont positives : j'ai apprécié l'incursion proposée, mais aussi l'univers construit (même si je n'ai pas d'autres références avec lesquelles le comparer). Reste au développement mythologique à tenir ses promesses !

xxxholico.jpg

Watanuki Kimihiro est un jeune lycéen qui a toujours eu une faculté particulière : il est capable de voir les esprits et autres fantômes, qu'il semble attirer. Son quotidien est constamment perturbé par ces apparitions impromptues et souvent inquiétantes. Un jour, il découvre par hasard la maison de Ichihara Yuko. Cette dernière est une sorcière tenant une bien étrange boutique, ouverte à tous : elle se propose d'exaucer les voeux de ses clients, en échange d'un paiement équivalent à la valeur que son client accorde au voeu accompli.

Kimihiro voit dans cette rencontre l'opportunité dont il rêvait : la possiblité de se débarasser enfin de ce don qui pèse tant sur sa vie. Yuko accepte sur le principe sa requête, mais elle demande en échange qu'il vienne travailler à mi-temps dans son magasin. Simple aide-ménager, Kimihiro se retrouve ainsi au plus près du commerce très particulier qui s'y déroule. Il va vivre et assister à différentes affaires conclues par Yuko. Or ces dernières sont loin de trouver des résolutions toujours heureuses.

xxxholicf.jpg

Le pilote de xxxHOLiC remplit parfaitement son office : il nous glisse efficacement dans un univers fantastique qui a ses codes propres. S'esquisse une mythologie dense où se perçoit un potentiel certain pour grandir et se développer au fur et à mesure que l'histoire progressera. Du fait de la durée relativement courte de ses épisodes, le drama opte pour une narration très directe, qui se contente de l'essentiel sans tergiversation inutile. Il en résulte une construction du récit relativement simple et linéaire, qui retient sans difficulté l'attention. Chaque épisode semble destiné à proposer un double niveau de lecture : d'une part, Kimihiro est le témoin d'une affaire particulière conclue par Yuko dans le cadre de son commerce de voeux (xxxHOLic suit donc une approche procedural) ; d'autre part, le fil rouge repose sur l'exploration plus avant, du point de vue de Kimihiro, des mystères mythologiques introduits dans la série, qu'il s'agisse de ceux propres à sa condition ou bien de ses rapports avec la sorcière.

La limite du format adopté tient à la simplicité d'exécution des affaires que le commerce de Yuko va nous faire suivre. Dans ces deux épisodes, leur déroulement est très calibré et prévisible. La première histoire, extrêmement réduite étant donné que le pilote sert à relater la rencontre entre Kimihiro et Yuko, est une fable moralisatrice sur le mensonge. La seconde, plus développée, suit un schéma identique, traitant cette fois de l'avidité démesurée d'un personnage. Pourtant xxxHOLiC fonctionne bien à l'écran, car le drama repose sur des enjeux qui dépassent ces seuls "cases-of-the-week". Plus que la morale à retenir, c'est la manière dont ces affaires affectent les personnages principaux qui importe. Surtout, le concept permet de voir se dessiner un univers très riche, extrêmement intriguant, dont les mystères font plus qu'aiguiser la curiosité du téléspectateur. A ce titre, la gestion de la dimension fantastique se révèle d'ailleurs convaincante : misant beaucoup sur des effets d'ambiance et sur du suggestif, la série n'a pas besoin d'une débauche d'effets spéciaux pour conférer aux images et à son histoire une tonalité très particulière qui s'assure de notre fidélité pour la suite.

xxxholice.jpg

Si xxxHOLiC réussit l'installation de son cadre, le drama le doit beaucoup au soin apporté à sa forme. La réalisation, appliquée, insuffle une atmosphère fantastique à part, sorte d'énigmatique surnaturel aux passages parfois un peu inquiétants. Elle dose suffisamment bien ses effets, ne donnant jamais l'impression de vouloir trop en faire. De nombreux plans jouent sur des symboliques dans les mises en scène, qui sont riches en détails. Les images ont aussi une teinte travaillée particulière, alternant des dominantes, rouge, verte, très sombre ou encore blanche, suivant les lieux et l'ambiance recherchée. De plus, la bande-son n'est pas en reste pour introduire une pointe de mystérieux. Quant au générique (cf. 1ère vidéo ci-dessous), il se révèle non seulement assez réussi esthétiquement, mais la chanson (Aitai, par Shikao Suga) est également très plaisante à l'écoute. xxxHOLic frôle ainsi le sans-faute au niveau visuel.

