21/12/2012
(Pilote UK) Last Tango in Halifax : une sympathique et attachante dramédie relationnelle
Il est des séries qui sont faites pour un visionnage hivernal. Celles qui, empreintes d'une chaude humanité, donnent envie de s'emmitoufler devant son petit écran, en sirotant un thé, tandis que la nuit froide est depuis longtemps tombée dehors. Last Tango in Halifax est de cette catégorie de fictions. Créée par Sally Wainwright, elle est diffusée depuis le 20 novembre 2012, le mardi soir, sur BBC1. Sa première saison compte six épisodes et s'est achevée mercredi soir en Angleterre.
Rassemblant un casting cinq étoiles au sein duquel on retrouve notamment Derek Jacobi et Anne Reid, la fiction a conquis le public anglais : avec une audience moyenne tournant autour de 7 millions de téléspectateurs, elle est la série diffusée en semaine qui a rassemblé le plus large public en Angleterre cette année. Cela explique le renouvellement par BBC1 pour une seconde saison. En attendant, laissez-moi vous expliquer pourquoi son pilote, rattrapé la semaine dernière, a su me séduire.
Alan et Celia se tournaient autour durant leur adolescence. Un déménagement et une lettre qui n'est pas parvenue à son destinataire les ont fait se perdre de vue sur un qui pro quo, chacun emportant avec lui son lot de regrets. Depuis, ils ont vécu leur vie, se sont mariés, ont eu des enfants... Soixante ans plus tard, se laissant convaincre par leurs jeunes générations de s'inscrire sur Facebook, ils se retrouvent par hasard par l'intermédiaire du réseau social. Tous deux sont désormais veufs. Lorsqu'Alan suggère qu'ils se rencontrent pour un thé, Celia hésite peu. L'après-midi qu'ils passent ensemble, riche en émotions, réveille des sentiments enfouis et oubliés. Serait-ce la possibilité d'une seconde chance pour leur ancienne flamme d'adolescence ?
Décidés à en profiter, ils annoncent alors, à leurs filles respectives, leur intention de se marier. Les deux femmes en restent sans voix : leur vie n'est-elle pas déjà assez compliquée comme cela ? Appartenant à deux milieux sociaux très différents, elles ont en effet leur lot de soucis. Caroline, la fille de Celia, dirige une école privée. Elle a deux garçons, mais sa vie personnelle est bien complexe : son mari, qui l'avait quittée, a délaissé sa maîtresse et veut revenir, alors que Celia avait entamé une relation avec une enseignante de son école. Quant à Gillian, la fille d'Alan, mère de famille veuve qui peine à joindre les deux bouts, jonglant entre sa ferme et un emploi de caissière dans un supermarché local, elle doit gérer un fils en pleine adolescence qui subit un peu trop l'influence du frère de son père. C'est peu dire qu'une telle famille recomposée promet sa part d'éclats et de confrontations.
Last Tango in Halifax est une dramédie relationnelle pleine de tendresse. Elle met en scène une improbable histoire de retrouvailles, racontée avec une écriture sincère et touchante qui n'entend pas laisser le téléspectateur indifférent. Le pilote s'amuse à décrire la valse d'hésitations à laquelle jouent ces deux êtres qui se recroisent 60 ans après. La particularité de cette histoire d'amour renaissante tient justement au vécu de ses protagonistes. Ils portent un regard bien différent de celui de leur jeunesse sur la nature des liens qui les unissent. Les expériences passées et les regrets qui les accompagnent leur permettent de mesurer l'importance des moments de bonheur, mais aussi d'apprécier la force des sentiments qu'ils éprouvent. Avec une authenticté attendrissante, on assiste au réveil d'un ancien amour que le temps avait dilué, mais qui s'est paradoxalement fortifié au fil des histoires -et des désillusions- que chacun a pu vivre de son côté. Celia, tout particulièrement, éprouve une profonde amertume à l'encontre de son défunt mari, consciente de ne pas avoir toujours pris les bonnes décisions, pour les bonnes raisons.
Au-delà de ce couple central qui va provoquer une réunion familiale qui promet d'être pimentée, Last Tango in Halifax ambitionne, en prenant son temps (son rythme de narration est assez lent), d'explorer plus avant les dynamiques et la complexité des rapports unissant une galerie de personnages colorés introduits dès ce premier épisode. La complicité qui s'installe entre Alan et Celia offre quelques passages mémorables, empreints d'humour et d'une touche d'espièglerie qui fait mouche. Par contraste, la série pourra également jouer sur l'antagonisme instantané qui prend place entre les filles respectives du nouveau couple. Ces quadragénaires ont elles-mêmes leurs expériences de vie et leur lot de blessures personnelles. Elles ont des caractères extrêmement différents, mais ont toutes deux du potentiel pour évoluer. Leurs interactions promettent donc de pimenter aussi l'organisation du mariage soudain que leurs parents leur annoncent, les laissant pareillement pantoises. Voilà donc une série qui semble promettre sentiments et émotions.
