28/07/2010
(J-Drama / Pilote) Toubou Bengoshi : le Fugitif japonais est avocat.
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Toubou Bengoshi est donc un drama estival. Plus précisément, il s'agit d'une série diffusée sur Fuji TV, depuis le 6 juillet 2010. Comme son sous-titre anglais l'indique aux anglophones, "The Fugitive Lawyer", elle se propose de nous faire suivre la descente aux enfers d'un jeune avocat de Tokyo, Narita Makoto. Son patron, un juriste renommé, fervent protecteur des droits de la défense, est assassiné à son cabinet, tard un soir où il était resté travailler. Narita, venu rendre un dossier embarqué sans le vouloir, est assommé par le meurtrier qui prend la fuite. Or, en plus d'avoir été découvert sur place inanimé, la police met au jour, au cours de son enquête, des listing prouvant que Narita détournait de l'argent. Son patron l'aura découvert ; et il aurait donc tenté de se protéger par ce meurtre maladroit. Se retrouvant accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, dans une affaire où toutes les preuves circonstancielles pointent vers lui, et où la peine encourue est la mort, Narita décide de s'enfuir pour essayer de prouver son innocence et découvrir le véritable coupable.
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Il réussit à s'échapper de l'hôpital où il se remettait, avant que la police ne procède à son arrestation. Commence alors une cavale mouvementée, où le fil conducteur va être la quête d'une vérité bien difficile à saisir, avec pour seul point de départ à son enquête, une secrétaire du cabinet qui a fait un faux témoignage à la police, brisant l'alibi du jeune homme pour l'heure du meurtre, et qui a ensuite disparu. En essayant d'élucider ce meurtre, Narita va croiser sur sa route différentes personnes, à l'existence brisée, qui ont, elles-aussi, connu leurs propres "accidents" de la vie. Parce qu'il n'a pas perdu cet idéalisme, rempli d'une certaine candeur, qui le caractérisait, Narita n'oublie pas ses chers textes de lois et délivre, au gré du hasard des rencontres, des consultations et conseils afin d'aider ces démunis rejetés hors du système.
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Présenter ainsi, vous devinez que nous sommes face à une série qui se rapproche par bien des aspects d'un formula show. A cela s'ajoute un fil rouge, formant une sorte de "mythologie" constituée par le premier meurtre et un ensemble de mystères, plus ou moins suggérés, qui viennent se greffer autour. Certes, il y a une certaine prévisibilité à suivre les avancées chaotiques, accompagnées de fuites toutes aussi mouvementées, de Narita. Pour autant, toute aussi calibrée qu'elle paraisse aux premiers abords, je dois dire que Toubou Bengoshi a aussi su me surprendre au cours de ses deux premiers épisodes.
Au-delà de ses apparences un peu manichéennes, les premières "affaires" du fugitif Narita se révèleront plus complexes et nuancées qu'attendues. L'ancien avocat ne fait pas de miracles et chaque cas a ses imprévus. Ainsi le premier se conclura d'une façon qui prend presque à contre-pied un téléspectateur qui l'avait déjà inconsciemment classé. Cela ne verse pas forcément dans une réelle originalité, mais les scénaristes démontrent des ressources pas inintéressantes. A voir s'ils sauront se renouveler et comment tout cela évolura.
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Parallèlement à ces "affaires du jour", l'enquête sur le meurtre du célèbre avocat progresse lentement (voire quasiment pas au cours des deux premiers épisodes). Lors du second, la police a depuis longtemps cessé de chercher d'autres suspects et, un an après les faits, Narita en est toujours au même point. S'il est devenu plus méfiant et prompt à se dissimuler lorsqu'il croise des forces de police, il recherche toujours l'ancienne secrétaire, s'accrochant au seul élément concret dont il dispose : ce faux témoignage qui a achevé de détruire sa crédibilité auprès des autorités.
Les scénaristes distillent bien quelques indices, dévoilant d'obscures conversations ou attitudes équivoques qui soulèvent des questions chez le téléspectateur, mais tout paraît encore bien trop flou pour oser dresser la moindre conjecture. Si bien que l'on reste, pour le moment, dans l'expectative, au même niveau que Narita, s'interrogeant sans avoir les moyens de commencer à entre-apercevoir ce qui se cache réellement derrière ce meurtre et le piège qui s'est refermé sur lui. Un peu de mystère, voilà de quoi aiguiser notre curiosité ! Si bien que le reste des intrigues se déroulant sans anicroches, au final, Toubou Benhgoshi n'est pas déplaisante à suivre.
