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25/10/2010

(Pilote / Mini-série UK) Single Father : veuf et père de famille... mais ensuite ?


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J'ai finalement trouvé le courage durant le week-end de regarder le premier épisode de la mini-série dominicale diffusée sur BBC1 depuis 15 jours : Single Father. Le "courage", voilà bien l'expression adéquate. Non, ce n'est pas mon goût prononcé pour le théâtralisme qui s'exprime. Car si la présence de David Tennant dans le rôle principal n'est pas étrangère au buzz qui l'a accompagnée, son sujet, particulièrement difficile, retenait également l'attention. Et si le visionnage de Single Father fut si difficile, cela n'a rien à voir avec sa qualité indéniable, loin de là. C'est plutôt la conséquence directe d'un thème très éprouvant qui ne peut laisser le téléspectateur insensible devant son petit écran.

Par ricochet, c'est également la rédaction même d'une review qui s'avère compliquée. Submerger par cette dimension émotionnelle, il est difficile de prendre du recul par rapport à ce premier épisode, sur les quatre que va compter la mini-série. Je ne vous cache pas avoir, au cours de ce pilote, construit méticuleusement une pyramide de mouchoirs qui, au bout d'une heure, n'était plus si loin de faire concurrence, en hauteur, à sa consoeur de Giseh. Comment reviewer une fiction où le ressenti est si fort qu'il écarte toute possibilité de raisonnement rationnel ? C'est ce que j'ai tenté de faire dans cette critique.

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Dès les premières minutes, il apparaît évident que Single Father est un drame humain qui sera placé sous le signe de l'authenticité. L'épisode nous plonge immédiatement dans le quotidien animé d'une famille de la classe moyenne britannique. Avec ses cris, ses disputes et ses réconciliations, rien de plus banal finalement que les situations portées à l'écran. Rien de plus reconnaissable pour tout un chacun aussi, que les frustrations et les apaisements ainsi dépeints. C'est donc en premier lieu par cette simplicité presque désarmante que Single Father pose les bases de la tragédie qui va suivre. Car l'enjeu est bien là : la perte de ce cocon confortable, de cette normalité presque stéréotypée, lorsque va se produire un drame qui vient tout bouleverser. Il aura suffi d'une voiture de police, girophare allumé mais sans sirène, grillant un feu rouge à un carrefour pour briser net ce fragile bonheur dont on ne prend généralement pleinement conscience, qu'une fois qu'il s'est enfui.

Rita, mère et épouse, est tuée sur le coup suite à cet accident, laissant derrière elle, épleurés, un mari et quatre enfants, dont l'aînée a 15 ans. C'est désormais sur les épaules de Dave que repose la responsabilité de toute cette petite tribu. Comment continuer à vivre, faire face à son veuvage et à sa propre solitude, tout en étant capable de s'occuper et d'être là pour des enfants ayant perdu leurs repères. Car si les plus jeunes s'échappent de leurs pensées sombres en ayant encore cette capacité d'évasion qui leur est propre, pour s'émerveiller et rester dans leur monde, comment peut réagir une adolescente qui n'est pas la fille biologique de Dave, mais le fruit d'une liaison antérieure de Rita ? Si les amis, la famille, sont là pour aider, est-il seulement possible, dans de telles circonstances, de se reconstruire et de repartir vers l'avant ? Et si oui, de quelle manière cela peut-il se réaliser ?

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Ce qui frappe tout d'abord devant cet épisode, c'est qu'au-delà du tourbillon émotionnel qu'il soulève, il est d'une sobriété rigoureuse et appliquée qui lui apporte une réelle sincérité. Tout au plus Single Father semble-t-il céder une seule fois aux sirènes du lacrymal, par sa gestion temporelle de l'introduction qui amène à une répétition de l'accident fatal, nous faisant vivre deux fois ce fameux moment. Mais dans l'ensemble, c'est avec une retenue presque pudique que l'histoire est mise en scène. Il y a quelque chose de profondément intimiste et de très personnel dans la manière dont les caméras accompagnent ce deuil éprouvant. Des attitudes jusqu'aux dialogues, en passant par les silences et les non-dits, Single Father réussit à raconter avec beaucoup d'authenticité une histoire tellement sensible et difficile à retranscrire.

