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03/10/2012

(K-Drama) Reply 1997 (Answer me 1997) : un drama attachant et sincère pour un portrait nostalgique d'adolescence


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J'ai pour habitude de facilement évoquer les débuts d'un drama tout juste visionnés, mais j'y reviens plus rarement une fois mon visionnage achevé. Souvent par manque de temps face à toutes ces séries dont j'ai envie de parler dans ses colonnes, parfois aussi par déception devant une fiction qui n'a pas tenu ses promesses. Et puis il y a ces autres fois, où le besoin d'écrire un bilan s'impose de lui-même du fait de l'enthousiasme éprouvé devant une oeuvre qui va tout droit trouver sa place parmi mes préférées de l'année. C'est ce qui me pousse à reprendre la plume en ce mercredi asiatique pour revenir sur Reply 1997 (aka Answer me 1997).

J'avais déjà rédigé une review enthousiaste sur ce drama en août dernier après avoir vu les premiers épisodes. Arrivée au terme des 16 épisodes (d'une durée variant de 45 minutes à plus d'une heure), je suis toujours plus que jamais sous le charme de cette série. Si l'évolution du dernier tiers - et l'entrée dans le XXIe siècle, en quittant le lycée et les années 90 - aura peut-être légèrement déstabilisé l'harmonie régnant depuis le début du récit, Reply 1997 a conservé - et c'est le plus important - une authenticité et une chaleur humaine intense qui en fait un des plus attachantes fictions qu'il m'ait été donné de voir.

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Reply 1997, c'est sur le papier une histoire très simple (pour plus de détails, consulter ma review des premiers épisodes), celle d'un groupe d'amis que l'on suit, de l'adolescence à l'âge adulte, au fil d'un récit qui alterne des scènes principalement issues du passé - notamment de leur dernière année de lycée - et quelques passages dans le présent, à l'occasion d'une réunion d'anciens élèves. Il faut en premier lieu saluer la maîtrise d'ensemble de ce cadre temporel vaste. Alors que tant de dramas s'égarent en flashback et flashforward artificiels car inutiles, ou bien coupant le rythme de l'histoire et égarant ainsi le téléspectateur, ce drama prouve qu'il est possible de raconter, de manière homogène et fluide, en utilisant ces mécanismes d'aller-retours temporels, une histoire couvrant plus d'une décennie. La réussite de cette construction s'explique par le fait que, tout au long du récit, le passé et le présent (et même le futur à un moment donné) se répondent comme en écho, se complétant l'un l'autre pour ne former qu'une seule histoire dont le fil narratif ne se perd jamais entre les époques.

La simplicité de Reply 1997 est finalement son principal atout. Il y a dans l'écriture de ce drama une sincérité émotionnelle, dépourvue d'artifice, qui, tout en se réappropriant pleinement les codes les plus classiques des séries sud-coréennes relationnelles qui l'ont précédée - avec ses triangles amoureux et ses hésitations sentimentales éternelles -, parvient dans le même temps à faire souffler comme un vent de fraîcheur sur le genre. Si le téléspectateur s'investit tellement dans la destinée de cette bande d'amis et de leur entourage adulte, c'est parce que ces personnages lui parlent. En privilégiant l'émotion à l'état brut et l'authenticité des réactions et des anecdotes relatées, la série donne l'impression d'avoir à faire à des protagonistes instantanément familiers, dans des scènes qui nous semblent également déjà connues parce que, d'une façon ou d'une autre, on a tous vécu des moments ressemblant à ceux dépeints. Que les traits soient parfois forcés pour jouer sur un ressort comique bienvenu ne change rien à la chaleur humaine qui émane de cette mise en scène. Il s'agit d'un drama précieux qui touche au coeur, dans les rires qu'il provoque comme dans les larmes des épreuves de la vie qu'il n'occulte pas.

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Reply 1997 parle avec une sincérité parfois presque désarmante de la vie, de ces instants d'innocence passée et de la maturation progressive qui nous fait tous grandir au fil des expériences et des difficultés à surmonter sur notre chemin. Le fait que l'adolescence reste racontée comme une rétrospective par rapport à la réunion qui se déroule dans le présent apporte une forme de recul qui nous fait encore plus mesurer combien ces petits instants du quotidien passé ont pu compter pour façonner les vies actuelles de chacun. Pendant ses deux premiers tiers, le drama gère parfaitement une approche d'ensemble du groupe visant à nous montrer comment ils sont devenus ce qu'ils sont et quelle vie ils se sont construits. Dans le dernier tiers, un glissement s'opère. Les amis se séparent du fait des entrées dans différentes universités ; et l'équilibre entre les personnages évoluant, Reply 1997 retrouve des réflexes plus artificiels en se concentrant sur le triangle amoureux principal et en capitalisant sur le "mystère" consistant à se demander qui est le père de l'enfant que porte l'héroïne. Or le suspense n'en est pas vraiment un, car la réponse s'est imposée d'elle-même dès le départ. En se recentrant sur cet enjeu très rom-com, la série perd un peu de l'homogénéité qu'elle avait initialement. Elle conserve cependant inchangée la saveur que suscite chaque épisode.

