18/11/2009
(UK) Doctor Who, 2009 Special : The Waters of Mars
Pour cet avant-dernier voyage, le Docteur débarque sur Mars en 2059. Il y rencontre une équipe d'astronautes installée dans une base coloniale. Mais il ne s'agit pas de n'importe quelle mission : c'est la première expédition terrestre de ce genre envoyée sur une autre planète. Passé l'excitation des premiers instants, où le Docteur s'amuse, en véritable groupie, honoré de rencontrer les pionniers qui ouvrirent la voie des étoiles à l'humanité, les choses se compliquent lorsqu'il comprend quel jour il est arrivé : le 21 novembre. Car si cette mission fut fondatrice, son souvenir longtemps conservé par les humains, elle eut aussi une destinée tragique. L'autodestruction nucléaire de cette base Bowie One fut actionnée... le 21 novembre 2059.
Le Docteur se trouve alors face à un dilemme, quelque peu semblable à celui rencontré à Pompei (saison 4), aventure amère qu'il évoque d'ailleurs spontanément. La destruction de la base et la mort de ses occupants, et plus précisémment d'Adélaïde Brooke, la commandante, est un point fixe dans les lignes fluctuantes du Temps. Un évènement fondateur sur lequel repose tout le futur dans les étoiles de la race humaine. La petite-fille d'Adélaïde, inspirée par le souvenir de sa grand-mère, insufflera de nouvelles ambitions à cette quête et poursuivra l'exploration vers les étoiles. Si l'on peut imaginer que, même sans cette destinée familiale, la race humaine aurait quand même suivi cette voie, il s'agit cependant d'un chaînon de l'histoire de l'humanité qui ne peut être changé, sans que le futur ne soit, par conséquent, modifié considérablement. Les ramifications et les enjeux sont trop importants pour pouvoir tout bouleverser impunément.
Durant les deux premiers tiers de l'épisode, le Docteur agit comme on le connaît. Souffrant de ne pouvoir intervenir, mais parfaitement conscient des enjeux, ne songeant donc qu'à quitter la base, abandonnant ses occupants au sort qui leur est destiné. Forcé par Adélaïde de rester pour découvrir ce qu'il se passe, il noue rapidement une complicité avec elle, admiratif et charmé par cette figure historique qui l'a toujours fasciné. Sachant qu'il s'agit de son dernier jour de vie, il se montre même un peu moins énigmatique que d'habitude, évoquant de façon de moins en moins cryptique l'issue fatale que va connaître cette journée. Cette première partie d'épisode est classique. La façon dont le Docteur observe cet équipage si vivant, constituant une belle galerie de personnages très différents, et qu'il sait condamné, m'a particulièrement touchée. Empreinte de cette douleur inhérente à sa position de Time Lord, on ressent parfaitement le conflit qui se joue en lui.
La raison l'emporte dans un premier temps. Le Docteur laissant finalement les survivants sans se retourner. Mais assister à ce spectacle de vies humaines gâchées sera trop difficile pour lui. Il a alors une réaction, certes, a priori pleine d'humanité, cette compassion unique dont il sait faire preuve à l'égard de toute créature vivante. Il revient et opère un sauvetage assez folklorique des trois derniers membres encore en vie, dont Adélaïde, les ramenant sur Terre grâce au Tardis. Mais cette attitude dérape rapidement, versant dans l'arrogance propre aux Time Lords, qui nous rappelle ces moments où le masque de bonté du Docteur se fissure pour laisser apparaître la puissance et le danger de cet extraterrestre. Car, c'est le Temps lui-même, le futur, qu'il s'arroge le droit de bouleverser en prenant la décision de sauver Adélaïde. Et c'est un Docteur transformé, inconnu, qui se drape d'un air triomphal quand il constate qu'il a réussi, qu'il a vaincu le destin. Le voir ainsi agir presque out-of-character, c'est aussi une brutale piqûre de rappel pour le téléspectateur. La série a déjà évoqué cette nécessité pour le Docteur de ne pas voyager seul ; le besoin d'avoir une assistante n'est pas simplement un remède provisoire contre la solitude, c'est surtout la présence d'une personne qui pourra le canaliser, le retenir au besoin, afin de l'empêcher de franchir certaines limites. Limites qu'il franchit allègrement dans cet épisode. Comme si le fait de voyager actuellement seul le rapprochait encore plus de sa nature de Time Lord.