Pour autant, aucun doute là-dessus : l'épisode est excessivement éprouvant pour le téléspectateur. Mais, si les nerfs des personnages lâchent sporadiquement et légitimement, jamais la mini-série ne verse dans un pathos théâtral qui était l'obstacle le plus difficile à éviter. Pas de capitalisation sur l'empathie et les larmes du téléspectateur, c'est simplement une histoire, tragique certes, mais aussi atrocement simple. Et c'est justement cette proximité que l'on ressent avec les personnages qui accentue la force de Single Father. Les scénaristes ont trouvé le juste équilibre dans ce mélange paradoxal, porté à l'écran, d'exceptionnel et de banalité. De cette impressionnante maîtrise dramatique, on retient une matûrité d'écriture incontestable dont beaucoup de fictions gagneraient à s'inspirer.  

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Si Single Father négocie avec tact le tournant du décès de Rita, l'enjeu va ensuite être de réussir à raconter le deuil de chacun et finalement comment la vie peut continuer après une telle tragédie. Comme le titre l'indique, c'est à travers Dave que va nous être narrée cette reconstruction vers l'avenir. Comment continuer à vivre  en dépit de la douleur menaçant à tout instant de submerger ? C'est une question sous-jacente qui reste informulée, en arrière-plan, et sur laquelle il n'a pas le loisir de réfléchir. Il réagit, recadre, se laisse porter par le quotidien animé que proposent toujours ses enfants. Des plus jeunes n'ayant pas forcément conscience de tout ce qui se passe à l'adolescente ébranlée qui doit désormais en plus faire face à cette crise identitaire qui achève ses dernières certitudes, chacun réagit à sa manière. Une des forces de cette mini-série est de prendre le temps de les individualiser, leur conférant ainsi également une vraie légitimité dramatique.

En effet, toutes les réactions, tous ces échanges, ont une constante : cette impression de sincérité, presque désarmante, mais aussi très poignante, qui émane de chaque scène. La dimension humaine de Single Father doit  beaucoup à la manière dont elle réussit à décrire la dynamique existant au sein de cette petite famille. Le soutien de l'entourage, avec la présence des amis, bénéficie du même traitement narratif. C'est d'ailleurs parmi eux que se trouve peut-être le salut de Dave, alors qu'il se rapproche peu à peu de celle qui partage une douleur aussi profonde que lui, l'ancienne meilleure amie de sa femme... La reconstruction d'une vie a un prix, mais ne sera-t-il pas trop élevé ?

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Bénéficiant d'une réalisation à la sobriété toute aussi maîtrisée, Single Father peut en plus s'appuyer sur un solide casting qui a les épaules pour porter un tel drame émotionnel à l'écran et qui est emmené par un David Tennant (Doctor Who, Blackpool) impeccable : il parvient à jouer dans un registre très émotionnel, avec beaucoup d'empathie, mais sans jamais trop en faire. A ses côtés, on retrouve des valeurs sûres du petit écran britannique : Suranne Jones (Five Days, Harley Street, Coronation Street), Warren Brown (Dead Set, Luther), Isla Blair (House of Cards : The Final Cut), Rupert Graves (Sherlock, Midnight Man, Charles II : The Power & The Passion), Mark Heap (Green Wing, Desperate Romantics, Lark Rise to Candleford) ou encore Neve McIntosh (Bodies). A noter également que Rita, énergique et rafraîchissante, était interprétée par Laura Fraser (Lip Service).

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Bilan : Ce premier épisode de Single Father se révèle impeccable à plus d'un titre dans la manière dont il construit sa narration, presque fascinant dans sa maîtrise. Ne cédant pas à la tentation d'en faire trop dans un pathos qui s'impose de lui-même, il se dégage au contraire beaucoup de justesse et d'authenticité des situations et des échanges mis en scène. Adoptant une tonalité intimiste qui colle parfaitement au drame, Single Father reste d'une sobriété louable qu'il faut souligner. Certes, le visionnage est éprouvant. Je pense que cette mini-série s'adresse à un public averti. Je sais que je suis une téléspectatrice naturellement émotionnelle, mais j'ai trouvé certains passages vraiment difficiles à regarder. En résumé, Single Father est intéressante, elle est d'une intensité troublante et mérite d'être vue, mais pas dans n'importe quelles circonstances et conditions.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la mini-série :


Une scène extraite du premier épisode :

22/10/2010

(UK) Spooks (MI-5) : series 9, episode 5

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Avec ses hauts et ses bas, la neuvième saison de Spooks (MI-5) poursuit actuellement sa diffusion sur BBC1. Rassemblant un public de fidèles lui permettant de se maintenir au-dessus des 5 millions de téléspectateurs, elle s'est même offert le luxe,  lundi dernier, de repasser devant sa concurrente directe depuis 15 jours, Whitechapel, qui héberge un de ses anciens piliers, mais qui s'avère incapable de retrouver les sommets d'audience que sa première saison avait connus.