Parallèlement à ce passage de l'adolescence à l'âge adulte, Reply 1997 est aussi une oeuvre qui cherche à faire vibrer une fibre nostalgique. Dans sa reconstitution de la fin des années 90, elle recrée l'ambiance d'une époque à travers mille et un petits détails, notamment technologiques, avec ces connexions internet par modem au débit si aléatoire, ces tamagochi ou encore l'engouement pour certains jeux vidéos comme Starcraft I. Et puis, il y a aussi son univers musical. Car il est important de rappeler que, par l'intermédiaire de Shin Won, Reply 1997 propose un autre portrait : celui des fans de certains boysband, et plus particulièrement d'une époque de tension entre les soutiens de H.O.T. et ceux des Sechs Kies. En montrant la dévotion, frôlant l'obsession dangereuse de ces fans "modernes", avec des activités entièrement tournées vers leurs idoles, qu'il s'agisse d'enregistrer une émission ou de camper devant leur maison, le drama dresse en filigrane un portrait de passionnées qui, en dépit de certaines extrêmités, sont, surtout au début, jeunes et sans recul, mais portées par un feu qui saura être la source de bien des motivations. L'entrée à l'université de Shin Won grâce à une fanfic initialement écrite sur ses idoles démontre le propos d'une série qui, sans cacher les excès, parle aussi avec affection de la manière dont ce genre de passion peut conduire certains à se sublimer.

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A ce jeu de la nostalgie, il faut souligner l'importance occupée par l'ambiance musicale qui accompagne le récit, dépassant la seule évocation des groupes fétiches des personnages. Reply 1997 accorde en effet une grande place à une OST extrêmement riche. Et si la musique y est omniprésente, elle apparaît pourtant toujours employée à bon escient. D'une part, la dimension musicale conserve une légitimité bien réelle puisqu'elle fait partie intégrante du scénario nous faisant remonter aux débuts de la k-pop. Et, plus globalement, cela lui permet d'évoquer la perception par les protagonistes des différents d'artistes de la fin des 90s'. D'autre part, la série propose des tubes d'époque, mêlant les origines et les registres, de façon à offrir un arrière-plan musical très diversifié. Cette page recensant une partie des chansons entendues (bien pratique pour permettre au téléspectateur non coréen, n'ayant pas forcément la culture musicale complète de cette période) montre la richesse du drama sur ce plan.

Côté casting, Reply 1997 s'apparente à une suite de paris, que rien ne garantissait sur le papier, mais qui ont été payants. La révélation du drama restera sans doute Jung Eun Ji : la jeune actrice est admirable de justesse et d'énergie dans un rôle dont elle capture aussi bien la passion que la vitalité. Dans son adolescence de fan de H.O.T. comme dans un registre plus adulte, elle sait jouer sur une certaine ambivalence pour offrir un portrait dynamique mais non sans nuances, extrêmement attachant. De manière générale, Reply 1997 est un drama où chacun semble avoir obtenu le rôle qui lui convient, renvoyant l'image d'un casting homogène où tout le monde trouve sa place et où la cohésion d'ensemble occulte toute faiblesse individuelle éventuelle. Chacun investit un registre qui lui correspond. C'est particulièrement marquant pour Seo In Gook (Love Rain), Shin So Yool (Jungle Fish 2), Eun Ji Won et Hoya. Lee Shi Un est lui plus dans un excès volontaire justifié par le ressort souvent comique de son personnage. Dans les adultes, Sung Dong Il (Fugitive : Plan B, Can't Lose) et Lee Il Hwa auront formé un couple vivant et solide avec une intéressante alchimie. Tandis que Soon Jong Ho (The Princess' Man) aura eu un rôle un peu lisse pour pleinement trouver à s'exprimer.   

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Bilan : Récit nostalgique et authentique, faisant revivre une adolescence pour nous relater ensuite les bases d'une maturation jusqu'à l'âge adulte, Reply 1997 est un drama profondément attachant, bénéficiant d'une écriture à la sincérité précieuse et n'ayant pas son pareil pour évoquer avec naturel ces années passées ayant façonné la vie présente de ses personnages. S'il n'aura pas réussi à maintenir l'équilibre qu'il avait trouvé au cours de ses deux premiers tiers, il sera resté jusqu'au bout une série capable d'enthousiasmer, de toucher et d'émouvoir.

Plus que tout, je crois que Reply 1997 m'a tout simplement rappelé une des raisons majeures pour lesquelles j'aime autant les dramas sud-coréens, et pourquoi ils complètent ma passion pour les séries de façon incontournable en apportant quelque chose qu'eux seuls parviennent à me faire ressentir : ce sont ces quelques instants d'émotion brute et de chaleur humaine, à la simplicité souvent désarmante, qu'aucun autre petit écran ne peut capturer avec autant d'empathie que des dramas comme Reply 1997.


NOTE : 8,5/10


Une chanson de l'OST :

26/09/2012

(K-Drama / Pilote) Nice Guy (The Innocent Man) : jeux de dupes et de trahisons

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Retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique, pour évoquer mes premières impressions sur une série qui vient tout juste de débuter : Nice Guy (aka No Such Thing As Nice Guys ou encore Innocent Man). C'est un drama que j'étais à la fois très curieuse de découvrir, mais aussi très méfiante. Si je dis rarement non par principe à un mélodrame de vengeance, il faut savoir que je ne suis encore à ce jour jamais parvenue au bout d'un drama de Lee Kyung Hee (et le traumatisme qu'a représenté pour moi A Love to Kill reste toujours vivace dans mon esprit - c'est un peu sa faute si j'ai bien failli abandonner les k-dramas avant même d'avoir commencé mon exploration).

