Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/07/2010

(Pilote UK) Identity : l'identité, au coeur du crime

identityh.jpg

Identity confirme une  tendance initiée au cours du printemps : les acteurs britanniques de The Wire (Sur Ecoute) sont rentrés au bercail et investissent désormais les dernières nouveautés policières d'outre-Manche. De quoi nourrir cette fascination anglaise pour la série de HBO, laquelle s'impose en référence récurrente en Angleterre. Après Idris Elba, dans Luther sur BBC1 au printemps, c'est Aidan Gillen qui débarquait donc, ce lundi soir, sur ITV, dans Identity. Et comme la chaîne avait décidément voulu bien faire les choses question casting, elle s'est en  plus assurée les services de Keeley Hawes, encore fraîchement auréolée du final de Ashes to Ashes.

Je résume donc : Aidan Gillen et Keeley Hawes à l'affiche, pour mener quelques enquêtes au cours de l'été. Vous qui commencez à me connaître un tant soit peu, avec la seule présence de ce duo phare, vous devinez pourquoi il aurait été inconcevable que je ne regarde pas Identity, peu importe que les cop-shows soient un genre que j'ai un peu déserté au cours des dernières années.

identityd.jpg

Pure série policière respectant avec une application quasi-scolaire tous les canons du genre, Identity s'est cependant efforcée en amont de trouver un angle d'attaque particulier pour ses enquêtes. C'est ainsi qu'elle a choisi de mettre en scène une unité très particulière au sein de la police, celle qui s'est spécialisée dans les crimes liés à l'identité. Dans une société moderne où règne la dématérialisation complète des informations, par le biais des nouvelles technologies, les détournements, voire les vols d'identité, sont des infractions en forte hausse.

Pour répondre à la spécificité d'un domaine pointu et très particulier, la police a créé une équipe spécialisée, chargée de lutter contre l'inflation de ces atteintes et placée sous le commandement de la DSI Martha Lawson. A ses côtés, elle a rassemblé une équipe hétéroclite de policiers aux compétences et aux modes de fonctionnement aussi différents que complémentaires, parmi lesquels figure le DI John Bloom. Après 15 ans d'infiltration dans les milieux de trafics internationaux en tout genre, notamment de drogue, le revoilà dans sa première affectation "normale", suivant directement cette longue mission très éprouvante qui a logiquement marqué l'homme.

A partir de ces ingrédients relativement classiques, la série va rapidement trouver ses marques pour s'inscrire dans le registre du cop-show le plus traditionnel qui soit.

identitya.jpg

L'enquête de l'épisode, sans surprendre, se révèle plutôt prenante et surtout très dense, n'hésitant pas à multiplier les pistes, complexifiant d'autant l'affaire. Elle permet également au téléspectateur de se familiariser avec cette thématique particulière du détournement d'identité, à travers la descente aux enfers d'un homme qui semble être la cible d'un de ces voleurs d'un nouveau genre.

En effet, de l'utilisation de son nom pour le faire crouler sous les dettes jusqu'à des achats malencontreux provoquant des tensions au sein de son couple, depuis plusieurs mois, la vie de Justin Curtis est perturbée par une intervention extérieure malveillante qui l'a plongé dans une paranoïa désespérée. Jusqu'à présent, ses appels à l'aide ont été ignorés : de nos jours, la supposée fiabilité de toutes les données informatiques stockées l'emporte sur la versatilité du témoignage humain. Mais lorsque Curtis est accusé d'avoir renversé une jeune femme, avec une voiture louée à son nom, les choses dégénèrent. Ancien soldat, il accueille les policiers à l'arme à feu tout en clamant son innocence. Une fois l'individu arrêté, Martha est interpelée par sa version de l'histoire. Son équipe va alors devoir démêler le vrai du faux dans les allégations de l'accusé, et essayer de remonter une piste aussi trouble qu'insaisissable.

identityb.jpg

Il faut reconnaître que l'enquête est bien huilée et le tout est efficacement conduit, bénéficiant de l'approche relativement originale d'un crimé lié à l'identité. Le téléspectateur suit ainsi sans déplaisir la progression de l'affaire, l'épisode maintenant son attention sans aucun temps mort, ni baisse de régime. Malheureusement, Identity se heurte rapidement à une limite structurelle, voire conceptuelle. Sa recette conserve un arrière-goût extrêmement familier : le fonctionnement de l'équipe de policiers dans son ensemble, comme le numéro de duettistes proposé par les deux personnages centraux, ne s'écarte jamais des conventions du genre. Si bien qu'elle n'apparaît être au final qu'une énième déclinaison de cop-show classique, sans réelle valeur ajoutée. Le cadre londonien est certes agréable, mais ne permet pas d'impulser une originalité suffisante qui donnerait l'occasion à la série d'imposer sa propre identité à l'écran (sans mauvais jeu de mots).

Cependant, la dernière scène de l'épisode, en plus d'introduire un potentiel fil rouge des plus intrigants, ouvre une voie pour dépasser le stade de la série trop policée que propose ce pilote. John Bloom a passé les 15 dernières années de sa carrière, sous un nom d'emprunt, à prétendre être quelqu'un qu'il n'est pas, infiltré au sein d'une organisation criminelle. S'il a fait tomber le chef trafiquant et s'il a réintégré le service normal, la fin de l'épisode nous montre qu'il n'a pas tourné complètement la page du personnage fictif qu'il jouait. Il renoue ainsi le temps d'une soirée avec ses anciennes connaissances. Dans cette ambiance festive, derrière certains regards échangés, lourds de sens, on devine des histoires pleines de non-dits, qui n'ont pas encore livré tous leurs secrets.

John Bloom n'est pas un simple policier pragmatique et très doué, comme nous l'avait démontré l'enquête du jour. Sa non-rupture avec son passé d'infiltré rejoint finalement la thématique globale de la série : les questionnements identitaires ne seront sans doute pas réservés aux seules enquêtes du jour. Ainsi, ce petit twist final apporte un nouvel éclairage au personnage de Bloom et laisse transparaître une autre voie de développement possible à Identity : celle d'explorer son thème au-delà de son lot quotidien d'affaires, en s'intéressant à la personnalité, que l'on devine complexe, de sa figure centrale. 

identitye.jpg

Sur la forme, Identity est, à l'image de son contenu, parfaitement calibré. Si la réalisation reste d'une prudente neutralité, en revanche, j'ai assez bien apprécié le coloris et les teintes choisies. La photo de l'image est sobre, mais les couleurs, avec certaines accentuations les faisant ressortir, jouent sur une pointe d'ambiance nostalgique auprès du téléspectateur. C'est un aspect que j'ai bien apprécié, même si cela n'est qu'un détail technique assez diffus.

Enfin, côté casting, l'équipe est homogène et convaincante. Comme je l'ai déjà mentionné, la double présence de Keeley Hawes (Spooks, Ashes to Ashes) et d'Aidan Gillen (The Wire/Sur Ecoute) suffit à mon bonheur. A leurs côtés, on retrouve notamment Holly Aird (Monday Monday), Elyes Gabel (Dead Set), Shaun Parkes (Harley Street, Moses Jones), mais aussi Patrick Baladi (Party Animals, Mistresses) en supérieur très méfiant.

identityg.jpg

Bilan : Identity propose un pilote efficace, de facture très classique, sans doute même, "trop" classique. La série apparaît comme une sorte d'énième variante du cop-show traditionnel, avec comme pointe d'originalité, le cadre global entourant ses enquêtes concernant des crimes avec, en leur centre, un enjeu à la sensibilité très moderne, celui de l'identité. Cela se suit sans déplaisir, mais sans réellement s'imposer auprès d'un téléspectateur qui aura peut-être tendance à être d'autant plus conciliant si, comme moi, il apprécie le casting. Cependant, l'entrée en matière est très correcte. Et, surtout, la fin de l'épisode ouvre un fil rouge des plus intrigants sur le personnage de Bloom. Qui sait, peut-être Identity a-t-elle les moyens d'aller au-delà du simple formula show proprement calibré, entrevu dans ce pilote. Dans tous les cas, les amateurs de séries policières devraient sans nul doute y trouver leur compte.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :

12/12/2009

(UK) Party Animals (La jungle du pouvoir) : glamour and politics


A moins que vous n'ayez émigré sur Mars (encore que, cette affirmation elle-même peut être discutable) ou que vous ne vous soyez imposé un embargo de toutes nouvelles en provenance d'outre-Manche, il est difficile d'échapper au buzz (doux euphémisme) orchestré par la BBC, autour de Doctor Who, qui bat son plein en ce mois de décembre... David Tennant est en lice pour le record du nombre de unes de magazines et de participations à toutes les émissions possibles et imaginables en Angleterre, afin de promouvoir sa propre mort. Ou plutôt celle de Ten. Car, le 1er janvier 2010, nous allons ouvrir l'année avec un nouveau docteur. Le Onzième du nom. L'annonce du nom de l'acteur s'apprêtant à l'incarner a été faite il y a près d'un an, suscitant divers débats et interrogations. Matt Smith, semi-inconnu, jeune acteur de 27 ans, manque surtout singulièrement de références, empêchant qu'on puisse déjà se faire une idée sur lui. La question se posait avec une telle acuité qu'il existe même un site consacré à sa réponse : whoismattsmith.com.

