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05/04/2010

(UK) Doctor Who Confidential, series 5, episode 1 : Call me the Doctor

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Pour faire un peu plus connaissance avec les nouveaux membres de l'équipe en ce début de saison 5, rien ne vaut un petit Doctor Who Confidential. Celui qui suit le premier épisode est opportunément nommé "Call me the Doctor". Outre assouvir mes envies de picspams (mais on n'a jamais trop de Docteur sur son blog, non ?) et nourrir une obsession qui prend des proportions chaque jour un peu plus envahissantes (bien revigorée par la qualité de ce premiere), c'est toujours intéressant de prendre le temps d'écouter quelle vision ceux qui sont en charge avaient pour l'histoire qu'ils ont mise en scène.

Ce n'est pas une note que je ferais pour chaque épisode de la saison, mais, pour aujourd'hui, profitons de ce jour férié pour aller se balader en coulisses.

(Rassurez-moi, je ne suis quand même pas la seule à prendre le temps d'ajouter 40 minutes de vidéo supplémentaire pour avoir ma dose hebdomadaire du Docteur ?)

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Rien que pour retrouver toute l'équipe en répétition, dans une ambiance détendue, plaisantant entre eux autour de la table de réunion, cela vaut le détour et fait démarrer ce Confidential dans une bonne humeur rapidement contagieuse pour le téléspectateur, encore sous le charme du premier épisode de la saison. Toute l'équipe se familiarise avec chacun des nouveaux membres, en répétant les premières scènes de l'épisode ; et nous découvrons Steven Moffat en chef d'orchestre, qui va donc être notre guide et le décrypteur de cette saison.

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Logiquement, le premier sujet évoqué va être le changement de Docteur, et plus précisément, l'intronisation de Matt Smith dans ce rôle. Donc, avant de s'intéresser au contenu de l'épisode, on nous propose le récit de la façon dont l'acteur a obtenu le rôle et ce que cela symbolise et signifie pour lui. De petites anecdotes assez fun, qui sont surtout l'occasion pour le téléspectateur d'adopter instantanément Matt Smith, avec un angle d'interview un peu plus personnel choisi à dessein.

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Steven Moffat vient également expliquer les raisons pour lesquelles Matt Smith était fait pour ce rôle : de sa façon d'être, naturellement, jusqu'à ses cheveux, tout collait au portrait-robot imaginé par le scénariste. A ce sujet, ce qui m'a marquée dans le premier épisode, c'est combien Matt Smith renvoyait parfaitement l'image d'ambivalence jeune/ancien recherchée ; c'était l'objectif annoncé, mais de ce point de vue, il est certain que, quoique les médias aient pu écrire dans les semaines suivant l'annonce, la jeunesse de l'acteur va constituer un atout pour construire son personnage dans ce registre très particulier propre à un Time Lord de près d'un millénaire.

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Dans une approche toujours assez personnelle, pour atteindre l'objectif "faisons adopter Matt Smith au téléspectateur" (alors même que, franchement, toute cette débauche de bons sentiments n'était pas nécessaire - je l'aime déjà cet acteur !), le Confidential nous fait rencontrer parents et grand-parent (!), qui y vont de leurs petites anecdotes sur la façon dont leur fils leur a appris la nouvelle, mais aussi sur le fait que l'on croise des personnes avec un degré de fan-attitude encore plus marquée que le mien dans les contrées anglaises !

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Une fois cette présentation faite, nous pouvons revenir à des choses plus sérieuses, avec le décryptage de l'épisode du jour. Steven Moffat insiste sur sa conception de la transition entre deux êtres (Ten et Eleven) qui restent bien une seule et même personne, tout en soulignant la symbolique de ce premier épisode, où Eleven se regénère quasiment jusqu'à la fin, tant physiquement que du point de vue de sa personnalité. C'est la confrontation finale avec les Atraxis et le choix du costume qui parachèvent le processus.

Outre ces précisions narratives, Adam Smith, le réalisateur, vient apporter son bagage technique, déconstruisant plusieurs scènes, tant en expliquant certains effets rendus par la caméra pour accentuer l'importance de moments clés, ou bien simplement en nous montrant la conception de certains montages, tels le passage où la caméra s'immisce dans la tête du Docteur pour repérer le détail qui cloche dans la scène où tout le monde prend en photo le soleil qui s'est obscurci.

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(*Fashion suicide* Non, je ne veux pas savoir d'où sortent les habits que porte Matt Smith dans ce passage.)

Le Confidential s'intéresse aussi aux autres grandes nouveautés de cette saison, à commencer par un nouveau Tardis, regénéré lui-aussi, à qui on a fait subir un lifting et redesign complets. Une fois encore, c'est le soin accordé aux détails de cette entière reconstruction qui frappe, tandis que le téléspectateur découvre le nouveau Tardis aux côtés de Matt Smith.

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Le premier grand changement est une question d'échelle. C'est encore plus "bigger on the inside" que précédemment, puisque sa superficie intérieure a été doublée par rapport à la précédente version. Encore une fois, les choses ont été vues en grand et c'est assez impressionnant. J'aime beaucoup le jeu de couleurs auquel ils sont parvenus, c'est très classe.

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Je parlais du soin accordé aux détails, il n'y a qu'à les voir couver le tableau de bord pour bien prendre conscience qu'on est face à des passionnés. De la machine à écrire intégrée jusqu'à toutes ces petites manettes qui ne demandent qu'à être actionnées, il y a eu une volonté de rendre l'ensemble plus animé, de façon à bien souligner le caractère vivant du Tardis. Et cela revèle plutôt bien réussi !

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Une fois toutes ces introductions faites, le Confidential revient un peu plus à la trame de l'épisode, reprenant le récit narratif, pour nous proposer une dernière présentation fondamentale : celle d'Amy/Amelia Pond.

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Karen Gillan nous explique son personnage, qu'elle semble avoir bien cerné, en appuyant bien sur son côté très déterminé et décidé. La petite fille qui chérissait sa part d'imaginaire est devenue une jeune femme endurcie par ses désillusions (causées par le Docteur), qui a appris à privilégier son indépendance et à ne dépendre de personne, armée d'une volonté de fer et d'un fort caractère pas toujours facile à gérer.

