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28/03/2012

(K-Drama / Pilote) The King 2 Hearts : des relations pimentées sur fond de rapprochement des deux Corées


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Le printemps est là ! Il ne se limite pas au ciel bleu et à ces températures tempérées. En Asie, les saisons télévisuelles suivent le rythme du climat. C'est donc l'arrivée dans les grilles de nouvelles séries. Si l'hiver m'avait assez peu emballé en Corée du Sud (hormis History of the Salaryman), les projets des grandes chaînes annoncés pour ce printemps aiguisent déjà plus ma curiosité. Sauront-ils me convaincre ? C'est une autre histoire. La semaine dernière avait lieu la première grande confrontation entre les chaînes qui lançaient toutes leurs nouveautés des mercredi et jeudi soirs. Dans cette lutte des audiences, c'est King 2 Hearts qui en est sortie vainqueur, avec plus de 16% d'audience. 

Ce drama n'était pas forcément celui que j'attendais le plus, même si la seule présence de Ha Ji Won l'avait logiquement placé en haut de la pile à découvrir. Ce sera donc la première série du printemps asiatique évoquée sur ce blog. Lancée le 21 mars 2012 et diffusée sur MBC, elle est à ce jour prévue pour 20 épisodes. Si son genre (comédie, drame, romance, action ?) demeure pour le moment flou, le thème ne vous sera pas inconnu : on va encore parler de Corée du Sud, de Corée du Nord, et de mariage et d'amour, avec une approche cependant très différente de Korean Peninsula (Hanbando), ou même de Myung Wol the Spy l'an dernier. Les deux premiers épisodes n'auront pas suscité de coup de coeur, mais le drama a cependant quelques atouts...

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King 2 Hearts se situe dans une réalité alternative, dans laquelle la Corée du Sud est une monarchie constitutionnelle ; les deux Corées y sont pareillement séparées, avec une histoire passée semblable à celle de la réalité. Nous sommes dans une période de détente et d'esquisse de coopération entre les deux régimes, dans l'optique de consolider la paix dans la péninsule (même si cela ne plaît pas à tout le monde, et que certains spéculateurs ont au contraire intérêt à souffler sur les braises des différences entre les deux pays). Pour marquer cette alliance, rien de tel qu'une compétition durant laquelle les sud et nord-coréens se battront au sein d'une seule équipe et sous les mêmes couleurs. Ce sera la World Officer Championship (WOC) : une épreuve internationale qui voit s'affronter des militaires issus de différents pays.

Il est prévu que le Nord et le Sud fournissent 3 soldats chacun pour constituer l'équipe de six officiers qui représentera la nation coréenne dans son ensemble. Parmi les représentants du Nord, Kim Hyang Ah, une instructrice de fer dans les forces spéciales, se laisse convaincre par son supérieur de participer à l'épreuve. Au Sud, outre deux officiers sélectionnés sur leur mérite, le roi décide de faire un geste symbolique fort : il contraint son jeune frère, Lee Jae Ha, à être le troisième représentant de la Corée du Sud. Mais Jae Ha est avant tout un héritier irresponsable et frustrant qui n'a aucun sens de l'intérêt général...

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C'est après quarantes premières minutes relativement poussives que King 2 Hearts démarre véritablement. Dès le départ, un défaut récurrent du drama est perceptible : cette façon des scénaristes de céder trop souvent à la facilité et aux raccourcis. Ainsi, l'aperçu du passé du prince Jae Ha et de de son frère, puis l'introduction rapide des premiers enjeux, vont à l'essentiel, mais se déroulent de manière trop expéditive pour permettre de s'attacher en dépit de quelques scènes qui auraient mérité d'être approfondies. Une fois dans le présent, avec la situation du WOC et de cette union entre le Nord et le Sud posée, la série gagne considérablement en vitalité, se construisant sur les confrontations entre les personnages. Ce sont alors les dynamiques s'installant entre les deux protagonistes principaux qui retiennent l'attention : pimentées comme il se doit, rythmées par un sens de la répartie des plus piquants, cette relation conflictuelle saura provoquer quelques francs éclats de rire et même toucher. 

