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01/10/2011

(UK) Doctor Who, season 6, episode 12 : Closing Time

"It was funny, he seemed so happy, but so sad, at the same time."
"I was just a kid. I thought maybe he was a cowboy on his way to a gunfight."
"I really liked his hat."

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C'est ce soir que se clôture sur BBC1 la saison 6 de Doctor Who. Une saison marquée par les coupes budgétaires de la chaîne et qui n'aura pas fait l'unanimité parmi les fans de la série, mais que j'aurais dans l'ensemble vraiment beaucoup apprécié. Avant d'affuter son cerveau pour le timey wimey promis pour ce soir, revenons sur l'épisode de la semaine dernière, Closing Time. Plus qu'une transition avant le grand final, ce stand-alone, déconnecté de la mythologie si ce n'est par sa conclusion, offrait une sympathique dernière aventure au Docteur, la veille de sa mort.

Pour l'occasion, l'épisode marque les retrouvailles très complices avec celui qui fut son colocataire durant la saison 5, dans l'épisode The Lodger (5.11), Craig. Ce dernier est désormais papa d'un petit bébé, dont il a précisément pour mission de s'occuper seul durant ce week-end, afin de prouver qu'il peut assumer ses responsabilités de père. Ce week-end, qui se présentait déjà comme une mission presque impossible pour Craig, est un peu plus perturbé par l'arrivée du Docteur. Initialement, ce dernier ne fait que passer, venu saluer un ami en sachant le destin qui l'attend très prochainement. Mais des perturbations électriques et des disparitions inquiétantes dans le voisinage persuadent le Docteur de rester pour brièvement mener l'enquête...

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Closing Time apparaît en bien des points comme l'aventure parfaite pour précéder un final qui s'annonce éprouvant. C'est un épisode qui investit prioritairement le ressort de la comédie. La tonalité reste globalement légère, bien servie par des dialogues rythmés qui ont tout pour passer à la postérité. En effet, un soin particulier est porté aux plus petits détails des lignes de dialogues qui agrémentent l'épisode et prêtent souvent à sourire franchement : le qui pro quo autour du sens de partner/companion, ou encore le bébé -culte- s'auto-baptisant Stormageddon, constituent autant de ressorts comiques marquants qui font passer au téléspectateur un très bon moment.

Il faut dire que l'épisode repose uniquement sur cette dimension humaine, préférant reléguer la menace extraterrestre du jour en toile de fond complètement anecdotique. Il se concentre ainsi sur la dynamique du duo que le Docteur forme avec Craig, le bébé de ce dernier étant l'élément attendrissant/perturbateur potentiel. Les deux personnages ont une telle complicité à l'écran que cela occulte les faiblesses de la storyline liée aux cybermen. Cet ennemi classique est expédié de manière bâclée, l'épisode s'amusant surtout de l'environnement proposé par le magasin où le Docteur mène l'enquête, sans chercher à offrir une conclusion crédible à cette dernière ; laquelle restera sans doute dans les annales comme une des plus artificielles qui soient (Craig les vainc grâce aux tourbillons d'émotions provoqués par les pleurs de son fils). Que dire ? L'enjeu est bel et bien ailleurs... 

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Si Closing Time exploite des ressorts de comédie, pour autant, une ombre l'accompagne et s'étend : nous restons la veille de la mort du Docteur. Même sans être dans un épisode mythologique, l'horloge "fixe" s'égrennant irrémédiablement se fait de plus en plus pesante au fil de l'aventure. Le compte à rebours est d'autant plus perceptible que, en dépit de ces scènes apparaissant comme un écho à l'enthousiasme passé - notamment celles dans le rayon de jouets, le Docteur n'a plus l'attitude juvénile qu'il arborait comme un masque. Il semble désormais usé, un peu mélancolique, se laissant aller par moment au besoin de confier ce qu'il a sur le coeur, sans que cela ait de conséquences (à un Craig endormi, à un bébé qui ne peut répondre...).

Matt Smith est toujours aussi impressionnant pour retranscrire les nuances du Time Lord, jouant de manière très convaincante ce docteur plus âgé, qui a eu le temps de penser, mais aussi de préparer (on l'espère du moins) ce qui l'attend... Car le jour tant redouté - depuis le début de la saison - est arrivé. Closing Time s'offre une fin tout en clins d'oeil qui emboîte les premières pièces pour rejoindre le season premiere : le papier à lettre bleu, le chapeau de cowboy. Forcément, le coeur du téléspectateur se met à battre un peu plus fort, tandis que, plusieurs millénaires dans le futur, Madame Kavarian vient trouver River pour lui rappeler ce pourquoi elle a été créée. Ce season finale promet d'être particulièrement dense, mais aussi très intense émotionnellement.

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Bilan : En guise de dernière petite pause avant le grand final, vérifiant la fameuse expression du (quasi) calme avant la tempête, Closing Time est un épisode plaisant à suivre. Il offre une suite appréciable à The Lodger dont il reprend les principaux ingrédients et la dynamique confortable existant entre le Docteur et Craig. Dans cette parenthèse légère qui s'assombrit cependant peu à peu, la dimension comique fait office de souffle d'air frais bienvenu, comme si scénaristes et téléspectateurs repoussaient une dernière fois l'échéance inéluctable. Rendez-vous ce soir.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de l'épisode :

24/09/2011

(UK) Doctor Who, season 6, episode 11 : The God Complex

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Un grand hôtel vide, un clown... bienvenue chez Stephen King !

J'aime décidément beaucoup cette seconde partie de saison 6, notamment grâce aux thématiques plus introspectives qui sont explorées, c'est-à-dire non pas les enjeux mythologiques en tant que tels, mais plus simplement la relation du Docteur avec ses compagnons. Ce onzième épisode, The God Complex, vient finalement offrir un complément parfait à l'épisode précédent, en allant cette fois-ci beaucoup loin. Dans The Girl who waited, c'était la dangerosité des voyages avec le Docteur, mais aussi l'influence qu'il peut avoir sur les vies de ses compagnons, qui interpellaient. Dans cet épisode 11, c'est cette fois l'idée-même d'une fin dans la dynamique du trio qui est évoquée.

Pour aboutir à ce résultat, l'aventure du jour les conduit dans un lieu qui s'apparente à un gigantesque hôtel terrien. Seulement, ce n'est pas un repos mérité que les innombrables chambres proposent : elles offrent derrière leurs portes closes des retrouvailles avec les peurs les plus viscérales qui se cachent dans nos coeurs. Le principe est qu'il y a une chambre pour chacun ; et ouvrir celle qui vous est destiné bouscule et perturbe toutes les certitudes que l'on peut avoir, faisant peu à peu sombrer dans une folie autodestructrice qui amène à se sacrifier à la créature générant ce labyrinthe hôtelier, aux couloirs sans fins se remodelant constamment, un minotaure. Le Docteur et ses compagnons vont devoir trouver une échappatoire à cette prison, en essayant non seulement de se sauver eux-mêmes, mais aussi de protéger les quelques personnes prisonnières des lieux comme eux.

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The God Complex débute comme un classique stand alone à la croisée des genres : sommes-nous sur Terre, dans le passé ? Sommes-nous dans l'espace ? Rapidement l'image du mystérieux hôtel s'obscurcit, semblant tout droit sortie d'un livre de Stephen King et faisant plonger l'épisode dans un thème semi-horrifique avec pour objet central : les peurs les plus primitives de chacun. S'appropriant parfaitement tous les codes de ce genre, cette première partie se montre très efficace et plutôt inventive, tout en restant classique. Elle doit beaucoup au groupe bigarré de personnages également coincés avec le Docteur. C'est à souligner car il est assez rare qu'un épisode parvienne, ou recherche, à nous impliquer pour le sort de simples guest-stars, souvent sacrifiées sans arrière-pensée. Or ici, la dynamique prend instantanément, notamment grâce au personnage de Rita dont la mort reste une des scènes émotionnelles les plus fortes de l'épisode.

Pour autant, The God Complex n'est pas un simple épisode d'horreur. En effet, c'est dans un autre registre qu'il va se révéler : le véritable enjeu se situe à un niveau différent qui dépasse de loin la notion de peur : c'est celui de la foi. La créature du labyrinthe se nourrit de la croyance de ses victimes, les faisant basculer progressivement dans une folie adorative, sapant toutes leurs certitudes grâce à la peur qu'il réveille. Un seul des voyageurs du Tardis nourrit une foi assez grande ayant pu retenir l'attention : celle d'Amy... dans le Docteur. Car en dépit des épreuves, des abandons et des déceptions, Amy reste toujours au fond d'elle l'innocente Amelia Pond : cet enfant, aux certitudes et à la confiance inébranlables, qui a tant attendu l'homme un peu fou à la boîte bleue qui devait l'emmener voyager dans les étoiles. Pour sauver Amy, le Docteur va devoir détruire cette première attache, cette forme d'inféodation originelle fondatrice.

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The God Complex offre ainsi au Docteur et à Amy l'occasion de refermer la boucle ouverte lors de sa regénération il y a deux saisons et laissée en suspens depuis. Les implications du discours qu'il délivre à une Amy redevenue logiquement enfant dépassent la seule aventure à laquelle ils doivent survivre. Il faut certes briser ce lien dans l'immédiat pour la sauver du minotaure, mais c'est une autre prise de conscience, autrement plus symbolique, qui a lieu : il faut rompre cette relation pendant qu'ils le peuvent encore, pendant qu'Amy et Rory ont encore une vie et un futur qu'ils peuvent construire sur Terre. En filigrane en effet, c'est sa dangerosité que le Docteur admet et reconnaît. S'il fera toujours tout ce qui est en son pouvoir pour préserver ces compagnons, le Time Lord lui-même a ses limites. C'est pourquoi la conclusion de l'épisode va apparaître particulièrement logique et satisfaisante.

Le lien entre Amelia Pond et le Docteur, cette "foi" forgée durant leur première rencontre, est une réminescence de l'enfance de la jeune femme. Or si voyager avec le Docteur doit rester quelque chose de temporaire, qui ne peut durer éternellement, ce n'est pas seulement parce que ces aventures ont un impact important sur la vie de ses compagnons (et peuvent les terminer abruptement), c'est aussi parce qu'il s'agit normalement d'une simple parenthèse dans le cours de leur existence. Pour Amy, ces quelques mois initiatiques auprès du Docteur s'apparentaient à une forme de passage à l'âge adulte. Son mariage avec Rory l'avait en apparence parachevé, mais en apparence seulement, car subsistait toujours le lien originel qui inféodait la jeune femme au Time Lord. Ce voyage de noces qui s'éternisait en était la preuve. Mais désormais, l'initiation est bien terminée. Il ne convient plus de suspendre et de remettre au lendemain le retour au quotidien terrien, car ce serait hypothéquer définitivement la possibilité de le reprendre un jour.

En prenant conscience de toutes ces implications, ramener Amy et Rory sur Terre pour les sauver est la chose la plus responsable que puisse faire le Docteur. Mais avec toute la mythologie et les forces à l'oeuvre dans l'ombre, cette décision n'intervient-elle pas déjà trop tardivement ?

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Bilan : The God Complex est un épisode prenant et efficace qui prouve une nouvelle fois que Doctor Who ne se réduit pas à sa seule mythologie, et que la série peut être brillante lorsqu'elle prend le temps de s'intéresser à ses dynamiques fondatrices : à savoir la relation du Time Lord et de ses compagnons. Le temps n'est plus à l'insousciance, les parenthèses plus légères sont derrière soi. La destruction de cette foi ancrée en Amelia Pond demeure purement symbolique : elle ne remet pas en cause la confiance que Amy, adulte, a dans le Time Lord. Mais elle permet des prises de conscience et des réévaluations que l'on pressentait et qui apparaissaient de plus en plus inévitables. C'est donc un épisode très convaincant qui nous a été proposé, nous rapprochant peu à peu du final tant attendu de la saison.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de l'épisode :

23/09/2011

(Pilote UK) The Fades : une série fantastique intrigante

"The Fades are coming."

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Cette rentrée, j'ai fait des grands efforts d'ouverture. J'ai visionné des pilotes diffusés jusque sur les networks américains que je n'aurais d'habitude pas tenter, attendant patiemment de trouver la perle rare, celui qui me donnerait envie de revenir la semaine suivante. Les deux premiers tiers du mois déjà passés, je commençais à m'inquiéter, quand, enfin, un pilote a retenu mon attention et éveillé ma curiosité : The Fades. Oui, je sais, cette série est... anglaise.

Imaginée par Jack Thorne, un scénariste qui a travaillé sur This is England '86, Skins ou encore Cast Offs, The Fades (un temps intitulée Touch) est une nouvelle série fantastique lancée par BBC3, le jeudi 21 septembre 2011, et coproduite avec BBC America. La saison 1 comprendra six épisodes. BBC3 poursuit là ces explorations du genre fantastique dont Being Human reste le porte-étendard. Si ce premier épisode de The Fades est un peu brouillon, il est efficace pour poser un cadre mythologique au potentiel indéniable.

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Paul est un lycéen, anonyme dans la foule des adolescents de son âge, mais dont la vie quotidienne est de plus en plus perturbée par des évènements dont il ne peut comprendre la portée. Il voit des choses, ou plus précisément des êtres, qu'il est le seul à percevoir, et ses nuits sont hantées par de terribles cauchemars sur un monde apocalyptique où la Terre a été réduite en cendres. Logiquement inquiète, sa mère l'envoie consulter un psy, qui n'est pas vraiment en mesure de l'aider, tandis que son meilleur ami, Mac, fait office de soutien moral indéfectible, sa culture geek lui permettant d'être ouvert à toutes les hypothèses.

Une nuit, alors que les deux adolescents traînent dans un vieux centre abandonné, Paul assiste à une fusillade et à l'agression d'un homme par une bien effrayante et étrange créature. L'homme va être la première personne qu'il rencontre en mesure de lui expliquer ses aptitudes particulières. Ces créatures qu'il voit sont appelées des Fades, il s'agit de morts qui n'ont pas pu quitter la Terre (pour lesquels le processus de "l'Ascension" n'a pas pu avoir lieu pour une raison qui n'a rien à voir avec le Mal ou le Bien). Ils sont bloqués dans ce monde où nul ne les perçoit et où ils ne peuvent intéragir avec les vivants.

Mais l'un d'entre eux à trouver un moyen de briser la frontière séparant les vivants et les morts ; et avec cette intrusion sur notre Terre, c'est un avenir apocalyptique qui se profile à l'horizon. Les cauchemars prophétiques de Paul sont en marche, et le sort de l'humanité repose sur les quelques humains qui peuvent voir les Fades.

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Pour introduire un univers fantastique avec ses codes et ses enjeux propres, le scénariste peut faire le choix de tout proposer clé en main au téléspectateur, à travers une rapide mise au point dès le départ, ou il peut opter pour un chemin de traverse, plus périlleux sans doute, plus flou probablement, mais aussi plus intrigant si cela est bien exécuté. The Fades opte pour la seconde option : le pilote nous plonge directement dans l'action, avec une scène d'ouverture marquante qui donne d'emblée le ton du récit, et va ensuite s'intéresser au quotidien des différents protagonistes. L'épisode suggère beaucoup - une silhouette inquiétante, des visions de cendres inexpliquées -, et distille ses explications avec parcimonie, seules deux scènes entre Paul et Neil pouvant vraiment être qualifiées d'initiatiques.

Le pilote de The Fades garde donc volontairement sa part de mystères, soulevant plus de questions qu'il n'offre de réponses, au risque d'être parfois volontairement un peu brouillon, voire confus. Cependant cela ne gêne absolument pas pour s'intéresser à un univers qui se dévoile peu à peu. Cultivant une toile de fond apocalyptico-fantastique dont les ingrédients sont relativement classiques mais très efficaces, l'épisode se charge de délivrer les premières clés d'une mythologie que l'on devine plus vaste. La mort est une thématique que le fantastique a beaucoup exploré mais qui n'a pas perdu son attrait : notons en plus qu'ici, il ne s'agit ni de zombie, ni de vampire, mais des Fades, esprits errant sur Terre mais qui demeurent - normalement - strictement séparés du monde des vivants. Et, évidemment, une Armaggeddon à empêcher reste un des enjeux les plus communs, mais aussi les plus sûrs pour s'assurer d'une tension dramatique solide.

