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31/07/2013

(K-Drama / Première partie) The Blade and Petal (Sword and Flower) : un amour impossible sur fond de chute d'un royaume




"Flowers wither like love, only blades are eternal."

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Retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique pour parler sageuk (série historique). Tandis que War of the Flowers - Cruel Palace se poursuit sur jTBC, de nouveaux dramas de ce genre ont été lancés ces dernières semaines sur les grandes chaînes. Certains sont malheureusement plutôt à oublier, comme Jung Yi, the Goddess of Fire sur MBC, en dépit de la présence de Moon Geun Young. Un autre a en revanche autrement retenu mon attention : The Blade and Petal. Cette série a débuté le 3 juillet 2013 sur KBS2. Diffusée les mercredi et jeudi soirs, elle est prévue pour le moment pour une durée de 20 épisodes. Etant donné ses mauvaises audiences, il est peu probable qu'elle soit rallongée (espérons qu'elle ne soit pas raccourcie).

Initialement, c'est un intéressant article publié sur The Vault au sujet de son storytelling qui a aiguisé ma curiosité pour cette fiction. Sur le papier, son synopsis s'inscrit en effet dans les canons classiques du genre, en revanche, visuellement, The Blade and Petal offre autre chose. Sa réalisation a été confiée à Kim Yong Soo, dont certains parmi vous se souviennent certainement du travail d'ambiance assez fascinant réalisé dans White Christmas. En somme, si The Blade and Petal n'innove pas sur le fond, la forme se montre bien plus entreprenante, voire expérimentale. Tout n'est pas parfait, mais il y a un vrai souffle qui anime ce drama, dans lequel je me suis laissée emporter avec plaisir.

[La review qui suit a été rédigée après le visionnage des huit premiers épisodes.]

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The Blade and Petal se déroule au VIIe siècle, à la fin de la période que l'on désigne sous le nom des Trois Royaumes, qui étaient composés de Silla, Baekje et Goguryeo. C'est au sort de ce dernier, le royaume de Goguryeo, que le drama s'intéresse : il va nous relater sa chute, face à la dynastie chinoise Tang et au royaume de Silla, lequel unifiera la péninsule coréenne. Dès les premières scènes, le cadre est posé avec la narration de la princesse Moo Young qui, à côté des ruines fumantes de ce qui fut Goguryeo, s'interroge sur les raisons qui ont précipité son royaume vers sa perte, se remémorrant l'engrenage d'évènements qui allait être fatal. Le drama nous ramène alors au début des tensions avec les Tang, alors que la perspective d'une guerre semble de plus en plus inévitable et que le royaume est de plus en plus divisé.

Tandis que le général Yeon Gae So Mun, le plus haut dignitaire militaire, presse à prendre les armes et à répondre aux provocations chinoises, le roi Young Ryu s'efforce au contraire de freiner ses ardeurs guerrières, estimant que Goguryeo doit se préparer et ne pas se précipiter vers la manière forte. L'opposition entre ces deux hommes qui sont les plus puissants du royaume ne cesse de croître. C'est dans ce contexte déjà difficile que Moo Young fait la rencontre de Yeon Choong. Les deux jeunes gens s'éprennent instantanément l'un de l'autre. Habile combattant, Choong entre même au service de la princesse. Seulement, Moo Young ignore sa réelle identité : il est en fait le fils illégitime du général Yeon, renié par ce dernier, mais venu à la capitale pour rencontrer ce père absent.

L'amour naissant entre Moo Young et Yeon Choong se retrouve pris au piège de la rivalité qui oppose leurs pères. Lorsque l'inéluctable confrontation se produit, les liens du sang et les liens des sentiments se brouillent... La vengeance va-t-elle succéder à l'amour ?

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The Blade and Petal se réapproprie une thématique classique : celle de l'amour impossible, déchirant voire autodestructeur, dans la droite lignée d'un Roméo et Juliette. Les sentiments se heurtent violemment à la loyauté familiale, les deux personnages se trouvant écartelés par l'antagonisme de leurs pères. Au cours de ce premier tiers, la série s'attarde sur leurs tiraillements, sur les dilemmes si difficiles à trancher auxquels ils sont confrontés, soulignant combien l'amour semble toujours finir par guider leurs pas, malgré eux, parfois même en dépit de leur raison. Le téléspectateur s'implique sans difficulté dans ce double destin croisé, inachevé et chargé de regrets. Tout se ressent de manière très intense, et l'émotion n'est jamais loin. L'écriture n'a guère à forcer le trait pour acquérir des accents tragiques shakespeariens : le poids des sentiments devient bien douloureux à porter lorsque l'affrontement sort du seul cadre politique et que les complots visant à éliminer le clan adverse prennent forme.

Ces huit premiers épisodes forment une escalade : l'apogée annoncé est le coup d'Etat aboutissant à l'élimination d'un des deux camps - il se réalise finalement dans le huitième. La narration trouve le bon dosage pour nous plonger dans des jeux de cour létaux et dans une montée inéluctable des tensions, tout en ne négligeant jamais les incidences de ces évènements sur les deux jeunes gens placés au centre de l'histoire. Les enjeux sentimentaux sont imbriqués aux luttes de pouvoir en cours. Ironiquement, c'est alors qu'il semblait avoir été définitivement rejeté par son père, que la filiation de Choong acquiert une toute autre dimension : il est un pion projeté sur l'échiquier du royaume, un enjeu pour le roi, mais aussi pour son général de père. Ce lien familial n'est pas appréhendé de la même manière par Moo Young qui, elle, remet en cause ses sentiments, tout en retenant la fidélité manifeste de Choong. Un tournant définitif dans leur relation est cependant franchi lors du coup d'Etat qui signe la mort du roi de la main du général. Le basculement a lieu, le Rubicon est franchi : le désir de vengeance peut désormais se mêler à l'amour, et troubler encore un peu plus ce duo principal.

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The Blade and Petal développe donc une histoire classique, entre romance et pouvoir, qui s'inscrit parfaitement dans les canons d'un sageuk. L'originalité du drama ne tient pas à son fond, mais à la manière dont cette histoire va être racontée et mise en scène. Si certaines fictions présentent une réalisation neutre et calibrée, que l'on qualifierait aisément d'interchangeable, ce n'est pas du tout le cas de celle proposée par Kim Yong Soo. En effet, ce dernier se montre particulièrement interventionniste, multipliant des effets de style qui peuvent un temps dérouter, voire surprendre, avant que le téléspectateur ne se prenne au jeu. C'est la caméra qui rythme ici le récit, proposant presque sa propre narration qui se substitue aux dialogues : elle appuie sur les regards, répète certaines scènes, repasse des moments en suivant différentes perspectives, et plus généralement joue sur une théâtralisation de l'écran qui est poussée à son paroxysme.

