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22/12/2009

(UK) The Thick of It : une satire politique moderne incontournable


Ce billet du jour pourrait faire office de suite à la note consacrée, il y a quelques semaines, à l'excellente Yes Minister / Yes Prime Minister. En effet, si la politique a toujours exercé un attrait certain chez les scénaristes britanniques, The Thick of It est le digne héritier spirituel de ce savoir-faire, illustration de la continuité de cette source d'inspiration. Cette série propose ainsi une vision (et un ton) moderne de ces mêmes coulisses ministérielles.

The Thick of It fait partie de ma dernière fournée (pour limiter les frais de port) de coffrets DVD achetés "en aveugle" sur un site UK. Je connaissais vaguement la fiction de réputation, mais un billet, qui y avait été consacré sur Critictoo fin octobre, m'avait décidée à l'ajouter sur ma pile de séries à découvrir et donc à budgétiser l'investissement. Cette expérience (modérément aventureuse, a priori, le sujet comme le style pouvant difficilement me déplaire, au vu de mes antécédents) s'est révélée très concluante.

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Si la saison 3 a été diffusée au cours de cet automne sur BBC2, les débuts de The Thick of It remontent à 2005. Son profil de diffusion pour le moins curieux mérite une brève explication. Cette comédie s'est ouverte avec deux saisons, composées de trois épisodes chacune, diffusées sur BBC4 à six mois d'intervalle au cours de cette année-là. Il y eut ensuite un hiatus de plus d'une année, pour un retour sous forme d'épisodes spéciaux lors du premier semestre de l'année 2007. En avril 2009, un film In the loop, que l'on pourrait qualifier de sorte de spin-off, est sorti au cinéma (on y retrouve Peter Capaldi qui reprend son rôle emblématique de Malcolm ; mais aussi d'autres figures bien connues des sériephiles, tel James Gandolfini (The Sopranos) - bref, un must-seen du grand écran). Enfin, cet automne a vu la diffusion d'une troisième saison sur BBC2, composée de 8 épisodes. Vous suivez toujours ?

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Cette installation saccadée n'a en rien perturbé la qualité de The Thick of It qui se révèle être une brillante satire politique. Elle nous plonge avec talent dans les coulisses ministérielles des hautes sphères de la politique britannique. Au cours des deux premières saisons, nous suivons plus spécifiquement le ministère des Affaires sociales. A sa tête, Hugh Abbot, caricature pathétique du politicien sans envergure, s'efforce de gérer les secousses médiatiques avec pour seule ambition, la conservation de son poste. Il est entouré d'une équipe de conseillers, cyniques pragmatiques aux capacités d'adaptation à toutes situations sur-développées, mais qui créent souvent plus de crises qu'ils n'en résolvent. Dans cette gestion de leur médiocrité quotidienne, ils doivent régulièrement subir les foudres et assauts verbaux du tout puissant directeur de la communication du 10 Downing Street, Malcolm Tucker. Directement inspiré d'une figure bien réelle, Alastair Campbell, spin-doctor controversé du gouvernement travailliste pendant un temps, Malcolm est le coeur de The Thick of It. Souvent déchaîné, évacuant par des explosions de colère et autres excès un trop plein d'énergie constant, Malcolm gère les diverses situations d'une main de fer, effrayant journalistes comme ministres. Cette satire politique, à travers son exposé de petites tranches de vie quotidienne, prend véritablement toute son ampleur lorsque Malcolm débarque, devenant jubilatoire pour le téléspectateur.

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La richesse de The Thick of It réside dans la noirceur de l'humour dans laquelle elle se complaît. Nous immergeant dans des coulisses où règnent une hypocrisie assumée, servie par des personnages aux compétences discutables parmi lesquels Malcolm surnage, cette satire excelle dans son utilisation d'un ton corrosif à souhait, offrant un visage guère reluisant de ce milieu où la médiocrité semble être maîtresse. C'est une série pleine, qui maintient une forme d'équilibre faussement précaire dans sa narration, exploitant parfaitement son aspect mockumentary. Ses dialogues très vifs, ciselés avec soin et toujours directs, ne sont jamais enjolivés et sonnent ainsi très authentiques ; au milieu des petites piques qui fusent et autres traîtrises, les personnages usent et abusent d'un langage fleuri, où le f* word est intégré à la langue commune comme simple mot de liaison qui permet de traduire tous les sentiments possibles.