Pas de review chaque semaine, cette année, sur ce blog, par manque de temps malheureusement, mais j'avais promis de mettre en lumière les éventuels épisodes qui sortiraient du lot. Or c'est le cas de ce cinquième épisode de la saison, diffusé lundi dernier en Angleterre. Car si cette intrigue exploite une thématique et suit une dynamique, toutes deux des plus classiques, avec un scénario maîtrisé qui sonne comme un écho à une certaine tradition Spooks-ienne avec laquelle il est toujours agréable de renouer, la série délivre sans doute son plus convaincant épisode, jusqu'à présent, dans la saison.

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Classique, cet épisode l'est par ses enjeux : des pourparlers de paix secrets relatifs au Moyen-Orient, organisés à Londres, sous la tutelle du président des Etats-Unis, et dont il faut assurer la sécurité. Tout en s'occupant des délégations israéliennes et palestiniennes, la section D du MI-5 découvre que des informations relativement à ce projet de rencontre ont fuité... Ce n'est pas seulement une journaliste anglaise qui en a eu vent, sa source se révélant située au Liban. Rapidement, il apparaît clair que certaines personnes seront prêtes à tout pour faire échec au sommet. Au milieu de camps instinctivement opposés et sur leurs gardes, alors que c'est une menace directe contre la vie du président des Etats-Unis qui paraît se préciser, le MI-5 va avoir fort à faire pour tenter de stopper l'irréparable.

Classique dans son sujet, l'épisode l'est aussi dans sa construction narrative, usant et abusant de cet art du retournement et du rebondissement si cher à la série. L'intrigue est menée promptement, sans temps mort, l'enquête progressant tout autant que se perdant en conjectures, au fil d'un épisode fort prenant. La multiplicité des intérêts en cause et l'apparition d'acteurs dont l'implication vient troubler un peu plus l'illusoire frontière manichéenne entre partisans de la paix et "terroristes", sont gérées de main de maître, portées par une tension allant crescendo. Si, avec le temps, l'art de prendre le téléspectateur à contre-pied de Spooks est devenu plus prévisible - il suffit de se demander quel twist peut paraître à la fois le plus improbable mais logique a priori, si bien que j'avais vu juste dès le départ pour l'affaire du jour -, la recette n'en demeure pas moins diablement efficace.

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Ce qui m'a le plus enthousiasmé dans cet épisode, c'est ce diffus, mais toujours savoureux, parfum de "old Spooks" qui semblait régner sur l'intrigue du jour, dans ses thèmes comme dans la gestion de sa progression où les réflexes et les déductions instinctives des agents sont mis à rude épreuve. Plus l'histoire avance, plus elle se complexifie, l'ambition du projet final allant bien au-delà du simple empêchement de mener à bien ces pourparlers de paix. Comme toujours dans Spooks, les lignes de démarcation a priori traditionnelles sont faites pour être bouleversées ; rien n'est noir ou blanc, tout est gris et sujet à caution. Si certains rebondissements de l'intrigue peuvent paraître un peu gros, le téléspectateur se prend facilement au jeu de la tension ambiante. En effet, l'histoire est construite de telle façon qu'elle permet une escalade du suspense et des enjeux vraiment très entraînante.

L'épisode a de plus l'avantage de continuer d'installer les deux dernières recrues de la section D, Beth et Dimitri (ce dernier n'ayant guère eu l'occasion de briller pour le moment) étant envoyés sur le terrain auprès des délégations palestiniennes et israéliennes. L'ensemble propose ainsi une approche assez chorale, offrant un peu de développement à chacun des personnages. Plutôt que de se concentrer sur un seul, faisant de ceux qui l'entourent des faire-valoirs commodes, je préfère ce traitement plus égalitaire qui a l'avantage d'être homogène et de faire ressortir une forme d'esprit d'équipe qui était un des atouts traditionnels de la série.

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Cependant, au-delà même de l'intrigue du jour, si l'épisode m'a autant plu, c'est aussi parce qu'il laisse un peu de côté l'intrigue actuellement en cours de développement, concernant les mystères de l'identité passée de Lucas, ses secrets et la dangereuse voie vers la trahison qu'il semble suivre depuis le début de la saison. Je dois bien avouer ne pas être enthousiasmée - c'est un euphémisme traduisant ma perplexité - par cette maladroite tentative de création de fil rouge pour laquelle a opté cette neuvième saison. Semblant se superposer de manière excessivement artificielle aux histoires de chaque épisode, ces questionnements sur Lucas peinent à trouver une crédibilité à mes yeux. Ils suscitent également peu d'intérêt, tant les quelques bribes d'informations, offertes au téléspectateur, le laisse dans un flou très abstrait quant à la réelle situation de l'agent du MI-5.

