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21/04/2010

(K-Drama / Pilote) Personal Preference (Personal Taste) : désastres sentimentaux et colocation ambigüe



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En Corée du Sud, ce printemps 2010 nous promettait, à la télévision, un choc frontal, entre trois dramas attendus, ciblant chacun un public assez similaire, dans la case stratégique de 22 heures du mercredi et jeudi soir. Au bout du compte, c'est finalement Cinderella's Sister qui a viré en tête et a su tirer son épingle du jeu ; et, pour une fois, j'avoue être assez d'accord avec la hiérarchie établie, entre ces trois séries, par le biais des audiences. Aux côtés de la re-écriture de Cendrillon dont je vous ai parlé la semaine dernière, un autre drama suscitait également beaucoup d'attentes, porté par un duo d'acteurs de choc et une promo bien orchestrée, il s'agissait de Personal Taste (ou Personal Preference, au choix). Si le visionnage du pilote m'aura moins enthousiasmé que celui de Cinderella's Sister, le concept de départ conserve un attrait certain. Il ne tient qu'aux scénaristes de réussir à l'exploiter par la suite.
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Avec Personal Taste, nous nous retrouvons ici dans un créneau résolument plus léger que Cinderella's Sister, basé sur un concept de départ clairement orienté comédie, saupoudré évidemment d'une touche de romantisme inaltérable. Derrière des ingrédients scénaristiques et une mise en scène des plus classiques, Personal Taste ajoute a priori un petit twist aguicheur, en cherchant à brouiller les cartes de la relation à laquelle ses deux personnages principaux sont promis. Car s'ils finiront plus promptement qu'à l'accoutumée par partager le même logement, initialement, c'est en simple qualité de colocataires. Une situation rendue possible uniquement grâce à cet art du quiproquo que les scénaristes coréens savent décliner à la perfection et sur lequel Jin Ho, en jeune architecte carriériste au pragmatisme des plus intéressés, choisira de capitaliser, plutôt que de démentir, afin d'accéder à la maison dans laquelle vit Gae In.

Après des débuts typiquement volcaniques, nos deux protagonistes s'insupportant instantanément, poussés par les circonstances à commencer par se quereller autour d'un taxi, leurs chemins ne vont ensuite cesser de se croiser, un peu pour le meilleur, mais surtout pour le pire, dans le cadre de  situations de plus en plus personnelles et intimes. Ainsi, si Jin Ho est aux premières loges pour assister à la cruelle descente aux enfers sentimentaux et à l'humiliation subies par Gae In, cette dernière a également l'occasion de découvrir le jeune homme sous un jour nouveau. A la suite d'une série d'échanges au double sens jubilatoire (pour le téléspectateur), facilitant les extrapolations sur son orientation sexuelle, elle est bientôt persuadée qu'il est gay. Soudain moins inquiète pour sa vertu, la voilà instinctivement plus conciliante avec une personne qui a de toute façon été un des témoins privilégiés de son récent calvaire.

C'est donc sous l'aspect d'une variante du genre "comédie romantique" que se présente a priori Personal Taste. L'objectif est de jouer sur les double-sens, les conclusions erronées hâtives, afin de présenter une relation un peu atypique, basée sur une omission ou une sorte de mensonge, involontaire à l'origine... Il est aisé d'imaginer combien cette thématique peut se révéler être une source intarissable de scènes improbables, où règne un quiproquo grisant pour l'observateur extérieur, a fortiori si tout cela évolue ensuite dans le huis clos d'une colocation.

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De façon rassurante, il y a un constat qui s'impose au sortir de ce premier épisode : les passages qui sortent du lot et retiennent l'attention du téléspectateur sont précisément les scènes au cours desquelles le drama se rappelle soudain de son idée de départ et se réconcilie avec l'image que l'on s'en faisait a priori. Il y a donc bel et bien une petite étincelle, un potentiel réel et intrigant qui légitimise Personal Taste ; et cette flamme mérite d'être nourrie et de grandir pour se voir transposer pleinement à l'écran. Pour ses premières manifestations, on n'échappe pas aux classiques disputes, au détour des couloirs d'hôtel d'un soir, dans lesquelles les phrases échangées revêtent un sens particulier, le contexte colorant singulièrement leur contenu. Mais l'épisode nous concocte également des instants où le comique de situation joue à plein, pour notre plus grand plaisir : l'ascenseur se révèle être le cadre parfait d'une scène qui est un véritable modèle du genre. Elle correspond tout à fait à la tonalité que j'attendais a priori de la série. Ce passage contient ce petit éclair malicieux tant recherché, se nourrissant des faux-semblants ; prêtant à sourire, cela vous conforte en plus dans l'idée que vous n'avez pas entrepris ce visionnage pour rien.

En somme, ces moments constituent la preuve que les scénaristes sont capables, a priori, de conduire Personal Taste à travers ce croisement des genres où, sans renier l'aspect romantique, la série serait également à même d'exploiter la spécificité offerte par son concept de départ, et le potentiel comique indéniable qui y est lié.  Malheureusement, ces instants se comptent sur les doigts d'une main au cours de ce pilote.

En effet, si l'emballage nous annonçait une comédie, Personal Taste s'ouvre sur un air de mélodrama. Son pilote, un peu trop timoré et rigide, opte en effet pour une longue présentation des derniers soubresauts de la tragédie amoureuse, proche du pathétique, que vit l'héroïne. Attention à ce que le twist de départ, qui fait a priori toute la saveur potentielle de cette énième déclinaison de comédie romantique, ne se révèle pas n'être que poudre lancée aux yeux du téléspectateur, simple prétexte, cachant mal un excès de conformisme et de banalité.

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Si les débuts de Personal Taste font esquisser quelques sourires au téléspectateur, ces scènes improbables, promises par le concept même de la série, se noient au milieu d'un sentimentalisme d'arrière-garde. A la place d'une comédie légère, nous est proposé l'imbroglio dramatico-romantique d'un couple qui n'existe déjà plus en fait, et que seul l'aveuglement naïf de l'héroïne permet de faire durer jusqu'à la fin de ce premier épisode.

Quand le couperet tombe enfin, après d'interminables tergiversations dilatoires, il y a comme un soulagement pour le téléspectateur. Certes, la vie amoureuse de l'héroîne ne s'apparente plus, à la fin de ces longs passages qui contribuent à renforcer à l'excès son image de victime, qu'à un vaste champ de ruines, dans lequel se mêlent trahison sentimentale masculine et amitié féminine brisée. Comprenez : Que votre petit ami vous plaque, soit, ça arrive. La veille de son mariage (avec une autre), en plus, c'est déjà plus difficile à avaler. Un mariage qui va avoir lieu avec... une de vos deux meilleures amies. Voici le coup de grâce. Il est difficile de dresser plus noir tableau, la confrontation lors de la cérémonie de mariage atteignant le sommet du pathétique. Cependant, après ce cauchemar, on se dit que Gae In ne pourra que remonter la pente ; le téléspectateur n'a d'ailleurs plus qu'une envie : la voir tourner la page.

L'idée était sans doute de bien souligner quelles blessures le personnage de Gae In aura dû supporter avant d'entreprendre une renaissance au fil de la série (pour, on l'espère, un happy end). Seulement, voici une introduction qui pèche singulièrement par un sentimentalisme qui aurait gagné à être moins hissé en porte-étendard d'un drama qui se présentait comme une comédie attachante. Rien d'irréversible donc, juste une mise en bouche en décalage avec les attentes du téléspectateur.

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Enfin, je ne peux pas parler de ce drama sans terminer sur une des raisons du buzz certain de Personal Taste sur la toile, dans les semaines précédents son arrivée à l'antenne : son casting. Les deux acteurs principaux se glissent de façon assez naturelle dans la peau de leurs personnages respectifs, même si la rigidité du personnage de Jin Ho le place pour l'instant un peu en retrait. La rafraîchissante Son Ye Jin (Spotlight, Summer Scent) incarne une héroïne exubérante et spontanée, qui dynamise une narration un peu lourde. Et Lee Min Ho nous revient pour son premier drama, depuis son hit de l'an dernier, Boys Before Flowers, adaptation coréenne de Hana Yori Dango, que tout amateur de séries coréennes a probablement déjà vu... sauf moi (il faudra un jour que je vous raconte mon blocage face à ce manga et ses différentes versions live).

Parmi les autres têtes connues dans le paysage téléphagique coréen, on retrouve notamment Kim Ji Suk (croisé cet hiver dans Chuno) en futur ex-petit ami si peu gentleman, Wang Ji Hye (Friend, Our Legend) en amie traître. Comme dans Cinderella's Sister, un chanteur de 2PM est venu tester les possibilités d'un nouveau développement de carrière (Im Seu Ong). Mais, s'il faudra suivre cela dans la durée, l'ensemble forme un tout homogène, au sein desquels aucun acteur ne dénote.

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Bilan : Servie par un concept de départ au piquant indéniable, Personal Taste a le potentiel d'offrir une variante légère, un peu atypique (la colocation et ses raisons), de la comédie romantique classique. Si on perçoit d'intéressantes promesses au cours de ce pilote, il opte cependant pour une entrée en matière versant dans un mélodramatique un peu lourd, qui s'avère un brin déstabilisant pour le téléspectateur. Malgré tout, les quelques scènes de délicieux quiproquo, proprement jubilatoires, que l'on y croise donnent envie de laisser sa chance à Personal Taste.


NOTE : 6/10

 

Deux brèves bande-annonces :