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Enfin, au casting, on retrouve des figures familières du petit écran japonais. Si je n'avais pas gardé de souvenirs de notre précédente rencontre (qui a dû avoir lieu, d'après sa filmographie, il y a fort longtemps, dans quelques scènes de Gokusen), Kamiji Yusuke (plus récemment vu dans Gyne ou Scrap Teacher) s'en sort plutôt de façon globalement satisfaisante dans son rôle de juriste qui voit toute sa vie bouleversée. A ses côtés, Ishihara Satomi (vue dans Voice l'année dernière et que j'ai dû croiser, du temps de ma première exploration des j-dramas, dans Kimi wa Petto) incarne la fille aînée de l'avocat assassiné. Enfin, Kitamura Kazuki (Bambino!) joue le policier originellement en charge de l'enquête qui aura trouvé en Narita, le coupable aussi parfait qu'idéal.
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Bilan : Toubou Bengoshi se suit sans difficulté, ni déplaisir, mais sans non plus marquer le téléspectateur. Elle est proprement calibrée, parfois un peu trop prévisible. Cependant, sans faire dans l'originalité, elle s'offre aussi quelques développements intéressants, notamment dans son quotidien qui la rapprocherait plus d'une déclinaison de formula show, qui se révèlent plus subtiles et nuancés qu'il n'y paraîtrait a priori. Si bien qu'il n'est pas difficile pour un téléspectateur appréciant le concept de départ de se laisser prendre au jeu du mystère ambiant. Investissant un registre particulier au sein de la thématique policière, celui d'un Fugitif, Tobo Bengoshi remplit donc honnêtement son rôle. On regrettera peut-être qu'elle ne fasse pas preuve de plus d'ambition, mais peut-être le drama saura-t-il s'affirmer progressivement.
NOTE : 5,75/10
Quelques images de la série (à la fin du monologue de Kamiji Yusuke) :
06:31 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : j-drama, toubou bengoshi, tobo bengoshi, the fugitive lawyer, fuji tv, kamiji yusuke, ishihara satomi, kitamura kazuki | Facebook |
16/06/2010
(J-Drama) Gaiji Keisatsu : jeux de dupes, jeux d'espions, au sein de l'antiterrorisme japonais
![Gaiji_Keisatsu-banner.jpg](http://i663.photobucket.com/albums/uu354/myteleisrich/JDrama/Gaiji_Keisatsu-banner.jpg)
Aujourd'hui, pas de test de pilote, mais le bilan d'une série entière. Mon coup de coeur asiatique de la semaine est une découverte inattendue en provenance du Japon, une immersion dans les services de lutte antiterroriste de la police de ce pays : Gaiji Keisatsu. En bien des points, je serais tentée de dire qu'il s'agit d'un drama juste parfait pour mettre l'été à profit afin d'élargir son horizon téléphagique et découvrir (enfin) une série asiatique. Pourquoi ? Pour vous situer son genre, essayons-nous à l'exercice des parallèles : sobre et magistralement menée, Gaiji Keisatsu traite de menaces sur la sécurité intérieure avec la paranoïa et la maîtrise d'un Spooks (MI-5) des grands jours. De plus, autre atout pour achever de convaincre les derniers récalcitrants : c'est une série courte. Son format lui permet de ne pas s'étaler inutilement et de maintenir constante la tension qui y règne, car elle ne compte en effet que six épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun.
Adaptation d'un roman éponyme d'Aso Iku, diffusée par NHK du 24 novembre au 19 décembre 2009, Gaiji Keisatsu (6 x 50') s'est donc révélée être l'excellente surprise de ce mois de juin dans mes programmations sériephiles. En résumé, c'est un peu ce qu'un drama comme IRIS aurait pu être, si ses scénaristes avaient mieux maîtrisé leur sujet.
