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04/07/2012

(K-Drama) Hero : en quête de héros dans un futur corrompu et ruiné

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Profitons de ce mercredi asiatique pour s'intéresser au câble sud-coréen. Il faut dire que les transformations qui s'opèrent dans le paysage audiovisuel du pays du Matin Calme sont intéressantes à suivre, avec des chaînes bien décidées à se faire une place dans l'industrie des dramas. Ce dynamisme a donné ces dernières années quelques essais notables, se démarquant des fictions du "Big Three" (SBS, MBC, KBS), comme par exemple Joseon X-Files. Et le mouvement s'est encore accéléré depuis un an. D'une part, il y a eu l'arrivée il y a quelques mois de nouvelles chaînes qui ont investi la production de séries avec des succès très divers, se brûlant parfois les ailes à trop vouloir sauter les étapes. Parmi elles, il faut cependant saluer l'effort de jTBC qui semble avoir su tirer son épingle du jeu. D'autre part, existent toujours les chaînes du câble plus anciennes qui sont, elles aussi, en train de définir leur image, comme tvN et ses rom-coms et autres séries légères...

C'est dans cette optique que OCN se positionne dans le registre de l'action et des fictions plutôt sombres. Cela peut se décliner dans de l'historique (Yaksha), du policier (Special Affairs Team TEN), du fantastique (Vampire Prosecutor)... Mais aussi de l'anticipation presque SF, lorgnant du côté de l'univers des comics, avec le récent Hero. Ce drama, dont je vais vous parler aujourd'hui, a été diffusé au cours du printemps, du 18 mars au 13 mai 2012, le dimanche soir. Il compte un total de 9 épisodes. Sur le papier, l'ambition est appréciable, avec des thèmes certes familiers, mais assez rarement exploités à la télévision sud-coréenne. L'initiative est intéressante, même si malheureusement le drama ne concrétise pas son potentiel de départ et peine devant d'importantes limites narratives. En résumé, OCN essaie, sans forcément toujours convaincre. Mais avec l'expérience et après les erreurs viendra peut-être à terme une meilleure maîtrise... Le câble peut en effet apporter une diversité qu'il faut encourager.

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Hero se déroule dans un futur proche, en 2020. La série nous plonge dans une grande métropole d'une Corée ruinée économiquement, où la corruption règne et où les inégalités n'ont jamais été aussi importantes. Le personnage central du récit, Kim Heuk Chul, est le fils cadet du maire de cette grande ville. Jeune homme issu d'un milieu donc privilégié, inconséquent et irresponsable, éloigné du pays pour éviter les scandales, il est contraint de rentrer en Corée, car ses dernières frasques lui valent une expulsion manu militari de Chine.

Il revient dans un contexte tendu par les élections locales prochaines, où sa famille joue son influence et son pouvoir : il s'agit de faire en sorte que le maire obtienne de la population un nouveau mandat. Une fusillade dans une église offre alors le fait divers parfait pour désigner des boucs émissaires et diviser pour mieux régner. Mais Heuk Chul, loin de rester inactif, se lie avec les officiers chargés de l'enquête. Il est grièvement blessé lors d'une descente de police. Prêt à tout pour le sauver, son père obtient que lui soit injecté un traitement expérimental qui lui confère - au moins pour un temps, car les effets à terme sont inconnus - un pouvoir de guérison presque illimité.

Déjà secoué d'avoir frôlé la mort, Heuk Chul découvre avec surprise ses nouvelles capacités. Dans le même temps, il est confronté directement à la violence et aux injustices de la société de son temps. Il prend alors la décision d'intervenir directement dans certains de ces problèmes. Sans forcément mesurer à quel point sa famille est impliquée dans ce système gangréné.

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En s'appropriant des thème assez classiques qui évoquent les comics, Hero dispose d'un certain nombre d'atouts intéressants. Il s'agit d'une série d'anticipation, résolument pessimiste, avec un soupçon de science-fiction qui permet de mettre en scène quelques gadgets technologiques. De plus, il faut reconnaître à la fiction la volonté de particulièrement soigner son ambiance : elle s'attache à souligner les tensions sociales - et cet inaccessible rêve chinois voisin pour trouver du travail -, mais aussi la violence et le fatalisme d'une population confrontée à une corruption généralisée qui sape la société jusqu'aux fondations d'une comédie de démocratie où les fraudes sont monnaie courante. Le drama fait d'ailleurs sien le thème récurrent de l'impunité des riches et de l'exploitation aliénante des plus défavorisés qui se contentent de tenter de survivre, subissant les soifs de pouvoir des privilégiés. Dans cette perspective, l'épisode le plus intéressant restera le pilote - d'une durée correspondant à un double épisode. Il pose en effet efficacement les bases très noires de cet univers, en s'ouvrant notamment sur une fusillade qui cumule volontairement les points choquants (assassinat d'un prêtre, dans une église, à Noël, avec des enfants...). Dans le même ordre d'idée, les développements ultérieurs cultiveront une amertume qui donne bien le ton d'ensemble recherché.

Mais en dépit de ce départ correct, Hero ne va pas réussir à concrétiser ses ambitions. Certes, la série conserve par la suite une narration globalement rythmée, mettant en exergue l'opposition entre les puissants et le reste d'une population sans espoir. On peut cependant regretter qu'elle garde toujours une versatilité de ton qui amoindrit les efforts faits pour asseoir sa tonalité : aux passages très sombres, succèdent invariablement des pointes d'humour évitables. Toutefois, le principal problème du drama est d'ordre narratif. Le défaut devient flagrant à mesure que le récit progresse : les inconsistances et les incohérences du scénario apparaissent de plus en plus pesantes, et les facilités narratives sont trop fréquentes pour crédibiliser l'histoire. Plus ennuyeux encore, la psychologie des personnages semble se re-écrire au gré des situations auxquelles ils font face, voire selon les épisodes. L'échec majeur restera les développements des derniers épisodes : qu'il s'agisse de la conclusion du semi-fil rouge avec la puissante société pharmaceutique, ou des choix ultimes et des révélations sur les personnages, rien ne convainc vraiment. La série finit par tomber dans les trous qui plombent son scénario.

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Hero est plus cohérent sur un plan formel. La réalisation s'efforce de contribuer à l'atmosphère noire de la série : cela donne donc des images à dominante sombre, où les scènes d'action sont plutôt efficacement menées. La photographie correspond dans l'ensemble assez bien à l'ambiance de ce futur proche, où la détresse de certains est palpables, et où les confrontations de classes sont exacerbées. Sans être toujours maîtrisé, le résultat sait donner envie au téléspectateur de se glisser dans cet univers. Je serais beaucoup plus réservée concernant la bande-son qui, si le style de musique reflète l'axe "action musclée", apporte peu, et n'est pas toujours exploitée à bon escient.

Enfin, Hero bénéficie d'un casting qui alterne le correct et le plus mitigé. Les problèmes d'écriture étant problématiques pour la force des personnages, il est parfois difficile pour les acteurs de se fixer sur un registre d'interprétation. C'est à Yang Dong Geun (I'm Sam) qu'est confié le rôle principal : du jeune homme irresponsable au redresseur de torts masqué, il s'en sort assez bien tant que son personnage conserve sa logique (les derniers épisodes étant plus problématiques sur ce point). Han Chae Ah (actuellement dans Bridal Mask) manque toujours un peu d'expressivité, mais elle donne convenablement la réplique à son vis-à-vis héritier/justicier. On croise également quelques têtes familières des rôles secondaires, comme Son Byung Ho (Yaksha), Choi Chul Ho (Partner), Park Won Sang (Yaksha, Warrior Baek Dong Soo), Kwon Min, Geum Dan Bi (Warrior Baek Dong Soo), Oh Soo Min (Queen of Reversals), Kim Sung Hoon ou encore Otani Ryohei (The Road Home).

