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25/01/2012

(K-Drama / Pilote) Fermentation Family : le quotidien dégustatif et humain d'un restaurant

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Retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique pour évoquer mes impressions sur les premiers épisodes d'une série du câble, actuellement en cours de diffusion : Fermentation Family. Plusieurs éléments avaient aiguisé ma curiosité à l'égard de ce drama : le fait qu'il soit écrit par Kim Ji Woo, à qui l'on doit justement Resurrection ou encore The Devil ; la tonalité des affiches promos qui m'intriguait ; et puis aussi, n'étant pas d'humeur à me lancer dans une comédie romantique, Fermentation Family me semblait donc proposer une alternative à tester.

Cette série est diffusée sur la chaîne jTBC depuis le 7 décembre 2011, les mercredi et jeudi soirs, et se clôturera le mois prochain. Du fait de sa présence sur le câble, son exposition reste très limitée (les audiences oscillent actuellement autour de la barre fatidique des 1% de parts de marché), si bien que je n'avais pas eu l'occasion de lire des échos sur le drama avant de me lancer. J'en ressors finalement, après trois épisodes, avec une impression globalement mitigée, même si j'y ai trouvé une chaleur humaine et dégustative qui ne m'a pas laissé indifférente.

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Fermentation Family s'intéresse au quotidien d'un restaurant coréen traditionnel et familial, Chunjin, particulièrement connu pour ses plats au kimchi. L'établissement, qui a toujours privilégié sa taille modeste et une ambiance chaleureuse pour des clients parmi lesquels on croise nombre de fidèles habitués, connaît dernièrement des difficultés financières. Tandis que le propriétaire actuel, Lee Ki Chan, refuse obstinément les offres de rachat d'une société qui se fait de plus en plus pressante, sa fille, Kang San, peu impliquée dans le devenir de cette entreprise de famille, se rêve chef d'un grand restaurant et ne revient que très rarement dans ce lieu chargé de souvenirs. Elle travaille pour un établissement en ville. C'est là-bas qu'elle croise pour la première fois Ko Ho Tae, ce dernier critiquant à voix haute un plat qu'elle a préparé.

Pourtant Ho Tae n'a rien d'un expert culinaire : c'est un homme de main de la mafia locale, même s'il a toujours gardé une certaine indépendance. C'est cet état d'esprit qui l'amène à entrer en conflit avec le nouveau chef de leur groupe, lequel se lance dans une pratique de prêts à taux usuraires que Ho Tae n'approuve pas. Le défiant ouvertement, il finit roué de coups par ses collègues... Les choses auraient pu être plus graves si Kang San n'était pas intervenue. Pressée par sa soeur de venir voir leur père pour son anniversaire, elle ramène finalement Ho Tae dans la vaste demeure familiale. Or ces lieux éveillent des souvenirs enfouis chez le gangster. Orphelin abandonné lorsqu'il avait 4 ans, le restaurant et son cadre lui sont étonnamment familiers. Y-est-il déjà venu auparavant ? Ayant besoin de faire profil bas, Ho Tae décide de travailler au restaurant en espérant éclaircir les zones d'ombre de son passé qui l'y rattachent.

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Disposant d'histoires relativement classiques et simples, Fermentation Family est avant tout une série d'ambiance : elle retient l'attention par la chaleur humaine diffuse qui en émane. Les premières scènes peuvent un instant entretenir le doute sur la tonalité réelle du drama, mais très vite, ce dernier abandonne toute explositivité artificielle pour s'épanouir dans un registre plus intimiste. Il cherche non pas tant à captiver qu'à toucher émotionnellement le téléspectateur. Le rythme de narration y est volontairement lent ; le drama verse même occasionnellement dans un contemplatif assumé par le biais de plans en extérieur ou de scènes consacrées à la préparation de la nourriture. De manière générale, le récit se réapproprie des valeurs traditionnelles en plaçant en son centre une thématique familiale, entendu au sens le plus large du terme. En effet, ce restaurant supposément célèbre apparaît très vite comme un lieu où le lien social se noue entre une poignée d'habitués et les propriétaires, mais aussi comme un asile offert à ces égarés vulnérables qui échouent devant sa porte, enfants comme adultes.