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Le Confidential consacre aussi quelques minutes à l'adorable Caitlin Blackwood, dont on apprend qu'il s'agissait du premier tournage auquel elle prenait part. Elle n'avait jamais joué devant une caméra auparavant ; si bien qu'elle n'avait ainsi qu'une seule consigne : être naturelle. Autant dire qu'elle réussit très bien dans ce registre de l'innocence touchant aux contes de fées.

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Enfin, le Confidential nous amène sur le tournage de quelques scènes en extérieur, à la rencontre aussi de l'acteur incarnant le petit ami d'Amy.

C'était apparemment très important de ne pas tourner à Londres pour ce premiere, la ville semble être devenue, au fil des saisons, le centre névralgique invariable des épisodes se déroulant à notre époque. Si bien que les scénaristes ont voulu très opportunément rompre avec ce schéma. D'où l'idée de partir s'exiler dans un petit village "typique" de l'Angleterre profonde, un cadre "pittoresque" grâce auquel nous aurons droit à quelques échanges extras au cours de l'épisode, avec un Docteur ne pouvant que constater que la seule chose que l'on trouve ici est un bureau de Poste... fermé... tandis qu'il aurait plutôt besoin d'une station nucléaire.

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Le dernier "suspense" du Confidential sera l'explosion du screwdriver de Ten, qui rend l'âme dans la main du nouveau Docteur. La préparation de la scène est assez anecdotique, mais permet de souligner la bonne ambiance qui règne sur le tournage. Matt Smith, au bord de l'hypothermie (se baladant en chemise, quand ses collègues supportent anorak et bouilloires), s'inquiète pour son pouce tandis que le spécialiste des effets spéciaux lui branche les fils nécessaires destinés à recréer l'explosion qui doit avoir lieu entre ses doigts.


Bref, Call me the Doctor est un Confidential très sympathique qui remplit pleinement son objectif premier : donner envie au téléspectateur d'adopter tout ce petit monde et ces nouvelles têtes qui nous sont présentées. Vivement la suite de ces aventures à l'écran comme en coulisses !

 

Petit aperçu de la suite avec le trailer des Doctor Who Confidential de cette saison 5, diffusé à la fin de ce Confidential :

04/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 1 : The Eleventh Hour

"All of time and space, everything that ever happened, or ever will...
Where do you want to start ?
Anywhere you want, any time you want."

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Quel beau week-end sériephile de Pâques ! Il aura tenu toutes ses promesses. Après le solide début de Ashes to Ashes, hier soir, c'était au tour du tant attendu nouveau Docteur de débarquer sur BBC1, avec un premier épisode des plus enthousiasmants qui m'a laissé un sourire jubilatoire skotché sur les lèvres pendant plusieurs heures. "A brand new Doctor", du générique d'ouverture (au sujet duquel je suis un peu mitigée) jusqu'au design d'intérieur du Tardis. Mais une chose est sûre : Steven Moffat, Matt Smith et toute la nouvelle équipe auront brillamment réussi leur examen de passage, laissant entrevoir sous un jour des plus optimistes la suite de cette cinquième saison.

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Le premier tournant à bien négocier pour les scénaristes était l'entrée en matière : parvenir à présenter et introduire rapidement auprès du téléspectateur le nouveau Docteur et son futur entourage destiné à l'accompagner au cours de la saison. Exploitant les décalages classiques des voyages temporels, c'est une rencontre, presque progressive et qui s'étale dans le temps, qui nous est proposée. Les premières scènes vont instantanément donner le ton à un épisode diablement dynamique, dans lequel on se laisse entraîner avec beaucoup de plaisir. Le premier contact entre Amelia Pond et le Docteur est des plus réussis, car il y touche l'imaginaire en jouant sur une innocence rafraîchissante. C'est la rencontre d'une fillette curieuse qui n'a pas froid aux yeux et d'un nouveau Docteur, encore en pleine euphorie de sa regénération et qui n'a pas parachevé sa transformation.

En plus d'inscrire l'épisode dans une tonalité très jubilatoire, ces premières scènes sont l'occasion pour Matt Smith d'imposer d'emblée son jeu et la façon dont il va incarner ce onzième Docteur. Entre maladresses de circonstances et une assurance frôlant l'arrogance qu'il arbore avec beaucoup d'aplomb, le téléspectateur ne doute pas un seul instant qu'il est bien face à une réincarnation du Docteur. Et quelle réincarnation ! Pleine de vie et d'énergie, virevoltant, avec une nouvelle personnalité clairement affirmée, et en même temps si reconnaissable, que Matt Smith s'approprie instantanément avec beaucoup de brio. Les tâtonnements culinaires dans la cuisine symbolisent, de la plus légère des façons, ce mélange indéfinissable d'éléments immuables, mais aussi d'étincelles propres à ce onzième docteur.

C'est une réussite parce que le téléspectateur ne pense pas un seul instant à dresser des comparaisons. Il intègre immédiatement cette donnée : Matt Smith EST le Docteur, il n'y a aucun place laissée au doute, aucune tergiversation. Il se laisse entraîner dans le tourbillon de sa présence sans la moindre hésitation, ni réticence.

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Une fois l'objectif de ce premier contact, parfaitement maîtrisé, atteint, l'histoire de l'épisode renoue avec la plus classique des aventures du Docteur. Lorsque, à bord de son Tardis en perdition, il se crasha dans le jardin d'Amelia Pond, quelque chose d'étrange était en train de se produire depuis plusieurs jours dans la chambre de la petite fille. Une faille, dans le mur, d'où provenait une voix mécanique inquiétante évoquant l'évasion d'un Prisonnier Zéro. Mais avec un Docteur loin de sa forme optimale, encore troublé par une regénération inachevée, et un Tardis en un plus mauvais état encore, la résolution de cette énigme allait prendre plus d'une décennie d'années humaines et faire frôler la fin du monde à la Terre. Car après avoir fait miroiter à Amelia la perspective des voyages à travers les étoiles et le temps, la féérie de cette rencontre tournera court : les cinq minutes d'absence promises, par un Docteur forcé de faire fonctionner un peu un Tardis en surchauffe, se transformèrent en douze années, au cours desquelles le problème ne fut pas fixé tandis qu'Amelia grandit.