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Parallèlement à cette immersion mythologique progressive, The Fades a le mérite de réussir l'introduction de ses personnages. S'il n'y a aucune originalité dans la dynamique du duo principal, les clichés ayant la vie dure, on se surprend pourtant à s'y attacher très rapidement. Paul a tous les attributs de l'anti-héros lycéen classique, des pouvoirs qu'il rejette, n'aspirant qu'à une paisible normalité, jusqu'à une soeur populaire embarassée par ce fardeau fraternel. En proie aux doutes existentielles d'une adolescence compliquée par ces visions, il peut compter sur le soutien de son meilleur ami, fidèle et confident. Ce dernier va apporter son lot de références continuelles à la pop-culture geek. Aussi classique que cette présentation puisse sonner, c'est sans doute dans les échanges entre ces deux-là que The Fades a achevé de me rallier à elle : en effet, les réparties des deux amis introduisent un second degré typiquement anglais, s'assurant une certaine distance avec les évènements en cours et occasionnant des passages plus légers à l'humour bien dosé, auxquels il est difficile de résister.

De manière générale, on retrouve en fait dans The Fades une partie du charme des fictions fantastiques anglaises qui fonctionnent, c'est-à-dire une façon de ne pas trop en faire et surtout de ne pas se prendre excessivement au sérieux, tout en ne négligeant jamais de cultiver un sens certain de la dramatisation et de soigner l'ambiance. Le pilote mêle d'ailleurs plutôt habilement normalité et surnaturel, de manière à toujours conserver un cadre familier. C'est ainsi que, même si tout n'est pas parfaitement maîtrisé dans cet épisode à la narration parfois un peu expérimentale et aux tonalités changeantes, l'essentiel est atteint : le téléspectateur, la curiosité piquée, se prend au jeu, perçoit le potentiel des intrigues esquissées et prend rendez-vous pour la suite, voulant en savoir plus. 

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Sachant suggérer et introduire une ambiance fantastico-inquiétante qui s'insinue dans le quotidien terriblement typique du héros lycéen, The Fades est également solide sur la forme. On y retrouve quelques scènes horrifico-sanguinolantes qui n'auraient pas dépareillé dans Being Human, mais aussi sa part de combats mortels, mis en image plutôt sobrement, jusqu'à une opération d'un oeil qui n'ira pas sans crisper quelque peu le téléspectateur. La photographie est soignée, la réalisation bien maîtrisée s'inscrit dans la lignée des autres fictions de la chaîne. De plus, cerise sur le gâteau, la série bénéficie même d'un court générique. 

Enfin, The Fades dispose d'un casting sympathique qui permet au téléspectateur de rapidement s'investir dans l'histoire. C'est Iain de Caestecker (River City, Coronation Street) qui incarne Paul, l'adolescent qui se retrouve malgré lui au coeur de cette apocalypse en devenir. Il joue parfaitement le anti-héros propulsé sur le devant d'une scène fort dangereuse. A ses côtés, Daniel Kaluuya (Skins, Psychoville) est son meilleur ami. Johnny Harris (This is England 86') est un combattant endurci qui va initier le héros au monde des Fades ; Tom Ellis (Miranda), pour le moment le moins bien exploité, incarne un prof dont la femme, jouée par Natalie Dormer (The Tudors) et qui possédait le même don que Paul, décède dans le pilote. On croise également Daniela Nardini (This Life), Claire Rushbrook ou encore Lily Loveless (Skins).

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Bilan : Introduction parfois un peu brouillonne mais efficace, parvenant à poser rapidement des enjeux mythologiques qui retiennent l'attention tout en ménageant une part de mystère, le pilote de The Fades dévoile des bases fantastiques intrigantes au potentiel certain. A défaut de réelle originalité, la série se réapproprie un savoir-faire éprouvé, distribuant classiquement les rôles et s'offrant en toile de fond une fin du monde à empêcher qui retient l'attention. Aussi classique que puisse paraître une recette, l'essentiel est qu'elle fonctionne. Ce pilote de The Fades a ses atouts et donne envie de découvrir la suite, et c'est bien le principal. A confirmer ! 


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

18/09/2011

(UK) Spooks (MI-5), saison 10 : this is the end

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C'est durant le mois d'août dernier que la nouvelle est tombée : Kudos, la société de production de Spooks, annonçait que cette saison 10 serait la dernière de la série. On le pressentait : la saison 9 avait paru ne plus savoir se réinventer, arrivant au bout de l'inspiration des scénaristes ; mais il faut cependant noter que ce n'est donc pas la chaîne de diffusion (BBC1) qui aura pris la décision finale.

