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18/07/2012

(J-Drama / SP) Shukumei : une confrontation entre griefs passés et meurtre présent

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Toujours au Japon en ce mercredi asiatique pour évoquer un autre tanpatsu après celui de la semaine dernière (je crois d'ailleurs que je vais conserver cette habitude prise depuis l'automne dernier d'intercaler des tanpatsus entre deux cycles sud-coréens/japonais "dramas longs" ; cela me permet de poursuivre des explorations téléphagiques sans surcharger mes programmes). Il faut dire que la saison estivale s'annonce assez clairsemée au Japon : peu de synopsis ont retenu mon attention (pour une présentation, rendez-vous ici et ). J'ai noté Dragon Seinendan (sans doute en souvenir de la surprise qu'avait été Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro l'été dernier) et surtout Magma, le dernier WOWOW dont les sous-titres commencent à sortir. En attendant, nous allons rester sur cette chaîne avec le tanpatsu du jour : Shukumei.

Courant mai, j'ai eu l'occasion d'écrire un article sur l'évolution de WOWOW depuis une décennie, expliquant son arrivée dans les fictions par les tanpatsu (en 2003) puis son passage aux renzoku à partir de 2008. Faire ces recherches m'a conduit à remonter un peu le temps. La plupart de ces premiers tanpatsu ne disposent d'aucun sous-titres et me sont donc inaccessibles, à l'exception de quelques-uns, dont Shukumei (je soupçonne que son casting n'est pas étranger à cela - on y retrouve Kashiwabara Takashi et Fujiki Naohito). Adaptant un roman éponyme de Higashino Keigo, il a été diffusé le 26 décembre 2004. Portant à l'écran un certain nombre de thèmes ambitieux (policier, médical, rivalité personnelle) et d'une durée de presque 2 heures, cet unitaire ne parvient cependant pas à exploiter tout le potentiel entrevu sur le papier.

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Wagura Yusaku et Uryu Akihiko se sont connus sur les bancs de l'école primaire. Depuis cette époque jusqu'au lycée, la concurrence a été constante entre les deux. Mais le premier n'a jamais réussi à prendre le meilleur sur ce nouveau venu, rivé à la première place de la classe. Dans ce contexte de rivalité d'adolescence, on comprend que les deux garçons n'aient jamais sympathisé. Ils se sont logiquement ensuite perdus de vue. Uryu Akihiko, dont le père est un chef d'entreprise à succès, a refusé la voie de l'héritier qui lui était toute tracée et est devenu chirurgien. Tandis que Wagura Yusaku a, lui, dû interrompre ses études et abandonner son rêve de devenir médecin pour des raisons personnelles... rompant du même coup avec celle qu'il aimait.

Dix ans plus tard, le destin amène les deux jeunes hommes à se recroiser dans des circonstances autrement plus dramatiques. Wagura Yusaku est devenu policier. Il enquête sur un meurtre dont Uryu Akihiko est un des suspects. Il découvre alors que son ancienne amie est désormais mariée à son rival. Tandis que son instinct le laisse se persuader de la culpabilité de son rival, l'affaire réveille d'autres mystères passés non résolus. La confrontation est inévitable, sans que Wagura Yusaku puisse anticiper ce qu'il découvrira.

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Dans sa façon d'aborder plusieurs thématiques comme autant de facettes d'une même pièce, Shukumei apparaissait a priori ambitieux. Son intérêt résidait justement dans la lecture à plusieurs niveaux que permettait son histoire. Tout d'abord, elle ne se réduisait pas à une simple enquête policière classique sur un meurtre. Elle ajoute en effet volontairement une dimension autrement plus personnelle à la confrontation orchestrée, sur laquelle, aux ressentiments d'adolescence, se greffe une jalousie compréhensible quand une sorte de triangle amoureux se reforme de manière inattendue. Logiquement, on aurait donc pu croire que le tanpatsu allait s'orienter vers un intense face-à-face, sur fond d'inimitié ancienne. Or, à l'exception de deux-trois scènes réussies dans ce registre, il n'en est rien. Les deux personnages principaux se croisent d'ailleurs finalement assez peu. Si bien que la confrontation entre Wagura et Uryu, placée pourtant sous le signe du destin ainsi martelé dès le titre, n'atteint jamais l'ampleur promise.

Ce problème récurrent d'un manque de tension pèse sur l'ensemble du drama. Shukumei ne parvient jamais à dépasser l'exposé sommaire d'idées, ne réussissant pas à se les approprier pour y injecter un vrai suspense, ni à impliquer un téléspectateur qui reste un observateur extérieur quelque peu imperméable à ces enjeux dépeints de manière trop minimalistes. Plus qu'un problème d'écriture, cette absence d'épaisseur tient sans doute pour beaucoup à une richesse de l'histoire de départ inadaptée au format de moins de 2h. En essayant d'en conserver les grandes lignes, le tanpatsu est contraint de survoler certains développements et d'emprunter des raccourcis rendant la narration brouillonne. Shukumei ne trouve ainsi pas son ton. Ce constat est particulièrement flagrant dans le tournant pris par le dernier tiers du drama. Le rebondissement médical, dévoilant certains abus, est supposé apporter une relecture des évènements de la dernière décennie et des rapports entre les protagonistes. Mais il tombe pareillement à plat faute d'introduction bien menée, et pour cause d'abus de coïncidences qui décrédibilisent le récit. En somme, c'est une transposition qui se laisse suivre, mais est trop maladroite : en perdant l'homogénéité de la source d'origine, elle rappelle aussi les difficultés d'un tel exercice. 