La petite fille au nom tout droit tiré de contes de fée était devenue une jeune femme au caractère toujours aussi prononcé, lorsque le Docteur revint pour respecter sa promesse. Avec 12 années de retard. Les voyages temporels et ce déphasage qu'ils provoquent ont toujours été une constante complexe de l'univers de Doctor Who, et je trouve particulièrement intéressant ce choix d'avoir voulu faire expérimenter la frustration que cela peut générer chez les "simples mortels", à la future nouvelle assistante de ce dernier. Restait à régler le cas du prisonnier, avec des gardiens désormais aux portes de la Terre, prononçant un ultimatum apocalyptique, façon très Guide du Voyageur Galactique, dont nous sommes devenus familiers.

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L'importance de cette intrigue n'est pas sa finalité - on ne doute à aucun instant de la réussite du sauvetage de la planète - mais la façon dont le Docteur va mener cela à bien et le plaisir que l'on va prendre à ses côtés. Ce qui est au coeur de tout, c'est la genèse d'une nouvelle équipe, l'introduction d'un entourage avec lequel le téléspectateur va devoir également se familiariser. Encore une fois, c'est sans heurt et de manière très naturelle que tout s'emboîte et prend forme. L'objectif de l'aventure du jour est de poser les bases relationnelles qui vont constituer l'armature du reste de la saison. Et l'épisode y réussit fort bien, à commencer par l'instauration d'une dynamique des plus explosives entre le Docteur et une Amy qui ne s'en laisse pas compter, offrant de sacrées réparties et des échanges des plus énergiques avec le Time Lord.

En esquissant les contours de ces deux fortes personnalités, ce premier épisode promet beaucoup pour le futur. L'alchimie fonctionne entre ce duo de choc, très volontaire. Amy a déjà été suffisamment déçue par le Docteur - 4 psys et 14 ans d'attente au total avant de pénétrer, enfin, dans le Tardis - pour savoir prendre de la distance : elle est prête à toucher au rêve, mais elle ne sera pas submergée. De plus, les scénaristes ont la présence d'esprit de lui imposer un lien fort avec le présent et la Terre, puisque c'est la veille de son mariage qu'elle choisit d'accompagner le Docteur. En réalisant ce fantasme de petite fille, elle ne coupe pas pour autant les ponts avec sa vie "terrestre". En plus de constituer une opportunité narrative utile au cours de la saison, pour occasionner des retours sur Terre (avec un petit ami a priori déjà au courant de l'existence du Docteur, si le futur mari est bien l'infirmier avec lequel elle sortait deux ans auparavant), cela permettra aussi des aventures sans arrière-pensées trop prononcées entre nos deux personnages principaux.

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Si la dynamique prend bien et s'annonce très prometteuse entre Amy et le Docteur, l'épisode est également réusit car, tout en se tournant résolument vers le futur, il sait opèrer une transition dans la continuité de l'univers de Doctor Who. L'intronisation de Eleven, pour qui l'aventure du jour constitue finalement un baptême du feu, est menée de façon progressive et cohérente. Si bien qu'il est difficile de ne pas ressentir une pointe de jubilation mêlée de satisfaction devant les dernières scènes de confrontation concluant les intrigues. Avec un sens du théâtralisme, peut-être encore plus poussé que ses précédentes réincarnations, et une certaine arrogance propre aux Time Lords mais qu'il affiche avec pas mal de complaisance, Eleven scelle avec classe son arrivée, tant dans ses scènes contre le prisonnier que face aux Atraxi.

La forte symbolique contenue dans la dernière confrontation directe avec les Atraxi est particulièrement opportune. En même temps qu'il finalise son look personnel, imposant ainsi sa propre identité, il assume l'héritage de ses regénérations précédentes et revendique ses actions passées. Cette brève visualisation, proposée sur l'écran des Atraxi, des dix Docteurs qui ont auparavant protégé la Terre contre tant d'invasions et autres attaques extraterrestres est une forme d'adoubement : elle intronise Eleven comme leur successeur de la plus emblématique des manières.

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Enfin, un premier épisode de saison de Doctor Who ne saurait existé sans l'introduction, de façon la plus énigmatique et cryptique qui soit et sans la moindre subtilité, du fil rouge qui va guider la saison jusqu'au season finale. Cet épisode n'échappe pas à cette règle qui semble définitivement être rentrée dans les moeurs de la série. Le téléspectateur apprend ainsi que les craquelures dans le continuum espace-temps qui ont permis au Prisonnier Zéro de s'échapper ne sont pas de son fait ; et, avant d'être repris par les Atraxi, il a le temps de proposer au Docteur sa propre charade pour présenter le danger qui pointe cette fois à la porte de l'univers : "The universe is cracked. The Pandorica will open. Silence will fall." Il est rassurant de constater que certaines choses ne changent pas. "A brand new Doctor", mais toujours de fameux fils rouges présentées de façon assez unique !

L'épisode se conclut par un dernier retour du Docteur dans le jardin d'Amy, deux ans après avoir frôlé la fin du monde à cause des Atraxi. Ce dont Amy rêve depuis 14 ans va enfin pouvoir se produire. Mais, ironiquement, le Docteur revient la veille d'un des jours les plus importants de la vie de la jeune femme, un jour qui aurait sans doute refermé à jamais cette parenthèse de rêve qu'il avait lui-même ouverte il y a des années en rencontrant cette petite rousse curieuse qu'était Amelia Pond. Le lendemain est en effet programmé le mariage d'Amy. Même si elle ne partage pas cette information avec le Time Lord, ce dernier lui promet de la ramener de façon à ce qu'elle semble n'être jamais partie - la magie des voyages dans le temps.