Cependant il y avait une (bonne) raison pour laquelle je tenais à donner sa chance à Nice Guy : le trio d'acteurs rassemblés pour porter cette histoire à l'écran, et plus particulièrement la présence de Song Joong Ki. C'est ainsi que j'étais au rendez-vous pour ce drama qui a débuté le 12 septembre 2012 sur KBS2. Diffusé les mercredi et jeudi soir à 22h, il est pour le moment annoncé pour une durée de 20 épisodes. Au terme de ses quatre premières heures, le doute n'est pas levé pour savoir s'il saura tracer son chemin et maintenir son équilibre sur le fragile fil vengeresque du mélodrama qui est le sien, mais comme prévu, les acteurs sont au rendez-vous. Et si en plus on y retrouve la tension et le machiavélisme attendus, il n'y a pas de raison de ne pas en profiter.

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La vie de Ma Roo a basculé du jour au lendemain suite à une décision qu'il a prise pour celle qu'il aimait. Alors qu'il est un prometteur étudiant en médecine issu d'un milieu modeste, s'occupant dans le même temps de sa jeune demi-soeur à la santé fragile, il reçoit un soir l'appel catastrophé d'une de ses plus proches amies, Jae Hee, une journaliste qui, comme lui, espère faire carrière. Ma Roo débarque en pleine nuit dans une chambre d'hôtel en désordre pour découvrir une Jae Hee effondrée aux côtés du cadavre d'un homme. Devant la vision de la jeune femme choquée et bouleversée, il prend alors une décision qui va mettre un terme à la vie qu'il avait commencée à construire : il décide d'endosser la responsabilité du meurtre auprès de la police, et enjoint à Jae Hee de s'enfuir. Elle obtempère, le laissant seul à attendre les autorités.

Plusieurs années plus tard, après avoir purgé une peine de prison, Ma Roo a considérablement changé. Mais le choc n'en est pas moins grand lorsqu'il recroise Jae Hee dans un avion. Son ancienne amie est désormais la femme d'un puissant homme d'affaires avec qui elle a un enfant, mais aussi une belle-fille, Eun Gi, qui n'a que quelques années de moins qu'elle et avec laquelle elle est en concurrence. Cette dernière, marquée par le fait que sa mère ait été écartée, a été élevée pour devenir l'héritière du groupe. Femme d'affaires intense et peu portée sur les compromis, entièrement dévouée à la compagnie, elle entretient pourtant avec son père des rapports difficiles. Tandis que les relations entre Eun Gi et Jae Hee se dégradent, l'arrivée dans leur vie de Ma Roo, et des secrets venus du passé qui l'accompagnent, ajoute une nouvelle inconnue à l'équation complexe que représentent leurs luttes. 

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Ces débuts de Nice Guy s'apprécient par la fluidité de leur exécution, à la manière d'une partition aussi calibrée qu'ordonnée. L'introduction des différents personnages est bien menée car le drama fait le choix d'aller directement à l'essentiel, pour nous laisser entrapercevoir leur vraie nature, mais aussi les différentes facettes et les rôles que les situations ou les évènements vont faire endosser à ces protagonistes. Les premières minutes volontairement stéréotypées, empruntées à un drama médical, permettent ainsi de mesurer le contraste entre le Ma Roo d'alors, qui, outre son innocence et sa spontanéité, renvoie surtout l'image d'un jeune homme droit ayant foi en lui-même, et celui que l'on retrouve après le flashforward en prison. La distance qu'il a désormais acquise le rend presque inaccessible à une caméra qui scrute sans succès ce visage en apparence impassible, masquant ses émotions et cet ancien accès direct à son coeur comme autant de failles à bannir.

Le traitement des personnages féminins joue lui, non sur la transformation, mais sur une ambivalence qui s'inscrit dans un registre très proche. Pour Jae Hee, les conditions dans lesquelles elle fait le choix de sacrifier Ma Roo sur la scène de crime sont révélatrices : par-delà la panique et les larmes qui marquent son visage, le déchirement, s'il existe, n'en demeure pas moins accepté en conscience. Quant à Eun Gi, sa position exige qu'elle s'entoure d'une armure froide et énergique, sans s'embarrasser des formes. Son introduction, par l'"exécution" professionnelle, sans sourciller, d'un directeur de sa compagnie, symbolise parfaitement la businesswoman qu'elle entend, qu'elle doit incarner - pour survivre dans ce milieu. L'efficacité du pilote de Nice Guy tient à sa capacité d'offrir au téléspectateur une clé de compréhension et de multiples entrées pour chaque protagoniste, laissant deviner dans leur psychologie des dualités autrement plus complexes que ce qu'ils acceptent de dévoiler.

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Ce premier contact donne très bien le ton d'une série où, derrière le jeu des apparences et le vernis des rapports policés et civilisés, s'apprêtent à avoir lieu des luttes intenses et éprouvantes. Les épisodes suivants confirment le potentiel indéniable du trio central. Le ressort narratif principal repose sur les conflits ouverts, mais aussi les manipulations actées en coulisses. Le drama maîtrise à merveille la froideur des échanges, l'importance des non-dits, mais aussi les sous-entendus si perceptibles auxquels finissent par succéder quelques répliques assassines autrement plus directes. Cherchant à maintenir son rythme de narration, Nice Guy se révèle donc efficace dans un jeu de dupes où chacun avance ses pions, et ne laisse transparaître à son interlocuteur que ce qu'il souhaite. Par intermittence, est cependant perceptible le risque inhérent à l'exercice : celui qui serait d'en faire trop. La précarité de l'équilibre d'écriture se perçoit par moment, notamment dans la construction des cliffhangers (même si l'ensemble fonctionne assez bien pour le moment).