Au final, j'ai surtout l'impression que les scénaristes continuent de s'entêter à essayer de reproduire le coup de maître de leur saison 7, malheureusement sans en avoir matériellement les moyens au niveau des twists à leur disposition. Pour le moment, cette histoire est trop invraisemblable - tout comme la relation amoureuse parachutée pour créer une dimension émotionnelle et qui, au mieux, ne suscite qu'un désintérêt relatif. Le supposé twist de fin d'épisode m'a ainsi surtout fait lever les yeux au ciel. Peut-être que lorsque nous en saurons plus sur les tenants et aboutissants de tout cela, ces éléments disséminés tout au long de ce début de saison prendront tout leur sens et je les saluerais a posteriori... Mais pour le moment, avec ce cinquième épisode, j'ai surtout envie d'applaudir le fait que l'intrigue du jour ne se laisse pas parasiter par ces préoccupations extérieures.

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Bilan : Classique dans les enjeux mis en scène, comme dans sa construction narrative riche en redistribution des cartes et autres rebondissements, ce cinquième épisode s'inscrit parfaitement dans une certaine tradition Spooks-ienne qu'il est toujours plaisant de retrouver ainsi mise en avant de manière convaincante. La tension va crescendo, exploitant toutes les ressources humaines de la section D. Cela donne au final un résultat particulièrement prenant et globalement bien maîtrisé, qui se concentre sur l'essentiel (les pourparlers) et délaisse ce qui semble le plus expérimental cette saison (le fil rouge).

Bref, j'ai vraiment passé un bon moment devant ma télévision !


NOTE : 8/10

17/10/2010

(Pilote UK) Lip Service : The L Word à Glasgow ?

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Si la semaine dernière britannique fut riche en émotions, entre drames humains ou policiers, BBC3 se chargea cependant d'y apporter une touche de légèreté plus romancée en débutant, ce mardi 12 octobre, la diffusion de son nouveau drama sentimental, Lip Service. Si la grisaille écossaise - et certains accents caractéristiques de cette partie du Royaume-Uni - avait succédé à la chaleur californienne, la lecture du concept de départ amenait naturellement à dresser un parallèle avec la seule série ayant marqué le créneau dans lequel Lip Service prétendait s'affirmer, The L Word.

Je n'ai pas vu suffisamment d'épisodes de cette dernière pour me risquer à opérer des comparaisons au-delà du seul rapprochement des synopsis. Cependant, pour explorer la question du traitement de cette thématique à la télévision américaine, je vous conseille la lecture de cet intéressant article publié sur God Save My Screen, cette semaine : L'homosexualité féminine dans les séries américaines. Restait qu'a priori, suivre les (més)aventures sentimentales d'un groupe de lesbiennes et de leurs amis, pouvait déboucher sur un drama relationnel plaisant. De ce premier contact un peu brouillon qu'offre le pilote, un élément central semble encore à travailler : développer une dimension humaine attachante.

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Optant pour un cadre géographique plutôt original et dépaysant, loin de Londres, c'est la ville de Glasgow, en Ecosse, que Lip Service a choisi pour cadre, afin de nous relater les vies amoureuses, plus contrariées qu'épanouies, de plusieurs personnages lesbiens et de leur entourage. Après une scène d'introduction pouvant s'interpréter, soit comme une façon peu subtile et un brin maladroite de donner immédiatement le ton de la série, soit comme un clin d'oeil provocateur gratuit, le pilote s'ouvre sur le retour au pays de la fille prodigue, partie précipitamment aux Etats-Unis deux ans auparavant, Frankie. Juste avant de mourir, sa tante, seule membre de sa famille dont elle fut proche depuis la mort de ses parents, lui a laissé un étrange message mystérieux sur son répondeur. C'est autant pour assister aux funérailles que pour tenter comprendre le sens de ces derniers propos bouleversés que Frankie s'envole donc pour Glasgow.