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Bilan : Brillamment corrosive, maniant un humour noir savoureux pour le téléspectateur, The Thick of It est une comédie dans la droite ligne des excellents mockumentary britanniques de ces dernières années. Digne héritière d'une tradition ayant réalisé une synthèse admirable entre Yes Minister et The Office (UK), cette série se démarque par une quête constante de réalisme, des dialogues ciselés à l'authenticité éprouvée et une réalisation nerveuse mettant efficacement en scène ce côté pseudo-documentaire.

Certes, j'ai conscience que, aussi enthousiaste que je puisse être à son égard, The Thick of It n'est sans doute pas à mettre en toutes les mains. Il y a peu de chance que ceux qui n'ont pas apprécié le ton de la version originale de The Office (très différente de ce qu'est devenue sa consoeur américaine plus connue) soient conquis par le style de cette comédie extra. Mais, s'il y a parmi vous quelques curieux chez qui cette présentation a éveillé un intérêt, n'hésitez pas ! Ce que j'appelle "saison 1" (techniquement les series 1 et 2, soit les 6 premiers épisodes) est disponible en DVD en Angleterre, avec bonus et VOSTA.


NOTE : 8,5/10


Un petit extrait représentatif, avec Malcolm dans tous ses états et le ministre Abbot, une nouvelle fois dans une situation difficile :


15/12/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 7

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Avec ce septième et avant-dernier épisode, Spooks nous livre un épisode aux bases toujours chancelantes concernant le vaste complot mondial qui se précise, mais d'une efficacité redoutable, alliée à une force émotionnelle rare, en ce qui concerne l'intrigue du jour. Si bien qu'en occultant ces faiblesses devenues structurelles en cette saison 8, j'ai vraiment passé un très bon moment devant cet épisode.

L'histoire du jour se concentre sur la préparation d'une attaque anti-musulmane par une cellule isolée de "nationalistes" hindous, dont le MI-5 ignorait jusqu'à l'existence, avant que le responsable des services secrets pakistanais ne les en informe, au dernier moment, après avoir perdu son agent principal qui assurait la surveillance de ce groupe. Derrière la couverture d'une équipe de football, un homme, Dhillon, a rassemblé autour de lui quelques jeunes qu'il entraîne dans son désir de vengeance contre cette communauté religieuse. C'est l'agression de sa fille, quelques mois plus tôt, qui a déclenché cette poussée de haine, jusqu'à envisager la réalisation d'un projet d'attaque ; même si ceux qui tirent réellement les ficelles rend le tableau d'ensemble bien plus complexe, que pensé initialement. Les Pakistanais doivent leurs renseignements à un jeune homme de 17 ans, Ashok, musulman, mais ayant un nom hindou, qui a découvert cette cellule, par hasard, par le football. Pressé par le temps, le MI-5 va se retrouver forcé d'exploiter cette seule source d'informations.

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C'est dans la gestion de cette storyline que l'épisode va se révéler passionnant et diablement bien mené. Contraint de réagir dans la précipitation, le MI-5 ne peut dépendre que d'Ashok. Or, voici un jeune homme, tout juste sorti de l'adolescence, propulsé dans le monde de l'espionnage, devant continuer une mission d'infiltration périlleuse, où il risque sa vie s'il venait à être découvert. L'acteur incarnant Ashok parvient vraiment à laisser transparaître le conflit et les craintes qui l'assaillent. Effrayé, mais toujours solide, il se révèle très impressionnant ; et le téléspectateur s'implique immédiatement dans son histoire, craignant réellement pour sa vie (les habitudes sacrificielles de Spooks étant bien connues).