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Bilan : Série d'anticipation à l'univers futuriste sombre, Hero est une série qui disposait d'une base d'idées intéressantes sur le papier, qu'elle n'aura pas su ou pu porter convenablement à l'écran, le scénario cédant à trop de raccourcis et de maladresses pour convaincre. Cependant, l'effort reste louable. Et avec son rythme de divertissement musclé, elle peut constituer une curiosité à tester pour les amateurs des redresseurs de torts masqués, avec un univers qui m'a rappelé celui des comics. Mais il faut dans ce cas accepter de ne pas trop se formaliser devant les limites manifestes de l'histoire, particulièrement criantes au cours des derniers épisodes. 


NOTE : 4,75/10


Une bande-annonce de la série :

Une chanson de l'OST :


[A noter : Suite à des problèmes techniques sur mon ordinateur, les screen-captures n'ont exceptionnellement pas été faites par moi, mais sont issues de Dramabeans.]

07/03/2010

(K-Drama / Pilote) The Woman Who Still Wants To Marry : une version coréenne de Sex & The City ?


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Aujourd'hui, un dimanche asiatique plus léger que le précédent.

Hier, j'ai mis à profit ma soirée de libre, retirée loin de toute vie sociale, afin de poursuivre la découverte des séries coréennes de ce début d'année 2010 - un premier trimestre qui aura quand même été plutôt réussi au pays du Matin Calme. Souhaitant me changer les idées, j'ai décidé de me programmer une soirée "girly" devant une de ces comédies romantiques dont la télévision coréenne a le secret, histoire de m'offrir une douce parenthèse après plusieurs semaines consacrées aux séries d'action, voire d'horreur. Suivant la devise, "la diversité est maître mot du téléphage". De plus, Pasta m'a agréablement rappelé qu'il existait d'autres genres, pouvant aussi être attrayants.

C'est ainsi que, après une rapide évaluation de tous les pilotes "en attente de visionnage", je me suis retrouvée devant le premier épisode de The Woman Who Still Wants To Marry (aka Still, Marry Me / City Lovers), une série dont la diffusion a débuté depuis le 20 janvier dernier sur MBC et qui devrait comporter 16 épisodes. Le rouleau-compresseur d'audience qu'est Chuno (Slave Hunters) aura été fatal à son audimat ; ce qui ne signifie pas qu'elle ne mérite pas un petit détour. En fait, ce drama se présente comme la suite d'un drama datant de 2004, intitulée - de manière originale - The Woman Who Wants To Marry. Je ne connaissais absolument pas cette dernière, cependant je n'ai eu aucun problème pour suivre le début de cette nouvelle série. Seul le personnage principal, Lee Shin Young, se trouvait également dans cette prequel. Et si l'on continue à suivre ses (més)aventures amoureuses, l'actrice qui l'incarne n'est en revanche plus la même.

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L'épisode s'ouvre, d'une façon irréelle et féérique qui sonne faux à dessein, sur un dîner romantique, conjuguant, avec une certaine ironie, tous les clichés du genre et se concluant par une demande en mariage du plus bel effet, devant une héroïne, presque incrédule, mais définitivement conquise par ce gentleman qu'elle connaît encore relativement peu. Pensez donc : un homme de son âge, qui n'a que faire du fait qu'elle ait déjà la trentaine bien entamée et qui l'encourage dans l'épanouissement de sa carrière professionnelle, que Shin Young a toujours fait en priorité jusqu'à présent. Cependant, raconter une histoire parfaite n'est évidemment pas l'objectif d'un drama. Au contraire. Ce scénario, tout droit sorti des rêves de célibataire fleur bleue traînant leur mal d'amour, s'enraye donc rapidement. Dès la nuit suivant cette demande en mariage. Shin Young est, en effet, reporter pour la télévision. Retournée travailler un peu plus tard cette soirée-là, elle est appelée pour couvrir un incendie dans un motel. Elle assiste alors au sauvetage de son pseudo fiancé, saute de la plus pathétique des manières par une des fenêtres, afin d'échapper aux flammes, et ce, en charmante (et très jeune) compagnie.

