Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/04/2012

(K-Drama / Pilote) The Equator Man : un mélodrame plein d'assurance mettant en scène des destinées troublées

 
theequatorman.jpg

Ce mercredi asiatique est placé sous le double signe (presque paradoxal) de la nouveauté et du classicisme. Je poursuis mon exploration des k-dramas des mercredi et jeudi soirs actuellement en cours de diffusion en Corée du Sud, avec celui dont j'attendais sans doute le plus. Il faut dire que depuis fin mars, la compétition pour le coeur du public sud-coréen s'est considérablement ressérée. La relative déception causée par King 2 Hearts lui a fait perdre son avance et a permis à ses deux challengers d'atteindre des parts d'audience à deux chiffres, The Equator Man (comme The Rooftop Prince) a ainsi vu ses audiences progresser au fil des semaines.

Ecrit par Kim In Young, scénariste à qui l'on doit notamment Women of the Sun auquel The Equator Man a été comparé, ce drama a débuté le 21 mars 2012. Vingt épisodes sont pour le moment envisagés. Si ce soir sera diffusé en Corée du Sud le neuvième épisode, ma review a été écrite après avoir visionné les cinq premiers. S'appropriant des thématiques bien connues du petit écran sud-coréen, The Equator Man propose un condensé de recettes éprouvées qui sont des valeurs sûres. Si bien qu'il est difficile de ne pas se laisser capturer par ce tourbillon de destinées.

equatormana.jpg

The Equator Man relate l'histoire d'une amitié brisée entre deux jeunes hommes qui vont lutter, chacun à leur façon, pour trouver leur place dans la société. Ce sont des évènements d'adolescence qui vont tout forger, prenant la suite d'autres antagonismes passés. Kim Sun Woo est alors un garçon bagarreur et forte tête, peu porté sur les études. A l'opposé, Lee Jang Il voit dans l'école le seul moyen de s'élever socialement. Il rêve de pouvoir entrer à l'université et d'y étudier le droit. Les deux garçons vont sympathiser et former une alliance inattendue, unissant leurs forces respectives (les poings de l'un, le niveau scolaire de l'autre) pour se forger peu à peu une étonnante, mais solide - du moins en apparence -, amitié.

Cependant le père de Sun Woo tombe malade et se voit contraint de remuer un passé qu'il aurait mieux fallu oublier. Sun Woo n'est en effet pas son vrai fils ; or il décide de contacter directement un des deux pères potentiels de l'enfant, Jin No Sik, un homme d'affaires fortuné, avec lequel il a des relations très compliquées. Les deux hommes finissent par se battre, No Sik laissant pour mort le père (adoptif) de Sun Woo. Un de ses employés se charge de maquiller le meurtre en suicide, achevant l'homme. Or cet employé, soucieux d'y gagner une bourse universitaire pour son fils, est le père de Lee Jang Il. Il sert donc ici, en commettant cet acte, les ambitions de son enfant.

Mais Sun Woo, effondré, ne parvient pas à croire à la thèse du suicide. Des indices semblent d'ailleurs remettre en cause le résultat d'une enquête de police bâclée. Le garçon entreprend de rassembler un dossier à remettre au commissariat pour exiger la réouverture de l'enquête. Mais pendant ce temps, Jang Il, qui fait ses premiers pas à Séoul, découvre le terrible secret de son père et l'origine de la bourse qui lui a permis de réaliser son rêve. Refusant de risquer de tout perdre si Sun Woo va au bout de son idée, il le confronte, puis finit par l'attaquer et le jeter d'une falaise. Sun Woo survit. Grièvement touché, il sombre dans le coma.

Les années passent, chacun poursuit sa vie. Un jour, Sun Woo reprend conscience sur son lit d'hôpital...

equatormano.jpg

The Equator Man est le dernier représentant en date d'un mélange traditionnel du petit écran sud-coréen, où se croisent mélodrame, amour, trahison et vengeance. Assumant parfaitement cette filiation et ces influences évidentes, lesquelles rendent la construction narrative des premiers épisodes familière à tout téléspectateur habitué des k-dramas, c'est plus précisément sur le thème de la destinée que la série pose ses fondations et sa dynamique. Dès le départ, elle valide en effet toutes les coïncidences et rencontres pas si fortuites qu'elle met en scène, de même qu'elle légitimise les sentiments nés d'un simple regard échangé qui vont conditionner les relations et antagonismes futurs. L'important reste qu'elle trouve rapidement ses marques au sein de ces concours de circonstances et rapprochements insolites.

Certes, si le drama ne prend aucun risque, son écriture n'en est pas pour autant exempte de critiques. La principale maladresse récurrente de ces premiers épisodes tient à leur gestion hasardeuse de la dimension temporelle. Non seulement l'absence de repères prête parfois à confusion, mais les ellipses occasionnelles, les brusques accélérations, les montages en parallèle de scènes semblant se dérouler sur une durée très différente, renvoient une impression brouillonne. Comme si la scénariste prenait en compte toutes les scènes clés et passages indispensables, mais avait du mal à leur conférer une homogénéité et un liant. Cependant l'ensemble bénéficie de l'aplomb avec lequel ce classicisme est exposé : tout semble couler de source, et la dimension émotionnelle n'étant pas négligée, le téléspectateur se surprend à se laisser happer par la toile létale en train de se tisser.

equatormani.jpg

Si, comme tout drama sud-coréen, et plus particulièrement ceux mettant en scène un thème lié à la vengeance, la mise en place de l'histoire prend son temps, The Equator Man met opportunément à profit ces débuts pour permettre au téléspectateur de s'investir aux côtés des différents protagonistes. L'objectif évident est de ne laisser personne insensible. Initialement, l'amitié surprenante des deux adolescents est bien dépeinte, avec une authenticité assez touchante - en dépit de l'impression de déjà vu - qui démontre une réelle maîtrise prometteuse du scénariste sur un aspect important : la capacité à insuffler du relief et une certaine force à ses personnages. De même, la confrontation à venir qui scellera leur opposition est amenée avec la dimension tragique, mais aussi une nécessaire fatalité caractéristique, qui ne laissent pas indifférent.

