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13/12/2009

(K-Drama) Story of a Man / A Man's Story / The Slingshot : un face-à-face prenant


Le rendez-vous dominical asiatique de ce blog : je poursuis d'ailleurs mes explorations sud-coréennes, grâce aux programmes allégés de cette période pour les séries des autres nationalités. Cette semaine, j'ai ainsi commencé deux nouveaux dramas, tout en finissant celui dont je vais vous parler aujourd'hui, entamé il y a une quinzaine de jours.

Essayant d'avoir l'esprit ouvert et d'être organisée, je m'efforce d'alterner les différents genres pour tenter d'acquérir une (très partielle) vision d'ensemble des productions sud-coréennes. Par conséquent, après la comédie romantique et l'historique, je reviens aux fictions contemporaines à suspense avec Story of a Man (aka A Man's Story ou The Slingshot).

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Story of a man est une série diffusée sur KBS2, au cours du printemps 2009. Si elle a retenu mon attention, c'est tout autant pour l'intérêt suscité par la lecture de son synopsis, qu'en raison des bonnes critiques lues sur internet. Composé de 20 épisodes, ce drama, initialement basé sur un concept classique de vengeance, se détache des limites figées de ce genre pour acquérir progressivement une dimension supplémentaire, plus ambitieuse et très prenante.

La série s'ouvre sur le récit des évènements qui vont provoquer cette vendetta. A l'époque, Kim Shin est un jeune homme immature, vaguement irresponsable, incapable de garder un job sur le long terme et qui profite de la vie, aux crochets de son frère aîné. Ce dernier a repris et agrandi l'entreprise familiale, spécialisée dans l'alimentaire. Il s'agit d'une société solide, bien implantée sur ce marché. Or, un jour, sous le prétexte de faire un reportage sur l'industrie, un journaliste monte un sujet diffamatoire, dans lequel il les accuse d'utiliser des produits impropres à la consommation dans leurs recettes. Si une analyse des services d'hygiène les exonèrera quelques semaines après, le mal irréparable est fait. Leurs fournisseurs renvoient leurs produits, plus personne ne les achète, tandis que les banques réclament un remboursement immédiat. Contraint d'emprunter à des organismes peu scrupuleux, acculé de toute part, le frère finit par se suicider, laissant femme et enfants, criblés de dettes. Emporté par sa rage, Kim Shin se rend à la station de télévision, où il menace le journaliste, à ses yeux coupable, avec une arbalette. Condamné à trois ans de prison pour cette "tentative de meurtre", il reçoit, peu après son incarcération, la visite d'une jeune femme, Chae Eun Soo, venue s'excuser au nom de sa famille pour le tort causé à Kim Shin et aux siens. Eun Soo, bonté incarnée, a en effet pris l'habitude au fil des ans d'essayer de réparer les dégâts causés par la puissante entreprise familiale, Chae Dong Construction, qui a en réalité tout orchestré, à l'origine des évènements. Par la suite, la visite méprisante et glaçante du frère d'Eun Soo, Do Woo, achève de fortifier les projets de Kim Shin : il fera tomber Chae Dong Construction, pour venger la mort de son frère. Et ce, même si à l'époque, il n'a pas vraiment conscience de la difficulté de la tâche qu'il vient de s'assigner. Il mettra à profit ses trois années derrière les barreaux pour se faire des relations, au sein du grand banditisme, mais aussi avec un compagnon de cellule, surdoué des marchés boursiers, "Mazinger Hunter", dont l'aide lui sera précieuse par la suite. A sa sortie de prison, commence alors la réalisation de son objectif.

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Cependant, Story of a Man, ce n'est pas seulement un récit de vengeance. A ce fil rouge, viennent se greffer de multiples histoires humaines qui se mêlent les unes  aux autres, enrichissant d'autant la narration et sa portée. L'opposition véritable ne commence d'ailleurs réellement qu'à la mi-saison, après une douloureuse, mais nécessaire, phase d'apprentissage, où Kim Shin et l'équipe qu'il a regroupée autour de lui doivent tout d'abord reconnaître qu'ils ne jouent pas dans la même catégorie que Chae Do Woo, à qui ils n'ont rien à apprendre en terme de machiavélisme et de manipulation. Ainsi, nous assistons progressivement à une lente maturation du "héros", qui tire les leçons de ses échecs et prend la mesure de son ennemi intime. A la naïveté, teintée d'amateurisme, des plans initiaux, succèdent des projets plus ciblés et plus assurés. Cependant, les scénaristes n'isolent pas leurs personnages dans leur guerre, choisissant astucieusement de faire évoluer le "lieu de la bataille" : initialement partie sur le terrain des petites escroqueries et de la spéculation boursière, la série nous conduit jusqu'au projet de construction de complexes immobiliers, dans lesquels se trouve le rêve d'une nouvelle ville de Chae Do Woo. Les armes changent. De nouveaux drames humains viennent se greffer à l'intrigue. Mais il y a également des victimes collatérales dans cet affrontement. Les enjeux se troublent donc peu à peu.

Story of a Man nous raconte donc le développement, et le progressif renversement, des rapports de forces entre les deux personnages principaux. Si, initialement, la haine de Kim Shin est unilatérale, Chae Do Woo le considérant tout au plus comme une vague nuisance pathétique, un changement s'opère peu à peu. La série atteint une intensité supérieure lorsqu'elle entre dans cette phrase d'opposition réelle, où chacun a reconnu en l'autre son ennemi personnel. Ce choc est bien décrit et happe vraiment le téléspectateur. La prise d'assurance de Kim Shin offre finalement à Chae Do Woo un adversaire (presque) de son envergure ; et au bout du compte, c'est ce fameux aspect humain trop négligé, c'est-à-dire les sentiments, qui va jouer un rôle déterminant de déstabilisation.