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Sur la forme, Shukumei propose un résultat très correct. La réalisation reste très basique, avec une préférence pour les plans serrés. Quant à l'utilisation de filtres de couleur pour les flashback, cela reste un classique du petit écran japonais. Le choix du bleuté pour le passé, où se mélange souvenirs et extrapolation, est plutôt judicieux, cela permet de s'interroger sur la réalité de ces scènes. Sinon, la bande-son a quelques fulgurances intéressantes, mais reste dans l'ensemble assez en retrait.

Face à ce résultat mitigé, Shukumei aura au moins eu l'avantage de pouvoir s'appuyer sur un casting globalement solide qui aura fait ce qu'il pouvait, avec une confrontation entre Kashiwabara Takashi et Fujiki Naohito qui, si elle n'est pas toujours bien conduite et peine à susciter la tension attendue, proposera quand même quelques scènes intéressantes, où chaque acteur aura l'occasion de pleinement s'exprimer. (D'ailleurs, dans un registre plus frivole, si j'avais déjà croisé le premier dans certains dramas, je dois dire qu'il n'avait jamais autant retenu mon attention paru aussi charmant que dans ce tanpatsu - une exploration de filmographie s'impose.) A leurs côtés, on retrouve également Honjo Manami, Shinagawa Toru, Mizukawa Asami, Iijima Naoko ou encore Tezuka Satomi.

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Bilan : S'il aborde des thèmes au potentiel très intéressant, Shukumei ne réussit pas à transposer l'histoire complexe envisagée dans la durée réduite impartie par son format. Cela donne un résultat qui ne convainc que par intermittence (il y a quand même quelques passages qui ressortent agréablement du lot) et semble inabouti, peinant à trouver sa tonalité. En dépit de ces difficultés, les deux heures se visionnent cependant sans ennui, en parti grâce à un casting solide - et surtout un duo principal - qui reste comme le principal intérêt du drama. Un tantaptsu que peuvent donc tenter les amateurs appréciant ces acteurs, mais que je ne conseillerais pas particulièrement aux autres.


NOTE : 6/10


Un MV (la chanson-titre du tanpatsu, avec des images du drama) :

11/07/2012

(J-Drama / SP) Kyogu : des destinées croisées sur fond de kidnapping

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Depuis le succès rencontré par le film Kokuhaku (Confessions) en 2010, qui transposait sur grand écran un de ses romans, on peut dire que l'écrivaine Minato Kanae connaît une période faste : ses livres sont considérés comme un matériau de choix pour servir de base à des adaptations télévisées et cinématographiques. Ma première rencontre avec son univers a eu lieu, souvenez-vous, avec le marquant Shokuzai, drama diffusé en début d'année sur WOWOW. Un autre projet, à destination du cinéma cette fois, est également programmé pour la fin de l'année, Kita no Canaria-tachi (A Chorus of Angel). Mais aujourd'hui, c'est sur un tanpatsu datant de fin 2011 que nous allons nous arrêter.

Kyogu a été diffusé sur TV Asahi le 3 décembre 2011, un samedi soir en prime-time. Cet unitaire d'une durée totale de 1 heure 45 a fait de bons scores d'audience. C'est Yajima Masao qui s'est chargé de l'adaptation du roman à la télévision. C'est lorsque j'avais fait des recherches suite au visionnage de Shokuzai que je l'avais noté sur ma liste à découvrir, puis la critique faite par Katzina m'avait confortée dans mon idée. Au final, c'est un intéressant récit, très humain, de deux destinées croisées.

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Kyogu met en scène deux amies d'enfance, ayant grandi ensemble dans un orphelinat, sans connaître leurs origines. Entrées dans l'âge adulte, elles ont suivi des chemins différents. Takakura Yoko mène jusqu'alors une vie heureuse : elle a épousé un homme de bonne famille, politicien élu au Parlement, avec lequel elle a un fils de 5 ans, Yuta. En plus de cette vie personnelle épanouie, elle vient de remporter une récompense pour son premier livre illustré à destination des plus jeunes. L'histoire y est semi-autobiographique au sens où il parle de leur enfance et de ce que représentait l'image d'un ruban bleu pour elle et son amie, Aida Harumi - dont c'est en quelque sorte l'histoire. Harumi, très entreprenante, exerce elle le métier de journaliste.

Mais alors que tout semble aller pour le mieux dans sa vie, Yoko va voir plusieurs évènements venir la troubler. Dans un premier temps, il lui faut faire face à des accusations faites contre son mari, interrogé par la police sur de possibles financements illégaux. Puis, c'est son fils qui disparaît de son club de natation, alors que son époux est à l'étranger. L'hypothèse du kidnapping se confirme lorsqu'un mystérieux fax est reçu à la permanence lui intimant de révéler au public "la vérité" pour espérer revoir Yuta. Pressée de ne pas prévenir la police et de tout faire pour sauver son enfant, Yoko appelle alors à l'aide Harumi...