De manière générale, The Equator Man a un potentiel certain du point de vue émotionnel et humain. Les deux protagonistes principaux s'imposent d'ailleurs efficacement, le glissement de Jang Il vers le côté le plus obscur de l'ambition étant bien explicité et apparaissant cohérent avec ce que l'on peut savoir du personnage - le fait que le téléspectateur, devant son petit écran, prenne passionnellement parti contre lui est d'ailleurs sans doute recherché. En dépit d'un manichéisme inhérent à l'histoire - mais qui sera peut-être nuancé ultérieurement -, les figures masculines reposent donc sur des bases solides. Le constat est en revanche plus nuancé du côté des féminines : se résumant au départ presque entièrement aux seuls sentiments éveillés en chacune d'elles par leurs vis-à-vis (Jang Il pour l'une, Sun Woo pour l'autre), elles sont pour le moment peu travaillées, et il est difficile de les cerner ou de s'investir à leurs côtés. Il faut espérer que les développements narratifs permettront de leur donner cette consistance dont elles manquent encore.

equatormanq.jpg

Sur la forme, The Equator Man est un drama plutôt maîtrisé, même s'il peine à vraiment imposer une identité visuelle et musicale qui se démarque. L'ensemble est correct, avec beaucoup d'effets et de mises en scène très classiques, mais aussi quelques touches inutiles comme l'utilisation de ralentis. Au niveau musical, The Equator Man n'a pas la grandiloquence pompeuse de King 2 Hearts, ni la dimension sur-calibrée mais efficace de The Rooftop Prince. C'est une introduction en douceur, assez anecdotique, avec cependant une chanson un peu mélancolique figurant dans l'OST (cf. vidéo ci-dessous) qui correspond bien à la tonalité ambiante.

Enfin, The Equator Man bénéficie - et c'est indéniablement un de ces atouts principaux - d'un casting efficace, en ayant notamment casté pour personnage principal un acteur habitué des dramas de vengeance, Uhm Tae Woong (Resurrection, The Devil, Dr Champ). Durant son adolescence, Kim Sun Woo interprété par Lee Hyun Woo qui trouve lui-aussi bien ses marques et qui confirme la bonne impression qu'il m'avait laissé lors des débuts de Gye Baek. Face à lui, c'est Lee Joon Hyuk (I am Legend, City Hunter) qui incarne de manière convaincante cet ami trop ambitieux qui va être amené à trahir celui qu'il avait considéré comme un proche - il prend la suite du jeune Siwan. Si parfois le manque de subtilité de l'écriture se ressent, le duo propose des interprétations qui permettent de l'occulter en partie. A leurs côtés, pour compléter le quatuor, on retrouve Lee Bo Young et Im Jung Eun.

equatormant.jpg

Bilan : Avec l'assurance que lui confère son classicisme, puisqu'il emprunte des recettes traditionnelles aux mélodrames vengeurs qui ont fait leur preuve par le passé, The Equator Man pose plutôt efficacement les jalons d'une histoire qui, à défaut d'originalité, saura ne pas laisser insensible le téléspectateur. Il ne néglige en effet pas une dimension humaine fondamentale. Seul le temps dira si le drama peut espérer se faire une place dans le genre déjà bien fourni qui est le sien, mais, en dépit de ces quelques maladresses et inégalités d'écriture, ces débuts laissent entrevoir du potentiel. A surveiller.

Les amateurs de revenge drama devraient tout particulièrement y trouver leur compte.


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce de la série :

Une chanson de l'OST :

04/04/2012

(K-Drama / Pilote) The Rooftop Prince : une comédie temporelle attachante

rooftopboy0.jpg

Poursuivons l'exploration des nouvelles séries des mercredi et jeudi soirs en Corée du Sud ! Après King 2 Hearts, cette semaine, je me suis tournée vers Rooftop Prince (ou Rooftop Boy). S'il ne s'agissait pas forcément du drama dont j'attendais le plus en cette saison printanière, j'avoue que le synopsis éveillait quand même ma curiosité. Car, sur le papier, ce drama mettant en scène un improbable voyage temporel semblait proposer un mélange des genres intrigants, même si tout allait dépendre de l'équilibre qui serait trouvé dans la tonalité. 

Diffusée sur SBS, depuis le 21 mars 2012, envisagée pour le moment pour 20 épisodes, Rooftop Prince est diffusé à 22h les mercredi et jeudi soir. De ce coktail mêlant fantastique, comédie, romance et drame, j'ai bien failli ne pas dépasser le premier épisode : peut-être était-ce parce que je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse vibrer avec tant de force la corde mélodramatique, mais il m'a semblé trop pesant pour une première découverte de l'univers... Le déclic est cependant venu du deuxième épisode, immédiatement plus convaincant en basculant dans un registre léger. Si bien qu'avec le recul, je me dis que le pilote introduisait sans doute des bases nécessaires à la construction future d'une histoire pour le moins compliquée (Jugez-en par vous-même dans les paragraphes qui suivent !).

rooftopboyo.jpg

Entremêlant les lignes temporelles, Rooftop Prince compile plusieurs histoires en cours, dans le passé et le présent, avec des protagonistes différents présentant les mêmes traits, il y a 300 ans et en 2012. 

A l'époque de Joseon, le prince Lee Gak a épousé la belle Hwa Yong. Le mariage arrangé concernait initialement la jeune soeur de la princesse, Bu Yong. Mais, alors qu'elles étaient encore enfants, dans un excès de jalousie, Hwa Yong provoqua un accident qui défigura sa soeur. Or une des exigences du jeune prince Lee Gak avait été que son épouse soit belle. C'est donc Hwa Yong qui lui fut présentée ; tandis que Bu Yong, reléguée derrière un masque dans l'entourage de sa soeur, se fait cependant remarquer pour ses traits d'esprit et ses qualités artistiques. Cependant, un jour, le prince se réveille en sursaut, seul alors qu'il a passé la soirée avec son aimée. Pris d'un mauvais pressentiment, il se précipite dehors pour se voir annoncer que le corps de sa princesse a été retrouvé, elle s'est noyée. S'il s'agit de la thèse officielle, Lee Gak ne croit pas à un accident.

Parallèlement, dans le présent, le pilote de Rooftop Prince nous introduit auprès d'autres destinées difficiles. Suite au remariage de son père, Park Ha (qui ressemble à s'y méprendre à Bu Yong) s'est vue adjoindre une grande soeur qui n'a aucune affection pour elle, au contraire. Prête à tout pour s'en débarasser, Se Na (reflet présent de Hwa Yong) la laissera se perdre et finalement grandir loin de leur famille. Ce n'est qu'adulte, suite au décès de son père, que Park Ha retrouvera sa belle-mère et sa soeur. Très ambitieuse, Se Na sort désormais avec Yong Tae Moo, le cousin d'un riche héritier, Tae Yong (semblable au prince Lee Gak). Au cours d'une sortie en yatch, suite à un accrochage, Tae Yong bascule par-dessus bord. Tae Moo ne fera rien pour tenter de le sauver, y voyant une chance de s'imposer comme l'héritier du groupe.

