Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/04/2012

(K-Drama / Pilote) The Equator Man : un mélodrame plein d'assurance mettant en scène des destinées troublées

 
theequatorman.jpg

Ce mercredi asiatique est placé sous le double signe (presque paradoxal) de la nouveauté et du classicisme. Je poursuis mon exploration des k-dramas des mercredi et jeudi soirs actuellement en cours de diffusion en Corée du Sud, avec celui dont j'attendais sans doute le plus. Il faut dire que depuis fin mars, la compétition pour le coeur du public sud-coréen s'est considérablement ressérée. La relative déception causée par King 2 Hearts lui a fait perdre son avance et a permis à ses deux challengers d'atteindre des parts d'audience à deux chiffres, The Equator Man (comme The Rooftop Prince) a ainsi vu ses audiences progresser au fil des semaines.

Ecrit par Kim In Young, scénariste à qui l'on doit notamment Women of the Sun auquel The Equator Man a été comparé, ce drama a débuté le 21 mars 2012. Vingt épisodes sont pour le moment envisagés. Si ce soir sera diffusé en Corée du Sud le neuvième épisode, ma review a été écrite après avoir visionné les cinq premiers. S'appropriant des thématiques bien connues du petit écran sud-coréen, The Equator Man propose un condensé de recettes éprouvées qui sont des valeurs sûres. Si bien qu'il est difficile de ne pas se laisser capturer par ce tourbillon de destinées.

equatormana.jpg

The Equator Man relate l'histoire d'une amitié brisée entre deux jeunes hommes qui vont lutter, chacun à leur façon, pour trouver leur place dans la société. Ce sont des évènements d'adolescence qui vont tout forger, prenant la suite d'autres antagonismes passés. Kim Sun Woo est alors un garçon bagarreur et forte tête, peu porté sur les études. A l'opposé, Lee Jang Il voit dans l'école le seul moyen de s'élever socialement. Il rêve de pouvoir entrer à l'université et d'y étudier le droit. Les deux garçons vont sympathiser et former une alliance inattendue, unissant leurs forces respectives (les poings de l'un, le niveau scolaire de l'autre) pour se forger peu à peu une étonnante, mais solide - du moins en apparence -, amitié.

Cependant le père de Sun Woo tombe malade et se voit contraint de remuer un passé qu'il aurait mieux fallu oublier. Sun Woo n'est en effet pas son vrai fils ; or il décide de contacter directement un des deux pères potentiels de l'enfant, Jin No Sik, un homme d'affaires fortuné, avec lequel il a des relations très compliquées. Les deux hommes finissent par se battre, No Sik laissant pour mort le père (adoptif) de Sun Woo. Un de ses employés se charge de maquiller le meurtre en suicide, achevant l'homme. Or cet employé, soucieux d'y gagner une bourse universitaire pour son fils, est le père de Lee Jang Il. Il sert donc ici, en commettant cet acte, les ambitions de son enfant.

Mais Sun Woo, effondré, ne parvient pas à croire à la thèse du suicide. Des indices semblent d'ailleurs remettre en cause le résultat d'une enquête de police bâclée. Le garçon entreprend de rassembler un dossier à remettre au commissariat pour exiger la réouverture de l'enquête. Mais pendant ce temps, Jang Il, qui fait ses premiers pas à Séoul, découvre le terrible secret de son père et l'origine de la bourse qui lui a permis de réaliser son rêve. Refusant de risquer de tout perdre si Sun Woo va au bout de son idée, il le confronte, puis finit par l'attaquer et le jeter d'une falaise. Sun Woo survit. Grièvement touché, il sombre dans le coma.

Les années passent, chacun poursuit sa vie. Un jour, Sun Woo reprend conscience sur son lit d'hôpital...

equatormano.jpg

The Equator Man est le dernier représentant en date d'un mélange traditionnel du petit écran sud-coréen, où se croisent mélodrame, amour, trahison et vengeance. Assumant parfaitement cette filiation et ces influences évidentes, lesquelles rendent la construction narrative des premiers épisodes familière à tout téléspectateur habitué des k-dramas, c'est plus précisément sur le thème de la destinée que la série pose ses fondations et sa dynamique. Dès le départ, elle valide en effet toutes les coïncidences et rencontres pas si fortuites qu'elle met en scène, de même qu'elle légitimise les sentiments nés d'un simple regard échangé qui vont conditionner les relations et antagonismes futurs. L'important reste qu'elle trouve rapidement ses marques au sein de ces concours de circonstances et rapprochements insolites.

Certes, si le drama ne prend aucun risque, son écriture n'en est pas pour autant exempte de critiques. La principale maladresse récurrente de ces premiers épisodes tient à leur gestion hasardeuse de la dimension temporelle. Non seulement l'absence de repères prête parfois à confusion, mais les ellipses occasionnelles, les brusques accélérations, les montages en parallèle de scènes semblant se dérouler sur une durée très différente, renvoient une impression brouillonne. Comme si la scénariste prenait en compte toutes les scènes clés et passages indispensables, mais avait du mal à leur conférer une homogénéité et un liant. Cependant l'ensemble bénéficie de l'aplomb avec lequel ce classicisme est exposé : tout semble couler de source, et la dimension émotionnelle n'étant pas négligée, le téléspectateur se surprend à se laisser happer par la toile létale en train de se tisser.

equatormani.jpg

Si, comme tout drama sud-coréen, et plus particulièrement ceux mettant en scène un thème lié à la vengeance, la mise en place de l'histoire prend son temps, The Equator Man met opportunément à profit ces débuts pour permettre au téléspectateur de s'investir aux côtés des différents protagonistes. L'objectif évident est de ne laisser personne insensible. Initialement, l'amitié surprenante des deux adolescents est bien dépeinte, avec une authenticité assez touchante - en dépit de l'impression de déjà vu - qui démontre une réelle maîtrise prometteuse du scénariste sur un aspect important : la capacité à insuffler du relief et une certaine force à ses personnages. De même, la confrontation à venir qui scellera leur opposition est amenée avec la dimension tragique, mais aussi une nécessaire fatalité caractéristique, qui ne laissent pas indifférent.

De manière générale, The Equator Man a un potentiel certain du point de vue émotionnel et humain. Les deux protagonistes principaux s'imposent d'ailleurs efficacement, le glissement de Jang Il vers le côté le plus obscur de l'ambition étant bien explicité et apparaissant cohérent avec ce que l'on peut savoir du personnage - le fait que le téléspectateur, devant son petit écran, prenne passionnellement parti contre lui est d'ailleurs sans doute recherché. En dépit d'un manichéisme inhérent à l'histoire - mais qui sera peut-être nuancé ultérieurement -, les figures masculines reposent donc sur des bases solides. Le constat est en revanche plus nuancé du côté des féminines : se résumant au départ presque entièrement aux seuls sentiments éveillés en chacune d'elles par leurs vis-à-vis (Jang Il pour l'une, Sun Woo pour l'autre), elles sont pour le moment peu travaillées, et il est difficile de les cerner ou de s'investir à leurs côtés. Il faut espérer que les développements narratifs permettront de leur donner cette consistance dont elles manquent encore.

equatormanq.jpg

Sur la forme, The Equator Man est un drama plutôt maîtrisé, même s'il peine à vraiment imposer une identité visuelle et musicale qui se démarque. L'ensemble est correct, avec beaucoup d'effets et de mises en scène très classiques, mais aussi quelques touches inutiles comme l'utilisation de ralentis. Au niveau musical, The Equator Man n'a pas la grandiloquence pompeuse de King 2 Hearts, ni la dimension sur-calibrée mais efficace de The Rooftop Prince. C'est une introduction en douceur, assez anecdotique, avec cependant une chanson un peu mélancolique figurant dans l'OST (cf. vidéo ci-dessous) qui correspond bien à la tonalité ambiante.

Enfin, The Equator Man bénéficie - et c'est indéniablement un de ces atouts principaux - d'un casting efficace, en ayant notamment casté pour personnage principal un acteur habitué des dramas de vengeance, Uhm Tae Woong (Resurrection, The Devil, Dr Champ). Durant son adolescence, Kim Sun Woo interprété par Lee Hyun Woo qui trouve lui-aussi bien ses marques et qui confirme la bonne impression qu'il m'avait laissé lors des débuts de Gye Baek. Face à lui, c'est Lee Joon Hyuk (I am Legend, City Hunter) qui incarne de manière convaincante cet ami trop ambitieux qui va être amené à trahir celui qu'il avait considéré comme un proche - il prend la suite du jeune Siwan. Si parfois le manque de subtilité de l'écriture se ressent, le duo propose des interprétations qui permettent de l'occulter en partie. A leurs côtés, pour compléter le quatuor, on retrouve Lee Bo Young et Im Jung Eun.