Cependant une seconde source de déséquilibre est d'emblée plus problématique : celle liée à la gestion maladroite de l'entourage du trio. Les personnages secondaires subissent en effet un traitement autrement plus aléatoire, et moins travaillé que les principaux. Si certains s'en sortent à peu près, comme le père de Eun Gi, par exemple, qui est plutôt convaincant dans son rôle de patriarche au coeur des jeux de pouvoirs, c'est tout l'opposé de l'utilisation de la soeur de Ma Roo. Cette dernière s'enferme dans un schéma vite répétitif, avec pour défaut de monopoliser de longues plages de temps (surtout dans les épisodes de la semaine dernière) qui n'ont aucune utilité, ni intérêt ou bien de réel lien direct avec l'histoire principale. La seule fonction de ce personnage semble être de lui greffer des micro-storylines qui viennent à l'occasion ajouter du pathos à un drama qui n'a pas besoin d'une dose supplémentaire. Ces maladresses seraient anecdotiques si elles ne venaient pas quelque peu casser le rythme des épisodes. A surveiller.

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Relativement solide sur le fond même s'il montre certaines limites, Nice Guy est en revanche franchement réussi sur la forme. La photographie est belle, la réalisation parfaitement maîtrisée, avec une mise en scène soignée, empruntant à un registre presque théâtral à l'occasion pour parvenir à si bien capturer l'intensité de certaines scènes de confrontation. Et quand le script qui l'accompagne est bon, cela donne donc des passages vraiment savoureux. De plus, la bande-son reste globalement utilisée à bon escient, sans excès, avec un thème instrumental récurrent appréciable.

Enfin, dernier atout et non des moindres, Nice Guy dispose d'un solide casting. Les acteurs ne peuvent pas tout faire, mais ne serait-ce que pour avoir l'opportunité d'apprécier leur jeu, ce drama mérite qu'on lui laisse sa chance. Song Joong Ki (Triple, Sungkyunkwan Scandal) m'avait impressionné l'an dernier dans les premiers épisodes de Tree With Deep Roots, où il avait magistralement interprété le jeune roi SeJong, il poursuit sur une même lancée. Il délivre ici une prestation assez fascinante, d'une intensité remarquable de nuances, ne nous laissant jamais complètement oublier que derrière sa façade de détermination distante, il reste toujours un écho vulnérable du jeune étudiant en médecine brièvement croisé au début. Face à lui, pour compléter ce trio, Moon Chae Won (The Painter of the Wind, It's Okay, Daddy's Girl, The Princess' Man) démontre une nouvelle fois qu'elle sait apporter une présence et une force rares à l'écran, tandis que Park Si Yeon (Coffee House), dans un rôle qui sur le papier n'est pas très éloignée de celui qu'elle tenait dans Story of a Man, démontre qu'elle maîtrise désormais très bien ce jeu des apparences et des machinations dans lequel son personnage semble exceller. On notera également les présences de Lee Kwang Soo, Lee Yoo Bi ou encore Kim Young Chul.

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Bilan : Dans un registre assumé de mélodrama de vengeance, les débuts de Nice Guy correspondent à ce que l'on pouvait légitimement en attendre. L'exécution est calibrée, mais globalement solide et fluide. Le potentiel de l'histoire réside dans la dualité et l'ambivalence des différents personnages, autant que dans les confrontations que leurs oppositions promettent. Cette partie est pour le moment la mieux maîtrisée, ce qui conforte dans l'idée que le drama devra faire attention à ne pas se disperser et bien se concentrer sur son enjeu principal. C'est un récit de trahisons, un jeu de dupes et de manipulations, qui nous sont annoncés : à suivre (et surveiller) !


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce du drama :


Une chanson de l'OST :

12/09/2012

(K-Drama / Pilote) The Thousandth Man : variations amoureuses teintées de fantastique

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Entre rush et stress de rentrée, j'ai trouvé cette semaine une échappatoire sériephile aussi parfaite qu'inattendue : un drama sud-coréen frais et touchant, testé sans véritables attentes si ce n'est la curiosité de voir une nouvelle fois décliné à l'écran le mythe fantastique et folklorique du gumiho. Ce fameux renard à neuf queues a déjà fait l'objet de nombreuses adaptations. Vous vous souvenez peut-être des plus récentes en 2010, très différentes l'une de l'autre, avec My Girlfriend is a gumiho et Gumiho : Tale of the fox's child, ou encore d'un épisode l'anthologie Hometown Legends (en 2008) ; voire (mais je ne le vous souhaite pas) de Nine-Tailed Fox (Gumiho), un de mes premiers k-drama, datant de 2004, dont la seule chose à sauver était l'entraînant générique.

