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31/10/2012

(J-Drama / Pilote) Kekkon Shinai : questionnements existentiels de célibataires autour du mariage


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En ce mercredi asiatique, poursuivons l'exploration de la saison automnale au Japon. Après Going My Home et  Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi, c'est l'occasion d'aborder aujourd'hui une autre nouveauté : Kekkon Shinai, qui a débuté sur Fuji TV depuis le 11 octobre 2012. Sur le papier, ce drama sonnait très conventionnel, revenant une fois de plus sur les inévitables questions du célibat et du mariage. Mais il avait pour lui de réunir des acteurs que je retrouve toujours avec plaisir (Kanno Miho, Amami Yuki et Tamaki Hiroshi). Ce casting a achevé de me convaincre de lui laisser une chance : après tout, je regarde chaque année très peu de séries japonaises purement relationnelles. Après trois épisodes visionnés, on peut dire que l'expérience a été concluante, puisque me voilà fidélisée devant mon petit écran. S'il lui manque sans doute un petit quelque chose pour définitivement s'imposer, Kekkon Shinai est une fiction attachante qui se suit avec plaisir.

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Tanaka Chiharu va vers ces 35 ans. Non mariée, toujours célibataire, elle voit ses amies s'investir l'une après l'autre dans la vie de famille, tandis qu'elle vit toujours chez ses parents, travaillant dans le même temps dans une agence de voyage. La pression de son entourage se fait chaque jour plus forte pour qu'elle se marie (enfin). D'un naturel enjoué, Chiharu aime pourtant sa vie. Mais elle arrive à un stade où, forcément, elle doute, de ses choix, mais aussi des attentes qu'elle nourrit pour qu'un couple soit viable à ses yeux...

Elle rencontre un jour, dans le parc où elle vient se changer les idées, Kirishima Haruka. Une quadragénaire, comme elle célibataire, qui a pris la décision de s'investir pleinement dans sa carrière, designer paysagiste, estimant que l'on a moins de chance d'être trahi par son job que par un homme. Mal lui en a pris car, au cours d'une restructuration du personnel privilégiant les employés ayant une vie familiale, elle est est ré-assignée comme simple manager d'un petit magasin de fleurs dépendant du groupe.

Leurs choix et leurs questionnements rapprochent immédiatement Chiharu et Haruka, la première voyant d'ailleurs dans l'appartement de la seconde le moyen idéal pour échapper aux pressions parentales. Kekkon Shinai suit leur amitié et leurs expériences de vie alors qu'elles pensent à leur futur. Ont-elles besoin, veulent-elles vraiment, quelqu'un dans leur vie ?

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Adoptant la tonalité d'une dramédie, légère et dynamique quand il le faut, humaine et toujours touchante quand ses protagonistes traversent des passages plus difficiles, Kekkon Shinai s'intéresse à quelques-unes des problématiques existentielles de ceux qui, dans la génération des 30-40 ans, poursuivent leur vie sans avoir fondé de famille. Ne vous y trompez pas, nous n'avons pas affaire à une comédie romantique fleur bleue sur l'éternelle quête de l'amour avec un A majuscule. En réalité, le drama met surtout l'accent sur le mariage en tant qu'institution sociale. Evitant un angle moralisateur anachronique, il l'aborde plutôt sous un angle très analytique - une impression renforcée par les interludes offerts par un cours d'université traitant du sujet auquel assiste une figure secondaire. Suivant les cheminements des deux héroïnes, il s'agit de s'interroger sur cette voie maritale vers laquelle tout le monde semble tendre et la place qu'occupent ceux qui ne l'empruntent pas. Jusqu'où faut-il se conformer aux conventions sociales ? Dans quelle mesure faut-il écouter son coeur ? L'épanouissement et le bonheur personnels passent-ils forcément par cette institution ?

