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29/08/2012

(K-Drama / Pilote) Arang and the Magistrate : la fantôme et le juge, un folklore fantastique à potentiel


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En ce retour du mercredi asiatique après une (brève) pause forcée, restons en Corée du Sud. Tandis que Reply 1997 demeure mon coup de coeur de l'été, mais ce mois d'août a vu arriver d'autres nouveautés dont certaines ont retenu mon attention. Parmi elles, ma préférée est Arang and the Magistrate. Elle est diffusée sur MBC depuis le 15 août 2012, à raison de deux épisodes par semaine chaque mercredi et jeudi soir.

Son histoire s'inspire d'une légende du folklore sud-coréen. Mélange d'historique et de fantastique, le tout entremêlant drame et comédie, la série n'a pas suscité chez moi un coup de foudre immédiat. Mais c'est progressivement, par le soin apporté à son univers mythologique et le développement de ses intrigues, que je peux dire, après 4 épisodes, qu'elle a bel et bien piqué ma curiosité et a su me fidéliser devant mon petit écran.

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Arang and the Magistrate se déroule dans une petite ville, durant l'époque de Joseon. Eun-Oh, fils d'un noble et d'une esclave, a pris la route en quête de sa mère ; c'est ainsi qu'il se retrouve à Miryang. Il dispose d'une faculté rare qu'il garde secrète : celle d'être capable de voir et de toucher les fantômes. Sur le chemin, puis dans la ville, il croise une jeune femme décédée depuis trois ans qui recherche désespérément ce qui lui est arrivé : elle ne sait plus qui elle est, se présentant sous le nom d'Arang. Pour essayer d'attirer l'attention des autorités sur son cas - et éventuellement l'élucider -, elle a pris l'habitude d'apparaître aux nouveaux magistrats nommés dans la ville, provoquant invariablement des frayeurs qui sont fatales aux respectables dignitaires. 

Découvrant que Eun-Oh peut la voir et n'a aucune peur d'elle, Arang intrigue pour qu'il soit nommé magistrat à son corps défendant - le poste n'étant guère recherché au vu des récents précédents mortels. Après avoir opposé un accueil glacial à la jeune fantôme, Eun-Oh s'aperçoit qu'elle porte dans ses cheveux un binyeo identique à celui qu'il avait donné à sa mère. Arang la connaît-elle ? L'a-t-elle croisée quelque part ? Seulement, pour espérer en apprendre plus, il faut l'aider à retrouver la mémoire : découvrir qui elle est et quelles ont été les circonstances de sa mort. Eun-Oh choisit donc de rester magistrat pour le moment... Mais les actions d'Arang, et son obstination à défier les faucheurs, ont attiré l'attention des divinités, et notamment de l'Empereur de Jade qui va lui proposer un surprenant marché.

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Rentrer dans l'univers de Arang and the Magistrate nécessite de lui accorder un peu de temps pour installer ses enjeux. Multi-genres par nature, le drama propose un mélange de comédie et de drame, dont les oscillations constantes peuvent de prime abord dérouter. Parfait symbole de cette difficulté, la scène où Arang raconte, sur un ton plutôt léger, comment elle a involontairement provoqué la mort des magistrats précédents, illustre le paradoxe de ces variations de tonalités, comme si les scénaristes hésitaient sur l'orientation à donner à leur série. Certains dramas s'égarent justement à cause d'une incapacité à trouver la bonne approche pour exploiter un sujet pourtant intéressant. Heureusement, cela ne semble pas être le cas de Arang and the Magistrate qui acquiert progressivement une vraie consistance au fil de ses épisodes.

Après un pilote qui, sans véritablement expliquer la situation, prend le temps de nous familiariser avec les différents protagonistes, les suivants recentrent le récit sur ses grands enjeux. L'intrigue progresse vite ; le mystère de la mort d'Arang et le tournant inattendu que prend sa quête retiennent l'attention du téléspectateur. Parallèlement, tout en donnant suffisamment d'informations pour intéresser, la série conserve aussi ses secrets, distille quelques indices nourrissant les spéculations et aiguise donc la curiosité. Les questions se bousculent. Qu'est-il vraiment arrivé à la jeune femme ? Quel est son lien avec Eun Oh, personnage qui conserve lui-aussi sa part de mystère ? A mesure que l'intrigue s'épaissit, Arang and the Magistrate se détache d'un burlesque limité pour investir une vraie dimension émotionnelle, plus propre à la tragédie, qui sait nous toucher. Les ingrédients sont rassemblés, et le potentiel est là : ne reste qu'à maintenir un souffle narratif conséquent pour emporter le téléspectateur dans le tourbillon des destinées de nos héros.

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Avec ces bases de départ, Arang and the Magistrate aurait pu être une histoire, peut-être efficace, mais relativement quelconque dans les canons sud-coréens. Cependant sa véritable valeur ajoutée, qui fait une bonne partie de l'attrait de ces débuts, tient à l'univers mythologique qu'elle prend la peine de construire pierre après pierre. Rapidement en effet, s'esquisse toute une riche mythologie fantastique. Le drama introduit ses fantômes, chassés par ses sombres faucheurs, et ses shamans qui font le lien avec le monde des vivants. Tous ces intervenants multiples apparaissent comme autant de pions pour des divinités jouant le destin des hommes au cours de leurs parties de jeu de go. Le monde de l'au-delà, et plus particulièrement l'univers de l'Empereur de Jade, adopte une symbolique, résolument féérique, où, si tout n'est pas toujours parfaitement bien exécuté, les idées ne manquent pas.