Ce soir, en Angleterre, débute donc à 21 heures le dernier acte, en six épisodes, d'une oeuvre qui aura marqué le petit écran anglais au cours de la décennie qui s'est écoulée. Une programmation, un dimanche soir sur BBC1, inhabituelle, avec un dernier objectif qui a tous les attributs de la mission impossible : affronter le retour pour une saison 2 du grand succès critique et public d'ITV, Downton Abbey. Mais qu'importe au fond, le jeu des audiences pour une conclusion qui devrait s'intéresser plus particulièrement au seul protagoniste qui demeure du casting d'origine : Harry Pearce, celui qui s'est peu à peu affirmé comme la véritable âme de la série. Je n'ai pas de désirs particuliers sur la manière dont la série doit finir. Qu'il s'agisse des secrets du personnage, ou de sa relation avec Ruth, tout ce que je souhaite c'est, une dernière fois, faire confiance aux scénaristes pour offrir une conclusion à la hauteur de la série.

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Avec la fin de Spooks, c'est un chapitre de la télévision anglaise des années 2000 qui se referme : celui qui a bénéficié du dynamisme inité par Kudos (une boîte de production qui nous aura offert ensuite Hustle, Life on Mars & Ashes to Ashes, ou encore cet été The Hour). Mais si, à l'aube de cette saison 10, il ne reste, dans la série d'aujourd'hui, que des vestiges de la qualité passée et des recettes anciennes de Spooks, les scénaristes ayant exploité toutes les ficelles narratives envisageables du concept de départ, c'est pourtant le coeur très serré que je m'apprête à quitter cet univers. Car, c'est aussi à titre personnel qu'une page se tourne.

En Angleterre, elles sont trois fictions à avoir façonné les bases de ma sériephilie, mais Spooks est la seule avec laquelle j'ai pu développer un réel lien de fidélité à travers les ans (les deux autres sont des mini-séries, Warriors et State of Play). Elle restera la première série anglaise que j'ai suivi en direct de sa diffusion. Et si je ne l'ai pas débutée en 2002, mais seulement quelques années plus tard, elle s'est rapidement imposée comme le repère incontournable de mon automne sériephile. Pour preuve, elle est à ce jour la plus ancienne série en production que je regarde, toutes nationalités confondues : un point fixe dans mes programmes.

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Si elle est si importante à mes yeux, c'est que Spooks a été une de mes clés d'entrée les plus prolifiques dans le petit écran britannique, un véritable fil d'Ariane grâce à laquelle j'ai exploré, au gré des filmographies, cette télévision d'outre-Manche à la fois si proche, mais pourtant si peu familière par rapport aux Etats-Unis. Spooks a sans doute contribué plus que toute autre fiction à ma connaissance des acteurs de la télévision anglaise, que ce soit grâce à son défilé de guest-stars ou par ses changements incessants de casting principal. C'est d'autant plus vrai que, assez paradoxalement pour une série qui n'a jamais été tendre avec ses personnages, elle est une de ces rares fictions vraiment capables de faire aimer du public ses acteurs.

C'est sans doute pour cela que Spooks reste dans ma mémoire rattachée à son casting. Initialement, il y a d'abord eu Matthew Macfadyen, le seul que je connaissais au préalable grâce à Warriors - et qui, soyons franc, avait été ma première raison de découvrir Spooks (outre mon amour démesuré pour les jeux d'espions) : le personnage de Tom Quinn aura définitivement scellé mon affection pour cet acteur, et il restera celui qui m'a le plus marqué. Mais j'ai aussi rencontré, les découvrant ou redécouvrant, toute une galerie d'acteurs dont je suis tombée sous le charme et dont je suis désormais d'un oeil attentif la filmographie : Keeley Hawes, une Zoey à la fraîcheur communicative, ou Rupert Penry-Jones dont le personnage d'Adam Carter aura connu tant d'évolutions, des premières missions à la James Bond jusqu'à la dépression... Et que dire du flegme de Peter Firth ou de la froide détermination de Hermione Norris... J'ai même apprécié Richard Armitage (si on omet la saison 9 dont il n'est pas responsable), en dépit de mes mauvais souvenirs de Robin Hood.

