07/03/2012
(J-Drama / SP) Hoshi Hitotsu no Yoru : une simple histoire d'amitié
Un mercredi asiatique japonais, une nouvelle fois, sur My Télé is Rich!. Pour tout vous dire, je profite des quelques semaines actuelles surchargées professionnellement pour éviter d'entamer de nouvelles séries et plutôt regarder (enfin) différents tanpatsus que j'avais mis de côté depuis l'automne dernier. D'autant que je découvre sous ce format plus bref d'autres terrains à explorer dans le petit écran japonais, et quelques jolies oeuvres qui méritent un détour, même si elles ne sont pas sérialisées.
Hoshi Hitotsu no Yoru est un tanpatsu qui a été diffusé sur Fuji Tv, le 25 mai 2007. Il dure 1h30. Ce qui avait initialement retenu mon attention, c'était la présence de deux acteurs que j'apprécie beaucoup : Watanabe Ken et Tamaki Hiroshi. Mais la lecture de son synopsis avait également aiguisé ma curiosité : en effet, Hoshi Hitotsu no Yoru appartient à ce genre des human dramas qui, s'ils sont réussis, savent réchauffer le coeur du téléspectateur. Et je ne vais pas faire durer le suspense : j'ai passé une très bonne soirée devant ce drama !
Hoshi Hitotsu no Yoru, c'est l'histoire d'une rencontre, puis d'une amitié qui va se forger entre deux personnes qui appartiennent à deux mondes très différents et n'ont a priori rien de commun, si ce n'est leur propre isolement. Nonoyama Hiroji est un homme récemment sorti de prison après y avoir purgé une longue peine. Il travaille comme agent d'entretien et de nettoyage dans une salle de spectacle. Lors de son service, un soir, après une représentation, il trouve un manteau oublié sur un siège. Une des poches contient une liasse de billets d'un total de 500.000 yen.
Troublé devant cette petite fortune, il imagine que cela doit beaucoup compter pour le propriétaire de la veste. Une enveloppe le renseigne sur le nom de ce dernier, un certain Iwasaki Daiki, et sur son adresse. Hiroji décide de lui rapporter le soir-même l'habit, avec la somme intacte. Il découvre un jeune homme solitaire, un peu maladroit socialement, qui, vivant dans une luxueuse résidence, ne semble avoir aucune conscience de la valeur de l'argent. Daiki insiste pour le remercier financièrement, ce que Hiroji refuse. Intrigués chacun par l'autre, c'est à partir de là qu'une amitié va peu à peu naître entre ces deux hommes en porte-à-faux par rapport au reste de la société...
Le charme de Hoshi Hitotsu no Yoru tient à un mélange savamment dosé d'humanité et de simplicité. Avec une authenticité rafraîchissante, il nous raconte la naissance d'une amitié sincère et sans arrière-pensée, telle qu'elle peut s'esquisser dans la réalité : avec sa part de maladresses initiales, son lot d'hésitations, mais aussi et surtout cette progressive ouverture sur l'autre qui l'accompagne, véritable petit miracle des relations sociales. Ce drama joue admirablement dans un registre assez minimaliste, lié à l'intime des personnages, qui lui permet de toucher le téléspectateur lui-même. Centré sur les rapports entre Hiroji et Daiki, c'est une oeuvre entièrement dédiée au relationnel qui fait preuve d'une justesse d'écriture rare. Ses scènes les plus convaincantes seront ainsi celles des tête-à-tête entre les deux personnages principaux, où les silences et les flottements en disent aussi longs que les mots.
Si elle fait sien le thème de l'amitié, Hoshi Hitotsu no Yoru séduit aussi par une tonalité où pointe un optimisme diffus. En effet, c'est à une forme de double renaissance à laquelle on assiste au fil du tanpatsu. Hiroji et Daiki ont chacun besoin, à leur manière, d'un soutien pour aller de l'avant. Les rapports à l'argent de Daiki, sa quasi-dépendance à un mode de vie qui lui permet de gagner des fortunes sans voir personne, l'ont coupé du reste du monde. Hiroji est celui qui va l'inciter à se réouvrir aux autres, et notamment à son amie, en dépit de ses mauvaises expériences passées. Quant à l'ancien prisonnier, il a lui perdu une décennie de sa vie derrière les barreaux ; ces quelques mois dehors ne lui ont rien rendu de sa vie antérieure. Les initiatives de Daiki le prendront au dépourvu, mais elles vont lui permettre de commencer à bâtir de nouvelles fondations, pour se tourner vers l'avenir et imaginer un futur Et, si chacun apprend au contact de l'autre, la sincérité du traitement de ce relationnel en reste la constante et l'atout principal.