A côté de cette intensité émotionnelle, la froideur de Lucas offre un contraste saisissant. Il faut avouer que les deux agents de terrain phare du MI-5, Ros et Lucas, atteignent actuellement des sommets en terme de détachement, fonctionnant dans un système où la fin justifie les moyens, et où le raisonnement quantitatif (de victimes potentielles) l'emporte sur toutes considérations pseudo-morales ou bien pensantes. Heureusement, ce bannissement de tout sentiment n'a pas encore affecté tout le personnel de la section D. Ruth exprime encore ses doutes et n'hésite pas à se faire le porte-parole du téléspectateur, en apportant une vision plus humaine. De plus, c'est aussi l'occasion d'utiliser, dans ce registre, Tarik, seul agent à n'avoir pas encore perdu cette innocence des débuts. Je chéris sans doute plus que de raison ces quelques instants d'humanité, mais c'est une touche qui n'a jamais été absente de Spooks, en dépit des épreuves. Je ne veux pas que tous les personnages se coupent définitivement de ces préoccupations instinctives qui sont aussi une part d'eux-mêmes.
 
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Si l'intrigue du jour se révèle très riche émotionnellement, les références au complot mondial sont, elles, une nouvelle fois, amenées avec quelques grosses ficelles (cf. la clé usb de Sarah), peinant à crédibiliser le toutélié tenté par les scénaristes. C'est une constance de la saison qu'il est sans doute inutile de répéter ; mais, la volonté de distiller des éléments d'une trame globale tout au long des différents épisodes aura quelque peu affaibli cette intrigue, qui, jusqu'à présent, a très peu versé dans la subtilité et n'a jamais manqué d'utiliser des facilités de scénario à l'opportunité discutable. Cependant, cela n'était pas trop gênant dans ce septième épisode, car il permettait de classer ce problème dans un coin de sa tête et d'apprécier pleinement l'épisode sans arrière-pensée, pour passer un très bon moment.
 
Il reste que les dernières pièces se sont mises en place pour un final qui s'annonce explosif. Parmi les signes inquiétants, outre ces attaques coordonnées, l'arrivée du nouveau Home Secretary fait lever un sourcil suspicieux aux téléspectateurs paranoïaques (et, logiquement, à Harry). Il faut dire que le sériephile le regardera instinctivement avec méfiance : il est joué par Tobias Menzies (qui incarnait Brutus, dans Rome). Certes, Spooks a l'habitude de prendre à contre-pied nos attentes et je ne me risquerais pas au moindre pronostic, mais cela m'a paru comme un petit clin d'oeil sur le moment.
 
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Bilan : Épisode très prenant, construit d'une main de maître en dosant parfaitement action et émotionnel, il s'agit d'un des épisodes les plus solides de la saison concernant l'intrigue du jour. Du côté du complot mondial, l'imminence du péril se fait plus grande que jamais, même si l'ensemble est toujours amené de façon assez maladroite. Le final sera probablement éprouvant. Rendez-vous le 23 décembre.

NOTE : 9/10

12/12/2009

(UK) Party Animals (La jungle du pouvoir) : glamour and politics


A moins que vous n'ayez émigré sur Mars (encore que, cette affirmation elle-même peut être discutable) ou que vous ne vous soyez imposé un embargo de toutes nouvelles en provenance d'outre-Manche, il est difficile d'échapper au buzz (doux euphémisme) orchestré par la BBC, autour de Doctor Who, qui bat son plein en ce mois de décembre... David Tennant est en lice pour le record du nombre de unes de magazines et de participations à toutes les émissions possibles et imaginables en Angleterre, afin de promouvoir sa propre mort. Ou plutôt celle de Ten. Car, le 1er janvier 2010, nous allons ouvrir l'année avec un nouveau docteur. Le Onzième du nom. L'annonce du nom de l'acteur s'apprêtant à l'incarner a été faite il y a près d'un an, suscitant divers débats et interrogations. Matt Smith, semi-inconnu, jeune acteur de 27 ans, manque surtout singulièrement de références, empêchant qu'on puisse déjà se faire une idée sur lui. La question se posait avec une telle acuité qu'il existe même un site consacré à sa réponse : whoismattsmith.com.