Il y a donc quelque chose de foncièrement attachant dans l'authenticité, fragile et volatile, de Fermentation Family. C'est à la fois ce qui fait la force et l'identité de ce drama, mais aussi sa limite. En effet si on s'imprègne peu à peu de son atmosphère, on ne bascule jamais dans un visionnage addictif où les épisodes s'enchaîneraient tout seul. En limitant les enjeux à un seul fil rouge (la recherche des origines du héros), auxquels se greffent le quotidien du restaurant et quelques tranches de vie, la série prend le risque d'une histoire minimaliste. Fermentation Family semble  tout miser sur l'empathie et le lien qu'elle s'estime capable de nouer avec le téléspectateur, au détriment peut-être d'une intrigue plus ambitieuse. Elle y réussit très bien à l'occasion : certaines scènes sont un régal de justesse, avec des échanges qui sonnent à la fois très justes et très touchants. Cependant l'écriture reste inégale, et les maladresses ne manquent pas. Assez paradoxalement d'ailleurs, ces dernières peuvent parfois devenir des atouts : ce côté un peu artisanal, accentué par le cadre du restaurant loin de la ville, met à nu une humanité précieuse. L'équilibre est donc précaire, mais en son coeur, il y a bel et bien une étincelle qui oscille : l'âme de la série.

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Sur la forme, Fermentation Family est un drama à l'esthétique soignée qui bénéficie d'une photographie à dominante très claire. Au-delà de quelques plans d'inspiration quasi-cinématographique, la caméra parvient à très bien mettre en valeur le décor du restaurant installé dans une vaste demeure coréenne traditionnelle. Elle réussit d'ailleurs toutes les scènes en extérieur. Elle n'a pas son pareil non plus pour vous faire saliver en filmant la nourriture. En revanche, lorsque la série s'essaye à un registre plus orienté action, comme durant la scène d'ouverture, elle perd immédiatement en crédibilité et se révèle assez peu convaincante. En résumé, Fermentation Family ne maîtrise pas tous les genres auxquels elle s'essaie, mais elle s'épanouit efficacement dans le principal, ce qui est sans doute l'essentiel. Du côté de la bande-son, c'est l'utilisation d'instrumentaux assez légers qui m'a le plus charmé. Ils contribuent à l'ambiance intimiste de la série.

Côté casting, Fermentation Family rassemble des acteurs qui me sont a priori sympathiques ; je suis donc prête à leur pardonner une tendance généralisée à un certain sur-jeu parfois pas toujours approprié dans un drama qui distille avec parcimonie des éléments comiques tout en restant globalement dans un registre dramatique. On retrouve tout d'abord, parmi les acteurs principaux, Song Il Gook (Jumong, Lobbyist, Crime Squad) qui navigue à vue entre les genres, gangster/apprenti-cuisinier/orphelin. Si ses scènes les plus réussies sont les passages les plus posés, où il sait rester sobre, il y a aussi une vraie alchimie qui s'installe avec Park Jin Hee (The Woman who still wants to marry, Giant). Leur duo fonctionne d'autant mieux que l'actrice s'approprie bien son rôle de femme forte et offre ainsi un parfait pendant. A leurs côtés, on croise également Kim Young Hoon, Kang Shin Il ou encore Choi Jae Sung.

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Bilan : Dotée d'un rythme lent et d'histoires relativement classiques, Fermentation Family aurait pu n'être qu'une énième exploration de thématiques liées à la famille, épicée par son cadre culinaire. Cependant il se dégage un charme diffus, presque désuet, que les maladresses narratives ne sauraient occulter. Il y a quelque chose de profondément touchant et humain dans ce récit qui ne laisse pas insensible. Sans être incontournable ou marquante, il s'agit d'une de ces fictions attachantes, pas clinquantes pour un sou, qui finit par faire de sa simplicité un peu artisanale un de ses atouts. Il faudra sans doute que le scénario se densifie et gagne en ambition pour que Fermentation Family puisse vraiment prétendre s'inscrire dans la durée, mais voilà une expérience dégustative et contemplative assez plaisante.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :


La chanson de l'OST (J-Cera - 이깟 사랑) :

07/03/2010

(K-Drama / Pilote) The Woman Who Still Wants To Marry : une version coréenne de Sex & The City ?


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Aujourd'hui, un dimanche asiatique plus léger que le précédent.

Hier, j'ai mis à profit ma soirée de libre, retirée loin de toute vie sociale, afin de poursuivre la découverte des séries coréennes de ce début d'année 2010 - un premier trimestre qui aura quand même été plutôt réussi au pays du Matin Calme. Souhaitant me changer les idées, j'ai décidé de me programmer une soirée "girly" devant une de ces comédies romantiques dont la télévision coréenne a le secret, histoire de m'offrir une douce parenthèse après plusieurs semaines consacrées aux séries d'action, voire d'horreur. Suivant la devise, "la diversité est maître mot du téléphage". De plus, Pasta m'a agréablement rappelé qu'il existait d'autres genres, pouvant aussi être attrayants.