Outre son approche plutôt rafraîchissante de thèmes restant assez conventionnels, l'autre atout de Kekkon Shinai est qu'elle met en scène des protagonistes vite attachants, auprès desquels il est facile de s'investir. Avec tact et une certaine subtilité, elle nous parle en effet d'adultes indépendants, s'assumant et assumant leurs choix de vie. Mais elle évoque aussi leurs doutes légitimes, face à la pression sociale, face à l'idée de vieillir seul qui s'insinue parfois en croisant des familles nombreuses, face à la solitude qui surprend après une journée épuisante au travail et qui soudain semble tellement peser. Le trio central permet de traiter des facettes très différentes de ces questionnements sur l'engagement et l'amour. Chiharu est celle qui cherche sa voie, aspirant toujours à se marier, mais pas à n'importe quel prix. Haruka a déjà fait ses choix, mais maintenant que ce dans quoi elle avait tout investi se dérobe, elle s'interroge. Junpei, lui, ne se juge même pas digne d'une telle voie, semblant toujours essayer de se dérober et de s'effacer. Avec leurs troubles et leurs préoccupations communes, ces personnages se comprennent naturellement. Une certaine solidarité se dégage, se transformant peu à peu en amitié. Portés par une vraie dynamique, leurs rapports insufflent ce souffle d'humanité vital au récit qui achève de vous convaincre de revenir la semaine suivante.

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Sur la forme, Kekkon Shinai fait également preuve d'une énergie appréciable. Sa réalisation est classique, avec une photographie dominante plutôt claire, volontairement colorée par l'environnement de personnages évoluant autour de fleurs, de peintures et de prospectus de voyages exotiques. La tonalité se fait assez légère, sans occulter les moments plus difficiles : cette dualité de ton est bien capturée par une bande-son assez fournie aux musiques dynamiques. L'ensemble est ainsi traversé d'une vitalité communicative.

Enfin, Kekkon Shinai bénéficie d'un casting très sympathique qui contribue à impliquer rapidement le téléspectateur auprès de chacun des protagonistes. Kanno Miho (Guilty Akuma to Keiyakushita Onna) incarne une héroïne dynamique qui sait susciter de l'empathie, retranscrivant avec justesse ces quelques moments d'émotion où la confiance s'effrite. Elle forme avec Amami Yuki (BOSS) un duo convaincant, dont les scènes de colocation se sont rapidement imposées parmi mes préférées des épisodes. Tamaki Hiroshi (Nodame Cantabile) est fidèle à lui-même, réservé à l'image d'un personnage qui semble ne rien vouloir de plus que de rester en retrait, comme oublié. Autour d'eux, on retrouve également Koichi Mantaro, Miyoshi Ayaka, Ito Ayumi, Sharo, Nagae Yuuki, Higashide Masahiro, ou encore Fukuda Ayano.

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Bilan : Plus qu'une simple énième dramédie relationnelle, Kekkon Shinai traite de l'institution du mariage dans ses différents volets, et notamment en abordant une dimension sociale qui dépasse les seuls enjeux romantiques. En proposant de suivre des protagonistes qui parlent au téléspectateur, la série va évoquer, avec beaucoup d'humanité et une certaine justesse, leurs attentes et leurs doutes, ainsi que ce qui motive les choix de vie qu'ils prendront. Avoir rassemblé ces personnages si dissemblables de caractère, mais si proches dans leurs préoccupations, permet au drama de poser de solides dynamiques entre eux. Et s'il lui manque sans doute un peu d'ambition ou une petite étincelle, Kekkon Shinai se réapproprie très honorablement un sujet de départ familier.


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce :


Le générique de la série :
 

16/05/2012

(J-Drama / Pilote) Unmei no Hito : le scandale de la rétrocession d'Okinawa

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J'ai beaucoup hésité sur le sujet de ce mercredi asiatique. J'avais d'abord esquissé un bilan de premier visionnage des pilotes des différentes nouveautés printanières japonaise (parce qu'aucune ne m'a marqué suffisamment pour y consacrer un article entier pour le moment). Il y avait aussi ce drama plus ancien que je suis en train de finir. Mais finalement, après avoir déjà failli y consacrer le billet de la semaine dernière, je n'ai pu résister à l'envie de prendre la plume pour vous parler de mon dernier coup de coeur japonais... Entre politique, journalisme, Histoire, il y a tant à dire sur cette série. Et si Unmei no Hito est un drama de la saison hivernale, son sous-titrage a débuté le mois dernier ; pour le moment, les quatre premiers épisodes sont disponibles.