partyanimals2.jpg

Pour résoudre le mystère, en téléphage appliquée, une fois la nouvelle connue, je me suis penchée sur sa fiche imdb afin d'étudier la maigre filmographie qui s'y trouve. Un rôle dans un épisode de The Sally Lockhart Mysteries et une apparition furtive dans Secret diary of a call-girl se sont chargés de lui faire rencontrer Billie Piper (rituel préalable obligatoire) ; un autre passage fugace dans The Street ; enfin, un personnage plutôt secondaire dans une mini-série oubliable l'hiver dernier, Moses Jones... Bref, rien qui permette de se former un jugement sur l'acteur lui-même. Dans la liste, seule une série sympathique, diffusée au cours de l'hiver 2007 sur BBC2, retient vraiment l'attention : Party Animals (proposée par une chaîne d'Orange en France, sous le nom La jungle du pouvoir). Elle est composée d'une saison unique, comptant huit épisodes, au cours desquels Matt Smith tient un des rôles clés, au sein d'une solide distribution 3 étoiles. On retrouve en effet à ses côtés, notamment, Andrew Buchan (The Fixer, Garrow's Law), Andrea Riseborough (The Devil's Whore), Patrick Baladi (No heroics, Mistresses, The Office UK), Shelley Conn (Dead Set, Mistresses).

partyanimals1.jpg

Party Animals est une dramédie rythmée, plutôt enjouée, qui nous plonge dans les coulisses du Parlement britannique de Westminster. Ne s'étant pas fixée pour mission de faire oeuvre de pédagogie, elle se concentre principalement sur sa galerie disparate de personnages ; les intrigues politiques constituant plutôt une toile de fond, prétexte à des retournements de situation, mais dont seules les grandes lignes sont esquissées. Dynamique mais souvent désordonnée, la série navigue entre les genres, mettant plusieurs épisodes à trouver son équilibre : entre moments lourds, passages tendant plus vers la comédie et sorte de pseudo-soap clinquant, Party Animals devient peu à peu un divertissement attachant, dont le ton d'ensemble se révèle finalement assez léger. Ainsi, si elle baigne dans la politique, cet aspect s'efface derrière l"importance des rapports entre les différents personnages ; en effet, mêlant, dès le départ, coeur et travail, le relationnel finit par jouer un rôle prépondérant dans la série. C'est pourquoi l'intérêt de Party Animals ne réside pas tant dans son portrait superficiel, voire caricatural, des moeurs politiciennes modernes, que dans l'attachement que le téléspectateur développe pour ces personnages.

partyanimals3.jpg

Souvent stéréotypée dans ses storylines, parfois excessive dans ses mises en scène, la série conserve une distance salutaire avec son sujet, exploitant parfaitement la carte "glamour & politics" qui constitue son concept de départ. L'ambiance reste donc dans l'ensemble frivole, à quelques exceptions près, s'inscrivant dans la lignée des dramédies modernes. Si son cadre lui confère un dynamisme attrayant certain, c'est grâce à ses personnages que Party Animals parvient véritablement à séduire le téléspectateur. Nous suivons deux représentants de la Chambre des Communes et leur staff, un conservateur, l'autre travailliste, ainsi qu'une agence de lobbying, dans les coulisses agitées du Parlement britannique. Tous sont des trentenaires ambitieux ; ce qui va permettre à la série d'utiliser, dans leurs intéractions, les codes scénaristiques de comédies sentimentales, tout en conservant une légèreté toujours entretenue. Les personnages très diversifiés se révèlent surtout sympathiques. La série en profite également pour renouveler l'image des conservateurs, notamment en terme d'exposition des minorités. Logiquement portée par son très solide casting, Party Animals offre à Matt Smith un rôle énergique de jeune homme obstiné, qui n'a pas renié ses idéaux, au cours duquel l'acteur m'a convaincue de son potentiel à incarner le Docteur, notamment grâce à cette hyperactivité qu'il parvient à faire passer à l'écran.

partyanimals4.jpg

Bilan : Party Animals est une dramédie vivante, souvent désordonnée, sans prétention, qui joue sur une ambiance de fausse comédie sentimentale. Sa force réside dans sa capacité à se rendre attachante. En effet, elle mise sur l'aspect humain, sans chercher à pleinement exploiter le cadre politique, plutôt toile de fond et prétexte à la mise en scène des relations entre les personnages ; ce qui débouche donc sur des intrigues politiciennes souvent clichées. Mais, avec une énergie communicative jamais démentie, Party Animals remplit cependant efficacement sa mission de divertissement, à des lieux du classique ton corrosif que l'on retrouve souvent outre-manche.

Il ne faut donc pas qu'il y ait confusion : si vous êtes intéressé par une vision britannique moderne de la politique, vous ne trouverez pas satisfaction dans Party Animals. Essayez plutôt une série telle The Tick of it. En revanche, si vous recherchez un cocktail détonnant, parfois maladroit, mais toujours dynamique, entre politique et comédie sentimentale, Party Animals pourra vous faire passer un moment agréable.


NOTE : 7/10


Quelques extraits du premier épisode :