La jeune femme retrouve sur place son groupe d'amis tel qu'elle l'a laissé, mais surtout son ex-petite amie/meilleure amie, Cat, avec qui elle a rompu de manière très cavalière il y a deux ans. Cette dernière, le coeur toujours brisé, demeure marquée par cette relation qui s'est si mal terminée, si bien qu'elle en est tout juste au stade d'envisager d'aller à nouveaau de l'avant. Le retour de Frankie ne va-t-il pas ré-ouvrir ses anciennes blessures, alors même que Cat vient tout juste d'accepter un dîner avec une policière ? Reste qu'elle n'est pas la seule à souffrir de déboires amoureux. Sa rafraîchissante collocataire, Tess, ne trouve ainsi pas de meilleure idée que d'entrer par effraction chez son ex-petite amie, afin de récupérer une robe lui appartenant, découvrant au passage, de façon très humiliante, que son ex la trompait et sortait avec sa nouvelle compagne bien avant qu'elles ne rompent officiellement. Tandis que le frère de Cat s'apparente à un soupirant à la cause désespérée, mais toujours prêt à aider, face à une Tess qui ne semble jamais voir les attentions dont elle peut faire l'objet, l'horizon amoureux de la jeune femme s'éclaircit lorsqu'elle rencontre une présentatrice télé qui craque instantanément pour elle.

Ce sont donc les péripéties amoureuses et les dynamiques relationnelles existant au sein de ce cercle de jeunes gens, entre amitié et amours, que Lip Service se propose de nous faire vivre.

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Faisant preuve de beaucoup d'application pour installer et développer rapidement les dynamiques relationnelles existant entre ses personnages, ce pilote laisse cependant une impression mitigée. S'il n'hésite pas à dépeindre des situations un peu excessives, tendant souvent vers un rocambolesque vaudevillesque, mais qui sonne parfois un peu creux, l'ensemble souffre surtout d'une relative prévisibilité. Certes, le rythme de narration de ce premier épisode s'avère maîtrisé, mais c'est surtout son inconstance qualitative qui le caractérise. Toutes ces interactions, aussi diversifiées qu'elles soient, paraissent manquer d'un élément essentiel dans ce genre de série : cette authenticité vitale et nécessaire qui lui donne une âme. Peinant à trouver le ton juste, Lip Service souffre, de façon assez paradoxale pour une série basée sur du relationnel, d'un déficit de dimension humaine. Un défaut que l'installation progressive des protagonistes, au fil des épisodes, pourrait permettre d'atténuer ou de corriger.

Le contenu mitigé de ce pilote est un peu à l'image de ses personnages. Figure introductive et centrale, Frankie demeure pour le moment difficile à cerner. Très impulsive, dotée d'un caractère affirmé et d'une certaine tendance à l'auto-destruction, elle impose sans difficulté une présence forte à l'écran. Cependant le téléspectateur peine à se lier immédiatement à ce personnage ambiguë. Peut-être le temps permettra-t-il de mieux appréhender son intensité. Sa relation avec Cat s'inscrit dans cette même lignée, alternant des passages inspirés et qui sonnent justes, et d'autres qui paraissent trop forcés. Tout cela manque de spontanéité. La seule à tirer son épingle de la distribution, dans ce pilote, est Tess. Derrière ses discours désillusionnés, on s'attache plus facilement à cette jeune femme portée par une énergie irrésistible, qui vascille quelque fois, mais ne semble jamais faiblir.

Inconstante qualitativement, dans son traitement des personnages comme de leurs rapports, l'objectif premier, pour Lip Service, semble devoir être de gagner en subtilité pour réussir à s'humaniser d'avantage dans les prochains épisodes.

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Sur la forme, il y a relativement peu à dire. La réalisation, classique et sans prise d'initiative particulière, bénéficie surtout du cadre de la ville de Glasgow ; ce qui lui permet de nous proposer quelques défilés d'images, façon carte postale, durant les transitions entre certaines scènes.

Enfin, côté casting, chacun prend peu à peu ses marques et personne ne sort réellement du lot, proposant des prestations homogènes. On retrouve notamment à l'affiche Ruta Gedmintas, Laura Fraser (Rita dans Single Father dimanche dernier, Conviction), Fiona Button (The Palace) ou encore Emun Elliott (Paradox).

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Bilan :  Si sa galerie de personnages, diversifiés et aux caractères bien affirmés, semble offrir une base intéressante à exploiter à Lip Service, il faudra, pour fonder dans la durée un drama relationnel réellement abouti, que la série travaille sa capacité à retranscrire, avec le ton juste et plus de spontanéité et de naturel, les histoires mises en scène. Sans être déplaisant à suivre, ni manquer de rythme, ce pilote a peut-être voulu trop en faire pour installer immédiatement l'ambiance de la série, d'où l'impression un peu brouillonne et parfois très forcée qui s'en dégage. Le décor étant désormais posé et les personnages introduits, c'est à l'écriture de mûrir et de s'affiner pour permettre à Lip Service de grandir. Ou du moins pour devenir un divertissement auquel on peut s'attacher.