Dans cette dernière scène, l'alchimie entre les deux personnages est des plus convaincantes ; et, surtout, elle se révèle à l'image de ce premier épisode, pleine d'un dynamisme et d'une forme d'optimisme contagieux : un appel attirant vers de nouvelles aventures, que le téléspectateur ne va pas hésiter un seul instant à suivre !

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Bilan : Il règne sur ce premier épisode une ambiance presque euphorisante assez jubilatoire qui introduit très efficacement cette saison 5. Aventure who-esque classique en guise de baptême du feu pour un nouveau Docteur, mais également présentation d'un nouvel entourage prometteur, l'épisode réussit pleinement à nous faire adopter, quasi-instantanément, ces nouveaux protagonistes, tout en posant de solides bases pleines de promesses pour la saison à venir. Matt Smith impose d'entrée sa présence : il EST le nouveau docteur, il n'y a pas l'ombre d'un doute. Sa relation avec sa nouvelle assistante démarre également sur d'excellentes fondations, Amy étant une femme de caractère qui a déjà goûté à l'aspect le plus frustrant d'une relation avec un voyageur dans le temps comme le Docteur. Tous les ingrédients sont donc solidement en place. Geronimoooo !


NOTE : 9/10


Une bande-annonce de la saison 5 diffusée à la fin de l'épisode :


Le nouveau générique de la série pour cette cinquième saison :

03/04/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 1


“My name is Alex Drake. And, quite frankly, your guess is as good as mine.”

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Nouveau générique pour débuter la dernière ligne droite de la série, avec une phrase introductive qui résume bien le trouble qui s'est désormais installé au sein de cet univers. Entre le présent et le passé, le réveil et le coma, la frontière préservant la réalité s'efface peu à peu et tout s'entrechoque. A l'image des premières minutes de la série, le téléspectateur suit Alex sur un chemin de traverse qui ne distingue plus ces deux mondes, les entremêlant pour poser plus explicitement les mystères premiers qui sont à la base du concept sur lequel repose cette franchise depuis Life on Mars et que la saison se promet de résoudre.

Par ce premier épisode, Ashes to Ashes s'offre un très solide retour, exposant efficacement les enjeux à venir et offrant des pistes de réflexion mythologiques promptes à titiller la curiosité du téléspectateur. Ajoutons à cela le plaisir de retrouver la série en elle-meme, agrémentée de cette dynamique de groupe inimitable et de ses personnages auxquels on s'est, mine de rien, tant à attacher... Une heure de bonheur téléphagique qui vous réconcilie avec votre petit écran.

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Trois mois se sont écoulés depuis le final de la saison 2, dramatique ou sous forme de happy end, suivant votre perspective. Dans le présent, Alex a bien du mal à se ré-acclimater à cette réalité qui lui semble tellement aseptisée, bien moins vivante que l'intensité offerte par sa plongée dans les années 80. Un mal-être qui nous amène logiquement sur les traces de Life on Mars et nous rappelle la façon dont Sam n'était pas parvenu à se réconcilier avec son époque. Sauf que l'enjeu dépasse ici la seule personne d'Alex. La jeune femme, plongée dans le coma en 1982, reçoit des bribes d'informations de ses collègues qui viennent lui rendre visite, ressentant à quel point ils ont besoin de son aide. Un appel du passé d'autant plus difficile à repouser que son réveil est déterminant pour l'avenir de Gene, qui, accusé d'avoir tiré volontairement sur elle, s'est enfui à l'étranger. Après quelques tergiversations, il rentre en Angleterre, devant se rendre à l'évidence : il se définit par sa vie de policier. Or, seule Alex pourra la lui rendre. Dans le même temps, pour accentuer l'urgence de la situation, une petite fille a disparu. Ray, désormais en charge de l'unité, ne sait où donner de la tête. La nécessité du retour des deux têtes dirigeantes de l'équipe, pour un numéro de duettistes dont ils ont le secret, s'impose comme une évidence. C'est la direction que va logiquement prendre l'épisode, tout en glissant vers une mythologie toujours plus dense.

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Car, de plus en plus, Ashes to Ashes nourrit l'ambiguïté de son univers, sapant nos certitudes et troublant toujours plus la ligne de réalité. La transition du présent au passé qu'opère, presque naturellement, Alex, en début d'épisode, est particulièrement révélatrice de cette approche, soulignant la volonté toujours plus poussée des scénaristes de brouiller les points d'ancrage du téléspectateur, mais également de son héroïne. Nous ne savons pas si un évènement particulier se produit dans le présent, mais, dans le passé, c'est le retour de Gene à ses côtés qui semble être le déclencheur du réveil d'Alex en 1982. Un réveil dans un lit d'hôpital étonamment similaire à celui, opérant le passage inverse, qui avait conclu la saison précédente. Pour le moment, la série nourrit la curiosité du téléspectateur, se contentant de susciter les interrogations et laissant finalement notre imagination libre d'interpréter cela, en entendant une réponse des scénaristes. Mais une chose est certaine : désormais, les choses nous sont présentées comme si les deux époques étaient bel et bien deux réalités à part entière. Et au sein de la tension suscitée par cette coexistence, celle des années 80 semble se solidifier chaque jour davantage et prendre une place prépondérante dans les priorités d'Alex. C'est dans cette réalité que se trouvent les réponses qu'elle cherche.

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Au-delà de ce tourbillon mythologique qui retient logiquement toute notre attention, plus pragmatiquement, la lutte contre le crime continue en 1982, avec une routine invariable. Au cours de la parenthèse qui vient de s'écouler, Ray a été promu à la tête de l'équipe. Shaz est retournée à ses cafés, de nouveau célibataire, tandis que Chris en a profité pour lire un peu, après toutes les agitations expérimentées lors de la saison précédente. Mais le point central de tout l'univers de Ashes to Ashes reste le personnage de Gene Hunt, dont le retour est à la hauteur du personnage, à la présence qui s'impose au-delà même du poste de télévision. Fidèle à lui-même, incontournable par le seul fait d'être là, il faut toute son audace pour permettre à la série de retrouver, au pas de charge, son équilibre au sein du commissariat. Revenir comme si de rien n'était semble bien entendu utopique et irréalisable, pourtant, c'est aussi la seule voie que l'on imagine pouvoir être prise par Gene : il revient fidèle au poste, flic avant tout. Un rétablissement conforme au personnage qui a également le mérite de ne pas faire traîner les choses.