Les épisodes semblent trouver leur propre souffle sous la direction d'un réalisateur orchestrant images et musique. Il use dans cette optique d'une bande-son omni-présente qui donne une dynamique à l'ensemble. L'utilisation d'instrumentaux modernes souvent entraînants, loin de toute musique traditionnelle, ainsi que de la chanson phare de l'OST (cf. la 2ème vidéo ci-dessous), tombe le plus souvent juste. The Blade and Petal limite les dialogues et raccourcit les échanges, parlant au téléspectateur visuellement et musicalement. Les scènes paraissent parfois des tableaux s'animant sous nos yeux, poussant la symbolique à son maximum, voire au-delà. La caméra devient un acteur à part entière du récit, dépassant le seul scénario pour aposer sa marque sur la narration. Si bien que l'exécution de l'histoire apparaît presque prendre le pas sur son contenu, un choix dans lequel tous les publics ne s'y retrouveront pas. Signe que la réalisation reste à un stade expérimental, elle ne transforme pas toutes ses tentatives : elle a notamment quelques longueurs, et cède parfois à des répétitions de scènes un peu trop excessives. Mais l'ensemble constitue un effort aussi louable qu'intéressant.

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Enfin, The Blade and Petal peut s'appuyer sur un assez solide casting. Concernant les deux représentants de cette romance qui ne peut pas être, c'est Kim Ok Bin (Hello God, Over the rainbow) qui interprète la princesse Moo Young ; tandis que Uhm Tae Woong (Resurrection, The Devil, Dr Champ, The Equator Man) joue Yeon Choong. Leurs scènes communes fonctionnent, et la caméra n'a pas à forcer artificiellement le lien qui se noue entre leurs peronnages. Ensuite, pour incarner leurs pères respectifs, on retrouve Kim Young Chul (IRIS, The Princess' Man), qui interprète le roi, et Choi Min Soo (The Sandglass, The Legend, Warrior Baek Dong Soo) qui joue le général Yeon. Il faut reconnaître à ce dernier une certaine tendance au sur-jeu de la stoïcité au cours des premiers épisodes. Mais les deux forment de solides adversaires à l'écran, et ils délivrent notamment une marquante ultime confrontation. Du côté des rôles plus secondaires, Ohn Joo Wan (Chosun Police) incarne ce cousin royal qui trahit son oncle pour un trône et un pouvoir placé sous la dépendance militaire du général. On retrouve également Lee Jung Shin (du groupe CNBLUE), ou encore Park Soo Jin (My Girlfriend is a Gumiho, Flower Boy Next Door).

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Bilan : The Blade and Petal est l'histoire d'une romance impossible, sur laquelle se superpose la fin d'un royaume qui s'apprête à disparaître. Cela confère au récit une dimension émotionnelle, aux accents forcément tragiques, qui happe le téléspectateur. Le scénario est classique, bien huilé mais prévisible. La valeur ajoutée de ce drama vient de la manière dont cette histoire est racontée et portée à l'écran : la caméra très interventionniste orchestre et mène à la baguette un récit auquel elle donne vie et ampleur, se faisant acteur à part entière de la narration. L'initiative est intéressante, même si l'expérience n'est pas toujours parfaite, avec quelques excès. Peut-être que tous les publics ne parviendront pas à adhérer à ce style, mais The Blade and Petal n'en est pas moins un solide sageuk dont le souffle saura emporter plus d'un téléspectateur curieux. Un sageuk qui aura aussi très bien réussi son premier apogée constitué par le coup d'Etat attendu. A découvrir.


NOTE : 7,5/10


Une bande-annonce du drama :

La chanson principale de l'OST (Dear love, de WAX) [Vidéo sous-titrée anglais] :

28/07/2013

(US) Orange is the New Black, saison 1 : une dramédie humaine, attachante et touchante en milieu carcéral



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Quand on mentionne à un sériephile le thème des fictions carcérales, comme un réflexe, ce dernier pense d'abord et avant tout à Oz, série de HBO débuté en 1997 et ayant durablement marqué. Depuis, d'autres séries se sont réappropriées ce cadre particulier, de la mexicaine Capadocia à Prison Break. Mais ces derniers mois, il semble y avoir comme une résurgence de cette thématique. L'anglaise Prisoners Wives, qui en est à sa deuxième saison, se place du point de vue des femmes dont un proche est en prison. Rectify traite quant à elle de la libération d'un ancien condamné, et évoque par flashbacks son quotidien dans le couloir de la mort. Cependant, le thème dominant de ces derniers mois est celui de la prison pour femmes : à l'automne dernier, c'est la canadienne Unité 9 qui se démarquait au Québec ; ce printemps, c'est Wentworth qui s'emparait du sujet en Australie. Enfin, en ce mois de juillet, aux Etats-Unis, était proposée Orange is the New Black.

Mise en ligne le 11 juillet 2013, il s'agit de la dernière création originale de ce nouvel acteur dans le monde des séries qu'est Netflix, après, depuis le début de l'année, le remake de House of Cards ou encore Hemlock Grove. Plus notable encore, Orange is the New Black est surtout la dernière création de Jenji Kohan, à qui l'on doit Weeds - une série dont j'ai beaucoup apprécié les premières saisons. Il s'agit de l'adaptation des mémoires de Piper Kerman qui relate un an de sa vie dans une prison pour femmes. Initialement, j'avais quelques réticences à me lancer dans Orange is the New Black : les histoires en milieu carcéral peuvent être assez dures, et l'été n'est pas toujours la meilleure période pour les apprécier. Pourtant, balayant toutes mes craintes, cette série s'est révélée être une jolie surprise, avant tout humaine et attachante. L'occasion de profiter de l'invitation au binge-watching que constitue la méthode Netflix, et de la dévorer en un temps assez indécent... avant de vous en parler aujourd'hui.

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Orange is the New Black suit l'incarcération de Piper Chapman. Cette trentenaire du Connecticut, issue d'un milieu aisé, a en effet été rattrapée par son passé et les expériences de sa jeunesse. Tombée sous le charme d'une trafiquante de drogue du nom d'Alex Vause, elle avait fini par accepter de l'aider dans ses affaires : elle transporta pour elle de l'argent issu de ses trafics. Presqu'une décennie plus tard, alors que Piper a refait sa vie et s'apprête à épouser Larry Bloom, le cartel qu'elle avait indirectement fréquenté tombe, et son nom est mentionné aux autorités. Reconnaissant les faits pour éviter de risquer un procès, elle est condamnée à 15 mois de prison dans un établissement carcéral fédéral. Piper va devoir s'adapter à ce nouveau cadre inconnu.

La vie en prison suit en effet des codes sociaux qu'il faut rapidement intégrer pour survivre. Or Piper fait rarement profil bas et a tendance à attirer l'attention. Les conflits ne manquent pas, mais elle découvre aussi peu à peu les histoires des autres prisonnières. Dans le même temps, elle s'inquiète de la vie à l'extérieur qui se poursuit pour ses proches : sa relation avec Larry survivra-t-elle à ces 15 mois de prison ? Les choses se compliquent encore lorsque Piper retrouve Alex Vause, son ancienne flamme, également incarcérée dans la même prison qu'elle. Tout en étant centrée sur Piper, la série nous introduit dans l'ensemble du quotidien de l'établissement, des détenues jusqu'au personnel encadrant.

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Le coeur du récit de Orange is the New Black, c'est d'abord le portrait d'une femme et de son évolution. L'expérience de la prison ne laisse pas Piper inchangée, la conduisant à réfléchir sur elle-même mais aussi sur ses choix de vie. Initialement, ce milieu carcéral semblait pour elle un autre monde, lointain, auquel elle n'appartenait pas, se considérant différente de toutes celles qui peuplent l'établissement. Différente, elle l'est certainement sur nombre de points, son milieu d'origine, ses antécédents ou encore son éducation. Mais la série choisit intelligemment de ne pas verser dans la caricature qui aurait consisté à faire d'elle la simple voix de la raison contre le reste de la prison. Cette première saison est pour Piper celle d'une intégration, laquelle va aussi en dire beaucoup sur elle. Comme les autres détenues, elle apprend les règles et les codes propres à ce microcosme. Si les décalages et les maladresses potentiellement fatales qu'elle multiplie ont souvent l'apparence d'un ressort narratif comique, ils ont une portée bien plus significative sur la jeune femme. Devant ajuster son comportement, Piper est forcée de se remettre en cause. Peu à peu, elle dépasse ses préconceptions et autres préjugés. Sa vision sur sa situation change dans le même temps, comprenant ce qui fait d'elle une co-détenue comme une autre : chacune a commis des erreurs, a laissé échapper une partie de sa vie et en paie le prix.

En fait, au fil des épisodes, le personnage de Piper laisse entrevoir une complexité intriguante, exposant des ambivalences qu'elle n'assume pas toujours et qu'elle ne réalise souvent qu'en étant placée devant ses propres contradictions. Elle est parfois agaçante, mais elle a le mérite de toujours rester entière. Elle peut être extrêmement naïve et maladroite, tout comme elle est capable d'un pragmatisme et d'une débrouillardise bien réels, a fortiori à mesure qu'elle intègre les exigences du milieu carcéral. La saison relate donc l'incidence que la prison a sur elle. L'enfermement agit de manière insidieuse, la laissant seule face à elle-même et lui tendant un miroir dont elle n'est pas sûre de vouloir voir le reflet renvoyé. Bousculée, elle perd repères et certitudes, ouvrant la voie à des questionnemets existentiels : qui est-elle vraiment, à quoi aspire-t-elle ? En prison, nulle fuite en avant n'est possible. Or certains pans de sa personnalité sont trop antagonistes, à l'image de sa vie amoureuse, écartelée entre le rêve de carte postale de la famille idéale représenté par Larry et le frisson de l'incertitude dangereuse et de la passion incarné par Alex. Pour ne pas tout perdre, Piper va devoir faire des choix et prendre des décisions, et vivre avec ces dernières.

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Si Orange is the new Black utilise Piper comme notre clé d'entrée dans l'univers carcéral, la série ne se réduit absolument pas à cette seule figure. Au contraire : c'est en tant que fiction chorale qu'elle s'impose et acquiert toute sa dimension. Sa force est de s'appuyer sur une vaste galerie, d'une richesse rare, de personnages qui ont tous beaucoup de potentiel. Pour évoquer ce microcosme particulier qu'est la prison, la série se réapproprie les stéréotypes de la fiction carcérale, tout en conservant une distance de ton bienvenue qui lui permet à l'occasion de les détourner et de s'en jouer. Les portraits de cette suite de protagonistes féminins hauts en couleurs s'affinent donc au fur et à mesure que l'on apprend à les connaître, notamment par l'intermédiaire de flashbacks car Piper n'est pas la seule à en bénéficier. Que ces femmes paraissent attachantes, vulnérables, excessives, détestables voire inquiétantes, toujours est-il qu'elles sont rarement unidimensionnelles, dévoilant peu à peu des facettes cachées à première vue, qu'il s'agisse de blessures passées non cicatrisées ou de rêves inaccessibles. Soignant ses personnages, la série est un véritable kaléidoscope d'émotions brutes, capturant leurs doutes et leurs illusions, leurs déceptions mais aussi leurs joies ; le caractère éphémère de ces dernières ne les rendant que plus intenses.

En résumé, Orange is the new Black marque par l'humanité profonde qui la traverse. C'est cette approche qui rend la série extrêmement attachante, mais aussi très touchante. Elle suscite une implication du téléspectateur qui ne peut rester insensible au sort de chacune. Adoptant le style d'une dramédie, il ne s'agit pas d'une fiction pesante, ni excessivement éprouvante, même si elle a ses moments poignants et déchirants, tout particulièrement en se rapprochant de la fin de la saison. L'écriture utilise une tonalité versatile habilement dosée, qui lui permet de proposer un mélange homogène de comédie et de drame : les passages légers se savourent, sans que le caractère difficile du cadre carcéral ne soit jamais complètement oublié et ne se rappelle parfois durement aux protagonistes. C'est une fiction chargée d'une vitalité communicative, au dynamisme constamment renouvelé. Elle fait vibrer le téléspectateur au rythme de ses amitiés, de ses amours, de ses confrontations, de ses trahisons, mais aussi de la solidarité qui se découvre dans l'adversité. Elle plonge le public dans un tourbillon d'humanité, avec tous les excès qui lui sont inhérents, mais aussi une force indéfectible qui permet à ses personnages de continuer à aller de l'avant.

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Sur la forme, Orange is the New Black est aussi très solide. La réalisation est soignée et maîtrisée, la photographie épousant les teintes du cadre carcéral. L'immersion dans la prison fonctionne donc, sans que le téléspectateur ne trouve rien à redire. Mieux encore, la série dispose d'un long générique - ce qui est toujours un bonus très appréciable pour la sériephile que je suis -, dont le parti pris de se concentrer sur un défilé de visages, et notamment de regards, capture l'essence de l'histoire : c'est une ouverture vers l'âme de ces femmes qui sont ainsi mises en scène. De plus, il est accompagné d'une chanson entraînante interprétée par Regina Spektor, intitulée You've got time, qui nous met instantanément dans l'ensemble.

Enfin, la série dispose d'un casting convaincant, dont les performances n'y sont pas pour rien dans l'attachement que Orange is the New Black va susciter auprès du téléspectateur. Les performances d'ensemble sont homogènes. Piper Chapman est interprétée par une Taylor Schilling (Mercy) qui va admirablement capturer toutes les contradictions, mais aussi la force inébranlable de son personnage qui baisse rarement les bras. C'est à Laura Prepon (That 70s' show, October Road, Are you there Chelsea ?) qu'a été confié le soin de jouer Alex Vause, celle qui la trouble tant et qui l'a entraîné en prison. Interprétant deux personnages aux personnalités très différentes, les deux actrices n'en ont pas moins une vraie alchimie à l'écran, surtout durant la brève période d'apaisement qu'elles trouveront. Quant au fiancé de Piper, il est joué par Jason Biggs, et, toujours à l'extérieur, Maria Dizzia interpète la meilleure amie. Côté co-détenues, on retrouve notamment Michelle Hurst, Kate Mulgrew (Star Trek : Voyager, The Black Donnellys), Laverne Cox, Natasha Lyonne, Uzo Aduba, Taryn Manning (Drive), Elizabeth Rodriguez, Dascha Polanco ou encore Yael Stone (Spirited).

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Bilan : Orange is the New Black est une dramédie carcérale, à l'écriture habile, qui va parvenir à très bien gérer et doser une tonalité versatile, tout en croquant des personnages hauts en couleurs qui la rendent attachante et touchante. C'est une série avec ses moments de tendresse, mais aussi ses passages poignants. C'est une oeuvre profondément, et avant tout, humaine qui ne laisse pas le téléspectateur indifférent. Qu'il s'agisse d'assister à l'évolution de Piper au contact de la prison, ou bien de s'investir dans toutes les figures qui composent sa riche galerie de personnages, la série fait preuve d'une vitalité communicative, s'appuyant sur des dynamiques relationnelles jamais figées. Chargée d'émotions, elle suscite l'implication de son public et se regarde sans modération. A découvrir.


NOTE : 8/10


Le générique de la série :

Une bande-annonce de la série (en VOSTF) :

26/07/2013

(UK) Burton and Taylor : la dernière pièce

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La dernière pièce, la fin d'une ère... C'était la pensée qui venait au téléspectateur anglais de BBC4, ce lundi 22 juillet 2013, en s'installant devant le téléfilm proposé en soirée, Burton and Taylor. Pas seulement parce qu'il avait pour sujet le dernier acte ensemble de deux icônes cinématographiques du XXe siècle. Mais aussi parce que Burton and Taylor s'annonce comme probablement la dernière production originale de la chaîne BBC4, laquelle doit faire face à des coupes budgétaires importantes. Côté fictions, elle continuera seulement à importer des séries étrangères - elle est celle qui a initié la "vague scandinave" outre-Manche avec Forbrydelsen et Borgen. Pour rappel, parmi ses plus récentes fictions dont j'avais pu vous parler, il y avait eu notamment Spies of Warsaw ou encore Dirk Gently. Par conséquent, avec sa durée d'1h22, Burton and Taylor marque la fin d'une ère de plusieurs points de vue, à l'écran comme en coulisses, et il le fait de belle manière, notamment grâce à un casting convaincant.

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Burton and Taylor n'est pas un biopic qui couvrirait l'ensemble de la relation, aussi intense que tumultueuse, ayant uni les acteurs Richard Burton et Elizabeth Taylor. Il aurait sinon fallu un format autrement plus long. Ce téléfilm s'ouvre simplement en 1983. Il met en scène ce duo mythique du cinéma, deux fois mariés et deux fois divorcés, dans ce qui sera leur dernier projet commun : une pièce de théâtre de Broadway, Private Lives (Richard Burton décèdera l'année suivante, en 1984).

Lorsque le récit débute, le temps a passé depuis leur dernière séparation (leur second divorce remonte à 1976), lui est désormais fatigué physiquement et rêve de jouer Le Roi Lear, elle subit ses dépendances et souhaiterait renouer avec lui. Ils vivent chacun en couple avec un autre, mais leurs sentiments réciproques sont toujours là, avec tous les excès qui les accompagnent. Cette réunion sur scène sera éprouvante... sortira-t-elle de la seule sphère professionnelle ?

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Il y a deux fils narratifs qui s'entremêlent dans Burton and Taylor, une histoire professionnelle, et une autre, beaucoup plus intime. Le point de départ, c'est d'abord l'aboutissement d'un projet théâtral : on suit donc la préparation, puis la mise en scène d'une pièce à Broadway, assistant jusqu'aux réactions du public et des critiques et à la façon dont cela affecte chacun. Le fait que les protagonistes soient des acteurs reste une donnée centrale du récit : leur histoire, leur passé, depuis le tournage de Cléopâtre, sont liés à leur carrière. Le téléfilm essaie ainsi d'éclairer et de comprendre leur relation de travail, soulignant leurs différences dans la manière de concevoir leur métier, mais aussi de vivre et d'exploiter la célébrité qui les accompagne. Elizabeth Taylor représente l'icône hollywoodienne par excellence. Le contraste entre leurs méthodes est frappant dès la première répétition, mais le respect professionnel qu'ils ont l'un pour l'autre est bien réel. Ce qui n'empêche pas les jugements sur leurs prestations. Seulement, tout prend souvent des tournures démeusurées dans leurs rapports, car évidemment ces derniers ne sauraient se réduire au seul versant professionnel.

L'histoire plus personnelle qui se joue en parallèle est celle qui confère à Burton and Taylor cette tonalité particulière, au final poignante, qui marque le téléspectateur. Réunir sur scène et en coulisses ces deux acteurs, c'est voir se confronter à nouveau les sentiments intenses qui les unissent par-delà leurs ruptures. Ce récit n'est pas tant celui des retrouvailles, que celui du rappel des étincelles, parfois douloureuses, voire dangereuses, qui caractérisent leur relation. Ce n'est pas l'existence de leur amour qui est en cause, mais son intensité qui les entraîne dans une spirale au potentiel autodestructeur difficilement maîtrisable. Richard Burton est usé, Elizabeth Taylor plus que jamais prise dans ses addictions... il s'agit de se résoudre, pour tous deux, à tourner la page, d'où le ressenti de la fin d'une ère qui prédomine. Il ne s'agit pas de ne plus s'aimer, mais de reconnaître que cet amour les brûlera tous deux s'ils tentent de reprendre cette voie. Le temps a passé, ils doivent aspirer à autre chose. Burton and Taylor est donc le récit de cette admission difficile. C'est un dernier acte : une ultime réunion professionnelle derrière laquelle se trouve entériné un au revoir plus personnel et déchirant.

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S'il vous fallait une autre raison de jeter un oeil à Burton and Taylor, ce serait la performance d'ensemble offerte par son casting, et plus précisément par ses deux acteurs principaux. Helena Bonham Carte est fascinante en Elizabeth Taylor, capturant à merveille les envolées et autres élans de star de son personnage, et apportant une belle présence à chacune de ses apparitions à l'écran. Dominic West (The Wire, Appropriate Adult, The Hour) propose quant à lui un pendant parfait, avec une figure plus posée, mais sur lequel le téléspectateur mesure bien l'importance et l'influence de chacune de ses intéractions avec son ex-femme. L'alchimie entre les deux acteurs est indéniable à l'écran, et ils assurent ainsi l'investissement du téléspectateur aux côtés de ce couple qu'ils interprètent. S'ils occupent quasiment tout l'espace, signalons quelques têtes familières dans les rôles secondaires, tels Lenora Crichlow (Sugar rush, Being Human), Greg Hicks, Stanley Katselas (The Shadow Line) ou encore William Hope (aperçu dans la dernière saison de Spooks).

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Bilan : Burton and Taylor est un téléfilm qui retient l'attention non pas tant du fait de l'éventuel glamour de la réunion sous les feux des projecteurs de deux icônes du cinéma du XXe siècle, mais avant tout en raison de l'ambiance poignante qui traverse le récit. Tout en traitant des thèmes périphériques attendus comme la célébrité, ou encore l'addiction, c'est avant tout l'histoire d'un amour qui ne peut plus être, car entraînant ses représentants sur une voie trop dangereuse. C'est le récit du difficile choix d'accepter la fin d'une histoire commune. En gardant en plus à l'esprit la mort de Richard Burton l'année suivante, tout cela confère au téléfilm une dimension étonnamment touchante. Pour les prestations des acteurs, comme pour son sujet, les amateurs devraient apprécier une soirée devant Burton and Taylor (d'autant que le téléfilm reste court).


NOTE : 7,25/10


La bande-annonce du téléfilm :


24/07/2013

(J-Drama / Pilote) Limit : de la tragédie à la lutte pour la survie

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En ce mercredi asiatique, je vous propose de prendre la direction du Japon où la saison estivale bat son plein. Plusieurs dramas actuellement diffusés ont retenu mon attention, notamment Woman, déjà arrivée à mi-saison après ses trois premiers épisodes et sur laquelle je reviendrai une fois la série intégralement vue. Mais c'est un autre drama, d'un genre très différent, qui va retenir mon attention aujourd'hui : Limit.

Proposé par TV Tokyo, le vendredi soir (dans la même case horaire que Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro, par exemple), il s'agit de l'adaptation d'un manga de Keiko Suenobu. Ses épisodes ont une durée moyenne d'une demi-heure environ, pour une diffusion qui a débuté le 12 juillet 2013. Outre son affiche réussie, c'est son concept même, une histoire de survie en milieu hostile, qui avait aiguisé ma curiosité. Toujours est-il que le pilote signe une entrée en matière convaincante.

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Limit est l'histoire d'une sortie de classe qui va se changer en drame, puis en cauchemar pour ses survivants. La série débute aux côtés de Konno, une jeune lycéenne ayant parfaitement intégré les codes sociaux de son établissement. Elle appartient à un des groupes de filles les plus populaires, et traverse ainsi sans souci les difficultés d'être adolescent sur les bancs d'une école. Mais son quotidien bien ordonnancé bascule le jour d'une sortie scolaire : le chauffeur du bus, qui les conduisait, elle et ses camarades, vers leur destination, perd connaissance au volant. Le car rempli de lycéens sort alors de la route et tombe dans un ravin.

Lorsque Konno reprend ses esprits, elle découvre que la plupart des occupants du véhicule n'ont pas survécu à la chute, y compris le personnel encadrant. Seules 5 jeunes filles s'extirpent vivantes de ces décombres métalisées. Coupées du monde, car leurs téléphones ne captent pas dans cette forêt dense, elles ne peuvent pas non plus espérer de secours immédiats : le chauffeur n'avait pas emprunté l'itinéraire prévu... Nul ne sait où elles sont. Pour survivre, elles vont devoir chercher des ressources jusqu'au plus profond d'elles-mêmes. Mais les choses s'annoncent d'autant plus difficiles que les adolescentes ayant survécu ont toutes des personnalités très différentes, voire antagonistes... et les tensions sont immédiates.

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D'une durée de moins de 30 minutes, ce premier épisode adopte un rythme rapide, allant avec justesse à l'essentiel. Sa construction, classique, est efficace, commençant d'abord par introduire le téléspectateur dans la vie des lycéens. Il le fait par l'intermédiaire de Konno qui, a posteriori, s'improvise narratrice : logiquement, c'est donc avec un regard plein de distance qu'elle réveille ses souvenirs du quotidien d'avant la tragédie, consciente des futilités et des insouciances d'alors, mais aussi des codes qui régissaient ce microcosme, destinés à se perpétuer par-delà les portes de l'établissement. Pour dresser ce portrait de classe, Limit emprunte aux canons les plus traditionnels du high school drama : on y retrouve, pêle-mêle, les populaires, les marginaux, les souffre-douleurs ou encore les potentiels intérêts amoureux. Ces passages permettent de rendre très concrète pour le téléspectateur la tragédie qui est en marche - toutes ces vies qui s'apprêtent à être fauchées -, tout en esquissant les personnalités de celles qui vont survivre. On comprend les relations complexes qu'elles pourront avoir et leurs éventuelles oppositions, voire confrontations. Les deux premiers tiers de l'épisode sont ainsi utilisés pour poser les enjeux et cerner les dynamiques qui seront à l'oeuvre dans la série.

Puis, dans son dernier, Limit entre dans le vif du sujet. C'est là qu'elle conquiert pleinement l'attention : nous faisant vivre les évènements de la perspective de Konno, l'épisode met en scène une tragédie qui frappe au coeur. Depus le flashforward d'ouverture, le récit est construit sur un compte-à-rebours. La tension monte progressivement jusqu'au moment fatidique de l'accident, au cours duquel la série bascule, avec une efficacité redoutable et éprouvante, dans le drame véritablement glaçant. S'ensuivent plusieurs scènes marquantes, à l'intensité émotionnelle palpable, vécues à travers les yeux de Konno. Il y a par exemple le réveil de la lycéenne, avec sa main ensanglantée d'un sang dont elle ne sait à qui il appartient. Puis la prise de conscience de l'ampleur de ce qui s'est produit quand elle découvre, effarée, tous ces corps sans vie, désarticulés, ensanglantés, de camarades avec qui elle passait ses journées de classe. Autre vision d'horreur : celle de la rangée de cadavres écrasés, alignés sur un côté. Le bus s'est transformé en cercueil de fer, implacable et létal. Ce sont là des passages extrêmement forts. Et comme la série adopte le point de vue de Konno, le téléspectateur ressent vraiment le choc émotionnel. L'intensité atteinte dès ce pilote incite à l'optimisme pour la suite : à Limit de se baser sur ce démarrage pour reproduire la même approche prenante en relatant les épreuves à venir des survivantes.

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Sur la forme, Limit est une série de TV Tokyo : son budget n'a donc rien de mirobolant. La réalisation s'en sort cependant de manière décente, notamment pour recréer l'accident. De manière générale, on se situe plutôt dans la moyenne de la télévision japonaise, avec les limites qui lui sont inhérentes. Côté bande-son, le drama ne fait pas dans la nuance, offrant une ambiance musicale assez sur-chargée. Si quelques-unes des premières scènes m'ont fait un peu peur par leur sur-utilisation de chansons, la suite se contente d'instrumentaux. L'ensemble est un peu à l'image du générique (cf. 1ère vidéo ci-dessous) : il y a un effort pour construire une ambiance, mais tout n'est pas toujours bien dosé. Le téléspectateur se laisse cependant facilement happer par l'ensemble.

Enfin, le casting est plutôt homogène. C'est Sakuraba Nanami (Last hope) qui interprète Konno, celle par laquelle le téléspectateur va vivre l'histoire. A ses côtés, pour lutter également pour leur survie, on retrouve Tsuchiya Tao (dans un tout autre registre par rapport à son rôle dans Suzuki Sensei où elle jouait l'adolescente qui troublait tant son enseignant), Kudo Ayano (HUNTER~Sono Onnatachi, Shoukin Kasegi~), Yamashita Rio (Kaitakushatachi) et Suzuki Katsuhiro (Shima Shima). Parmi les rôles secondaires, il faut noter notamment la présence de Watanabe Ikkei (Strawberry Night, Magma).

