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26/11/2009

(Pilote UK) Paradox : des enquêtes contre le Temps

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Paradox est une nouvelle série diffusée sur BBC One, dont le premier épisode était proposé mardi soir aux téléspectateurs britanniques.

S'engouffrant dans la brêche des méandres du temps et de ses paradoxes, ouverte cette saison par Flash Forward, il s'agit d'une fiction policière optant pour un angle d'approche a priori plus original que la normale : nos héros n'enquêtent pas sur des crimes ou catastrophes ayant déjà eu lieu ; mais ils tentent de reconstituer un puzzle d'indices sur des évènements ne s'étant pas encore produits pour éventuellement les éviter. Cependant, à partir de ce point de départ aux faux airs de Minority Report, la série déroule une partition sans surprise dont les codes utilisés sont ceux du plus classique des cop shows du genre (tout en conservant l'étrange particularité de son concept de départ).

L'histoire débute lorsque le Dr King, un éminent physicien surveillant la "météo spatiale" -et plus précisément les éruptions solaires-, reçoit sur son ordinateur d'étude très sophistiqué une série d'images apparemment sans rapport entre elles, si ce n'est qu'elles ont la même "signature temporelle". Plusieurs de ces photographies, dont le cadavre d'une fillette, évoquent les lieux d'une catastrophe. Or, la date indiquée sur le téléphone portable figurant sur l'une d'elle correspond au soir suivant la réception de ces photos. Ces images peuvent-elles constituer un aperçu du futur ?

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Ce pilote est donc construit avec en toile de fond un compte à rebours. Le Dr King contacte la police. Etant un scientifique haut placé, il réussit à se faire envoyer une de leurs meilleures inspectrices, Rebecca Flint. Puis, il lui suffit de quelques remarques suffisamment ambigues et suspcieuses pour que cette dernière soit bientôt persuadée que ces photos sont un jeu, un moyen pervers pour King d'annoncer une catastrophe qu'il va lui-même déclencher. C'est du moins un scénario plus rationnel a priori que celui d'un aperçu du futur. L'enquête se met donc en marche afin de retrouver le lieu de l'accident annoncé et de deviner ce qu'il va se produire. En parallèle, on suit la vie déconnectée de plusieurs personnes, qui se retrouveront là au moment fatidique, selon les photographies. L'enjeu consiste finalement à reconstituer un étrange puzzle : il faut recouper ces maigres indices imagés dans une course contre-la-montre dont l'issue s'annonce fatidique. Après un léger flottement dans la première demi-heure, l'épisode trouve son rythme dans sa seconde partie. La réalité de la menace se précise. Les minutes les plus réussies sont les dernières, celles où chaque élément annoncé se met en place, dans une tension palpable. Tout s'emboîte avec une impression de fatalité et la tragédie ne sera pas empêchée. Cependant, fait marquant, toutes les incohérences des photographies se seront révélées exactes, s'expliquant par des circonstances exceptionnelles que nul ne pouvait prévoir. Il faut se rendre à l'évidence : il semble que cela soient bien des instantanées du futur que le Dr King reçoit sur son ordinateur.

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Si l'histoire policière prend son envol dans la dernière partie, la construction du show reste très classique. Mais plus que cette absence de réelle originalité dans le ton, c'est le manque d'humanité de la série qui lui est le plus préjudiciable. Les personnages principaux sont dans l'ensemble froid ; leurs réactions mécaniques apparaissent souvent assez caricaturales. Pour le moment, cela donne donc des personnalités très unidimensionnelles. Il n'y a aucun souffle de spontanéité et d'authenticité. Bref, il faudrait que la série puisse apprendre à susciter et à jouer plus subtilement avec les émotions du téléspectateur. Le même reproche peut être adressé aux à la présentation des futures victimes, rapide exposé stéréotypé de diverses situations. L'héroine est cependant sans conteste celle qui s'en sort de manière la plus convaincante, incarnant une DI au caractère fort, parfaitement campée par Tamzin Outhwaite qui tire très bien son épingle du jeu.

En dépit de ces flottements, grâce à sa mythologie, Paradox dispose sans conteste d'un potentiel intéressant. Une fois admis la situation de départ, se pressent mille et une questions intriguantes. Les évènements ainsi prévus -cet aperçu du futur- peuvent-ils être changés ? Le futur est-il immuable et la course contre-la-montre des policiers est-elle fatalement vaine ? En continuant sur cette voie, on peut se demander si nos vies sont régies par une forme de prédestination, l'enchaînement des évènements ne pouvant être modifié ? Au-delà de ces interrogations temporelles, propres à toute fiction traitant des rapports présent/futur, la question de la provenance de ces photos s'impose comme le fil rouge majeur. Elles sont téléchargées directement sur l'ordinateur du Dr King, ordinateur qui n'est connecté à aucun réseau, se contentant de faire office d'observatoire spatiale. Ces images sont-elles un signal en provenance des étoiles ? Quelle en est la source ? Quel est le but de tout cela ? De quoi piquer la curiosité du téléspectateur.

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Bilan : Sans jeu de mots intempestif, Paradox nous offre un pilote... paradoxal. Son concept de départ fait son originalité ; mais son étrangeté et les questions de cohérence qu'il soulève (pourquoi une sélection de quelques images à moitié coupées, semblant forcer artificiellement à la création de l'intrigue ?) laisse le téléspectateur un brin perplexe. Cette impression est accentuée par les réflexions peu subtiles suscitées par cet "aperçu du futur" chez les protagonistes. En somme, on peine tout d'abord à y croire et à rentrer vraiment dans l'histoire.

Pourtant, ensuite, dans la deuxième partie de l'épisode, lorsque le rythme s'accélére avec le compte-à-rebours qui défile vers une fin tragique apparemment irrémédiable, la série parvient à nous capter et la potentialité du show est perceptible. Outre déjouer ces prédictions, ce sont aussi toutes les questions mythologiques sur ces paradoxes temporels qui sont intriguantes. Pour cela, au-delà d'un travail plus soigné dans la gestion des intrigues, il faudra également prendre le temps d'humaniser les différents personnages principaux qui, pour le moment, laissent globalement indifférent, voire paraissent assez antipathiques.

Si les protagonistes gagnent en épaisseur et l'écriture en subtilité, Paradox pourrait sans doute devenir un divertissement efficace. Reste que, au vu de ce premier épisode, il y a encore du travail. J'irai quand même sans doute jeter un oeil du côté du deuxième épisode, histoire de voir l'orientation que prend la série.


NOTE : 5/10


La bande-annonce :