Les évènements vont conduire les timelines à s'entrecroiser. Dans le passé, le prince Lee Gak refuse d'admettre que la mort de sa princesse ne soit pas un assassinat. Rassemblant sous ses ordres trois serviteurs aux qualités complémentaires, il entend mener l'enquête. Mais le groupe est surpris loin du palais par des assassins. Pour leur échapper, ils tentent le tout pour le tout en essayant de franchir un précipice à cheval. Seuls leurs chevaux parviennent de l'autre côté du ravin. Les quatre jeunes hommes ont disparu. Ils réapparaissent 300 ans plus tard, dans le salon d'une petite maisonnée surplombant Séoul, sous les yeux ébahis de Park Ha, qui habite là. 

rooftopboyl.jpg

Si elle nous plonge dans un tourbillon de destinées guère joyeuses tout en mettant en scène des personnages qui n'en perdent pas pour autant leur volontarisme, le charme de Rooftop Prince tient en premier lieu à la manière dont, dès le deuxième épisode, la série s'épanouit dans un registre de comédie temporelle réjouissant. J'ai toujours eu un faible pour ces fictions mettant en scène l'arrivée impromptue d'individus issus d'une autre époque. Le choc des cultures, des moeurs, des technologies (les voitures, mais aussi les ascenseurs réservent bien des surprises !), offrent une palette sans fin de qui pro quo savoureux et de décalages pimentés pour des scénaristes habiles sachant les exploiter. Et ceux de Rooftop Prince appartiennent indéniablement à cette catégorie. Les premiers pas de nos quatre personnages de Joseon dans une Seoul moderne sont tout simplement hilarants, notamment la première nuit où, devant le palais désormais monument historique, ils essaient vainement d'entrer...

Au-delà de ces décalages sur lesquels la série n'hésite pas à insister, mais sans pour autant rompre la dynamique d'ensemble et en faire trop, Rooftop Prince présente une particularité par rapport aux simples comédies temporelles : c'est rien moins qu'un prince de Joseon qu'elle propulse en 2012. Habitué à être obéi sans discussion, autoritaire, n'utilisant jamais la moindre forme de politesse pour s'adresser aux gens, c'est peu dire que Lee Gak est celui qui subit de plein fouet le choc culturel. C'est d'autant plus difficile que le prince se retrouve confronté à Park Ha, jeune femme pragmatique, bien décidée à leur faire rembourser les dégâts causés à son appartement. Bien entouré et protégé par ses fidèles serviteurs, Lee Gak ne peut cependant rien contre les initiatives de Park Ha : non seulement cette dernière est leur seule clé pour comprendre ce monde hostile, mais, ne manquant pas d'aplomb, elle ne va pas hésiter à bousculer le prince, prenant même - il faut l'avouer - un malin plaisir à bouleverser ainsi les certitudes de ce rigide et arrogant jeune homme.

rooftopboyc.jpg
C'est dans la dynamique relationnelle en construction que réside le second atout de Rooftop Prince. Park Ha est une jeune femme pétillante qui, si elle n'a pas été épargnée par la vie, est ressortie plus forte des épreuves. Son personnage présente une ambivalence qui fait souvent mouche, oscillant entre une part d'innocence et de spontanéité chaleureuses et un versant adulte endurci et sans illusion. Ses rapports compliqués avec sa soeur sont représentatifs de cette ambiguïté, tout comme la relation qui s'installe entre elle et le prince. Car Park Ha va tant bien que mal parvenir à obtenir la coopération de son royal invité - toujours dans l'optique d'être remboursée grâce au travail que les quatre jeunes gens effectuent pour elle. Usant de sa position dominante, elle ruse, cède à certains chantages, n'hésite pas à remettre à sa place Lee Gak... Pourtant, dans le même temps, les deux personnages principaux apprennent aussi à se connaître, prenant conscience lors de ces brèves trêves qu'il y a plus en leur interlocuteur que le jugement hâtif que chacun a fait sur l'autre. Les rapports entre Park Ha et Lee Gak font donc office d'étincelles dans ce drama ; et le reste du show devrait s'en inspirer.

Car si Rooftop Prince a su peu à peu me charmer par son confus mélange loufoque et mélodramatique, cela ne signifie pas qu'il faut oublier certains problèmes ; lesquels expliquent en partie la réserve que je garde pour le moment. Au-delà des quelques excès du premier épisode, il faut bien avouer que la série ne fait guère dans la subtilité. Les deux personnages "opposants" à nos héros ne sont absolument pas nuancés, caricatures d'ambitions, dont les motivations - surtout celles de Se Na - ne sont pas explicitées. Trop binaire, trop manichéen, le drama court le risque de tendre vers un mélodrama superficiel qui raterait son objectif principal, celui de susciter de l'empathie auprès du téléspectateur, en simplifiant à outrance les oppositions. C'est précisément cette impression que les scénaristes en faisaient trop sans prendre le temps de se justifier et de nous faire connaître chaque point de vue qui m'a gêné dans le pilote. Je veux bien admettre qu'il s'agissait d'un épisode d'exposition nécessaire, mais je reste cependant méfiante sur la gestion future du volet dramatique.

rooftopboyv.jpg

Intéressant sur le fond, Rooftop Prince l'est également sur la forme. Il s'agit en effet d'un drama maîtrisé, classique dans le bon sens du terme. La photographie est belle, colorée comme il se doit. La caméra use de quelques effets bienvenus pour faire un peu plus vibrer la corde comique de certains passages, comme des accélérés qui provoqueront plus d'un sourire. Mais l'ensemble reste cependant relativement sobre. Et surtout, on retrouve en arrière-plan une jolie bande-son, avec des musiques correspondant bien aux différentes tonalités et utilisées à bon escient pour souligner la tonalité de l'instant. Sans apporter quoique ce soit de nouveau au petit écran, c'est donc un drama qui sait bien jouer sur tous les ingrédients formels qu'il a à disposition.