Sur la forme, Last Tango in Halifax bénéficie d'une réalisation classique, qui convient bien à la nature du récit mis en scène. La série trouve une identité propre surtout par une bande-son qui suit très bien les changements de tonalités. Les thèmes instrumentaux légers et rythmés interviennent quand il le faut pour donner l'ambiance appropriée à certaines scènes marquantes, à l'image, dans le pilote, de l'improbable scène de course-poursuite qui voit Celia et Alan tenter de suivre la voiture volée de ce dernier (à vous faire pleurer de rire).
Si Last Tango in Halifax fonctionne, elle le doit aussi beaucoup à un casting extrêmement solide. L'association entre Derek Jacobi (I Claudius, Cafdael) et Anne Reid (Bleak House, Marchlands, Upstairs, Downstairs) est très enthousiasmante : chacun délivre une prestation convaincante, et des hésitations à la complicité qui renaît bientôt entre eux, l'évolution de leurs rapports dans le pilote résonne avec une authenticité particulière. A leurs côtés, c'est toujours un plaisir de retrouver Nicola Walker (Spooks), qui incarne la fille d'Alan, tandis que Sarah Lancashire (Lark Rise to Candleford, The Paradise) interprète de façon très assurée la fille de Celia. Parmi les autres acteurs, c'est l'occasion de croiser notamment Tony Gardner (The Thick of it, Fresh Meat), Dean Andrews (Life on Mars) ou encore Ronni Ancona.
Bilan : Last Tango in Halifax est une dramédie chaleureuse et confortable, à la fois tendre et profondément humaine. Une de ces oeuvres, pas vraiment originale et plutôt prévisible, mais dont l'écriture sait toucher et parler au téléspectateur. Elle offre aussi l'occasion de savourer de vraies performances d'acteurs qui apportent une dimension supplémentaire à l'histoire. C'est une de ces fictions sympathiques qui se regardent un froid soir d'hiver, chaudement installé sur son canapé. Ce n'est certainement pas une série qui conviendra à tous les publics, mais son pilote m'a agréablement surprise. A suivre.
NOTE : 7,5/10
Le générique de la série :
08:27 Publié dans (Pilotes UK) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bbc, last tango in halifax, derek jacobi, anne reid, sarah lancashire, nicola walker, tony gardner, dean andrews, ronni ancona | Facebook |
25/02/2012
(Mini-série UK) Inside Men : trois individualités, un braquage
En février, sur My Télé is Rich!, j'ai beaucoup parlé de télévision scandinave - un de ces cycles de téléphage monomaniaque -, au point de ne pas avoir encore consacré un seul billet au petit écran anglais. Il est grand temps d'y remédier, d'autant que ce début 2012 aura vu des fictions très intéressantes outre Manche.
La belle surprise sera indéniablement venue de Call the Midwife, une série dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler et dont les scores d'audience (une moyenne de 8,7 millions de téléspectateurs) l'auront imposée comme le plus grand succès de ces dix dernières années (!) pour la BBC. Je n'aurais sans doute pas le temps de faire un bilan de cette première saison ; sachez donc qu'il s'agit d'un de ces period drama émotionnels et justes qui fait chaud au coeur, et que je conseille fortement ! Toujours pour les amateurs de séries historiques, notez aussi que Upstairs, Downstairs a repris dimanche dernier, pour une saison 2 que l'on espère plus maîtrisée et devant laquelle je me suis installée avec curiosité.
Parallèlement, du côté des fictions contemporaines, le bilan est un peu plus mitigé. J'émettrais des réserves à l'encontre de Prisoner's Wives qui ne m'a pas convaincue : toutes ces personnalités fortes n'auront jamais réussi à dépasser l'impression d'artificialité que j'ai éprouvée devant les trois premiers épisodes. Finalement, c'est dans le registre du thriller que BBC1 se sera démarquée, avec une mini-série composée de 4 épisodes, d'une heure chacun, diffusée du 2 au 23 février 2012 : Inside Men. Créée par Tony Basgallop, cette fiction se sera révélée très prenante et intrigante, mêlant introspection et suspense pour un cocktail détonnant.
Inside Men entreprend de nous relater le braquage d'un centre de dépôt et de traitement de fonds. Le premier épisode s'ouvre sur l'attaque à main armée en elle-même, pour ensuite, remonter aux origines de cette idée et à la planification minutieuse qui l'a précédée. Au-delà du but poursuivi, la mini-série s'intéresse surtout aux motivations et aux préoccupations de ceux qui ont imaginé et mis cette opération en place. Car, comme le titre l'indique, la particularité de ce braquage tient au fait qu'il est commis, avec une aide extérieure, par des employés du centre, des hommes de l'intérieur sans qui rien n'aurait été possible.
