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17/10/2010

(Pilote UK) Lip Service : The L Word à Glasgow ?

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Si la semaine dernière britannique fut riche en émotions, entre drames humains ou policiers, BBC3 se chargea cependant d'y apporter une touche de légèreté plus romancée en débutant, ce mardi 12 octobre, la diffusion de son nouveau drama sentimental, Lip Service. Si la grisaille écossaise - et certains accents caractéristiques de cette partie du Royaume-Uni - avait succédé à la chaleur californienne, la lecture du concept de départ amenait naturellement à dresser un parallèle avec la seule série ayant marqué le créneau dans lequel Lip Service prétendait s'affirmer, The L Word.

Je n'ai pas vu suffisamment d'épisodes de cette dernière pour me risquer à opérer des comparaisons au-delà du seul rapprochement des synopsis. Cependant, pour explorer la question du traitement de cette thématique à la télévision américaine, je vous conseille la lecture de cet intéressant article publié sur God Save My Screen, cette semaine : L'homosexualité féminine dans les séries américaines. Restait qu'a priori, suivre les (més)aventures sentimentales d'un groupe de lesbiennes et de leurs amis, pouvait déboucher sur un drama relationnel plaisant. De ce premier contact un peu brouillon qu'offre le pilote, un élément central semble encore à travailler : développer une dimension humaine attachante.

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Optant pour un cadre géographique plutôt original et dépaysant, loin de Londres, c'est la ville de Glasgow, en Ecosse, que Lip Service a choisi pour cadre, afin de nous relater les vies amoureuses, plus contrariées qu'épanouies, de plusieurs personnages lesbiens et de leur entourage. Après une scène d'introduction pouvant s'interpréter, soit comme une façon peu subtile et un brin maladroite de donner immédiatement le ton de la série, soit comme un clin d'oeil provocateur gratuit, le pilote s'ouvre sur le retour au pays de la fille prodigue, partie précipitamment aux Etats-Unis deux ans auparavant, Frankie. Juste avant de mourir, sa tante, seule membre de sa famille dont elle fut proche depuis la mort de ses parents, lui a laissé un étrange message mystérieux sur son répondeur. C'est autant pour assister aux funérailles que pour tenter comprendre le sens de ces derniers propos bouleversés que Frankie s'envole donc pour Glasgow.

La jeune femme retrouve sur place son groupe d'amis tel qu'elle l'a laissé, mais surtout son ex-petite amie/meilleure amie, Cat, avec qui elle a rompu de manière très cavalière il y a deux ans. Cette dernière, le coeur toujours brisé, demeure marquée par cette relation qui s'est si mal terminée, si bien qu'elle en est tout juste au stade d'envisager d'aller à nouveaau de l'avant. Le retour de Frankie ne va-t-il pas ré-ouvrir ses anciennes blessures, alors même que Cat vient tout juste d'accepter un dîner avec une policière ? Reste qu'elle n'est pas la seule à souffrir de déboires amoureux. Sa rafraîchissante collocataire, Tess, ne trouve ainsi pas de meilleure idée que d'entrer par effraction chez son ex-petite amie, afin de récupérer une robe lui appartenant, découvrant au passage, de façon très humiliante, que son ex la trompait et sortait avec sa nouvelle compagne bien avant qu'elles ne rompent officiellement. Tandis que le frère de Cat s'apparente à un soupirant à la cause désespérée, mais toujours prêt à aider, face à une Tess qui ne semble jamais voir les attentions dont elle peut faire l'objet, l'horizon amoureux de la jeune femme s'éclaircit lorsqu'elle rencontre une présentatrice télé qui craque instantanément pour elle.

Ce sont donc les péripéties amoureuses et les dynamiques relationnelles existant au sein de ce cercle de jeunes gens, entre amitié et amours, que Lip Service se propose de nous faire vivre.