Pour remobiliser les troupes, l'épisode propose une enquête "prétexte" assez solide, dont l'objectif est surtout de remettre toutes les dynamiques en place, ressuscitant les oppositions de style comme les relations entre chacun des personnages. Pour jouer sur une fibre sensible, l'affaire à résoudre est celle de l'enlèvement d'une petite fille, accompagnée d'une demande de rançon. Classique parmi les classiques. L'instinct de Gene, pointant presque naturellement sur un suspect qu'il apparaît pourtant si illogique de désigner, la vivacité d'esprit et les qualités diplomatiques d'Alex, les maladresses de Ray, le soutien de Shaz, tout revient quasi-automatiquement au cours d'une enquête menée avec rythme. Cette storyline a le mérite de nous replonger avec beaucoup de plaisir dans cet univers atypique et si riche qu'est parvenu à construire Ashes to Ashes.

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Mais l'enjeu de ce premier épisode n'est pas dans le sauvetage de l'enfant kidnappé, il se trouve ailleurs, dans la façon dont il donne le ton des interrogations qui vont rythmer l'ensemble de la saison. Car c'est le rôle-clé joué par Gene Hunt qui apparaît bel et bien placé au coeur de tout; et vers lequel tout pointe. L'épisode semble ne jamais trop insister sur ce point qu'il souligne en surabondance. Un Gene à nouveau présenté avec beaucoup d'ambiguïtés. A ce titre, l'introduction d'un intrigant nouveau personnage majeur trouble un peu les cartes, le présentant sous un autre jour. Le DCI Jim Keats (Daniel Mays) travaille en effet pour les affaires internes et son opinion sur Gene, guère reluisante, semble déjà toute faite. La scène finale de confrontation entre les deux hommes est magistralement bien construite, posant les bases d'une opposition quasi-viscérale, où demeurent encore tant de non-dits qu'il manque des éléments de comphrénsion déterminants au téléspectateur, témoin privilégié de cette déclaration de guerre.

Le personnage de Jim Keats s'impose d'entrée comme un être troublant à plus d'un titre. Ses propos, souvent cryptiques, soulèvent plus de questions qu'ils n'en résolvent. Quel est son rôle réel, son objectif ultime et, surtout, que sait-il très concrètement de la situation d'Alex... tant d'interrogations qu'il parvient à soulever en quelques scènes et qui lui permettent de signer des débuts particulièrement réussis dans l'univers de la série. Il paraît suivre son propre agenda, mais pour le moment, le téléspectateur ne peut que constater que sa curiosité est piquée et attendre avec impatience la suite.

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Cependant, s'il y a un aspect vraiment réussi dans ce premier épisode, c'est sa capacité à introduire la nouvelle saison. Car c'est définitivement sous le signe du mystère qu'elle démarre, avec des thématiques où la mythologie de la franchise prend désormais le pas sur les anciennes préoccupations d'Alex. La volonté de rentrer chez soi, à son époque, n'est plus l'objectif premier, cette obsession envahissante qui dictait toutes ses décisions. Elle est rentrée, mais sans résoudre la question fondamentale de la nature de cette réalité de 1982. Or le repos ne paraît désormais possible pour Alex que lorsqu'elle aura cerné l'ensemble du tableau, qui forme une énigme dont Gene Hunt est le coeur ou la clé.

Avec une telle ouverture mythologique, où le questionnement porte sur les fondations même du concept à la base de la franchise, il est logique que l'ombre de Sam Tyler paraisse planer de façon omniprésente sur l'épisode. Il est un élément fixe dans ce double univers où Alex évolue désormais, en ayant établi des passerelles fortes entre les deux. A mesure que les lignes et les délimitations de la réalité se troublent et s'effondrent, il est normal que la série effectue une forme de retour aux sources. Une promesse d'autant plus excitante pour le téléspectateur, compagnon fidèle depuis cinq années.

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Bilan : Ashes to Ashes nous revient avec un épisode convaincant et bien calibré pour remettre les choses en place et poser efficacement les bases de la saison à venir, aiguisant à dessein la curiosité du téléspectateur et esquissant de nombreuses questions qui appelleront des réponses avant la fin. Insistant sur l'importance du personnage de Gene, qui, d'une façon ou d'une autre, constitue un élément central de ce qui se joue sous nos yeux, la série continue de troubler son héroïne, comme le téléspectateur, en brouillant la frontière d'une réalité qui semble toujours plus volatile et relative. En somme, voici une très bonne façon de reprendre l'histoire et d'offrir de belles promesses pour boucler la boucle ouverte par Life on Mars.


NOTE : 8,75/10


Le nouveau générique de cette saison 3 :


La bande-annonce du prochain épisode :

02/04/2010

(UK) Ashes to Ashes : une dernière saison pour résoudre ces énigmes temporelles ?


On y est ! Je ne vous cache pas mon excitation ; certains téléphages auront attendu des réponses aux mystères temporels relatifs à une île perdue, mais pour moi, ce premier semestre 2010 sera marqué par les réponses à une autre énigme temporelle ! Car ce soir débute un bien beau week-end en terres sériephiles britanniques avec, tout d'abord, la reprise de Ashes to Ashes, le spin-off de Life on Mars, qui nous revient pour sa troisième et dernière saison. L'occasion aujourd'hui d'évoquer un peu la série ; ce qu'elle nous a déjà offert et les attentes suscitées par le series finale de l'an passé.

(J'en profite pour préciser que Ashes to Ashes sera reviewée sur ce blog épisodes par épisodes. Au programme donc, à partir de ce week-end, un menu 100% UK et BBC avec Ashes to Ashes et Doctor Who, histoire de faire honneur à la bannière qui trône en haut de la page.)

