09/08/2010
(UK) Jekyll : une brillante adaptation de l'oeuvre de Stevenson
Tandis que Sherlock s'est achevée hier soir en Angleterre, je profite de l'occasion pour revenir sur une autre adaptation, antérieure, ayant modernisé avec brio une oeuvre littéraire du XIXe siècle, le Dr Jekyll & Mr Hyde de Stevenson. Diffusée au cours de l'été 2007, Jekyll fut une incontestable réussite, se réappropriant et revivifiant le mythe, porté par des dialogues enlevés et délicieusement ciselés, signés Steven Moffat, et un très grand James Nesbitt personnifiant la figure centrale de la mini-série. Au final, vous avez là un petit bijou télévisuel british absolument incontournable.
Le seul bémol que j'aurai à adresser à Jekyll est son doublage. C'est un sujet sur lequel j'ai rarement l'occasion de m'attarder pour émettre un avis (positif ou négatif), dans la mesure où je regarde très peu la télévision française. C'est encore plus exceptionnel pour les fictions britanniques : j 'aime trop les accents pour envisager un seul instant de ne pas les visionner en version originale. Cependant, par hasard, un soir d'insomnie, j'étais tombée, il y a quelques mois, sur une rediffusion de Jekyll, par Arte, en version française. J'avoue que le gâchis réalisé m'a fait peine à voir. Par conséquent, louez ou achetez l'édition DVD. Guettez une rediffusion en VM. Mais, surtout, évitez la VF à moins d'aller au devant d'importantes déconvenues.
Jekyll se révèle savoureuse à plus d'un titre. Elle se réapproprie pleinement l'ambivalente figure de son personnage central, replaçant dans un contexte et avec des enjeux modernisés, cette troublante et glaçante histoire de partage d'un même corps entre deux êtres différents, dont la nature de l'un effraie l'autre.
Pourtant, ce sont derrière des apparences d'une banalité confondante que dort ce terrible secret. En effet, le Docteur Tom Jackman, chercheur, mène à première vue une vie des plus rangées, entre sa famille, composée de son épouse et de ses deux jumeaux, et son travail. Mais de temps à autre, il doit s'absenter. Une autre personnalité émerge dans ces moments-là qui paraît être une différente personne, plus grande, plus jeune, plus forte ; mais également totalement incontrôlable, dangereuse pour son entourage.
Cette cohabitation forcée entre ces deux personnalités se maintient de façon précaire grâce à un fragile accord conclu. Étant donné que lorsque l'un prend le contrôle, l'autre perd toute conscience, jusqu'à ce qu'il reprenne ensuite possession du corps, c'est tout un protocole qui a dû être mis en place. De leurs techniques de communication jusqu'aux problèmes de frais d'hôtel et autres clés de voiture, cette gestion presque étonnamment terre à terre d'un quotidien si extraordinaire, captive et fascine instantanément le téléspectateur. Mais l'équilibre entre les deux êtres, cet impossible partage d'un même corps que leur condition impose, ne saurait se pérenniser. Tandis que le Dr Jackman s'efforce de stabiliser sa condition et de la contrôler, d'autres menaces s'agitent dans l'ombre. Son secret n'est pas aussi confidentiel qu'il peut le croire ; et son cas intéresse de près certaines personnes. En comprenant ce qu'il est, le Docteur pourra-t-il se sauver lui-même, ainsi que sa famille ?
La première grande réussite de Jekyll réside dans la façon dont elle va traiter sa figure centrale. Les rapports entre le Dr Jackman et Jekyll sont superbement caractérisés, un rapport de force, teinté d'ambivalence, dans lequel domine un pragmatisme instinctif et une indéfinissable incompréhension réciproque. Le Dr Jackman incarne un stéréotype de l'homme ordinaire, effacé et étouffé par ses propres inhibitions. Une caricature de l'ennui. Le contraste est saisissant avec un Jekyll, véritable force de la nature, assumant -et réalisant- toutes ses pulsions, comme affranchi du poids des convenances sociales. La mini-série n'hésite d'ailleurs pas à se laisser à quelques parallèles bestiales qui captent bien cette puissance qui émane de lui. En un mot, Jekyll parvient à retranscrire à l'écran, avec une vitalité et une dynamique assez ambiguë, cette idée un peu folle, imaginée par Stevenson.