Ce basculement de l'autre côté de la loi réunit, autour de ce projet, trois personnes qui n'avaient a priori rien en commun, ni vraiment de prédispositions pour organiser une telle opération. On y trouve un des responsables managers du site, connu pour son comportement rigide et effacé ; un garde de la sécurité, avec son lot de soucis familiaux ; et un agent chargé de transférer les caisses de fond, pas forcément très ambitieux et plutôt adepte des petites combines. Inside Men nous retrace une année d'hésitations et de choix, de l'idée de départ aux semaines qui suivront le braquage, pour tenter de nous expliquer tous les ressorts de l'évènement et les dérapages qui vont avoir lieu.
La réussite de Inside Men tient qu'elle dépasse rapidement la simple série sur une attaque à main armée, pour proposer un récit centré sur ses personnages, et les choix qu'ils vont être amenés à faire. Elle se démarque donc par sa dimension humaine : chacun bénéficie d'une caractérisation travaillée, avec ses ambivalences et ses failles. Dès le départ, l'alliance de circonstances entre les trois hommes apparaît très fragile, les causes de défiance ne manquent pas. Les relations entre les futures complices ont cette volatilité extrême qui sied aux rapports humains et crédibilise l'ensemble.
La préparation du braquage se révèle être un travail de longue haleine. Or, à mesure que l'échéance se rapproche, que le plan se concrétise, chacun voit ses doutes ou ses certitudes se renforcer, et c'est l'occasion finalement d'en apprendre plus sur lui-même que ce qu'il aurait pu imaginer. Dans le souci qu'ont certains de s'affirmer, de rompre cet anonymat anecdotique qui les étouffe, dans la volonté qu'ont d'autres de s'installer et au contraire d'embrasser une normalité bienvenue, sont ainsi dépeints des portraits très humains de personnages proches, auprès desquels le téléspectateur a envie de s'impliquer.
Si la priorité est donc donnée à l'humain sur l'opération en cours, Inside Men obéit cependant à tous les codes classiques - et efficaces - du thriller. La narration, solide, distille un suspense supplémentaire grâce aux mélanges des lignes temporelles, nous faisant d'abord vivre le braquage - et ses dérapages - pour ensuite repartir en arrière et expliquer ce qu'il s'est passé pour en arriver là. Le tableau d'ensemble se dévoile peu à peu, à mesure que l'on comprend les personnages et leurs motivations. Les loyautés changeantes des trois hommes restent toujours au coeur du récit, demeurant le fil rouge constant autour duquel la planification de l'opération se greffe.
Construite suivant un compte à rebours qui nous mène inéxorablement au jour du braquage, la mini-série rend vraiment palpable l'escalade des tensions. La gestion de l'après permettra de préciser le propos principal de la fiction : si la dernière scène peut dérouter, tant le choix de John semble a priori illogique après tout ce qui a été fait, elle s'inscrit pourtant parfaitement dans la logique d'une oeuvre qui n'était pas tant consacrée à un braquage, qu'à une véritable introspection personnelle où chacun aura beaucoup appris sur ses priorités et ses limites.
Sur la forme, Inside Men se révèle très soignée. Son esthétique travaillée, comme son alternance de plans larges et serrés, correspondent aux standards visuels de qualité auxquels BBC1 a habitué ses téléspectateurs. A noter que les scènes plus nerveuses sont également bien réussies, capturant parfaitement l'ambiance qui règne notamment lors du déroulement du braquage : sans trop en faire, la caméra sait mettre en scène les explosions et excès de violence les plus marquants.
Enfin, la mini-série repose sur les épaules d'une galerie d'acteurs qui constituent des valeurs sûres du petit écran britannique, et qui sont - sans surprise - tous à la hauteur. Steven Mackintosh (Criminal Justice, Luther, The Jury II) retranscrit admirablement la dualité de son personnage, de patron effacé et passif, il s'affirme, dérivant progressivement en plannificateur impitoyable du braquage. J'ai aussi beaucoup aimé Ashley Walter (Five Days, Outcasts, Top Boy) et Warren Brown (Luther, Single Father), fidèles à eux-mêmes, avec un jeu tout en sobriété pour nous montrer les doutes et évolutions de leurs personnages. A leurs côtés, on retrouve aussi Kiertson Wareing (The Shadow Line, Top Boy), Paul Popplewell, Nicola Walker (Spooks ; c'est toujours un plaisir de la croiser), Hannah Merry, Ruth Gemmel, Tom Mannion, Rebekah Staton, Leila Mimmack, Irfan Hussein et Gregg Chillin (Kidnap and Ransom).