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Reprenons au commencement. Spin-off changeant de décennie, Ashes to Ashes va se réapproprier les codes scénaristiques se trouvant à la base de Life on Mars. La transition entre les deux s'opère assez naturellement, car l'héroïne, Alex Drake (Keeley Hawes), n'est pas seulement policière, elle est également psychologue. Et surtout, elle a lu les rapports concernant le "cas Sam Tyler", notamment ceux dans lesquels il a raconté son expérience vécue en 1973 lors de son bref "retour" dans le présent. Ashes to Ashes reproduit le même schéma de départ : placée entre la vie et la mort en 2008, après s'être fait tirer dessus, la jeune femme se réveille en 1981, au sein d'une équipe très familière, composée des mêmes policiers dont parlait Sam. Mais Alex dispose de l'expérience passée de son collègue, ainsi que d'une raison supplémentaire de s'accrocher à sa vie et au présent : elle est la mère d'une petite fille, qui va constituer sa motivation première tout au long des deux premières saisons.

A partir de ce synopsis s'inscrivant dans une directe continuité de son prédécesseur, Ashes to Ashes allait avoir la lourde tâche de trouver un juste équilibre entre la franchise à laquelle elle appartenait et sa propre identité. Encore une fois, prendre le relais de Life on Mars n'était pas chose aisée, pas seulement en raison de sa qualité de "série dérivée". Dans ma review, la semaine dernière, j'avais souligné combien Life on Mars était une série qui fonctionnait grâce à l'attachement de ses téléspectateurs : elle avait réussi à nouer une relation basée sur l'affectif, un des éléments les plus subjectifs et, surtout, des plus volatiles qui soit... Or, c'est cet aspect qui générait l'alchimie faisant de la série, une fiction à part qui s'était imposée avec une telle force dans le paysage télévisuel. Mais il n'existe pas de science exacte pour reproduire un tel résultat, qui est la conséquence directe d'un équilibre fragile entre les personnages, les situations mises en scène, les acteurs, ou encore l'ambiance générale.

Transposer l'action dans les années 80, en remplaçant Sam par Alex et en reprenant les mêmes ingrédients que l'originale, ne garantissait aucunement un succès similaire. C'est sans doute pour cela que Ashes to Ashes commença d'abord par se chercher un peu...

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Ne souhaitant pas reproduire un simple copier-coller de la quête de Sam, dont nous avions été témoin au cours des deux années précédentes, Ashes to Ashes choisissait tout d'abord de pleinement exploiter le fait qu'Alex connaissait l'expérience de 1973 et qu'elle disposait donc déjà d'une théorie pré-constituée sur ces évènements. Réagissant en psychologue, elle déconstruit cette réalité des années 80, s'imposant dès le départ une prise de distance avec cet univers dans lequel elle est embarquée malgré elle. Si bien qu'au cours de la première saison, en sur-analysant l'ensemble et en réduisant les personnages qui l'entourent à des "constructions mentales", Alex rationalise à l'extrême le concept de départ de la franchise. Les doutes, les pointes de folie et d'hallucinations, qui avaient pu plonger Sam dans un tourbillon entre fantastique et folie, s'effaçaient donc derrière la froide rationnalité d'une psychologue qui ne reconnaît pas la vie propre de ce monde des années 80. Cet excès de prise de contrôle sur la réalité, ne laissant presque plus de place au mystère, et présentant comme certaine la théorie d'Alex, selon laquelle, tout cela serait une création de son cerveau comateux, une reproduction mentale due au fait qu'elle a lue les dossiers sur Sam, bouscula un peu l'équilibre traditionnel de la franchise. Life on Mars était faite de mystère, une balade non identifiée, une invitation aux frontières de l'imaginaire, de la réalité et de la science. Ashes to Ashes réduisait cet acquis à sa plus simple expression, ne laissant survivre qu'un seul aspect. Cela explique sans doute les difficultés initiales de la série : à trop vouloir se démarquer et proposer une façon de fonctionner propre, elle se détachait également de ce qui avait fait l'attrait principal de sa grande soeur. La première saison ne fut pas désagréable à suivre, loin de là, et elle eut ses bons moments, mais le téléspectateur garda l'impression qu'il manquait quelque chose au tableau.

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C'est pourquoi l'évolution amorcée au cours de la saison 2 fut particulièrement bienvenue. La série renouait en effet avec ce mélange des genres, remettant en cause les certitudes d'Alex et opérant une redistribution des cartes des plus intrigantes. Plus aboutie que la précédente, sa construction bénéficiait d'un solide fil rouge, avec une affaire de policiers corrompus. Comme dans Life on Mars, les actions d'Alex ont une répercussion sur son état de santé dans le présent/futur, métaphores des problèmes qu'elle y rencontre et qu'elle doit résoudre. Seulement, cette fois, les scénaristes n'hésitent pas à abattre certains pans de la réalité, en brouillant un peu plus les rapports temporels entre les deux époques. La nature même de cet univers où les années 80 ont été recréées devient une question centrale, s'éloignant des froides analyses cliniques délivrées par Alex aux débuts. L'introduction de Martin Summers, un autre patient de l'hôpital, est déterminante et permet à la saison de renouer avec cette zone trouble d'incertitudes, dans laquelle Life on Mars excellait. Au-delà d'une reprise en main du concept même de la franchise, le personnage d'Alex se rapproche également de plus en plus de celui de Sam. Le détachement obsessionnel qu'elle avait mis en place comme mécanisme de défense se fissure peu à peu. Son obsession de rentrer prend le pas sur tout le reste, consciente que tous les obstacles qu'elle rencontre sont des formes de mise à l'épreuve, qui culminent dans un final d'anthologie.

En somme, après une première saison plus clinique et moins intensément humaine que ce à quoi la franchise nous avait habitué, la deuxième renoue avec une tradition de mélange des genres, remettant en cause bien des certitudes et se réappropriant pleinement le concept en renouvelant les questions laissées sans réponse pour le téléspectateur.