Diffusé sur TBS du 15 janvier au 18 mars 2012, le dimanche soir dans la case horaire de 21h, Unmei no Hito compte 10 épisodes de 45 minutes environ. Il s'agit d'une adaptation d'un roman éponyme de Yamasaki Toyoko, qui s'inspire lui-même d'un évènement réel, le scandale ayant entouré la rétrocession d'Okinawa par les Etats-Unis au Japon dans les années 70. La responsabilité de porter à l'écran cette histoire a été confiée au scénariste Hashimoto Hiroshi (qui a déjà pu démontrer ses talents d'adaptation historique dans Karei Naru Ichizoku par exemple). C'est une fiction très dense qui nous plonge dans les coulisses de la société japonaise, soldant certains comptes avec la Seconde Guerre Mondiale, mais qui parle aussi de démocratie avec une interrogation sur la place de la presse, le tout en mêlant grande et petites Histoires.

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Unmei no Hito s'ouvre dans le Japon du début des années 70. Ce drama va suivre sur une décennie le destin d'un journaliste, Yuminari Ryota, qui est alors en pleine ascension professionnelle. En charge du service politique du grand quotidien qui l'emploie, l'ambitieux reporter a ses entrées dans les cercles gouvernementaux du pouvoir. Il a dans le même temps une idée claire de son métier : dans sa quête de scoops et de vérité, il n'hésite cependant ni à poser les questions qui fâchent, ni à se montrer entreprenant et tacticien pour obtenir des informations. Avec ses quelques soutiens de l'ombre et son travail rigoureux, il semblerait que rien ne puisse venir entraver une carrière qui s'annonce très prometteuse.

Mais, 1971, c'est aussi la date de la signature d'un traité entre le Japon et les Etats-Unis, organisant la rétrocession d'Okinawa, et précisant notamment le sort des bases militaires américaines et le paiement d'indemnités. Lors des négociations diplomatiques qui eurent lieu, le gouvernement américain exigea certaines contre-parties stratégiques et financières de la part du gouvernement japonais que ce dernier ne pouvait, politiquement, rendre publiques. Or grâce à une de ses sources au ministre des affaires étrangères, Ryota met la main sur des documents confidentiels évoquant un accord secret qui prévoit le versement de plusieurs millions de dollars aux Etats-Unis. Le journal publie l'information sans pouvoir directement dévoiler le document, ce qui risquerait de compromettre leur source.

Mais devant les démentis fermes du gouvernement et l'indifférence à laquelle il se heurte, Ryota s'indigne et va tenter de faire bouger les choses... au risque de se brûler face au pouvoir.

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Unmei no Hito marque tout d'abord par sa richesse et la densité de son propos. La série aborde des thématiques multiples, certaines très personnelles aux protagonistes, d'autres dignes des fictions politiques les plus abouties. C'est ce second aspect que mettent d'abord en valeur les premiers épisodes. Bénéficiant d'une écriture solide qui permet de prendre la mesure de la complexité de ce milieu, le drama nous introduit dans les coulisses du pouvoir de l'époque, à travers une problématique particulière, très intéressante, celle des rapports entre la presse et la classe dirigeante. Plus que certains cas de compromission ou de corruption, ce qui frappe dans le portrait ainsi dressé, c'est la connivence régnante dictée par les usages et les moeurs journalistiques de l'époque. La liberté de la presse semble tenir au mieux à un équilibre aussi fragile que précaire, au pire n'être qu'une chimère tant les reporters les plus influents apparaissent comme des pions à part entière sur l'échiquier du pouvoir ; beaucoup courtisent plus qu'ils ne songent au droit d'informer. La course aux scoops est une compétition encadrée, au sein de laquelle c'est le pouvoir qui dicte les limites et pose les bornes infranchissables. Des discussions de couloir aux déjeuners symboliques, la série nous fait ainsi assister à la montée des uns et à la chute des autres au gré des faveurs et des rapports de force.

Ce qui rend cette approche si passionnante, c'est qu'en plus de cette dimension politico-médiatique, Unmei no Hito, c'est aussi de l'Histoire. Elle revient sur les conditions de la rétrocession d'Okinawa, sur ses zones d'ombre, sur ce que le Japon a réellement accepté et ce que le gouvernement d'alors a officialisé. Le sujet est complexe pour qui (comme moi) connaît peu ces problématiques, mais si certaines subtilités peuvent au départ échapper au téléspectateur profane, la réussite de la série est de parvenir à rendre accessible les grands enjeux. L'intérêt du drama est ici double. Il permet de parler du Japon et de sa démocratie en éclairant la gestion gouvernementale de l'affaire ; mais il s'arrête aussi sur une problématique de géopolitique internationale, avec les relations entre le Japon et les Etats-Unis. Et moi qui n'aime rien tant que pouvoir apprendre grâce aux séries, autant dire que j'ai été particulièrement servie. J'ignorais tout de ces questions avant de débuter le drama, mais les informations existent en anglais pour bien les replacer dans leur contexte - attention cependant aux spoilers, cliquer à vos risques et périls ! - avec des articles tels que Okinawa-Gate : The Unknown Scandal, ou encore une interview du journaliste par qui le scandale est arrivé (de son vrai nom, Takichi Nishiyama). Unmei no Hito s'inscrit donc pour ces débuts dans la lignée des dramas capable de jouer sur la grande et les petites histoires, à la fois très enrichissant par ce qu'il évoque du Japon, mais qui en même temps ne perd pas de vue ses personnages, car ce sont eux qui en sont l'essence.