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La suite offre donc un condensé, mélange dynamique entre vraies réflexions existentielles et remises en question, et soirées arrosées entre amies, naviguant entre auto-apitoiement et tendre ironie, le tout bénéficiant d'une dimension humaine et d'une épaisseur psychologique travaillées et appréciables. Ce ton, assez versatile, permet à la série de s'imposer rapidement dans le coeur du téléspectateur, qui s'attache instinctivement aux personnages, et surtout à l'héroïne, dont le drama s'emploie à souligner toute la complexité. Shin Young est une journaliste qui s'est toujours investie pleinement dans sa carrière, ne laissant pas ses amours la brider. Elle a invariablement instauré un ordre des priorités où la vie professionnelle passait en premier. Seulement, désormais bien trentenaire, avec une carrière qui n'est pas non plus devenue ce dont elle rêvait, elle contemple aussi les ruines inachevées de sa vie personnelle : elle se retrouve en porte-à-faux d'une société, aux yeux de laquelle elle a déjà rompu avec les codes implicites, en n'étant pas encore mariée à son âge.

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The Woman Who Still Wants to Marry aurait pu tomber dans la fable moralisatrice sur la gestion d'une vie, avec notamment cette fameuse problématique du choix, supposé impératif, que la femme devrait avoir à faire entre travail et famille. Mais le pilote de ce drama est loin d'être aussi réducteur. Au contraire, il traite de ces questions avec une ambivalence qui sonne finalement très juste, se refusant de présenter le personnage de Shin Young de façon unidimensionnelle. La jeune femme intériorise et symbolise au fond les paradoxes de son époque. Sa versatilité témoigne de l'ambiguïté des attentes de notre société avec une authenticité rafraîchissante. Brillante et professionnelle accomplie, agissant souvent en femme forte à la personnalité affirmée, elle peut soudain se sentir accablée de doutes et se muer en célibataire pathétique. Avec son caractère entier, ses sautes d'humeur spontanées, son personnage a une portée un peu universelle dans lequel il est facile de se retrouver. Bien sûr qu'elle s'interroge sur sa vie, sur les choix qu'elle a pu faire par le passé. Elle est consciente d'aspirer à un équilibre entre deux idéaux à atteindre qui, jusqu'à présent, n'ont pas paru compatibles. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille sacrifier l'un pour atteindre l'autre. Elle se l'avoue elle-même, s'ils étaient à refaire, elle referait probablement les mêmes choix. C'est ce qu'elle est. Elle ne remettra pas en cause son sens des valeurs. Pourtant, elle est aussi parfaitement consciente de cette contradiction sous-jacente entre épanouissement professionnelle et personnelle, qu'elle n'hésite pas à souligner.

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Alliant avec inspiration des tons très différents, la série exploite, avec une certaine habileté, son concept de départ pour offrir une entrée en matière plutôt rafraîchissante. Alternant des scènes au comique burlesque, où nos héroïnes jouent avec une auto-dérision distante sur la figure caricaturale de la célibataire désespérée, l'épisode parvient aussi à nous proposer des scènes où leurs sont assenées des répliques d'une cruauté très amère sur leur vie, auxquelles elles répondent avec une dignité qui force le respect. Ces trois amies ont pris leur vie en main et ne comptent pas perdre ce contrôle, en dépit de leurs moments de doute ou de faiblesse. The Woman Who Still Wants to Marry réussit, sous ses atours de comédie romantique classique, à dresser un portrait très juste de la femme moderne. La série ne se veut pas militante. Elle n'est ni spécialement féministe, ni moralisatrice en référence à des conceptions passéistes. Elle décrit simplement les contradictions existantes dans nos sociétés modernes. Peu importe la vision progressiste que l'on peut avoir, la place des femmes demeure sujette à questionnement, que ce soit par le biais de valeurs culturelles intégrées que l'on reproduit inconsciemment, ou par une pression sociale qui s'exerce de manière insidieuse. Ce drama capte et retranscrit très bien ces éléments sociologiques, tout en utilisant, comme base à ces esquisses de réflexion, le format de la comédie romantique.