Réveillant l'imaginaire, la mythologie introduit ses créatures, mais aussi ses codes à respecter. Plus les scénaristes apportent de détails aux conditions de chacun, des fantômes essayant de se nourrir aux faucheurs non immortels, l'intérêt du téléspectateur pour cet univers grandit... Je dois dire que c'est à cet aspect que je suis le plus sensible : il y a dans Arang and the Magistrate une volonté d'exploiter et de façonner un vrai fantastique qui ne sert pas de simple prétexte à l'intrigue, mais qui est au contraire pleinement intégré au "monde réel", y compris dans la reconstitution historique à laquelle donne lieu le drama. L'intrigue se nourrit de ce fantastique : tout semble orchestré par l'Empereur de Jade dont l'ambivalence intrigue. En prenant peu à peu ses marques, l'histoire légitime dans le même temps tout ce background fantastique. De cette homogénéité se dégage une véritable ambiance et une identité propre à la série.

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Sur la forme, Arang and the Magistrate est un fusion sageuk soigné. Le drama profite de son registre historique pour offrir quelques belles reconstitutions en costumes aux couleurs chatoyantes. Comme souvent, la réalisation s'affine et gagne en maîtrise au fil des épisodes. L'esthétique correspond vraiment à ce que l'on peut attendre de nos jours de ce genre de série. Par ailleurs, j'ai aussi apprécié la bande-son, avec des thèmes instrumentaux qui mêlent résonnances traditionnels et un côté plus rythmé accompagnant efficacement le récit. Cela contribue à lui donner une atmosphère partculière.

Enfin, le drama réunit un casting solide. Il signe le retour de Lee Jun Ki (ou Lee Joon Gi, mais déjà que je ne m'en sors pas avec les noms des acteurs, si en plus il faut changer la romanisation de leur nom une fois que je l'ai retenue au milieu de leur carrière, je déclare forfait...) après son service militaire. Quand je pense que le dernier drama dans lequel je l'ai vu devait être Time between Dog and Wolf, il a bien changé ! Mais ça m'a fait plaisir de le retrouver, d'autant que c'est un acteur qui sait jouer sur les registres aussi bien comiques que dramatiques. Il n'a pas encore été trop sollicité, mais le duo qu'il forme avec Shin Min Ah (The Devil, My Girlfriend is a Gumiho) fonctionne très bien, les deux acteurs ayant le répondant et la présence nécessaire pour former un duo convaincant à l'écran. A leurs côtés, pour le moment, les autres restent en retrait. On retrouve notamment Yun Woo Jin, Hwang Bo Ra, Kwon Oh Joong, Han Jung Soo, Yoo Seung Ho ou encore Park Joon Gyu.

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Bilan : Plus que le potentiel indéniable de son concept et son mélange des tonalités qui n'amoindrit cependant pas la force du récit - même s'il faudra surveiller ses développements à moyen terme -, Arang and the Magistrate se démarque par la richesse de l'univers qui se construit sous nos yeux. La série bâtit une vraie mythologie, le fantastique étant imbriqué dans l'histoire, et non cantonné à un simple arrière-plan distant et dépaysant. Tout n'est pas exempt de reproches : le drama a ses maladresses et des scènes parfois un peu inutiles qui génèrent quelques longueurs. Mais il séduit par son imagination, ce qui est déjà un très bon point, et donne donc envie de découvrir la suite.


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce du drama :

Une chanson de l'OST :


15/08/2012

(K-Drama / Pilote) Reply 1997 (Answer me 1997) : portrait nostalgique et authentique d'une adolescence à la fin des années 90


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En ce mercredi asiatique, remettons le cap au pays du Matin Calme pour ce qui semble devoir être rien moins que mon coup de coeur sud-coréen de l'été. Qui eut cru qu'un semi-high school drama, d'un abord nostalgique car nous plongeant dans les années 90 (certes, j'ai moi aussi été adolescente durant cette période), pourrait sonner si authentique et faire jaillir en moi tant d'émotions - du rire aux larmes - ? Le câble sud-coréen est bel et bien en train de grandir et de mûrir, en voici cette fois un bien bel exemple avec Reply 1997 !

Ce drama a débuté le 24 juillet dernier en Corée du Sud sur la chaîne tvN. Il est diffusé tous les mardis soir, à raison de deux épisodes à la suite, ce qui fait qu'il comptera en tout 16 épisodes d'une demi-heure environ (mais le rythme est donc d'1 heure par semaine). Après avoir visionné les 4 premiers, me voilà sous le charme d'un récit qui fait preuve d'une justesse émotionnelle à chérir. En tout cas, vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela fait plaisir de tomber sur cette petite bulle d'air frais en ce mois d'août.

[La review qui suit prend en compte les 4 premiers épisodes du drama.]