NOTE : 5/10


Un extrait du premier épisode :

03/10/2010

(Pilote UK) Whites : sympathique mise en scène d'une dynamique des cuisines


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Après le rendez-vous manqué avec Him & Her début septembre (même si je lis ça et là que la série s'affirme peu à peu, mais je n'ai pas encore trouvé la motivation de poursuivre l'expérience), c'est une nouvelle possibilité de se laisser séduire par une comédie britannique qu'offrait BBC2, ce mardi 28 septembre, en proposant Whites .

Je dois dire que tant le concept, que le casting annoncé, avaient attiré mon attention. Ecrite par Oliver Lansley et Matt King, et conçue sur le format classique d'une demi-heure par épisode, si Whites ne m'a pas fait rire aux éclats, elle aura provoqué quelques sourires et m'aura en tout cas permis de passer un agréable moment devant ma télévision. Le potentiel est bien là ; le pilote remplit en plus honnêtement son office : donner envie au téléspectateur de revenir. Si bien qu'à la fin du visionnage, la question était : et si Whites et moi, cela pouvait coller ?

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Ayant pour cadre le charme entre chic et pittoresque d'un restaurant de campagne, Whites se déroule, pour la majeure partie de son pilote, dans ce lieu, stratégique par excellence, qu'est la cuisine. Cette dernière est dirigée, de façon plus ou moins lointaine, par Roland White. D'un tempérament versatile, si ses qualités de cuisinier ne font aucun doute, sa capacité de travail et son ardeur à la tâche sont en revanche plus sujettes à caution. Il est certes capable de préparer les plus grands plats... si l'envie l'en prend. D'un naturel dispersé, avec un égo proportionnel à son talent, il peine à se focaliser uniquement sur la bonne marche de ses cuisines. C'est ainsi qu'il passe une bonne partie du pilote à fantasmer sur un livre qu'il rêve de publier et dans lequel il partagerait expériences et conseils.

Avoir les cuisines régentées par un tel patron ne serait sans doute pas viable sur le long terme si le sous-chef Bib ne se dévouait pas à la bonne marche quotidienne des fourneaux, devant trop souvent cumuler ses propres responsabilités avec celles de Roland. Une situation dont la difficulté est d'ailleurs accrue par l'équipe de bras cassés qui officie en cuisine. La femme de Bib, tout particulièrement, trouve que tout cela n'a que trop duré... mais son mari est bien incapable de s'en dépêtrer. Le détachement de Roland exaspère également Caroline, la manager du restaurant. Cependant, si elle traque sans relâche les moments de profonde paresse du chef cuisinier, elle finit généralement invariablement par baisser les bras, attendant la catastrophe annoncée en spectatrice extérieure désabusée.

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Whites nous invite à suivre les péripéties vaguement improbables qui rythment le quotidien un brin chaotique de ce petit restaurant. Le charme opère en partie grâce à la manière dont ce décor culinaire est exploité. L'univers décalé s'installe par petites touches, de l'incompétence du personnel employé jusqu'aux demandes quelques peu atypiques de clients commandant des eggless omelettes, de la croisade anti-végétarienne du chef jusqu'à ses efforts pour mettre la main sur la plus improbable des viandes... ce pilote regorge ainsi de ces petits détails, anecdotes savamment distillées qui, sans être hilarantes, sauront provoquer chez le téléspectateur plus d'un sourire. L'atmosphère navigue avec aplomb entre le cocasse et le faussement burlesque, arbitrée par des réparties cinglantes qui manquent rarement leur cible.

Cet instantané des cuisines se révèle donc divertissant. La série s'avère d'autant plus plaisante que les personnages, avec leurs tempéraments opposés, contribuent pour beaucoup à donner une dimension humaine relativement attachante à la série. Ne lésinant pas sur les chutes et ruptures narratives, tout sonne très vivant dans Whites, capitalisant pleinement sur les clashs à répétition, tirades volontairement théâtrales de circonstances et autres mises en concurrence interne venant brouiller certaines hiérarchies. La dynamique entre les personnages fonctionne bien, prêtant naturellement à sourire sans arrière-pensée. S'il manque encore peut-être un peu de consistance à l'ensemble et si l'épisode gagnerait sans doute à des storylines plus conséquentes, pour un épisode d'introduction comme ce pilote, les ingrédients déjà en place laissent entrevoir un réel potentiel.