Quant au casting, s'il semble un peu s'effacer par moment devant une caméra qui privilégie en premier lieu la construction de son atmosphère, il apparaît dans l'ensemble solide, chacun trouvant assez vite ses marques dans le rôle qui lui est confié. Watanuki Kimihiro est interprété par Sometani Shota (Hei no Naka no Chuugakkou, Gou, Tsumi to Batsu), tandis que Ichihara Yuka l'est par (Watanabe) Anne (JOKER Yurusarezaru Sosakan, Yokai Ningen Bem). Autour de ce duo central autour desquels tout gravite, on croise notamment Higashide Masahiro (Kekkon Shinai) et Miyazaki Karen (Kazoku Hotei).

xxxholicy.jpgxxxholicm.jpg
xxxholict.jpg

Bilan : Doté d'une narration simple et directe, xxxHOLiC propose une introduction efficace dans son univers bien particulier. Fable moralisatrice par sa mise en scène des affaires conclues par Yuko, suivant ainsi un format semi-procedural, le drama se démarque avant tout par l'atmosphère mystérieuse dans laquelle il plonge le téléspectateur, réussissant admirablement à cultiver un surnaturel énigmatique superbement mis en valeur visuellement. L'ensemble intrigue et aiguise ainsi la curiosité. xxxHOLiC est donc une oeuvre soignée qui s'apprécie sur la forme, et interroge sur le fond, le tout bénéficiant d'un concept prometteur.

J'ai conscience que le fait de ne pas connaître le manga est peut-être un atout pour apprécier pleinement cette série. En plus de ne pas avoir la tentation de comparer et d'évaluer le travail d'adaptation, je l'aborde sans a priori, ni certitudes sur l'orientation à venir de l'histoire. Mais en ce qui me concerne, une chose est sûre : je serai au rendez-vous pour la suite.


NOTE : 7/10


Le générique du drama :


Les bande-annonces (en VOSTFR) du drama :

31/10/2012

(J-Drama / Pilote) Kekkon Shinai : questionnements existentiels de célibataires autour du mariage


Kekkonshinai.jpg

En ce mercredi asiatique, poursuivons l'exploration de la saison automnale au Japon. Après Going My Home et  Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi, c'est l'occasion d'aborder aujourd'hui une autre nouveauté : Kekkon Shinai, qui a débuté sur Fuji TV depuis le 11 octobre 2012. Sur le papier, ce drama sonnait très conventionnel, revenant une fois de plus sur les inévitables questions du célibat et du mariage. Mais il avait pour lui de réunir des acteurs que je retrouve toujours avec plaisir (Kanno Miho, Amami Yuki et Tamaki Hiroshi). Ce casting a achevé de me convaincre de lui laisser une chance : après tout, je regarde chaque année très peu de séries japonaises purement relationnelles. Après trois épisodes visionnés, on peut dire que l'expérience a été concluante, puisque me voilà fidélisée devant mon petit écran. S'il lui manque sans doute un petit quelque chose pour définitivement s'imposer, Kekkon Shinai est une fiction attachante qui se suit avec plaisir.

kekkonshinail.jpg

Tanaka Chiharu va vers ces 35 ans. Non mariée, toujours célibataire, elle voit ses amies s'investir l'une après l'autre dans la vie de famille, tandis qu'elle vit toujours chez ses parents, travaillant dans le même temps dans une agence de voyage. La pression de son entourage se fait chaque jour plus forte pour qu'elle se marie (enfin). D'un naturel enjoué, Chiharu aime pourtant sa vie. Mais elle arrive à un stade où, forcément, elle doute, de ses choix, mais aussi des attentes qu'elle nourrit pour qu'un couple soit viable à ses yeux...

Elle rencontre un jour, dans le parc où elle vient se changer les idées, Kirishima Haruka. Une quadragénaire, comme elle célibataire, qui a pris la décision de s'investir pleinement dans sa carrière, designer paysagiste, estimant que l'on a moins de chance d'être trahi par son job que par un homme. Mal lui en a pris car, au cours d'une restructuration du personnel privilégiant les employés ayant une vie familiale, elle est est ré-assignée comme simple manager d'un petit magasin de fleurs dépendant du groupe.