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Spooks demeurera également gravée dans mes souvenirs sériephiles pour toutes ses émotions fortes qu'elle m'aura fait vivre, pour ces ressentis intenses devant une fiction qui avait érigé en règle le fait qu'aucun de ses protagonistes, même les principaux, ne soient à l'abri. Rarement une oeuvre aura tant éprouvé ses personnages, refusant obstinément tout acquis. Rarement aussi aura-t-on démontré une faculté à se réinventer et à poursuivre de l'avant. Combien de séries peuvent se vanter d'avoir autant choqué, autant fait pleurer son public, face à des morts tellement marquantes. Le premier traumatisme, celui de la friteuse, hantera encore longtemps mon esprit, tandis que d'autres scènes auront véritablement déchiré mon coeur : comment oublier l'exécution de Danny, de Ben... ou encore ce dernier regard, tellement bouleversant, tellement parlant, échangé entre Jo et Ros ?

Reflet de son époque (2002 - 2011), Spooks est aussi une série d'espionnage qui, il faut le rappeler, est née après le 11 septembre. Elle a ainsi mêlé et vu se succéder toutes les dynamiques de ce genre : introduisant les problématiques les plus modernes, mais remontant aussi aux plus anciennes traditions héritées de la Guerre Froide, avec lesquelles elle va semble-t-il renouer cette saison. Elle a offert un cocktail efficace qui, sans conserver la sobriété des débuts, aura su satisfaire un public amateur de ce type de fiction. Comme dans toute relation téléphagique, il y aura eu des hauts et des bas : elle a eu de grands moments, elle a aussi fait subir d'importants ratés. Mais alors que nous sommes au début de la fin, espérons seulement qu'elle saura se conclure d'une manière réussie qu'elle mérite tant.

Un pan de l'histoire télévisuelle anglaise des années 2000 se referme ; un pan fondateur de mon histoire personnelle avec les séries britanniques également.

 

La bande-annonce de la saison 10 :

 

Le générique de la saison 9 (avec ce thème musical tellement Spooks) :

17/09/2011

(UK) Doctor Who, season 6, episode 10 : The girl who waited

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Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti quelque chose d'aussi fort devant un épisode de Doctor Who qui n'est ni un season premiere, ni un season finale, c'est-à-dire un épisode non mythologique. Cela faisait aussi longtemps que je n'avais pas versé autant de larmes devant la série. Écrit par Tom MacRae, The girl who waited est en bien des points une réponse parfaite à ceux qui s'interrogent sur la construction des saisons sous Steven Moffat et sur le rôle des stand-alones, car il résume et éclaire comme rarement toutes les dynamiques relationnelles à l'oeuvre entre les trois protagonistes principaux.

Après toutes les émotions fortes vécues ces derniers temps, le Docteur décide d'offrir des vacances à Rory et Amy sur une planète du nom d'Apalapucia, qui est la deuxième destination touristique de l'univers. Mais loin du monde paradisiaque promis, ils arrivent dans un lieu qui a été placé en quarantaine en raison d'une épidémie. Si les humains ne craignent rien, il en va autrement des Time Lords. Un mécanisme jouant sur les lignes temporelles a été mis en place, permettant aux malades de vivre, durant les 24 heures qu'il leur reste avant de mourir, une vie entière. A la suite d'une simple erreur, Amy est malheureusement séparée des deux autres, enfermée dans le système automatique. Le Docteur fait ce qu'il peut pour la sauver, mais lorsque Rory retrouve sa femme, cette dernière est restée seule et luttant pour sa survie pendant 36 ans...

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The girl who waited est un épisode qui démontre qu'il est possible de faire reposer entièrement un épisode sur les compagnons du Docteur. Car c'est bel et bien à Amy et Rory, pour lesquels je n'avais jamais autant vibré, que cette aventure est dédiée. C'est tout d'abord l'histoire d'Amy, parce qu'elle est celle qui attend. Une habitude, pourrait-on dire. Depuis que la série l'a introduite enfant, croisant pour la première fois ce mystérieux homme à la boîte bleue en pleine regénération, il semble qu'elle ait presque toute sa vie toujours attendu ce Time Lord versatile auquel elle est liée de manière inextricable : elle l'a attendu jusqu'à l'âge adulte, elle l'a attendu durant cet été où il cherchait vainement sa fille... et la voilà qui patiente cette fois-ci 36 ans dans un univers hostile où les dernières illusions de fiabilité qu'elle pouvait avoir en lui ont le temps de s'effacer. Cette Amy âgée, férocement indépendante, qui reste si semblable à notre jeune Amy mais est en même temps si désillusionnée, est le produit de l'échec, de la trahison du Docteur, et ne saurait laisser insensible le téléspectateur.