Enfin, le casting rassemblé par Rooftop Prince est très sympathique. J'ai beaucoup d'affection pour Han Ji Min (Resurrection, Capital Scandal) : non seulement c'est toujours un plaisir de la retrouver, mais en plus, elle prend très vite la mesure d'un personnage pétillant qu'il est difficile de ne pas immédiatement aimer. Face à elle, Micky Yoochun, que je connaissais surtout pour les premiers épisodes de Sungkyunkwan Scandal, m'a agréablement surprise dans un rôle de prince, forcément un peu rigide, mais qui trouve à s'exprimer de manière très démonstrative dans un registre de comédie un peu burlesque assez réjouissante. De plus, les scènes entre les deux acteurs fonctionnent très bien, avec une dynamique qui fait plaisir à voir. A leurs côtés, on retrouve également Jung Yoo Mi, Lee Tae Sung, Jung Suk Won, Choi Woo Shik et Lee Min Ho. 

rooftopboyp.jpg

Bilan : Comédie temporelle décalée, ne négligeant pas pour autant une dimension plus mélodramatique qui pourra toucher le téléspectateur à condition qu'elle parvienne à se nuancer, Rooftop Prince se réapproprie avec une certaine fraîcheur des dynamiques relationnelles classiques du petit écran sud-coréen. Plaisante à suivre et même attachante lorsqu'elle investit un registre léger, la série est plus maladroite quand elle s'aventure sur des plate-bandes tragiques. Cependant, il ne tient qu'aux scénaristes de construire, à partir de ces intéressantes fondations, une fiction capable de mûrir au fil des épisodes. Evolution à suivre.


NOTE : 6,75/10


Le générique de la série :

La bande-annonce de la série :

Une chanson de l'OST (avec un MV comprenant des images des premiers épisodes) : 

28/03/2012

(K-Drama / Pilote) The King 2 Hearts : des relations pimentées sur fond de rapprochement des deux Corées


king2hearts0.jpg

Le printemps est là ! Il ne se limite pas au ciel bleu et à ces températures tempérées. En Asie, les saisons télévisuelles suivent le rythme du climat. C'est donc l'arrivée dans les grilles de nouvelles séries. Si l'hiver m'avait assez peu emballé en Corée du Sud (hormis History of the Salaryman), les projets des grandes chaînes annoncés pour ce printemps aiguisent déjà plus ma curiosité. Sauront-ils me convaincre ? C'est une autre histoire. La semaine dernière avait lieu la première grande confrontation entre les chaînes qui lançaient toutes leurs nouveautés des mercredi et jeudi soirs. Dans cette lutte des audiences, c'est King 2 Hearts qui en est sortie vainqueur, avec plus de 16% d'audience. 

Ce drama n'était pas forcément celui que j'attendais le plus, même si la seule présence de Ha Ji Won l'avait logiquement placé en haut de la pile à découvrir. Ce sera donc la première série du printemps asiatique évoquée sur ce blog. Lancée le 21 mars 2012 et diffusée sur MBC, elle est à ce jour prévue pour 20 épisodes. Si son genre (comédie, drame, romance, action ?) demeure pour le moment flou, le thème ne vous sera pas inconnu : on va encore parler de Corée du Sud, de Corée du Nord, et de mariage et d'amour, avec une approche cependant très différente de Korean Peninsula (Hanbando), ou même de Myung Wol the Spy l'an dernier. Les deux premiers épisodes n'auront pas suscité de coup de coeur, mais le drama a cependant quelques atouts...

king2heartsc.jpg

King 2 Hearts se situe dans une réalité alternative, dans laquelle la Corée du Sud est une monarchie constitutionnelle ; les deux Corées y sont pareillement séparées, avec une histoire passée semblable à celle de la réalité. Nous sommes dans une période de détente et d'esquisse de coopération entre les deux régimes, dans l'optique de consolider la paix dans la péninsule (même si cela ne plaît pas à tout le monde, et que certains spéculateurs ont au contraire intérêt à souffler sur les braises des différences entre les deux pays). Pour marquer cette alliance, rien de tel qu'une compétition durant laquelle les sud et nord-coréens se battront au sein d'une seule équipe et sous les mêmes couleurs. Ce sera la World Officer Championship (WOC) : une épreuve internationale qui voit s'affronter des militaires issus de différents pays.

Il est prévu que le Nord et le Sud fournissent 3 soldats chacun pour constituer l'équipe de six officiers qui représentera la nation coréenne dans son ensemble. Parmi les représentants du Nord, Kim Hyang Ah, une instructrice de fer dans les forces spéciales, se laisse convaincre par son supérieur de participer à l'épreuve. Au Sud, outre deux officiers sélectionnés sur leur mérite, le roi décide de faire un geste symbolique fort : il contraint son jeune frère, Lee Jae Ha, à être le troisième représentant de la Corée du Sud. Mais Jae Ha est avant tout un héritier irresponsable et frustrant qui n'a aucun sens de l'intérêt général...

king2heartsf.jpg

C'est après quarantes premières minutes relativement poussives que King 2 Hearts démarre véritablement. Dès le départ, un défaut récurrent du drama est perceptible : cette façon des scénaristes de céder trop souvent à la facilité et aux raccourcis. Ainsi, l'aperçu du passé du prince Jae Ha et de de son frère, puis l'introduction rapide des premiers enjeux, vont à l'essentiel, mais se déroulent de manière trop expéditive pour permettre de s'attacher en dépit de quelques scènes qui auraient mérité d'être approfondies. Une fois dans le présent, avec la situation du WOC et de cette union entre le Nord et le Sud posée, la série gagne considérablement en vitalité, se construisant sur les confrontations entre les personnages. Ce sont alors les dynamiques s'installant entre les deux protagonistes principaux qui retiennent l'attention : pimentées comme il se doit, rythmées par un sens de la répartie des plus piquants, cette relation conflictuelle saura provoquer quelques francs éclats de rire et même toucher. 

Cependant, paradoxalement, si Hyang Ah et Jae Ha partagent de manière convaincante toute sorte de scènes - aussi bien comiques et excessives, que intimes et dramatiques -, leurs personnages peinent à s'imposer individuellement. Le problème vient de la tendance des scénaristes à toujours vouloir forcer et grossir leurs traits de caractère. Si l'insolence et l'inconséquence de Jae Ha sonnent vite un peu répétitives, c'est surtout Hyang Ah qui frustre le téléspectateur. Le personnage se retrouve enfermé dans une psychologie binaire, oscillant entre la femme d'action et la trentenaire célibataire désespérée : loin de lui donner la moindre épaisseur, ce manque de subtilité de l'écriture empêche toute cohérence dans sa personnalité. Tiraillée entre des postures opposées et caricaturales, Hyang Ah sonne faux ; et l'on peine donc à s'attacher à elle. Ce manque d'empathie émotionnelle reste d'ailleurs la conséquence la plus problématique de ces débuts hésitants, même si le relationnel laisse entrevoir du potentiel.

king2heartsl.jpg Au-delà d'une dimension humaine demandant quelques ajustements - ce que le temps lui permettra peut-être -, c'est par sa tonalité très changeante que King 2 Hearts se révèle la plus déroutante. La série entreprend en effet, au cours de ces deux premiers épisodes, de brouiller les attentes du téléspectateur, se maintenant volontairement à la croisée de genres a priori sans rapport. C'est ainsi qu'elle alterne, souvent sans la moindre transition, et parfois au cours d'un seul et même échange, les passages dramatiques et les échanges plus comiques. Plus d'une fois, la tonalité bascule de manière inattendue, passant d'un registre grave et sérieux, à un scène légère qui pourrait tout droit être issue d'une comédie romantique. De la même façon que le personnage de Ha Ji Won, le drama y perd en cohésion, car les scènes aux tonalités très différentes sont souvent trop déconnectées entre elles pour parvenir à proposer un tout homogène.

Ce parti pris des scénaristes a cependant un objectif très clair : en tentant de jouer sur tous les tableaux, King 2 Hearts essaye de parler au plus large public possible. En effet, chacun y trouve obligatoirement en partie son compte durant ces deux premières heures : le drama réussit à trouver le temps de s'adresser aussi bien à l'amateur de drama sérieux avec un arrière-plan géopolitique accrocheur qu'à celui de comédies volontairement absurdes et excessives (ne me demandez pas dans quelle catégorie se classe la M society...). Il y en a pour celui qui rêve de future romance fleur bleue, comme pour celui qui savoure les séries d'action. Cette ambition "généraliste" a cependant ses limites : à refuser de choisir, la série entretient un flou agaçant sur son orientation future : quelle est donc la logique narrative à l'oeuvre ? Ce scepticisme qui naît au fil des deux épisodes est renforcé par le fait que si les styles sont très divers, l'écriture reste malheureusement très traditionnelle : il n'y a pas d'originalité, ni d'étincelle, dans un contenu qui manque de relief - hormis durant quelques rares moments réussis (comme la confrontation du prince avec son frère pour le force à rejoindre l'équipe de la WOC) - et ne surprend quasiment jamais.  

king2heartsj.jpg

Sur la forme, King 2 Hearts dispose d'un visuel soigné, et d'importants moyens mais qui ne sont pas toujours utilisés à bon escient. La réalisation est travaillée ; la caméra sait certainement mettre en valeur ses décors et dispose d'un certain oeil pour la mise en scène. Cependant le drama donne parfois le sentiment d'en faire trop. Plus que l'esthétique, c'est la bande-son qui frise l'overdose en morceaux de musique classique : à force d'omniprésence, ils tendent à devenir très pompeux. Cela produit sur le téléspectateur l'effet inverse de ce qui est recherché : cet étalage ostentatoire agace, et réduit sa patience vis-à-vis du drama sur le fond. J'aurais donc juste une demande pour la suite : un peu de sobriété !

Enfin, King 2 Hearts bénéficie d'un casting où chacun se voit attribuer un registre dont on sait qu'il le maîtrise parfaitement. Lee Sung Ki (Shining Inheritance, My Girlfriend is a Gumiho), en héritier inconséquent, remplit sa part du contrat ; tandis que Ha Ji Won (Damo, Secret Garden) renoue avec un rôle qu'elle connaît bien, même si malheureusement écrit de façon quelque peu schizophrène, alternant sans transition entre la femme d'action endurcie et celle qui se nourrit de rêves de mariage inaccessibles. Les deux acteurs fonctionnent en tout cas efficacement ensemble, et leurs scènes communes ne manquent pas d'une certaine alchimie. A leurs côtés, on retrouve Jo Jung Suk (What's up) - qui se rappelle au bon souvenir de nos oreilles dès le deuxième épisode -, Lee Yoon Ji (Heading to the ground) et Yoon Je Moon. 

king2heartsi.jpg

Bilan : Après un début quelque peu poussif, King 2 Hearts trouve progressivement son rythme en exploitant d'intéressantes dynamiques relationnelles qui se nouent entre les personnages. Navigant volontairement à la croisée des tonalités, le drama se veut rassembleur : chaque public qui y trouvera partiellement satisfaction. Cependant, doté d'une écriture manquant singulièrement de subtilité et de nuances, cédant trop souvent à des raccourcis faciles, il peine à trouver son identité. La série semble s'égarer entre les différents genres sans réussir à convaincre pleinement dans aucun des registres auxquels elle s'essaie. A la fois trop dispersée et trop calibrée, il lui manque une direction claire. 

C'est donc un drama peut-être à poursuivre pour encore quelques épisodes afin de voir comment évoluera la gestion des rapports au sein du duo principal, mais cela ne sera sans doute pas mon k-drama de la saison !


NOTE : 5,75/10


Une bande-annonce :

Une chanson de l'OST : 

21/03/2012

(K-Drama / Pilote) Special Affairs Team TEN : une intéressante série policière

specialaffairsteam0.jpg

Restons en Corée du Sud en ce mercredi asiatique ! J'écris souvent que je n'aime plus guère les séries purement procédurales. Comme toutes les affinités téléphagiques, cela n'a rien de bien figé, et je ne demande qu'à croiser justement des séries qui bousculent mes préconceptions. C'est ce qu'il s'est passé samedi soir lorsque je me suis installée devant le (long !) pilote de Special Affairs Team TEN. Initialement, je l'avoue, j'avais laissé mes préjugés l'emporter à la fin de l'année dernière (du procedural policier? non merci...), mais quelques échos plus récents ont fini par éveiller ma curiosité.

Special Affairs Team TEN a été diffusé sur la chaîne du câble OCN, du 18 novembre 2011 au 13 janvier 2012. Elle occupait un créneau tardif, puisque programmée le vendredi à minuit. De quoi permettre au gestionnaire du stock d'hémoglobine de la chaîne de laisser libre cours à son âme d'artiste pour reconstituer les crimes les plus sanguinolants. La série compte un pilote, qui est un douple épisode de 2 heures, et 8 épisodes ensuite d'1 heure (comptabilisés comme un total de 10). Après quatre épisodes vus (sur 10), la série a vraiment su me fidéliser. J'irai jusqu'à son terme !   

specialaffairsteama.jpg

La Special Affairs Team TEN est une unité spéciale de la police criminelle qui va être formée au terme du pilote. Elle a pour but de s'occuper des plus violents crimes qui ont été commis dans le pays ; ceux qui sont les plus complexes et restent souvent non résolus. Sa direction a été confiée à Yeo Ji Hoon. Ce professeur est un ex-détective de renom, à la réputation trouble, qui avait quitté son poste au sein de la police pour des raisons qui restent floues au début de la série. La première affaire, à laquelle se consacre le pilote, va permettre à Ji Hoon de rassembler autour de lui une équipe aux talents complémentaires. 

C'est en effet un trio efficace qui se constitue sous ses ordres. On y retrouve de jeunes recrues : Park Min Ho, un nouveau policier qui ne demande qu'à apprendre, et Nam Ye Ri, une jeune détective qui se morfondait jusqu'à alors dans des tâches subalternes, mais dont les qualités pour comprendre les gens et dresser leur profil lui ouvrent la voie vers cette unité. A l'opposé, le dernier membre, Baek Do-Sik, est un vétéran expérimenté, très obstiné et qui sait faire confiance à son instinct. La série nous propose donc de suivre ce quatuor dans leurs investigations, tandis que peu à peu, ils deviennent une "équipe".

specialaffairsteamf.jpg

La première force de Special Affairs Team TEN tient à la tonalité choisie par le drama. Proposant un mélange des styles assez bien dosé, il alterne en effet entre drame pur et comédie avec un naturel qui rend le visionnage très agréable. Ainsi, lorsque l'épisode se focalise sur l'intrigue du jour, les passages sont généralement pesants, mettant en scène des crimes violents et/ou poignants. En revanche, lorsqu'il s'arrête sur les actions des personnages eux-mêmes, il est fréquent qu'il se permette des scènes soudain plus légères, voire même qui prêtent vraiment à sourire. Ces parenthèses ne remettent jamais en cause le liant du scénario, si bien que ce curieux cocktail fonctionne étonnamment bien à l'écran. Il rompt tout risque de monotonie et permet au téléspectateur de s'investir non seulement dans l'histoire du jour, mais plus globalement dans l'atmosphère de la série.

Le deuxième aspect qui permet à Special Affairs Team TEN de s'imposer dans son registre tient plus simplement à ses enquêtes. Celle du pilote, particulièrement complexe (d'aucuns diraient alambiquée), est d'une intensité psychologique qui ne saurait laisser le téléspectateur insensible. Le deuxième épisode est plus quelconque, mais à nouveau le troisième renoue avec ce jeu constant des fausses pistes multiples, face à une affaire compliquée dont on ne sait trop par quel bout la prendre. Dans l'ensemble, le scénario apparaît donc toujours bien travaillé. Et non seulement l'ensemble offre un lot de rebondissements suffisant pour ne pas s'ennuyer, mais le téléspectateur se laisse aussi surprendre par certaines issues ; la première enquête est un modèle du genre en terme de complexité ! Sans être brillante, la série soigne de façon très correcte son assise policière.

specialaffairteami.jpg
Si le curieux mélange entre noirceur et détente adopté par Special Affairs Team TEN constitue sans doute sa valeur ajoutée la plus attractive, il convient également de ne pas négliger l'importance des personnages. Le drama semble porter un intérêt sincère à ses quatre protagonistes principaux. Il réussit à éviter l'écueil majeur où viennent s'échouer tant de cop shows de ce genre, celui de présenter un chef quasi-omniscient dont les subordonnés ne seraient réduits qu'à de simples faire-valoirs. Ici, au contraire, chacun a son rôle et trouve généralement sa place au cours de l'enquête menée. Cette complémentarité soulignée permet une réelle homogénéité, et le mot "équipe" prend finalement tout son sens.

Pour autant, cela ne signifie pas que Special Affairs Team TEN se démarque totalement de la structure classique à ce type de fiction. A la fois arrogant (parfois aux limites de l'antipathique) mais aussi brillant dans son genre, Ji Hoon a souvent un temps d'avance sur ses subordonnés, auxquels il communique rarement ses dernières intuitions. Dès le départ, la série insiste sur certains des traits les plus ambivalents de sa personnalité. Ses méthodes de travail discutables, sa façon de se placer dans la tête du tueur, en allant parfois jusqu'à des reconstitutions musclées, sont autant d'éléments qui indiquent qu'il y a sans doute quelque chose de sombre à explorer en lui. Les quelques indices donnés sur son passé ne font que renforcer cette impression.

Ji Hoon remplit donc parfaitement son rôle pour aiguiser la curiosité du téléspectateur, mais c'est tout à l'honneur de la série - et c'est sans doute ce qui fait sa force - de ne pas réduire l'intérêt humain de Special Affairs Team TEN à ce seul personnage principal, mais d'aménager un espace à chacun. Cela explique que l'on puisse, sans s'en rendre compte, s'attacher très vite à ce quatuor !

specialaffairsteamtenx.jpg

Globalement solide sur le fond, Special Affairs Team TEN est également intéressante sur la forme. La réalisation est vraiment bien maîtrisée, avec un travail perceptible aussi bien au niveau de certains plans, que du montage global des épisodes découpés en chapitre. La photographie est belle : les teintes aux couleurs saturées soulignent la versatilité d'une atmosphère, tour à tour oppressante, puis légère. Quant à la bande-son, elle constitue un réel atout pour le drama. Non seulement elle utilise des musiques qui empruntent au rock ses morceaux les plus classiques, mais elle glisse également quelques morceaux originaux, souvent assez déchirants, qui contribuent grandement à construire la tonalité de la série. Cela faisait quelques temps que je n'avais pas eu de vrais coups de coeur en écoutant une OST : Breath, de Mad Soul Child aura été une belle découverte (cf. seconde vidéo après le billet) !

Enfin, Special Affairs Team TEN bénéficie d'un casting homogène, où les quatre acteurs principaux se révèlent convaincants dans le registre qui est attendu d'eux. Joo Sang Wook (That Fool, Giant, actuellement dans Feast of the Gods) joue parfaitement sur la froideur et la distance de ce professeur aux méthodes particulières. Jo An (Three Sisters) a la fraîcheur, mais aussi la nuance qu'il convient, pour interpréter cette jeune détective qui sait instinctivement comprendre ses interlocuteurs. Choi Woo Sik (à venir dans Rooftop Princess) se glisse aisément dans un rôle d'apprenti qui va beaucoup observer, mais aussi démontrer qu'il sait se débrouiller (même s'il s'agit dans un premier temps de courcircuiter les délais d'attente en allant draguer les secrétaires des autres services). Mais celui qui m'a le plus convaincu reste sans doute Kim Sang Ho (Prosecutor Princess, City Hunter) qui a une sacrée présence à l'écran : il joue un personnage de vétéran haut en couleur, laissant la part belle, mais sans pour autant en faire trop, à ses excès de théâtralisme comme à son pragmatisme. 

specialaffairsteami.jpg

Bilan : Série policière solide et intéressante, Special Affairs Team TEN doit beaucoup à son ambiance qui entremêle habilement les tonalités : à la fois très dure et sombre par moments, le drama est aussi capable de passages de détente bienvenue. Il trouve ainsi son style propre au sein de ce genre sur-exploité du cop show. Ne négligeant pas non plus ses personnages qui bénéficient d'une vraie épaisseur dans leur caractérisation, elle devrait séduire non seulement les amateurs de formula show policier, mais peut-être aussi au-delà, j'en suis l'exemple même. A surveiller !