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Il est difficile de rédiger une review sur Kyogu sans en dire trop, alors qu'il s'agit d'un récit qui mérite d'être découvert avec un regard neuf sans connaître préalablement ses aboutissants. En premier lieu, il faut cependant préciser que, contrairement à ce que le synopsis aurait pu laisser croire, ce tanpatsu n'est pas un thriller au sens propre du terme. Il ne mise par vraiment sur le suspense. Le kidnapping de Yuta est certes un évènement déclencheur, mais très vite, ce n'est pas tant le sort de l'enfant, ni même l'identité du kidnappeur qui retiennent l'attention du téléspectateur : ce qui interpellent, le vrai mystère, ce sont les motivations derrière l'acte commis. Qu'est-ce qui a pu pousser quelqu'un à recourir à une telle extrémité ? Qui est vraiment visé, Yoko ou son mari ? Et qui peut vouloir ainsi forcer à exposer publiquement cette "vérité" réclamée dans le premier fax ? 

Après une première partie où Kyogu met surtout en scène les premières réactions et esquisse une enquête, semi-artisanale, loin de la police, le récit prend sa réelle dimension lorsque Yoko en appelle à Harumi et que les deux jeunes femmes unissent leurs forces. A un suspense qui ne prenait pas, succède une tension psychologique autrement plus intéressante. L'histoire prend un tournant plus personnel et introspectif. Tout en exhumant des drames oubliés faits de déchirements qui ont toujours des conséquences actuelles sur les vies, le tanpatsu met aussi en lumière, de façon troublante, la complexité tellement humaine des liens d'amitié forgés dans des circonstances difficiles. A ce titre, la manière dont est exploitée l'image du ruban bleu accentue la dimension poignante d'un récit à la fois simple et touchant : cet objet, qui est aussi le fil rouge du livre de Yoko, reste un symbole maternel pour des orphelines chez qui il représente aussi bien le lien vers leurs origines qu'un espoir pour le futur. La jolie - mais un peu facile - conclusion prouve d'ailleurs combien cet aspect prime sur le reste du récit. 

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Sur la forme, Kyogu bénéficie d'une réalisation assez soignée et très épurée, qui propose quelques beaux plans. La caméra semble faire preuve d'empathie et a une façon très pudique de capter la détresse de certains personnages. Je retiendrai aussi plus particulièrement la belle photographie d'ensemble, notamment lorsque le réalisateur entreprend de jouer à l'écran sur les déclinaisons de bleu, couleur au coeur du récit. Quant à la bande-son, elle accompagne tout en retenue la narration, restant avec justesse assez minimaliste.

Enfin, pour asseoir son histoire, Kyogu a le mérite de pouvoir s'appuyer sur un solide casting dans l'ensemble convaincant. Parce que c'est avant tout un drama au coeur duquel se trouve un duo de femmes marquant, il faut tout d'abord saluer les interprétations de Matsuyuki Yasuko (Mother) et de Ryo (Code Blue, Bitter Sugar), qui incarnent Yoko et Harumi. Les scènes qu'elles partagent sont les plus réussies du tanpatsu, et elles offrent toutes les deux des performances intenses. A leurs côtés, on retrouve notamment Sawamura Ikki, Azuma Mikihisa, Tabata Tomoko, Ashina Sei, Nagura Jun, Kishibe Ittoku, Shirakawa Yumi, Nishimura Masahiko, Nogiwo Yoko et enfin Nishimoto Haruki.

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Bilan : A partir d'une histoire de kidnapping qui aurait pu le rapprocher du thriller, Kyogu se révèle être un tanpatsu poignant qui privilégie habilement l'émotionnel au suspense. Avec simplicité et tact, il nous glisse dans une histoire d'amitiés, de destinées entrecroisées, s'intéressant aux empreintes laissées par le passé. En résumé, c'est une histoire avant tout humaine qui, après s'être un peu cherchée dans un premier temps, trouve son équilibre et une justesse de ton intéressante dans sa seconde partie.


NOTE : 7/10

04/07/2012

(K-Drama) Hero : en quête de héros dans un futur corrompu et ruiné

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Profitons de ce mercredi asiatique pour s'intéresser au câble sud-coréen. Il faut dire que les transformations qui s'opèrent dans le paysage audiovisuel du pays du Matin Calme sont intéressantes à suivre, avec des chaînes bien décidées à se faire une place dans l'industrie des dramas. Ce dynamisme a donné ces dernières années quelques essais notables, se démarquant des fictions du "Big Three" (SBS, MBC, KBS), comme par exemple Joseon X-Files. Et le mouvement s'est encore accéléré depuis un an. D'une part, il y a eu l'arrivée il y a quelques mois de nouvelles chaînes qui ont investi la production de séries avec des succès très divers, se brûlant parfois les ailes à trop vouloir sauter les étapes. Parmi elles, il faut cependant saluer l'effort de jTBC qui semble avoir su tirer son épingle du jeu. D'autre part, existent toujours les chaînes du câble plus anciennes qui sont, elles aussi, en train de définir leur image, comme tvN et ses rom-coms et autres séries légères...