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Gaiji Keisatsu nous plonge au coeur d'une branche à part des forces de police japonaise, celle qui s'occupe des Affaires étrangères, surveillant notamment les allées-venues sur le territoire national. En charge de la sécurité publique du pays, elle est celle qui lutte contre toutes les menaces internationales, tel que l'espionnage ou le terrorisme. Elle agit généralement de concert avec le bureau de la CIA basé à l'ambassade américaine, qui a historiquement été longtemps le donneur d'ordres de ce service. L'agence de renseignements américaine leur fournit d'ailleurs toujours des renseignements. Elle informe ainsi le directeur, Ariga Shotaro, d'une menace terroriste potentielle qui pèserait sur eux. Un mystérieux mercenaire très dangereux, connu sous le pseudonyme de "Fish", aurait infiltré le pays. L'enjeu est d'autant plus important que le Japon doit accueillir une cible de choix : une importante conférence internationale liée à l'antiterrorisme va prochainement s'y tenir.
Mais l'air n'est pas au tout sécuritaire, notamment au sein du gouvernement qui voit d'un mauvais oeil tous les crédits engloutis chaque année dans la division des Affaires étrangères. Le Japon n'a pas de tradition dans les services de renseignements. Mais, de toute façon, existe-t-il encore des menaces extérieures concrètes pour lui ? L'ambitieuse ministre aspire surtout à réduire le budget, quitte à privatiser une partie des forces de sécurité. Elle ne croit pas une seule seconde que le Japon puisse être une cible terroriste potentielle. Ne disposant pas d'éléments suffisants, le directeur Agira Shotaro n'insiste pas, mais il décide de poursuivre les investigations en cours afin d'identifier ce mystérieux "Fish" et savoir ce qu'il prépare. Pour cela, il a confié cette mission à l'unité dirigée par Sumimoto Kenji, un vétéran qui s'est longtemps occupé de démasquer les espions russes, avec des méthodes pas toujours très orthodoxes, mais généralement efficaces.
Parallèlement, Matsuzawa Hina est une jeune officier de police. Après un premier contact mouvementé avec l'unité de Sumimoto, alors qu'elle souhaitait interroger un étranger dans une affaire de viol, elle est transférée dans cette unité. Elle va rapidement découvrir que cette division agit à un niveau très différent des autres départements de police. Quand l'intérêt public est en jeu, l'intérêt des particuliers est facilement sacrifié ; d'autant plus que son supérieur hiérarchique, maître manipulateur, ne semble reculer devant rien pour mener à bien leur mission.
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Sur la forme, Gaiji Keisatsu est au diapason de la tonalité de son contenu. La réalisation est volontairement nerveuse. Elle change souvent de styles, allant jusqu'à utiliser des plans pris caméra à l'épaule qui contribuent à dynamiser l'ensemble. Cependant, on reste à l'écran dans une sobriété toute japonaise. L'image est assez sombre (parfois même, peut-être un peu trop), allant du pastel au noir et évitant toute couleur chatoyante. La musique est utilisée avec beaucoup de retenue, uniquement lors de certains passages la justifiant. Il n'y a aucune chanson. Seulement des morceaux musicaux qui viennent souligner les moments de tension.
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Bilan : Gaiji Keisatsu est un petit bijou d'espionnage. Un thriller au scénario admirablement bien maîtrisé. La série nous plonge dans un univers de faux-semblants, sans aucun manichéisme, où les vrais enjeux demeurent longtemps cachés danss l'ombre. Tout est ambivalent dans cet univers trop sombre et impitoyable, où chacun manipule l'autre, suivant son propre agenda. La réussite de ce drama est aussi de ne pas se contenter seulement du suspense qu'il génère, mais d'investir une dimension humaine qui ajoute à la richesse, mais aussi aux ambivalences, de l'histoire. Gaiji Keisatsu est une série dense qui joue ainsi sur plusieurs tableaux.
En somme, voici un drama à découvrir de toute urgence !
NOTE : 8,75/10
Un extrait vidéo des cinq premières minutes du premier épisode :
07:04 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : j-drama, gaiji keisatsu, nhk, watabe atsuro, ishida yuriko, ono machiko, endo kenichi, yo kimiko, ishibashi ryo, espionnage | Facebook |
12/05/2010
(J-Drama / Pilote) Mother : un drame humain fascinant et bouleversant
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Bilan : Le pilote de Mother pose les bases d'un superbe drama humain, d'une sobriété poignante. Bénéficiant d'un cadre assez intimiste, la série se révèle d'une grande justesse pour aborder le difficile sujet de la maltraitance. Tout en esquissant une réflexion sur la cellule familiale, sa nature et les sentiments qui peuvent la traverser, ce drama réunit deux personnages très différents, une adulte et une enfant, dans une relation étonnante d'authenticité et de naturel.