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Pour résoudre le mystère, en téléphage appliquée, une fois la nouvelle connue, je me suis penchée sur sa fiche imdb afin d'étudier la maigre filmographie qui s'y trouve. Un rôle dans un épisode de The Sally Lockhart Mysteries et une apparition furtive dans Secret diary of a call-girl se sont chargés de lui faire rencontrer Billie Piper (rituel préalable obligatoire) ; un autre passage fugace dans The Street ; enfin, un personnage plutôt secondaire dans une mini-série oubliable l'hiver dernier, Moses Jones... Bref, rien qui permette de se former un jugement sur l'acteur lui-même. Dans la liste, seule une série sympathique, diffusée au cours de l'hiver 2007 sur BBC2, retient vraiment l'attention : Party Animals (proposée par une chaîne d'Orange en France, sous le nom La jungle du pouvoir). Elle est composée d'une saison unique, comptant huit épisodes, au cours desquels Matt Smith tient un des rôles clés, au sein d'une solide distribution 3 étoiles. On retrouve en effet à ses côtés, notamment, Andrew Buchan (The Fixer, Garrow's Law), Andrea Riseborough (The Devil's Whore), Patrick Baladi (No heroics, Mistresses, The Office UK), Shelley Conn (Dead Set, Mistresses).

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Party Animals est une dramédie rythmée, plutôt enjouée, qui nous plonge dans les coulisses du Parlement britannique de Westminster. Ne s'étant pas fixée pour mission de faire oeuvre de pédagogie, elle se concentre principalement sur sa galerie disparate de personnages ; les intrigues politiques constituant plutôt une toile de fond, prétexte à des retournements de situation, mais dont seules les grandes lignes sont esquissées. Dynamique mais souvent désordonnée, la série navigue entre les genres, mettant plusieurs épisodes à trouver son équilibre : entre moments lourds, passages tendant plus vers la comédie et sorte de pseudo-soap clinquant, Party Animals devient peu à peu un divertissement attachant, dont le ton d'ensemble se révèle finalement assez léger. Ainsi, si elle baigne dans la politique, cet aspect s'efface derrière l"importance des rapports entre les différents personnages ; en effet, mêlant, dès le départ, coeur et travail, le relationnel finit par jouer un rôle prépondérant dans la série. C'est pourquoi l'intérêt de Party Animals ne réside pas tant dans son portrait superficiel, voire caricatural, des moeurs politiciennes modernes, que dans l'attachement que le téléspectateur développe pour ces personnages.

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Souvent stéréotypée dans ses storylines, parfois excessive dans ses mises en scène, la série conserve une distance salutaire avec son sujet, exploitant parfaitement la carte "glamour & politics" qui constitue son concept de départ. L'ambiance reste donc dans l'ensemble frivole, à quelques exceptions près, s'inscrivant dans la lignée des dramédies modernes. Si son cadre lui confère un dynamisme attrayant certain, c'est grâce à ses personnages que Party Animals parvient véritablement à séduire le téléspectateur. Nous suivons deux représentants de la Chambre des Communes et leur staff, un conservateur, l'autre travailliste, ainsi qu'une agence de lobbying, dans les coulisses agitées du Parlement britannique. Tous sont des trentenaires ambitieux ; ce qui va permettre à la série d'utiliser, dans leurs intéractions, les codes scénaristiques de comédies sentimentales, tout en conservant une légèreté toujours entretenue. Les personnages très diversifiés se révèlent surtout sympathiques. La série en profite également pour renouveler l'image des conservateurs, notamment en terme d'exposition des minorités. Logiquement portée par son très solide casting, Party Animals offre à Matt Smith un rôle énergique de jeune homme obstiné, qui n'a pas renié ses idéaux, au cours duquel l'acteur m'a convaincue de son potentiel à incarner le Docteur, notamment grâce à cette hyperactivité qu'il parvient à faire passer à l'écran.

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Bilan : Party Animals est une dramédie vivante, souvent désordonnée, sans prétention, qui joue sur une ambiance de fausse comédie sentimentale. Sa force réside dans sa capacité à se rendre attachante. En effet, elle mise sur l'aspect humain, sans chercher à pleinement exploiter le cadre politique, plutôt toile de fond et prétexte à la mise en scène des relations entre les personnages ; ce qui débouche donc sur des intrigues politiciennes souvent clichées. Mais, avec une énergie communicative jamais démentie, Party Animals remplit cependant efficacement sa mission de divertissement, à des lieux du classique ton corrosif que l'on retrouve souvent outre-manche.