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Unmei no Hito va en effet s'intéresser aux destinées que la fuite de l'accord secret passé avec les Etats-Unis bouleverse, et à toutes les conséquences d'un scandale qui, d'une affaire d'Etat, finira par toucher la part la plus intime de ses protagonistes. Le flashforward des premières minutes donne immédiatement le ton : c'est au récit d'une déchéance que l'on va assister. Au début du drama, Yuminari Ryota est un professionnel à qui tout réussit, au point de s'imaginer peser sur ces cercles de pouvoir qu'il fréquente. Trop arrogant et sûr de ses forces, il pourrait être antipathique s'il n'était pas animé d'une passion sincère pour son métier, qu'accompagne une certaine éthique. Il est en effet prêt à beaucoup pour décrocher un scoop, mais tout ne se réduit pas à une simple compétition avec la concurrence. Le sort d'Okinawa, problématique particulièrement sensible au Japon, va être révélateur des limites de la connivence qu'il peut accepter. Lorsqu'il découvre le contenu réel du traité, Ryota cherche à prendre à témoin l'opinion publique pour le remettre en cause. Ce qui est le motive ici, ce n'est pas seulement la liberté d'informer ou l'exigence de transparence du gouvernement, c'est aussi la conscience du citoyen. D'où ses erreurs d'appréciation. Le drama touche ici à une thématique assez universelle en démontrant à quel point capter l'opinion publique est un jeu complexe ; et à l'époque, le pouvoir le maîtrise tout aussi bien.

De manière générale, ces premiers épisodes de Unmei no Hito permettent d'asseoir une galerie de personnages forts, dont on perçoit la complexité et les ambivalences. Outre le personnage central de Ryota, on y trouve notamment deux figures féminines au potentiel intéressant. Avec leurs forces et leurs faiblesses, elles sont en bien des points représentatives de la condition de la femme au Japon dans les années 70. Yuriko est l'épouse au foyer modèle, supportant et défendant son mari, même contre ceux qui comprennent mal ce qu'elle peut trouver à ce professionnel trop froid qui fait toujours passer son métier avant sa famille. On devine que les épreuves à venir vont la forcer à reconsidérer sa place et ses choix. Travaillant au ministère des affaires étrangères, Miko Akiko, elle, a déjà dû évoluer : son mari incapable de travailler, c'est elle qui doit subvenir aux besoins du foyer. Loin d'être une forme d'émancipation, cela pèse lourdement sur son couple. Elle subit en effet les brimades d'un époux ne supportant pas cette inversion des rôles. C'est justement cette tension intenable qui explique qu'elle va se tourner vers Ryota, devenant sa fameuse source.

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Sur la forme, Unmei no Hito est une série soignée. La réalisation est maîtrisée, d'une sobriété travaillée, en sachant également mettre en valeur le cadre et les symboles qui peuvent accompagner la mise en scène. Beaucoup de choix judicieux sont faits : ainsi, le premier épisode qui s'ouvre sur un flashforward à Okinawa, nous fait découvrir un océan bleuté d'une beauté à couper le souffle qui souligne parfaitement l'importance des enjeux qu'elle va concentrer. De plus, le drama bénéficie également d'une bande-son riche et très intéressante qui pose bien la tonalité ambiante ; elle est signée Sato Naoki, un habitué des OST dont le dernier travail notable était sur Ryomaden, mais que j'avais déjà beaucoup apprécié dans Hagetaka.