C'est ainsi que, après une rapide évaluation de tous les pilotes "en attente de visionnage", je me suis retrouvée devant le premier épisode de The Woman Who Still Wants To Marry (aka Still, Marry Me / City Lovers), une série dont la diffusion a débuté depuis le 20 janvier dernier sur MBC et qui devrait comporter 16 épisodes. Le rouleau-compresseur d'audience qu'est Chuno (Slave Hunters) aura été fatal à son audimat ; ce qui ne signifie pas qu'elle ne mérite pas un petit détour. En fait, ce drama se présente comme la suite d'un drama datant de 2004, intitulée - de manière originale - The Woman Who Wants To Marry. Je ne connaissais absolument pas cette dernière, cependant je n'ai eu aucun problème pour suivre le début de cette nouvelle série. Seul le personnage principal, Lee Shin Young, se trouvait également dans cette prequel. Et si l'on continue à suivre ses (més)aventures amoureuses, l'actrice qui l'incarne n'est en revanche plus la même.

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L'épisode s'ouvre, d'une façon irréelle et féérique qui sonne faux à dessein, sur un dîner romantique, conjuguant, avec une certaine ironie, tous les clichés du genre et se concluant par une demande en mariage du plus bel effet, devant une héroïne, presque incrédule, mais définitivement conquise par ce gentleman qu'elle connaît encore relativement peu. Pensez donc : un homme de son âge, qui n'a que faire du fait qu'elle ait déjà la trentaine bien entamée et qui l'encourage dans l'épanouissement de sa carrière professionnelle, que Shin Young a toujours fait en priorité jusqu'à présent. Cependant, raconter une histoire parfaite n'est évidemment pas l'objectif d'un drama. Au contraire. Ce scénario, tout droit sorti des rêves de célibataire fleur bleue traînant leur mal d'amour, s'enraye donc rapidement. Dès la nuit suivant cette demande en mariage. Shin Young est, en effet, reporter pour la télévision. Retournée travailler un peu plus tard cette soirée-là, elle est appelée pour couvrir un incendie dans un motel. Elle assiste alors au sauvetage de son pseudo fiancé, saute de la plus pathétique des manières par une des fenêtres, afin d'échapper aux flammes, et ce, en charmante (et très jeune) compagnie.

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La suite offre donc un condensé, mélange dynamique entre vraies réflexions existentielles et remises en question, et soirées arrosées entre amies, naviguant entre auto-apitoiement et tendre ironie, le tout bénéficiant d'une dimension humaine et d'une épaisseur psychologique travaillées et appréciables. Ce ton, assez versatile, permet à la série de s'imposer rapidement dans le coeur du téléspectateur, qui s'attache instinctivement aux personnages, et surtout à l'héroïne, dont le drama s'emploie à souligner toute la complexité. Shin Young est une journaliste qui s'est toujours investie pleinement dans sa carrière, ne laissant pas ses amours la brider. Elle a invariablement instauré un ordre des priorités où la vie professionnelle passait en premier. Seulement, désormais bien trentenaire, avec une carrière qui n'est pas non plus devenue ce dont elle rêvait, elle contemple aussi les ruines inachevées de sa vie personnelle : elle se retrouve en porte-à-faux d'une société, aux yeux de laquelle elle a déjà rompu avec les codes implicites, en n'étant pas encore mariée à son âge.

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The Woman Who Still Wants to Marry aurait pu tomber dans la fable moralisatrice sur la gestion d'une vie, avec notamment cette fameuse problématique du choix, supposé impératif, que la femme devrait avoir à faire entre travail et famille. Mais le pilote de ce drama est loin d'être aussi réducteur. Au contraire, il traite de ces questions avec une ambivalence qui sonne finalement très juste, se refusant de présenter le personnage de Shin Young de façon unidimensionnelle. La jeune femme intériorise et symbolise au fond les paradoxes de son époque. Sa versatilité témoigne de l'ambiguïté des attentes de notre société avec une authenticité rafraîchissante. Brillante et professionnelle accomplie, agissant souvent en femme forte à la personnalité affirmée, elle peut soudain se sentir accablée de doutes et se muer en célibataire pathétique. Avec son caractère entier, ses sautes d'humeur spontanées, son personnage a une portée un peu universelle dans lequel il est facile de se retrouver. Bien sûr qu'elle s'interroge sur sa vie, sur les choix qu'elle a pu faire par le passé. Elle est consciente d'aspirer à un équilibre entre deux idéaux à atteindre qui, jusqu'à présent, n'ont pas paru compatibles. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille sacrifier l'un pour atteindre l'autre. Elle se l'avoue elle-même, s'ils étaient à refaire, elle referait probablement les mêmes choix. C'est ce qu'elle est. Elle ne remettra pas en cause son sens des valeurs. Pourtant, elle est aussi parfaitement consciente de cette contradiction sous-jacente entre épanouissement professionnelle et personnelle, qu'elle n'hésite pas à souligner.