Il ne faut donc pas qu'il y ait confusion : si vous êtes intéressé par une vision britannique moderne de la politique, vous ne trouverez pas satisfaction dans Party Animals. Essayez plutôt une série telle The Tick of it. En revanche, si vous recherchez un cocktail détonnant, parfois maladroit, mais toujours dynamique, entre politique et comédie sentimentale, Party Animals pourra vous faire passer un moment agréable.


NOTE : 7/10


Quelques extraits du premier épisode :

02/12/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 5

Spooks continue sur la voie tracée par cette saison 8 : des ingrédients efficaces, présentés avec pas mal de précipitation, si bien qu'il manque ce petit plus, cet esprit particulier, que la série était parvenue à créer au cours de la saison précédente. Mais il faut bien avouer que les bouleversements de casting y sont pour beaucoup dans cet équilibre encore précaire, manquant d'homogénéité, qui s'est instauré au sein de notre équipe du MI-5.

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Ce cinquième épisode reprend immédiatement après la conclusion marquante du précédent. Celui qui coordonnait les activités de la CIA en Angleterre est passé par-dessus la balustrade dans leur QG, s'écrasant quelques dizaines de mètres plus bas. Une question s'impose : suicide ou meurtre ? Si la CIA semble présenter la thèse du suicide, Sarah fournissant des prétextes, Harry nourrit des suspicions très différentes. Il avait eu une discussion peu avant son décès avec l'agent, concernant ses avancées dans l'enquête sur la fameuse réunion de Bâle. Les cartes sont encore plus brouillées lorsqu'un autre officiel américain meurt d'une crise cardiaque, après qu'on lui ait injecté un poison. Le MI-5 prend donc les choses en main pour se renseigner sur ces évènements ; en commençant par déterminer si ces morts sont liées ou non.

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A partir de cette situation de départ, l'épisode va décliner bonnes et moins bonnes idées. Tout d'abord, il se concentre cette fois sur Ros, toujours admirable de maîtrise, et nous donne l'occasion d'en apprendre un peu plus sur elle et sa formation, car nous rencontrons son mentor, Jack Coleville, qui l'a recrutée. Cela offre un nouvel éclairage très enrichissant sur le personnage. Malheureusement cette introduction du mentor se révèle liée à la trame principale des divers agents officiels qui sont tués. Si bien que le scénario transforme tous ces éléments en toutélié quelque peu artificiel qui ne convainc pas pleinement. Approfondir Ros était un objectif louable, très réussi, mais cela aurait été mieux servi par un scénario plus équilibré et moins précité. L'intrigue est insuffisamment travaillée, si bien que même si on suit Ros avec intérêt, il est difficile pour le téléspectateur de s'immerger dans cette histoire où les scénaristes ne prennent pas le temps d'humaniser réellement Coleville, figure prétexte pour s'intéresser à Ros et constituant un effet dilatoire parfait pour retarder l'explosion d'évènements liés à Bâle et au nouvel ordre mondial. Ros aurait mérité mieux.