Fascinante dans la mise en scène de son récit, Mother est aussi un drama très dur, chargé émotionnellement, mais qui contient également des scènes difficilement supportables. On ne ressort pas indemne du visionnage de ce pilote. Cependant, la découverte de ce drama est sans doute à classer dans les indispensables.
NOTE : 8,5/10
Une vidéo reprenant quelques images du pilote, avec en fond sonore la chanson principale de la série (Nakigao Smile, interprétée par Hinaco) :
17:48 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : j-drama, mother, ntv, matsuyuki yasuko, ashida mana | Facebook |
05/05/2010
(J-Drama / Pilote) Sunao ni Narenakute : du virtuel à la rencontre IRL, portrait d'une socialisation moderne
![Suanoninarenakute.jpg](http://i663.photobucket.com/albums/uu354/myteleisrich/JDrama/Suanoninarenakute.jpg)
Un "mercredi asiatique" original aujourd'hui : ce n'est pas en Corée du Sud mais au Japon que je vous emmène pour explorer cette saison 2010 et ses nouveautés. Car ma téléphagie a connu un nouveau tournant, parmi les cycles qui l'animent. Cela devait faire plus d'un an que je n'avais plus regardé de j-dramas. Et bien, je vous annonce qu'après de longs mois d'hibernation, il semblerait que mon intérêt pour le Japon se soit soudain réveillé au cours de la semaine passée. En somme, il est fort probable que ce pays ne soit plus une destination si exceptionnelle que ça, dans le cadre du mercredi asiatique (même si la Corée du Sud demeure privilégiée).
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Il faut dire que je passais trop de temps à lire des reviews de séries japonaises, en quête de la petite étincelle, pour échapper éternellement au prosélytisme d'un internaute qui me convaincrait de sauter le pas et de rompre cette distance prise avec le petit écran du pays du Soleil Levant. Le tournant s'est donc produit la semaine passée : sur le blog Ladytelephagy (une mine d'or, notamment en découvertes de pilotes de tous les horizons, que je soupçonne constituée grâce à l'utilisation d'une machine à voyager dans le temps pour réussir à regarder tout cela en le reviewant), la critique proposée sur un des nouveaux dramas de ce printemps a aiguisé ma curiosité : elle concernait Sunao ni Narenakute. Série présentée a priori un peu comme la rencontre improbable de classiques comme Last Friends et Densha Otoko, je suis ressortie très satisfaite de cette découverte.
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Sunao ni Narenakute est un drama diffusé depuis le 14 avril 2010 sur Fuji TV. Projet assez ambitieux à la base, disposant d'un casting accrocheur, la série a la particularité d'avoir choisi comme concept de départ, un outil très actuel : twitter. Cette inspiration n'est pas le propre du Japon, puisque des scénaristes aux quatre coins de la planète (aux Etats-Unis, par exemple) commencent à s'intéresser au potentiel narratif se cachant derrière ces micro-messages du quotidien et leurs frustrants 140 caractères. Cependant, plus qu'un drama sur cet outil de communication particulier, Sunao ni Narenakute s'empare d'une thématique relativement générale : celle de la place du virtuel dans la construction du lien social au sein de nos sociétés modernes, initiant par ce biais une réflexion sur ses rapports avec la vie réelle. La représentation de twitter dans ce drama le rapproche d'ailleurs un peu d'une forme d'ersatz de chat privé, tant les différents followers paraissent former une communauté fermée (même si la suite du drama nous montre que ce n'est, malheureusement peut-être pour certains, pas le cas).
Sunao ni Narenakute nous introduit donc dans les vies compliquées de plusieurs jeunes adultes, habitués à échanger leurs dernières réactions sur leur vie via internet. Un quotidien personnel qu'ils présentent évidemment sous un jour biaisé, cédant facilement à la tentation de l'embellir ou de ne sélectionner que certaines informations à partager avec leurs followers. Cependant, le maintien facile de cette fiction, générée par la distance, va voler en éclat le jour où l'un d'entre eux propose une rencontre IRL ("in real life"). La série va alors explorer cette composante spécifique des relations humaines entretenues sur internet, la présentant avec une sobriété et une justesse qui sonnent profondément authentiques. Ne perdant pas de temps en introduction inutile, le pilote présente immédiatement les enjeux. S'y déroule ainsi la première réunion, dans la vraie vie, entre Nakaji (Keisuke), Haru (Tsukiko), Doctor (Seonsu), Linda (Kaoru) et Peach (Hikaru), une amie de Haru se laissant entraîner par l'enthousiasme de cette dernière.
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Le premier attrait de ce drama réside dans la mise en valeur de sa dimension humaine. Signe de la maturité de son écriture, la série aborde des thèmes adultes, n'hésitant pas à traiter de sujets difficiles. Si l'amour demeure invariablement une dynamique centrale, il se place loin d'une présentation fleur bleue idéalisée. Et, surtout, viennent s'y greffer des maux modernes, entravant bien plus sûrement que le jeu des sentiments, le quotidien de chacun des personnages. Certes les premiers épisodes n'évitent pas toujours le recours aux accents du mélodrame. Pour autant, la série ne verse jamais dans un pathos excessif dans lequel l'ambiance se ferait trop pesante. Agrémentée de scènes plus légères, où le collectif soudé permet d'alléger l'ensemble en se tournant résolument vers l'avenir, Sunao ni Narenakute se révèle souvent touchante, voire émouvante. Elle propose une exploitation pleine et entière de toute la large palette d'émotions humaines. Le mélange de ces différents ingrédients fonctionne : il se dégage de l'ensemble une véritable vitalité communicative.
Les scénaristes parviennent instinctivement à un équilibre fragile, mais convaincant, pour le moment, entre les diverses tonalités, réussissant à alterner le drame et les moments d'éclaircie marqués par ce besoin irrépressible d'aller de l'avant. Dans cette perspective, une des forces de Sunao ni Narenakute, qui assoit sa portée, reste d'avoir choisi une approche frontale et explicite pour nous relater les problèmes rencontrés par ses héros. Car, au sein de cette galerie de personnages très différents, rapprochés par une solitude que les rapports virtuels ne peuvent pleinement compenser, leur point commun semble être la façon dont la vie a pu, ou continue de, les abîmer. Nous sommes en effet face à des individus plus ou moins brisés, plongés dans des situations difficiles, voire intenables, pour lesquels cette rencontre IRL va peut-être pouvoir être une bouée de sauvetage. Apprendre ou re-apprendre l'amitié, l'amour... Sunao ni Narenakute, c'est aussi une réponse à l'isolement de l'homme moderne dont le salut passe par la force du collectif.
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Sur un plan formel, la série se révèle des plus solides. La réalisation reste classique, mais offre quelques bons plans. A l'occasion, le découpage de l'écran et les balayages de changement de scènes s'insèrent sans souci dans la narration globale. La bande-son est plutôt sympathique et plaisante, collant bien à l'ambiance générale ; il faut cependant noter la forte présence de chansons anglophones.
Enfin, si tous ces arguments déjà énoncés ne vous ont pas encore convaincu de laisser sa chance à Sunao ni Narenakute, son casting devrait lui attirer les faveurs de quelques téléspectateurs supplémentaires, au vu des têtes connues qui s'y pressent. On retrouve en effet à l'affiche un couple phare composé de Eita et Ueno Juri (ce qui ne fait, certes, que renforcer la tentation du téléspectateur de faire des parallèles avec Last Friends). Pour assurer une touche d'international, le chanteur coréen Hero JaeJoong (membre de DBSQ) est venu pratiquer son japonais. Tamayama Tetsuji et Seki Megumi complètent ce casting assez homogène et plutôt solide.
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Bilan : Série aux premiers abords assez sombres, Sunao ni Narenakute dresse le portrait désenchanté du quotidien d'une génération plongée dans une société où le lien social s'est dilué. S'intéressant à un nouvel outil de socialisation (twitter), elle esquisse une réflexion sur ces réseaux sociaux capables de faire naître des relations qui, à terme, peuvent devenir tout aussi tangibles et solides. Fable sur l'amitié, tout autant que questionnement sur les rapports et la place du virtuel et du réel, ce drama se rélève très riche en émotions les plus diverses, alternant scènes poignantes et instants d'éclaircie salvateurs. Ses premiers épisodes remplissent efficacement leur office, permettant de s'attacher aux différents protagonistes et donnant envie au téléspectateur de s'investir.