Bilan : Construite comme un thriller tournant entièrement autour de la réalisation d'un braquage, Inside Men est une mini-série à suspense, très prenante et sans temps mort, qui sait utiliser à propos flashforward et flashback pour créer et cultiver une tension permanente. Cependant sa valeur ajoutée à ce sujet assez classique réside avant tout dans le soin apporté à sa dimension humaine, la mini-série proposant une très intéressante caractérisation des personnages, de leurs relations et (surtout) de leurs ambivalences. A découvrir.
NOTE : 7,75/10
La bande-annonce de la série :
13:18 Publié dans (Mini-séries UK) | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : bbc, inside men, steven mackintosh, ashley walters, warren brown, kierston wareing, paul popplewell, nicola walker, hannah merry, ruth gemmel, tom mannion, rebekah staton, leila mimmack, irfan hussein, gregg chillin | Facebook |
05/11/2011
(UK) Spooks (MI-5), saison 10 : une dernière saison fidèle à la série
Le 23 octobre 2011 s'est achevée sur BBC1 une des séries qui aura le plus marqué ma sériephilie britannique : Spooks (MI-5). Après dix saisons de loyaux services, de morts brutales et de paranoïa intense, il était assurément temps de conclure. Non seulement la série n'avait plus la flamboyance sobre des débuts, mais ses recettes désormais trop bien connues avaient même fini par la rendre prévisible, un paradoxe pour une fiction qui avait pu s'enorgueillir d'avoir tant de fois donner le vertige à ses téléspectateur.
Comme un symbole parfaitement adéquat pour boucler un cycle, c'est avec la Russie que Spooks aura renoué pour sa dernière saison. Et si tout au long de ces six épisodes, elle se sera efforcée de proposer une redistribution des cartes, où la Russie ne serait plus ennemie, mais bien l'alliée, c'est pourtant sous le signe de la Guerre Froide, et d'un passé parfois douloureux qu'il faut assumer, qu'elle aura été placée.
Devant cette toile de fond russe, la saison a emprunté un schéma narratif assez proche de celui des précédentes : la construction d'un fil rouge prédominant qui conditionne l'ensemble, auquel se greffent quelques intrigues plus pressantes le temps d'un épisode. La série aura été globalement efficace dans ces deux domaines. Du côté de ces storylines indépendantes, elle aura proposé des intrigues toujours prenantes, globalement solides, dont le principal bémol fut un certain syndrome de déjà-vu. En effet, le parti pris dit "réaliste" ou du moins pessimiste qui fait la marque de fabrique de Spooks donne souvent au téléspectateur toutes les clés pour connaître la voie vers laquelle chacune de ces histoires s'oriente. Cependant, l'arrière goût teinté d'amertume que laissent certaines des conclusions les plus poignantes - le dénouement à Trafalgar Square par exemple - demeure une signature indélibile qui perpétue l'identité de la série.
Parallèlement, marquée par ce turn-over constant de son personnel, cette saison aura également diversement permis de mettre en valeur les personnages entourant le duo principal que forment Harry et Ruth. Comme une sorte d'hommage - volontaire ou non -, leurs histoires ne vont pas être sans réveiller des souvenirs du passé. La nouvelle chef de la section D, Erin Watts, n'aura pas démérité, sans que les scénaristes puissent explorer avec une réelle subtilité la question du carriérisme et du lien avec sa fille ; cette problématique n'étant pas sans rappeler la saison 3 et l'arrivée du couple Adam et Fiona. De son côté, Dimitri aura aussi eu droit à son épisode, avec un dilemme moral qui apparaît comme le faible écho des thèmes du mensonge et du relationnel centraux dans les premières saisons, notamment avec Tom. Pourtant, assez paradoxalement, ce sont ceux que les scénaristes n'auront pas véritablement cherché à faire briller qui s'en tireront le mieux. Présenté de manière excessivement antipathique, Callum aura été un des personnages qui se sera le plus efficacement détaché du carcan de "déjà vu" pour imposer son style au sein de la section D. Mais logiquement, c'est aussi par ses fins tragiques que cette saison 10 aura marqué. Dans une telle série, n'est-ce pas une sorte de consécration que de connaître cette mort brutale, "spooksienne" pourrait-on dire, qui laisse le téléspectateur sans voix ? Avant même le final, Spooks m'aura, une dernière fois, bluffé et fait frémir devant mon petit écran, avec la mort soudaine de Tariq.