equatormant.jpg

Bilan : Avec l'assurance que lui confère son classicisme, puisqu'il emprunte des recettes traditionnelles aux mélodrames vengeurs qui ont fait leur preuve par le passé, The Equator Man pose plutôt efficacement les jalons d'une histoire qui, à défaut d'originalité, saura ne pas laisser insensible le téléspectateur. Il ne néglige en effet pas une dimension humaine fondamentale. Seul le temps dira si le drama peut espérer se faire une place dans le genre déjà bien fourni qui est le sien, mais, en dépit de ces quelques maladresses et inégalités d'écriture, ces débuts laissent entrevoir du potentiel. A surveiller.

Les amateurs de revenge drama devraient tout particulièrement y trouver leur compte.


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce de la série :

Une chanson de l'OST :

01/06/2011

(K-Drama / Pilote) City Hunter : une adaptation libre et divertissante du célèbre manga

cityhunter0.jpg

"Une ombre file dans la nuit, c'est un assassin qui s'enfuit, et comme un démon il sourit, son crime restera impuni..."

Non, le premier mercredi asiatique de juin ne sera pas consacré à un karaoké des génériques de notre enfance. Mais j'avoue que lorsque j'ai entendu parler de ce projet de drama pour la première fois, c'est cette musique - qui parlera forcément à toute une génération de téléspectateurs - qui a retenti dans ma tête. De la version animée édulcorée connue en France sous le nom de Nicky Larson, je n'ai que des souvenirs très confus, entre massue volante et drague permanente. Mais que nul ne s'inquiète : la version sud-coréenne de City Hunter est sans rapport direct avec l'histoire de l'oeuvre japonaise dont elle emprunte le nom, même si on y retrouve une certaine tonalité "manga" assez caractéristique.

Diffusé depuis le 25 mai 2011 sur SBS, ce drama s'inscrit dans la lignée des thrillers adoptant la thématique traditionnelle de la vengeance, oscillant entre drame et légèreté pour atteindre un juste équilibre. Les séries d'action n'étant pas le genre qui réussit le mieux à la télévision sud-coréenne ces derniers temps, je n'avais pas vraiment d'attente vis-à-vis de ce projet. Et si certaines facilités narratives ont corroboré mes craintes, je dois dire que j'ai malgré tout apprécié ces deux premiers épisodes qui, en terme d'ambiance et de personnages, parviennent à s'imposer.

cityhunterk.jpg

City Hunter débute le 9 octobre 1983 (par un évènement s'étant réellement produit). Lors d'une visite du président sud-coréen en Birmanie, un attentat à la bombe coûte la vie à plusieurs officiels et détruit entièrement le bâtiment où il se rendait. Cinq responsables haut gradés imaginent alors immédiatement une réponse sanglante face à cette provocation nord-coréenne : l'envoi d'un commando d'élite qui exécuterait un certain nombre de dignitaires du régime de Pyongyang. La mission est confiée à deux officiers sud-coréens qui étaient présents au moment de l'attaque, Lee Jin Pyo et un ami dont la femme vient tout juste d'accoucher. Mais alors que le plan est mis à exécution en territoire nord-coréen, au sud, des pressions, notamment diplomatiques, conduisent les commanditaires à se rétracter. Pour ne pas risquer d'être découverts, ordre est donné au sous-marin envoyé sur les côtes ennemies pour récupérer le commando de les abattre à vue.

Un seul en réchappe : Lee Jin Pyo. A son ami qui se sacrifie pour lui, il jure de s'occuper de son fils encore bébé, Lee Yoon Sung, et, surtout, de les venger tous. C'est dans un camp paramilitaire reculé de Birmanie que le garçon, enlevé à sa mère tout jeune, va grandir. Lee Jin Pyo a en effet pris la tête d'un réseau de trafic de drogue. L'entrée dan l'âge adulte va s'opérer brutalement le jour où il apprend le véritable dessein de celui qui a longtemps prétendu être son père. Acceptant d'être l'instrument de la vengeance que ce dernir ourdit, le jeune homme se fabrique une autre vie au Texas. C'est en diplômé du MIT qu'il rentre en Corée du Sud, recruté comme spécialiste des réseaux de communication à la Maison Bleue. Il y retrouve une jeune femme déjà croisée, dotée d'un sacré tempérament, avec laquelle il va finir bon gré, mal gré, par former une équipe détonnante. Cependant Lee Jin Pyo est là pour lui rappeler qu'une seule chose importe : la vengeance.