Enfin, Unmei no Hito dispose d'un casting dans l'ensemble solide et convaincant. Motoki Masahiro (Saka no ue no kumo, 87%) incarne bien la rigidité et l'aplomb sans faille du carriériste qui a réussi, mais en conservant des failles qui ne vont que croître à mesure que la situation va lui échapper. C'est Matsu Takako (Hero, Saka no ue no kumo) qui interprète son épouse, tandis que Maki Yoko (Loss Time Life) est sa source au ministère. Sinon, cela m'a fait plaisir de retrouver Omori Nao (Prisoner, Ryomaden), un acteur qui garde une place à part pour moi depuis Hagetaka. On croise également d'autres têtes familières du petit écran japonais, comme Kitaoji Kinya (Karei Naru Ichizoku), Matsushige Yutaka (Shinya Shokudou, Last Money ~Ai no Nedan~), Hasegawa Hiroki (Second Virgin, Suzuki Sensei, Kaseifu no Mita), Ishibashi Ryo (Gaiji Keisatsu), Harada Taizo (Kurumi no Heya) ou encore Emoto Akira (Karei naru Spy).

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Bilan : Bénéficiant d'une écriture solide, Unmei no Hito délivre un récit dense et complexe parcouru par une tension très prenante. Tout en ayant un parfum prononcé de fiction politique (et historique) par l'éclairage qu'elle offre sur la démocratie japonaise du début des années 70, et sur les rapports qu'entretiennent alors la presse et le pouvoir, la série va tout particulièrement s'intéresser à des destinées personnelles auprès desquelles le téléspectateur est prêt à s'investir. L'équilibre est rapidement trouvé entre toutes les composantes de cette histoire ; le résultat est intéressant et consistant. A suivre !


NOTE : 8,5/10

16/06/2010

(J-Drama) Gaiji Keisatsu : jeux de dupes, jeux d'espions, au sein de l'antiterrorisme japonais


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Aujourd'hui, pas de test de pilote, mais le bilan d'une série entière. Mon coup de coeur asiatique de la semaine est une découverte inattendue en provenance du Japon, une immersion dans les services de lutte antiterroriste de la police de ce pays : Gaiji Keisatsu. En bien des points, je serais tentée de dire qu'il s'agit d'un drama juste parfait pour mettre l'été à profit afin d'élargir son horizon téléphagique et découvrir (enfin) une série asiatique. Pourquoi ? Pour vous situer son genre, essayons-nous à l'exercice des parallèles : sobre et magistralement menée, Gaiji Keisatsu traite de menaces sur la sécurité intérieure avec la paranoïa et la maîtrise d'un Spooks (MI-5) des grands jours. De plus, autre atout pour achever de convaincre les derniers récalcitrants : c'est une série courte. Son format lui permet de ne pas s'étaler inutilement et de maintenir constante la tension qui y règne, car elle ne compte en effet que six épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun.

Adaptation d'un roman éponyme d'Aso Iku, diffusée par NHK du 24 novembre au 19 décembre 2009, Gaiji Keisatsu (6 x 50') s'est donc révélée être l'excellente surprise de ce mois de juin dans mes programmations sériephiles. En résumé, c'est un peu ce qu'un drama comme IRIS aurait pu être, si ses scénaristes avaient mieux maîtrisé leur sujet.

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Gaiji Keisatsu nous plonge au coeur d'une branche à part des forces de police japonaise, celle qui s'occupe des Affaires étrangères, surveillant notamment les allées-venues sur le territoire national. En charge de la sécurité publique du pays, elle est celle qui lutte contre toutes les menaces internationales, tel que l'espionnage ou le terrorisme. Elle agit généralement de concert avec le bureau de la CIA basé à l'ambassade américaine, qui a historiquement été longtemps le donneur d'ordres de ce service. L'agence de renseignements américaine leur fournit d'ailleurs toujours des renseignements. Elle informe ainsi le directeur, Ariga Shotaro, d'une menace terroriste potentielle qui pèserait sur eux. Un mystérieux mercenaire très dangereux, connu sous le pseudonyme de "Fish", aurait infiltré le pays. L'enjeu est d'autant plus important que le Japon doit accueillir une cible de choix : une importante conférence internationale liée à l'antiterrorisme va prochainement s'y tenir.