NOTE : 7/10


Une bande-annonce :


Une chanson de l'OST (Breath, de Mad Soul Child) :
 

14/03/2012

(K-Drama) Korean Peninsula (Hanbando) (première partie) : un thriller de politique-fiction, vers la réunification des deux Corées ?


 koreanpeninsula0.jpg 

Après plusieurs semaines passées au Japon, il est grand temps de repartir en Corée du Sud en ce mercredi asiatique ! Disons-le franchement, sur les grandes chaînes, cette saison hivernale n'est pas des plus enthousiasmantes, à l'exception notable de l'excellent History of the salaryman qui tranche agréablement dans cette torpeur (si vous ne deviez en retenir qu'un seul cette saison...!). Du côté des chaînes du câble, la morosité vient aussi des audiences et de cette barre fatidique des 1% au-dessus de laquelle leurs dramas n'arrivent pas à se maintenir. Cependant, parmi leurs nouveautés de février, j'avais notamment retenu une série dont le pitch m'avait intrigué : Hanbando (Korean Peninsula).

Diffusé sur CSTV depuis le 6 février 2012, les lundi et mardi soirs, ce drama s'achèvera normalement à la fin du mois d'avril, au terme de 24 épisodes [EDIT : Finalement réduit à 18 épisodes]. Cette sorte d'essai de politique fiction se proposant de nous conduire vers une Corée réunifiée aiguisait autant ma curiosité qu'il éveillait aussi une certaine méfiance. Au fond, Korean Peninsula, c'est sur le papier - et dans les faits également - une sorte de rencontre entre IRIS -ou Athena- et President, le tout saupoudré d'un parfum qui rappelle un film comme Joint Security Area. Le potentiel est clairement là ; les difficultés aussi. 

Pour rédiger cette review, je me suis quasiment mise à jour de la diffusion sud-coréenne et j'ai donc vu les 10 premiers épisodes (de quoi me forger une opnion éclairée). Vous vous en doutez, si j'ai pu effectuer un tel rattrapage, c'est que Korean Peninsula m'a intéressé. Sans être exempt de reproches, il m'a même agréablement surprise après certains échos négatifs que j'avais pu croiser. 

koreanpeninsulau2.jpg

Dans un futur proche (ou dans une réalité alternative), la Corée du Sud et la Corée du Nord se sont rapprochées grâce à des intérêts énergétiques communs. L'amélioration des relations s'est traduite, dans les symboles, par une équipe de football unifiée pour représenter la péninsule coréenne dans les compétitions internationales. Mais surtout, tous les espoirs reposent sur un projet de forage industriel, développé en coopération entre les deux pays, au large de l'océan. La station rassemble des personnels, techniques et de sécurité, du Nord comme du Sud, tout en étant dirigée par un scientifique sud-coréen réputé, Seo Myung Joon. 

Alors que l'exploitation est sur le point d'être officiellement lancée, pour marquer cette coopération incontournable, le président sud-coréen accueille le leader de la Corée du Nord, Kim Tae Sung, dans une vaste mise en scène diplomatique. Mais au sein du régime communiste, la frange militaire la plus dure ne voit pas d'un bon oeil ce premier pas vers la réconciliation. La station énergétique censée devenir un symbole de paix et d'union se transforme alors en objet de discorde : des troupes nord-coréennes la prennent d'assaut, avec pour objectif de s'emparer de la technologie au coeur du projet, dont seul le Sud a la maîtrise pour le moment. C'est le début d'une escalade des tensions entre les deux Corées, tandis qu'au Nord le coup d'Etat militaire a finalement lieu. 

Les rêves de réunification de Myung Joon, sous une bannière scientifique revendiquée, se retrouvent brisés par les évènements ; de même que ses projets d'avenir avec Lim Jin Jae, une scientifique nord-coréenne rencontrée lors de leurs études en Russie. Alors que de part et d'autre de la frontière, nombre d'officiels au pouvoir ont intérêt à préserver le statu quo de tension, Myung Joon est contacté par le secrétaire général de la Maison Bleue : roublard de la politique, celui-ci cherche une cause à défendre et un vrai projet pour les prochaines élections présidentielles. Pourquoi pas les rêves de paix et d'unité de ce scientifique, propulsé en héros de tout un pays par son attitude lors de la crise de la station énergétique ? 

koreanpeninsulan.jpg

Présenté comme un blockbuster ayant les moyens de ses ambitions, Korean Peninsula est un essai de politique-fiction très classique en dépit de son sujet, dont le principal attrait va justement reposer sur cette perspective -utopique ou non- d'une possible réunification des deux Corées. Le concept est complexe, forcément politisé. Pour autant au-delà de certains stéréotypes, notamment du côté nord-coréen, entre les intrigeants et ceux qui ne demandent qu'à embrasser le capitalisme et ses douceurs, les débuts du drama sont plutôt bien pensés. S'ouvrant sur une période de "détente" et de collaboration au sein de la station énergétique, la série fait le choix de s'intéresser d'abord aux individus, et aux relations humaines qui se nouent entre eux (avec des scènes qui sont comme un écho à Joint Security Area), avant d'envisager les enjeux sur un plan strictement géopolitique. Tout en restant très calibré, sans surprendre, le drama balaie en somme toutes les thématiques légitimement attendues sur cet épineux sujet.