Outre cette pleine maîtrise du concept étonnant de départ, Jekyll se distingue par son admirable construction narrative qui laisse une large place à un suspense, chargé de tension, qui va crescendo. Sur bien des points, la manière dont est menée l'intrigue constitue un modèle du genre, n'hésitant pas à recourir parfois à certains procédés comme les flash-backs. L'histoire se construit par palier, nous entraînant dans un engrenage où l'attention du téléspectateur se retrouve rapidement happée. Tout va crescendo, donnant l'impression d'être magistralement orchestré, et prend forme, naturellement, sous nos yeux.
L'ensemble est d'autant plus convaincant que l'écriture, fine et vive de Steven Moffat, fait ici merveille. Non seulement les dialogues se révèlent savoureux, les "monologues" entre les deux personnalités centrales étant sans conteste les plus jubilatoires, mais la mini-série parvient également, avec une aisance fascinante, à alterner tous les styles, empruntant au thriller, mais aussi aux codes d'une horreur, étrangement burlesque, au faux accent gore. Teinté d'un humour noir diffus, typiquement britannique, qui permet d'éviter le ridicule d'une fiction qui se prendrait trop au sérieux, Jekyll se crée une ambiance tour à tour inquiétante, déstabilisante, voire parfois simplement touchante. C'est dans ce juste maniement de tous ces tons que réside une bonne partie de sa richesse.
Pour autant, aussi bien écrit soit-elle, la mini-série n'atteindrait pas une telle dimension sans la somptueuse performance d'un James Nesbitt (The Deep) au sommet de son art, qui personnifie cette figure centrale de la plus impressionnante des manières. C'est bien simple : le téléspectateur a effectivement l'impression d'avoir face à lui deux personnages distincts, aux physiques similaires certes, mais trop différents dans leur façon d'être pour que notre cerveau les assimile. C'est troublant, mais surtout particulièrement réjouissant.
Aux côtés de James Nesbitt, on retrouve un casting très solide, avec notamment une superbe Gina Bellman (Coupling), qui joue l'épouse de Tom Jackman. Meera Syal (Holby City, Beautiful people), Fenella Woolgar ou encore Denis Lawson (Bleak House, Criminal Justice) sont au diapason. La seule à ne pas tirer son épingle du jeu est sans doute Michelle Ryan (Bionic Woman), peut-être peu aidée par son rôle d'infirmière un peu en marge des autres dynamiques.
Bilan : Jekyll est un petit bijou télévisuel original et enthousiasmant, une réjouissante adaptation d'un classique de la littérature, brillamment écrite par un Steven Moffat des grands jours et porté par un James Nesbitt dont la performance marquera. Exploitant pleinement la fibre mystérieuse de son histoire, dotée d'un suspense qui demeure jusqu'au bout entier, jusqu'à l'ultime pied de nez final, elle réussit avec brio à jouer avec beaucoup de justesse sur l'ambivalence de sa figure centrale. Une fiction simplement incontournable.
NOTE : 9,25/10
La bande-annonce de la série :
05:49 Publié dans (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : steven moffat, gina bellman, james nesbitt, jekyll, meera syal, fenella woolgar, denis lawson | Facebook |
02/04/2010
(UK) Ashes to Ashes : une dernière saison pour résoudre ces énigmes temporelles ?
On y est ! Je ne vous cache pas mon excitation ; certains téléphages auront attendu des réponses aux mystères temporels relatifs à une île perdue, mais pour moi, ce premier semestre 2010 sera marqué par les réponses à une autre énigme temporelle ! Car ce soir débute un bien beau week-end en terres sériephiles britanniques avec, tout d'abord, la reprise de Ashes to Ashes, le spin-off de Life on Mars, qui nous revient pour sa troisième et dernière saison. L'occasion aujourd'hui d'évoquer un peu la série ; ce qu'elle nous a déjà offert et les attentes suscitées par le series finale de l'an passé.
(J'en profite pour préciser que Ashes to Ashes sera reviewée sur ce blog épisodes par épisodes. Au programme donc, à partir de ce week-end, un menu 100% UK et BBC avec Ashes to Ashes et Doctor Who, histoire de faire honneur à la bannière qui trône en haut de la page.)