Cependant, paradoxalement, si Hyang Ah et Jae Ha partagent de manière convaincante toute sorte de scènes - aussi bien comiques et excessives, que intimes et dramatiques -, leurs personnages peinent à s'imposer individuellement. Le problème vient de la tendance des scénaristes à toujours vouloir forcer et grossir leurs traits de caractère. Si l'insolence et l'inconséquence de Jae Ha sonnent vite un peu répétitives, c'est surtout Hyang Ah qui frustre le téléspectateur. Le personnage se retrouve enfermé dans une psychologie binaire, oscillant entre la femme d'action et la trentenaire célibataire désespérée : loin de lui donner la moindre épaisseur, ce manque de subtilité de l'écriture empêche toute cohérence dans sa personnalité. Tiraillée entre des postures opposées et caricaturales, Hyang Ah sonne faux ; et l'on peine donc à s'attacher à elle. Ce manque d'empathie émotionnelle reste d'ailleurs la conséquence la plus problématique de ces débuts hésitants, même si le relationnel laisse entrevoir du potentiel.

king2heartsl.jpg Au-delà d'une dimension humaine demandant quelques ajustements - ce que le temps lui permettra peut-être -, c'est par sa tonalité très changeante que King 2 Hearts se révèle la plus déroutante. La série entreprend en effet, au cours de ces deux premiers épisodes, de brouiller les attentes du téléspectateur, se maintenant volontairement à la croisée de genres a priori sans rapport. C'est ainsi qu'elle alterne, souvent sans la moindre transition, et parfois au cours d'un seul et même échange, les passages dramatiques et les échanges plus comiques. Plus d'une fois, la tonalité bascule de manière inattendue, passant d'un registre grave et sérieux, à un scène légère qui pourrait tout droit être issue d'une comédie romantique. De la même façon que le personnage de Ha Ji Won, le drama y perd en cohésion, car les scènes aux tonalités très différentes sont souvent trop déconnectées entre elles pour parvenir à proposer un tout homogène.

Ce parti pris des scénaristes a cependant un objectif très clair : en tentant de jouer sur tous les tableaux, King 2 Hearts essaye de parler au plus large public possible. En effet, chacun y trouve obligatoirement en partie son compte durant ces deux premières heures : le drama réussit à trouver le temps de s'adresser aussi bien à l'amateur de drama sérieux avec un arrière-plan géopolitique accrocheur qu'à celui de comédies volontairement absurdes et excessives (ne me demandez pas dans quelle catégorie se classe la M society...). Il y en a pour celui qui rêve de future romance fleur bleue, comme pour celui qui savoure les séries d'action. Cette ambition "généraliste" a cependant ses limites : à refuser de choisir, la série entretient un flou agaçant sur son orientation future : quelle est donc la logique narrative à l'oeuvre ? Ce scepticisme qui naît au fil des deux épisodes est renforcé par le fait que si les styles sont très divers, l'écriture reste malheureusement très traditionnelle : il n'y a pas d'originalité, ni d'étincelle, dans un contenu qui manque de relief - hormis durant quelques rares moments réussis (comme la confrontation du prince avec son frère pour le force à rejoindre l'équipe de la WOC) - et ne surprend quasiment jamais.  

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Sur la forme, King 2 Hearts dispose d'un visuel soigné, et d'importants moyens mais qui ne sont pas toujours utilisés à bon escient. La réalisation est travaillée ; la caméra sait certainement mettre en valeur ses décors et dispose d'un certain oeil pour la mise en scène. Cependant le drama donne parfois le sentiment d'en faire trop. Plus que l'esthétique, c'est la bande-son qui frise l'overdose en morceaux de musique classique : à force d'omniprésence, ils tendent à devenir très pompeux. Cela produit sur le téléspectateur l'effet inverse de ce qui est recherché : cet étalage ostentatoire agace, et réduit sa patience vis-à-vis du drama sur le fond. J'aurais donc juste une demande pour la suite : un peu de sobriété !

Enfin, King 2 Hearts bénéficie d'un casting où chacun se voit attribuer un registre dont on sait qu'il le maîtrise parfaitement. Lee Sung Ki (Shining Inheritance, My Girlfriend is a Gumiho), en héritier inconséquent, remplit sa part du contrat ; tandis que Ha Ji Won (Damo, Secret Garden) renoue avec un rôle qu'elle connaît bien, même si malheureusement écrit de façon quelque peu schizophrène, alternant sans transition entre la femme d'action endurcie et celle qui se nourrit de rêves de mariage inaccessibles. Les deux acteurs fonctionnent en tout cas efficacement ensemble, et leurs scènes communes ne manquent pas d'une certaine alchimie. A leurs côtés, on retrouve Jo Jung Suk (What's up) - qui se rappelle au bon souvenir de nos oreilles dès le deuxième épisode -, Lee Yoon Ji (Heading to the ground) et Yoon Je Moon. 

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Bilan : Après un début quelque peu poussif, King 2 Hearts trouve progressivement son rythme en exploitant d'intéressantes dynamiques relationnelles qui se nouent entre les personnages. Navigant volontairement à la croisée des tonalités, le drama se veut rassembleur : chaque public qui y trouvera partiellement satisfaction. Cependant, doté d'une écriture manquant singulièrement de subtilité et de nuances, cédant trop souvent à des raccourcis faciles, il peine à trouver son identité. La série semble s'égarer entre les différents genres sans réussir à convaincre pleinement dans aucun des registres auxquels elle s'essaie. A la fois trop dispersée et trop calibrée, il lui manque une direction claire. 

C'est donc un drama peut-être à poursuivre pour encore quelques épisodes afin de voir comment évoluera la gestion des rapports au sein du duo principal, mais cela ne sera sans doute pas mon k-drama de la saison !


NOTE : 5,75/10


Une bande-annonce :

Une chanson de l'OST : 

Commentaires

"Plus que l'esthétique, c'est la bande-son qui frise l'overdose en morceaux de musique classique : à force d'omniprésence, ils tendent à devenir très pompeux."

Si jamais tu regardes The Equator Man, tes oreilles vont saigner T_T Apparemment tous les bons directeurs musicaux sont déjà pris, et ils se sont récupérés le pire des bras cassés. Je crois que je n'ai pas vu un aussi mauvais travail de finition (montage/musique) sur le Big Three depuis Personal Taste ! Rhalala.

Intéressante review, et c'est amusant comme on peut voir les choses très différemment malgré un consensus sur le fond. Je me disais aussi que ce n'est pas le mélange des genres en lui-même qui pose problème (récemment City Hunter s'en est très bien sorti alors que tout le monde prévoyait qu'il allait s'emmêler les pinceaux)mais plutôt la compétence du scénariste à rendre le tout homogène et maîtrisé. C'est tout sauf évident de réussir le combo ! Comme quoi faire du grand public n'est pas donné à tout le monde ^^

Écrit par : Minalapinou | 29/03/2012

@ Minalapinou :
T_T Je compte regarder The Equator Man (j'avais même un peu plus d'attentes). Je vais donc préparer mes oreilles à ce nouvel attentat auditif (peut-être que désormais, avec tous ces dramas câble+grandes chaînes, les plus compétents sont plus difficiles à avoir).

Sinon, je crois que le mélange des genres peut fonctionner dès lors que les scénaristes n'y sacrifient pas la direction d'ensemble de leur récit. J'ai eu l'impression dans King 2 Hearts de regarder d'une scène à l'autre des dramas très différents, en faisant souvent trop dans le registre emprunté à ce moment là, mais sans savoir concrètement lequel était le bon ! City Hunter était un cocktail réussi, parce que les scénaristes y gardaient comme tu le soulignes une vraie homogénéité. Et peut-être aussi parce que dans l'ensemble, les personnages et les enjeux avaient une autre consistance.
Le problème avec K2H tient probablement surtout au manque de subtilité de l'écriture. D'ailleurs, je n'ai pas trop insisté dessus dans ma review, mais il y a un problème de crédibilité de l'univers mis en scène. Ce rapprochement Nord/Sud, cette coopération... En dehors de quelques affiches et de quelques blagues communistes, il n'y a rien qui distingue vraiment les deux pays. J'ai eu le sentiment que le drama en faisait vraiment le minimum pour poser son cadre. L'exigence de "suspension of disbelief" traditionnelle n'est ici pas remplie. Quand je vois ce que ça donnait dans Korean Peninsula, les rapports Nord/Sud étaient autrement plus soignés et nuancés... Dans K2H, ça sonne creux.

Après, le paradoxe, c'est que après les 40 premières, je reconnais que je ne me suis plus trop ennuyée, et sur le moment, j'ai même apprécié certains passages. Mais depuis que j'ai éteint mon écran, plus j'y réfléchis, plus les problèmes me semblent évidents, et plus ce drama me frustre. ^^'

Écrit par : Livia | 29/03/2012

Je suis tellement d'accord avec toi!

Au bout du premier épisode, je n'étais absolument pas convaincue ; je viens de terminer le troisième épisode, et même s'il y a de la progression, je reste toujours quelque peu sceptique. J'imagine qu'il faut prendre la série avec beaucoup de recul, voire au deuxième degré, mais même en sachant cela, je ne suis pas sûre d'adhérer tout à fait.
J'ai beaucoup ri quand tu dis que Hyang Ah semblait souffrir de schizophrénie parce-que c'est exactement ce que j'ai pensé moi aussi tellement elle passait d'un extrême à un autre sans aucune transition.
Du point de vue du scénario, je ne sais pas trop vers où le drama veut nous mener (et l'histoire de la M society, je crois que j'ai failli m'étouffer de rire), est j'ai l'impression que les scénaristes eux-mêmes n'en ont pas une grande idée non plus...
Cependant tout n'est pas à jeter bien sûr : la caméra est plutôt belle, comme tu le soulignes, et Shi Kyung pourrait se révéler être un personnage intéressant. De plus, j'aime déjà beaucoup la dynamique entre Jae Ha et son frère, et je me demande si les scénaristes vont l'exploiter ou s'ils vont la maintenir superficielle.
Je pense que si le drama peut avoir du potentiel ce serait plutôt au niveau des personnages et des relations qu'ils vont avoir entre eux qu'au niveau de l'intrigue en elle-même.
Et je rejoins l'avis de Minalapinou : vouloir jouer sur tous les tableaux, en soi, pourquoi pas ; encore faut-il être sûr de pouvoir le faire correctement et jusqu'au bout.