Mais l'air n'est pas au tout sécuritaire, notamment au sein du gouvernement qui voit d'un mauvais oeil tous les crédits engloutis chaque année dans la division des Affaires étrangères. Le Japon n'a pas de tradition dans les services de renseignements. Mais, de toute façon, existe-t-il encore des menaces extérieures concrètes pour lui ? L'ambitieuse ministre aspire surtout à réduire le budget, quitte à privatiser une partie des forces de sécurité. Elle ne croit pas une seule seconde que le Japon puisse être une cible terroriste potentielle. Ne disposant pas d'éléments suffisants, le directeur Agira Shotaro n'insiste pas, mais il décide de poursuivre les investigations en cours afin d'identifier ce mystérieux "Fish" et savoir ce qu'il prépare. Pour cela, il a confié cette mission à l'unité dirigée par Sumimoto Kenji, un vétéran qui s'est longtemps occupé de démasquer les espions russes, avec des méthodes pas toujours très orthodoxes, mais généralement efficaces.

Parallèlement, Matsuzawa Hina est une jeune officier de police. Après un premier contact mouvementé avec l'unité de Sumimoto, alors qu'elle souhaitait interroger un étranger dans une affaire de viol, elle est transférée dans cette unité. Elle va rapidement découvrir que cette division agit à un niveau très différent des autres départements de police. Quand l'intérêt public est en jeu, l'intérêt des particuliers est facilement sacrifié ; d'autant plus que son supérieur hiérarchique, maître manipulateur, ne semble reculer devant rien pour mener à bien leur mission.

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Gaiji Keisatsu se révèle être un thriller de haut standing, admirablement maîtrisé sur la forme comme sur le fond. En nous plongeant dans une intrigue de lutte contre le terrorisme, la série se réapproprie dans le même temps les codes scénaristiques des fictions d'espionnage. On y retrouve, particulièrement bien exploités, tous les ingrédients classiques du genre : de l'organisation secrète tirant les ficelles et obéissant à des objectifs plus lointains, aux trahisons et défections dans les deux camps, en passant par des double-jeux quotidiens et la gestion des "collaborateurs", informateurs au statut particulier de la police japonaise. Tout cela se déroule avec en toile de fond des menaces contre la sécurité du pays. Même l'omniprésente CIA vient se mêler à la bataille, pour des passages au fort accent anglophone. Au final, cela donne un cocktail explosif mis en scène de façon très convaincante.
 
Évoluant dans une ambiance très sombre, Gaiji Keisatsu va prendre plaisir à déstabiliser le téléspectateur par son imprévisibilité. Le drama glisse peu à peu dans une sourde paranoïa de circonstances qu'il va entretenir au fil des épisodes. Rapidement, c'est un tableau d'une complexité fascinante qui se dessine sous nos yeux. Riche en ambivalences et en contradictions, la situation se complique chaque jour davantage, à mesure que les enjeux réels se dévoilent. Car, si l'enquête visant la menace terroriste progresse lentement, dans ce terrain trouble sur lequel se déroule la série, le danger provient tout autant de l'extérieur que de l'intérieur même du service. C'est d'autant plus vrai que les frontières entre les camps ne sont pas figées, les loyautés fluctuant dangereusement au gré des opportunités.

Même la trahison semble y être une notion toute relative. Nous nous retrouvons dans un milieu où la fin justifie les moyens. Le sort personnel des individus impliqués s'efface, victimes collatérales de la raison d'État, pions sacrifiables dans cette vaste partie d'échec où ce sont les enjeux nationaux et les ambitions des plus hauts responsables qui dictent les règles du jeu. L'intérêt public prétendu semble souvent bien insaisissable. Dans un cadre où tout n'est que faux-semblants, il faut intégrer ce mode de fonctionnement ou risquer d'être broyé. La manipulation y est élevée au rang d'art, si bien qu'elle en devient une technique de management utilisée au sein même de l'unité d'investigation. Matsuzawa Hina devra rapidement rayer le mot "confiance" de son vocabulaire : jusqu'où ira-t-elle sur la voie impitoyable où elle s'est engagée sans s'y perdre elle-même ?
 
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En plus de parvenir à créer une atmosphère des plus intrigantes, Gaiji Keisatsu dispose d'un scénario très solide. A chaque épisode viennent se greffer de nouvelles complications et de nouvelles pièces du puzzle sont révélées, troublant la compréhension globale du téléspectateur qui ne conservera qu'un temps seulement Hina comme point d'ancrage sur lequel se reposer. La série se révèle admirable de maîtrise, construisant une tension sourde qui prend à peu le pas sur tout le reste. Chaque action indépendante finit par s'emboîter dans le complexe puzzle de l'intrigue principale, dévoilant un magistral "toutélié" qui retient toute l'attention du téléspectateur.
 
Ce drama forme un tout, avec un fil rouge qui s'étend tout au long des six épisodes : il s'agit de déjouer les projets du mystérieux "Fish" et surtout de découvrir ses commanditaires. C'est dans ce cadre que chaque épisode va marquer une avancée, ou un développement particulier pour accomplir cette mission. Mais les premières réponses obtenues paraissent presque vaines ; car à mesure que la série prend peu à peu toute son ampleur, elle révèle une complexité aussi déstabilisante que passionnante.
 
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Pour autant, aussi attrayant que soit le suspense principal, un des atouts de Gaiji Keisatsu est de ne pas négliger de développer sa dimension humaine. C'est aussi à travers les blessures intérieures de ses personnages que la série acquiert une véritable épaisseur. Ici, le thriller se conjugue avec la mise en scène de drames humains. C'est parfois dur, voire même poignant. Les scénaristes prennent le temps de s'interroger sur les motivations de chacun, explorant ses personnages avec beaucoup de soin. Tout cela permet au téléspectateur de s'investir émotionnellement dans ce drama.
 
De manière générale, les protagonistes de Gaiji Keisatsu s'inscrivent la droite lignée du scénario global, reflétant cette absence déconcertante de manichéisme et défiant toute classification trop rapide. Ils évoluent au fil de la série, gagnant en nuances et montrant d'autres facettes de leur personnalité. Si Hina fait au début figure d'innocente plongée dans un monde dont elle n'a pas encore les clés, repère solide du téléspectateur, elle intègre peu à peu les exigences de son nouveau travail. Encore versatile, en quête de certitudes, l'élève dépassera-t-elle le maître ? C'est ce dernier, Sumimoto Kenji, qui constitue le véritable personnage phare de la série. Froid et calculateur aux premiers abords, il pourrait paraître antipathique s'il n'était pas immédiatement aussi fascinant. Et le trouble le concernant va grandissant au fur et à mesure que la série progresse. De plus en plus ambivalent, le téléspectateur apprend à le connaître. A travers ses failles, on découvre un autre pan du personnage, plus émotionnel que l'image qu'il aime renvoyer.
 
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Sur la forme, Gaiji Keisatsu est au diapason de la tonalité de son contenu. La réalisation est volontairement nerveuse. Elle change souvent de styles, allant jusqu'à utiliser des plans pris caméra à l'épaule qui contribuent à dynamiser l'ensemble. Cependant, on reste à l'écran dans une sobriété toute japonaise. L'image est assez sombre (parfois même, peut-être un peu trop), allant du pastel au noir et évitant toute couleur chatoyante. La musique est utilisée avec beaucoup de retenue, uniquement lors de certains passages la justifiant. Il n'y a aucune chanson. Seulement des morceaux musicaux qui viennent souligner les moments de tension.
 
Enfin, le casting se révèle quant à lui très convaincant. D'une sobriété prenante, sans aucun sur-jeu, le téléspectateur n'en ressentira pas moins l'intensité émotionnelle de certains passages. Watabe Atsuro délivre une performance absolument magistral pour incarner le si troublant Sumimoto Kenji. Ono Machiko joue la jeune policière catapultée dans ce milieu si déstabilisant de l'antiterrorisme. A leurs côtés, on retrouve également Ishida Yuriko, Endo Kenichi, Yo Kimiko ou encore Ishibashi Ryo.

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Bilan : Gaiji Keisatsu est un petit bijou d'espionnage. Un thriller au scénario admirablement bien maîtrisé. La série nous plonge dans un univers de faux-semblants, sans aucun manichéisme, où les vrais enjeux demeurent longtemps cachés danss l'ombre. Tout est ambivalent dans cet univers trop sombre et impitoyable, où chacun manipule l'autre, suivant son propre agenda. La réussite de ce drama est aussi de ne pas se contenter seulement du suspense qu'il génère, mais d'investir une dimension humaine qui ajoute à la richesse, mais aussi aux ambivalences, de l'histoire. Gaiji Keisatsu est une série dense qui joue ainsi sur plusieurs tableaux. 

En somme, voici un drama à découvrir de toute urgence !


NOTE : 8,75/10


Un extrait vidéo des cinq premières minutes du premier épisode :