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Reply 1997 s'ouvre en 2012. Un couple un peu âgé chante des classiques dans un karaoke, leur fille, Sung Shin Won, la trentaine dynamique, les interrompt pour lancer sa propre chanson. Son père lui réclamant d'en choisir une sans paroles en anglais, elle lance ce qu'elle qualifie de "classique", une musique du groupe H.O.T, boysband de sa jeunesse. Une autre nuit, Shin Won se rend à un repas d'anciens élèves : elle retrouve connaissances et amis de sa promo de 1997, l'année de leur 18 ans. A trente-trois ans, ce n'est pas encore de la nostalgie que ces désormais adultes éprouvent pour leur adolescence, mais ce dîner ramène Shin Won, en pensées, à la fin des années 90 et à leur vie d'alors.

Si Reply 1997 revient ensuite périodiquement dans le présent, avec des commentaires en voix off des différents personnages commentant avec recul le passé, il se déroule donc en majeure partie en 1997, à Busan. Le drama nous donne l'occasion de suivre une bande de six amis, proches depuis presque toujours pour la plupart (seul Do Hak Chan arrive en cette fin de lycée en provenance de Seoul). Shin Won et sa meilleure amie, Yoon Jung, sont alors des fans inconditionnelles du groupe H.O.T., se jetant sur la moindre émission parlant de leurs idoles. Les garçons observent ce comportement avec plus de distance. Au sein de ce groupe d'amis, c'est logiquement une période où chacun change, se découvre et éprouve ses premiers amours. Comment leur amitié a-t-elle grandi avec eux sur ce chemin que l'on appelle la vie ?

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Il y a, dans Reply 1997, un parfum de nostalgie, beaucoup d'humain et une réelle authenticité qui ne peuvent laisser insensible le téléspectateur. L'écriture adopte une justesse de ton rare, globalement maîtrisée, pour relater une époque - la reconstitution de 1997 est très soignée - et les tranches de vie qui l'accompagnent. La série représente vraiment ce que l'on peut et doit attendre d'un human drama, laissant la part belle aux émotions - sans jamais en faire trop et tomber dans un mélodrama - mais aussi à ces petites anecdotes de vie qui prêtent à un rire spontané venant de bon coeur. Elle met en scène des personnages attachants, qu'elle prend le temps de dépeindre avec leurs qualités et leurs défauts, leurs certitudes et leurs doutes. Grâce à tout cela, on se sent instantanément proche d'eux. Certes, l'ambiance est parfois très orageuse, entre adultes et/ou entre adolescents, mais les liens qui les unissent demeurent solides et indéfectibles, qu'il s'agisse de liens du sang ou d'amitié. Aux turbulences succèdent des passages plein de chaleur, où transparaissent des joies communicatives, comme la communion trans-générationnelle que permet le visionnage d'un match de coupe du monde. 

Cette proximité, Reply 1997 la cultive aussi grâce au cadre bien délimité qu'elle pose, qui a l'avantage de devenir vite familier. Avec pour centre Shin Won, il se limite à deux lieux principaux : le lycée, où, si les classes de garçons et de filles ne sont pas mélangées, chacun se retrouve pour déjeuner à la cafétéria, et la maison des parents de Shin Won, dont le père est l'entraîneur de l'équipe locale de baseball. La réussite de Reply 1997 est de nous immerger dans ce quotidien de 1997 sans lourde introduction, ni s'apesantir inutilement sur les informations qu'elle distille. L'époque est bien recréée (programmes télévisés, technologie, musique). Et l'on prend en cours de route la vie des personnages sans disposer immédiatement de toutes les clés pour comprendre les situations. Ainsi, Yoon Jae déjeune quotidiennement chez Shin Won, mais la série ne s'étend pas sur le pourquoi de la situation. Pareillement, l'écriture fait toujours preuve de tact et de pudeur, à l'image des scènes, dans l'épisode 4, où elle nous apprend que Shin Won avait une soeur. C'est petit à petit que le tableau se complète, et sur ce point, le drama sait faire preuve d'une patience et d'une justesse qui méritent d'être salués. 

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Outre ce registre human drama, Reply 1997 reste un portrait d'adolescence, certes avec les particularités et modes de 1997, mais aussi avec tout ce qu'il y a d'universel à cet âge difficile de nos 18 ans par lequel chacun est passé. Pour le téléspectateur, l'identification fonctionne parce que le drama capture avec beaucoup de fraîcheur les amitiés fluctuantes d'alors, entre disputes et réconciliations, et ces moments de malaise où les gestes normaux d'hier paraissent soudain inconvenant vis-à-vis de l'autre. Car c'est un temps où les rapports garçons-filles changent, où des sentiments nouveaux, pas forcément compris, naissent. C'est le récit sonnant très authentique d'une entrée progressive, chacun à sa manière et en prenant le temps qui lui est nécessaire, dans un âge adulte, sans y être encore tout à fait. Et c'est donc aussi l'époque des premiers amours.