Reprenons au commencement. Spin-off changeant de décennie, Ashes to Ashes va se réapproprier les codes scénaristiques se trouvant à la base de Life on Mars. La transition entre les deux s'opère assez naturellement, car l'héroïne, Alex Drake (Keeley Hawes), n'est pas seulement policière, elle est également psychologue. Et surtout, elle a lu les rapports concernant le "cas Sam Tyler", notamment ceux dans lesquels il a raconté son expérience vécue en 1973 lors de son bref "retour" dans le présent. Ashes to Ashes reproduit le même schéma de départ : placée entre la vie et la mort en 2008, après s'être fait tirer dessus, la jeune femme se réveille en 1981, au sein d'une équipe très familière, composée des mêmes policiers dont parlait Sam. Mais Alex dispose de l'expérience passée de son collègue, ainsi que d'une raison supplémentaire de s'accrocher à sa vie et au présent : elle est la mère d'une petite fille, qui va constituer sa motivation première tout au long des deux premières saisons.
A partir de ce synopsis s'inscrivant dans une directe continuité de son prédécesseur, Ashes to Ashes allait avoir la lourde tâche de trouver un juste équilibre entre la franchise à laquelle elle appartenait et sa propre identité. Encore une fois, prendre le relais de Life on Mars n'était pas chose aisée, pas seulement en raison de sa qualité de "série dérivée". Dans ma review, la semaine dernière, j'avais souligné combien Life on Mars était une série qui fonctionnait grâce à l'attachement de ses téléspectateurs : elle avait réussi à nouer une relation basée sur l'affectif, un des éléments les plus subjectifs et, surtout, des plus volatiles qui soit... Or, c'est cet aspect qui générait l'alchimie faisant de la série, une fiction à part qui s'était imposée avec une telle force dans le paysage télévisuel. Mais il n'existe pas de science exacte pour reproduire un tel résultat, qui est la conséquence directe d'un équilibre fragile entre les personnages, les situations mises en scène, les acteurs, ou encore l'ambiance générale.
Transposer l'action dans les années 80, en remplaçant Sam par Alex et en reprenant les mêmes ingrédients que l'originale, ne garantissait aucunement un succès similaire. C'est sans doute pour cela que Ashes to Ashes commença d'abord par se chercher un peu...
Ne souhaitant pas reproduire un simple copier-coller de la quête de Sam, dont nous avions été témoin au cours des deux années précédentes, Ashes to Ashes choisissait tout d'abord de pleinement exploiter le fait qu'Alex connaissait l'expérience de 1973 et qu'elle disposait donc déjà d'une théorie pré-constituée sur ces évènements. Réagissant en psychologue, elle déconstruit cette réalité des années 80, s'imposant dès le départ une prise de distance avec cet univers dans lequel elle est embarquée malgré elle. Si bien qu'au cours de la première saison, en sur-analysant l'ensemble et en réduisant les personnages qui l'entourent à des "constructions mentales", Alex rationalise à l'extrême le concept de départ de la franchise. Les doutes, les pointes de folie et d'hallucinations, qui avaient pu plonger Sam dans un tourbillon entre fantastique et folie, s'effaçaient donc derrière la froide rationnalité d'une psychologue qui ne reconnaît pas la vie propre de ce monde des années 80. Cet excès de prise de contrôle sur la réalité, ne laissant presque plus de place au mystère, et présentant comme certaine la théorie d'Alex, selon laquelle, tout cela serait une création de son cerveau comateux, une reproduction mentale due au fait qu'elle a lue les dossiers sur Sam, bouscula un peu l'équilibre traditionnel de la franchise. Life on Mars était faite de mystère, une balade non identifiée, une invitation aux frontières de l'imaginaire, de la réalité et de la science. Ashes to Ashes réduisait cet acquis à sa plus simple expression, ne laissant survivre qu'un seul aspect. Cela explique sans doute les difficultés initiales de la série : à trop vouloir se démarquer et proposer une façon de fonctionner propre, elle se détachait également de ce qui avait fait l'attrait principal de sa grande soeur. La première saison ne fut pas désagréable à suivre, loin de là, et elle eut ses bons moments, mais le téléspectateur garda l'impression qu'il manquait quelque chose au tableau.