C'est dans cette optique que OCN se positionne dans le registre de l'action et des fictions plutôt sombres. Cela peut se décliner dans de l'historique (Yaksha), du policier (Special Affairs Team TEN), du fantastique (Vampire Prosecutor)... Mais aussi de l'anticipation presque SF, lorgnant du côté de l'univers des comics, avec le récent Hero. Ce drama, dont je vais vous parler aujourd'hui, a été diffusé au cours du printemps, du 18 mars au 13 mai 2012, le dimanche soir. Il compte un total de 9 épisodes. Sur le papier, l'ambition est appréciable, avec des thèmes certes familiers, mais assez rarement exploités à la télévision sud-coréenne. L'initiative est intéressante, même si malheureusement le drama ne concrétise pas son potentiel de départ et peine devant d'importantes limites narratives. En résumé, OCN essaie, sans forcément toujours convaincre. Mais avec l'expérience et après les erreurs viendra peut-être à terme une meilleure maîtrise... Le câble peut en effet apporter une diversité qu'il faut encourager.

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Hero se déroule dans un futur proche, en 2020. La série nous plonge dans une grande métropole d'une Corée ruinée économiquement, où la corruption règne et où les inégalités n'ont jamais été aussi importantes. Le personnage central du récit, Kim Heuk Chul, est le fils cadet du maire de cette grande ville. Jeune homme issu d'un milieu donc privilégié, inconséquent et irresponsable, éloigné du pays pour éviter les scandales, il est contraint de rentrer en Corée, car ses dernières frasques lui valent une expulsion manu militari de Chine.

Il revient dans un contexte tendu par les élections locales prochaines, où sa famille joue son influence et son pouvoir : il s'agit de faire en sorte que le maire obtienne de la population un nouveau mandat. Une fusillade dans une église offre alors le fait divers parfait pour désigner des boucs émissaires et diviser pour mieux régner. Mais Heuk Chul, loin de rester inactif, se lie avec les officiers chargés de l'enquête. Il est grièvement blessé lors d'une descente de police. Prêt à tout pour le sauver, son père obtient que lui soit injecté un traitement expérimental qui lui confère - au moins pour un temps, car les effets à terme sont inconnus - un pouvoir de guérison presque illimité.

Déjà secoué d'avoir frôlé la mort, Heuk Chul découvre avec surprise ses nouvelles capacités. Dans le même temps, il est confronté directement à la violence et aux injustices de la société de son temps. Il prend alors la décision d'intervenir directement dans certains de ces problèmes. Sans forcément mesurer à quel point sa famille est impliquée dans ce système gangréné.

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En s'appropriant des thème assez classiques qui évoquent les comics, Hero dispose d'un certain nombre d'atouts intéressants. Il s'agit d'une série d'anticipation, résolument pessimiste, avec un soupçon de science-fiction qui permet de mettre en scène quelques gadgets technologiques. De plus, il faut reconnaître à la fiction la volonté de particulièrement soigner son ambiance : elle s'attache à souligner les tensions sociales - et cet inaccessible rêve chinois voisin pour trouver du travail -, mais aussi la violence et le fatalisme d'une population confrontée à une corruption généralisée qui sape la société jusqu'aux fondations d'une comédie de démocratie où les fraudes sont monnaie courante. Le drama fait d'ailleurs sien le thème récurrent de l'impunité des riches et de l'exploitation aliénante des plus défavorisés qui se contentent de tenter de survivre, subissant les soifs de pouvoir des privilégiés. Dans cette perspective, l'épisode le plus intéressant restera le pilote - d'une durée correspondant à un double épisode. Il pose en effet efficacement les bases très noires de cet univers, en s'ouvrant notamment sur une fusillade qui cumule volontairement les points choquants (assassinat d'un prêtre, dans une église, à Noël, avec des enfants...). Dans le même ordre d'idée, les développements ultérieurs cultiveront une amertume qui donne bien le ton d'ensemble recherché.

Mais en dépit de ce départ correct, Hero ne va pas réussir à concrétiser ses ambitions. Certes, la série conserve par la suite une narration globalement rythmée, mettant en exergue l'opposition entre les puissants et le reste d'une population sans espoir. On peut cependant regretter qu'elle garde toujours une versatilité de ton qui amoindrit les efforts faits pour asseoir sa tonalité : aux passages très sombres, succèdent invariablement des pointes d'humour évitables. Toutefois, le principal problème du drama est d'ordre narratif. Le défaut devient flagrant à mesure que le récit progresse : les inconsistances et les incohérences du scénario apparaissent de plus en plus pesantes, et les facilités narratives sont trop fréquentes pour crédibiliser l'histoire. Plus ennuyeux encore, la psychologie des personnages semble se re-écrire au gré des situations auxquelles ils font face, voire selon les épisodes. L'échec majeur restera les développements des derniers épisodes : qu'il s'agisse de la conclusion du semi-fil rouge avec la puissante société pharmaceutique, ou des choix ultimes et des révélations sur les personnages, rien ne convainc vraiment. La série finit par tomber dans les trous qui plombent son scénario.