En 2012, Shin Won nous a annoncé que durant ce repas de retrouvailles deux personnes vont annoncer leur mariage, sans préciser l'identité des heureux élus. Vu de 1997, on devine qu'il reste encore à chacun une longue route à parcourir pour se trouver. Sans mettre en péril leur amitié, Reply 1997 esquisse par petites touches des triangles amoureux nourris de qui pro quo, de petites jalousies informulées, d'amitiés restaurées et de secrets hésitants échangés. Chacun semble destiné à n'avoir d'yeux que pour celui qui ne prend pas conscience ou ne souhaite pas cette attention. J'ai particulièrement aimé le fait que, dans ces premiers épisodes, la série brouille un peu plus les lignes grâce à un personnage qui se révèle être gay. Ainsi tandis que Yoon Jae aimerait tant que Shin Won remarque ses attentions, il s'irrite de la proximité grandissante qu'elle a avec Joon Hee... ce dernier étant en réalité secrètement amoureux de son meilleur ami... Yoon Jae (et ayant mis Shin Won dans la confidence). La réussite du drama, ici, c'est de savoir pour l'instant préserver une part d'innocence dans la manifestation de ces sentiments, mais aussi une sincérité touchante qui évite toute lourdeur.

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Soigné sur le fond, Reply 1997 l'est également sur la forme. La réalisation est appliquée, et, surtout, la photographie conforte l'impression de nostalgie sur laquelle surfe ce drama (que vous ayez ou non connu les années 90, en Corée ou ailleurs). Côté bande-son, les choix sont tout aussi recherchés : le drama sélectionne des tubes d'alors, nous faisant remonter le temps à travers les chansons de H.O.T., les émissions musicales et autres extraits de cette époque. Se perçoit bien tout le travail fait pour la reconstitution d'une époque pas si lointaine, mais où surveiller son tamagochi, tout en chatant tant bien que mal sur un écran ordinateur à l'horrible fond bleu, était normal.

Enfin, si le casting est jeune et assez inexpérimenté, il s'en sort bien, sans doute parce que la justesse et la simplicité d'écriture permet à chacun de trouver facilement sa place. Jung Eun Ji se révèle pétillante et pleine de vitalité dans ce rôle central d'adolescente encore dans cette phase monomaniaque de fan de boysband laissant ses résultats scolaires en berne, mais qui devra bien grandir un jour. En complice d'enfance dont la relation est désormais plus tumultueuse, Seo In Gook (Love Rain) est correct. On retrouve également pour composer cette bande d'amis Shin So Yool (Jungle Fish 2), Hoya, Eun Ji Won et Lee Shi Un. Parmi les adultes en 1997, Song Jong Ho (The Princess' Man) interprète le frère de Yoon Jae, tands que Sung Dong Il (Fugitive : Plan B, Can't Lose) et Lee Il Hwa jouent les parents de Shin Won.

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Bilan : Drama profondément humain, plein d'émotions, capable de faire passer, avec naturel, sans forcer, du rire aux larmes, Reply 1997 est un soupçon de nostalgie sur lequel s'ajoute un retour sur l'adolescence d'une justesse et d'une authenticité rares. Un portait à la spontanéité rafraîchissante. Bien écrits, correctement interprétés, soignés dans leur reconstitution de cette fin des années 90 tout en abordant des thématiques aux accents universels, ces débuts se révèlent être une belle surprise. Je suis sous le charme de cette série qui fait chaud au coeur, et j'espère donc voir le drama poursuivre sur cette voie très prometteuse ! tvN tient peut-être là une jolie perle. A surveiller.


NOTE : 7,5/10


Une bande-annonce de la série :

Parce qu'elle prend une telle place dans la vie des adolescentes d'alors, la k-pop en 1997 - H.O.T. :

08/08/2012

(J-Drama) Magma : destinées croisées sur fond d'enjeux énergétiques dans le Japon post-11 mars

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Restons encore un peu au Japon en ce mercredi asiatique pour revenir sur un drama récent, diffusé du 10 juin au 10 juillet 2012 sur WOWOW. Comptant 5 épisodes de 45 minutes environ (le dernier approchant plutôt l'heure), Magma suit le format classique des séries de cette chaîne câblée. Il avait initialement éveillé ma curiosité en raison de son sujet : évoquer les questions énergétiques dans un Japon post-11 mars, avec les enjeux posés par la recherche d'éventuelles alternatives au nucléaire. Mais s'il a démarré de façon très solide, il a ensuite pêché en voulant trop en faire : se dispersant, il n'a pas exploité tout le potentiel entraperçu dans son pilote. Malgré cet arrière-goût d'inabouti, son visionnage demeure cependant intéressant du fait des thèmes abordés.

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Nogami Taeko travaille pour un fonds d'investissement étranger. Elle se voit confier la mission de restructurer une entreprise en faillite financière, spécialisée dans la recherche et le développement de l'énergie géothermique. Taeko prend alors la direction d'une petite ville éloignée de Tokyo en se demandant si une telle affectation n'est pas un coup d'arrêt pour sa carrière. Elle entend cependant faire retrouver à la société le chemin de la rentabilité en restructurant son activité et en fermant les services chroniquement déficitaires. Parmi eux figure le département de recherche énergétique, dont les travaux n'ont pour l'instant pas conduit au système d'exploitation promis.

Dans ses projets, Taeko se heurte vite au personnel d'une entreprise entièrement vouée à cette mission de mise au point qui permettrait à cette énergie de devenir une alternative possible, ou du moins un complément qui laisserait au Japon un choix dans sa production d'électricité. Tous sont mobilisés : du directeur de l'entreprise, Ando Koji, aux scientifiques travaillant sur le projet parmi lesquels l'expert national de la question géothermique, Omuro Kojiro, qui y a investi toute sa vie. Le raisonnement binaire en pertes et profits de Taeko n'a rien de commun avec les idéaux d'employés qui croient fermement en leur projet. Mais alors que l'état d'esprit de la jeune femme évolue peu à peu en découvrant les motivations qui les animent, d'autres personnes semblent décider à s'assurer que les recherches menées n'aboutissent jamais et à achever la compagnie.