Cet évènement est aussi présenté comme une forme de dernier soubresaut avant la fin. Aucune ambiguïté ne plane là-dessus. Pour l'épisode, l'Histoire se corrigera d'elle-même, car Adélaïde se suicidera dès qu'elle sera rentrée chez, écrasée par le poids des conséquences temporelles que le choix du Docteur fait peser sur sa vie sauvée. Mais, c'est aussi un autre cycle qui arrive à son terme : la vie du Docteur. La vision finale du Ood donnerait presque l'impression que Ten l'attend comme une délivrance, avant que d'autres dérapages n'aient lieu. Une conclusion somme toute plus sombre que la normale de la série.
Bilan : Un épisode de Doctor Who globalement très classique dans sa construction (dans ses atouts, comme dans ses faiblesses typiques d'une aventure écrite par Russell T. Davies), qui bénéficie de la présence d'une fascinante Lindsay Duncan (Rome) en vis-à-vis parfaite pour David Tennant dont le personnage passe par tous les états au fil du récit. Mais c'est aussi un épisode assez étrange dans son dernier tiers. Le Docteur y franchit des limites qu'il n'aurait pas remises en cause en d'autres circonstances. L'impression d'arriver en bout de course pèse sur toute cette partie.
Car la conclusion ne laisse place à aucun doute : l'heure de l'accomplissement de la prédiction finale est arrivée : "Il frappera quatre coups"... Nous sommes arrivés à The End of Time. Pour la téléspectatrice que je suis, cela risque d'être plutôt un moment de deuil.
NOTE : 7/10
La bande-annonce de l'épisode spécial de Noël :
16:35 Publié dans Doctor Who | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : doctor who, bbc, david tennant, lindsay duncan | Facebook |
16/11/2009
(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 3
Ce troisième épisode continue sur la lancée du précédent : pas de réelle originalité, mais une efficacité jamais démentie, d'où se dégage une sourde tension qui laissera le téléspectateur happé par l'histoire, jusqu'au dénouement et au dernier choc final. En résumé, Spooks fait du Spooks dans ce que la séria a de plus éprouvant : tout y est, de la situation de crise à la mort d'un des personnages principaux, nous abandonnant essouflés et le coeur serré en fin d'épisode.
It feels like old times, non seulement en raison du scénario, mais aussi parce que Ruth est officiellement de retour au MI-5. Quasi-instantanément, c'est la reconstitution du duo qu'elle formait avec Harry, qui s'empresse de lui confier déjà des secrets qu'il n'a pas encore partagé avec le reste de son équipe. Leur relation a toujours été particulière ; et, avec cet épisode, on revient un peu à son fondement. J'aime beaucoup la façon dont cette complicité se recrée presque naturellement à l'écran. Et vu toutes les épreuves que l'équipe doit traverser depuis quelques épisodes, j'avoue que retrouver Ruth apporter une certaine stabilité qui n'est pas pour me déplaire. S'adapter aux nouveaux personnages est toujours un processus plus long que de reconnecter avec des anciens, auxquels on s'était déjà attaché. Bref, au sein d'un MI-5 un peu déshumanisé par ses pertes, cela apporte une touche appréciable pour le téléspectateur.
Mais le retour de Ruth va pourtant se dérouler dans, sans doute, les pires conditions que l'on pouvait imaginer. Harry, décidé à enquêter discrètement sur les bruits entendus par le ministre britannique concernant des réunions secrètes entre gens importants souhaitant apporter un changement radical à l'ordre mondial tel qu'il existe actuellement, a envoyé Ros surveiller la rencontre, à Londres, d'un groupe non-officiel, le Bendorf group, composé des plus puissants industriels. Mais, sans avertissement de menace préalable, la situation échappe rapidement à tout contrôle : des assaillants armés prennent tous les participants en otage. Ils s'enferment alors dans la panic room construite par le propriétaire des lieux, dans le but de tenir une série de simulacres de procès, censés juger les actions répréhensibles et immorales de ces hommes d'affaires peu scrupuleux, prêts à sacrifier la stabilité politique d'un pays et le sort de ses populations pour mener à bien leur business.
Si le concept de la prise d'otage a déjà été traité dans Spooks (les épisodes 5.06 et 5.07 reviennent notamment très vite à l'esprit), l'originalité réside ici dans les moyens d'exécution du plan des kidnappeurs. Non contents de prétendre s'ériger en tribunal de l'opinion, ils diffusent les séquences du procès à charge grâce aux technologies modernes et appellent les internautes à voter sur la culpabilité ou l'innocence de l'homme dont ils exposent les torts, produisant des documents particulièrement compromettants qui vont rapidement inquiéter d'autres gouvernements, à commencer par les Etats-Unis. Les scénaristes jouent sur les codes de la télé-réalité, exacerbant le voyeurisme malsain du public en ligne, qui non seulement assiste aux évènements par la vidéo, mais en plus y participe activement en "votant" pour le verdict. Coupable ou Innocent. Taper 1, taper 2. Le tout sous le regard impuissant des autorités.
Mais plus, que cette tension prenante, ce que l'on retiendra de l'épisode, ce sont des histoires humaines ; celles de nos héros, encore une fois touchés de plein fouet par la tragédie. Les agents du MI-5 réussissent en effet de justesse à empêcher un bain de sang et à sauver une partie des otages. Le chef des kidnappeurs, le plus déterminé d'entre eux, n'entendait cependant pas permettre une issue heureuse. Il avait fait poser des bombes dans le sous-sol, de façon à conclure tout cela dans le sang, si jamais cela tournait mal. Lorsque son entreprise bien huilée se désagrège, grâce au travail de sape de Ros et à l'intervention posée de Jo, il se saisit de la commande de contrôle des explosifs. La scène qui suit paraît alors durer une éternité, comme si le temps s'était arrêté. Devant son poste, on oublie de respirer. Ros n'a d'autre choix que d'abattre l'extrémiste à bout portant, tandis que ce dernier est immobilisé par une Jo intuitive, qui a eu une réaction réflexe pour essayer de le neutraliser, mais qui n'a pu lui enlever la commande. La balle tuant le criminel transperce également Jo qui s'effondre, elle-aussi, morte sur le coup. Le dernier regard échangé entre Ros et Jo, qui ont fait la même analyse de la situation, est d'une telle intensité, qu'il bouleverse le téléspectateur avant même que le choc de la brutalité de la scène ne nous atteigne et vienne nous briser le coeur. Une mort violente, nous prenant au dépourvu, dans la plus pure tradition de la série. Et donc encore une perte pour le MI-5, au sein d'une équipe qui se dissout sous nos yeux.
Bilan : Un épisode nerveux et tendu, qui recycle la situation déjà connue de la prise d'otage, en ajoutant un élément dramatique supplémentaire avec ce jugement via internet dont la sentence est immédiatement exécutée. Mais ce que l'on retiendra surtout de l'ensemble, ce sont ces dernières minutes et cette scène où tout s'est arrêté une seconde, tandis que Jo et Ros échangeaient un dernier regard. Spooks fait du Spooks, avec beaucoup de sérieux. Sans être exceptionnel, l'épisode est solide et très éprouvant. Les dernières minutes, d'une intensité rare, qui resteront gravées dans nos mémoires, suffisent à nous laisser choqués et interdits devant le petit écran.
NOTE : 8/10
16:51 Publié dans Spooks (MI-5) | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : spooks, mi-5, bbc, peter firth, hermione norris, richard armitage, espionnage | Facebook |
15/11/2009
(K-Drama) The Legend (Tae Wang Sa Shin Gi) : l'accomplissement d'une prophétie
Il existe peut-être une divinité téléphagique qui nous envoie des signes de réconfort lorsque notre étincelle vacille. Au milieu du marasme des déceptions de la semaine, je me suis retrouvée skotchée devant un drama coréen, diffusé à l'automne 2007 sur MBC, The Legend (Tae Wang Sa Shin Gi). Être emporté par surprise par le souffle addictif d'une fiction m'a rappelé les bons moments de la vie du sériephile.
En effet, jeudi soir, un peu en désespoir de cause, j'avais jeté mon dévolu sur cette série qui traînait, bien rangée sur mon disque dur, depuis quelques temps déjà, mais dont j'avais toujours retardé le lancement pour une raison ou une autre. Je m'attendais éventuellement à passer une soirée sympathique, la série ayant des thématiques devant a priori me plaire. Mais je ne pensais pas éteindre à regret mon petit écran à 1 heure du matin passée, après le visionnage d'affilée des six premiers épisodes. Non que The Legend soit un "chef-d'oeuvre", mais elle a allumé une petite flamme en moi qui m'a fait sacrifier mes nuits de sommeil depuis lors, afin d'en visionner l'intégralité. Et ce petit instant magique, dont tout téléphage connaît la valeur, c'est déjà beaucoup !
Résumer le synopsis de The Legend se révèle assez complexe. Il s'agit d'un récit clairement empreint de Fantasy, faisant référence à un légendaire royaume de Corée, Jooshin. Composée de 24 épisodes, la série se propose de nous narrer l'accomplissement épique d'une prophétie.
L'histoire commence 2000 ans auparavant. Le fils du roi des Cieux (la divinité suprême) était alors descendu sur Terre afin d'unir les peuples et de fonder une nation, Jooshin, où règneraient paix et prospérité. Mais, voyant la fondation de Jooshin comme une menace pour leur clan, la Tribu du Tigre, qui régnait par la force sur la Terre, rentra en guerre pour assurer sa domination, conduite par sa prêtresse, Kajin, qui possédait le pouvoir du Feu. Après de nombreux massacres, le fils du roi des Cieux décida finalement de lui retirer ce pouvoir destructeur et il l’emprisonna dans une amulette, le Coeur du Phoenix. Or, durant leur confrontation, Kajin tomba amoureuse du jeune homme. Mais le coeur du fils du roi de Cieux appartenait déjà à une autre, une guerrière du Clan de l'Ours, à qui il confia le Symbole du Phoenix. Kajin devint folle de jalousie lorsqu'elle apprit la future naissance de leur enfant. Elle enleva le nouveau-né en otage dans le but de récupérer en échange son pouvoir du Feu. Mais, sous l'emprise de la colère et du désespoir, la mère libéra le Phoenix Noir de l'amulette. Incontrôlable, il dévasta la Terre par le Feu. Le fils du roi des Cieux n’eut alors d’autre choix que de tuer sa bien-aimée pour maîtriser cette créature divine.
Anéanti par son échec sur Terre, il décida alors de retourner aux Cieux, abandonnant derrière lui les symboles qui renfermaient les pouvoirs des quatre divinités censées l'aider dans sa tâche. Cependant, il laissa au peuple une prophétie : il prédit qu'un jour, les Cieux enverraient un véritable roi, le Roi de Jooshin, qui réunifiera tous les royaumes. La nuit de sa naissance, l'étoile de Jooshin brillera dans le ciel. Et les quatre symboles des divinités s'éveilleront et chercheront leur gardien.
2000 ans plus tard, une nuit, l’étoile de Jooshin apparut dans le ciel… Et la légende reprit vie dans la mémoire du peuple. C'est de son accomplissement dont nous allons être les témoins.
Le premier aspect marquant dans The Legend est son ambiance. La série parvient parfaitement à recréer une atmosphère épique, où se mêlent destinés humaine et divine, ambitions et loyautés, trahisons et manipulations. Mise à part quelques petits épisodes de transition au milieu, son rythme reste dynamique et sans temps mort. Les situations ne demeurent jamais figées, se renversant régulièrement complètement en un épisode. En raison de la densité de l'histoire (où de multiples évènements s'enchaînent), les scénaristes doivent éviter toute baisse de rythme dans la narration. Cela les oblige ainsi à ne jamais laisser s'éterniser une situation. Par conséquent, la réalité des distances entre les lieux a parfois tendance à disparaître, sacrifiée au nom du récit. Mais ces petites approximations scénaristiques, tout comme l'omniscience apparente un peu agaçante de certains personnages, ne viennent pas enrayer le souffle épique qui règne sur cette série. Sans être aveugle à ces facilités de conception, le téléspectateur se laisse transporter, grisé, dans l'histoire.
Certes, mon enthousiasme ne m'empêche pas d'être réaliste. Je suppose que ce n'est pas une série destinée à être mise entre toutes les mains. Mais si vous êtes en quête de dépaysement, n'hésitez pas à tenter l'aventure. Sinon, les amateurs de science-fantasy et de dramas historiques devraient y trouver leur compte avec beaucoup de plaisir !
NOTE : 8,5/10
Un clip de la chanson qui clôture chaque épisode, avec des images des premiers épisodes de la série :
19:59 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : the legend, k-drama, lee ji-ah, bae yong joon | Facebook |
14/11/2009
(US) V, le remake : I'm disappointed. Always.
Mes difficultés pour me fidéliser aux nouvelles séries de la rentrée ont encore frappé. Après seulement deux épisodes, je suis déjà à deux doigts d'abandonner en route la découverte d'une des nouveautés américaines les plus attendues, V. Le premier visionnage du pilote m'avait laissé une impression très mitigée. Hier soir, son revisionnage (avec un ami retardataire) a encore plus mis en exergue ses faiblesses. Puis, l'enchaînement avec le deuxième épisode, plus lent, et surtout tellement creux, une fois l'exposition de la situation achevée, a presque anéanti toute ma motivation.
Non exempt de défauts, le pilote avait finalement une seule qualité majeure : la force liée à l'introduction d'une situation exceptionnelle et au défilé des personnages, le tout au pas de charge, ce qui permettait de conférer un souffle artificiel à l'ensemble, porté par la nostalgie du téléspectateur qui a gardé dans un coin de son coeur le souvenir de la série originale. Seulement, une fois la présentation achevée, lorsqu'il a fallu rentrer véritablement dans l'histoire en amorçant l'évolution de storylines, le soufflet est aussitôt retombé. Ne sont restés que les défauts, inchangés et si criants. Lors du deuxième épisode, j'ai eu l'impression, à la fin, d'avoir passé les quarante minutes à attendre que cela commence... C'était long et, surtout, tellement creux. La seule chose que cela a éveillé en moi, c'est une interrogation naïve. Quand est-ce que les scénaristes des grands networks ont décidé qu'ils s'adressaient à un public d'abrutis, incapables de la moindre réflexion, ni de retenir des éléments du scénario d'une semaine à l'autre ? Le rappel par flashback de scène de l'épisode précédent, le zoom si suggestif de la caméra sur le visage de certains personnages pour souligner de pseudo-doutes ou une relation naissante, la musique qui s'emballe en échouant tristement à créer une pseudo ambiance paranoïaque, le téléspectateur est mis sous tutelle... De la caractérisation des personnages à l'écritude des dialogues, tout est tellement stéréotypé que l'on pourrait probablement réciter certains échanges avant même que la scène ait lieu. La subtilité semble être une notion bannie de la conception de la série, où chaque personnage est un cliché ambulant.
Cela donne l'impression de visionner une fiction créée à partir d'un cahier des charges calculé par un ordinateur. Cet outil informatique génère les dialogues et les situations, en utilisant la statistique pour répondre à la question : quelle réaction, quel protagoniste, quelle situation est-il le plus commun d'attendre dans ce type de fiction ? En découle une production très huilée, mais sans âme. A la manière des blockbusters cinématographiques américains, tous les poncifs du genre s'accumulent en une écriture cliché. Alors, quelque part au milieu de cette vaste caricature, dès lors que la série baisse son rythme pour essayer de dérouler ses storylines, le friable équilibre que le pilote créait s'écroule. Seul reste ces défauts de conception et un ennui profond...
Cette perplexité semble être partagée par des acteurs assez peu rentrés dans leur sujet. Le couple leader de la future résistance, Elizabeth Mitchell (Lost) et Joel Gretsch (Les 4400) a bien du mal à se montrer crédible. Elizabeth Mitchell en particulier, notamment dans les scènes avec son fils, stéréotype de l'adolescent en pleine rébellion. Parmi les rares points positifs, figure Morena Baccarin (Firefly), si détachée et figée, toujours armée de ce léger sourire en coin que l'on finit par trouver inquiétant. Et le seul à avoir réussi à me tirer de ma léthargie lors du deuxième épisode, c'est Chad Dekker, le journaliste. Mais je pense que c'est aussi dû au fait que j'apprécie beaucoup Scott Wolf depuis Everwood.
Bilan : V a une histoire. V représente un pan de la série de science-fiction auquel on s'est forcément attaché, devant lequel j'ai grandi. Et en cela, la téléphage qui est en moi ne peut la renier sans un pincement de coeur, imaginant ce que cela fut, ce que cela aurait pu être... Je ne sais pas si je continuerai ; je doute que la série puisse gommer une partie de ses défauts et redresser la barre, tant certains paraissent inhérent à sa conception-même. Mais, ce que je sais avec certitude, c'est que si la série ne s'appelait pas V, elle aurait déjà attéri dans ma corbeille des séries à oublier sans le moindre remord. Et c'est sans doute cela, la pire des déceptions. L'effet nouveauté et le mythe original peuvent la protéger un temps. Chacun veut lui donner sa chance, mais ma mansuétude a ses limites.
En tout cas, V et moi, si jamais on se retrouve un jour, ce sera dans quelques mois ou années. Pas avant.
Je crois que je vais plutôt acheter le coffret DVD de la mini-série originale.
Cette saison téléphagique est vraiment déprimante. I'm disappointed. Always.
NOTE (moyenne des 2 premiers épisodes) : 3,5/10
11:13 Publié dans (Pilotes US), (Séries américaines) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : v, abc | Facebook |
12/11/2009
(Mini-série UK) Warriors : Yougoslavie, pays de toutes les désillusions
Je vous ai déjà confié tout le bien que je pensais de The Project (Les Années Tony Blair). Cependant, à mes yeux, la fiction la plus forte et la plus aboutie des oeuvres de Peter Kosminsky est une production plus ancienne. Il s'agit de Warriors. Elle fut diffusée en 1999 sur la BBC. En France, ce sera également Arte qui la fera découvrir aux téléspectateurs en 2000.
Warriors occupe une place à part dans mon coeur, car elle a constitué, chez l'américanophile revendiquée et inconsciente que j'étais, le premier déclic d'une ouverture vers les fictions britanniques. Jusqu'à ce visionnage, je les avais surtout regardées de très loin, sans réellement m'intéresser à cette nationalité en tant que telle. Avouons-le, à l'époque, j'étais jeune et pêtrie de certitudes téléphagiques qui, avec le recul, paraissent d'une naïveté très réductrice. En effet, j'avais alors une vision très manichéenne du paysage sériephage qui consistait à visualiser, d'une part un grand bloc dit "anglo-saxon", où se mêlaient indifféremment Australie, Etats-Unis, Angleterre, etc..., et d'autre part un bloc "Europe continentale" (France, Allemagne...), ce dernier ne m'enthousiasmant que très rarement.
En cela, Warriors a conduit à une première prise de conscience (dont les conséquences immédiates furent limitées dans les faits par des raisons toutes matérielles : arriver à avoir accès à ces fictions m'était assez compliqué à ce moment-là). La sobriété, l'acuité d'analyse et le traitement brut des thématiques fortes de cette fiction font l'effet d'un électrochoc à tout téléspectateur qui s'y plonge. Mais ils m'ont de plus prouvé que, oui, il existait une production britannique qui avait son identité propre ; et qu'il était faux de la réduire à sa consoeur américaine, sous le prétexte d'une langue commune et d'une base culturelle en apparence similaire.
Warriors nous raconte l'histoire de plusieurs soldats britanniques qui furent envoyés en Bosnie en 1993, au sein du contingent des casques bleus. Nous suivrons les différents protagonistes avant, durant et après le conflit. Confrontés à des évènements, des situations et des sentiments auxquels ils n'avaient jamais été préparés. "Avant", c'est le temps de l'insouciance et d'une réflexion abstraite sur cette guerre lointaine. Puis, le "pendant" met en scène le temps des doutes et des tragédies. Les doutes sur une mission à la portée restreinte et à l'inutilité prouvée chaque jour sur le terrain. Des tragédies, drames auxquels les soldats doivent assister avec pour ordre de ne pas intervenir. Une incapacité d'ingérence qui les immobilise et les blesse plus sûrement encore que les exactions dont ils sont témoins. Cruel rôle qu'on leur a assigné, celui de faire acte de présence, de servir d'une possible zone tampon. Or, les voilà cantonnés dans une attitude passive qui confine à l'impuissance pendant que des massacres ont lieu. La caméra opte pour une retranscription sobre, ne se complaîsant pas dans les horreur. Elle suggère plus qu'elle ne met en scène, sans que le récit de ces drames ne perde la moindre force. Il y aura bien des désobéissances de la part des soldats. Des tentatives individuelles à la marge pour sauver ce qui peut l'être, ou du moins pourrait l'être, si leurs ordres avaient été plus larges, s'ils avaient envisagé la réalité. Ces initiatives personnelles se solderont avec plus ou moins de réussites. Quelque chose mourra en eux là-bas ; qu'ils ne pourront ensuite guérir. Car, une des forces de Warriors, c'est de traiter non seulement les évènements, mais aussi leurs conséquences, c'est-à-dire les effets sur le plus long terme. En effet, la dernière partie de la mini-série évoque leur retour en Angleterre. Il y a l'impossibilité d'oublier, de laisser ces images d'horreur derrière eux. A travers le quotidien, désormais dépourvu de toute innocence, de ces soldats rentrés au pays, est exposé tout le traumatisme subi par ces jeunes gens qui sont incapables d'occulter ce qu'il s'est produit. La Yougoslavie les poursuit, les hante constamment et achève de les briser, comme le souligne la scène finale.
En utilisant l'outil de la fiction, pour toucher un plus large public qu'avec un simple documentaire, Peter Kosminsky réalise une dénonciation brutale, dotée d'une force qui ne peut laisser indifférent, des évènements qui se sont déroulés en Yougoslavie. Il expose toute l'impuissance des casques bleus confrontés à l'horreur du nettoyage ethnique, soulignant les conséquences dramatiques tant sur les victimes civiles qu'ils n'auraient pu empêcher, que sur ces jeunes soldats projetés dans une guerre qui n'est pas la leur et à laquelle ils ne peuvent prendre part. La Yougoslavie a démontré, jusqu'à l'absurde et au tragique, toute l'inutilité de l'idée d'envoyer des casques bleus, mains liées, sur une zone de conflit. Elle a aussi mis en exergue toutes les limites du droit international. Après avoir été paralysées 40 ans par la guerre froide, les Nations Unies recouvraient une capacité d'action. Or, c'est dans le bourbier Yougoslave qu'ils iront s'enliser, découvrant tous les obstacles à la mise en oeuvre de cette idée utopique de pacification. La Yougoslavie servit, ou aurait dû servir, de prise de conscience à la communauté internationale. Warriors est en cela un puissant plaidoyer.
Par ailleurs, l'oeuvre est portée par un casting très solide de jeunes acteurs en devenir, qui nous habitueront rapidement, au cours des années suivantes, à leur présence dans le petit écran, parmi lesquels notamment Matthew Macfadyen (Spooks, Little Dorritt), Damian Lewis (Band of Brothers, Life), Ioan Gruffudd (Hornblower) et Tom Ward (Silent Witness).
Bilan : On ne ressort pas indemne de Warriors. Plus en état de choc qu'en pleurs, d'ailleurs. A aucun moment Peter Kosminsky n'essaye de jouer sur le larmoyant de cette tragédie qu'il nous raconte. Ce n'est pas l'objet du récit. Aucun excès d'interventionnismes scénaristiques pour romancer l'ensemble. Le savoir-faire du documentariste qu'était Peter Kosminsky avant qu'il ne se tourne vers les fictions transparaît pleinement dans le traitement de l'histoire. Nous sommes face à un témoignage brut, dont la détresse et le caractère poignant sont une partie intégrante de l'histoire. La sobriété avec laquelle tout cela est exposé contribue à asseoir la force et la portée de la narration.
Warriors est un réquisitoire implacable, une dénonciation forte des conditions de l'intervention des casques bleus en Yougoslavie et des évènements qui eurent lieu sous leurs yeux. On a beaucoup écrit sur le sujet, sur les limites de ces conventions internationales, sur cette "force de frappe" qui ne pouvait pas frapper. Mais le temps d'un récit fictif, Warriors apporte une pierre de plus à ces critiques, une pierre magistrale. Car si c'est une fiction, son impact est aussi fort, si ce n'est plus fort, qu'un documentaire.
NOTE : 9,5/10
17:44 Publié dans (Mini-séries UK) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : warriors, matthew macfadyen, ioan gruffudd, damian lewis, peter kosminsky | Facebook |