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Hero est plus cohérent sur un plan formel. La réalisation s'efforce de contribuer à l'atmosphère noire de la série : cela donne donc des images à dominante sombre, où les scènes d'action sont plutôt efficacement menées. La photographie correspond dans l'ensemble assez bien à l'ambiance de ce futur proche, où la détresse de certains est palpables, et où les confrontations de classes sont exacerbées. Sans être toujours maîtrisé, le résultat sait donner envie au téléspectateur de se glisser dans cet univers. Je serais beaucoup plus réservée concernant la bande-son qui, si le style de musique reflète l'axe "action musclée", apporte peu, et n'est pas toujours exploitée à bon escient.

Enfin, Hero bénéficie d'un casting qui alterne le correct et le plus mitigé. Les problèmes d'écriture étant problématiques pour la force des personnages, il est parfois difficile pour les acteurs de se fixer sur un registre d'interprétation. C'est à Yang Dong Geun (I'm Sam) qu'est confié le rôle principal : du jeune homme irresponsable au redresseur de torts masqué, il s'en sort assez bien tant que son personnage conserve sa logique (les derniers épisodes étant plus problématiques sur ce point). Han Chae Ah (actuellement dans Bridal Mask) manque toujours un peu d'expressivité, mais elle donne convenablement la réplique à son vis-à-vis héritier/justicier. On croise également quelques têtes familières des rôles secondaires, comme Son Byung Ho (Yaksha), Choi Chul Ho (Partner), Park Won Sang (Yaksha, Warrior Baek Dong Soo), Kwon Min, Geum Dan Bi (Warrior Baek Dong Soo), Oh Soo Min (Queen of Reversals), Kim Sung Hoon ou encore Otani Ryohei (The Road Home).

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Bilan : Série d'anticipation à l'univers futuriste sombre, Hero est une série qui disposait d'une base d'idées intéressantes sur le papier, qu'elle n'aura pas su ou pu porter convenablement à l'écran, le scénario cédant à trop de raccourcis et de maladresses pour convaincre. Cependant, l'effort reste louable. Et avec son rythme de divertissement musclé, elle peut constituer une curiosité à tester pour les amateurs des redresseurs de torts masqués, avec un univers qui m'a rappelé celui des comics. Mais il faut dans ce cas accepter de ne pas trop se formaliser devant les limites manifestes de l'histoire, particulièrement criantes au cours des derniers épisodes. 


NOTE : 4,75/10


Une bande-annonce de la série :

Une chanson de l'OST :


[A noter : Suite à des problèmes techniques sur mon ordinateur, les screen-captures n'ont exceptionnellement pas été faites par moi, mais sont issues de Dramabeans.]

27/06/2012

(K-Drama / Pilote) Bridal Mask (Gaksital) : un justicier masqué durant l'occupation japonaise de la Corée


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Poursuivons l'exploration des séries en cours de diffusion du petit écran sud-coréen. Après Ghost, le deuxième drama à avoir retenu mon attention cette saison sur les grandes chaînes du pays du Matin Calme est une adaptation d'un manhwa de Huh Young Man, Bridal Mask (ou Gaksital). Sa particularité est de se dérouler dans les années 30 durant l'occupation japonaise, bénéficiant ainsi d'un contexte intéressant à exploiter. Une période sur laquelle j'ai assez peu vu de dramas, hormis le swinguant Capital Scandal (voire, mais dans un contexte de guerre du Pacifique autrement plus lourd, les débuts de Eyes of Dawn).

Débuté le 30 mai 2012 sur KBS2, Bridal Mask devrait compter 24 épisodes. Il s'est solidement installé auprès du public, avec des scores d'audience tournant actuellement autour des 15% de parts de marché, remportant pour le moment la bataille des cases horaires des mercredi et jeudi soir à 22h. Entremêlant différents genres, de la vengeance au conspirationnisme, en passant par des questions de destinée et d'amour impossible, ce drama se réapproprie des thématiques riches de façon parfois un peu brouillonne. Toutefois, en dépit de ces inégalités, il reste très divertissant. Il s'agit de mon deuxième choix pour ce début d'été.

[Cette critique a été rédigée après avoir visionné les six premiers épisodes, mais ne contient aucun spoiler.]

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Bridal Mask se déroule à Séoul dans les années 30. Durant cette période d'occupation japonaise, un justicier masqué, appelé Gaksital, sévit depuis quelques temps et intervient régulièrement lorsque des abus sont commis contre les habitants. Il inquiète tout particulièrement certains hauts dignitaires japonais, car il semble connaître l'existence d'un mystérieux groupe qui, en coulisse, tire bien des ficelles du pouvoir. Jusqu'à présent, la police japonaise est restée impuissante face à lui et a été incapable de le capturer.

C'est pourquoi le commandant confie la tâche à un officier de policier coréen, un ambitieux qui gravit à pas pressés les échelons de sa hiérarchie, Lee Kang To. Si ce dernier a choisi la voie de la collaboration, considéré comme un paria par les siens, c'est que sa famille a déjà payé un lourd tribut à celle de la contestation. En effet, son frère aîné, Kang San, ne s'est jamais remis d'un interrogatoire trop musclé. Désormais limité mentalement, c'est devenu un homme simplet et enfantin. Mais Kang San a un secret... et l'engrenage des évènements et des tragédies vont bientôt obliger Kang To à choisir un camp.

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Le premier atout de Bridal Mask réside dans son concept, celui d'un justicier, redresseur de torts dans un contexte particulier et difficile d'occupation. Dès le départ, il est clair que l'ambition du drama n'est pas d'être une rigoureuse reconstitution historique - loin s'en faut, nous sommes ici plus proche d'une forme de carte postale folklorique d'époque. Mais ce cadre offre et permet d'exploiter des ressorts dramatiques, mais aussi d'action, particuliers et intéressants. En fil rouge prometteur, s'impose l'agenda secret de la mystérieuse organisation, qui nourrira les confrontations à venir. De plus, se rappelant ses origines manhwa, il ne recule pas devant certains excès dans la mise en scène des combats, qui apportent un dynamisme appréciable à l'ensemble. De manière générale, transparaît un sens du tragique et de l'émotionnel certain qui retient l'attention.

La réussite des débuts de Bridal Mask tient aussi au fait que le drama repose sur un personnage principal à l'ambivalence exacerbée. Loin d'être une figure unidimensionnelle, il se révèle d'emblée intriguant. Rarement un k-drama aura aussi bien introduit, puis gérer, un héros aussi ambigü qui n'en devient pas pour autant antipathique, même s'il va à l'occasion nous révolter. Initialement, Kang To est en effet un policier, farouchement attaché à ses fonctions, qui ne recule devant aucun abus pour parvenir à ses fins - et, en l'occurence, capturer Gaksital. Pour autant, le drama prend le temps de dépeindre ses blessures, ses failles et d'expliquer ce qui l'a conduit sur cette voie discutable. C'est certainement dans la mise en scène des relations complexes qu'il entretient avec ce frère méconnaissable que le drama est ici le plus abouti et intéressant. Certains des excès de rage de Kang To dépeignent avec une intensité poignante, l'affection mais aussi la colère, que peut éprouver le jeune homme envers Kang San qui a tout sacrifié pour des idées en laissant derrière lui sa famille.

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Aux côtés de Kang To, personnage central se démarquant donc avec réussite, le trio de protagonistes principaux qui l'entoure s'inscrit lui dans des dynamiques très traditionnelles. Cependant chacun remplit efficacement le rôle qui lui est dévolu. Durant ces premiers épisodes, c'est surtout l'amitié unissant notre héros à Shunji, fils cadet d'un dignitaire japonais, qui retient l'attention. Les circonstances rendent a priori bien difficiles toute amitié entre un coréen et un japonais, mais surtout le téléspectateur devine, témoin privilégié des forces en mouvement et de l'irrémédiable opposition de leurs familles respectives, que se dessine déjà en filigrane une confrontation future. L'ensemble est construit de manière cohérente et, en dépit de quelques grosses ficelles, il est difficile de ne pas se laisser happer par la dimension fatale et tragique des storylines qui se rejoignent.

Malheureusement, sur ce dernier plan, l'écriture de Bridal Mask est parfois très inégale, peut-être parce qu'elle se disperse à l'occasion un peu dans tous les sens. La série perd par exemple de sa nuance dès qu'il s'agit de mettre en scène des personnages plus secondaires. Basculant alors dans des caricatures poussives - particulièrement du côté japonais -, cela amoindrit d'autant la force des enjeux mis en scène. Par ailleurs, du côté des triangles amoureux qui s'esquissent, elle joue et rejoue avec une insistance trop appuyée et parfois assez maladroite la carte des sempiternels amours d'enfance. Le manque de subtilité est particulièrement préjudiciable parce qu'il fait perdre à la série une partie de la magie émotionnelle qu'elle pourrait pourtant développer, nous laissant indifférent devant certains atermoiements bien trop mis en exergue pour convaincre.

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Prenant en dépit de ses limites sur le fond, Bridal Mask est sur la forme un drama plutôt enthousiasmant. La réalisation est dynamique, les combats - semi-volants - mêlent bien les attraits des confrontations classiques à l'épée et la modernité plus létale des armes à feu. La photographie bénéficie de couleurs dans l'ensemble assez chatoyantes, nous replongeant bien dans l'ambiance des années 30 (le drama ne résiste d'ailleurs pas à quelques brèves incursions dans les clubs de l'époque). Et pour parachever le tout, l'OST est très plaisante, avec des thèmes musicaux entraînant et des chansons, certes calibrées, mais efficaces et employées à bon escient suivant la tonalité des passages qu'elles accompagnent.

Enfin, Bridal Mask bénéficie d'un casting sympathique. Le léger sur-jeu apparaît un peu inhérent à la manière dont le drama aime à souligner et mettre en scène ses histores. Joo Won (Baker King Kim Tak Goo, Ojakgyo Brothers) investit avec conviction (et quelques excès volontaires) son rôle de héros complexe. Ni Jin Se Yeon (My Daughter the Flower), ni Park Gi Woong (The Musical) n'ont son intensité, mais les deux acteurs s'en tirent à peu près correctement dans leur rôle respectif. Quant à Han Chae Ah (Hero), elle n'a pas encore été trop sollicitée, mais elle campe parfaitement la froideur apparente de son personnage. A noter que c'est Shin Hyun Joon (Cain and Abel) qui incarne le grand frère de Kang To.

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Bilan : Se réappropriant des ressorts narratifs très classiques, qu'il s'agisse de relations sentimentales compliquées ou de vengeances inéluctablement marquées par le poids familial, Bridal Mask est un mélange des genres assez riche qui compense son manque de subtilité et certaines maladresses par un dynamisme global appréciable. Son contexte historique apporte une valeur ajoutée indéniable, avec une dimension historique qui, notamment dans les combats, rend aussi perceptible l'origine manhwa. Si on peut regretter que l'écriture de Bridal Mask manque parfois de discipline et de rigueur, cédant facilement à certains poncifs, c'est pour le moment une aventure prenante bien portée par un personnage principal qui ne laisse pas indifférent. A elle de savoir mieux se concentrer sur l'essentiel et de poursuivre sur le même rythme.


NOTE : 6,5/10


Une bande-annonce de la série (avec sous-titres anglais) :

Une chanson de l'OST :

20/06/2012

(K-Drama / Pilote) Ghost : un prenant thriller dans la cybercriminalité

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Mine de rien, cela faisait sept semaines que My Télé is Rich! n'avait plus mis le cap sur la Corée du Sud. Il était grand temps de repartir au pays du Matin Calme, où les nouveautés ont pris d'assaut les grandes chaînes au cours des dernières semaines. J'ai abordé cette saison avec sérieux : j'ai testé presque tous les dramas pour lesquels j'ai trouvé des sous-titres, de Big à Bridal Mask. Et, surprise (mais c'est le genre d'inattendu que le sériephile chérit), la série qui s'est détachée ne figurait pas sur ma liste à surveiller. C'est elle qui mérite d'ouvrir aujourd'hui notre incursion dans les programmes sud-coréens actuels.

Ghost est diffusé sur SBS depuis le 30 mai 2012, les mercredi et jeudi soir. La série devrait a priori compter 20 épisodes et se terminer début août. Si Bridal Mask semble se maintenir en tête des audiences sur ces cases horaires, Ghost ne démérite pas, avec des parts de marché à deux chiffres qui s'améliorent peu à peu. Sur le papier, j'avoue que je n'y croyais pas particulièrement, même si le scénario avait été confié à Kim Eun Hee à qui l'on doit Harvest Villa et Sign. Mais à l'écran, ce drama se révèle être un thriller rondement conduit et surtout très prenant. Une fiction donc efficace - et qui tient pour l'instant toutes ses promesses après 6 épisodes (le septième est diffusé ce soir en Corée du Sud - et oui, je suis exceptionnellement même à jour de la diffusion sud-coréenne, c'est vous dire si j'ai été happée !).

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Ghost met en scène une unité de la police spécialisée dans la cyber-criminalité, dirigée dans le premier épisode par Kim Woo Hyun, un officier plutôt froid mais d'une efficacité redoutable dès lors qu'un crime ou un délit est commis par informatique. Dans leur quotidien d'affaires, un hacker en particulier leur pose actuellement problème : le mystérieux Hadès, à cause duquel ils perdent d'importantes preuves au cours d'une enquête. Concentrant leurs efforts pour identifier cet opposant de valeur, ils vont se trouver confrontés à un drame qui émeut l'opinion publique par sa mise en scène : l'apparent suicide d'une actrice impliquée dans un scandale sexuel. Très vite, plusieurs indices troublants, puis une vidéo enregistrée par sa webcam durant la nuit fatale, révèlent qu'il s'agit en fait d'un meurtre.

A partir de là, les rebondissements s'enchaînent. Et parce qu'il vaut mieux laisser au téléspectateur le soin de savourer ces multiples twists, disons seulement que, si Hadès fait figure de coupable logique et idéal, la réalité est bien plus complexe et l'enquête dépasse le seul sort de l'actrice. La recherche d'un mystérieux fichier ghost trouble bien des lignes. Se cachent en arrière-plan d'autres machinations et secrets. Tandis que certains ont cédé à des compromissions fatales, d'autres vont tenter de démêler la vérité des faux-semblants, se précipitant alors dans un jeu létal au sein duquel ils ne connaissent pas leurs opposants. Or ces derniers ne reculeront devant rien pour assurer leur tranquilité.