Maîtrisé sur un plan narratif, Hoshi Hitotsu no Yoru l'est aussi sur la forme. Il s'agit dans l'ensemble d'un drama soigné. Si la caméra propose une réalisation classique, elle apporte aussi quelques plans inspirés, et la mise en scène du duo principal est généralement très convaincante. La photographie, qui alterne différentes teintes plutôt pâles, correspond bien à l'atmosphère de la fiction. Quant à la bande-son, relativement minimaliste, ses instrumentaux savent bien faire ressortir les passages importants, sans rompre l'équilibre ambiant.
Enfin si Hoshi Hitotsu no Yoru mérite un coup d'oeil, c'est aussi pour son casting, ou plus précisément pour les deux acteurs qui partagent la tête d'affiche. Concernant Watanabe Ken, je crois qu'il faut que je commence à surveiller ses tanpatsus, tant le visionnage de Hei no Naka no Chuugakkou s'était déjà révélé, à l'automne dernier, très intéressant. Quant à Tamaki Hiroshi (Love Shuffle, Guilty Akuma to Keiyakushita Onna), s'il a parcouru du chemin depuis, je garderai toujours une affection particulière pour cet acteur, puisque Nodame Cantabile fut un de mes deux premiers j-dramas visionnés. Les deux acteurs délivrent une performance nuancée et solide, très crédibles pour mettre en avant les failles et doutes de leurs personnages respectifs. Leurs échanges fonctionnent vraiment bien à l'écran ; et ce fut un vrai plaisir de les accompagner. A leurs côtés, on retrouve notamment Kuninaka Ryoko, Sasano Takashi, Ishida Ayumi, Fukuda Saki ou encore Akaya Miyoko.
Bilan : Tanpatsu profondément humain, bénéficiant d'une écriture sincère et authentique qui ne saurait laisser insensible, Hoshi Hitotsu no Yoru est une belle et simple histoire d'amitié. Elle est le récit d'un rapprochement presque providentiel entre deux individus aux expériences de vie sans aucun rapport, et qui réapprennent grâce à l'autre à s'ouvrir et à accorder leur confiance. C'est touchant, avec un certain optimisme qui fait chaud au coeur : en résumé, un joli drama plein d'humanité ! A découvrir.
NOTE : 7,5/10
17:18 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : j-drama, hoshi hitotsu no yoru, watanabe ken, tamaki hiroshi | Facebook |
05/10/2011
(J-Drama / SP) Hei no Naka no Chuugakkou : une école derrière les barreaux
En ce mercredi asiatique, c'est toujours au Japon que je vous propose de rester afin d'évoquer un drama special visionné dernièrement et qui m'a beaucoup intéressé : Hei no Naka no Chuugakkou. Si c'est initialement le casting qui avait attiré mon attention (vous connaissez ma manie de surveiller avec soin les filmographies de mes acteurs favoris), le sujet de cette école publique située en prison, sortant de l'ordinaire et adoptant un cadre carcéral atypique, n'avait fait qu'un peu plus aiguiser ma curiosité.
Hei no Naka no Chuugakkou est un tanpatsu d'une durée totale de 2 heures, qui a été diffusé sur TBS le 11 octobre 2010. Il a été récompensé en juin dernier au 51e Festival de Monte-Carlo, en remportant le prix du meilleur film télévisé, tandis que Ken Watanabe, un des acteurs principaux, remportait pour son rôle le prix du meilleur acteur de film télévisé.
Dans la ville de Matsumoto (préfecture de Nagano), la prison locale accueille le seul lycée public japonais situé en milieu carcéral. Les élèves sont tous des détenus actuellement en train de purger leur peine dans une des prisons du pays et qui n'ont jamais obtenu leur diplôme de fin d'études. Un conseil sélectionne chaque année méticuleusement les requêtes émanant de toute l'île, sélectionnant minutieusement, parmi les demandeurs, cinq prisonniers qui bénéficieront pendant un an de cet aménagement de peine particulier.
Hei no Naka no Chuugakkou va nous raconter une année scolaire à Matsumoto, de leur arrivée sur les lieux jusqu'au diplôme qu'obtiendront certains des personnages. Les prisonniers mis en scène, âgés de 20 à 70 ans, ont tous des parcours très différents, malmenés par la vie, la malchance ou la fatalité. De cette cohabitation - au cours de laquelle ils ne sont normalement autorisés à ne nouer aucun liens entre eux -, naît pourtant une forme de dynamique de classe qui va se construire peu à peu bon gré, mal gré, tendant vers l'acquisition du diplôme. Cette classe reste cependant à part, et le nouvel enseignant assistant nommé pour leur faire cours a bien dû mal à cerner son rôle et ce qui est entendu de lui et de ses élèves.
Cela va être une année d'apprentissage dans tous les sens du terme, pour tout le monde.