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Cela nous conduit évidemment à évoquer ce fameux final de la saison 2. J'ai revu ce huitième épisode dimanche dernier, afin de réactiver mes souvenirs. Il m'a rappelé à quel point l'attente de cette dernière saison fut si insupportable. Concluant les storylines en apothéose sur une série de scènes d'anthologie, Ashes to Ashes nous offrait plusieurs confrontations intenses, d'une part entre Summers et Alex, mais surtout, d'autre part, entre Gene et Alex. Leurs rapports s'étaient dégradés au cours de la saison. La confiance avait disparu, laissant place à une méfiance réciproque, exacerbée du côté de Gene dans ce dernier épisode. La résolution de l'intrigue des flics corrompus, permettant du même coup de mettre Summers hors-jeu, se termine dans une fusillade, où les circonstances conduisent, par accident, son supérieur à abattre Alex par balle. Tout cela constitue le déclic symbolique nécessaire ; l'élément décisif qui permet à la jeune femme de se réveiller du coma dans lequel elle était plongée dans le présent. Sa tâche est accomplie : sa quête d'un retour en 2008, sa volonté de retrouver sa fille... toutes ces obsessions pour lesquelles elle a luttées au cours des deux saisons qui viennent de s'écouler.

Seulement, c'est dans ce moment d'euphorie, qui se présentait comme l'happy end vers laquelle la série toute entière tendait, que les scénaristes choisissent d'abattre le dernier mur de réalité, la dernière séparation existant entre passé et futur/présent. Car Alex, en 2008, retrouve les hallucinations dont elle était devenue coutumière dans le passé. Ces voix lointaines qui lui indiquaient qu'elle était à l'hôpital, dans le coma. Seulement, cette fois, le rapport à la réalité est inversé. Ici, c'est Gene qui l'informe de son état de santé, à travers les écrans d'ordinateurs qui l'entourent : elle est plongée en réanimation dans ces années 80 qu'elle vient juste de parvenir à quitter et Gene se retrouve accusé de l'avoir, volontairement, blessée. Le lien n'est, une nouvelle fois, pas rompu avec ce passé dont Alex, comme Sam, était parvenue à s'extraire. Continuation logique de l'évolution amorcée au cours de la saison, Ashes to Ashes opère une redistribution des cartes des plus bouleversantes. Une seule envie pour le téléspectateur : la suite !

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Bilan : Initialement spin-off hésitant sur l'héritage à accepter en provenance de Life on Mars, Ashes to Ashes aura prouvé la ressource de ses scénaristes, toujours à la recherche de l'équilibre permettant à la série de trouver sa tonalité et son identité. Après une première saison où ne perçait peut-être pas assez cette pointe de folie, ce caractère non catégorisable, si étrange, de la franchise, la deuxième aura bénéficié d'une construction globale plus aboutie, mais aussi d'une réappropriation passionnante et des plus intrigantes des bases de la série. Le final laissait en suspens de nombreuses nouvelles questions qui expliquent la grande attente suscitée par cette saison 3 ; car toutes les réponses nous sont promises, pour ce qui devrait être une vraie conclusion de la franchise.


NOTE : 8/10


Une bande-annonce de cette saison 3 :

24/03/2010

(UK) Life on Mars : Am I mad, in a coma, or back in time ?

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La dernière et troisième saison de Ashes to Ashes débutera le 2 avril prochain sur BBC1, ouvrant un week-end pascal particulièrement savoureux pour les amateurs de séries britanniques, puisque le lendemain marquera les débuts de la très attendue cinquième saison de Doctor Who. Le retour de deux de mes séries préférées actuelles, mine de rien, ce printemps téléphagique en cours et futur est des plus attractif.

La dernière saison de Ashes to Ashes est annoncée comme devant venir "boucler la boucle" entamée par Life on Mars, nous promettant des explications, mais aussi une vraie conclusion. L'attente est donc à son comble ; l'impatience grandit chaque jour un peu plus, tandis que la campagne de promotion commence dans les médias. Cependant, avant d'évoquer Ashes to Ashes, il est sans doute opportun de revenir aux origines du concept, de repartir dans les années 70 aux côtés de Sam Tyler, en vous parlant, aujourd'hui, de Life on Mars.

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"My name is Sam Tyler. I had an accident and I woke up in 1973. Am I mad, in a coma, or back  in time ? Whatever's happened, it's like I've landed on a different planet. Now, maybe if I can work out the reason, I can get home."
(Monologue de Sam, introduisant le générique)

Je vous avoue que j'ai toujours eu beaucoup de mal à retranscrire avec des mots l'intense ressenti émotionnel, sans doute très subjectif, que suscite chez moi cette série. Elle fait partie de ces fictions que je vais savourer, mais où, après le visionnage, je n'aurais pas le besoin d'exprimer, d'analyser, l'expérience je viens de vivre... Si elle est ainsi associée au syndrome de la page blanche, c'est sans doute parce que Life on Mars est, dans mon coeur de téléphage, profondément liée à l'affectif ; la part rationnelle du critique étant obscurcie par les élans de son coeur.

Pour ceux qui auraient vécu sur Mars (littéralement) au cours des dernières années, reprenons au commencement. Le synopsis de la série est à la fois original, maniant de grandes questions a priori complexes, mais aussi d'une simplicité presque désarmante dans son traitement du quotidien. Sam Tyler, policier à Manchester en 2006, est renversé par une voiture au cours d'une enquête, lors du pilote de la série. Il perd connaissance et se réveille alors en 1973. Une interrogation lancinante, en forme de fil rouge, va guider le téléspectateur à travers les deux saisons que compte la série, ainsi résumée par Sam dans le générique du début : Am I mad, in a coma, or back in time ?