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L'histoire de Magma avait de quoi retenir l'attention à plus d'un titre. Tout d'abord l'idée d'évoquer un fonds d'investissement uniquement intéressé par les profits me faisait forcément penser à Hagetaka, et à sa mise en scène du capitalisme sauvage qui avait donné lieu à un bijou de série d'une qualité rare. La problématique dans Magma est cependant légèrement différente. Si elle parle bien de la poursuite du profit sans prise en considération, voire parfois en dépit, de l'aspect humain, le premier épisode ajoute à ces bases un autre enjeu : les questions énergétiques. C'est ici, non pas des destinées privées, mais l'intérêt public qui est en cause. L'énergie géothermique évoquée est encore loin de présenter un substitut crédible aux autres sources existantes, cependant elle peut être une voie envisageable pour le futur. Magma parle donc des réticences à investir à perte aujourd'hui dans un projet qui tient plus de la recherche fondamentale, mais dont les résultats peuvent être déterminants pour les décennies futures. De plus, le tableau apparaît d'autant plus complexe que le drama fait intervenir d'autres acteurs logiques qui ne peuvent rester inactifs : le politique qui ne peut pas ignorer l'impact du 11 mars au moins à court terme, mais aussi l'industrie du nucléaire qui observe avec méfiance ces développements.

Seulement à partir de cette fondation au potentiel indéniable, Magma laisse un regret : celui de ne pas aller au bout de son idée de départ. Après deux épisodes, le drama semble bifurquer et surtout s'étioler dans diverses directions désordonnées, replaçant (souvent maladroitement) la dimension humaine - et donc les personnages impliqués - au coeur du récit. Il tente de greffer au concept initial de nouveaux thèmes : la vengeance, la maladie, ajoutant de nouveaux motifs aux personnages... En soi, ce recentrage aurait pu être intéressant, malheureusement, le drama souffre des excès (parfois assez mélodramatiques) d'une écriture qui manque de subtilité, pesant sur le bon déroulement de l'intrigue. L'histoire perd sa direction et s'éparpille sans donner l'impression d'être bien maîtrisée. Finalement, on retient surtout de Magma un message : celui de l'apprentissage d'une héroïne qui remet en cause ses priorités et prend conscience qu'au-delà du raisonnement comptable à court terme, il est nécessaire de penser à un avenir plus lointain et de s'interroger sur les responsabilités qui pèsent sur chacun pour la construction de ce futur. C'est une idée louable, mais l'exécution aurait mérité plus de nuances.

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Sur la forme, Magma bénéficie d'une réalisation traditionnelle, calibrée et sans prise de risque particulière. Le plus notable reste sans doute sa bande-son, très fournie. Ces différents morceaux, uniquement instrumentaux, s'efforcent de distiller une relative tension et de souligner les passages importants, notamment les confrontations. Mais ses efforts manifestes ne sont pas toujours récompensés. En fait, tout dépend de la scène ainsi accompagnée : certaines sont réussies et leur impact bénéficie vraiment de la musique, mais d'autres tombent à plat et on a alors l'impression d'une musique artificielle qui essaye vainement de se substituer au rythme faisant défaut.

Enfin, le drama dispose d'un casting globalement homogène et solide. C'est Ono Machiko (Soratobu Taiya, Mother) qui interprète l'héroïne sur laquelle est finalement centré ce drama : je gardais d'elle un bon souvenir dans Gaiji Keisatsu, elle délivre dans ce rôle très évolutif et plus émotionnel qu'attendu une prestation convaincante. A ses côtés, on retrouve Tanihara Shosuke (Love Shuffle, Tempest), Nagatsuka Kyozo (Atsu-Hime), Ishiquro Ken (Honjitsu wa Taian Nari), Tsuda Kanji (Izumo no Okuni), Komoto Masahiro (Marks no Yama), Shaku Yumiko (LOVE GAME), Watanabe Ikkei (Seinaru Kaibutsutachi) et encore Osugi Ren (Marks no Yama, TROUBLEMAN).

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Bilan : Magma est un drama dont l'intérêt principal repose sur son sujet, l'évocation d'une problématique énergétique - et plus précisément le cas de l'énergie géothermique - dans un Japon post-11 mars qui s'interroge sur les orientations de sa politique énergétique. Mais en dépit d'un potentiel bien réel, Magma ne sera pas à la hauteur de ses ambitions initiales, souffrant d'un manque de direction et multipliant des storylines anecdotiques qui viennent nuire et desservir son sujet principal. Après des débuts très prometteurs, la suite laisse une impression d'inachevée. C'est une série qui mérite un visionnage pour son thème et les intentions qui la sous-tendent, mais qui n'aura pas exploité le potentiel entrevu.