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De plus, il faut souligner que les acteurs contribuent à cette agréable impression d'ensemble. Le premier épisode se concentre sur les états d'âme de l'héroïne et de ses deux amies, le casting masculin n'étant introduit, pour une bonne partie, que dans les dernières minutes du pilote. Je ne connaissais aucune des têtes d'affiche féminines, mais elles m'ont vraiment et quasi-instantanément conquise. C'est évidemment surtout Park Jin Hee qui s'impose, en journaliste volontaire et versatile, entre femme de tête et demoiselle au coeur d'artichaud. Aimer l'actrice principale d'un drama est toujours bon signe pour la réception globale de la série. Et le jeu de Park Jin Hee, tout en grâce et relativement sobre pour son rôle et les effets comiques recherchés, colle parfaitement à son personnage. A ses côtés, Uhm Ji Won incarne sa meilleure amie, très volontaire, avec un caractère férocement indépendant qui permet une balance intéressante avec Shin Young. Et Wang Bit Na joue une ancienne connaissance du lycée dont la route professionnelle croise celle de l'héroïne. Toutes trois fonctionnent bien ensemble, et leurs scènes communes, de déprime ou de planification de stratégies improbables, apparaissent toujours très complices.

Si je n'avais encore jamais rencontré aucune des actrices de ce drama, ce n'était pas le cas des acteurs. Si Kim Bum (Boys Before Flowers) est introduit dans les dernières minutes du premier épisode, son rôle sera plus conséquent dans les prochains : un étudiant à l'attitude assez provocatrice, potentiel love interest en pointillé presque atypique, loin des stéréotypes, pour nos héroïnes, puisqu'il est de douze ans leur cadet. A ses côtés, on retrouve également l'immanquable et toujours Choi Chul Ho (doté d'un don d'ubiquité que je lui envie, puisque vu, juste l'année dernière, dans Queen of Housewives, Partner, Hot Blood) et, enfin, Lee Pil Mo (The Sons of Sol Pharmacy House).

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Bilan : The Woman Who Still Wants to Marry se révèle étonnamment rafraîchissante, portée par un trio de femmes attachantes et modernes, entre contraintes sociales et aspirations personnelles. Elle traite de la thématique classique du choix entre vie privée et vie professionnelle, mais, dans ce pilote, elle reste sur un terrain neutre, ne prenant pas partie pour aucun des choix, mettant seulement en scène trois trentenaires de leur époque, pointant avec une certaine ironie les contradictions inhérentes à la société moderne dans laquelle elles vivent, entre émancipation et poids des traditions. Au final, jouant sur un ton assez léger et n'hésitant pas à faire dans l'auto-dérision, ce premier épisode est plutôt convaincant et la dynamique fonctionne.

Le potentiel est là et donne envie de s'investir pour découvrir la suite de leurs improbables aventures et épreuves de la vie. Pour parler au téléspectateur occidental, voici peut-être une sorte de Sex & The City version coréenne
- sans sexe donc -.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce :

29/11/2009

(K-Drama) Partner : un legal drama made in Corée


Je sacrifie au rituel dominical qui commence à se mettre en place sur ce blog : un billet consacré à la trouvaille asiatique de la semaine !

Parce que la sériephilie n'a pas de frontière et qu'elle est aussi faite de dépaysement et de surprises, je continue mon cycle de découvertes coréennes. Cette semaine, parmi mes divers essais téléphagiques, plus ou moins réussis, la série qui a retenu mon attention est une fiction dont le thème avait aiguisé ma curiosité : un legal drama, intitulé Partner. Grande amatrice de ce genre en général (des Law & Order jusqu'aux productions de David E. Kelley), je me demandais bien ce que pouvait donner une telle fiction assaisonnée à la sauce coréenne. Et finalement, le résultat fut la hauteur de mes espérances.