The Thousandth Man propose donc une nouvelle re-écriture du mythe (dont la principale constante par-delà les variantes est, outre les charmantes neufs queues qui surgissent à l'écran pour certaines scènes, le fait de se nourrir du foie d'êtres humains). Diffusé sur MBC le vendredi soir à 22h, ce drama a débuté le 17 août 2012. L'autre point qui avait attiré ma curiosité est son format : il s'agit d'une mini-série de seulement 8 épisodes. Une durée brève qui apparaît comme une assurance qu'il y aura peu de longueurs, et qu'il n'y a pas de dilution d'intrigue à craindre. Après trois épisodes visionnés, je constate avec surprise que je me suis plus attachée à ce drama que je ne l'imaginais.

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Mi Jin est, comme le furent également sa mère et sa soeur, une gumiho. Sauf que ces deux dernières sont désormais devenues des humaines, car elles ont mangé les 1000 foies d'hommes exigés pour franchir ce cap vers lequel toute existence de gumiho tend. Mi Jin en est, elle, à 999. Seulement, il ne lui reste plus que trois mois pour manger son dernier foie. Si elle est incapable de trouver ce 1000e homme, elle disparaîtra, comme si elle n'avait jamais existé. Sa famille, logiquement, s'inquiète. Mais Mi Jin refuse obstinément de revoir ses principes : elle ne prendra que le foie d'un homme qui l'aime sincèrement et acceptera en conscience ce sacrifice.

Après avoir été envoyée en voyage à l'étranger par sa mère, qui multiplie les interventions pour ramener sa fille à la raison, le drama s'ouvre sur son retour en Corée du Sud. Dans l'avion qui la ramène et rencontre d'importantes turbulences, elle croise pour la première fois Eung Suk, dont le visage lui rappelle un de ses anciens amours tragiques de l'époque de Goryeo. Ce jeune trentenaire est propriétaire d'un étrange restaurant, qui ne sert qu'une seule table, et n'accepte qu'arbitrairement les demandes de réservation, exigeant une bonne raison pour admettre un tel évènement. Sa mère souhaitant depuis longtemps pouvoir dîner dans cet endroit si sélectif, Mi Jin va être amenée à recroiser Eung Suk. Mais dans le même temps, les jours défilent et l'échéance fatale se rapproche...

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Si The Thousandth Man semble tout avoir du drama relativement anecdotique, avec ses recettes narratives éprouvées, ses ficelles un peu grosses et ses raccourcis empruntés sans sourciller, il séduit progressivement par la franchise de son approche. Il émane en effet de cette série une fraîcheur et un dynamisme d'ensemble communicatif. Sur un rythme enlevé, elle enchaîne les situations improbables et/ou délirantes, assumant crânement son registre comique et tous les excès légitimes qui l'accompagnent. Elle précipite ainsi allègrement les confrontations entre ses personnages, trouvant toujours de nouveaux prétextes pour les faire se croiser. S'ils sont stéréotypés et ne font guère dans la nuance, les différents protagonistes n'en sont pas moins attachants avec leurs caractères tranchés et leurs éclats. La recherche du 1000e heureux élu pour Mi Jin suit le schéma d'un quasi formula show, puisqu'à chaque épisode, elle croise un nouveau foie homme potentiel. Certes, ces pérégrinations amoureuses, déclinant toutes les variantes envisageables des relations (l'artificiel, le désespéré, l'amour passé) et permettant au passage un petit discours sur l'Amour avec un grand A, sont de qualité inégale. Mais après un deuxième péniblement agaçant, le troisième rétablit l'équilibre avec son mélancolisme poignant.

Partie sur ces bases, The Thousandth Man aurait pu être une simple énième romcom frivole avec un twist fantastique, mais ce serait oublier la dualité de tons inhérente à son concept. Cela lui permet de gagner en ambivalence et en force émotionnelle. Capable de passer en un instant de l'absurde au sérieux, le drama sait faire preuve d'une réelle sincérité, simple et touchante, pour mettre en scène des sentiments. Très vite, assister au rapprochement progressif, hésitant, de Mi Jin et de Eung Suk devient une des raisons principales sur laquelle se construit la fidélité d'un téléspectateur chez qui cette paire fait vibrer une corde sentimentale sensible. C'est d'autant plus marquant qu'en arrière-plan, se profile une échéance plus dramatique : Mi Jin dispose de trois mois pour trouver son 1000e homme, tandis que l'état de santé entre-aperçu/suggéré de Eung Suk pose aussi question. Ces épées de Damoclès laissent entrevoir un potentiel plus poignant. On ne sait pas quel sera le tournant pris, mais cela a le mérite de faire ressortir un peu plus l'importance de chaque scène, de chaque choix, comme une sorte de carpe diem suggestif en filigrane.

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La vitalité de The Thousandth Man est également très perceptible sur la forme. La réalisation, avec son lot de plans serrés, ses montages rapides et ses coupes parfois un peu abruptes, reste classique sans réelle innovation, la photographie aux couleurs chatoyantes donnant cependant le ton. C'est à travers une bande-son très riche que The Thousandth Man s'efforce de faire passer son énergie. Il faut dire que nous sommes face à un de ces dramas que je qualifie de "clip-esque" : détestant les silences, il flotte quasiment toujours en arrière-plan une chanson ou une musique entêtante qui accompagne, voire prend le pas sur la scène en cours. Le genre majoritaire à l'écoute est k-popien, mais on croise aussi quelques morceaux plus calmes (à ce sujet : si quelqu'un sait quelle était la balade un peu déchirante qui retentit dans le troisième épisode, n'hésitez pas à me laisser la référence en commentaire !). Je critique souvent ces sur-utilisations musicales, mais dans ce drama, je dois reconnaître que cela s'insère généralement bien dans la narration, et contribue au dynamisme d'ensemble.