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Pour autant, l'épisode ne traîne pas sur ce grand fil rouge de la saison. En effet, comme la mort du responsable de la CIA n'est initialement pas distinguée des autres décès, le MI-5 s'intéresse de près aux évènements qui se sont produits dans leur QG ; d'autant que Harry révèle ce qu'il sait pour le moment à Ros et Lucas. Passage qui peut d'ailleurs amener à s'interroger sur la continuité avec l'épisode précédent, où Lucas avait entendu explicitement parlé de Bâle, mais où Harry avait tout nié en bloc... Si cette mort est belle et bien liée à cette conspiration, cela ne devrait-il pas amener à Harry à être doublement suspicieux ? Reste que si Sarah tente bien, timidement et de manière peu convaincante, de les orienter vers la thèse du suicide d'un agent qui était véreux et sur le point de tomber, Harry n'y croit pas une seule seconde. Finalement assez aisément, grâce à une Ruth toujours très débrouillarde, ils apprennent que parmi les personnes qui se trouvaient dans l'immeuble à l'heure de la mort du responsable, figure Sarah... Révéler aussi rapidement son double jeu au MI-5 est un choix scénaristique qui s'inscrit dans l'optique de cette saison : les choses évoluent très rapidement -parfois de manière un peu précipitée. Comme rien n'est figé, les rapports de force changent vite et cela permet de ne pas laisser une situation pourrir. Cette fois, pour la scène finale (absolument surréaliste d'ailleurs, avec Lucas qui informe Ros au téléphone des mensonges de Sarah, tandis qu'en arrière-plan, cette dernière dort dans le lit...), c'est Lucas qui a les atouts en main. Pour autant, cet épisode souligne aussi les faiblesses de ce fil rouge : Sarah manque singulièrement d'envergure pour être une taupe crédible. Et cette histoire peine toujours à décoller pleinement.

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Bilan : Ce cinquième épisode, centré que Ros, est un bel hommage mérité pour ce personnage d'une solidité et d'une maîtrise à toute épreuve. Cependant, il est dommage que l'intrigue, insuffisamment travaillée, donne parfois l'impression d'être quelque peu téléphonée et artificielle ; ce qui plombe la portée du récit. Mais l'ensemble reste efficace et prenant ; la situation relative à la conspiration mondiale continue d'évoluer en attendant une future confrontation. En somme, beaucoup de choses très bien ; mais des maladresses scénaristiques à corriger.


NOTE : 7,5/10

26/11/2009

(Pilote UK) Paradox : des enquêtes contre le Temps

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Paradox est une nouvelle série diffusée sur BBC One, dont le premier épisode était proposé mardi soir aux téléspectateurs britanniques.

S'engouffrant dans la brêche des méandres du temps et de ses paradoxes, ouverte cette saison par Flash Forward, il s'agit d'une fiction policière optant pour un angle d'approche a priori plus original que la normale : nos héros n'enquêtent pas sur des crimes ou catastrophes ayant déjà eu lieu ; mais ils tentent de reconstituer un puzzle d'indices sur des évènements ne s'étant pas encore produits pour éventuellement les éviter. Cependant, à partir de ce point de départ aux faux airs de Minority Report, la série déroule une partition sans surprise dont les codes utilisés sont ceux du plus classique des cop shows du genre (tout en conservant l'étrange particularité de son concept de départ).

L'histoire débute lorsque le Dr King, un éminent physicien surveillant la "météo spatiale" -et plus précisément les éruptions solaires-, reçoit sur son ordinateur d'étude très sophistiqué une série d'images apparemment sans rapport entre elles, si ce n'est qu'elles ont la même "signature temporelle". Plusieurs de ces photographies, dont le cadavre d'une fillette, évoquent les lieux d'une catastrophe. Or, la date indiquée sur le téléphone portable figurant sur l'une d'elle correspond au soir suivant la réception de ces photos. Ces images peuvent-elles constituer un aperçu du futur ?

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Ce pilote est donc construit avec en toile de fond un compte à rebours. Le Dr King contacte la police. Etant un scientifique haut placé, il réussit à se faire envoyer une de leurs meilleures inspectrices, Rebecca Flint. Puis, il lui suffit de quelques remarques suffisamment ambigues et suspcieuses pour que cette dernière soit bientôt persuadée que ces photos sont un jeu, un moyen pervers pour King d'annoncer une catastrophe qu'il va lui-même déclencher. C'est du moins un scénario plus rationnel a priori que celui d'un aperçu du futur. L'enquête se met donc en marche afin de retrouver le lieu de l'accident annoncé et de deviner ce qu'il va se produire. En parallèle, on suit la vie déconnectée de plusieurs personnes, qui se retrouveront là au moment fatidique, selon les photographies. L'enjeu consiste finalement à reconstituer un étrange puzzle : il faut recouper ces maigres indices imagés dans une course contre-la-montre dont l'issue s'annonce fatidique. Après un léger flottement dans la première demi-heure, l'épisode trouve son rythme dans sa seconde partie. La réalité de la menace se précise. Les minutes les plus réussies sont les dernières, celles où chaque élément annoncé se met en place, dans une tension palpable. Tout s'emboîte avec une impression de fatalité et la tragédie ne sera pas empêchée. Cependant, fait marquant, toutes les incohérences des photographies se seront révélées exactes, s'expliquant par des circonstances exceptionnelles que nul ne pouvait prévoir. Il faut se rendre à l'évidence : il semble que cela soient bien des instantanées du futur que le Dr King reçoit sur son ordinateur.