Leurs choix et leurs questionnements rapprochent immédiatement Chiharu et Haruka, la première voyant d'ailleurs dans l'appartement de la seconde le moyen idéal pour échapper aux pressions parentales. Kekkon Shinai suit leur amitié et leurs expériences de vie alors qu'elles pensent à leur futur. Ont-elles besoin, veulent-elles vraiment, quelqu'un dans leur vie ?

kekkonshinaib.jpg

Adoptant la tonalité d'une dramédie, légère et dynamique quand il le faut, humaine et toujours touchante quand ses protagonistes traversent des passages plus difficiles, Kekkon Shinai s'intéresse à quelques-unes des problématiques existentielles de ceux qui, dans la génération des 30-40 ans, poursuivent leur vie sans avoir fondé de famille. Ne vous y trompez pas, nous n'avons pas affaire à une comédie romantique fleur bleue sur l'éternelle quête de l'amour avec un A majuscule. En réalité, le drama met surtout l'accent sur le mariage en tant qu'institution sociale. Evitant un angle moralisateur anachronique, il l'aborde plutôt sous un angle très analytique - une impression renforcée par les interludes offerts par un cours d'université traitant du sujet auquel assiste une figure secondaire. Suivant les cheminements des deux héroïnes, il s'agit de s'interroger sur cette voie maritale vers laquelle tout le monde semble tendre et la place qu'occupent ceux qui ne l'empruntent pas. Jusqu'où faut-il se conformer aux conventions sociales ? Dans quelle mesure faut-il écouter son coeur ? L'épanouissement et le bonheur personnels passent-ils forcément par cette institution ?

Outre son approche plutôt rafraîchissante de thèmes restant assez conventionnels, l'autre atout de Kekkon Shinai est qu'elle met en scène des protagonistes vite attachants, auprès desquels il est facile de s'investir. Avec tact et une certaine subtilité, elle nous parle en effet d'adultes indépendants, s'assumant et assumant leurs choix de vie. Mais elle évoque aussi leurs doutes légitimes, face à la pression sociale, face à l'idée de vieillir seul qui s'insinue parfois en croisant des familles nombreuses, face à la solitude qui surprend après une journée épuisante au travail et qui soudain semble tellement peser. Le trio central permet de traiter des facettes très différentes de ces questionnements sur l'engagement et l'amour. Chiharu est celle qui cherche sa voie, aspirant toujours à se marier, mais pas à n'importe quel prix. Haruka a déjà fait ses choix, mais maintenant que ce dans quoi elle avait tout investi se dérobe, elle s'interroge. Junpei, lui, ne se juge même pas digne d'une telle voie, semblant toujours essayer de se dérober et de s'effacer. Avec leurs troubles et leurs préoccupations communes, ces personnages se comprennent naturellement. Une certaine solidarité se dégage, se transformant peu à peu en amitié. Portés par une vraie dynamique, leurs rapports insufflent ce souffle d'humanité vital au récit qui achève de vous convaincre de revenir la semaine suivante.

kekkonshinaio.jpg

Sur la forme, Kekkon Shinai fait également preuve d'une énergie appréciable. Sa réalisation est classique, avec une photographie dominante plutôt claire, volontairement colorée par l'environnement de personnages évoluant autour de fleurs, de peintures et de prospectus de voyages exotiques. La tonalité se fait assez légère, sans occulter les moments plus difficiles : cette dualité de ton est bien capturée par une bande-son assez fournie aux musiques dynamiques. L'ensemble est ainsi traversé d'une vitalité communicative.

Enfin, Kekkon Shinai bénéficie d'un casting très sympathique qui contribue à impliquer rapidement le téléspectateur auprès de chacun des protagonistes. Kanno Miho (Guilty Akuma to Keiyakushita Onna) incarne une héroïne dynamique qui sait susciter de l'empathie, retranscrivant avec justesse ces quelques moments d'émotion où la confiance s'effrite. Elle forme avec Amami Yuki (BOSS) un duo convaincant, dont les scènes de colocation se sont rapidement imposées parmi mes préférées des épisodes. Tamaki Hiroshi (Nodame Cantabile) est fidèle à lui-même, réservé à l'image d'un personnage qui semble ne rien vouloir de plus que de rester en retrait, comme oublié. Autour d'eux, on retrouve également Koichi Mantaro, Miyoshi Ayaka, Ito Ayumi, Sharo, Nagae Yuuki, Higashide Masahiro, ou encore Fukuda Ayano.

kekkonshinaif.jpg

kekkonshinain.jpg

Bilan : Plus qu'une simple énième dramédie relationnelle, Kekkon Shinai traite de l'institution du mariage dans ses différents volets, et notamment en abordant une dimension sociale qui dépasse les seuls enjeux romantiques. En proposant de suivre des protagonistes qui parlent au téléspectateur, la série va évoquer, avec beaucoup d'humanité et une certaine justesse, leurs attentes et leurs doutes, ainsi que ce qui motive les choix de vie qu'ils prendront. Avoir rassemblé ces personnages si dissemblables de caractère, mais si proches dans leurs préoccupations, permet au drama de poser de solides dynamiques entre eux. Et s'il lui manque sans doute un peu d'ambition ou une petite étincelle, Kekkon Shinai se réapproprie très honorablement un sujet de départ familier.


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce :


Le générique de la série :