C'est pourquoi l'évolution amorcée au cours de la saison 2 fut particulièrement bienvenue. La série renouait en effet avec ce mélange des genres, remettant en cause les certitudes d'Alex et opérant une redistribution des cartes des plus intrigantes. Plus aboutie que la précédente, sa construction bénéficiait d'un solide fil rouge, avec une affaire de policiers corrompus. Comme dans Life on Mars, les actions d'Alex ont une répercussion sur son état de santé dans le présent/futur, métaphores des problèmes qu'elle y rencontre et qu'elle doit résoudre. Seulement, cette fois, les scénaristes n'hésitent pas à abattre certains pans de la réalité, en brouillant un peu plus les rapports temporels entre les deux époques. La nature même de cet univers où les années 80 ont été recréées devient une question centrale, s'éloignant des froides analyses cliniques délivrées par Alex aux débuts. L'introduction de Martin Summers, un autre patient de l'hôpital, est déterminante et permet à la saison de renouer avec cette zone trouble d'incertitudes, dans laquelle Life on Mars excellait. Au-delà d'une reprise en main du concept même de la franchise, le personnage d'Alex se rapproche également de plus en plus de celui de Sam. Le détachement obsessionnel qu'elle avait mis en place comme mécanisme de défense se fissure peu à peu. Son obsession de rentrer prend le pas sur tout le reste, consciente que tous les obstacles qu'elle rencontre sont des formes de mise à l'épreuve, qui culminent dans un final d'anthologie.
En somme, après une première saison plus clinique et moins intensément humaine que ce à quoi la franchise nous avait habitué, la deuxième renoue avec une tradition de mélange des genres, remettant en cause bien des certitudes et se réappropriant pleinement le concept en renouvelant les questions laissées sans réponse pour le téléspectateur.
Cela nous conduit évidemment à évoquer ce fameux final de la saison 2. J'ai revu ce huitième épisode dimanche dernier, afin de réactiver mes souvenirs. Il m'a rappelé à quel point l'attente de cette dernière saison fut si insupportable. Concluant les storylines en apothéose sur une série de scènes d'anthologie, Ashes to Ashes nous offrait plusieurs confrontations intenses, d'une part entre Summers et Alex, mais surtout, d'autre part, entre Gene et Alex. Leurs rapports s'étaient dégradés au cours de la saison. La confiance avait disparu, laissant place à une méfiance réciproque, exacerbée du côté de Gene dans ce dernier épisode. La résolution de l'intrigue des flics corrompus, permettant du même coup de mettre Summers hors-jeu, se termine dans une fusillade, où les circonstances conduisent, par accident, son supérieur à abattre Alex par balle. Tout cela constitue le déclic symbolique nécessaire ; l'élément décisif qui permet à la jeune femme de se réveiller du coma dans lequel elle était plongée dans le présent. Sa tâche est accomplie : sa quête d'un retour en 2008, sa volonté de retrouver sa fille... toutes ces obsessions pour lesquelles elle a luttées au cours des deux saisons qui viennent de s'écouler.
Seulement, c'est dans ce moment d'euphorie, qui se présentait comme l'happy end vers laquelle la série toute entière tendait, que les scénaristes choisissent d'abattre le dernier mur de réalité, la dernière séparation existant entre passé et futur/présent. Car Alex, en 2008, retrouve les hallucinations dont elle était devenue coutumière dans le passé. Ces voix lointaines qui lui indiquaient qu'elle était à l'hôpital, dans le coma. Seulement, cette fois, le rapport à la réalité est inversé. Ici, c'est Gene qui l'informe de son état de santé, à travers les écrans d'ordinateurs qui l'entourent : elle est plongée en réanimation dans ces années 80 qu'elle vient juste de parvenir à quitter et Gene se retrouve accusé de l'avoir, volontairement, blessée. Le lien n'est, une nouvelle fois, pas rompu avec ce passé dont Alex, comme Sam, était parvenue à s'extraire. Continuation logique de l'évolution amorcée au cours de la saison, Ashes to Ashes opère une redistribution des cartes des plus bouleversantes. Une seule envie pour le téléspectateur : la suite !