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Outre l'efficacité de ses intrigues, la richesse des personnages constitue un des atouts majeurs de la série. Leur caractérisation fouillée, se nourrissant d'ambivalences, confère au récit une dimension supplémentaire. L'ensemble est bien servi par un casting très solide, où les acteurs, restant sobres tout en jouant dans des registres très différents, permettent de souligner les spécificités de chacun des personnages.
Dans l'affrontement principal dont Story of a Man raconte l'histoire, les deux acteurs exploitent parfaitement leur opposition de styles. J'ai été impressionnée par la prestation de Kim Kang Woo (Bicheonmu) qui incarne de façon fascinante, et pleine de complexité, Chae Do Woo, l'adversaire du héros. Il parvient à dégager un détachement tel avec l'extérieur, accompagné d'une maîtrise de soi de tous les instants, qu'il en est glaçant, tout autant qu'étrangement magnétique. Au fur et à mesure que la vendetta, dont il est la cible, le déstabilise, de nouveaux aspects de sa personnalité, plus ambivalents, se révèlent, ajoutant au mystère que constitue ce personnage. Son opposant, Kim Shin (Park Yong Ha), joue quant à lui dans un registre plus feutré ; une sorte d'anti-héros que les circonstances vont pousser à mûrir et à prendre, enfin, les responsabilités qu'il avait toujours fuies. Park Yong Ha (Winter Sonata, On air) est convaincant (et craquant) dans ce registre du personnage tour à tour naïf, impulsif, mais toujours attaché à ses principes, qui va apprendre et acquérir la stature nécessaire pour affronter Chae Do Woo. L'opposition est d'autant plus exacerbée que ces deux protagonistes principaux constituent vraiment l'antithèse l'un de l'autre, dans leurs rapports aux autres comme dans leur conception de la vie.

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Du côté des deux rôles féminins majeurs, il y a une forme de passage de relais qui semble s'opérer à mi-saison. Nous avions commencé la série avec en lumière Seo Kyung Ah, belle femme au fort caractère, dont les ambitions d'ascension sociale étaient déjà clairement affichées. Alors qu'elle se mue progressivement en femme fatale, son association avec Chae Do Woo va peu à peu affaiblir le personnage, tout en lui permettant de toucher au but qu'elle s'était fixée. Elle était celle qui prenait, sans s'embarrasser des autres, elle finit par se retrouver dans la peau de la demanderesse, qui dépend de son riche amant, non plus financièrement, mais sentimentalement. Sa consécration apparente scelle aussi la fin de ses illusions ; ainsi qu'une re-évaluation de ses priorités. Tandis que, parallèlement, la douce Chae Eun Soo, la soeur de Do Woo, initialement infantilisée par un entourage qui l'instrumentalise, va elle suivre le chemin de l'émancipation de cette tutelle, pour découvrir de nouveaux horizons. Presque symboliquement, l'une perd sa liberté, au moment où l'autre l'acquière. Même si j'ai eu un peu de mal à me faire à Han Yeo Woon (Chae Eun Soo), elles vont se révéler, avec Park Si Yeon (My Girl), toutes les deux efficaces dans leur rôle.
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Une galerie de personnages plus secondaires, mais tout aussi nécessaires à l'équilibre de la série, complète ce casting. Kim Shin se découvre en effet des alliés de poids dans sa bataille contre Chae Do Woo, qui ne manque, au demeurant, pas d'ennemis. Du touchant Park Ki Woong, qui incarne Ahn Kyung Tae (aka Mazinger Hunter), un jeune surdoué des milieux boursiers souffrant d'une certaine forme d'autisme, jusqu'au déterminé et toujours très posé Do Jae Myung (Lee Philip, qui s'amuse à alterner entre anglais et coréen), un avocat élevé aux Etats-Unis, en passant par l'ancien escroc rangé, mais toujours pragmatique, Park Moon Ho (joué par Lee Moon Shik), les scénaristes prennent vraiment le temps de s'investir dans chacun d'eux. Leur personnalité s'affine, évolue au fil des épisode.
De façon générale, Story of a Man soigne particulièrement la construction des relations entre ses personnages, les approfondissant et les nuançant, ce qui apporte une dimension très humaine à la série, et qui, somme toute, lui confère une âme. Ce n'est pas un simple drama à suspense, qui miserait tout sur son intrigue principale, en négligeant de compléter cet univers. Ici, les liens d'amitié, d'amour ou de haine, qui unissent et désunissent les différents protagonistes, sont toujours intenses, mais sans excès. Ils ne sont pas non plus figés ; cela donne une vraie vitalité à l'ensemble.
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Bilan : Se déroulant dans une ambiance sombre, plutôt pessimiste, Story of a man est une série prenante et intelligente, qui exploite parfaitement les codes de son concept initial de vengeance, tout en étant en mesure d'atteindre une dimension supplémentaire, grâce à la richesse de ses personnages et aux ambiguïtés sur lesquelles joue son écriture. Une fois les deux-trois premiers épisodes de mise en place passés, il est difficile de décrocher d'un drama qui devient de plus en plus addictive, au fur et à mesure que les intrigues se complexifient et que les sentiments viennent se mêler à ces règlements de compte personnels.
Si bien que non seulement j'ai trouvé cette série bien écrite et efficace, mais je l'ai aussi beaucoup aimée, l'histoire comme le casting, ayant passé un très bon moment devant mon petit écran. Je conseille donc fortement cette découverte.


NOTE : 8,5/10

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Quelques images avec, en fond sonore, la chanson de clôture des épisodes :