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30/06/2010

Mercredi asiatique... without words.

En ce dernier mercredi asiatique de juin, j'avais initialement prévu d'écrire quelques mots sur le pilote de Comrades, un des dramas de l'été marquant l'anniversaire des 60 ans du début de la guerre de Corée. Ou, sinon, si la chaleur m'avait fait trouver refuge auprès d'une fiction plus rafraîchissante, j'aurais aussi pu vous parler de l'attachante et simple mini-série de MBC, Running Gu. Un peu de sport, des émotions brutes et une durée de seulement 4 épisodes.

Mais, aujourd'hui, il va falloir me pardonner, je n'ai pas le coeur à parler séries.


En début de semaine, Ladyteruki (du blog Ladytelephagy) avait publié un dossier très intéressant sur la télévision sud-coréenne, disponible sur le site SeriesLive : Annyong haseyo : la télévision coréenne pour les nuls. Je vous invite fortement à le découvrir. C'est l'occasion ou jamais d'être curieux. Ceux qui apprécient les kdramas liront cet article avec beaucoup d'intérêt et apprendront sans aucun doute des choses sur le contexte de diffusion de ces séries. Tandis que pour les téléphages sans attache particulière avec l'Asie, c'est une opportunité de se cultiver, et pourquoi pas, d'entre-ouvrir la porte de cet univers téléphagique encore inexploré. Ladyteruki y aborde tous les sujets : des statuts des chaînes jusqu'au public visé par ces dramas que l'on aime tant. Elle évoque aussi les carrières, souvent brèves, des visages du monde de l'entertainment, s'arrêtant sur la facette plus sombre de cette industrie. Ladyteruki y mentionnait notamment l'actrice Ja Yun Jang, illustration de ce taux de suicide très élevé parmi les acteurs coréens. Cette évocation a malheureusement trouvé un écho particulier dans les informations de ce matin.


Il y a des acteurs(-rices) auxquel(le)s on s'attache plus que d'autres. Des noms dont on va suivre la filmographie avec attention. Il peut y avoir mille et une raisons à cela. Qu'on apprécie particulièrement leur jeu, qu'on soit tombé sous le charme d'une de leurs interprétations, ou bien encore qu'ils aient incarné un des personnages principaux dans une de nos séries favorites... Tout téléphage a des acteurs qui vont retenir, plus que les autres, son attention. Ceux que l'on appellera parfois, dans un excès de sentimentalisme, nos "acteurs préférés", pour lesquels on surveillera les projets, au sujet desquels on glanera les dernières informations...


Apprendre leur décès vous touche.

Souvent plus que ce que vous auriez pu penser.

Surtout quand l'acteur en question n'avait que 32 ans et encore toute une vie devant lui.


Alors, ce matin, après avoir lu la nouvelle tombée dans la nuit, je n'ai pas envie de parler drama.

Je ne sais d'ailleurs quoi écrire.

Juste saluer sa mémoire.

Et, éventuellement, vous inviter à découvrir ses deux derniers dramas, à l'occasion desquels je vous avais déjà confié combien j'appréciais cet acteur.
Story of a Man (The slingshot) fut sans doute un des meilleurs, si ce n'est le meilleur drama, de la saison 2009 en Corée du Sud. Un passionnant thriller admirablement bien construit scénaristiquement et bénéficiant d'une galerie de personnages très solides. Ma critique :
Story of a man, un face-à-face très prenant.
On Air pourra parfaire votre culture, un complément opportun avec l'article de Ladyteruki, en vous immergeant dans les coulisses de la conception d'une série télévisée. Ma critique : On air, le making-of d'une série télévisée.

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En somme, seulement trois mots pour résumer le billet de ce dernier mercredi asiatique de juin :

Rest in peace.

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Pour un mercredi asiatique "normal" sur ce blog, il faudra attendre la semaine prochaine... quand j'aurais séché mes larmes.

20/12/2009

(K-Drama) On Air : le making-of d'une série télévisée

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De nouveau un drama coréen pour le rendez-vous dominical asiatique ! Cependant, sachez que, suite à un intense lobbying de la part de ma soeur, un drama japonais est venu s'ajouter à ma pile des séries à voir au cours des fêtes de fin d'année. Par conséquent, il est possible qu'au cours des prochaines semaines, le monopole sud-coréen s'effrite pour laisser la place à (au moins) une série du pays du Soleil Levant... Il faut dire que cela fait plusieurs mois que je n'en ai plus regardée !

Mais, pour aujourd'hui, nous allons rester en terrain connu. Il faut dire que je vous parle séries sud-coréennes depuis quelques semaines ; mais voilà, nous n'avons pas encore répondu à une question existentielle majeure : comment fait-on lesdites séries ? C'est l'objectif que s'est fixé On Air, un drama composé de 21 épisodes, diffusé au printemps 2008 sur la chaîne SBS. Il entreprend de nous plonger dans les coulisses de la conception d'une série télévisée : du projet initial jusqu'à sa diffusion. Pour être honnête (tant pis pour ma crédibilité), je vous avoue être arrivée devant ce drama, non pas en étudiant son synopsis, mais, dans la foulée de Story of a Man (dont je vous ai parlé dimanche dernier), en épluchant la filmographie de Park Hong Ya. Procédé que je trouve profondément inquiétant : si je commence à choisir mes fictions asiatiques en prenant en considération les acteurs (enfin, pas n'importe lesquels non plus), c'est que mon degré de dépendance a largement dépassé le stade auquel il s'était jusqu'à présent cantonné ! Dois-je commencer à m'en inquiéter ?

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L'intérêt majeur de On Air réside dans cette immersion proposée dans les coulisses de l'industrie télévisée coréenne. On y retrouve certes des thématiques quasi-universelles, entre coups tordus, concurrences exacerbées et autre difficile gestion d'égos des stars. Mais, directement inspiré de faits plus ou moins réels, ce drama offre une version édulcorée et romancée de l'envers du décor. Mêlant vérité et fiction, pour peu que vous soyez un brin familier avec le monde de l'entertainment sud-coréen, vous retrouverez mille et une références à des évènements passés, à des réputations d'acteurs et à d'autres sujets récurrents dans cette industrie. Si je dois avouer ma relative ignorance de profane en la matière, j'ai lu plusieurs articles très instructifs sur le sujet, en parcourant les critiques sur ce drama. Ainsi, l'actrice star, toujours prompte à faire sa diva, dont l'attitude est un tel cauchemar pour ceux avec qui elle travaille que la presse la désigne sous le nom de "National Devil", est un personnage créé sur la base de la réputation comparable dont jouit l'actrice Kim Hee Sun. Autre exemple, plus général : est aussi évoquée la question de la palette de compétence des acteurs, récurrente en Corée, c'est-à-dire le difficile passage de l'image de beauté faisant la joie de grandes marques dans des publicités en tout genre, à une crédibilité assise en tant qu'acteur au sein d'un drama (référence à une critique classique, "très belle, mais aucune qualité d'actrice"). La série offre ainsi un miroir intéressant à qui apprécie les dramas de cette nationalité. (Pour plus de renseignements sur tous ces parallèles, je vous conseille notamment de lire cet article très instructif : 'On Air' draws comparisons with reality).