NOTE : 7,5/10
Une brève présentation de la série :
07:11 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : j-drama, sunao ni narenakute, fuji tv, eita, ueno juri, seki megumi, tamayama tetsuji, hero jaejoong | Facebook |
21/03/2010
(J-Drama) Chakushin Ari : vous ne regarderez plus votre téléphone de la même façon
Il y a quelques semaines, je vous avez raconté comment j'avais réussi à me traumatiser en regardant Coma. Avant cette première vraie série d'horreur - je ne crois pas que mes nerfs supporteront une nouvelle avant quelques mois, voire années -, la seule incursion timide que j'avais réalisée dans ce genre, était un drama japonais, beaucoup plus soft, adaptation télévisée d'une suite de films à succès éponymes, s'inscrivant dans la longue tradition de l'horreur asiatique : il s'agissait de Chakushin Ari (One Missed Called). Diffusé sur TV Asahi en fin d'année 2005, il comprend en tout 10 épisodes.
![chakushinari1.jpg](http://i663.photobucket.com/albums/uu354/myteleisrich/JDrama/chakushinari1.jpg)
Le premier préalable à mettre au clair au regard de cette série, c'est qu'en en dépit de sa source d'inspiration première, Chakushin Ari n'est pas un drama destiné à vous faire dormir la lampe de chevet allumée pour le reste de la semaine suivant le visionnage. Il attire par sa thématique en apparence fantastique, l'aspect policier des enquêtes qu'il met en scène, ou encore le suspense, diffus, qu'il sait très bien distillé... Mais, concrètement, pour ce qui est de sa capacité à nous faire cauchemarder, ce drama n'en a manifestement pas ni les moyens, ni même le but. En effet, il faut plutôt le voir comme une occasion offerte aux téléspectateurs un brin frileux - dont je fais partie - de flirter avec les codes scénaristiques typiques de l'horreur, sans pour autant devoir ensuite s'imposer une thérapie afin de surmonter la frayeur ressentie devant son petit écran. Certes, Chakushin Ari reprend un grand classique asiatique : une malédiction qui se propagerait à travers une technologie. Si les cassettes de The Ring sont sans doute les plus connues en Occident, ici, la transmission létale s'opère via les téléphones portables. Une sonnerie a priori innocente, que vous trouverez rapidement lugubre et entêtante, retentit. Le destinataire de l'appel qui décroche s'entend alors mourir à l'autre bout du fil, d'une façon généralement assez violente. Il s'agit d'un aperçu du futur, les morts ainsi annoncées semblant ensuite se reproduire de façon invariable.
Au milieu de la propagation de cette malédiction fatale (le drama jouant admirablement bien sur l'interrogation de savoir s'il y a ou non une explication fantastique - ou très rationnelle - derrière cette mise en scène), la série va parvenir à fidéliser le téléspectateur grâce à la tension diffuse et intrigante qu'elle va parvenir à générer, bien aidée par la dimension humaine apportée par ses personnages. Si les seconds rôles, assez caricaturaux, offrent surtout prétexte à plus de légèreté, avec un côté assez déjanté très marqué manga, le duo central d'enquêteurs, étrange paire très dissemblable, fonctionne bien à l'écran. Yumi (Kikukawa Rei), journaliste scientifique affectée à un magazine d'un genre très particulier, traquant les légendes urbaines, se révèle d'une force de caractère particulièrement solide confrontée à l'adversité, sachant prendre ses responsabilités pour parvenir à ses fins. Tandis que Sendo (Ishiguro Ken), le policier en charge officiellement de l'enquête, a paradoxalement souvent bien plus de mal à maintenir les apparences lorsqu'il se retrouve confronté à la réalité du terrain. Si cette paire reproduit la dynamique des plus classiques de l'association forcée, dont les ratés et non-dits initiaux forgent une complémentarité ultérieure, les deux personnages s'affirment peu à peu et vont constituer à la fois le point fixe du téléspectateur, afin de naviguer à travers ces morts brutales, mais aussi une partie du mystère qui s'épaissit au fil des épisodes. Le téléspectateur n'a ainsi aucun mal à les accompagner dans les détours d'un scénario qui prend plaisir à distiller le doute, nous amenant à nous interroger avec eux sur les multiples fausses pistes et rebondissements sur lesquelles les scénaristes les envoient au cours de leur enquête, pour découvrir l'origine et la cause de ces mystérieux appels.