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Sur la forme, Whites propose une réalisation agréable à suivre. De même, la musique est utilisée de façon opportune. En somme, la série bénéficie d'une finition sérieuse.

Enfin, un autre aspect positif de la série, sur lequel elle sait très bien capitalisée, est son casting, chacun s'intégrant parfaitement dans le rôle qui lui est dévolu. Alan Davies (Jonathan Creek) est impeccable en cuisinier pratiquant son art en dilettante. Katherine Parkinson (The It Crowd) joue les managers exaspérées d'une façon naturelle toujours aussi enthousiasmante. Darren Boyd (Personal Affairs, Little Dorrit, Kiss me Kate), et son regard faux-fuyant, est excellent dans son rôle de sous-chef peinant à s'affirmer. On retrouve également à l'affiche Stephen Wight, Isy Suttie (Peep Show) et Maggie Steed (Clatterford, Born and Bred).

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Bilan : Le pilote de Whites permet donc au téléspectateur de se glisser sans souci dans cette dynamique des cuisines assez plaisante à suivre. L'épisode provoquera quelques sourires, à défaut de réellement faire rire ; cependant il remplit efficacement sa fonction d'exposition. On s'attache aux personnages introduits et, plus généralement, à l'univers ainsi créé. Reste à la série à concrétiser en apportant aux épisodes suivants un peu plus de consistance. Cependant, avec ce pilote, Whites laisse entrevoir un certain potentiel et semble sur la bonne voie.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :

26/09/2010

(UK) Spooks (MI-5) : series 9, episode 1

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Lundi dernier marquait un retour que j'attendais tout particulièrement : le début de la saison 9 de Spooks (MI-5) sur BBC1. Mine de rien, il s'agit de la plus ancienne série en production que je suis actuellement. Depuis ses débuts en 2002, elle a considérablement changé, pas seulement concernant ses protagonistes. Pourtant il y a aussi quelque chose d'immuable dans cette fiction, une ambiance particulière dans laquelle on s'immerge chaque année avec une fascination constamment renouvelée. Sans doute la longueur de saison, couplée aux constants changements de personnel et aux prises de risque des scénaristes, permettent-ils à la série de savoir évoluer, sans tomber dans des schémas qui seraient répétitifs à l'excès. Tant que le phare de cette série, le pilier indéboulonable, à savoir Harry Pearce, sera là, l'âme de la série sera conservée.

L'an dernier, j'avais reviewé épisode par épisode la saison 8. Malheureusement, cette année, je manque de temps libre pour me lancer dans une telle entreprise. Cependant, s'il y a des lecteurs qui sont réellement intéressés par une critique épisode par épisode, qu'ils n'hésitent pas à se manifester et je verrais si je peux distendre un peu mon emploi du temps et proposer des reviews un peu plus light, mais quand même hebdomadaire. Sinon, outre ce premier épisode, vous aurez au minimum droit à un bilan d'ensemble complet et détaillé de cette saison 9 à la fin de la diffusion.

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Ce premier épisode de la saison 9 s'ouvre sur une scène à laquelle on a sans doute déjà trop assisté depuis les débuts de Spooks : une messe d'enterrement. L'explosion sur laquelle s'était conclu le season finale, l'an passé, n'avait pas laissé de doutes sur le destin de Ros, roc solide de la section depuis plusieurs saisons et qui aura finalement réalisé le sacrifice ultime en refusant d'abandonner le ministre dans cet immeuble piégé. Pour autant, ce premier épisode laisse peu de place au deuil. Seuls les états d'âme de Harry se chargeront de nous rappeler combien toute l'équipe a été affectée par les évènements. Car les comptes se soldent rapidement, avec une certaine impitoyabilité propre à la série. Harry règlera ainsi, avec méthode, le sort de l'ancien ministre démissionnaire, qui se révéla être un autre traître impliqué dans cette vaste conspiration qui faillit ébranler l'ordre mondial. La scène, filmée de manière faussement casuelle, impose une froide distance émotionnelle d'apparat, à la fois troublante et fascinante, qui rappelle toute l'essence de la série.