Enfin, ce drama rassemble un casting acceptable : il est logiquement porté au sur-jeu du fait des accents de comédie, mais, avec ses excès, ils n'en demeure pas moins capable de nous faire nous attacher à ces personnages colorés ; c'est bien là le principal. C'est Kang Ye Won qui interprète Mi Jin, gumiho obstinée qui rejette l'idée de profiter d'un amour non sincère pour se sauver. Face à elle, Lee Chun Hee dispose d'un rôle sur-mesure : ombrageux au premier abord, mais on devine vite qu'il s'agit surtout de mécanismes de défense visant à éloigner les gens. Ses scènes avec Kang Ye Won fonctionnent bien. A leurs côtés, on retrouve également Jun Mi Sun, Hyo Min, Suh Kyung Suk ou encore Park Jung Hak.

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Bilan : Comédie fantastique déclinant des variantes amoureuses convenues sur un rythme entraînant, The Thousandth Man se révèle être une série rafraîchissante qui sait jouer sur une ambivalence de tonalités appréciable. On s'amuse et on rit devant certaines tirades délirantes et absurdes... et puis, au détour d'une conversation, les thèmes redeviennent soudain plus sérieux et posés. Le temps s'égrène pour Mi Jin, tandis que le téléspectateur s'inquiète de la santé de Eung Suk. On se surprend à s'attacher. Le tournant mélodramatique est une potentialité maintenue en arrière-plan dont chacun semble avoir conscience. Si bien qu'on ne profite que plus intensément de ces épisodes, tout en espérant une heureuse résolution. Mais au fond qu'importe les larmes éventuelles, si il y a eu du rire et des sentiments avant. Tant que la série conserve sa fraîcheur et sa simplicité, tout ira bien.

Bref, The Thousandth Man n'a rien de révolutionnaire. Mais il réchauffe le coeur en cette rentrée automnale.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce du drama :

Une chanson de l'OST :

05/09/2012

(K-Drama / SP) The Temple (The Gate of Truth) : de la difficulté de comprendre et d'accepter les choix d'un père


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En ce mercredi asiatique, arrêtons-nous un peu sur la troisième saison des dramas special de KBS. J'avais déjà eu l'occasion de vous en parler brièvement l'an dernier : il s'agit d'une série d'unitaires d'une durée d'un peu plus d'une heure, qui présente les destinées particulières de personnes ordinaires. Si tous ces dramas special ne se valent pas d'un point de vue qualitatif, on y fait parfois de jolies trouvailles. Et pour qui veut un peu de programmes sud-coréens dans son petit écran sans avoir à s'investir pour les quelques dizaines d'heures minimum d'une série classique, il s'agit d'un format appréciable. C'est dans cette optique que je vais vous parler aujourd'hui d'une fiction qui a été diffusée le 8 juillet 2012 sur KBS2 : The Temple (aka The Gate of Truth).

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The Gate of Truth nous raconte l'histoire de Young Hae Jeong. Laissée aux soins d'un temple boudhiste alors qu'elle n'est qu'une enfant, ne connaissant pas ses parents, elle grandit aux côtés d'un autre jeune orphelin, Deuk Woo. Un jour, un moine inconnu franchit les portes du temple : Hae Jeong apprend qu'il s'agit de son père. Si elle cherche à établir un contact avec lui, ce dernier la repousse, puis demande à ce qu'elle soit rendue à sa mère en dépit de la vie compliquée que mène cette dernière. Très vite, la vie au temple manque à Hae Jeong, tandis que son incompréhension à l'égard de ses parents ne fait que croître. Des années plus tard, après leur décès et alors qu'elle a fondé sa famille, elle retourne sur le chemin de son enfance. Deuk Woo, devenu moine, s'efforce alors de lui faire faire la paix avec ce passé qui reste douloureux.

Bénéficiant d'une héroïne attachante, qui vibre de l'innocence de l'enfance pendant la majeure partie du récit, ce drama special propose une histoire simple, mais touchante. Sa mise en scène de cette famille éclatée par la décision spirituelle d'un père qui leur a tourné le dos apparaît très humaine. La thématique du récit a des accents relativement universels : c'est une histoire sur la façon de concevoir les relations parents-enfant, et l'évolution qu'elles connaissent au fil de la vie. L'enjeu central est la volonté de comprendre les motivations et les raisons des choix de ses parents - et la difficulté à laquelle cette ambition se heurte. Si l'incompréhension se fait de plus en plus criante au fur et à mesure que Hae Jeong se pose des questions et voit toutes ses attentes déçues, la finalité de son apprentissage reste de parvenir à faire la paix avec ses parents, et plus particulièrement avec cette figure paternelle absente qui l'a rejetée.

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Si l'histoire apparaît donc très linéaire, The Gate of Truth retient d'autant plus l'attention du téléspectateur en raison du cadre choisi pour cette problématique : le drama special nous immerge en effet dans un environnement boudhiste. La majeure partie de l'épisode se déroule ainsi au sein d'un temple. Hae Jeong y forge les bases de son éducation. C'est en suivant ces préceptes qui ont marqué son enfance qu'elle va être capable de se placer du point de vue de son père, et, si ce n'est accepter, au moins comprendre ses actes, en appréciant aussi le déchirement que cela a représenté, y compris pour lui. Imprégné de cette culture, le récit suit un développement simple, à la sincérité bienvenue. Il aboutit à une chute finale sobre, appropriée au progressif enseignement de la vie ainsi délivré.