C'est d'autant plus le cas que cette tragédie est mise en relief par l'intensité de sa relation avec Rory. Si l'on avait pu avoir des doutes dans les premiers temps sur la solidité de ce couple, cette saison nous aura démontré combien les deux sont liés par le destin depuis leur enfance et quelle est la force des sentiments qui les lient. La conviction inébranlable de Rory, persuadé qu'Amy âgé ne peut avoir oublié tous les principes qui la caractérisait, la manière dont ils retrouvent timidement leurs affinités, une complicité naturelle, après toutes ces années, font chaud au coeur et éclairent au grand jour tout ce que sont capables de transcender leurs sentiments. Et puis, pour ceux qui craignaient que cette relation ne fonctionne que dans un sens, Rory aimant plus tout sa femme, une décision extrêmement symbolique leur répond ici : Amy âgée fait finalement le choix d'aider à retrouver Amy jeune/du présent, non pour elle-même, mais pour Rory et les années qu'ils méritent l'un pour l'autre.

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Il y a tant d'émotions sous-jacentes dans les scènes de cet épisode qu'il ne pouvait sans doute s'achever que dans les larmes d'un choix impossible, mais qui doit être fait : même dans une intrigue tout en timey-wimey où le téléspectateur perd rapidement le fil temporel conducteur, on sait qu'il ne peut y avoir qu'une seule Amy. Ce sera celle de Rory, celle que ses amis considèrent comme le présent, effaçant Amy âgée, ses 36 années d'attente vaine et tous les remords qu'elle représente. Plus que dans bien des situations durant lesquelles il avait pu jouer avec le feu, l'attitude d'Eleven, mêlant inconséquences et mensonges, marque. Tout à son ordre des priorités et à ses préoccupations personnelles, il est frappant de constater à quel point il semble s'éloigner de ses compagnons. Ces modes de voyage discutables font sans doute son charme (ne pas vérifier si la destination n'est pas en pleine épidémie), le fait de mentir avec aplomb sur la possibilité de sauver également l'Amy ayant vécu ces 36 ans de solitude est déjà une manipulation douteuse, mais placer ensuite Rory face à l'obligation de choisir entre les deux, lui laissant le soin de garder le verrou, est proprement cruel.

Comme si la confrontation avec River dans le mid-season finale n'avait jamais eu lieu, comme si les avertissements sur son attitude n'avaient jamais été formulés, Eleven poursuit un comportement de Time Lord qui use de ses pouvoirs sans forcément de contre-poids, d'auto-restriction. Là où Ten faisait preuve d'une empathie et d'une compassion qu'il n'hésitait pas à montrer et dont il tirait sa force, Eleven fait preuve de moins de scrupules. Cela le déchire sans aucun doute d'abandonner ainsi celle qui est le produit d'une ses erreurs, mais il l'intériorise. Plus que jamais, tout parait semblable à un jeu des apparences, omettant des éléments d'informations à ses compagnons, présentant toujours une image enjouée qui est souvent un acte. Le Docteur évolue lentement vers une ligne, entre destructeur et/ou auto-destructeur, qui vient nuancer et noircir son portrait. Si ce thème a toujours existé dans la série, il est désormais au coeur de la dynamique de la saison, permettant ainsi à Doctor Who d'explorer de nouveaux territoires.

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Bilan : The girl who waited est un épisode bercé par les paradoxes, à commencer par le principal : en dépit d'une histoire confuse, où les timey-wimey égarent le téléspectateur, il captive, émeut et marque avec une force et une intensité à laquelle peu d'épisodes de Doctor Who parviennent. C'est un épisode où l'émotionnel prend le pas sur la rigueur du scénario, pour apporter un éclairage particulier sur les différents protagonistes, mettant à l'honneur des compagnons du Docteur qui l'ont bien mérité. Karen Gillan et Arthur Darvill sont d'ailleurs vraiment à la hauteur de l'évènement !


NOTE : 8,5/10


La bande-annonce de l'épisode :