Cependant, l'épisode ne va pas s'appesantir trop longtemps sur le passé, nous replongeant rapidement dans l'action par le biais d'une intrigue relativement bâteau (tout est dans le jeu de mots), vue et revue cent fois. Une menace terroriste contre l'Angleterre, un agent à éliminer, des imprévus qui viennent bouleverser les plans et, au final, un choix impossible à faire pour un sauvetage de dernière minute au cours duquel Harry doit prendre une décision difficile en son âme et conscience. L'ensemble est rythmé, mais les rebondissements s'enchaînent de manière relativement prévisible, ne laissant que peu de place à un suspense distendu qui empêche le téléspectateur de vraiment se prendre au jeu. Cela fait surtout office de retrouvailles musclées - avec un Lucas complètement détaché de toutes contingences émotionnelles - afin de faire repartir la série sur ses bases traditionnelles.

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En réalité, le principal mérite de cette histoire va être de servir d'introduction à deux nouveaux protagonistes qui ont rejoint ou vont rejoindre les rangs du MI-5 cette saison. Jeune femme blonde aguerrie au contact des services de sécurité privés, Beth s'impose de facto, avec sa répartie facile et une certaine arrogance, comme un pendant naturel à Lucas. Elle n'a pas froid aux yeux, tergiverse peu et débarque dans la section avec une culture du secteur privé prononcée et assumée. Reste à Sophia Myles (Moonlight) à s'affirmer dans ce rôle abrasif, car j'avoue que durant ce premier épisode, son interprétation ne m'a encore pleinement convaincue. L'autre recrue est un ancien des forces spéciales, Dimitri. C'est donc un homme d'action et de terrain dont la présence devrait permettre de renforcer un peu les rangs dépeuplés de la section D au cours des opérations. Il est incarné par Max Brown. Si ce dernier m'avait laissée des impressions mitigées dans The Tudors ou encore Mistresses, il réussit très bien son entrée dans ce premier épisode.

Réglé comme du papier à musique quant au traitement de la menace terroriste du jour, l'épisode se charge dans ces dernières minutes d'amorcer la trame de la saison, nous faisant assister à une rencontre aussi cryptique que mystérieuse entre un homme inconnu, qui lui remet une valise, et Lucas. Le seul sous-entendu parfaitement clair pour le téléspectateur, c'est que l'identité utilisée par ce dernier serait fausse... Serait-il un agent infiltré auprès du MI-5 ? Qui seraient ses commanditaires ? Tout cela semble évoquer des faits très lointains. En attendant, l'épisode se clôt sur ces mille et une questions ainsi créées. A suivre...

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Si tous ces ingrédients donnent un épisode des plus honnêtes, les aspects les plus intéressants et les plus solides de ce début résident dans le duo qui symbolise et incarne plus que jamais l'esprit de Spooks : Ruth et Harry. Leur complicité semble n'avoir jamais été aussi fusionnelle que lors de ce dialogue final, teintée d'une émotion retenue mais dont l'intensité est pourtant pleinement ressentie par le téléspectateur. Marqué par la mort de Ros et la trahison d'un homme qu'il a considéré comme un ami, Harry s'interroge sur son futur, fatigué de ces inextricables dilemmes que, chaque jour, il doit trancher. Il envisage la démission, tout en se raccrochant à celle qui signifie tout pour lui, Ruth.

Les diverses scènes que les deux partagent dans cet épisode soulignent, encore une fois, à quel point ils se complètent, naturellement, sans plus vraiment y faire attention. Chacun se contrebalaçant et, surtout, canalisant les réactions de l'autre, lorsque ce dernier est déstabilisé. La demande en mariage est sans doute maladroite, mais elle correspond au personnage de Harry, traduisant de la lassitude profonde qui achève d'ébranler ses certitudes. Tandis que la réponse de Ruth, dans sa déclaration finale, sonne d'une étonnante justesse au milieu du cadre du MI-5, à la fois troublante et touchante, qui caractérise parfaitement la nature particulière de leur relation, reflet d'un fragile équilibre dont les subtilités illuminent pourtant l'écran.

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Bilan : Spooks signe un retour correct qui, suivant un schéma bien établi, solde les comptes du passé, tout en posant les bases de la saison à venir, introduisant de nouveaux personnages et faisant naître, par son twist final, de nouveaux doutes à l'encontre d'un membre de la section D. L'intrigue terroriste est trop calibrée pour vraiment marquer, mais elle a le mérite de permettre un lancement efficace et musclé. Par contraste, les moments les plus marquants de l'épisode seront, eux, plus intimes ; c'est incontestablement toute la relation et les échanges entre Ruth et Harry, bénéficiant d'une finesse d'écriture à saluer, qui constituent le point d'orgue de ce series premiere.  


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de cette saison 9 :