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Faisant preuve de beaucoup d'application pour installer et développer rapidement les dynamiques relationnelles existant entre ses personnages, ce pilote laisse cependant une impression mitigée. S'il n'hésite pas à dépeindre des situations un peu excessives, tendant souvent vers un rocambolesque vaudevillesque, mais qui sonne parfois un peu creux, l'ensemble souffre surtout d'une relative prévisibilité. Certes, le rythme de narration de ce premier épisode s'avère maîtrisé, mais c'est surtout son inconstance qualitative qui le caractérise. Toutes ces interactions, aussi diversifiées qu'elles soient, paraissent manquer d'un élément essentiel dans ce genre de série : cette authenticité vitale et nécessaire qui lui donne une âme. Peinant à trouver le ton juste, Lip Service souffre, de façon assez paradoxale pour une série basée sur du relationnel, d'un déficit de dimension humaine. Un défaut que l'installation progressive des protagonistes, au fil des épisodes, pourrait permettre d'atténuer ou de corriger.

Le contenu mitigé de ce pilote est un peu à l'image de ses personnages. Figure introductive et centrale, Frankie demeure pour le moment difficile à cerner. Très impulsive, dotée d'un caractère affirmé et d'une certaine tendance à l'auto-destruction, elle impose sans difficulté une présence forte à l'écran. Cependant le téléspectateur peine à se lier immédiatement à ce personnage ambiguë. Peut-être le temps permettra-t-il de mieux appréhender son intensité. Sa relation avec Cat s'inscrit dans cette même lignée, alternant des passages inspirés et qui sonnent justes, et d'autres qui paraissent trop forcés. Tout cela manque de spontanéité. La seule à tirer son épingle de la distribution, dans ce pilote, est Tess. Derrière ses discours désillusionnés, on s'attache plus facilement à cette jeune femme portée par une énergie irrésistible, qui vascille quelque fois, mais ne semble jamais faiblir.

Inconstante qualitativement, dans son traitement des personnages comme de leurs rapports, l'objectif premier, pour Lip Service, semble devoir être de gagner en subtilité pour réussir à s'humaniser d'avantage dans les prochains épisodes.

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Sur la forme, il y a relativement peu à dire. La réalisation, classique et sans prise d'initiative particulière, bénéficie surtout du cadre de la ville de Glasgow ; ce qui lui permet de nous proposer quelques défilés d'images, façon carte postale, durant les transitions entre certaines scènes.

Enfin, côté casting, chacun prend peu à peu ses marques et personne ne sort réellement du lot, proposant des prestations homogènes. On retrouve notamment à l'affiche Ruta Gedmintas, Laura Fraser (Rita dans Single Father dimanche dernier, Conviction), Fiona Button (The Palace) ou encore Emun Elliott (Paradox).

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Bilan :  Si sa galerie de personnages, diversifiés et aux caractères bien affirmés, semble offrir une base intéressante à exploiter à Lip Service, il faudra, pour fonder dans la durée un drama relationnel réellement abouti, que la série travaille sa capacité à retranscrire, avec le ton juste et plus de spontanéité et de naturel, les histoires mises en scène. Sans être déplaisant à suivre, ni manquer de rythme, ce pilote a peut-être voulu trop en faire pour installer immédiatement l'ambiance de la série, d'où l'impression un peu brouillonne et parfois très forcée qui s'en dégage. Le décor étant désormais posé et les personnages introduits, c'est à l'écriture de mûrir et de s'affiner pour permettre à Lip Service de grandir. Ou du moins pour devenir un divertissement auquel on peut s'attacher.


NOTE : 5/10


Un extrait du premier épisode :

Commentaires

On fait forcément un parallèle avec L word (et j'ai vu l'intégralité de la série)... C'est vrai que ce pilote m'a semblé un peu fourre-tout, j'ai eu l'impression qu'il partait dans les sens en voulant nous présenter un peu chaque personnage. J'ai apprécié le cadre que je trouve plus réaliste que Los Angeles (je continue ma comparaison avec L word) mais j'ai un sérieux probléme avec l'accent écossais ^

Écrit par : gecko4fr | 05/11/2010

Les commentaires sont fermés.