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Outre ces thématiques directement inspirés de la réalité, c'est également tout le processus de création d'une telle fiction qui est exposé. Évidemment enrichie d'un soupçon de comédie romantique et d'une bonne dose de dramatisation, la série prend le temps d'exposer les différentes étapes qui conduiront un drama jusqu'à notre petit écran : la production, l'écriture, le casting, la gestion de la logistique du tournage et la direction des acteurs, jusqu'à l'attente angoissée des chiffres d'audience fluctuants, tout y est. Ayant choisi quatre protagonistes principaux aux fonctions très différentes, mais à la collaboration nécessaire, elle permet de s'intéresser à tous les aspects possibles : nous retrouvons, en effet, la star adulée autant que décriée, Oh Seung Ah, dont les intérêts sont défendus avec ferveur par son nouvel agent protecteur, Jang Ki Joon. La conception de l'histoire est confiée à Seo Young Eun, scénariste à succès au fort caractère, qui reçoit la commande du drama ; et enfin, le directeur, Lee Kyung Min, se retrouve, pour la première fois, aux commandes de la réalisation d'une telle série. Ces quatre perspectives de personnages aux tempéraments très divers nous offre l'opportunité d'étudier toutes les dynamiques, de l'opposition au travail d'équipe, qui peuvent exister au sein d'un tel projet. C'est surtout l'occasion de voir s'exprimer au grand jour les divergences manifestes d'intérêts, entre enjeux d'audience, rentabilité financière ou sauvegarde de réputation. Les scénaristes se sont d'ailleurs amusés à placer mille et un obstacles sur la route de cette équipe qui doit surmonter un véritable parcours du combattant ; et le téléspectateur suit avec attention ce processus chaotique, à multiples rebondissements, soupoudré d'une touche d'autodérision.

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Pour autant, aussi intéressante que soit cette immersion dans les coulisses d'une série, On Air souffre d'un certain manque de rythme qui plombe quelque peu certains épisodes, avec une tendance à trop s'étirer en longueur. Sur le ton de la comédie romantique plutôt légère, les relations entre les quatre personnages principaux fluctuent, les liens se consolidant ou se distendant très rapidement, si bien que l'on tourne assez vite en rond, réutilisant à plusieurs reprises les mêmes dynamiques. De plus, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce drama, devant attendre d'avoir passé 3-4 épisodes. Ce problème avait une origine plus formelle : le sur-jeu un brin excessif et fatiguant des acteurs, surtout dans les premiers épisodes, où cela crie et explose beaucoup (le tout avec des dialogues très rapides, ce qui ne facilite pas la compréhension des sous-titres qui défilent). Cet aspect est une difficulté récurrente que je rencontre face à certaines productions asiatiques, et pour laquelle mon seuil de tolérance reste toujours très bas, en dépit de l'expérience que j'acquière en la matière. Cependant, par la suite, le ton se calme un peu, comme les acteurs, ce qui permet d'apprécier mieux l'histoire. Il ne faut donc pas se laisser intimider par l'introduction en rafale, un peu brouillonne, du début. Le drama se bonifie et se consolide par la suite !

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En effet, une fois la série installée, les fortes individualités des personnages mis en scène pimentent de façon assez plaisante leur vie, professionnelle comme personnelle. J'ai beaucoup apprécié l'association, initialement si opposée, entre l'actrice et son agent. Oh Seung Ag est incarnée par une Kim Ha Neul superbement hautaine, dont l'insensibilité apparente est surtout une carapace protectrice et dont l'ambivalence et les craintes se révèlent peu à peu. Tandis que Lee Bum Soo joue parfaitement un personnage impliqué, un brin paternaliste, dont les valeurs très différentes provoquent des clashs constants avec son actrice. La série va progressivement évoluer vers une compréhension réciproque de ces deux personnes a priori si étrangères l'une de l'autre. Dans l'autre équipe de travail, Park Yong Ha (Story of Man) est très crédible dans son rôle de producteur, très terre-à-terre et quelque peu idéaliste. Et, finalement, la seule avec laquelle j'ai eu beaucoup de difficulté est Song Yoon Ah, dont le constant sur-jeu et les mimiques, même si elles peuvent prêter à sourire, étaient parfois difficilement supportables. Si bien que, je ne sais pas si le problème venait du personnage ou de l'actrice, mais j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher à elle, étant plus souvent un brin agacée.