cityhunterc.jpg

S'il débute par un premier épisode excessivement musclé permettant de poser la tragédie qui va rester la toile de fond de l'histoire, City Hunter n'est pourtant pas un simple drama d'action. Il surprend agréablement par cette humanité qui émane de lui dès le deuxième épisode. La série choisit de s'assurer la fidélité du téléspectateur par ses personnages principaux qui, s'ils restent à travailler, se révèlent surtout très attachants. La dynamique fonctionne d'emblée entre un Yoon Sung, à la fois joueur et un tantinet acteur, cultivant une apparence faussement détachée, et une Na Na, au caractère trempé qui lui donne immédiatement la réplique sur un pied d'égalité. Le drama prend d'ailleurs un malin plaisir à mixer les signaux, se complaisant dans un étonnant et assez savoureux mélange des tonalités, trouvant le juste équilibre entre des confrontations adultes et une pointe d'espièglerie assumée. Il émane de ce duo, aussi complémentaire qu'improbable, une vitalité communicative, sur laquelle pèse pourtant plus d'une épée de Damoclès.

Grâce à cette dimension humaine affirmée, City Hunter évite au moins temporairement l'écueil sur lequel ont échoué tant de dramas labellés "action / thriller", quand ils font l'erreur de tout miser sur une intrigue qui, à la moindre faille, conduit l'ensemble au naufrage. Car aussi plaisante à suivre qu'elle soit, la série ne manque pas de faiblesses pénalisantes pour la crédibilité de l'histoire. Dotée d'une tendance certaine à céder à la facilité, n'hésitant pas à récourir à des ficelles narratives un peu grosses, elle témoigne aussi d'un goût prononcé pour l'art des coïncidences, le tout sans être au-dessus de quelques clichés caricaturaux tout aussi dispensables (la chute finale de l'épisode 2 étant assez représentative de ces limites un peu frustrantes). Et si l'attachement à la dynamique d'ensemble permet au téléspectateur de ne pas se formaliser, il est quand même regrettable que les scénaristes n'aient pas fait preuve de plus d'ambition sur des aspects qui seraient si facilement perfectibles.

Reste que, à partir de ces fondations narratives, où les atouts ne sont pas forcément ceux qui étaient attendus a priori, City Hunter s'impose dans le registre du divertissement d'action touche-à-tout. Le drama adopte, avec une certaine réussite, une ambiance volontairement volatile directement héritée du manga. Les enchaînements, du larmoyant dramatique à des passages plus légers où percent des accents presque burlesques, auraient pu paraître désordonnés, voire brouillons, dans n'importe quelle autre fiction. Or la série parvient à capitaliser sur une forme de spontanéité d'écriture assez indéfinissable, aussi surprenante que rafraîchissante. Pour le moment, la recette fonctionne et le téléspectateur se laisse donc embarquer sans déplaisir dans l'aventure.

cityhunterf.jpg

Permettant d'asseoir visuellement le drama, la forme s'avère être d'excellente facture. City Hunter bénéficie d'une réalisation dynamique qui sied aux scènes d'action, sans pour autant tomber dans un excès de nervosité. De plus sa photographie soignée laisse la part belle à une teinte colorée assez chatoyante, qui est un vrai plaisir pour les yeux du téléspectateur. La bande-son est également agréable à l'écoute, notamment parce que les épisodes sont parsemés de divers brefs instrumentaux qui rythment à propos la tonalité des différentes scènes qu'ils accompagnent. Et si le coup de foudre n'a pas été instantané avec les chansons de l'OST, elles retiennent cependant favorablement l'attention du téléspectateur. Notons aussi un clin d'oeil appréciable à la source d'origine, avec un générique ambiance manga (cf. la deuxième vidéo en fin de billet).