Cependant, c'est l'exploration d'un autre personnage qui aura été au coeur de la saison : celle de Harry. La résurgence de lourds secrets de la Guerre Froide offre un nouvel éclairage sur cette figure de l'espion aux facettes multiples, qui est devenue au fil de la série l'âme de Spooks. Cette fois-ci, ce n'est pas aux secrets ou à la raison d'Etat que touche l'histoire, mais bien à l'intime du personnage. Plus que les sacrifices et la culpabilité inhérente qui y est rattachée, je dois avouer que c'est la résolution offerte par le dernier épisode, riche en révélations, qui permet à cette storyline d'acquérir sa vraie dimension. Abandonnant ses accents faussement soap pour révéler un jeu de manipulation insoupçonné, la chute finale est, en dépit d'une mise en scène un peu artificielle, celle qui a posteriori apporte une nouvelle perspective autrement plus intrigante à l'ensemble de la saison. C'est dans un pur parfum Spooks-ien que la série se referme donc, avec un ultime retournement digne de ses grandes heures.
Ce ressenti est d'autant plus fort que tout en concluant le fil rouge, ce dernier épisode nous offre également son lot de drame qui prend au dépourvu, paraissant à la fois évitable et presque logique. Je l'ai dit pour Tariq, et je le redis pour Ruth, mais il est des sorties qui, dans Spooks, sont presque inhérentes à l'esprit de la série. Tout au long de la saison, les scénaristes auront éclairé ce lien, particulier, qui existe entre Ruth et Harry. Entre jeux d'espion et échanges tout en retenue, absorbés par leur job, ils seront restés là l'un pour l'autre jusqu'au bout. Si la fidélité de Ruth à Harry, en dépit de son nouveau travail loin de la section D, lui aura été fatale, elle correspond pleinement au personnage. Le rêve d'une vie ensemble, à la campagne, loin de ces préoccupations géopolitiques, était inaccessible. Si inconsciemment, le téléspectateur pouvait espérer que cette porte de sortie ne se referme pas, alors que chacun semblait désormais prêt à l'emprunter, la relation de Ruth et de Harry était trop intimement liée à ce qu'ils sont, à leur travail, pour envisager cette utopie.
Après quinze jours, il m'est toujours difficile d'apprécier cette dernière saison avec suffisamment de recul. Spooks aura vécu pleinement ses dix années au cours desquelles je ne regrette pas un seul instant de l'avoir accompagné. Elle a considérablement évolué et muté depuis ses débuts, en 2002, jusqu'à cette conclusion en 2011, suivant, en un sens, le cycle de ses protagonistes principaux. Il y a d'abord eu Tom, le mensonge et les rapports difficiles entre vie privée et vie professionnelle ; Adam, d'une arrivée à la James Bond jusqu'à l'abîme de la dépression ; Ros, son flegme, son humour froid, et cette volonté chevillée au corps ; enfin, Lucas et cette douloureuse réadaptation au quotidien après tant d'années dans les geôles russes. A posteriori, à mes yeux nostalgiques, Tom Quinn restera sans aucun doute celui qui personnifiera toujours cette série (son apparition cameo à la fin du dernier épisode étant à ce titre parfaite), et cela autant pour son interprète, que pour l'état d'esprit qui marqua ces premières saisons. Mais une des forces de Spooks aura été de savoir toujours nous impliquer au côté de personnages qu'elle n'aura jamais ménagés.
Bilan : C'est avec beaucoup de soulagement que je peux écrire que Spooks aura été fidèle à elle-même jusqu'au bout. C'est par un épisode de haute volée, concluant avec une justesse presque inattendue, la saison comme la série, qu'elle a tiré sa révérence. Il a offert tout ce que l'on pouvait légitimement attendre. Un ultime retournement de situation, avec une manipulation d'une ampleur insoupçonnée qui éclaire sous un nouveau jour tant de choses. Un drame dans la lignée de l'esprit de la série. Et, surtout des dernières minutes parfaites. Un au revoir d'une sobriété bienvenue qui représente parfaitement la série, tandis que s'égrène sous les yeux de Harry et du téléspectateur tous ces noms d'agents trop tôt disparus. Le quotidien de la section D se poursuit malgré tout, inébranlable...
Au terme de cette dernière review, j'ai juste envie de remercier Spooks, pour ce thriller prenant qu'elle nous aura proposé, pour toutes ces émotions si intenses qu'elle nous aura fait vivre. Chapeau donc pour l'ensemble de son oeuvre, elle restera pour moi, et pour longtemps je pense, l'incarnation de la série moderne d'espionnage !
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la saison :
10:10 Publié dans Spooks (MI-5) | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : bbc, spooks, mi-5, peter firth, nicola walker, shazad latif, lara pulver, simon russell beale, geoffrey streatfeild, matthew macfadyen, keeley hawes, rupert penry-jones, hermione norris, richard armitage, espionnage | Facebook |
18/09/2011
(UK) Spooks (MI-5), saison 10 : this is the end
C'est durant le mois d'août dernier que la nouvelle est tombée : Kudos, la société de production de Spooks, annonçait que cette saison 10 serait la dernière de la série. On le pressentait : la saison 9 avait paru ne plus savoir se réinventer, arrivant au bout de l'inspiration des scénaristes ; mais il faut cependant noter que ce n'est donc pas la chaîne de diffusion (BBC1) qui aura pris la décision finale.
Ce soir, en Angleterre, débute donc à 21 heures le dernier acte, en six épisodes, d'une oeuvre qui aura marqué le petit écran anglais au cours de la décennie qui s'est écoulée. Une programmation, un dimanche soir sur BBC1, inhabituelle, avec un dernier objectif qui a tous les attributs de la mission impossible : affronter le retour pour une saison 2 du grand succès critique et public d'ITV, Downton Abbey. Mais qu'importe au fond, le jeu des audiences pour une conclusion qui devrait s'intéresser plus particulièrement au seul protagoniste qui demeure du casting d'origine : Harry Pearce, celui qui s'est peu à peu affirmé comme la véritable âme de la série. Je n'ai pas de désirs particuliers sur la manière dont la série doit finir. Qu'il s'agisse des secrets du personnage, ou de sa relation avec Ruth, tout ce que je souhaite c'est, une dernière fois, faire confiance aux scénaristes pour offrir une conclusion à la hauteur de la série.
Avec la fin de Spooks, c'est un chapitre de la télévision anglaise des années 2000 qui se referme : celui qui a bénéficié du dynamisme inité par Kudos (une boîte de production qui nous aura offert ensuite Hustle, Life on Mars & Ashes to Ashes, ou encore cet été The Hour). Mais si, à l'aube de cette saison 10, il ne reste, dans la série d'aujourd'hui, que des vestiges de la qualité passée et des recettes anciennes de Spooks, les scénaristes ayant exploité toutes les ficelles narratives envisageables du concept de départ, c'est pourtant le coeur très serré que je m'apprête à quitter cet univers. Car, c'est aussi à titre personnel qu'une page se tourne.
En Angleterre, elles sont trois fictions à avoir façonné les bases de ma sériephilie, mais Spooks est la seule avec laquelle j'ai pu développer un réel lien de fidélité à travers les ans (les deux autres sont des mini-séries, Warriors et State of Play). Elle restera la première série anglaise que j'ai suivi en direct de sa diffusion. Et si je ne l'ai pas débutée en 2002, mais seulement quelques années plus tard, elle s'est rapidement imposée comme le repère incontournable de mon automne sériephile. Pour preuve, elle est à ce jour la plus ancienne série en production que je regarde, toutes nationalités confondues : un point fixe dans mes programmes.
Si elle est si importante à mes yeux, c'est que Spooks a été une de mes clés d'entrée les plus prolifiques dans le petit écran britannique, un véritable fil d'Ariane grâce à laquelle j'ai exploré, au gré des filmographies, cette télévision d'outre-Manche à la fois si proche, mais pourtant si peu familière par rapport aux Etats-Unis. Spooks a sans doute contribué plus que toute autre fiction à ma connaissance des acteurs de la télévision anglaise, que ce soit grâce à son défilé de guest-stars ou par ses changements incessants de casting principal. C'est d'autant plus vrai que, assez paradoxalement pour une série qui n'a jamais été tendre avec ses personnages, elle est une de ces rares fictions vraiment capables de faire aimer du public ses acteurs.
C'est sans doute pour cela que Spooks reste dans ma mémoire rattachée à son casting. Initialement, il y a d'abord eu Matthew Macfadyen, le seul que je connaissais au préalable grâce à Warriors - et qui, soyons franc, avait été ma première raison de découvrir Spooks (outre mon amour démesuré pour les jeux d'espions) : le personnage de Tom Quinn aura définitivement scellé mon affection pour cet acteur, et il restera celui qui m'a le plus marqué. Mais j'ai aussi rencontré, les découvrant ou redécouvrant, toute une galerie d'acteurs dont je suis tombée sous le charme et dont je suis désormais d'un oeil attentif la filmographie : Keeley Hawes, une Zoey à la fraîcheur communicative, ou Rupert Penry-Jones dont le personnage d'Adam Carter aura connu tant d'évolutions, des premières missions à la James Bond jusqu'à la dépression... Et que dire du flegme de Peter Firth ou de la froide détermination de Hermione Norris... J'ai même apprécié Richard Armitage (si on omet la saison 9 dont il n'est pas responsable), en dépit de mes mauvais souvenirs de Robin Hood.
Spooks demeurera également gravée dans mes souvenirs sériephiles pour toutes ses émotions fortes qu'elle m'aura fait vivre, pour ces ressentis intenses devant une fiction qui avait érigé en règle le fait qu'aucun de ses protagonistes, même les principaux, ne soient à l'abri. Rarement une oeuvre aura tant éprouvé ses personnages, refusant obstinément tout acquis. Rarement aussi aura-t-on démontré une faculté à se réinventer et à poursuivre de l'avant. Combien de séries peuvent se vanter d'avoir autant choqué, autant fait pleurer son public, face à des morts tellement marquantes. Le premier traumatisme, celui de la friteuse, hantera encore longtemps mon esprit, tandis que d'autres scènes auront véritablement déchiré mon coeur : comment oublier l'exécution de Danny, de Ben... ou encore ce dernier regard, tellement bouleversant, tellement parlant, échangé entre Jo et Ros ?