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Bilan : On Air est un drama assez plaisant à suivre, demeurant constamment intéressant même s'il ne passionne pas. Son atout majeur réside dans cette introduction au sein des coulisses de la conception d'une série, tout autant que dans celles de l'industrie d'entertainment sud-coréenne ; sujet qui, a priori, attire l'attention du téléphage curieux qui est en nous. En dépit d'un rythme fluctuant, l'ensemble demeure agréable à suivre, en offrant également une comédie romantique amusante, qui évite l'écueil d'un réel romantisme affiché en se concentrant plutôt sur des relations qui se nouent ou se distendent, au fil des collaborations professionnelles.

Si bien que sans être une série indispensable, On Air offre un divertissement honnête, que l'on découvre avec curiosité et sans déplaisir.


NOTE : 6/10


Une brève bande-annonce (avec en fond sonore, la chanson récurrente de la série) :


13/12/2009

(K-Drama) Story of a Man / A Man's Story / The Slingshot : un face-à-face prenant


Le rendez-vous dominical asiatique de ce blog : je poursuis d'ailleurs mes explorations sud-coréennes, grâce aux programmes allégés de cette période pour les séries des autres nationalités. Cette semaine, j'ai ainsi commencé deux nouveaux dramas, tout en finissant celui dont je vais vous parler aujourd'hui, entamé il y a une quinzaine de jours.

Essayant d'avoir l'esprit ouvert et d'être organisée, je m'efforce d'alterner les différents genres pour tenter d'acquérir une (très partielle) vision d'ensemble des productions sud-coréennes. Par conséquent, après la comédie romantique et l'historique, je reviens aux fictions contemporaines à suspense avec Story of a Man (aka A Man's Story ou The Slingshot).

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Story of a man est une série diffusée sur KBS2, au cours du printemps 2009. Si elle a retenu mon attention, c'est tout autant pour l'intérêt suscité par la lecture de son synopsis, qu'en raison des bonnes critiques lues sur internet. Composé de 20 épisodes, ce drama, initialement basé sur un concept classique de vengeance, se détache des limites figées de ce genre pour acquérir progressivement une dimension supplémentaire, plus ambitieuse et très prenante.

La série s'ouvre sur le récit des évènements qui vont provoquer cette vendetta. A l'époque, Kim Shin est un jeune homme immature, vaguement irresponsable, incapable de garder un job sur le long terme et qui profite de la vie, aux crochets de son frère aîné. Ce dernier a repris et agrandi l'entreprise familiale, spécialisée dans l'alimentaire. Il s'agit d'une société solide, bien implantée sur ce marché. Or, un jour, sous le prétexte de faire un reportage sur l'industrie, un journaliste monte un sujet diffamatoire, dans lequel il les accuse d'utiliser des produits impropres à la consommation dans leurs recettes. Si une analyse des services d'hygiène les exonèrera quelques semaines après, le mal irréparable est fait. Leurs fournisseurs renvoient leurs produits, plus personne ne les achète, tandis que les banques réclament un remboursement immédiat. Contraint d'emprunter à des organismes peu scrupuleux, acculé de toute part, le frère finit par se suicider, laissant femme et enfants, criblés de dettes. Emporté par sa rage, Kim Shin se rend à la station de télévision, où il menace le journaliste, à ses yeux coupable, avec une arbalette. Condamné à trois ans de prison pour cette "tentative de meurtre", il reçoit, peu après son incarcération, la visite d'une jeune femme, Chae Eun Soo, venue s'excuser au nom de sa famille pour le tort causé à Kim Shin et aux siens. Eun Soo, bonté incarnée, a en effet pris l'habitude au fil des ans d'essayer de réparer les dégâts causés par la puissante entreprise familiale, Chae Dong Construction, qui a en réalité tout orchestré, à l'origine des évènements. Par la suite, la visite méprisante et glaçante du frère d'Eun Soo, Do Woo, achève de fortifier les projets de Kim Shin : il fera tomber Chae Dong Construction, pour venger la mort de son frère. Et ce, même si à l'époque, il n'a pas vraiment conscience de la difficulté de la tâche qu'il vient de s'assigner. Il mettra à profit ses trois années derrière les barreaux pour se faire des relations, au sein du grand banditisme, mais aussi avec un compagnon de cellule, surdoué des marchés boursiers, "Mazinger Hunter", dont l'aide lui sera précieuse par la suite. A sa sortie de prison, commence alors la réalisation de son objectif.

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Cependant, Story of a Man, ce n'est pas seulement un récit de vengeance. A ce fil rouge, viennent se greffer de multiples histoires humaines qui se mêlent les unes  aux autres, enrichissant d'autant la narration et sa portée. L'opposition véritable ne commence d'ailleurs réellement qu'à la mi-saison, après une douloureuse, mais nécessaire, phase d'apprentissage, où Kim Shin et l'équipe qu'il a regroupée autour de lui doivent tout d'abord reconnaître qu'ils ne jouent pas dans la même catégorie que Chae Do Woo, à qui ils n'ont rien à apprendre en terme de machiavélisme et de manipulation. Ainsi, nous assistons progressivement à une lente maturation du "héros", qui tire les leçons de ses échecs et prend la mesure de son ennemi intime. A la naïveté, teintée d'amateurisme, des plans initiaux, succèdent des projets plus ciblés et plus assurés. Cependant, les scénaristes n'isolent pas leurs personnages dans leur guerre, choisissant astucieusement de faire évoluer le "lieu de la bataille" : initialement partie sur le terrain des petites escroqueries et de la spéculation boursière, la série nous conduit jusqu'au projet de construction de complexes immobiliers, dans lesquels se trouve le rêve d'une nouvelle ville de Chae Do Woo. Les armes changent. De nouveaux drames humains viennent se greffer à l'intrigue. Mais il y a également des victimes collatérales dans cet affrontement. Les enjeux se troublent donc peu à peu.

Story of a Man nous raconte donc le développement, et le progressif renversement, des rapports de forces entre les deux personnages principaux. Si, initialement, la haine de Kim Shin est unilatérale, Chae Do Woo le considérant tout au plus comme une vague nuisance pathétique, un changement s'opère peu à peu. La série atteint une intensité supérieure lorsqu'elle entre dans cette phrase d'opposition réelle, où chacun a reconnu en l'autre son ennemi personnel. Ce choc est bien décrit et happe vraiment le téléspectateur. La prise d'assurance de Kim Shin offre finalement à Chae Do Woo un adversaire (presque) de son envergure ; et au bout du compte, c'est ce fameux aspect humain trop négligé, c'est-à-dire les sentiments, qui va jouer un rôle déterminant de déstabilisation.

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Outre l'efficacité de ses intrigues, la richesse des personnages constitue un des atouts majeurs de la série. Leur caractérisation fouillée, se nourrissant d'ambivalences, confère au récit une dimension supplémentaire. L'ensemble est bien servi par un casting très solide, où les acteurs, restant sobres tout en jouant dans des registres très différents, permettent de souligner les spécificités de chacun des personnages.
Dans l'affrontement principal dont Story of a Man raconte l'histoire, les deux acteurs exploitent parfaitement leur opposition de styles. J'ai été impressionnée par la prestation de Kim Kang Woo (Bicheonmu) qui incarne de façon fascinante, et pleine de complexité, Chae Do Woo, l'adversaire du héros. Il parvient à dégager un détachement tel avec l'extérieur, accompagné d'une maîtrise de soi de tous les instants, qu'il en est glaçant, tout autant qu'étrangement magnétique. Au fur et à mesure que la vendetta, dont il est la cible, le déstabilise, de nouveaux aspects de sa personnalité, plus ambivalents, se révèlent, ajoutant au mystère que constitue ce personnage. Son opposant, Kim Shin (Park Yong Ha), joue quant à lui dans un registre plus feutré ; une sorte d'anti-héros que les circonstances vont pousser à mûrir et à prendre, enfin, les responsabilités qu'il avait toujours fuies. Park Yong Ha (Winter Sonata, On air) est convaincant (et craquant) dans ce registre du personnage tour à tour naïf, impulsif, mais toujours attaché à ses principes, qui va apprendre et acquérir la stature nécessaire pour affronter Chae Do Woo. L'opposition est d'autant plus exacerbée que ces deux protagonistes principaux constituent vraiment l'antithèse l'un de l'autre, dans leurs rapports aux autres comme dans leur conception de la vie.

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Du côté des deux rôles féminins majeurs, il y a une forme de passage de relais qui semble s'opérer à mi-saison. Nous avions commencé la série avec en lumière Seo Kyung Ah, belle femme au fort caractère, dont les ambitions d'ascension sociale étaient déjà clairement affichées. Alors qu'elle se mue progressivement en femme fatale, son association avec Chae Do Woo va peu à peu affaiblir le personnage, tout en lui permettant de toucher au but qu'elle s'était fixée. Elle était celle qui prenait, sans s'embarrasser des autres, elle finit par se retrouver dans la peau de la demanderesse, qui dépend de son riche amant, non plus financièrement, mais sentimentalement. Sa consécration apparente scelle aussi la fin de ses illusions ; ainsi qu'une re-évaluation de ses priorités. Tandis que, parallèlement, la douce Chae Eun Soo, la soeur de Do Woo, initialement infantilisée par un entourage qui l'instrumentalise, va elle suivre le chemin de l'émancipation de cette tutelle, pour découvrir de nouveaux horizons. Presque symboliquement, l'une perd sa liberté, au moment où l'autre l'acquière. Même si j'ai eu un peu de mal à me faire à Han Yeo Woon (Chae Eun Soo), elles vont se révéler, avec Park Si Yeon (My Girl), toutes les deux efficaces dans leur rôle.
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Une galerie de personnages plus secondaires, mais tout aussi nécessaires à l'équilibre de la série, complète ce casting. Kim Shin se découvre en effet des alliés de poids dans sa bataille contre Chae Do Woo, qui ne manque, au demeurant, pas d'ennemis. Du touchant Park Ki Woong, qui incarne Ahn Kyung Tae (aka Mazinger Hunter), un jeune surdoué des milieux boursiers souffrant d'une certaine forme d'autisme, jusqu'au déterminé et toujours très posé Do Jae Myung (Lee Philip, qui s'amuse à alterner entre anglais et coréen), un avocat élevé aux Etats-Unis, en passant par l'ancien escroc rangé, mais toujours pragmatique, Park Moon Ho (joué par Lee Moon Shik), les scénaristes prennent vraiment le temps de s'investir dans chacun d'eux. Leur personnalité s'affine, évolue au fil des épisode.
De façon générale, Story of a Man soigne particulièrement la construction des relations entre ses personnages, les approfondissant et les nuançant, ce qui apporte une dimension très humaine à la série, et qui, somme toute, lui confère une âme. Ce n'est pas un simple drama à suspense, qui miserait tout sur son intrigue principale, en négligeant de compléter cet univers. Ici, les liens d'amitié, d'amour ou de haine, qui unissent et désunissent les différents protagonistes, sont toujours intenses, mais sans excès. Ils ne sont pas non plus figés ; cela donne une vraie vitalité à l'ensemble.
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Bilan : Se déroulant dans une ambiance sombre, plutôt pessimiste, Story of a man est une série prenante et intelligente, qui exploite parfaitement les codes de son concept initial de vengeance, tout en étant en mesure d'atteindre une dimension supplémentaire, grâce à la richesse de ses personnages et aux ambiguïtés sur lesquelles joue son écriture. Une fois les deux-trois premiers épisodes de mise en place passés, il est difficile de décrocher d'un drama qui devient de plus en plus addictive, au fur et à mesure que les intrigues se complexifient et que les sentiments viennent se mêler à ces règlements de compte personnels.
Si bien que non seulement j'ai trouvé cette série bien écrite et efficace, mais je l'ai aussi beaucoup aimée, l'histoire comme le casting, ayant passé un très bon moment devant mon petit écran. Je conseille donc fortement cette découverte.


NOTE : 8,5/10

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Quelques images avec, en fond sonore, la chanson de clôture des épisodes :