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17/09/2011

(UK) Doctor Who, season 6, episode 10 : The girl who waited

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Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti quelque chose d'aussi fort devant un épisode de Doctor Who qui n'est ni un season premiere, ni un season finale, c'est-à-dire un épisode non mythologique. Cela faisait aussi longtemps que je n'avais pas versé autant de larmes devant la série. Écrit par Tom MacRae, The girl who waited est en bien des points une réponse parfaite à ceux qui s'interrogent sur la construction des saisons sous Steven Moffat et sur le rôle des stand-alones, car il résume et éclaire comme rarement toutes les dynamiques relationnelles à l'oeuvre entre les trois protagonistes principaux.

Après toutes les émotions fortes vécues ces derniers temps, le Docteur décide d'offrir des vacances à Rory et Amy sur une planète du nom d'Apalapucia, qui est la deuxième destination touristique de l'univers. Mais loin du monde paradisiaque promis, ils arrivent dans un lieu qui a été placé en quarantaine en raison d'une épidémie. Si les humains ne craignent rien, il en va autrement des Time Lords. Un mécanisme jouant sur les lignes temporelles a été mis en place, permettant aux malades de vivre, durant les 24 heures qu'il leur reste avant de mourir, une vie entière. A la suite d'une simple erreur, Amy est malheureusement séparée des deux autres, enfermée dans le système automatique. Le Docteur fait ce qu'il peut pour la sauver, mais lorsque Rory retrouve sa femme, cette dernière est restée seule et luttant pour sa survie pendant 36 ans...

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The girl who waited est un épisode qui démontre qu'il est possible de faire reposer entièrement un épisode sur les compagnons du Docteur. Car c'est bel et bien à Amy et Rory, pour lesquels je n'avais jamais autant vibré, que cette aventure est dédiée. C'est tout d'abord l'histoire d'Amy, parce qu'elle est celle qui attend. Une habitude, pourrait-on dire. Depuis que la série l'a introduite enfant, croisant pour la première fois ce mystérieux homme à la boîte bleue en pleine regénération, il semble qu'elle ait presque toute sa vie toujours attendu ce Time Lord versatile auquel elle est liée de manière inextricable : elle l'a attendu jusqu'à l'âge adulte, elle l'a attendu durant cet été où il cherchait vainement sa fille... et la voilà qui patiente cette fois-ci 36 ans dans un univers hostile où les dernières illusions de fiabilité qu'elle pouvait avoir en lui ont le temps de s'effacer. Cette Amy âgée, férocement indépendante, qui reste si semblable à notre jeune Amy mais est en même temps si désillusionnée, est le produit de l'échec, de la trahison du Docteur, et ne saurait laisser insensible le téléspectateur.

C'est d'autant plus le cas que cette tragédie est mise en relief par l'intensité de sa relation avec Rory. Si l'on avait pu avoir des doutes dans les premiers temps sur la solidité de ce couple, cette saison nous aura démontré combien les deux sont liés par le destin depuis leur enfance et quelle est la force des sentiments qui les lient. La conviction inébranlable de Rory, persuadé qu'Amy âgé ne peut avoir oublié tous les principes qui la caractérisait, la manière dont ils retrouvent timidement leurs affinités, une complicité naturelle, après toutes ces années, font chaud au coeur et éclairent au grand jour tout ce que sont capables de transcender leurs sentiments. Et puis, pour ceux qui craignaient que cette relation ne fonctionne que dans un sens, Rory aimant plus tout sa femme, une décision extrêmement symbolique leur répond ici : Amy âgée fait finalement le choix d'aider à retrouver Amy jeune/du présent, non pour elle-même, mais pour Rory et les années qu'ils méritent l'un pour l'autre.

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Il y a tant d'émotions sous-jacentes dans les scènes de cet épisode qu'il ne pouvait sans doute s'achever que dans les larmes d'un choix impossible, mais qui doit être fait : même dans une intrigue tout en timey-wimey où le téléspectateur perd rapidement le fil temporel conducteur, on sait qu'il ne peut y avoir qu'une seule Amy. Ce sera celle de Rory, celle que ses amis considèrent comme le présent, effaçant Amy âgée, ses 36 années d'attente vaine et tous les remords qu'elle représente. Plus que dans bien des situations durant lesquelles il avait pu jouer avec le feu, l'attitude d'Eleven, mêlant inconséquences et mensonges, marque. Tout à son ordre des priorités et à ses préoccupations personnelles, il est frappant de constater à quel point il semble s'éloigner de ses compagnons. Ces modes de voyage discutables font sans doute son charme (ne pas vérifier si la destination n'est pas en pleine épidémie), le fait de mentir avec aplomb sur la possibilité de sauver également l'Amy ayant vécu ces 36 ans de solitude est déjà une manipulation douteuse, mais placer ensuite Rory face à l'obligation de choisir entre les deux, lui laissant le soin de garder le verrou, est proprement cruel.

Comme si la confrontation avec River dans le mid-season finale n'avait jamais eu lieu, comme si les avertissements sur son attitude n'avaient jamais été formulés, Eleven poursuit un comportement de Time Lord qui use de ses pouvoirs sans forcément de contre-poids, d'auto-restriction. Là où Ten faisait preuve d'une empathie et d'une compassion qu'il n'hésitait pas à montrer et dont il tirait sa force, Eleven fait preuve de moins de scrupules. Cela le déchire sans aucun doute d'abandonner ainsi celle qui est le produit d'une ses erreurs, mais il l'intériorise. Plus que jamais, tout parait semblable à un jeu des apparences, omettant des éléments d'informations à ses compagnons, présentant toujours une image enjouée qui est souvent un acte. Le Docteur évolue lentement vers une ligne, entre destructeur et/ou auto-destructeur, qui vient nuancer et noircir son portrait. Si ce thème a toujours existé dans la série, il est désormais au coeur de la dynamique de la saison, permettant ainsi à Doctor Who d'explorer de nouveaux territoires.

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Bilan : The girl who waited est un épisode bercé par les paradoxes, à commencer par le principal : en dépit d'une histoire confuse, où les timey-wimey égarent le téléspectateur, il captive, émeut et marque avec une force et une intensité à laquelle peu d'épisodes de Doctor Who parviennent. C'est un épisode où l'émotionnel prend le pas sur la rigueur du scénario, pour apporter un éclairage particulier sur les différents protagonistes, mettant à l'honneur des compagnons du Docteur qui l'ont bien mérité. Karen Gillan et Arthur Darvill sont d'ailleurs vraiment à la hauteur de l'évènement !


NOTE : 8,5/10


La bande-annonce de l'épisode :

Commentaires

J'ai l'impression d'être la seule à avoir été déçue par cet épisode...il y a des scènes que j'ai trouvé touchantes, mais l'histoire était trop légère et prétexte (probalbement à l'introduction d'un concept qui sera réutilisé dans le season finale) pour moi !

Au contraire, le 6x11 réussit à faire évoluer les personnages et leurs relations de manière touchante tout en ayant une histoire efficace !

Écrit par : Jainaxf | 17/09/2011

Ce qui me semble bizarre, c'est que le choix parait finalement évident (bien que difficile) pour Rory, et aussi pour le Docteur sans doute. La nouvelle Amy, façonnée par ses souffrances et sa solitude, a du mérite, mais l'idée de devoir imposer ses souffrances à la jeune Amy pour qu'elle en arrive là est insoutenable. Ok. Normal, même. Mais qu'en sera-t-il de River/Melody ? Sauver le bébé Melody va tout simplement empêcher la "création" de River, si importante pour le Docteur. Donc ?
De toute façon, dans l'immédiat, personne ne semble se soucier de ça. Pour de jeunes parents dont l'enfant est retenu en otage on ne sait où dans l'univers, Amy et Rory sont plutôt relax. Je me demande seulement quand est-ce que Rory va taper du poing sur la table et dire que ça suffit les bêtises maintenant, on rentre à la maison !

Écrit par : Nataka | 18/09/2011

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