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Partner est une série composée de 16 épisodes, qui fut diffusée au cours de l'été 2009 sur KBS2. Elle se déroule à Séoul où nous suivons l'arrivée de Kang Eun Ho (Kim Hyun Joo), une jeune veuve, mère d'un petit garçon lui-aussi malade. Elle a entrepris de déménager dans cette ville, en raison de son besoin d'argent. Ayant passé ses diplômes d'avocat, elle postule sans réel succès dans divers cabinets de la capitale, déjà trop âgée pour être apprentie et n'ayant jamais eu de résultats excellents dans son université. Grâce à son grand-père adoptif, personnage assez mystérieux, elle est finalement embauchée à l'essai dans une petite firme presque en passe de perdre sa licence, dirigée par un patron atypique et dont les comptes ne sont pas arrangés par l'équipe de bras cassés qui la compose. Seule Han Jung Won (Lee Honey), une jeune et brillante avocate très ambitieuse, rentabilise les affaires traitées et permet de la maintenir à flot.

La mettant à l'épreuve sur une affaire a priori ingagnable, son patron associe Kang Eun Ho à Lee Tae Jo (Lee Dong Wook), un jeune avocat, play-boy immature, impétueux et irresponsable, dont le principe de vie semble être d'en faire le moins possible. Le clash est immédiat entre ces deux juristes aux priorités diamétralement opposées, s'inscrivant dans la grande tradition scénaristique d'associations des opposés. Ils vont donc devoir apprendre à travailler ensemble, affrontant souvent la plus importante firme juridique du pays, fondée par le père de Lee Tae Jo. Ces procès prendront un tour plus personnel, quand il faudra faire face à son frère aîné, Lee Young Woo (Choi Chul Ho),  qui travaille toujours avec beaucoup d'application pour la figure autoritaire paternelle. Il convient cependant de préciser que ce duo principal n'éclipse pas la galerie des personnages secondaires. Au fil des épisodes, la série confèrera des storylines propres à chacun de ses protagonistes, creusant peu à peu les ambivalences de leur personnalité et de leur histoire personnelle.

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En réalité, Partner réussit à trouver le bon équilibre, en traitant et mêlant vie professionnelle et vie privée des personnages d'une façon classique, mais très humaine, qui la rend attachante et rafraîchissante. Le volet judiciaire conserve la maîtrise des grandes intrigues des épisodes. Les affaires principales se déroulent sur plusieurs épisodes, trois en moyenne. Ce qui permet à la série de proposer des cas plus fouillés et de prendre le temps d'installer les clients et autres accusés. Évitant ainsi l'écueil du formula show au schéma trop classique d'"une affaire = un épisode", cela confère aussi à la fiction un côté feuilletonnant qui fidélise un peu plus le téléspectateur.

Sur le fond, ces affaires sont très diverses, aussi bien civiles (divorce sordide) que pénales (meurtre commandité). Si les divers rebondissements apparaissent parfois un peu excessifs, j'ai cependant été agréablement surprise de l'émotion que la série parvient à susciter dans certaines scènes de témoignages à la barre, proprement bouleversantes. Cette capacité à alterner le ton léger et le drame constitue d'ailleurs une de ses forces, amenant le téléspectateur à passer par toute une palette d'émotions les plus diverses. De plus, ces grandes intrigues partagent un certain nombre de points communs. Elles ont toutes la particularités d'être initialement quasiment indéfendables ; et il faudra toute la hargne d'une Kang Eun Ho volontaire pour tenter d'inverser la tendance afin de les rendre au moins plaidable. Le deuxième élément récurrent verse plutôt dans l'affrontement des milieux sociaux. Cela se traduit tant à travers les clients : des faibles contre des riches et puissants qui dominent le système. Mais cela joue également dans les luttes entre cabinets d'avocats ; celui de nos héros se heurtant souvent la très puissante firme du père de Lee Tae Jo, la première du pays en terme d'importance.