NOTE : 6,75/10

01/08/2012

(J-Drama / Pilote) Iki mo Dekinai Natsu : du problème administratif à la crise existentielle

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La saison estivale bat actuellement son plein au Japon. Beaucoup de nouveautés sont arrivées en juillet. Comme je vous l'avais dit, peu avait initialement retenu mon attention sur le papier. Mais le rythme du petit écran mondial étant quand même un peu moins soutenu durant cette période - plus si creuse - qu'est l'été, j'ai pris le temps de tester quelques dramas que j'aurais sans doute laissés passer en temps normal. Par curiosité pour une affiche, por un casting, ou tout simplement parce que j'étais intriguée de voir comment serait porté à l'écran et avec quelle approche tel ou tel concept.

A l'heure d'un premier bilan de visionnage, Magma est, malgré certaines limites, pour le moment le drama qui m'a le plus intéressé. J'y reviendrai dans un prochain billet d'ensemble (vivement la sortie des sous-titres anglais du dernier épisode). En attendant, arrêtons-nous aujourd'hui sur un pilote en particulier parmi ceux que j'ai visionnés, celui de Iki mo Dekinai Natsu. Diffusé le mardi soir sur Fuji TV, ce drama a débuté le 10 juillet dernier au Japon. Je savais qu'il n'appartenait pas un genre avec lequel j'ai beaucoup d'affinité (du mélodrame, des accidents de vie, de la romance...). Ce premier épisode m'a laissé une impression mitigée, mais je ne regrette pas de l'avoir vu.

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L'héroïne de Iki mo Dekinai Natsu, Tanizaki Rei, est une jeune fille qui semble avoir sa vie bien en main. Elle vit avec sa mère et sa plus jeune soeur, a fini ses études au lycée et s'épanouit en faisant un travail qu'elle aime dans une grande enseigne de pâtisserie. Tout semble aller pour le mieux, d'autant plus que sa supérieure lui propose un contrat d'embauche au sein de l'entreprise qui lui permettrait de postuler à des formations prestigieuses, notamment à Paris. La persévérance de Rei a donc payé. Or c'est pourtant cette offre qu'elle attendait sans y croire qui va faire vaciller sa vie. En effet, pour devenir une employée à temps complet, elle doit fournir un certain nombre de justificatifs, notamment d'identité et de sécurité sociale. Mais en allant demander ces documents, elle découvre qu'elle n'a pas été inscrite sur le registre de sa famille à sa naissance.

Par conséquent, aux yeux de l'Etat et de l'administration, Rei n'existe pas et n'a donc aucun droit. Cet incident n'est pas unique : c'est un problème qui se rencontre lorsqu'une mère entendait contourner la présomption légale irréfragable posée dans le droit de la famille japonais, au terme de laquelle le mari est automatiquement le père d'un enfant qui serait né moins de 300 jours après la dissolution du mariage. Prise au dépourvu par cette situation déstabilisante, alors que sa mère fuit pour l'instant ses responsabilités, Rei s'interroge sur sa place au sein de sa famille et de la société. Elle va se lier avec l'employé administratif qui l'a reçue et lui a appris la situation. Ce dernier est touché par son cas, peut-être parce qu'il s'est lui-même retrouvé en marge de la société après avoir subi de graves désillusions dans sa carrière journalistique précédente.

Se noue peu à peu une surprenante relation entre Rei et cet homme qui aurait l'âge d'être son père. Les deux pourront-ils se guérir l'un l'autre ?

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Il faut reconnaître au pilote de Iki mo Dekinai Natsuse une réelle efficacité dans sa construction narrative. Correspondant en tout point à ce qu'on pouvait légitimement en attendre pour introduire la situation, il met en scène avec une impression d'inéluctabilité poignante l'engrenage des évènements qui fait dérailler la vie jusque là si bien ordonnée de Rei. L'écriture apparaît solide et consistante, et le rythme est globalement maîtrisé. Judicieusement, c'est avant tout sur l'héroïne que se concentre l'épisode : il s'agit de créer un lien affectif avec le téléspectateur. Ce dernier ne pourra rester insensible aux conséquences que la révélation - sa non-inscription dans les registres - va avoir sur Rei. Le cauchemar administratif devient familial, pour se transformer ensuite en une remise en cause existentielle touchante et qui a du potentiel si elle est bien menée. Mais s'il avait jusque là su rester relativement sobre, l'épisode négocie mal le tournant une fois le problème exposé au grand jour.

En effet, Iki mo Dekinai Natsuse bascule alors dans une sur-dramatisation au cours de laquelle le récit perd en force et en crédibilité. Cette évolution trouve son apogée dans le cliffhanger sur lequel se conclut le pilote : il laisse en suspens le sort de l'héroïne blessée, alors même que l'on vient de nous expliquer qu'une des conséquences de sa non inscription sur le registre serait le non accès aux soins. Cette fin a été pour moi la goutte d'eau faisant déborder le vase. Alors que le concept de départ était intéressant en tant que tel par la réflexion autour de crises identitaires vers laquelle il pouvait conduire, ce dernier quart d'heure donne l'impression que le scénariste s'est senti obligé de sur-ajouter. Il a voulu trop en faire, cherchant absolument à faire vibrer la corde la plus sensible du téléspectateur. En forçant le trait larmoyant, le drama tombe dans la démesure face au problème existant (d'ordre simplement bureaucratique) et perd en justesse et en authenticité. Sachant que c'est une histoire qui doit jouer sur un registre émotionnel, il ne faudrait pas que cette surenchère inutile soit une technique qui se répète.

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Sur la forme, Iki mo Dekinai Natsu est classique, mais sa réalisation fait preuve de maîtrise. Sa photographie très claire renvoie une impression soignée et épurée tout en restant colorée qui m'a séduite. C'est visuellement un drama qui, en dépit de certaines limites inhérentes, sait nous immerger dans ses décors et son ambiance. En revanche, les images de son générique d'ouverture sont un peu moins inspirée (ou plutôt, devrais-je dire, "travaillées"), mais il a la bonne idée d'emprunter une chanson anglaise d'Adele qui donne bien le ton (pour un aperçu, cf. la première vidéo ci-dessous).

Enfin, le casting est homogène et devrait tenir la route. Takei Emi (GOLD, W no Higeki) sait susciter l'empathie requise pour son personnage : elle gère plutôt correctement la transition à l'écran, passant du bonheur stéréotypé initial à une perte de repères et à des doutes qui lui font questionner son existence. Face à elle, Eguchi Yosuke retrouve cette sobre efficacité que j'avais pu apprécier dans Chase : c'est un genre de rôle qu'il maîtrise, et je ne me fais donc aucun souci le concernant. Kimura Yoshino (Hatsukoi) doit elle relever un défi plus difficile : elle sait se montrer expressive, mais son personnage souffre d'une écriture qui l'instrumentalise pour accentuer à outrance le mélodrame. On retrouve également à l'affiche Nakamura Aoi, Hara Mikie, Kirishima Reika, Koshiba Fuka, Hamada Mari ou encore Kaname Jun.

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Bilan : Iki mo Dekinai Natsu signe un pilote efficace, agréable visuellement et solide dans sa construction narrative. Malheureusement l'épisode se sent obliger de verser dans une sur-dramatisation discutable, qui rend ses derniers développements artificiels et forcés. Pour la suite, tout dépendra si le drama entend poursuivre dans cette tonalité, ou s'il s'agissait surtout de retenir l'attention du téléspectateur (même si cela a eu pour moi l'effet opposé). Passer d'un problème bureaucratique à une crise existentielle est en soi une idée qui réclame de rester sobre, or Iki mo Dekinai Natsu n'a pas encore trouvé son équilibre.

En résumé, c'est un pilote moyen, avec des atouts et des limites, mais la série n'est sans doute pas faite pour moi. Je reconnais avoir un seuil de tolérance assez bas à ce registre mélodramatique. Si le genre ne vous déplaît pas a priori, jetez-y quand même un oeil.


NOTE : 6/10


Le générique du drama :


25/07/2012

(J-Drama) Tsukahara Bokuden : le portrait romancé d'un maître d'armes légendaire

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Restons au Japon en ce mercredi asiatique ! Etant donné mon inclinaison naturelle pour tout ce qui touche à l'historique et aux fictions en costumes, parmi mes résolutions de début d'année, figurait celle d'essayer de caser dans mes programmes un vrai jidaigeki. Jin peut certes être rapproché de ce genre, mais cela reste une histoire de voyage dans le temps qui démarre dans le présent. La cinquantaine d'épisodes qui compose un taiga étant trop volumineuse actuellement pour me lancer dans un tel investissement au long cours (même si, dès que j'ai un peu de temps, je compte bien me lancer dans Ryomaden - c'est un de mes challenges placé tout en haut de ma liste de sériephile !), j'ai donc surveillé les dramas plus courts. Il faut dire que ce n'est pas le type pour lequel des sous-titres sortent le plus fréquemment, mais j'ai quand même pu trouver une série adéquate : Tsukahara Bokuden. Elle a été diffusé à l'automne 2011 sur NHK (BS Premium). Elle se compose d'un total de sept épisodes, d'une quarantaine de minutes chacun (sauf le premier d'une durée de 70 minutes).

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Proposant une immersion dans le Japon médiéval, ce drama propose le récit romancé (avec certaines libertés prises) de la vie d'un maître d'armes légendaire : Tsukahara Bokuden. Né vers 1489, il est resté un des sabreurs les plus célèbres de l'Histoire du Japon. S'il a eu une longue vie (il est décédé en 1571, de mort naturelle), la série ne s'intéresse en réalité qu'à ses premiers pas dans la vie d'adulte et, surtout, aux épreuves qui vont permettre sa maturation progressive, jusqu'à faire de lui la figure combattante qui s'est imposée dans la mémoire collective.

Entraîné dès le plus jeune âge, une fois l'âge adulte atteint, ShinEmon (c'est sous ce nom que nous le connaîtrons durant la majeure partie du drama) demande à être autorisé à partir voyager à travers le Japon. Son but premier est le perfectionnement de ses techniques de combat, un art qu'il entend pouvoir parfaire en croisant des combattants rompus à d'autres styles. Mais l'objectif est aussi de répandre le nom de Kashima afin de redonner son éclat au sanctuaire shinto qui s'y trouve, puisque cette maîtrise du sabre est un don de la divinité qui y est révérée.