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Si l'histoire policière prend son envol dans la dernière partie, la construction du show reste très classique. Mais plus que cette absence de réelle originalité dans le ton, c'est le manque d'humanité de la série qui lui est le plus préjudiciable. Les personnages principaux sont dans l'ensemble froid ; leurs réactions mécaniques apparaissent souvent assez caricaturales. Pour le moment, cela donne donc des personnalités très unidimensionnelles. Il n'y a aucun souffle de spontanéité et d'authenticité. Bref, il faudrait que la série puisse apprendre à susciter et à jouer plus subtilement avec les émotions du téléspectateur. Le même reproche peut être adressé aux à la présentation des futures victimes, rapide exposé stéréotypé de diverses situations. L'héroine est cependant sans conteste celle qui s'en sort de manière la plus convaincante, incarnant une DI au caractère fort, parfaitement campée par Tamzin Outhwaite qui tire très bien son épingle du jeu.

En dépit de ces flottements, grâce à sa mythologie, Paradox dispose sans conteste d'un potentiel intéressant. Une fois admis la situation de départ, se pressent mille et une questions intriguantes. Les évènements ainsi prévus -cet aperçu du futur- peuvent-ils être changés ? Le futur est-il immuable et la course contre-la-montre des policiers est-elle fatalement vaine ? En continuant sur cette voie, on peut se demander si nos vies sont régies par une forme de prédestination, l'enchaînement des évènements ne pouvant être modifié ? Au-delà de ces interrogations temporelles, propres à toute fiction traitant des rapports présent/futur, la question de la provenance de ces photos s'impose comme le fil rouge majeur. Elles sont téléchargées directement sur l'ordinateur du Dr King, ordinateur qui n'est connecté à aucun réseau, se contentant de faire office d'observatoire spatiale. Ces images sont-elles un signal en provenance des étoiles ? Quelle en est la source ? Quel est le but de tout cela ? De quoi piquer la curiosité du téléspectateur.

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Bilan : Sans jeu de mots intempestif, Paradox nous offre un pilote... paradoxal. Son concept de départ fait son originalité ; mais son étrangeté et les questions de cohérence qu'il soulève (pourquoi une sélection de quelques images à moitié coupées, semblant forcer artificiellement à la création de l'intrigue ?) laisse le téléspectateur un brin perplexe. Cette impression est accentuée par les réflexions peu subtiles suscitées par cet "aperçu du futur" chez les protagonistes. En somme, on peine tout d'abord à y croire et à rentrer vraiment dans l'histoire.

Pourtant, ensuite, dans la deuxième partie de l'épisode, lorsque le rythme s'accélére avec le compte-à-rebours qui défile vers une fin tragique apparemment irrémédiable, la série parvient à nous capter et la potentialité du show est perceptible. Outre déjouer ces prédictions, ce sont aussi toutes les questions mythologiques sur ces paradoxes temporels qui sont intriguantes. Pour cela, au-delà d'un travail plus soigné dans la gestion des intrigues, il faudra également prendre le temps d'humaniser les différents personnages principaux qui, pour le moment, laissent globalement indifférent, voire paraissent assez antipathiques.

Si les protagonistes gagnent en épaisseur et l'écriture en subtilité, Paradox pourrait sans doute devenir un divertissement efficace. Reste que, au vu de ce premier épisode, il y a encore du travail. J'irai quand même sans doute jeter un oeil du côté du deuxième épisode, histoire de voir l'orientation que prend la série.


NOTE : 5/10


La bande-annonce :