Enfin, City Hunter bénéficie d'un casting attachant et sympathique, chacun trouvant rapidement ses marques. Si le duo formé par les deux personnages principaux est aussi attrayant, il le doit aussi aux acteurs qui partagent une sacrée alchimie à l'écran. Lee Min Ho (Boys over flower, Personal Taste) dispose ici d'un rôle vraiment fait pour lui, mi-play-boy, mi-homme d'action ; tandis que Park Min Young (Running Gu, Sungkyunkwan Scandal) apporte l'étincelle qu'il convient à la jeune femme qu'elle incarne, qui a surmonté bien des obstacles dans la vie et n'a pas l'intention se laisser marcher dessus. Les deux acteurs se donnent parfaitement la réplique pour nous offrir des confrontations ne manquant pas de piquant et auxquels on assiste avec une certaine jubilation. A leurs côtés, on pourra également compter sur le toujours solide Lee Joon Hyuk (City Hall, I am Legend), en substitut du procureur dont les enquêtes risquent de l'amener à croiser nos deux héros plus d'une fois, mais également sur Hwang Sun Hee ou encore Goo Ha Ra (du groupe KARA).

cityhunterl.jpg

Bilan : City Hunter signe des débuts assez plaisants car divertissants au bon sens du terme, prompts à séduire le téléspectateur. Si le drama emprunte aux codes du thriller de vengeance, il est loin de se résumer à ce seul genre : sa tonalité mélange les influences et trouve le juste équilibre en introduisant une touche de légèreté et de fraîcheur. C'est d'ailleurs dans cette ambiance générale que se ressent la marque du manga d'origine, à défaut d'inspirer l'histoire qui nous est racontée. La série n'évite ni certains clichés un peu lourds, ni l'art des coïncidences exagérées, mais elle bénéficie de personnages attachants dont on a envie de suivre les aventures. Ce cocktail rythmé s'apprécie donc sans arrière-pensée, mais il faudra cependant faire attention à ces excès et à ce manque de subtilité dans l'écriture pour la suite. 


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :


L'opening :

 

Une chanson de l'OST :

25/08/2010

(Pilote / K-Drama) I am Legend : la reprise en main d'une vie sur fond musical


iamlegend2.jpg

Après quatre mercredis asiatiques consécutifs à se promener à travers l'Asie sans vous parler de k-dramas, il était quand même grand temps de repartir en Corée du Sud. D'autant que ce n'est pas parce que je ne vous en parle pas que je cesse mes découvertes et explorations coréennes ; les sujets potentiels s'amoncellent et, malheureusement, il va falloir trier. Si j'aurais bien quelques bilans à dresser (peut-être revenir sur Coffee House ou JeJungWon), s'il faudrait aussi que je vous parle d'autres rattrapages de séries plus anciennes, comme Capital Scandal, commençons cependant par l'actualité la plus récente. C'est que plusieurs nouveautés ont investi les programmes depuis le début du mois d'août.

Tandis que je croise les doigts pour avoir l'occasion de découvrir Secret Investigation Record (en continuant de regarder une fois par jour la bande-annonce avec un froncement de sourcil toujours aussi perplexe), penchons-nous aujourd'hui sur la première série arrivée chronologiquement : I am Legend. Ce drama est diffusé sur SBS, les lundi et mardi soir, depuis le 2 août 2010. Et au vu de ces deux premiers épisodes, même si je reste encore réservée, il laisse cependant entrevoir un potentiel pas inintéressant.

IAmLegend1-1.jpg

Les deux premiers épisodes de I am Legend donnent le ton, en choisissant de se concentrer résolument sur l'héroïne, laissant peu de place aux autres protagonistes. Cette entrée en matière est une invitation à suivre la reprise en main d'une jeune femme qui se révèle des plus rafraîchissantes et est rapidement attachante. Il faut dire que Jun Seol Hee détonne quelque peu dans le milieu où on la découvre dans ce pilote, milieu qu'elle a embrassé par mariage. Cha Ji Wook, son époux, brillant avocat récemment promu et qui caresse le doux rêve de se lancer en politique, est en effet issu d'une famille de haut standing, respectant des moeurs encore très traditionnelles. Loin de cette classe sociale, Jun Seol Hee aurait pu être un simple flirt sans conséquence... si elle n'était pas tombée enceinte. L'ignominie d'un enfant hors mariage n'étant pas concevable, la famille de Ji Wook s'empressa de les marier. A défaut d'approuver l'épouse, l'enfant à naître serait un héritier potentiel. Malheureusement, Seol Hee fit une fausse-couche dans les semaines qui suivirent la cérémonie.

Le ressentiment de sa belle-famille explosa avec cette tragédie. Traitée désormais ouvertement comme une source permanente d'embarras, exibée devant les photographes et dans les médias pour construire un mythe aux vagues allures de Cendrillon, Seol Hee est constamment brimée en privée, enjointe à obéir et à se taire, cantonnée dans un rôle de figuration où elle doit faire le moins de vague possible. Sa belle-mère, en particulier, se montre la plus véhémente, blessante et humiliante. L'hostilité familiale déteint progressivement sur Ji Wook, de plus en plus distant avec une épouse aux priorités manifestement peu en rapport avec ses ambitions. L'indifférence froide de ce dernier reste le plus dur à supporter pour Seol Hee. Tandis qu'il lui est, en plus, constamment rappelée qu'elle doit donner des héritiers à la famille, alors que Ji Wook semble à présent plutôt marié à son travail.

iamlegenda.jpg

Compartimentant sa vie avec soin, Seol Hee suit donc une voie à la précarité évidente. S'éclipsant parfois pour fréquenter ses amies, notamment pour continuer leurs petites répétitions avec leur groupe de musique, elle aime aussi profiter pleinement des avantages de son nouveau statut social et ne s'en prive pas. Mais jusqu'où ces considérations matérialistes peuvent-elles lui faire oublier son mal-être constant ? La goutte d'eau qui va faire déborder un vase déjà bien trop plein est le sort de sa soeur. Révélant son cancer, ses chanes de survie sont liées à une possible greffe de moelle osseuse. Or, Seol Hee est la seule personne qui lui reste dans sa famille, seul donneur compatible immédiatement trouvable. La jeune femme va passer outre l'égoïste interdiction imposée par sa belle-mère, pour finalement prendre conscience de sa vie actuelle et commencer à réfléchir et à remettre en cause ses priorités... Pour commencer vraiment à vivre ?

Étonnamment, alors qu'au vu des thématiques abordées lors de ses débuts, I am Legend aurait facilement pu sombrer dans un pathos excessif, aux relents lacrymaux indigestes, ce qui se dégage de la série, c'est plutôt une impression diffuse de fraîcheur. Loin de se réduire à s'apitoyer sur le sort de Seol Hee qui a fait ses choix et paraît en un sens les assumer, même si elle admet qu'ils étaient peut-être erronés, ce drama se présente plutôt comme une invitation, résolument tourner vers l'avenir, à assister à la révolution intérieure d'une jeune femme qui redéfinit ses priorités sous nos yeux. Cela est en grande partie dû à la caractérisation réussie de l'héroïne, qui se détache des clichés attendus. Cette dernière n'est aucunement présentée comme une simple victime. Elle alterne les humeurs. Si elle étouffe et peine, elle se laisse aussi aller à savourer ce statut social qu'elle a acquis, sans s'en cacher. Son fort caractère lui octroie une liberté de ton très rafraîchissante qui permet de mettre en valeur l'ambivalence du personnage et d'explorer la complexité de ses motivations et des hésitations qui la troublent. Si bien que ce portrait plus subtile qu'il n'y paraît, dressé avec une certaine finesse, l'impose véritablement comme l'atout majeur et réussi de la série dans ces premiers épisodes, concentrant tant l'attention que l'intérêt du téléspectateur.

iamlegendc-1.jpg

En dépit du contexte excessivement dramaturgique du premier épisode, il faut souligner que ces évènements ne constituent qu'un catalyseur afin d'inviter Seol Hee à aller de l'avant. Sa soeur se remet ainsi rapidement et est expédiée - par la ficelle scénaristique la plus classique des k-dramas - "en convalescence" vers le fameux mirage Etats-Uniens. I am Legend, ce n'est pas seulement une série sur l'émancipation d'une jeune femme, c'est plus que cela. C'est un drama à forte dimension humaine et aux thématiques adultes, nous proposant une galerie de personnages avec leurs doutes, amenés à réfléchir sur leurs priorités, sur les décalages entre la vie menée et les rêves que l'on pouvait nourrir dans sa jeunesse. L'ambiance alterne efficacement les tonalités, souvent légères, parfois poignantes et pesantes.

Cependant, si I am Legend laisse entrevoir des choses intéressantes et un potentiel indéniable, ses deux premiers épisodes montrent aussi, par éclipse, quelques risques de dérives possibles. L'attractivité du personnage principal ne peut entièrement masquer le creux qui l'entoure, avec des protagonistes au caractère pour le moment  unidimensionnel à l'excès et peu intéressants. Cet aspect peut s'expliquer par le fait que les scénaristes se sont surtout attachés à introduire Seol Hee et ont donc moins travaillé les autres, mais il faudra corriger ce déséquilibre dans les prochains épisodes. A noter également que les figures féminines s'en sortent globalement bien mieux que leurs homologues masculins. Autre élément à surveiller, les ruptures de rythme occasionnées par certains passages, avec quelques longueurs qui viennent enrayer par moment la dynamique globale de la série, dont l'atout demeure ce ressenti diffus de fraicheur qu'elle doit soigner. Elle doit d'autant plus y prendre garde que semble poindre à l'horizon un carré "amoureux" potentiel, dont les ingrédients paraissent pour le moment pouvoir s'orienter aussi bien vers un habile portrait humain et adulte de ces jeunes trentenaires qui repensent leur vie, que tomber dans des poncifs indigestes, caricature soporifique d'un quatuor déséquilibré. I am Legend a donc du potentiel, mais il reste encore à faire pour confirmer.

iamlegendj.jpg

Sur la forme, la série bénéficie d'une réalisation lumineuse classique. Elle se déroule dans un cadre musical - le groupe de Seol Hee -, sans que la musique soit omni-présente. Au contraire, le drama semble plutôt bien géré cet aspect, en témoignent les dernières minutes du premier épisode. Une balade douce et mélancolique de Seol Hee y accompagne la prise de décision qu'elle vient de faire et la rupture annoncée, puis l'épisode se conclut sur une reprise de Killing me softly par le groupe. Des chansons qui correspondent parfaitement à la tonalité du passage et permettent de lui donner une dimension encore plus forte, preuve une fois encore de l'art sud-coréen d'allier musique et contenu dans leurs dramas.

Enfin, le casting reflète pour le moment l'image renvoyée par les personnages. Kim Jung Eun (Lovers) est superbe, particulièrement rafraîchissante et au diapason de son personnage, tour à tour digne, meurtrie ou exultante. Les autres acteurs ont moins l'occasion de se mettre en valeur, en partie à cause du moindre intérêt que les scénaristes leur réservent pour le moment. Kim Seung Soo (Jumong) incarne le froid époux de Seol Hee ; Lee Joon Hyuk (City Hall, Three Brothers), le ténébreux guitariste Tae Hyun ; et Jang Young Nam, une proche collège de travail de Ji Wook, ayant un passé avec Tae Hyun. Enfin, Jang Shin Young, Hong Ji Mi, Hyun Jyu Ni (Beethoven Virus, IRIS) et Go Eun Mi (Loving you a thousand times) sont les amies du groupe de Seol Hee.

iamlegendg.jpg

Bilan : Si I am Legend réussit plutôt bien son entrée en matière auprès du téléspectateur, elle le doit en grande partie à la surprenante fraîcheur de son héroîne, dont l'envie et le dynamisme tranche avec la prévisibilité des autres protagonistes, aux personnalités pour le moment peu explorés. On s'attache quasi instantanément. La thématique d'une émancipation, d'une reprise en main d'une vie, en retrouvant une passion un peu mise au placard en entrant dans l'âge adulte, la musique, a un potentiel indéniable, piquant l'intérêt du téléspectateur.

Cependant, l'équilibre paraît dans le même temps relativement fragile. Quelques longueurs, quelques recours à des poncifs relationnels trop éculés, viennent troubler la fraîcheur d'ensemble. I am Legend donne l'impression qu'il suffirait d'un rien pour qu'elle bascule dans une des deux facettes qu'elle laisse entre-apercevoir : oui, elle a le potentiel pour nous conter une belle histoire d'affirmation de soi, avec un cadre musical en arrière-plan, mais attention, elle peut tout aussi bien sombrer dans le mélo poussif avec un carré amoureux prévisible. Pour le moment, le fait qu'elle capitalise sur le dynamisme de son personnage principal joue pour elle, mais il faudra nécessairement explorer plus en avant les autres protagonistes. Reste que si elle s'épanouit bien dans cette direction, ce drama pourrait s'avérer très intéressant à suivre !


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce :


La chanson de fin du premier épisode, une reprise de Killing me softly :