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Série à suspense, Ghost se démarque par la manière très efficace dont elle se réapproprie les codes classiques du thriller et de ses variantes. Tout y est calibré, mais admirablement bien huilé. L'intrigue progresse vite, les rebondissements sont nombreux, proposant un rythme de narration qui ne laisse aucune place à l'ennui. Tout en s'inscrivant dans les grandes traditions des k-dramas (échange d'identité, confrontations personnelles, vengeance), les twists savent surprendre et interpeller un téléspectateur happé par l'ensemble. D'autant plus que le feuilletonnant domine, dévoilant une intrigue à tiroirs multiples qui gagne en complexité et en ramifications au fil des épisodes. Des enquêtes indépendantes viennent parfois se greffer, mais elles finissent toujours par avoir un impact sur la trame principale, directement ou bien indirectement (servant de révélateur pour les personnages). On est donc loin d'un simple procedural, et le format de série télévisée est pleinement exploité.

Si Ghost était présenté comme une incursion dans la cybercriminalité, la réussite du drama doit surtout beaucoup à sa faculté à générer du suspense sans avoir besoin d'être crédible sur le plan informatique. Elle propose principalement de la poudre aux yeux dans la mise en scène de hacking. Les adresses ip ont tendance à se révéler quasi-spontanément et les disques dur à se vider en un éclair. Et ce n'est pas l'introduction qu'elle fait d'un virus bien connu (mais d'origine étatique) comme Stuxnet qui lui permet de gagner en légitimité. Mais pourtant, si certains raccourcis prêtent à sourire (ou à lever les yeux au ciel), le scénariste maîtrise si bien ses partitions théoriques pour engendrer du supense, que tout fonctionne de manière convaincante. La capacité à créer une tension bien réelle l'emporte sur l'artificialité du cadre informatique.

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Outre le caractère extrêmement prenant de sa narration, Ghost retient aussi l'attention par la relative noirceur de son ambiance. D'une part, on y croise nombre de destins tragiques. D'autre part, l'éclairage sur l'institution policière n'est guère flatteur, arbitrage glissant entre des loyautés personnelles nourrissant des réseaux d'influence et une certaine éthique. A l'image des développements du fil rouge principal, la distribution des rôles apparaît riche en faux-semblants. Elle est très intéressante par les rebondissements et révélations qu'elle occasionne, mais aussi par l'ambiguïté qui lui est inhérente.

La frontière de la loi s'avère en effet toute relative, ne permettant pas de distinguer ceux qui cherchent la vérité de ceux qui veulent la masquer - ou de ceux qui font seulement leur travail, voire servent leurs intérêts personnels. Cela soulève beaucoup d'interrogations pour classer les protagonistes, et la curiosité du téléspectateur grandit parallèlement à son implication. Si Ghost n'a pas cédé à la facilité d'un flashback introductif dès le départ pour présenter chacun, elle sait prendre le temps d'explorer un peu plus ses personnages, mettant un instant en pause le tourbillon de ses intrigues. Ce faisant, elle pose les bases d'un équilibre prometteur sur le long terme, même si sa dimension humaine reste encore embryonnaire.

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Sur la forme, Ghost dispose d'une réalisation efficace, avec une photographie relativement sombre qui sied parfaitement à l'ambiance de thriller. La mise en image des enjeux informatiques (et des actions sur le réseau) parvient à capturer la tension qui domine ces scènes. L'OST recherche encore son juste ton, entre des passages grandiloquents qui en font trop et des parenthèses très anecdotiques. Mais dans l'ensemble, on y trouve quelques thèmes retenant l'attention, et la deuxième chanson proposée m'a plutôt plu (cf. deuxième vidéo ci-dessous).

Enfin, Ghost bénéficie d'un casting qui, sans être son point fort, donne globalement le change. La froideur mono-expressive de So Ji Sub correspond assez au registre sombre du rôle qui lui est confié. Je sais qu'il est critiqué (non sans fondement), mais c'est un acteur pour lequel je conserve de l'affection. Mine de rien, le voilà qui exauce un voeu que j'avais formulé en 2010 sans y croire vraiment : enfin choisir un projet intéressant pour interrompre une trop longue série de choix discutables (Cain & Abel, Road Number One). A ses côtés, Lee Yeon Hee n'est pas non plus des plus convaincantes en policière ; mais elle a un personnage pas inintéressant auquel le physique avantageux est souvent reproché. Cela légitimise en quelque sorte le fait de ne pas parvenir à se donner l'apparence d'une policière de choc crédible. Le reste du casting principal est autrement plus solide, avec Daniel Choi et Kwak Do Won qui trouvent tous deux vite leurs marques. Uhm Ki Joon n'a pas eu encore suffisamment de scènes pour s'imposer, mais ses premières confrontations promettent. Enfin, Song Ha Yoon investit le registre classique, en léger sur-jeu, de la reporter jeune et inexpérimentée.

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Bilan : Thriller policier feuilletonnant, modernisé artificiellement par une touche de cybercriminalité, Ghost se réapproprie efficacement les codes narratifs les plus classiques du suspense dans le petit écran sud-coréen. Toujours très rythmé, il multiplie les twists pour se construire une histoire intrigante et prenante, de laquelle il est difficile de décrocher une fois le téléspectateur rentré dans l'histoire. A la fois bien calibrée et bien huilée, sans révolutionner son genre, cette série fait preuve d'une efficacité redoutable. Si elle poursuit sur ces bases, on tient là une solide série à suspense.


NOTE : 7,25/10


Une bande-annonce :

Une chanson de l'OST :