Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/11/2011

(J-Drama) Meitantei no Okite : une atypique parodie policière très sympathique

MeitanteinoOkite.jpg

Après deux semaines passées en Corée du Sud, c'est au Japon que My Télé is Rich! pose ses valises en ce mercredi asiatique. Non pour la review du pilote d'une des dernières nouveautés de la saison automnale, mais pour le bilan d'une série un peu plus ancienne. Si vous savez que je ne suis pas particulièrement versée dans le genre policier, quelques agréables surprises me prouvent qu'il ne faut jamais fermer la porte à la curiosité. Après BOSS, voici donc Meitantei no Okite.

Composée de 10 épisodes de 45 minutes chacun (sauf le premier qui est un peu plus long), Meitantei no Okite a été diffusée sur TV Asahi du 17 avril au 19 juin 2009. C'est sur les conseils avisés de Kerydwen que j'ai visionné cette série qui s'est révélée être une comédie savoureuse, très plaisante à suivre. Il s'agit d'une vraie parodie décalée et rafraîchissante dans la tradition des fictions policières, mêlant références japonaises et occidentales.

meitantev.jpg

Saviez-vous que dans toute fiction policière réussie, roman comme série, il existe à travers le monde un certain nombre de règles qui, combinées, sont destinées à rendre l'histoire prenante et efficace ? C'est ainsi que chaque personnage doit se comporter et agir suivant des conditions liées à son rôle.

Le personnage principal, le Grand Détective Tenkaichi Daigoro, se doit de résoudre brillamment chaque mystère, identifiant le coupable au terme d'une séance de révélations considérée comme le climax de l'épisode et l'apothéose de l'enquête. A ses côtés, il est assisté par le capitaine de police, personnage secondaire expérimenté qui va lui servir de faire-valoir dans cette tâche. Ce dernier a vocation à soulever toutes les hypothèses les plus farfelues sauf la bonne, permettant par contraste au jeune détective de briller. Enfin, est également introduit un personnage féminin indispensable : la nouvelle inspectrice qui doit apprendre les bases du métier et qui pourra tomber sous le charme du héros.

S'appliquant à faire méticuleusement mettre en oeuvre ces codes narratifs par des protagonistes qui ont conscience du cahier des charges pesant sur eux, Meitantei no Okite investit la fiction policière avec une approche très décalée. Le drama va ainsi nous relater les enquêtes de ce trio dont la mission est de solutionner des crimes, tout en se conformant à toutes ces conditions prérequises.

meitantec.jpg

Plus qu'une énième comédie policière, Meitantei no Okite est une parodie qui s'approprie, mais aussi détourne à sa manière, tous les ingrédients les plus classiques de ce genre si familier au téléspectateur. Adoptant le format d'un procedural show traditionnel, avec une enquête par épisode, chaque histoire est placée sous un thème particulier : le mystère du meurtre ayant eu lieu dans un huis clos, celui du dernier message énigmatique laissé par la victime juste avant sa mort, etc... Habilement, le drama mêle des sources d'inspiration diverses et variées, avec des références qui vont de classiques japonais (notamment certains dramas) jusqu'aux séries américaines (Les Experts, Prison Break).

Pour autant, l'enjeu ne réside pas tant dans la résolution du meurtre - en dépit de tous les efforts faits par Tenkaichi pour en faire le point d'orgue de l'épisode - que dans la façon dont l'enquête va se dérouler. Plus précisément, ce sont tous les soubressauts narratifs qui parsèment les épisodes, toutes les intéractions, au sein du trio principal comme avec certains suspects, qui vont faire l'originalité de la série. Ils posent son ambiance à part, dan laquelle un sens de l'absurde assumé et une forme de dérision forment un cocktail détonant.

meitantei.jpg

Car la raison pour laquelle Meitantei no Okite m'a véritablement conquise, c'est qu'elle dépasse la simple parodie, en prenant du recul par rapport à ce qu'elle nous raconte. En effet, sa particularité tient au fait que ses personnages ont pleinement conscience qu'ils ne sont que... des personnages. Par conséquent, ils connaissent le cahier des charges attenant au rôle qui leur est théoriquement assigné et sont censés s'y conformer volontairement. Sous le prétexte qu'il faut respecter ces exigences, c'est l'occasion pour les protagonistes eux-mêmes d'exposer les recettes employées pour construire chaque scénario, mais aussi d'en exploiter les rouages et leur prévisibilité.

Dès lors, chaque déviation de la feuille de route, chaque non respect des comportements canoniquement attendus, apparaît comme un obstacle au bon déroulement de l'épisode qu'il convient de corriger en aparté dans une salle de debriefing, summum du décalage, où se retrouve notre trio. Multipliant ainsi les ruptures de rythme aux causes improbables et impossible dans une fiction classique, la série investit une dimension comique supplémentaire. Si cela introduit logiquement une distance par rapport à l'enquête, cette approche a le mérite d'accentuer la proximité avec les différents protagonistes. Il émane en effet du trio principal une dynamique de groupe, volontairement chaotique, qui rend chacun très sympathique. Des caprices de Tenkaichi, au sens du sacrifice du capitaine dans sa mission de personnage secondaire, jusqu'à la réticence perpétuelle de Fuji Mana qui refuse d'assimiler les règles et de se cantonner au rôle qui lui est dévolu... toutes ces réactions se transforment en autant de running-gag permanents dont le téléspectateur ne se lasse pas. 

meitanteg.jpg

Sur la forme, Meitantei no Okite exploite admirablement sa tonalité décalée. Dotée d'une réalisation dynamique, la caméra n'hésite pas à accompagner, voire à précipiter, les ruptures de rythme et les brusques changements de perspective dans la narration. Parmi les effets de style permettant d'accentuer l'humour de certains passages, l'utilisation de la pièce de "mise au point", située artificiellement en dehors de l'histoire, ou encore le recours à des sous-titres directement incrustés à l'écran, sont autant d'éléments qui ne font qu'encourager un humour omniprésent, aussi bien sur le fond de l'histoire et que dans la manière de la raconter. A noter également une chanson de fin très agréable à l'écoute, interprétée par Baba Toshihide (et qui s'intitule Fighting Pose no Uta).

Enfin, Meitantei no Okite bénéficie d'un casting au parfait diapason de son atmosphère atypique. La parodie légitime le sur-jeu et beaucoup d'excès, mais l'ensemble reste dans la continuité logique : le rire à la fois arrogant et forcé de Tenkaishi ou encore la surprise perplexe de Fuji Mana deviennent en soi des éléments humoristiques à part entière. Le téléspectateur s'attache ainsi aisément à tout ces acteurs, conduits par Matsudo Shota (Liar Game, Love Shuffle). A ses côtés, on retrouve Kashii Yu (Mori no Asagao), Kimura Yuichi (Shinzanmono), Chisun et Irie Jingi.

meitantea.jpg

Bilan : Parodie attachante, comédie policière qui assume et cultive une atmosphère décalée, Meitantei no Okite est un drama très sympathique, reposant sur un trio de personnages dont la dynamique est épicée par la conscience que chacun a du rôle qui lui est dévolu. Empruntant à des références multiples, japonaises comme occidentales, la série prend un malin plaisir à se jouer des codes narratifs classiques dont elle souligne l'existence. Elle apparaît à la fois comme une forme d'hommage au genre, tout y apportant une distance humoristique particulièrement rafraîchissante. C'est en somme un divertissement policier parfait pour se détendre et passer un bon moment devant son petit écran.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :