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19/08/2010

(Mini-série UK) Dead Set : Zombies Survivor !

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Après la déferlante vampire, c'est un autre mythe du fantastique quI devrait revivre dans notre petit écran, en fin d'année : les zombies. Entre nous, autant l'avouer de suite, si j'ai toujours eu un certain faible pour les suceurs de sang aux canines proéminentes, il en va tout autrement pour cette autre figure, qui nous rapproche trop de l'horreur fantastique à mon goût. Je n'irai pas jusqu'à parler de phobie, mais disons que, généralement, lorsque je vois une fiction avec des zombies dedans, ce sera un argument fort pour que je ne m'y risque devant sous aucun prétexte. Voyez-y un instinct de survie téléphagique.

Sauf que, comme je vous l'ai dit, AMC nous réserve pour octobre prochain l'adaptation d'un comics, The Walking Dead, mettant justement en scène ces charmantes sanguinolantes créatures. Mine de rien, le concept a l'air alléchant. La chaîne s'étant constituée une intéressante image au cours des dernières saisons, et le héros étant interprété par Andrew Lincoln (Teachers), il est pour moi hors de question de passer à côté de cette nouvelle série. J'ai donc entrepris, en guise d'entraînement, une forme de préparation psychologique : une mise à jour de mes connaissances en mythologie zombie-esque dans le petit écran. Le sujet n'ayant jamais été particulièrement central dans les séries, je me suis logiquement retrouvée devant la mini-série britannique de ces dernières années, qui symbolise ce genre : Dead Set.

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Dead Set est une brève mini-série qui fut diffusée sur E4 fin octobre 2008. Elle comporte un premier épisode de 45 minutes, puis 4 épisodes de 25 minutes chacun environ. L'atout principal de cette fiction est d'investir un créneau assez délaissé par les scénaristes du petit écran : les zombies. D'ailleurs, cette mini-série part d'une idée doublement originale, pourrait-on dire, car elle intègre le concept de télé-réalité Big Brother, poussant le parallèle avec la réalité jusqu'à faire de la présentatricce de Big Brother en Angleterre, celle du show dans la série. Clin d'oeil appuyé, sans pour autant que Dead Set verse dans une complète confusion des formats, tel qu'avait pu le proposer Cast offs, à l'automne dernier, sur Channel 4.

La mini-série va choisir de prendre pour cadre les locaux de tournage de l'émission de télé-réalité, ne prenant soin de nous informer que par quelques bribes des évènements (l'attaque généralisée de zombies) se produisant au niveau global, ou du moins à l'échelle du continent européen, semble-t-il.  La fin va débuter un soir de prime-time. Les fans et autres groupies se sont donnés rendez-vous sur le plateau, autour de la maison où sont coupés du monde les candidats encore en lice, tandis que l'un d'entre eux s'apprête à être éliminé au cours de la soirée. La seule inquiétude au sein de ce huis clos que constituent les studios est de s'assurer de la diffusion de l'émission, apparemment compromise par des émeutes se produisant un peu partout dans le pays, sans que personne, sur place, ne cherche à en savoir plus... Mais rien ne pourra enrayer ce déferlement létal qui va contaminer et dévaster toute l'Angleterre.

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Profitant de ses débuts en quasi-autarcie, dans des studios coupés du monde, Dead Set commence par nous relater de façon indirecte la propagation des zombies, jouant sur le suggestif d'une invasion dont seul le téléspectateur a conscience. En mettant en scène, par le biais d'une caricature cynique et sarcastique, les préoccupations du moment, tant de l'équipe technique que des candidats à l'intérieur, la fiction semble surtout prendre beaucoup de plaisir à mettre en relief toute leur superficialité et leur futilité. Cela crée un décalage assez frappant pour le téléspectateur, qui sait ce qui attend ces insouciants, installant l'atmosphère très série B de la mini-série et ouvrant finalement la porte à un certain second degré assumé, où tous les excès seront permis.

Car, si les premières minutes de Dead Set se divertissent de la frivolité ambiante régnant dans les studios de Big Brother, la suite va progressivement tourner à l'orgie sanguinolante, où le gore s'installe comme la composante principale du genre horrifique investi. Les techniciens en charge des effets spéciaux s'en donneront à coeur joie et n'épargneront rien à un téléspectateur qui devra avoir le coeur bien accroché. Artères arrachées, évicération, dépecage en règle de cadavres encore frais (voire pas encore véritablement "cadavre"), et même, cerise sur le gâteau, le découpage méticuleux de steak humains pour servir de diversion à une futile (et fatale) tentative d'évasion. Bref, Dead Set propose un spectacle, sanglant à l'excès, des plus appétissants.

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Dans sa construction narrative, la mini-série ne propose pas de réelle innovation, s'attachant surtout à reproduire les classiques du genre. Tout est prévisible, mais dans le bon sens du terme : c'est-à-dire que Dead Set assume pleinement, voire même crânement, tous les poncifs sur-exploités. Avec ce style d'écriture, très anglais, de s'efforcer de coller à une réalité où la médiocrité des individus s'impose, nous avons donc droit à des dialogues très crus, sans artifice. Une intervention minimaliste d'un scénariste qui s'est surtout attaché à retranscrire une ambiance où le romanesque et autres effets scénarisés sont proscrits.

Si on versait dans l'intellectualisation à outrance (qui n'a pas lieu d'être ici), on pourrait sans doute argumenter sur le choix du cadre, tout comme sur la présentation sans complaisance, d'un cynisme noir, qui est proposée des coulisses de l'émission de télé-réalité. Est-ce vraiment neutre ? Quelques dialogues brouillons sur les possibles origines de ce fléau ravageant l'Angleterre suffiront pour faire naître, dans l'esprit du téléspectateur, des parallèles diffus pointant les dérives de la société moderne. Mais cette voie n'est ni l'objet, ni même l'inspiration, de cette mini-série qui surfe, avec une certaine effronterie revendiquée, sur son mélange des genres explosif, conçu comme moyen marketing, et profite ainsi du cadre particulier real-tvien. Le reste n'est qu'une déclinaison excessive et gore d'un classique de l'horreur zombie-esque.

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Côté technique, comme vous pouvez le juger ci-dessus, certains membres du staff se sont manifestement beaucoup amusés  dans une série où les effets gores l'emportent sur l'horreur pure. Dead Set joue plutôt efficacement sur son atmosphère très "série B". La reconstitution est globalement enthousiaste, et la mise en scène de certaines attaques de zombies ne manque de bonnes idées pour faire monter la tension. Les effets de caméra sont tout aussi expérimentaux, mais parfois un peu moins inspirés. La réalisation caméra au poing, notamment dans les courses poursuites, pose l'ambiance, mais fatigue un peu dans la durée. Cependant, dans l'ensemble, la forme est à l'image du fond, investissant totalement, presque à outrance, le registre sanglant choisi.

Enfin, le casting ne dépareille pas. L'écriture de la mini-série requiert d'eux un service simplement minimum, en se laissant porter par le cadre horrifique, ce qu'ils n'ont aucune difficulté à assurer. On y retrouve quelques visages plus ou moins familiers : Jaime Winstone (Five Daughters), Andy Nyman, Kyle Summercorn, Riz Ahmed (Wired), Warren Brown (Occupation, Luther), Drew Edwards, Raj Ghatak, Chizzy Acudolu (Jinx), et même Shelley Conn (Mistresses).

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Bilan : Dead Set est une mini-série qui investit pleinement le registre de l'horreur sanglante, assumant crânement ses débauches gores, repoussant toujours plus loin ses limites. L'écriture, voulant rester dans un registre très brut, s'avère assez neutre et s'efface derrière le concept principal, qui est la propagation des zombies. Si tout se visionne avec un certain second degré, Dead Set répond à son objectif principal : proposer un récital horrifique et sanglant à la télévision, sur des bases les plus classiques qui soient. Ni plus, ni moins. Elle ne révolutionne pas le genre, n'a pas de prétention particulière, mais elle aura au moins eu ce mérite d'offrir un peu d'exposition à un type de fiction sans doute destiné à un public précis.