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Life on Mars s'impose tout d'abord une série d'ambiance ; elle mise et capitalise sur une fibre nostalgique inconsciente en redonnant vie aux années 70, présentant, avec ses reconstitutions stéréotypées à dessein, une forme d'hommage aux cop-shows de cette époque-là... Entre course-poursuites en voitures ronflantes, policiers jouant encore aux cow-boys, voire pseudo justiciers, dans les rues de leur ville et règles disciplinaires intervenant à éclipse suivant les circonstances, tous ces ingrédients se retrouvent d'une façon très condensée dans Life on Mars. Ne vous y trompez pas : il n'y a pas de réelle volonté de reconstitution rigoureuse derrière ce portrait très coloré, l'image renvoyée correspond plutôt au mythe télévisé associé à cette période. C'est donc sur un tableau fictif, reposant en grande partie sur l'imaginaire collectif partagé consciemment ou inconscimment par chaque téléspectateur, que la série va se construire un décor attractif, tranchant volontairement avec le genre policier moderne qui inondent nos ondes. Au final, ce qui est proposé, ce sont un peu des années 70 revisitées par l'esprit d'une personne dont la mémoire biaisée mêlerait quelques souvenirs personnels et tout une série de clichés classiques ayant une origine culturelle.

Si le téléspectateur redécouvre, par le biais de cette remise au goût du jour, un certain nombre de codes scénaristiques, parfois assez directs, pour ne pas dire simpliste, d'une époque plus manichéenne, moins nuancée dans son rapport à l'ordre, cette atmosphère se révèle être un des atouts majeurs de la série. D'autant que l'immersion 70s' passe également par des détails plus formels : les costumes, mais aussi et surtout une excellente bande-son musicale, très fournie et particulièrement bien choisie, qui offre un retour en arrière entraînant, tout aussi symbolique, au téléspectateur.

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Au-delà de ce dépaysement sympathique, Life on Mars bénéficie également de son concept, qui permet un intrigant mélange des genres, offrant la possibilité d'alterner différentes tonalités. En effet, certes, la série se présente sous l'apparence d'un cop-show -tout droit sorti des 70s'- et va donc proposer diverses enquêtes occupant chaque épisode. Des affaires pouvant avoir une connotation très marquée par l'époque, mais on y trouve également des intrigues très classiques. Seulement, et Life on Mars ne vous le fera jamais oublier, Sam Tyler n'est pas un simple policier qui évoluerait dans un formula-show traditionnel. La confusion, source de mystère et de tant d'interrogations, qui entoure sa présence dans les 70s' est savamment entretenue tout au long de la série. Si les scénaristes nous donnent des pistes et des indices penchant pour l'une ou l'autre des explications proposées au début de chaque épisode, la série va s'avérer particulièrement réussie pour progressivement diluer les repères de la réalité, faisant peu à peu disparaître, par des hallucinations tout autant que par les étranges coïncidences qu'il croise, la frontière qui préserve la santé mentale de son héros.

De policière, la série flirte ainsi parfois avec le surnaturel. Ce fantastique de façade, jamais pleinement consacré, est utilisé pour mettre au défi la tentative de maintien de rationnalité du show. Quels sont les points de repère que Sam peut conserver ? Ne glisse-t-il pas peu à peu vers une assimilation de cet univers si coloré des 70s' ? Son comportement gardera toujours une profonde ambivalence, tiraillée entre deux priorités : ce qui l'entoure dans l'immédiat et son analyse extérieure et détachée de la situation dans laquelle il se trouve bloqué. Au fond, la thématique récurrente, qui constitue le coeur de la série, est celle de la perte du sens de la réalité. Un égarement progressif qui culminera avec le déchirant - mais sonnant si juste - final.

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Au-delà d'une métaphore identitaire aux accents de tragédie, Life on Mars ne repose pas uniquement sur cette toile de fond prenante et originale. En effet, la série ne se serait pas imposée avec une telle force à l'écran sans des protagonistes qui en sont la véritable âme. L'équipe policière, au sein de laquelle Sam Tyler est parachuté, est dirigée par un DI, Gene Hunt, personnalité forte qui défie toute catégorisation : il a ses ambiguïtés éthiques mais demeure instinctivement attaché à son métier et à la mission qu'il sous-tend. Ce personnage est profondément marqué, tant par les moeurs de son époque, que par les stéréotypes associés depuis dans l'imaginaire du public. Bien souvent, l'intérêt des épisodes va résider plus dans la confrontation explosives des deux approches, souvent presque antinomiques, incarnées par Sam et par Gene, plutôt que dans le fond de l'enquête menée qui n'est pas toujours des plus fouillées. Ici encore, l'opposition s'inscrit dans une lignée classique : les méthodes policières de travail des années 2000 n'ayant pas grand chose de commun avec ce qui peut être perçu comme le tourbillon des années 70. L'aspect très rigoriste, mais aussi très humain et souvent touchant, de Sam se heurte aux initiatives pragmatiques, détachése du code de bonnes conduites, et fonctionnant à l'instinct, que symbolise Gene.

Le clash était inévitable - et même recherché - et il va suivre un développement intéressant, s'inscrivant dans la logique du petit écran. En effet, si la construction des épisodes, de l'affaire du jour jusqu'aux oppositions de vues qu'elle génèrera chez nos deux principaux personnages, peut apparaître un peu répétitive sur le long terme, il faut cependant préciser qu'elle ne suit pas toujours avec rigueur un schéma invariable. Peu à peu, Gene et Sam vont parvenir à une certaine compréhension réciproque, où vont poindre les bases d'une amitié, mais aussi une forme de respect. Bénéficiant de cette complicité relative et du théorème selon lequel les opposés s'attirent, Life on Mars s'inscrit dans la lignée de ces bromances explosives particulièrement appréciées du petit écran. Pour parfaire cela, les excellents acteurs qui composent ce duo, John Simm et Philip Glenister, délivrent des performances parfaites, aux accents charismatiques très magnétiques et à l'alchimie évidente à l'écran.

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Bilan : Sans révolutionner le petit écran, Life on Mars aura réussi à pleinement capitaliser sur un concept de départ original, qui l'aura conduit à utiliser des ingrédients classiques dont la force va être de parvenir, avec beaucoup de naturel, à toucher la fibre affective du téléspectateur. Qu'il s'agisse de l'attrait nostalgique, de cette étrange ambiance indéfinissable naviguant entre faux policier et quête identitaire, entre drames et décalages humoristiques, l'attrait de la série restera sa capacité à se faire apprécier instinctivement, notamment par le biais de personnages très attachants.


NOTE : 8,5/10


Le générique de la série :

Une bande-annonce (de la première saison) :