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Bilan : Limit signe un premier épisode prenant, mené sans temps mort, et introduisant efficacement la situation et les enjeux particuliers du drama. Le potentiel du concept apparaît pour l'instant bien compris et exploité : l'épisode fait preuve d'une intensité marquante, éprouvante même, pour relater l'horreur que représente la tragédie qui frappe de plein fouet ces lycéens. Partant sur de telles bases, la suite semble prometteuse : il sera question de survie, au sein d'un groupe divisé et face à une forêt hostile, tout en continuant à en apprendre plus sur les survivantes, avec toutes les réactions diverses qu'elles pourront avoir dans cette situation exceptionnelle. A suivre.


NOTE : 7/10


Le générique du drama :



Une bande-annonce du drama :

20/07/2013

(Tag) Liebster Award : anecdotes de la sériephilie d'antan et d'aujourd'hui

Aujourd'hui, un billet un peu particulier, puisqu'il s'agit d'une réponse à un tag. Ce sont Mina et Kaa qui m'ont invité à y participer il y a déjà plusieurs semaines. Je les en remercie et je m'excuse auprès d'elles pour le délai. Comme le Kreativ Blogger Award il y a deux ans, c'est l'occasion de dévoiler quelques anecdotes (notamment passées) sur ma passion pour les séries (I), tout en répondant aussi aux questions complémentaires concoctées pour l'occasion (II). Je ne vais pas faire suivre ce tag au-delà, ni faire de nouvelles questions, mais ce fut un plaisir de répondre à celui-ci.

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I. Onze informations (téléphagiques)

1- J'ai vécu mon adolescence d'apprentie téléphage à une époque où le haut débit (et même internet pendant une bonne partie) n'existait pas. Toute ma culture sériephile reposait donc sur les programmes des cinq chaînes hertziennes (quand le mistral ne mettait pas à mal la réception de certaines). Cela ne m'empêchait pas d'être déjà très (trop) organisée. Mes parents se sont vite lassés de me voir examiner et surligner de tous côtés leur Télérama. Ils se sont résolus à m'acheter un TéléZ que je fluotais dans tous les sens, repérant chaque nouvelle série, chaque épisode inédit, mettant de côté les rediffusions. Une fois cela fait, j'avais un cahier spécial et j'y établissais mon programme télé rêvé des 7 prochains jours. Une sorte de bêta-séries avant l'heure en somme !

2. Autre conséquence d'avoir grandi à une époque où la télévision était le seul medium pour accéder aux séries, j'ai connu les âpres négociations pour le choix des programmes et la maîtrise de la télécommande. La seule série que j'ai jamais réussie à faire regarder à mes parents à cette époque fut Urgences. Quand je vois combien leur consommation de séries étrangères a augmenté aujourd'hui par rapport au passé, je me dis que tout mon prosélytisme n'a pas été complètement vain. Parce que rentrer le week-end de Noël, et voir mon père s'installer spontanément devant l'épisode de Noël de Doctor Who sur France 4, ce fut un sacré choc !

3. N'ayant pas toujours accès directement à la télévision, j'ai passé une bonne partie de mes années collège et lycée à vénérer le magnétoscope. Et à enregistrer, enregistrer, enregistrer... Initialement, c'étaient les séries que je ne pouvais pas voir. Puis, m'est venue l'idée de me constituer des intégrales personnalisées de mes fictions préférées, enregistrant de façon méticuleuse en évitant toute pub, en attendant la fin du générique... Les vestiges de cette activité, dans laquelle j'ai englouti un budget cassettes assez déraisonnable, existent toujours dans quelques cartons dans un coin de grenier.

4. Croire qu'avec les seules chaînes hertziennes, il était impossible de se constituer les bases d'une riche sériephilie est erroné. Être sériephile signifiait surtout être insomniaque. Il y avait notamment une case bénie, le jeudi soir (enfin, le vendredi matin très tôt), sur France 2, dont tous les sériephiles ayant connu cette époque se souviennent sans doute. On y trouva notamment Millenium, The Sopranos (après une programmation le dimanche soir en deuxième partie de soirée) ou encore Six Feet Under. C'était une case pleine de suspense et d'émotions : elle était en effet programmée après le Journal de la Nuit, à une heure variant entre 0h30 et 2h du matin. La veille, vous placiez votre cassette dans le magnétoscope, programmiez l'enregistrement en prévoyant large, allumiez un petit cierge dans l'autel d'à côté dédié au Dieu de la Téléphagie, puis vous alliez au lit en croisant les doigts. Le lendemain, le grand suspense était de savoir si l'épisode était en intégralité, ou si les 5 premières ou dernières minutes avaient disparu dans les aléas des retards ou avances des programmes nocturnes.

5. Le téléspectateur (et son sommeil) dépendait alors intégralement des chaînes. Internet, débarqué avec un simple modem 56k, ne révolutionna pas cet aspect. Malgré tout, le sériephile n'était soudain plus isolé face à son écran : il découvrait d'autres passionnés, capables de s'organiser. C'était alors le bon vieux temps des pétitions, et du FLT (le Front de Libération Télévisuelle).

6. Les chaînes hertziennes ne proposaient rien en version originale. La première fois que j'ai pu voir une série en VOST, c'était The Practice, chez une amie du lycée qui disposait des chaînes du câble. Je pense que j'aurais été moins réfractaires à la langue anglaise si j'avais pu entendre cette langue en dehors des seules horaires de classe. Il aura fallu attendre des étés anglais en séjour linguistique pour me guérir de cette aversion.

7. Ce sont toutes ces épreuves qui ont façonné la débrouillardise légendaire du sériephile. Les montagnes que j'ai soulevées pour The West Wing (Vous savez combien cette série a été déterminante pour moi) l'illustrent bien. Alors que la diffusion de la saison 1 était presque achevée durant l'été 2001, le 11 septembre a eu lieu. Les éditions spéciales et le bouleversement des programmes qui suivirent me firent rater un épisode (il me semble que c'était Minimums obligatoires, le 1.20), que j'avais cru à tort déprogrammé, mais qui avait seulement été décalé plus tardivement le vendredi soir. Après quelques mois de tergiversation, j'ai finalement trouvé un internaute l'ayant enregistré, et acceptant de me dupliquer sa VHS et de me l'envoyer par la Poste. J'ai reçu ce colis comme un trésor.

8. Assez logiquement, la série qui m'a fait franchir pour la première fois le Rubicon de la légalité est aussi The West Wing. La première saison se termine en effet en cliffhanger sur une fusillade. Si France 2 n'avait eu aucune difficulté pour diffuser le spécial Isaac et Ismaël quelques semaines après le 11 septembre, la saison 2 en revanche passa à la trappe pendant plusieurs années. Une connaissance internaute belge, également fan de la série, me fit parvenir sur des CD gravés ces fameux épisodes précieux de la saison 2, récupérés je-ne-sais-où et sous-titrés en suédois (!) ou quelqu'autre langue nordique. L'essentiel était sauf.

9- Une autre première de cette époque : le premier article que j'ai rédigé sur une série. C'était une brève présentant... CSI. Quant on voit mes rapports compliqués aux cop show procedural aujourd'hui, cela prête à sourire ! Tout ça est très anecdotique, c'était une brève de quelques lignes. Si j'en garde le souvenir, cela tient au magazine de publication : Génération Séries. C'est le seul billet que j'ai jamais rédigé pour eux. Mais ce magazine a façonné les bases de ma passion pour les séries, me donnant accès à une culture sériephile dont je rêvais alors plus que je ne pouvais pleinement l'apprécier : j'ai donc gardé le numéro (et bien d'autres, d'ailleurs) précieusement !

10. En 2004-2005, le haut débit est arrivé jusqu'à chez moi. J'ai débranché ma télévision et commencé à regarder des séries par d'autres moyens. 

11. Après des années passées devant mon ordinateur portable, aujourd'hui, je suis revenue à la télévision pour son grand écran (mais pas aux chaînes de télévision elles-mêmes, sauf quelques rares exceptions, notamment pour les séries françaises). Sinon, je regarde aussi de plus en plus d'épisodes sur tablette depuis la fin de l'année dernière. Les modes de visionnage continuent d'évoluer... Le plaisir du visionnage reste lui inchangé.

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II. Les cinq questions élaborées par Mina et Kaa :

1. Y a-t-il une différence flagrante entre vos débuts sur votre blog et aujourd’hui (dans votre manière d’écrire et/ou d’appréhender des dramas, par exemple) ?

Les différences sont notables. Initialement, ce blog était conçu pour partager quelques billets au fil de mes visionnages, oscillant entre nostalgie et nouveauté. Mais je suis cependant retombée très rapidement sur un schéma plus classique, et surtout, en presque quatre ans, les choses ont évolué, sur la forme comme sur le fond. Sans doute parce que je me suis plus investie que prévu dans My Télé is rich!.

Sur la forme, il y a deux points sur lesquels je suis devenue, pourrait-on dire, maniaque. C'est une déformation professionnelle (comme ma manie de mettre en italique les mots étrangers), mais la forme est pour moi aussi importante que le fond : qu'importe la pertinence éventuelle de l'idée développée, si le véhicule qu'elle emprunte n'est pas soigné. Ainsi, en quelques mois, s'est imposée une struture figée des billets, invariablement composés comme suit : introduction/résumé/critique sur le fond/la forme/acteurs/bilan. C'est un canevas clair et fixe qui permet d'assurer la lisibilité des articles. Je suis incapable de publier un billet où les idées seraient simplement jetées sur le papier au fur et à mesure qu'elles viennent. Cela peut donner une allure quelque peu répétitive pour les lecteurs réguliers du blog, mais cela me semble une nécessité de l'exercice. Par ailleurs, l'autre point qui retient le plus mon attention est le style écrit. Si certains s'écoutent parler, j'ai malheureusement tendance à "m'écouter écrire". Je me laisse facilement embarquer par ma plume, ce qui donne un résultat vite indigeste : phrases de dix lignes, multiples négations qui complexifient d'autant de simples affirmations, multiplications des adverbes... J'ai conscience de ces défauts, et une partie de ma relecture consiste généralement à simplifier et à couper le premier jet. Toujours est-il que la fluidité du style est pour moi déterminante - quitte à sacrifier un temps disproportionné sur certains billets... -, même si je laisse encore passer trop de coquilles et de fautes d'orthographe.

Sur le fond, les évolutions sont aussi importantes : c'est l'expérience qui joue. Plus on regarde de séries, plus on est familier avec l'histoire d'une télévision, le fonctionnement de son industrie, la culture de son pays, plus le regard s'affine et plus ce qu'on pourra écrire pourra être intéressant. Sur les 4 ans d'existence du blog, cela ne se ressent pas vraiment pour ce qui est des fictions américaines ou anglaises, avec lesquelles mon histoire est déjà ancienne. Pour les séries asiatiques, l'évolution est en revanche flagrante. J'ai regardé ma première série asiatique -japonaise- en 2006-2007, mais j'ai mis longtemps à aller au-delà du seul visionnage passif de divertissement. C'est la tenue de ce blog qui a véritablement fait office de déclic, vers la Corée du Sud tout d'abord, puis vers le Japon. Rédiger une review, même des premiers épisodes, oblige à regarder une fiction d'une autre manière : il s'agit de faire preuve d'esprit critique, mais aussi d'analyse. Cela conduit à chercher à en savoir plus sur les origines de la production. On retient alors les noms des scénaristes, des réalisateurs, au-delà des seuls acteurs ou du logo des chaînes qui apparaissent à l'écran. On acquiert peu à peu une vision d'ensemble. Je suis encore bien loin de maîtriser tous ces facteurs, mais mon avis s'est désormais débarrassé de bien des préconceptions. Au point que certaines critiques des débuts me paraissent avec le recul très perfectibles (*euphémisme*)...

Ce qui est vrai pour l'Asie l'est aussi, dans une moindre mesure car le choc culturel était plus relatif, pour d'autres paysages audiovisuels, européens par exemple. C'est grâce à ce blog que j'ai construit mon approche mondialisée des séries, et que j'ai dépassé nombre de mes préjugés tenaces sur tel ou tel petit écran du globe. Pénétrer dans un nouveau pays, c'est souvent commencer par une lune de miel, où toutes les fictions ont une saveur particulière grâce au dépaysement proposé. Puis, à mesure que l'on se familiarise avec ce petit écran, on bâtit progressivement une grille de lecture adaptée. Les articles deviennent alors mieux dosés et plus équilibrés. En résumé, plus on regarde, plus on écrit... mieux on regarde, mieux on écrit !

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2. Écrivez-vous sous votre nom réel ou derrière un pseudo? Si c’est un pseudo, d’où vient-il?

J'écris sous pseudonyme, principalement pour ne pas risquer de voir mêlés ma vie professionnelle et cette passion qui reste un hobbie. "Livia" est un choix décalé, volontairement à rebours. C'est d'abord une forme de plaisanterie, mais c'est aussi un clin d'oeil volontaire à une série qui fait partie des fondatrices de ma passion. "Livia" fait en effet référence au personnage de Livia Soprano, la matriarche acariâtre de la famille mafieuse, dans The Sopranos. Quant au nom de famille (Segret) sous lequel je signe certains de mes articles quand le seul prénom ne suffit pas, c'est plus simplement, et plus proche de moi, le nom de jeune fille de ma mère.

3. En quel personnage de drama aimeriez-vous vous cosplayer/déguiser s’il existait une convention sur les dramas de la même échelle que Japan Expo ?

N'y allons pas par quatre chemins : le cosplay n'est pas vraiment ma tasse de thé ! J'ai toujours été très réfractaire à l'idée de me déguiser, y compris quand, à l'école primaire, sur l'insistance des institutrices, il convenait de fêter Mardi Gras. Vingt ans plus tard, il est encore moins probable que je prenne moi-même l'initiative. A la limite, le seul déguisement que je pourrais envisager, ce serait de revêtir un de ces beaux costumes colorés traditionnels portés dans les sageuks.

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4. Selon vous, qu’est-ce qui fait qu’un drama/une série est bon(ne) ou mauvais(e)?

C'est une question extrêmement vaste et complexe, où les sensibilités, l'histoire et le parcours culturels du téléspectateur sont déterminants. Tenir ce blog m'a forcé à aller plus loin que le seul ressenti et à construire - notamment pour noter sur 10 - des grilles de lecture que j'applique à chaque fiction. J'ai établi une sorte de barême, dans lequel je prends en compte : la rigueur et la fluidité du scénario, l'ambition et/ou l'originalité du concept, le soin formel (qualité de la réalisation, ambiance musicale) et, enfin, les performances du casting. L'importance de chaque élément varie suivant la nationalité de la fiction regardée. Par exemple, la forme est un facteur non négligeable pour une série américaine, elle sera en revanche anecdotique pour une série taiwanaise... Et puis, d'autres facteurs extérieurs sont pris en considération, comme le budget ou encore la chaîne et le public visé. Plus généralement, j'ai tendance à évaluer une série en fonction de son cahier des charges préalable et des objectifs qu'elle s'était fixés. Cela donne donc des grilles de lecture fluctuantes, différentes suivant les pays. Un autre point auquel je suis sensible, c'est la dimension culturelle et dépaysante d'une fiction : il y a certaines contrées dans lesquelles j'aime par-dessus tout m'évader, certaines périodes de l'Histoire qui me parlent tout particulièrement... Ce sont autant d'éléments qui peuvent aiguiser mon intérêt, et me faire apprécier une série.

Une fois tous ces éléments en tête, à la question de savoir qu'est-ce qui fait qu'un drama ou une série est bon(ne) ou mauvais(e), j'ai envie de répondre : ce sont tous ces facteurs qui jouent. Plus que tout, une série doit être capable de provoquer un investissement émotionnel, de susciter une vraie implication dans la durée, car c'est sur cela que reposent la force et la particularité d'une fiction télévisée que l'on accompagne pendant plusieurs semaines, mois ou années. L'écriture doit être sérieuse et cohérente. La série doit savoir se construire une identité qui lui est propre, même si son concept n'a rien d'original : il s'agit de se réapproprier une idée, un espace... Si toute ambition mérite d'être saluée, il n'y a rien qui me rebrousse plus qu'une fiction présomptueuse : je préfère une simplicité assumée à des débauches de promesses non tenues. Après, je ne regarde pas une série sud-coréenne avec les mêmes envies et les mêmes attentes qu'une série anglaise, ni qu'une série japonaise, ni qu'une série américaine... Je vais chercher dans la première, une certaine intelligence émotionnelle, dans la deuxième, une proximité et une authenticité... Je vais aussi en quête d'une immersion culturelle, d'un dépaysement dans les décors et dans les moeurs. J'aime par-dessus tout éteindre mon petit écran en ayant l'impression que l'épisode visionné m'a apporté quelque chose, enrichi d'une certaine manière...  

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5. Comment jugez-vous la manière dont est abordée la pop-culture Sud-Coréenne (ou Japonaise, au choix) dans les médias Français ?

Ces dernières années (avant même le phénomène Psy), en France, la pop-culture sud-coréenne a connu une exposition sans précédent, par l'intermédiaire de la k-pop. Cependant, en parcourant les articles ou quelques extraits d'émissions, j'ai l'impression qu'il y avait principalement deux angles d'attaque pour traiter du sujet. Dans un premier type de médias, on analyse le phénomène pour expliquer son exploitation pratique : c'est l'angle du soft-power, avec une approche économique/diplomatique. Dans un second type de médias, on s'intéresse à l'industrie, au marketing et au public, avec plus ou moins de condescendance suivant la nature du reportage (si certaines émissions ont été sous le feu des critiques du fait de leur course aux raccourcis et préjugés, vu leur qualité générale en dehors de ce sujet, il n'y avait rien à attendre d'autre... donc je ne pense pas qu'il faille se formaliser). Toujours est-il que le point commun de toutes ces approches est de ne jamais avoir cherché à prendre en compte l'éventuel attrait musical de ladite musique, sans doute aussi parce que cela nécessite en amont un minimum de connaissances et de curiosité de cette scène particulière. C'est là où le bât blesse : on reste dans un "phénomène exotique/folklorique" qui prête plus à sourire qu'autre chose pour l'observateur extérieur. Conséquence supplémentaire, la prise en compte des productions musicales au-delà de cette seule façade apparaît également inconcevable pour un public non averti (aller jusqu'à la k-indie, ou partir du côté du Japon, ou de Taiwan). Par conséquent, le traitement de la musique asiatique dans les grands médias Français ne me semble pas encourager une ouverture. Cette dernière a pourtant lieu, presque malgré eux, tout simplement parce qu'internet a aboli les frontières et permet aux plus curieux de se faire leurs propres opinions, et d'aller au-delà de toutes les généralités paresseuses véhiculées.

Côté dramas, il y a eu des progrès encourageants. En ce qui concerne les k-dramas, l'institutionnalisation d'une offre légale - Dramapassion (quel que soit les critiques qui peuvent être formuler contre le service) - est un premier pas, tout comme la commercialisation de coffrets DVD. Pour ce qui est des j-dramas, 2013 a été un année intéressante. Ici le phénomène s'opère différemment, avec une ouverture vers un autre public : en effet, ce sont les ponts avec le cinéma qui sont utilisés. Fin avril, le drama Going Home a été projeté au Festival Séries Mania. Il a bénéficié dans la presse culturelle généraliste d'un bon accueil, à l'image de cette critique publiée dans Les Inrocks (signée d'un journaliste spécialiste des séries - occidentales). A Séries Mania, c'est moi qui ai présenté la série au public lors de la projection, et je suis ensuite restée pour les deux épisodes (je tenais à les savourer un peu sur grand écran !). La série a été globalement bien reçue parmi les spectateurs : beaucoup de rires ont accompagné la séance, et ceux à qui j'ai parlé après avaient plutôt apprécié (et j'ai passé les jours suivants à expliquer comment voir la suite aux plus curieux). Puis, le mois dernier, le drama Shokuzai a bénéficié d'une sortie au cinéma, sous la forme de deux films à la place des 5 épisodes originaux. Les Festivals, le cinéma... Ce sont autant de premiers pas ! Après, ne me faîtes pas dire ce que je n'ai pas dit : si ces fictions n'étaient pas signées Hirokazu Koreeda et Kiyoshi Kurosawa, deux cinéastes japonais à la réputation établie en France, elles ne nous seraient jamais parvenues. La réticence envers le petit écran demeure forte, comme le montre le refus que Shokuzai soit présentée pour ce qu'elle est, une série avant tout. Seulement, cela montre l'existence d'un autre vecteur d'ouverture intéressant. Il ne s'agit plus seulement de s'appuyer sur un public de niche pré-conquis, mais d'essayer de faire emprunter à ces fictions les mêmes voies d'internationalisation qu'ont déjà connu d'autres productions culturelles acceptées (cinéma, littérature). Et c'est peut-être par ce biais que l'ouverture peut-être la plus durable.

 

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Mine de rien, il y aurait encore beaucoup à ajouter sur les questions 4 et 5. Mais je crois que mon billet est déjà suffisamment long. Encore merci à Mina et Kaa pour m'avoir donné l'occasion de réaliser ce tag. Que tous les blogueurs, lisant cet article et qui seraient intéressés par y répondre à leur tour, n'hésitent pas. En espérant que ces quelques anecdotes d'un autre temps et ces interrogations sur la manière de concevoir les séries vous aient intéressé.

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