Si Hei no Naka no Chuugakkou mérite le détour, c'est tout d'abord pour l'originalité et l'ambition inhérentes au sujet choisi. On dit souvent (à juste titre) que la télévision japonaise a tendance à décliner à l'excès toutes les variantes possibles d'histoires d'enseignants, mais ici, point de figure messianique extraordinaire : le cadre carcéral domine, justifiant ainsi l'exploration de thématiques éducatives rarement abordées sous cet angle. Le rapport à l'enseignement est très différent d'un high school drama par le simple fait que les élèves sont adultes. Ils ne sont pas tournés vers le futur : leurs expériences ne se sont pas conclues de manière heureuse et ils purgent des peines de prison longues leur offrant des perspectives d'avenir limitées. La fiction va prendre le temps de s'intéresser à chacun d'eux, dressant des portraits, tout en ombres et lumières, de personnages ayant des aspirations et des histoires qui leur sont personnelles. A mesure qu'une étrange et hésitante émulation collective se crée au sein d'une "vie de classe" artificielle, le drama gagne en humanité, bénéficiant d'une écriture très sobre, souvent juste, où perce une forme de dignité qui sait toucher le téléspectateur.
Même si Hei no Naka no Chuugakkou dépeint une réalité nuancée, conscient que la vie n'offre pas de cadeaux, c'est pourtant aussi par son optimisme que la fiction va se démarquer. Tous ne réussiront pas dans leur défi d'obtenir ce diplôme symbolique, mais au cours de cette année, chaque intervenant, les prisonniers comme l'enseignant, aura appris sur lui-même et sur la vie en général quelque chose qui n'est pas quantifiable. Car c'est sans doute dans ce registre que ce drama parvient à exploiter tout le potentiel de son récit. L'enjeu n'est pas une simple acquisition de connaissances, comme elle pourrait l'être dans tout drama scolaire, mais c'est en réalité une recherche bien plus fondamentale : il s'agit de retrouver sa propre estime de soi. C'est en vérité autant pour faire face au regard des autres que pour soi-même que chacun est là. Le parcours en parallèle du nouveau professeur en est une illustration révélatrice et le parfait écho : alors qu'il déchire douloureusement ses rêves d'adolescence et l'espoir de devenir photographe, ce dernier va peu à peu comprendre le rôle qui lui est échu et retrouver un sens à son métier.
La conclusion de Hei no Naka no Chuugakkou viendra confirmer que la scolarité n'est qu'une façade dans cette belle histoire de redécouverte de soi et de réapprentissage de la vie, humaine comme sociale, permettant à chacun de se retrouver.
Sur la forme, Hei no Naka no Chuugakkou présente une réalisation classique, quasi-minmaliste par instant. Le quasi huis clos offert par le cadre de la prison renforce l'impression un peu figée et théâtrale de la mise en scène. Ces effets apparaissent recherchés : la dynamique du récit n'en souffre pas, en revanche cela permet de se concentrer sur l'essentiel dans une histoire toute entière dédiée à ses protagonistes et au long cheminement qu'ils vont suivre au cours de cette année.
Côté casting, ce drama special réunit des acteurs japonais confirmés qui vont proposer une performance d'ensemble très solide, permettant de bien faire ressortir la dimension humaine de la fiction. Si Hei no Naka no Chuugakkou avait initialement retenu mon attention, c'est en raison de la présence d'Odagiri Joe (Jikou Keisatsu, Atami no Sousakan) qui fait partie de ces quelques acteurs nippons dont je surveille tous les projets avec attention. Il joue ici le rôle de l'observateur de ce groupe de détenus, enseignant cherchant lui aussi sa place et qui va apprendre beaucoup de cette année scolaire atypique. A ses côtés, on retrouve des acteurs très convaincants : Watanabe Ken (plus connu pour ses rôles au cinéma comme dans Le Dernier Samourai), Otaki Hideji, Suma Kei, Chihara Seiji, Sometani Shota ou encore Kadono Takuzo.
Bilan : Bénéficiant d'un sujet original qu'il va savoir traiter avec des nuances, mais aussi beaucoup d'humanité, Hei no Naka no Chuugakkou est une très intéressante histoire d'apprentissage, où le cadre pseudo-scolaire cache en vérité une inspirante reconquête d'une estime de soi perdue, ainsi qu'un effort pour renouer avec la vie en société. Sans jamais verser dans la fable moralisatrice, ce drama toujours très sobre délivre un message teinté d'un relatif optimisme qui achève de conquérir le téléspectateur. Une curiosité à découvrir.
NOTE : 7,75/10
La bande-annonce :
19:23 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : j-drama, hei no naka no chuugakkou, tbs, watanabe ken, odagiri joe, otaki hideji, suma kei | Facebook |