The Gate of Truth est un drama qui se déroule principalement dans l'enfance de la protagoniste principale, et est donc une de ces fictions qui repose sur l'empathie que saura dégager la jeune actrice à qui a été confié le rôle. Lee Yeong Eun-I s'en sort particulièrement bien : elle sait émouvoir le téléspectateur, tout en proposant une interprétation qui sonne très authentique. A ses côtés, on retrouve Jeon Ye Seo, Jeong Ee Kap, Seo Kap Sook, Kim Cheol Woong, Oh Yeong Soo et Kim Woo Seok. Sur la forme, l'épisode adopte la retenue que l'on attendait légitimement d'une telle histoire : une réalisation simple, sachant cependant mettre en valeur le décor boudhiste, et une bande-son inexistante si ce n'est les bruits de la vie du temple et des prières.

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Meeting and saying good-bye are not two things.
Starting and ending are not two things.
Life and death also are not two things, but one.

Bilan : Sans autre ambition que de proposer une histoire simple et humaine, The Gate of Truth parle de la difficile compréhension de l'autre, tout en mettant l'accent sur la complexité - mais aussi l'impossibilité de se mentir à soi-même - qui est inhérente aux relations parents-enfants. Sachant toucher le téléspectateur, ces 80 minutes défilent sans que l'on y prenne garde. Bénéficiant d'un cadre particulier (boudhiste) que le drama exploite pleinement pour les besoins de son récit, il se conclut en sur une fin à la résonnance très juste, qui referme parfaitement ce chapitre de vie. En résumé, The Gate of Truth n'est pas un visionnage incontournable, mais représente bien ce que j'attends d'un drama special.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce : Voir par là.

29/08/2012

(K-Drama / Pilote) Arang and the Magistrate : la fantôme et le juge, un folklore fantastique à potentiel


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En ce retour du mercredi asiatique après une (brève) pause forcée, restons en Corée du Sud. Tandis que Reply 1997 demeure mon coup de coeur de l'été, mais ce mois d'août a vu arriver d'autres nouveautés dont certaines ont retenu mon attention. Parmi elles, ma préférée est Arang and the Magistrate. Elle est diffusée sur MBC depuis le 15 août 2012, à raison de deux épisodes par semaine chaque mercredi et jeudi soir.

Son histoire s'inspire d'une légende du folklore sud-coréen. Mélange d'historique et de fantastique, le tout entremêlant drame et comédie, la série n'a pas suscité chez moi un coup de foudre immédiat. Mais c'est progressivement, par le soin apporté à son univers mythologique et le développement de ses intrigues, que je peux dire, après 4 épisodes, qu'elle a bel et bien piqué ma curiosité et a su me fidéliser devant mon petit écran.

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Arang and the Magistrate se déroule dans une petite ville, durant l'époque de Joseon. Eun-Oh, fils d'un noble et d'une esclave, a pris la route en quête de sa mère ; c'est ainsi qu'il se retrouve à Miryang. Il dispose d'une faculté rare qu'il garde secrète : celle d'être capable de voir et de toucher les fantômes. Sur le chemin, puis dans la ville, il croise une jeune femme décédée depuis trois ans qui recherche désespérément ce qui lui est arrivé : elle ne sait plus qui elle est, se présentant sous le nom d'Arang. Pour essayer d'attirer l'attention des autorités sur son cas - et éventuellement l'élucider -, elle a pris l'habitude d'apparaître aux nouveaux magistrats nommés dans la ville, provoquant invariablement des frayeurs qui sont fatales aux respectables dignitaires. 

Découvrant que Eun-Oh peut la voir et n'a aucune peur d'elle, Arang intrigue pour qu'il soit nommé magistrat à son corps défendant - le poste n'étant guère recherché au vu des récents précédents mortels. Après avoir opposé un accueil glacial à la jeune fantôme, Eun-Oh s'aperçoit qu'elle porte dans ses cheveux un binyeo identique à celui qu'il avait donné à sa mère. Arang la connaît-elle ? L'a-t-elle croisée quelque part ? Seulement, pour espérer en apprendre plus, il faut l'aider à retrouver la mémoire : découvrir qui elle est et quelles ont été les circonstances de sa mort. Eun-Oh choisit donc de rester magistrat pour le moment... Mais les actions d'Arang, et son obstination à défier les faucheurs, ont attiré l'attention des divinités, et notamment de l'Empereur de Jade qui va lui proposer un surprenant marché.

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Rentrer dans l'univers de Arang and the Magistrate nécessite de lui accorder un peu de temps pour installer ses enjeux. Multi-genres par nature, le drama propose un mélange de comédie et de drame, dont les oscillations constantes peuvent de prime abord dérouter. Parfait symbole de cette difficulté, la scène où Arang raconte, sur un ton plutôt léger, comment elle a involontairement provoqué la mort des magistrats précédents, illustre le paradoxe de ces variations de tonalités, comme si les scénaristes hésitaient sur l'orientation à donner à leur série. Certains dramas s'égarent justement à cause d'une incapacité à trouver la bonne approche pour exploiter un sujet pourtant intéressant. Heureusement, cela ne semble pas être le cas de Arang and the Magistrate qui acquiert progressivement une vraie consistance au fil de ses épisodes.