À vérifier donc.

Écrit par : dramaismychocolate | 01/04/2012

@ dramaismychocolate : Je crois que la série se prend trop au sérieux, est trop pompeuse, pour justement se visionner avec ce recul que tu évoques et qui est sans doute nécessaire. C'est dommage. Cela reste visionnable, mais toutes ces fondations fragiles et hésitantes ne donnent pas envie s'y investir... Même si je te rejoins sur la question des dynamiques entre les personnages qui sont les éléments qui fonctionnent pour le moment plutôt bien !

Je pense que je vais le laisser de côté, et j'y reviendrais suivant les critiques que je lirais sur vos blogs. ^^

Merci pour ton commentaire ;)

Écrit par : Livia | 01/04/2012

J'ai récupéré les quatre premiers épisodes et je pense que je vais les reprendre calmement pour un deuxième essai. En fait à chaque fois je lis partout "kyaaa kyaaa K2H full of awesome so brilliant so funny blah blah blah" et ça me donne envie de reprendre mais quand je regarde le drama...quoi c'est tout ?

Et je commence aussi à me demander si je ne reprendrais pas Hanbando pour plus tard. J'ai vu des screencaps des épisodes de la dernière partie avec Kim Eun Jung investie à 200% et ça avait l'air tellement intense que ça m'a vraiment donné envie (je ne résiste pas à une bonne tragédie déchirante. Je suis faible.)

Écrit par : Minalapinou | 02/04/2012

@ Minalapinou : J'ai bien lu les reviews de Dramabeans sur K2H par exemple, mais... L'enthousiasme est palpable, mais je n'arrive pas apprécier les scènes et l'ensemble de la même manière. Après, on a tous des goûts différents, et il y a bien assez dramas pour ne pas se formaliser si on n'arrive pas à accrocher à un drama "populaire" (vu que ça m'arrive chaque année, on va dire que c'est même normal ^^'). Encore que, je n'ai pas encore lu de défense du drama dans la blogosphère francophone ^^.

Pour Hanbando, je n'ai pas encore repris au-delà du dixième épisode, mais j'approuve ^^. Vu que la série a été réduite, avec seulement 8 restants, je vais regarder ça dès que j'aurais un peu de temps (je suis en "vacances" à la fin de la semaine). En fait, j'ai surtout très peur que le drama soit escamoté en ayant perdu 6 épisodes. Cependant, dans le même temps, quitte à voir une fiction sur les relations nord-sud et à en conseiller une sur ce thème, je préfère 100 fois Hanbando à K2H ! J'espère que la fin sera à la hauteur (*sort ses kleenex*) !

Mais pour K2H, on ne m'enlèvera pas mon scepticisme. Surtout que ce week-end, j'ai trouvé avec Rooftop Prince une comédie à suivre, qui fonctionne bien mieux (même si le dramatique peine un peu) !

Écrit par : Livia | 02/04/2012

Comme toi, j'ai été un peu déçu par le drama.
C'est poussif, pas très bien écrit notamment pour l'héroïne un rien schizophrène,et la musique pompeuse et à côté de la plaque n'arrange rien à l'affaire.
C'est dommage parce que j'ai beaucoup de sympathie pour le duo, mais il va falloir que je lise de meilleures critiques par la suite pour que je m'y remette.

@minalapinou : j'avoue ne pas comprendre ton ire envers la musique de Personal Taste. Je n'ai pas du tout le souvenir d'un décalage entre les scènes et la musique, et j'ai beaucoup aimé la bande son, qui tourne encore fréquemment chez moi. Comme quoi ;)

Écrit par : Eclair | 04/04/2012

@ Eclair : Le drama réussit plutôt bien les intéractions entre ses personnages ; mais la dynamique est plombée par tous ces défauts d'écriture que tu soulignes. Ce sont des acteurs que j'aime a priori bien, donc ça m'attriste d'autant plus.
Les échos sur K2H sont quand même à suivre, ne serait-ce que parce qu'on lit quand même pas mal de positif sur ce drama, à voir si le soufflet illusoire ne retombera (ou si la suite ne relève pas le niveau - même si j'ai l'impression que c'est un problème structurel).

Écrit par : Livia | 07/04/2012

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