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Alliant avec inspiration des tons très différents, la série exploite, avec une certaine habileté, son concept de départ pour offrir une entrée en matière plutôt rafraîchissante. Alternant des scènes au comique burlesque, où nos héroïnes jouent avec une auto-dérision distante sur la figure caricaturale de la célibataire désespérée, l'épisode parvient aussi à nous proposer des scènes où leurs sont assenées des répliques d'une cruauté très amère sur leur vie, auxquelles elles répondent avec une dignité qui force le respect. Ces trois amies ont pris leur vie en main et ne comptent pas perdre ce contrôle, en dépit de leurs moments de doute ou de faiblesse. The Woman Who Still Wants to Marry réussit, sous ses atours de comédie romantique classique, à dresser un portrait très juste de la femme moderne. La série ne se veut pas militante. Elle n'est ni spécialement féministe, ni moralisatrice en référence à des conceptions passéistes. Elle décrit simplement les contradictions existantes dans nos sociétés modernes. Peu importe la vision progressiste que l'on peut avoir, la place des femmes demeure sujette à questionnement, que ce soit par le biais de valeurs culturelles intégrées que l'on reproduit inconsciemment, ou par une pression sociale qui s'exerce de manière insidieuse. Ce drama capte et retranscrit très bien ces éléments sociologiques, tout en utilisant, comme base à ces esquisses de réflexion, le format de la comédie romantique.

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De plus, il faut souligner que les acteurs contribuent à cette agréable impression d'ensemble. Le premier épisode se concentre sur les états d'âme de l'héroïne et de ses deux amies, le casting masculin n'étant introduit, pour une bonne partie, que dans les dernières minutes du pilote. Je ne connaissais aucune des têtes d'affiche féminines, mais elles m'ont vraiment et quasi-instantanément conquise. C'est évidemment surtout Park Jin Hee qui s'impose, en journaliste volontaire et versatile, entre femme de tête et demoiselle au coeur d'artichaud. Aimer l'actrice principale d'un drama est toujours bon signe pour la réception globale de la série. Et le jeu de Park Jin Hee, tout en grâce et relativement sobre pour son rôle et les effets comiques recherchés, colle parfaitement à son personnage. A ses côtés, Uhm Ji Won incarne sa meilleure amie, très volontaire, avec un caractère férocement indépendant qui permet une balance intéressante avec Shin Young. Et Wang Bit Na joue une ancienne connaissance du lycée dont la route professionnelle croise celle de l'héroïne. Toutes trois fonctionnent bien ensemble, et leurs scènes communes, de déprime ou de planification de stratégies improbables, apparaissent toujours très complices.

Si je n'avais encore jamais rencontré aucune des actrices de ce drama, ce n'était pas le cas des acteurs. Si Kim Bum (Boys Before Flowers) est introduit dans les dernières minutes du premier épisode, son rôle sera plus conséquent dans les prochains : un étudiant à l'attitude assez provocatrice, potentiel love interest en pointillé presque atypique, loin des stéréotypes, pour nos héroïnes, puisqu'il est de douze ans leur cadet. A ses côtés, on retrouve également l'immanquable et toujours Choi Chul Ho (doté d'un don d'ubiquité que je lui envie, puisque vu, juste l'année dernière, dans Queen of Housewives, Partner, Hot Blood) et, enfin, Lee Pil Mo (The Sons of Sol Pharmacy House).

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Bilan : The Woman Who Still Wants to Marry se révèle étonnamment rafraîchissante, portée par un trio de femmes attachantes et modernes, entre contraintes sociales et aspirations personnelles. Elle traite de la thématique classique du choix entre vie privée et vie professionnelle, mais, dans ce pilote, elle reste sur un terrain neutre, ne prenant pas partie pour aucun des choix, mettant seulement en scène trois trentenaires de leur époque, pointant avec une certaine ironie les contradictions inhérentes à la société moderne dans laquelle elles vivent, entre émancipation et poids des traditions. Au final, jouant sur un ton assez léger et n'hésitant pas à faire dans l'auto-dérision, ce premier épisode est plutôt convaincant et la dynamique fonctionne.

Le potentiel est là et donne envie de s'investir pour découvrir la suite de leurs improbables aventures et épreuves de la vie. Pour parler au téléspectateur occidental, voici peut-être une sorte de Sex & The City version coréenne
- sans sexe donc -.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce :