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20/03/2013

(J-Drama / Pilote) Saikou no Rikon : une comédie nuancée et authentique sur la fin d'une relation

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Restons au Japon en ce mercredi asiatique pour revenir sur une autre intéressante série de cet hiver : Saikou no Rikon. Diffusé sur Fuji TV dans son créneau du jeudi soir à 22h depuis le 10 janvier 2013, ce drama s'achèvera justement demain au terme de 11 épisodes. Ce week-end, je me suis plongée dans les premiers épisodes avec curiosité. Saikou no Rikon se présentait comme une comédie romantique relationnelle ; cependant elle avait plusieurs atouts pour retenir l'attention. D'une part, évidemment, son casting solide donnait envie de lui donner une chance. D'autre part, son scénario était signé Sakamoto Yuji, scénariste à qui l'on doit notamment un drama marquant comme Mother. Dès le pilote, Saikou no Rikon prouve être capable d'investir un registre bien à elle, maniant une tonalité légère et des pointes plus sérieuses, voire poignantes, autour de la problématique du mariage et des relations amoureuses arrivant à leur fin.

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Saikou no Rikon s'ouvre sur le quotidien d'un couple qui bat de l'aile. Comme désaccordés, Mitsuo et Yuka mènent deux vies en parallèle : chaque action de l'un n'engendre que frustrations et incompréhensions chez l'autre. Réunis par les évènements du 11 mars, ils se sont ensuite mariés rapidement ; mais ils semblent s'être tout aussi vite éloignés, ayant dérivé loin l'un de l'autre. Les traits de caractère de chacun ressortent, exacerbant une fatigue et une forme d'exaspération générales. Si Mitsuo est un mari avec ses exigences en matière d'ordre et d'organisation, et un sens des priorités assez particulier (comme s'inquiéter plus pour son bonsaï que pour sa femme après un tremblement de terre). Yuka est, elle, plus spontanée humainement, mais aussi désordonnée. Après avoir adopté le point de vue du mari et présenté ses récriminations répétées, l'épisode se conclut par une décision de divorce prise par Yuka : elle aura finalement été remettre les papiers qu'ils avaient remplis lors d'une énième soirée d'agacement de Mitsuo.

Seulement le divorce ne se résume pas seulement à soumettre des papiers à l'administration. Comment annoncer la nouvelle de la rupture à leurs familles respectives ? A partir de quand peuvent-ils envisager de refaire leur vie amoureuse ; et surtout, comment ? La situation est d'autant plus troublée par le fait que Mitsuo et Yuka continuent pour le moment de vivre ensemble, Yuka ayant dû renoncer à rentrer vivre chez ses parents qui n'ont pas la place de l'accueillir. Cet échec les amène aussi à s'interroger sur l'amour et sur ce qu'ils peuvent attendre d'une relation ; par-delà les griefs qu'ils adressent à l'autre, c'est aussi sur eux-mêmes qu'ils s'interrogent. En cette période trouble, leur route croise celle d'un autre couple : la femme est une ex-petite amie d'université de Mitsuo pour laquelle il a toujours des sentiments. Si en apparence, ce duo semble avoir trouvé un équilibre qui lui est propre, ce dernier apparaît aussi très précaire... Dans les tergiversations amoureuses qu'elle se propose de raconter, la série va aussi être un véritable apprentissage de soi.

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Si on pouvait craindre le genre des comédies romantiques définitivement saturé, Saikou no Rikon prouve qu'il est toujours possible de proposer une fiction très rafraîchissante dans ce registre. Sa légèreté ambiante est parfaitement utilisée comme un moyen narratif permettant d'explorer, de façon très directe, des thématiques relationnelles diverses. La sobriété de son approche comique est à saluer : le drama ne cherche jamais à forcer sur la corde de l'humour, ne tentant ni d'enchaîner les gags, ni de provoquer coûte que coûte des éclats de rire. C'est par petites touches qu'il fait régulièrement sourire, grâce aux décalages et aux réactions de ses personnages. Signe de sa maîtrise narrative, il est aussi capable d'une versatilité de tons appréciables, gérant avec habilité des passages plus poignants émotionnellement.

La particularité de Saikou no Rikon tient aussi à son angle d'attaque : le drama met en scène des couples en train de se défaire, évoquant donc d'abord ces moments où l'amour vascille et où bien des certitudes s'effondrent. Pour capturer les spécificités de ces périodes difficiles, le drama a la chance de pouvoir s'appuyer sur de riches dialogues, souvent savoureux, étonnamment justes, portés par une écriture ciselée très solide. Il s'agit d'une série qui laisse une large place à l'expression de chacun : il y a la volonté de permettre aux personnages de dévoiler leurs états d'âme et d'expliquer leurs attentes. Ces multiples échanges rapides, mais aussi ces longues tirades tendant vers le monologue, apparaissent comme autant de fenêtres grandes ouvertes vers le coeur de chacun. Derrière la difficulté des uns et des autres de traduire en mots leurs ressentis, voire leurs sentiments, se perçoit aussi plus simplement la difficulté que chacun a de se connaître et de se comprendre.

Dans cette optique, Saikou no Rikon accorde un soin tout particulier à ses personnages, détaillant leurs réactions mais aussi leurs points de vue face aux situations mises en scène. S'esquissent des portraits complexes, éloignés de toutes caricatures unidimensionnelles. Les différents protagonistes sont présentés avec leurs qualités et leur défauts : ils forment des personnes entières, complexes, armées de leurs certitudes et amoindries par leurs points faibles. Tour à tour agaçants, touchants, déconcertants, et même désarmants, ils constituent un quatuor très dissemblable. La diffuse impression de proximité et de normalité qui les entoure séduit un téléspectateur justement prêt à s'investir dans des personnages qui, eux-mêmes, se perdent et sont en quête de nouveaux repères dans les intrigues relationnelles éprouvantes qu'ils traversent. Il y a, dans cet ensemble terriblement humain et si riche en contradictions, une forme d'authenticité et d'émotions à fleur de peau qui permettent à la série de trouver son identité propre dans un genre pourtant sur-exploité.

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La forme s'adapte parfaitement à la maîtrise narrative que l'on retrouve sur le fond et aux évolutions des tonalités. La réalisation est relativement classique ; cependant, elle sait jouer sur tous les ressorts du genre, capable d'évoquer la comédie burlesque comme de relater des scènes solitaires déprimantes. Mais c'est surtout toute l'ambiance musicale du drama qui impulse un dynamisme des plus appréciables. Les instrumentaux sont bien choisis, tout en ayant cette retenue constante qui évite tout excès. Symbole de cet intéressant dosage, on retrouve en guise de générique de fin une belle chanson de Kuwata Keisuke (intitulée Yin Yang - mais le seul fait de confier une chanson de fin à ce chanteur est généralement gage de qualité ; souvenez-vous de Control ~ Hanzai Shinri Sousa). Durant ce générique, les personnages suivent une chorégraphie qui évolue à chaque épisode, en fonction des évènements qui se sont déroulés. Une parfaite façon, bien dans le ton de la série, pour conclure ces 45 minutes !

Enfin, le dernier argument en faveur de Saikou no Rikon tient à son casting. Prometteur sur le papier, il s'impose d'emblée comme une belle réussite. Dès le pilote, c'est tout d'abord Eita (Last Friends, Soredemo Ikite Yuku) qui se démarque, avec un personnage qu'il aurait été facile de trouver vite agaçant s'il n'y avait pas eu ce jeu riche en nuances de l'acteur, qui maîtrise les longues tirades, comme les éléments un peu plus burlesques, de façon extrêmement convaincante. Ono Machiko (Gaiji Keisatsu, Mother, Magma) interprète, avec beaucoup de naturel, sa très vite ex-femme, qui se dévoile progressivement au cours de ces premiers épisodes. Quant au couple qui rentre dans leurs vies tandis que le quotidien de Mitsuo et Yuka éclate, ils sont joués respectivement par Maki Yoko (Unmei no Hito) et Ayano Go (Cleopatra na Onnatachi).

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Bilan : Doté d'une écriture dense, accordant un soin particulier aux détails pour caractériser et comprendre les différents personnages, ainsi que les situations dans lesquelles ils se trouvent, Saikou no Rikon signe des débuts très solides. Sa tonalité légère, mais capable de versatilité, apporte une fraîcheur appréciable. Bénéficiant d'un casting convaincant, avec des acteurs qui vont trouver ici des rôles dans lesquels ils peuvent pleinement s'exprimer, ce drama très parlant choisit de plus un angle d'approche intéressant, celui de la fin d'une relation, conscient qu'un amour vascillant révèle toujours bien des choses sur chacun d'entre nous. C'est donc une fiction toute en nuances, pleine d'humanité, qui démarre sur de bonnes bases. Les amateurs devraient apprécier. A suivre !


NOTE : 7,5/10


Le générique de fin du 1er épisode (la mise en scène évolue d'un épisode à l'autre) :

Une bande-annonce du drama :

BONUS - Le clip de la chanson de fin en entier :

05/05/2010

(J-Drama / Pilote) Sunao ni Narenakute : du virtuel à la rencontre IRL, portrait d'une socialisation moderne



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Un "mercredi asiatique" original aujourd'hui : ce n'est pas en Corée du Sud mais au Japon que je vous emmène pour explorer cette saison 2010 et ses nouveautés. Car ma téléphagie a connu un nouveau tournant, parmi les cycles qui l'animent. Cela devait faire plus d'un an que je n'avais plus regardé de j-dramas. Et bien, je vous annonce qu'après de longs mois d'hibernation, il semblerait que mon intérêt pour le Japon se soit soudain réveillé au cours de la semaine passée. En somme, il est fort probable que ce pays ne soit plus une destination si exceptionnelle que ça, dans le cadre du mercredi asiatique (même si la Corée du Sud demeure privilégiée).

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Il faut dire que je passais trop de temps à lire des reviews de séries japonaises, en quête de la petite étincelle, pour échapper éternellement au prosélytisme d'un internaute qui me convaincrait de sauter le pas et de rompre cette distance prise avec le petit écran du pays du Soleil Levant. Le tournant s'est donc produit la semaine passée : sur le blog Ladytelephagy (une mine d'or, notamment en découvertes de pilotes de tous les horizons, que je soupçonne constituée grâce à l'utilisation d'une machine à voyager dans le temps pour réussir à regarder tout cela en le reviewant), la critique proposée sur un des nouveaux dramas de ce printemps a aiguisé ma curiosité : elle concernait Sunao ni Narenakute. Série présentée a priori un peu comme la rencontre improbable de classiques comme Last Friends et Densha Otoko, je suis ressortie très satisfaite de cette découverte.

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Sunao ni Narenakute est un drama diffusé depuis le 14 avril 2010 sur Fuji TV. Projet assez ambitieux à la base, disposant d'un casting accrocheur, la série a la particularité d'avoir choisi comme concept de départ, un outil très actuel : twitter. Cette inspiration n'est pas le propre du Japon, puisque des scénaristes aux quatre coins de la planète (aux Etats-Unis, par exemple) commencent à s'intéresser au potentiel narratif se cachant derrière ces micro-messages du quotidien  et leurs frustrants 140 caractères. Cependant, plus qu'un drama sur cet outil de communication particulier, Sunao ni Narenakute s'empare d'une thématique relativement générale : celle de la place du virtuel dans la construction du lien social au sein de nos sociétés modernes, initiant par ce biais une réflexion sur ses rapports avec la vie réelle. La représentation de twitter dans ce drama le rapproche d'ailleurs un peu d'une forme d'ersatz de chat privé, tant les différents followers paraissent former une communauté fermée (même si la suite du drama nous montre que ce n'est, malheureusement peut-être pour certains, pas le cas).

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nous introduit donc dans les vies compliquées de plusieurs jeunes adultes, habitués à échanger leurs dernières réactions sur leur vie via internet. Un quotidien personnel qu'ils présentent évidemment sous un jour biaisé, cédant facilement à la tentation de l'embellir ou de ne sélectionner que certaines informations à partager avec leurs followers. Cependant, le maintien facile de cette fiction, générée par la distance, va voler en éclat le jour où l'un d'entre eux propose une rencontre IRL ("in real life"). La série va alors explorer cette composante spécifique des relations humaines entretenues sur internet, la présentant avec une sobriété et une justesse qui sonnent profondément authentiques. Ne perdant pas de temps en introduction inutile, le pilote présente immédiatement les enjeux. S'y déroule ainsi la première réunion, dans la vraie vie, entre Nakaji (Keisuke), Haru (Tsukiko), Doctor (Seonsu), Linda (Kaoru) et Peach (Hikaru), une amie de Haru se laissant entraîner par l'enthousiasme de cette dernière.

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Le premier attrait de ce drama réside dans la mise en valeur de sa dimension humaine. Signe de la maturité de son écriture, la série aborde des thèmes adultes, n'hésitant pas à traiter de sujets difficiles. Si l'amour demeure invariablement une dynamique centrale, il se place loin d'une présentation fleur bleue idéalisée. Et, surtout, viennent s'y greffer des maux modernes, entravant bien plus sûrement que le jeu des sentiments, le quotidien de chacun des personnages. Certes les premiers épisodes n'évitent pas toujours le recours aux accents du mélodrame. Pour autant, la série ne verse jamais dans un pathos excessif dans lequel l'ambiance se ferait trop pesante. Agrémentée de scènes plus légères, où le collectif soudé permet d'alléger l'ensemble en se tournant résolument vers l'avenir, Sunao ni Narenakute se révèle souvent touchante, voire émouvante. Elle propose une exploitation pleine et entière de toute la large palette d'émotions humaines. Le mélange de ces différents ingrédients fonctionne : il se dégage de l'ensemble une véritable vitalité communicative.

Les scénaristes parviennent instinctivement à un équilibre fragile, mais convaincant, pour le moment, entre les diverses tonalités, réussissant à alterner le drame et les moments d'éclaircie marqués par ce besoin irrépressible d'aller de l'avant. Dans cette perspective, une des forces de Sunao ni Narenakute, qui assoit sa portée, reste d'avoir choisi une approche frontale et explicite pour nous relater les problèmes rencontrés par ses héros. Car, au sein de cette galerie de personnages très différents, rapprochés par une solitude que les rapports virtuels ne peuvent pleinement compenser, leur point commun semble être la façon dont la vie a pu, ou continue de, les abîmer. Nous sommes en effet face à des individus plus ou moins brisés, plongés dans des situations difficiles, voire intenables, pour lesquels cette rencontre IRL va peut-être pouvoir être une bouée de sauvetage. Apprendre ou re-apprendre l'amitié, l'amour... Sunao ni Narenakute, c'est aussi une réponse à l'isolement de l'homme moderne dont le salut passe par la force du collectif.

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Il faut dire que nos héros ont bien besoin de tirer parti de la maxime suivant laquelle "l'union fait la force". Car ils doivent face fae à de vrais problèmes, à bien des égards insolubles. Ainsi, Haru est une jeune professeur qui découvre son métier. Son absence de confiance en elle, qui se manifeste par un manque d'assurance chronique, rejaillit dans sa vie professionnelle, mais aussi personnelle. Nakaji, lui, se rêve artiste-photographe ; mais il navigue pour le moment entre un rôle d'assistant et réalisateur de photos de charme. Plus précaire encore, Doctor a immigré de Corée du Sud il y a quelques années. S'étant créé une identité de médecin dans le monde virtuel, il se heurte en réalité à l'environnement professionnel hostile des commerciaux, subissant quotidiennement humiliations et brimades de la part de ses supérieurs (une forme de racisme ?). Dans cette catégorie "très compliquée", il est également possible d'y classer la vie de Peach, laquelle semble avoir perdu tout sens. Mal dans sa peau, la jeune femme a l'impression d'être cernée de toute part. Entretenant une liaison sans futur possible avec un homme marié, elle pense être enceinte. Cherchant un exutoire dans l'automutilation, c'est un appel au secours qu'elle lance à ses nouveaux amis. Enfin, prouvant que les apparences peuvent être trompeuses, Linda paraît avoir la vie professionnelle la plus épanouie. Mais le jeune homme est confronté aux avances de plus en plus pressantes de sa supérieure hiérarchique. Une situation de harcèlement qui n'arrange pas ses problèmes physiques rencontrés lors de l'acte sexuel lui-même.

En somme, nous voilà donc aux prises avec des personnages bien écornés, parfois de façon irrémédiable. Le flirt avec une issue tragique est continuel. Le flashforward d'ouverture du premier épisode, spoiler dispensable mais qui pose un enjeu majeur, ne fait que souligner une évidence, que Peach mettra la première en acte. En dépit de ce cadre guère festif, Sunao ni Narenakute évite l'écueil de l'apitoiement : c'est un message où perce l'espoire que véhiculent les premiers épisodes de la série, posant finalement les bases optimistes d'une possible amitié. Le drama est d'autant plus dense qu'aucun de ses personnages ne se réduit à ses seules difficultés. Chacun présente plusieurs facettes, que le pilote ne permet que d'entre-apercevoir. Il esquisse des personnalités complexes, très loin d'être unidimensionnelles. Conservant ainsi l'attention du téléspectateur, ce sont autant de promesses pour les épisodes à venir, et de développements potentiels que l'on attendra avec curiosité.

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L'autre grande problématique évoquée par Sunao ni Narenakute correspond à ce portrait de socialisation moderne que le drama introduit. Sa description du passage du virtuel à la rencontre IRL sonne d'ailleurs très juste : sont exposés les différents stades de ce processus, au sein desquels le téléspectateur familier d'internet s'y retrouve aisément, des hésitations initiales jusqu'aux petits flottements et nécessaires ajustements à réaliser lorsque l'on se côtoie ensuite dans la vraie vie. La série est une occasion de permettre l'initiation d'une réflexion sur les rapports nés des réseaux sociaux. Plus globalement, elle traite de la socialisation des générations actuelles, mais aussi de la solitude engendrée par le rythme de vie d'une société qui s'agite autour de chaque individu, sans se préoccuper des sorts particuliers. A ce titre, il faut souligner certains dialogues particulièrement bien écrits, aux accents très authentiques, notamment les moments où les personnages exposent les raisons pour lesquelles chacun a éprouvé le besoin d'échanger sur twitter, puis de se rencontrer dans la réalité. Ces passages intéressants touchent une fibre sensible.

Au-delà des lourds problèmes individuels introduits, Sunao ni Narenakute met en exergue des maux plus profonds dont souffrent les sociétés modernes, soulignant cette déstabilisante perte de repères, conséquence d'une rupture du lien social au sein de milieux pourtant surpeuplés comme l'espace des grandes villes. Chacun s'y croise, mais personne ne se voit, en témoigne la scène du début où Haru et Nakaji traversent le même pont sans échanger un regard. Instinctivement, l'être humain recherche des palliatifs, pour corriger ce sentiment d'isolement. La série est aussi une invitation pour découvrir jusqu'où nos outils de communication et toute cette technologie peuvent nous conduire et nous aider sur cette voie, peut-être aussi à double tranchant.

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Sur un plan formel, la série se révèle des plus solides. La réalisation reste classique, mais offre quelques bons plans. A l'occasion, le découpage de l'écran et les balayages de changement de scènes s'insèrent sans souci dans la narration globale. La bande-son est plutôt sympathique et plaisante, collant bien à l'ambiance générale ; il faut cependant noter la forte présence de chansons anglophones.

Enfin, si tous ces arguments déjà énoncés ne vous ont pas encore convaincu de laisser sa chance à Sunao ni Narenakute, son casting devrait lui attirer les faveurs de quelques téléspectateurs supplémentaires, au vu des têtes connues qui s'y pressent. On retrouve en effet à l'affiche un couple phare composé de Eita et Ueno Juri (ce qui ne fait, certes, que renforcer la tentation du téléspectateur de faire des parallèles avec Last Friends). Pour assurer une touche d'international, le chanteur coréen Hero JaeJoong (membre de DBSQ) est venu pratiquer son japonais. Tamayama Tetsuji et Seki Megumi complètent ce casting assez homogène et plutôt solide.

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    Bilan : Série aux premiers abords assez sombres, Sunao ni Narenakute dresse le portrait désenchanté du quotidien d'une génération plongée dans une société où le lien social s'est dilué. S'intéressant à un nouvel outil de socialisation (twitter), elle esquisse une réflexion sur ces réseaux sociaux capables de faire naître des relations qui, à terme, peuvent devenir tout aussi tangibles et solides. Fable sur l'amitié, tout autant que questionnement sur les rapports et la place du virtuel et du réel, ce drama se rélève très riche en émotions les plus diverses, alternant scènes poignantes et instants d'éclaircie salvateurs. Ses premiers épisodes remplissent efficacement leur office, permettant de s'attacher aux différents protagonistes et donnant envie au téléspectateur de s'investir.


    NOTE : 7,5/10


    Une brève présentation de la série :