Reflet de son ambition initiale, la série refuse de se cantonner à un seul genre, essayant de jouer sur plusieurs tableaux à la fois. En effet, très vite, Korean Peninsula s'affirme dans un triple registre. Elle entreprend d'accorder et entremêler trois genres très différents au sein de son récit : de l'action qui l'oriente vers le thriller musclé, de la politique qui lui donne sa consistance et sa raison d'être, et enfin une romance, lien indéfectible qui transcende l'ensemble et permet le développement d'une dimension plus émotionnelle. Les dix premiers épisodes constituent ainsi une suite d'arcs narratifs au cours desquels un genre domine tour à tour, le temps d'un ou deux épisodes. Pour le moment, en dépit de quelques longueurs, il faut reconnaître qu'une des réussites du drama a été de parvenir à maintenir un relatif équilibre dans sa narration. Reste à savoir s'il sera capable de préserver cette homogénéité, que l'on sent parfois un peu précaire, tout au long de la série.

koreanpeninsulap.jpg Relativement fluide dans cette alternance des genres, Korean Peninsula s'impose d'abord comme un thriller efficace. La série réussit à bien orchestrer l'escalade des tensions entre les deux pays. Si elle ne recule devant aucune dramatisation, certains passages ressortent, comme la froide mise en scène du coup d'Etat militaire en Corée du Nord, avec une scène d'exécution à la descente d'avion assez glaciale. De plus, si je ne m'attendais pas forcément à autant d'aventures mouvementées ayant une consonnance proche des fictions d'espionnage, puisque les personnages sont des scientifiques, non des agents de sécurité, il faut reconnaître que les scènes d'action sont globalement bien exécutées. Le plus souvent sans en faire trop. Certes, le drama n'échappe pas à la tentation de certaines mises en scène un peu grandiloquentes - c'est le côté blockbuster -, mais il a le mérite de ne jamais perdre de vue la finalité de ces scènes. Si bien que, dans l'ambiance du moment, le téléspectateur se laisse prendre au jeu. 

Parallèlement, les quelques incursions politiques sont convaincantes : les rapports de force et la course au pouvoir ne sont pas sans rappeler les dynamiques qui fonctionnaient bien dans President, tout en conservant la particularité d'un drama orienté sur les rapports Nord-Sud. Korean Peninsula met l'accent sur une approche très pragmatique et sans concession de la politique. Myung Joon n'est pas un homme providentiel qui peut tout emporter, il est d'abord un scientifique avec un rêve et un intérêt très personnel, concrétiser cet amour impossible qu'il éprouve pour Jin Jae. A ce titre, il faut saluer l'effort fait par les scénaristes pour donner une crédibilité à leur relation. Leur passé commun renforce leur histoire, et lui donne un sens : il y a quelque chose qui sonne juste entre eux, et l'exploration permise par les flashbacks russes de leurs études est bien utilisée. Si le duo principal s'avère donc assez nuancé, la distribution des rôles qui s'opère au niveau des personnages secondaires est plus stéréotypée. Tout dépendra ici de l'évolution ultérieure : le drama sera-t-il capable de dépasser les archétypes en apparence préprogrammés ? 

koreanpeninsulas2.jpg

Si le fond peut soulever quelques critiques, en revanche, sur la forme, Korean Peninsula est indéniablement une belle réussite. La réalisation est parfaitement maîtrisée, avec une belle photographie quasi-cinématographique. La mise en scène n'est pas avare en utilisation de symboles, et parvient très bien à soutenir et accompagner le récit. La série n'a pas manqué de moyens budgétaires, et elle va ainsi pouvoir exploiter divers décors (le grand large dans l'océan, en Corée du Sud, Corée du Nord, mais aussi en Russie). L'insertion d'images d'archives "officielles" (pour les navires de guerre, ou les défilés militaires nord-coréens) se fait assez naturellement. 

Cependant, c'est sans doute sur le plan musical que le savoir-faire formel est le plus perceptible. En effet, le drama alterne entre trois approches dont le mélange est globalement bien équilibré et assez juste : on y croise des balades plus déchirantes pour les moments dramatiques, une petite musique instrumentale sacrément rythmée pour les phases d'action, mais qui sert aussi de transition entre certaines scènes, et enfin des chansons folk russes lorsque le passé rattrape les personnages. Tout cela renvoie l'impression d'un réel travail sur le background musical, et cela contribue de manière non négligeable à l'atmosphère de la série.

koreanpeninsulah.jpg

Enfin Korean Peninsula dispose d'un casting globalement homogène et efficace. Au sein du duo principal, c'est Hwang Jung Min (That fool) qui s'en sort de la manière la plus convaincante ; son style sobre, axé sur la normalité de son personnage, offre le contraste recherché par rapport aux projets et aux idées, ambitions peut-être démesurées, qu'il porte. Face à lui, Kim Jung Eun (Lovers, I am Legend) met un peu de temps à être vraiment impliquée ; au début notamment, il y a quelques scènes où l'actrice manque de présence. Cependant, le basculement vers plus de dramatisation corrige ensuite cette inégalité, et à mesure que son personnage se développe et que l'on en apprend plus sur elle, elle va trouver progressivement sa place.

A leurs côtés, on retrouve une galerie d'acteurs, plus ou moins expérimentés, qui, s'ils jouent des personnages aux rôles clairement distribués, s'en sortent assez bien chacun dans leur registre. Kwak Hee Sung est le prototype parfait de l'agent d'action entièrement dévoué (qui de la cause ou de la femme l'emportera, l'avenir nous le dira). Jo Yi Jin apporte une fraîcheur et une énergie à son personnage de journaliste ambitieuse ; en dépit d'une tendance à sur-jouer, il est difficile de ne pas la trouver sympathique. Jo Sung Ha (Flames of Ambition) a cette impassibilité maîtrisée qui permet de rendre crédible ce secrétaire d'Etat qui se cherche une cause, et surtout un candidat à porter au pouvoir. On retrouve également Ji Hoo, Jung Sung Mo, Lee Soon Jae, Jung Dong Hwan ou encore Suh Tae Hwa.

koreanpeninsulaa.jpg

koreanpeninsular.jpg

Bilan : Essai de politique fiction, ambitieuse ou hasardeuse suivant les opinions, Korean Peninsula s'avère être une fiction prenante. Elle reste cependant tributaire de l'équilibre précaire établi entre les différents genres vers lesquels elle tend : le thriller d'action, la politique utopique et la romance impossible. Animée d'un souffle narratif indéniable, la série n'est pas sans céder parfois à une mise en scène un peu excessive. Pourtant, forte d'un sujet qui lui apporte une consistance certaine et aiguise la curiosité du téléspectateur, son visionnage demeure intéressant. 

Pour la suite, tout dépendra de sa faculté à négocier les obstacles à venir, mais je serais en tout cas au rendez-vous !  


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce de la série :

Le générique : 

Une chanson de l'OST :