![chakushinari3.jpg](http://i663.photobucket.com/albums/uu354/myteleisrich/JDrama/chakushinari3.jpg)
Chakushin Ari joue donc bien avec un contexte marqué par les codes de la fiction d'horreur. En toile de fond, les morts violentes s'enchaînent, quelque fois sanguinolentes à souhait, mais dans l'ensemble, les évidentes restrictions budgétaires n'auront pas permis à la série de vraiment exploiter cet aspect, l'obligeant à rester relativement soft dans cette marche macabre exécutée au pas de course. Cependant, plus généralement, en dépit de ce décor funèbre, si Chakushin Ari crée une tension chez le téléspectateur qui pique sa curiosité et retiendra son attention tout le long du drama, il ne va pas pour autant jusqu'à véritablement faire peur. On reste bien souvent dans un suggestif de façade, inquiétant seulement. Au final, le drama paraît plus chercher à divertir en exploitant cette thématique populaire, qu'à réellement tenter de s'imposer comme une histoire d'horreur. C'est d'autant plus vrai qu'il paraît jouer sur les tonalités, enchaînant des scènes à suspense, d'autres toutes droit issues d'enquête policière classique, mais proposant aussi des parenthèses décalées plus humoristiques. Au fond, il permet surtout une incursion dans le suspense fantastique, sans véritablement franchir la ligne qui lui ferait embrasser réellement le genre avec lequel il flirte. A mon sens, cette approche reste un point fort - même si les amateurs de frisson en seront sans doute pour leurs frais - car elle constitue son originalité première, tranchant avec l'univers classique des j-drama.
En fait, le principal écueil rencontré par cette série réside dans les moyens qui lui ont été alloués pour porter cette histoire à l'écran. Si elle n'est pas si vieille que cela, sa réalisation, et surtout la teinte de ses images, renvoie une impression de drama très cheap, renforçant son aspect "série B". Sans doute dotée d'un budget assez restreint, la mise en scène demeure donc assez limitée, avec des effets spéciaux assez rares, qui ne cherchent pas vraiment à être convaincants, mais plutôt à créer une ambiance un peu à part, assez décalée. Ces limites formelles peuvent sans doute quelque peu rebuter dans un premier temps. Cependant, elles accentuent le côté quelque peu intimiste de la série, dédramatisant son sujet d'horreur et permettant donc d'apprécier l'histoire avec plus de distance ; et, pour les plus endurcis des téléspectateurs, cela fait probablement naître un certain second degré qui confinerait presque à de l'humour. Ce côté étriqué ne m'a pas dérangé, au contraire. Si j'ai toujours pris soin d'éteindre consciencieusement mon téléphone avant d'oser lancer un épisode, et si la sonnerie glaçante a résonné quelques temps dans ma tête, j'ai apprécié la forme comme un parti pris afin d'alléger un peu l'ambiance. Volontairement ou non (je soupçonne fortement que cela n'a pas été fait à dessein), elle laisse ainsi au téléspectateur le choix de rentrer dans l'intrigue et de se laisser entraîner dans cet enchaînement macabre. Ce qui fait que ceux qui rechercheraient un vrai drama d'horreur pourront peut-être déçu en découvrant Chakushin Ari.
![chakushinari2.jpg](http://i663.photobucket.com/albums/uu354/myteleisrich/JDrama/chakushinari2.jpg)
Bilan : Chakushin Ari est un divertissement fantastique, qui s'approprie les codes de l'horreur, sans pour autant embrasser totalement ce genre. Tranchant dans les sujets classiques des séries japonaises, elle propose une histoire prenante, assez tendue, dans laquelle le téléspectateur n'a aucun souci pour s'immerger, en dépit de limites formelles un peu dommageable. Bref, pour qui cherche à élargir son horizon téléphagique au-delà des univers classiquement portés à l'écran par la télévision japonaise, Chakushin Ari est une expérience intéressante (et non traumatisante !).
NOTE : 6/10
(Suite à une rédaction technique et temporelle assez compliquée aujourd'hui - vous avez été à deux doigts de ne pas avoir de dimanche asiatique -, je n'ai pas pu faire de screen-captures afin d'illustrer cet article. La photo centrale est issue de l'article consacré à ce drama sur le blog de Nakayomi (qui ne m'en voudra pas j'espère), que je vous invite à aller lire : ici.)
18:06 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : j-drama, chakushin ari, kikukawa rei, ishiguro ken | Facebook |