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Tsukahara Bokuden est un récit initiatique au sens strict du terme, avec les forces, mais aussi les limites de ce genre. La construction de ce drama semi-itinérant suit une évolution linéaire régulière, avec des épisodes respectant tous une structure très proche : une épreuve se présente au héros, et il va devoir la surmonter. Le plus souvent, elle se matérialise par un combat. La première moitié du drama permet à ShinEmon de se mesurer à des adversaires disposant de forces et d'atouts auquel il doit s'adapter (stratégie, armes...), améliorant par là-même ses propres techniques. Puis, à mesure qu'il maîtrise son art, c'est logiquement en lui-même qu'une autre bataille se lève et va devoir être gagner : ne pas se laisser entraîner par cette soif de sang, ce rush d'adrénaline qui le parcourt à chaque victoire. Il lui faut lutter pour rester fidèle à ses principes et à ses valeurs, sans s'écarter de sa ligne de conduite. Si le récit est fluide, le drama apparaît cependant très didactique dans ses développements, manquant de souffle, voire de tension en raison de ses issues prévisibles.

Pour autant, Tsukahara Bokuden reste plaisant à suivre justement parce qu'il met en scène un héros que, comme dans toute histoire initiatique, on a envie de voir grandir et mûrir. De plus, je ne suis pas restée insensible à l'immersion médiévale proposée - même si la vie du maître d'armes y est relatée avec plus ou moins de libertés (Pour en savoir plus / en anglais). Sans avoir de grands moyens, la série s'efforce cependant de bien retranscrire la codification de la société féodale d'alors, avec la place des maîtres d'armes. Elle fait également un effort de contextualisation intéressant pour évoquer une période troublée qui voit s'affronter de nombreux seigneurs locaux. ShinEmon se retrouve en effet entraîné dans des affrontements autour du pouvoir, et si, encore une fois, le drama peine à matérialiser une vraie tension, les échanges et les rapports de force fluctuants enrichissent le parcours personnel raconté. Enfin, une place importante est aussi accordée à la religion, avec les croyances qui rattachent l'art du combat à la divinité : en consacrant sa vie à cet art, le héros mène en parallèle une véritable quête spirituelle (particulièrement perceptible dans les derniers épisodes) qui aboutit à faire de lui le dépositaire du message de cette dernière.

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La réalisation est traditionnelle, un peu figée par moment, mais avec une belle photographie. Dans l'ensemble, elle sait mettre en valeur la reconstitution d'époque, notamment par quelques superbes plans qui nous immerge dans ce Japon médiéval avec efficacité. Il faut préciser que Tsukahara Bokuden n'est pas un drama d'action. Toutefois les combats y occupent bien une place centrale. Leur mise en scène donne un résultat plus mitigé : la vitesse d'exécution de certains affrontements - où un seul coup de sabre achève l'adversaire - impose au réalisateur d'essayer de les dramatiser en recourant à des ralentis - ce qui n'est pas toujours du plus convaincant. L'autre élément qui m'a marqué, c'est à quel point les combats paraissent "propres", et finalement très peu graphiques en terme de violence. Non que j'aille jusqu'à conseiller le responsable des effets spéciaux d'OCN (et ses chers jets d'hémoglobine) à la NHK, mais c'est vrai que le rendu est ici assez réservé (par rapport à mes derniers sageuk sud-coréens). A noter également un long générique introductif qui semble avoir pour thème l'harmonie avec la nature que j'ai trouvé très beau visuellement (et je vous l'ai découpé spécialement, 1ère vidéo ci-dessous).

Enfin, le casting s'en sort globalement bien. Sakai Masato (Legal High) interprète ShinEmon durant tout le drama, de la sortie de l'adolescence jusqu'à la maturité avec pour seule nuance marquant l'âge et l'expérience, l'évolution dans les postures du héros. Certes il a, au début, quelques expressions forcées qui sonnent faux (surtout pour souligner l'insouciance avec un sourire figé agaçant), mais j'ai été vite soulagée en constatant qu'il trouvait ensuite un juste équilibre très intéressant entre la distance qu'acquiert rapidement le héros et une humanité qu'il ne perd jamais et qui ressort plus fortement dans certaines scènes. S'il manque donc parfois un brin d'expressivité, il est plus que correct. A ses côtés, j'ai eu le plaisir de retrouver Kuriyama Chiaki (Atami no Sousakan), qui interprète sa soeur : restée à Kashima, on la voit assez peu, mais il n'y a rien à redire à ses scènes. On croise également dans ce drama Hira Takehiro, Kyono Kotomi, Nakamura Kinnosuke, Asaka Mayumi, Honda Hirotaro ou encore Nashima Toshiyuki.

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Bilan : Récit initiatique nous plongeant dans le Japon médiéval, Tsukahara Bokuden est un drama à la construction linéaire, assez basique et prévisible dans la progression par étapes qu'il offre à son personnage principal. Manquant un peu d'ambition sur ce point, il peine à insuffler une dramatisation et une tension qui auraient rendu l'ensemble plus marquant. Cependant l'immersion historique qu'il propose n'en reste pas moins intéressante. Efficace et sans temps mort, il se laisse donc suivre sans déplaisir, tout en nourrissant quelques regrets.

A réserver pour les amateurs du genre (ou pour les curieux souhaitant regarder un
jidaigeki de longueur raisonnable).


NOTE : 6,5/10


Le générique d'ouverture du drama :

La bande-annonce de la série :