Reflet de son époque (2002 - 2011), Spooks est aussi une série d'espionnage qui, il faut le rappeler, est née après le 11 septembre. Elle a ainsi mêlé et vu se succéder toutes les dynamiques de ce genre : introduisant les problématiques les plus modernes, mais remontant aussi aux plus anciennes traditions héritées de la Guerre Froide, avec lesquelles elle va semble-t-il renouer cette saison. Elle a offert un cocktail efficace qui, sans conserver la sobriété des débuts, aura su satisfaire un public amateur de ce type de fiction. Comme dans toute relation téléphagique, il y aura eu des hauts et des bas : elle a eu de grands moments, elle a aussi fait subir d'importants ratés. Mais alors que nous sommes au début de la fin, espérons seulement qu'elle saura se conclure d'une manière réussie qu'elle mérite tant.
Un pan de l'histoire télévisuelle anglaise des années 2000 se referme ; un pan fondateur de mon histoire personnelle avec les séries britanniques également.
La bande-annonce de la saison 10 :
Le générique de la saison 9 (avec ce thème musical tellement Spooks) :
10:37 Publié dans Spooks (MI-5) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bbc, spooks, mi-5, peter firth, nicola walker, shazad latif, lara pulver, simon russell beale, geoffrey streatfeild, matthew macfadyen, keeley hawes, rupert penry-jones, hermione norris, richard armitage, espionnage | Facebook |
12/11/2010
(UK) Spooks (MI-5) : series 9, episode 8 (Finale) - Bilan
Cette semaine a vu se clôturer en Angleterre diverses séries qui auront accompagné, bon gré, mal gré, mon automne téléphagique. L'heure est au bilan, contrasté il faut bien le dire. Avant d'essayer de partager tout l'enthousiasme qu'a su générer en moi celle qui fut la meilleure nouveauté anglo-saxonne de la rentrée, Downton Abbey, commençons sans doute par le sujet qui fâche le plus. Parce qu'il est toujours triste d'assister au délitement d'une série que l'on aime sincèrement.
Lundi dernier s'est terminée la neuvième saison de Spooks sur BBC1. Ce dernier épisode n'aura rien sauvé, s'inscrivant dans la droite lignée des faiblesses qui auront lourdement handicapé la série cette année. Si je me suis presque demandée s'il n'existait pas une forme de malédiction pesant sur les saisons correspondant à un chiffre multiple de 3 (les saisons 3 et 6 avaient jusqu'à présent étaient celles que j'avais le moins appréciées), j'ai peur que le diagnostic ne soit plus grave que des signes numérologiques. Si j'aime et aimerai toujours profondément cette série, n'est-elle pas arrivée à un moment où il lui conviendrait de tirer dignement sa révérence, au risque sinon de se perdre définitivement ?
Le fil rouge de la saison aura, cette fois-ci, été interne au MI-5. Pas de conspiration internationale à stopper, ni de vastes complots à mettre à jour. Seulement la lente et douloureuse implosion, rapidement inéluctable, de la section D. Car cette saison 9 aura été celle de la descente aux enfers pour un des personnages principaux : Lucas North. Ou du moins pour celui que l'on croyait être Lucas North. Le coup de maître des scénaristes de Spooks aura été de réussir à détruire en huit petits épisodes ce qu'ils étaient fragilement et méticuleusement parvenus à construire en introduisant ce personnage. Lorsque ce dernier était arrivé, il y a deux saisons, dire que j'étais sceptique était un euphémisme. Je n'ai jamais caché ne pas être la plus grande fan de Richard Armitage (contrairement à la croyance commune, non, je n'aime pas tous les acteurs britanniques que je croise dans le petit écran) ; et, à la manière de Rupert Penry-Jones en début de saison 3, il venait remplacer un personnage (et un acteur) que j'appréciais beaucoup. Il ne faut jamais sous-estimer le sentimentalisme du téléphage. Pourtant, la solidité de la saison 7 - une des plus abouties que la série nous ait offerte - et l'installation globale de Lucas North m'auront la première agréablement surprise et pleinement convaincue.