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Cependant, si ces drames judiciaires sont globalement solides et constituent une trame efficace, le réel atout de Partner réside principalement dans la richesse de ses personnages. Grâce à la fraîcheur et à l'humanité qui se dégagent de l'ensemble, on s'attache très vite à ces protagonistes qui se dévoilent peu à peu. Si certains, seulement secondaires, notamment au sein du cabinet, assurent avant tout l'aspect comédie, la série fait l'effort, au fil des épisodes, de développer ses personnages afin de leur conférer une psychologie fouillée. Grâce à ces personnalités qui ne sont pas unidimensionnelles, le récit se dégage de tout manichéisme et parvient à jouer sur certaines ambivalences, même si les grands traits de caractère dominants demeurent. De plus, l'alchimie entre les personnages fonctionne très bien : c'est flagrant entre le duo principal, mais cela ne se cantonne pas à eux. Au fur et à mesure que l'on en apprend plus sur leur vie, et le chemin qu'ils ont parcouru pour en arriver là, la série parvient efficacement à se placer sur le plan de l'affectif. Si bien que, tour à tour comédie et drame, romance et souvenir de sombres histoires oubliées, Partner va se révèler finalement être une série très riche, qui va au-delà du simple legal drama...

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En effet, outre l'aspect judiciaire, c'est la vie quotidienne d'un cabinet que la série nous propose. Elle exploite parfaitement tous les codes scénaristiques traditionnellement utilisées dans les fictions coréennes. Un coktail qui prend bien, rendant le tout attractif, et qui lui confère une dimension supplémentaire. Des triangles amoureux aux relations impossibles, des vieilles vengeances aux histoires familiales, la vie de tous s'imbrique de façon plus profonde que les apparences ne le laisseraient imaginer. Et les rapports entre les personnages sont plutôt bien traités, jamais figés et très divers, adoptant parfois un ton très intense, d'autres fois simplement léger et complice.

Les frontières entre le personnel et le professionnel, entre l'amour et la haine, se troublent. Les procès se transforment parfois plus en joutes entre les avocats, qu'en affrontement sur un terrain purement juridique. Chaque personnage cache ses blessures, un passé et un présent pas aussi clair et bien établi qu'on le croirait a priori. Mais chacun évolue aussi et les relations ne tournent pas en rond. La façon d'aborder les romances reste légère, évitant tout excès. Les scénaristes parviennent ainsi à recréer à l'occasion l'ambiance d'une comédie romantique agréable et sympathique, dans laquelle les intrigues ne sont jamais juste un simple prétexte pour rapprocher certains personnages. L'ensemble forme en fin de compte un tout homogène et équilibré.

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Bilan : Partner est une série rafraîchissante, à laquelle on s'attache rapidement. Elle synthétise habilement les divers codes scénaristiques, tant du legal drama classique, que des imbroglios relationnels qui sont une composante traditionnelle des fictions coréennes. Tour à tour drôle, touchante et émouvante, elle exploite efficacement tous les ingrédients qui sont à sa disposition pour s'imposer comme un divertissement agréable, jouant sur l'affectif tout autant que sur ses intrigues judiciaires qui sont toujours travaillées. Chaque épisode se situe dans la continuité du précédent : les histoires personnelles, tout comme certains secrets enfouis dans le passé des personnages, constituent un fil rouge, récurrent qui vient se mêler et bouleverser les vies professionnelles. Au bout du compte, le coktail prend bien et les épisodes s'enchaînent  avec aisance.

A noter que, par son utilisation de codes relativement universels, qui ne sont pas étrangers aux productions occidentales, Partner est une fiction moderne qui devrait être relativement bien accessible à tout téléspectateur, même non familier des séries coréennes.
N'hésitez donc pas à être curieux !


NOTE : 7/10


La bande-annonce (Trailer 1) :