En ce qui me concerne, soyons franc, il est fort probable que je sois à jamais rêtive à ce genre. Dire que j'ai apprécié serait bien excessif. Disons que le visionnage de Dead Set a constitué une expérience téléphagique, sans doute dispensable, mais pas pour autant inintéressante.

Et puis, de façon très pragmatique, en terme de révision mythologique, ce fut aussi très enrichissant pour revoir ses classsiques, ma culture zombie-esque se rapprochant dangereusement du néant avant Dead Set. Donc, ça a été l'occasion de retenir quelques règles de survie élémentaires que j'ai soigneusement classées dans un coin de ma tête, du genre : 1/ les promenades en voiture avec un individu mordu, peu importe le caractère bénin ou non de la blessure, ne sont pas franchement conseillées ; 2/ quinze coups de machette dans la poitrine ne feront rien, un seul coup dans la tête suffira ; 3/ les zombies ne sont pas des as de la natation...

Bref, me voici prête à affronter The Walking Dead !


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce :

13/05/2010

(Mini-série UK) Strike Back, episodes 1 et 2 : un condensé d'action, en quête de rédemption


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Mercredi dernier a débuté sur Sky One une nouvelle mini-série, plutôt orientée action, Strike Back. Adaptée des romans de Chris Ryan, elle comportera six épisodes, dont la diffusion sera regroupée sur trois soirées (les épisodes 3 et 4 étaient diffusés hier soir). La chaîne de Rupert Murdoch semblait avoir vu les choses en grand pour cette fiction, dont le casting était également des plus accrocheurs. Les téléspectateurs friands de fiction militaire et de géopolitique musclée y retrouvent ainsi Richard Armitage (actuellement dans Spooks sur BBC One) ; même si, à titre personnel, je vous avoue que j'étais plus curieuse de découvrir le rôle attribué à Andrew Lincoln. Reste qu'en dépit de toute cette débauche de moyens, Strike Back peine cependant à justifier ses ambitions affichées.

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Aucun doute n'est laissé au téléspectateur sur le genre dans lequel Strike Back entend s'inscrire. Elle s'impose d'emblée, dès les premières scènes, comme une série résolument tournée vers l'action, en nous plongeant dans l'extraction mouvementée d'un otage, en pleine guerre d'Irak, en 2003. La réalisation est fluide, l'adrénaline monte, les balles volent, l'hémoglobine gicle : aucun effet n'est épargné au téléspectateur pour bien établir le créneau que la mini-série va investir. La construction scénaristique de ces deux premiers épisodes (qui forment ensemble une aventure) se déroule sans anicroche. Mais on garde cependant un arrière-goût de frustration, tant les schémas suivis sont d'un classique qui confine presque au cliché.

Tout débute donc en 2003, au cours d'une opération qui va mal tourner et marquer un tournant dans la vie de John Porter. Lors d'une mission derrière les lignes ennemies, John se contente de mettre hors d'état de nuire un jeune garçon portant une ceinture d'explosif, l'assommant sans le tuer. Or, quelques minutes plus tard, une fusillade retentit. John n'assiste pas à la scène, mais sur les quatre soldats l'accompagnant, seul l'officier de renseignement, Hugh Collinson, échappe aux balles fatales. Deux hommes sont laissés pour mort, un troisième est grièvement blessé et ne s'en remettra jamais. Hugh confirme les craintes de John, affirmant avoir vu le gamin, que ce dernier n'avait pu tuer, se déplacer avec une mitraillette.

S'ensuit une logique descente aux enfers progressive pour John Porter. Ejecté de l'armée, où ses compagnons d'armes ont perdu toute confiance en lui, incapable de se ré-adapter à la vie civile, sa famille se désagrège sous son regard impuissant, tandis que les regrets le rongent de l'intérieur. Sept années passent ainsi. Ne vivant plus avec les siens, John travaille désormais dans la sécurité des bâtiments du MI-6. Mais un évènement va finalement provoquer l'électrochoc attendu et offrir cette possibilité d'expiation espérée. Une journaliste britannique, Alexandra Porter, fille d'un ancien ministre des Affaires étrangères anglais, est en effet enlevée en Irak, dans la zone où l'opération fatale avait eu lieu en 2003. La jeune femme n'a que le temps d'envoyer la photo d'un de ses kidnappeurs : un jeune homme portant une cicatrice très distinctive sur un côté du visage. Or, John n'a jamais oublié cette marque, que l'enfant-kamikaze arborait sept ans plus tôt. Il reconnaît en lui le meurtrier de ses trois hommes ; mais aussi le gamin qui lui doit une dette d'honneur pour ne pas l'avoir abattu cette nuit-là.

Recontactant Hugh Collinson, désormais en charge d'une division spéciale au MI-6, John Porter obtient d'être envoyé sur place, pour aider au sauvetage de la journaliste. Sa quête de rédemption peut commencer.

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C'est donc presque un euphémisme que d'affirmer que Strike Back se situe sur des sentiers balisés. Suivant des développements prévisibles, les grandes lignes de l'histoire semblent déjà être écrites à l'avance. Certes, l'ensemble est efficace, mené énergiquement et sans temps mort inutile. Le téléspectateur n'a aucun souci pour accrocher à l'intrigue. Mais reste un regret principal : Strike Back peine à se démarquer des dizaines de fictions similaires qui l'ont précédé. Trop convenue dans ses grandes lignes, elle réussit seulement à s'affirmer par intermittence. Ainsi, les scènes entre la journaliste otage et le chef de ses ravisseurs figurent parmi les plus réussies, à la fois glaçantes et étrangement ambivalentes, elles traduisent efficacement la force des antagonismes et les excès suscitées par la radicalisation de chaque camp. Et la réaction du groupe terroriste à la demande de rançon fait figure d'électroc.

En fait, sur le plan du scénario, en dépit de quelques petits tressautements, le réel démarrage de la mini-série semble s'opérer à la toute fin du deuxième épisode (ce qui implique une certaine patience). Le twist final, salvateur, ré-injecte un intérêt à l'ensemble et donne finalement une raison au téléspectateur pas certain de vouloir poursuivre l'aventure, de découvrir où la confrontation ainsi promise va nous conduire.

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Cependant, au-delà de ces quelques passages qui sortent du lot, la mini-série se contente de suivre les actions du personnage principal, héros brisé par les évènements, mais dont la compétence à gérer ces situations de crise ne saurait être remise en cause. John Porter ne se démarque pas vraiment de ses prédécesseurs dans ce créneau : il leur emprunte les blessures passées et le traumatisme, comme le sens des responsabilités et une éthique professionnelle chevillée au corps. En somme, une psychologie binaire des plus classiques qui donne un héros parfaitement calibré, mais sans originalité particulière. Il est entouré par des personnages secondaires peu développés pour le moment, en apparence très monolithiques. Chacun s'insère dans un stéréotype, correspondant à des protagonistes trop souvent rencontrés dans des fictions de ce genre. Seule la journaliste tire réellement son épingle du je, sans doute en raison des épreuves qu'elle doit affronter et qui lui offrent l'occasion de s'affirmer dans l'adversité.

Reste qu'au final, Strike Back souffre d'un important déficit de dimension humaine. Certes, dans le cadre d'une mini-série d'action, cet élément n'était sans doute pas un des objectifs des scénaristes, qui ont préféré se concentrer sur les grandes lignes de l'intrigue, plutôt que de développer la psychologie des personnages. Cependant, il en résulte une impression de fiction quelque peu déshumanisée, alors qu'il y avait matière intéressante pour étayer cet aspect. Derrière ses recettes de blockbuster télévisuel, Strike Back aurait probablement gagné en prenant le temps de se construire une identité propre.

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Sur la forme, la mini-série s'inscrit dans la lignée du côté calibré et épuré qui ressort de son contenu. La réalisation est de bonne facture. Si les angles choisis par la caméra sont classiques, les images sont  de qualité, propres, avec des couleurs qui ressortent bien à l'écran. En somme, tout est fait pour proposer un esthétique abouti et plutôt attractif.

Enfin, Strike Back rassemble un casting des plus solides, dont on ne doute pas qu'ils puissent mener à bien l'intrigue, si tant est qu'on leur propose un scénario à la hauteur. En tête d'affiche, on retrouve Richard Armitage (Robin Hood, Spooks) dans un créneau qui lui convient bien : un rôle d'action, où il incarne un héros brisé en quête de rédemption et qui va probablement mûrir sa vengeance. A ses côtés, Laura Greenwood (Echo Beach) incarne la journaliste Alexandra Porter ; elle profite pleinement d'être sans doute celle qui dispose des scènes les plus marquantes de ce double épisode. Le très lisse Hugh Collinson est joué par Andrew Lincoln (This Life, Teachers, Afterlife) qui n'a pour le moment pas grand chose à faire. La confrontation qui s'esquisse à la fin du deuxième épisode entre ces deux anciens amis de combats promet cependant beaucoup. Parmi les autres têtes connues, on croise également Shelley Conn (Party Animals, Dead Set, Mistresses), Colin Salmon (Hex, Party Animals), Jodhi May (The Amazing Mrs Pritchard, Emma) ou encore Nicola Stephenson (Northern Lights, The Chase).

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Bilan : Strike Back est une honnête série d'action tout autant qu'un efficace divertissement. Mais tout aussi huilés que ses rouages scénaristiques apparaissent, elle se révèle frustrante pour le téléspectateur qui pouvait légitimement en attendre plus qu'une simple reproduction de stéréotypes du genre soigneusement calibrés. La mini-série ne surprend que trop rarement. Elle se contente le plus souvent de dérouler un scénario très convenu, manquant d'une réelle valeur ajoutée par rapport à toutes les déclinaisons de la fiction d'action militaire, sans prendre le moindre risque. Au final, on ne passe pas un moment  désagréable, mais c'est très léger au vu des ambitions initialement affichées. Le twist final qui conclut ces deux épisodes permettra-t-il d'injecter un peu de piment dans cet ensemble ?


NOTE : 5,5/10


La bande-annonce de la mini-série :

12/12/2009

(UK) Party Animals (La jungle du pouvoir) : glamour and politics


A moins que vous n'ayez émigré sur Mars (encore que, cette affirmation elle-même peut être discutable) ou que vous ne vous soyez imposé un embargo de toutes nouvelles en provenance d'outre-Manche, il est difficile d'échapper au buzz (doux euphémisme) orchestré par la BBC, autour de Doctor Who, qui bat son plein en ce mois de décembre... David Tennant est en lice pour le record du nombre de unes de magazines et de participations à toutes les émissions possibles et imaginables en Angleterre, afin de promouvoir sa propre mort. Ou plutôt celle de Ten. Car, le 1er janvier 2010, nous allons ouvrir l'année avec un nouveau docteur. Le Onzième du nom. L'annonce du nom de l'acteur s'apprêtant à l'incarner a été faite il y a près d'un an, suscitant divers débats et interrogations. Matt Smith, semi-inconnu, jeune acteur de 27 ans, manque surtout singulièrement de références, empêchant qu'on puisse déjà se faire une idée sur lui. La question se posait avec une telle acuité qu'il existe même un site consacré à sa réponse : whoismattsmith.com.

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Pour résoudre le mystère, en téléphage appliquée, une fois la nouvelle connue, je me suis penchée sur sa fiche imdb afin d'étudier la maigre filmographie qui s'y trouve. Un rôle dans un épisode de The Sally Lockhart Mysteries et une apparition furtive dans Secret diary of a call-girl se sont chargés de lui faire rencontrer Billie Piper (rituel préalable obligatoire) ; un autre passage fugace dans The Street ; enfin, un personnage plutôt secondaire dans une mini-série oubliable l'hiver dernier, Moses Jones... Bref, rien qui permette de se former un jugement sur l'acteur lui-même. Dans la liste, seule une série sympathique, diffusée au cours de l'hiver 2007 sur BBC2, retient vraiment l'attention : Party Animals (proposée par une chaîne d'Orange en France, sous le nom La jungle du pouvoir). Elle est composée d'une saison unique, comptant huit épisodes, au cours desquels Matt Smith tient un des rôles clés, au sein d'une solide distribution 3 étoiles. On retrouve en effet à ses côtés, notamment, Andrew Buchan (The Fixer, Garrow's Law), Andrea Riseborough (The Devil's Whore), Patrick Baladi (No heroics, Mistresses, The Office UK), Shelley Conn (Dead Set, Mistresses).

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Party Animals est une dramédie rythmée, plutôt enjouée, qui nous plonge dans les coulisses du Parlement britannique de Westminster. Ne s'étant pas fixée pour mission de faire oeuvre de pédagogie, elle se concentre principalement sur sa galerie disparate de personnages ; les intrigues politiques constituant plutôt une toile de fond, prétexte à des retournements de situation, mais dont seules les grandes lignes sont esquissées. Dynamique mais souvent désordonnée, la série navigue entre les genres, mettant plusieurs épisodes à trouver son équilibre : entre moments lourds, passages tendant plus vers la comédie et sorte de pseudo-soap clinquant, Party Animals devient peu à peu un divertissement attachant, dont le ton d'ensemble se révèle finalement assez léger. Ainsi, si elle baigne dans la politique, cet aspect s'efface derrière l"importance des rapports entre les différents personnages ; en effet, mêlant, dès le départ, coeur et travail, le relationnel finit par jouer un rôle prépondérant dans la série. C'est pourquoi l'intérêt de Party Animals ne réside pas tant dans son portrait superficiel, voire caricatural, des moeurs politiciennes modernes, que dans l'attachement que le téléspectateur développe pour ces personnages.

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Souvent stéréotypée dans ses storylines, parfois excessive dans ses mises en scène, la série conserve une distance salutaire avec son sujet, exploitant parfaitement la carte "glamour & politics" qui constitue son concept de départ. L'ambiance reste donc dans l'ensemble frivole, à quelques exceptions près, s'inscrivant dans la lignée des dramédies modernes. Si son cadre lui confère un dynamisme attrayant certain, c'est grâce à ses personnages que Party Animals parvient véritablement à séduire le téléspectateur. Nous suivons deux représentants de la Chambre des Communes et leur staff, un conservateur, l'autre travailliste, ainsi qu'une agence de lobbying, dans les coulisses agitées du Parlement britannique. Tous sont des trentenaires ambitieux ; ce qui va permettre à la série d'utiliser, dans leurs intéractions, les codes scénaristiques de comédies sentimentales, tout en conservant une légèreté toujours entretenue. Les personnages très diversifiés se révèlent surtout sympathiques. La série en profite également pour renouveler l'image des conservateurs, notamment en terme d'exposition des minorités. Logiquement portée par son très solide casting, Party Animals offre à Matt Smith un rôle énergique de jeune homme obstiné, qui n'a pas renié ses idéaux, au cours duquel l'acteur m'a convaincue de son potentiel à incarner le Docteur, notamment grâce à cette hyperactivité qu'il parvient à faire passer à l'écran.

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Bilan : Party Animals est une dramédie vivante, souvent désordonnée, sans prétention, qui joue sur une ambiance de fausse comédie sentimentale. Sa force réside dans sa capacité à se rendre attachante. En effet, elle mise sur l'aspect humain, sans chercher à pleinement exploiter le cadre politique, plutôt toile de fond et prétexte à la mise en scène des relations entre les personnages ; ce qui débouche donc sur des intrigues politiciennes souvent clichées. Mais, avec une énergie communicative jamais démentie, Party Animals remplit cependant efficacement sa mission de divertissement, à des lieux du classique ton corrosif que l'on retrouve souvent outre-manche.

Il ne faut donc pas qu'il y ait confusion : si vous êtes intéressé par une vision britannique moderne de la politique, vous ne trouverez pas satisfaction dans Party Animals. Essayez plutôt une série telle The Tick of it. En revanche, si vous recherchez un cocktail détonnant, parfois maladroit, mais toujours dynamique, entre politique et comédie sentimentale, Party Animals pourra vous faire passer un moment agréable.


NOTE : 7/10


Quelques extraits du premier épisode :