C'est donc avec une certaine amertume devant ce spectacle semblable à une trahison scénaristique à retardement, que j'ai assisté à la déconstruction proposée par cette saison 9. Car, paradoxalement, l'intrigue de cette année se sera développée en saccageant minutieusement tout le travail mené au cours des deux dernières saisons. Or, en sacrifiant ainsi volontairement toute cohérence narrative pour céder à l'attrait clinquant et dramaturgique de la construction artificielle d'une pseudo-intrigue détruisant l'image d'un de ses personnages centraux, c'est l'âme de Spooks que les scénaristes ont également égaré en cours de route. J'aurais aimé pouvoir dire avoir ressenti la moindre émotion lors de cette confrontation finale sur le toit. J'aurais souhaité pouvoir comprendre l'empathie de Ruth pour un homme qui s'est finalement révélé être un étranger. J'aurais eu envie d'être touchée, même légèrement, par le conflit interne, auto-destructeur, de Lucas. Il n'en a rien été. De cette sortie sans panache n'est restée que la désagréable impression d'artificialité d'une intrigue qui a toujours sonné trop fictive et creuse pour que l'on y adhère. Il était simplement impossible de s'investir émotionnellement dans une histoire qui n'avait pas de sens ; car, quoiqu'en pensent les scénaristes, ils ne sont pas omnipotents au point de pouvoir faire table rase du passé en entamant la saison 9 d'une série.
Tout au long de ces huit épisodes, une question m'a taraudé l'esprit : pourquoi avoir pris le risque d'une telle redistribution des cartes a priori contre-nature ? Il ne s'agissait pas d'une trahison pour un idéal ou une somme d'argent. Non, il s'agissait de détruire toutes les fondations d'un personnage. Si on regarde l'évolution passée de Spooks, on constate que la saison 7 a constitué une apogée pour ce qui est de l'exploitation d'un fil rouge représentant une menace internationale. La saison 8 aura tenté, avec plus de maladresses et moins de succès, de reprendre les mêmes ingrédients. Les scénaristes se sont-ils dits que, finalement, l'élément à retenir de la saison 7 pouvait être plutôt l'implosion de la section D avec un de ses membres s'en dissociant ? Mais cette année, outre ce point de départ erroné, l'inconsistance de l'écriture de la série aura achevé de dénaturer l'ensemble. Prenons simplement un des exemples les plus révélateurs de la réflexion inachevée des scénaristes : le rappel de Malcolm, vaguement entrevu le temps d'une poignée de scènes dont je cherche encore l'utilité et la raison, autre que jouer sur une basse fibre nostalgique qui aveuglerait le téléspectateur.
Evoquer Malcolm, avec les souvenirs des "good old days" que cela implique, amène à soulever une autre faiblesse, qui n'est certes pas propre à cette saison spécifiquement : le manque d'esprit de groupe animant la section D. Spooks a toujours su renouveler ses effectifs avec un côté impitoyable qui a pu nous faire nous ronger les sangs plus d'une fois. Sans forcément aspirer à l'ambiance un peu utopique qui régnait aux débuts de la série, il manque désormais à à la série - c'était également le cas l'an passé - une véritable union en son sein qui permettrait d'humaniser ses personnages. En liquidant des figures clés, les saisons 7 et 8 auront atteint des intensités dramatiques fascinantes, mais auront privé Spooks d'une dimension humaine dont elle ne peut faire l'économie. Certes, il y a toujours Harry et Ruth qui auront sauvé bien des scènes cette année mais, même eux finissent par tourner en rond. Parmi les nouveaux introduits en début de saison, le personnage de Beth aura brillé par sa fadeur et son inconsistance. Dimitri aura montré plus de potentiel, mais n'aura pas été suffisamment exploité. Si bien qu'en plus de ne pas être parvenue à proposer une histoire solide sur le fond, cette saison 9 aura confirmé l'incapacité de Spooks à renouer avec l'atmosphère et l'esprit d'équipe qui ont pu constituer un des attraits, peut-être plus implicite, mais tout aussi important, de la section D.
Bilan : Cette saison 9 m'a considérablement déroutée et, quelque part, fâchée avec les scénaristes de Spooks. Si la plume de cette review a été trempée dans l'encre amer d'un dépit profond, c'est avant tout parce que j'aime cette série. Certes je reconnais qu'il serait excessif de tout rejeter en bloc dans les épisodes de cette année. Si l'arc d'ensemble est à oublier, certaines histoires auront bien eu ce parfum caractéristique, désormais un peu éventé, qui agit comme un rappel teinté de nostalgie. Cependant c'est désormais vers une conclusion que j'aimerai voir la série s'orienter. Une vraie fin qui renouerait avec l'esprit de Spooks, non cette caricature facile et forcée à laquelle les scénaristes ont trop souvent cédé cette année. Peut-être est-il temps de refermer un chapitre qui restera majeur dans la fiction britannique des années 2000.
NOTE : 5,5/10
Le générique de cette saison 9 :
22:59 Publié dans Spooks (MI-5) | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : bbc, spooks, mi-5, peter firth, richard armitage, nicola walker, max brown, sophia myles, espionnage | Facebook |