Après un pilote qui, sans véritablement expliquer la situation, prend le temps de nous familiariser avec les différents protagonistes, les suivants recentrent le récit sur ses grands enjeux. L'intrigue progresse vite ; le mystère de la mort d'Arang et le tournant inattendu que prend sa quête retiennent l'attention du téléspectateur. Parallèlement, tout en donnant suffisamment d'informations pour intéresser, la série conserve aussi ses secrets, distille quelques indices nourrissant les spéculations et aiguise donc la curiosité. Les questions se bousculent. Qu'est-il vraiment arrivé à la jeune femme ? Quel est son lien avec Eun Oh, personnage qui conserve lui-aussi sa part de mystère ? A mesure que l'intrigue s'épaissit, Arang and the Magistrate se détache d'un burlesque limité pour investir une vraie dimension émotionnelle, plus propre à la tragédie, qui sait nous toucher. Les ingrédients sont rassemblés, et le potentiel est là : ne reste qu'à maintenir un souffle narratif conséquent pour emporter le téléspectateur dans le tourbillon des destinées de nos héros.

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Avec ces bases de départ, Arang and the Magistrate aurait pu être une histoire, peut-être efficace, mais relativement quelconque dans les canons sud-coréens. Cependant sa véritable valeur ajoutée, qui fait une bonne partie de l'attrait de ces débuts, tient à l'univers mythologique qu'elle prend la peine de construire pierre après pierre. Rapidement en effet, s'esquisse toute une riche mythologie fantastique. Le drama introduit ses fantômes, chassés par ses sombres faucheurs, et ses shamans qui font le lien avec le monde des vivants. Tous ces intervenants multiples apparaissent comme autant de pions pour des divinités jouant le destin des hommes au cours de leurs parties de jeu de go. Le monde de l'au-delà, et plus particulièrement l'univers de l'Empereur de Jade, adopte une symbolique, résolument féérique, où, si tout n'est pas toujours parfaitement bien exécuté, les idées ne manquent pas.

Réveillant l'imaginaire, la mythologie introduit ses créatures, mais aussi ses codes à respecter. Plus les scénaristes apportent de détails aux conditions de chacun, des fantômes essayant de se nourrir aux faucheurs non immortels, l'intérêt du téléspectateur pour cet univers grandit... Je dois dire que c'est à cet aspect que je suis le plus sensible : il y a dans Arang and the Magistrate une volonté d'exploiter et de façonner un vrai fantastique qui ne sert pas de simple prétexte à l'intrigue, mais qui est au contraire pleinement intégré au "monde réel", y compris dans la reconstitution historique à laquelle donne lieu le drama. L'intrigue se nourrit de ce fantastique : tout semble orchestré par l'Empereur de Jade dont l'ambivalence intrigue. En prenant peu à peu ses marques, l'histoire légitime dans le même temps tout ce background fantastique. De cette homogénéité se dégage une véritable ambiance et une identité propre à la série.

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Sur la forme, Arang and the Magistrate est un fusion sageuk soigné. Le drama profite de son registre historique pour offrir quelques belles reconstitutions en costumes aux couleurs chatoyantes. Comme souvent, la réalisation s'affine et gagne en maîtrise au fil des épisodes. L'esthétique correspond vraiment à ce que l'on peut attendre de nos jours de ce genre de série. Par ailleurs, j'ai aussi apprécié la bande-son, avec des thèmes instrumentaux qui mêlent résonnances traditionnels et un côté plus rythmé accompagnant efficacement le récit. Cela contribue à lui donner une atmosphère partculière.

Enfin, le drama réunit un casting solide. Il signe le retour de Lee Jun Ki (ou Lee Joon Gi, mais déjà que je ne m'en sors pas avec les noms des acteurs, si en plus il faut changer la romanisation de leur nom une fois que je l'ai retenue au milieu de leur carrière, je déclare forfait...) après son service militaire. Quand je pense que le dernier drama dans lequel je l'ai vu devait être Time between Dog and Wolf, il a bien changé ! Mais ça m'a fait plaisir de le retrouver, d'autant que c'est un acteur qui sait jouer sur les registres aussi bien comiques que dramatiques. Il n'a pas encore été trop sollicité, mais le duo qu'il forme avec Shin Min Ah (The Devil, My Girlfriend is a Gumiho) fonctionne très bien, les deux acteurs ayant le répondant et la présence nécessaire pour former un duo convaincant à l'écran. A leurs côtés, pour le moment, les autres restent en retrait. On retrouve notamment Yun Woo Jin, Hwang Bo Ra, Kwon Oh Joong, Han Jung Soo, Yoo Seung Ho ou encore Park Joon Gyu.

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Bilan : Plus que le potentiel indéniable de son concept et son mélange des tonalités qui n'amoindrit cependant pas la force du récit - même s'il faudra surveiller ses développements à moyen terme -, Arang and the Magistrate se démarque par la richesse de l'univers qui se construit sous nos yeux. La série bâtit une vraie mythologie, le fantastique étant imbriqué dans l'histoire, et non cantonné à un simple arrière-plan distant et dépaysant. Tout n'est pas exempt de reproches : le drama a ses maladresses et des scènes parfois un peu inutiles qui génèrent quelques longueurs. Mais il séduit par son imagination, ce qui est déjà un très bon point, et donne donc envie de découvrir la suite.


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce du drama :

Une chanson de l'OST :