Bilan : Initialement spin-off hésitant sur l'héritage à accepter en provenance de Life on Mars, Ashes to Ashes aura prouvé la ressource de ses scénaristes, toujours à la recherche de l'équilibre permettant à la série de trouver sa tonalité et son identité. Après une première saison où ne perçait peut-être pas assez cette pointe de folie, ce caractère non catégorisable, si étrange, de la franchise, la deuxième aura bénéficié d'une construction globale plus aboutie, mais aussi d'une réappropriation passionnante et des plus intrigantes des bases de la série. Le final laissait en suspens de nombreuses nouvelles questions qui expliquent la grande attente suscitée par cette saison 3 ; car toutes les réponses nous sont promises, pour ce qui devrait être une vraie conclusion de la franchise.
NOTE : 8/10
Une bande-annonce de cette saison 3 :
08:24 Publié dans (Séries britanniques), Ashes to Ashes / Life on Mars | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bbc, ashes to ashes, keeley hawes, philip glenister | Facebook |
24/03/2010
(UK) Life on Mars : Am I mad, in a coma, or back in time ?
La dernière et troisième saison de Ashes to Ashes débutera le 2 avril prochain sur BBC1, ouvrant un week-end pascal particulièrement savoureux pour les amateurs de séries britanniques, puisque le lendemain marquera les débuts de la très attendue cinquième saison de Doctor Who. Le retour de deux de mes séries préférées actuelles, mine de rien, ce printemps téléphagique en cours et futur est des plus attractif.
La dernière saison de Ashes to Ashes est annoncée comme devant venir "boucler la boucle" entamée par Life on Mars, nous promettant des explications, mais aussi une vraie conclusion. L'attente est donc à son comble ; l'impatience grandit chaque jour un peu plus, tandis que la campagne de promotion commence dans les médias. Cependant, avant d'évoquer Ashes to Ashes, il est sans doute opportun de revenir aux origines du concept, de repartir dans les années 70 aux côtés de Sam Tyler, en vous parlant, aujourd'hui, de Life on Mars.
Je vous avoue que j'ai toujours eu beaucoup de mal à retranscrire avec des mots l'intense ressenti émotionnel, sans doute très subjectif, que suscite chez moi cette série. Elle fait partie de ces fictions que je vais savourer, mais où, après le visionnage, je n'aurais pas le besoin d'exprimer, d'analyser, l'expérience je viens de vivre... Si elle est ainsi associée au syndrome de la page blanche, c'est sans doute parce que Life on Mars est, dans mon coeur de téléphage, profondément liée à l'affectif ; la part rationnelle du critique étant obscurcie par les élans de son coeur.
Pour ceux qui auraient vécu sur Mars (littéralement) au cours des dernières années, reprenons au commencement. Le synopsis de la série est à la fois original, maniant de grandes questions a priori complexes, mais aussi d'une simplicité presque désarmante dans son traitement du quotidien. Sam Tyler, policier à Manchester en 2006, est renversé par une voiture au cours d'une enquête, lors du pilote de la série. Il perd connaissance et se réveille alors en 1973. Une interrogation lancinante, en forme de fil rouge, va guider le téléspectateur à travers les deux saisons que compte la série, ainsi résumée par Sam dans le générique du début : Am I mad, in a coma, or back in time ?
Life on Mars s'impose tout d'abord une série d'ambiance ; elle mise et capitalise sur une fibre nostalgique inconsciente en redonnant vie aux années 70, présentant, avec ses reconstitutions stéréotypées à dessein, une forme d'hommage aux cop-shows de cette époque-là... Entre course-poursuites en voitures ronflantes, policiers jouant encore aux cow-boys, voire pseudo justiciers, dans les rues de leur ville et règles disciplinaires intervenant à éclipse suivant les circonstances, tous ces ingrédients se retrouvent d'une façon très condensée dans Life on Mars. Ne vous y trompez pas : il n'y a pas de réelle volonté de reconstitution rigoureuse derrière ce portrait très coloré, l'image renvoyée correspond plutôt au mythe télévisé associé à cette période. C'est donc sur un tableau fictif, reposant en grande partie sur l'imaginaire collectif partagé consciemment ou inconscimment par chaque téléspectateur, que la série va se construire un décor attractif, tranchant volontairement avec le genre policier moderne qui inondent nos ondes. Au final, ce qui est proposé, ce sont un peu des années 70 revisitées par l'esprit d'une personne dont la mémoire biaisée mêlerait quelques souvenirs personnels et tout une série de clichés classiques ayant une origine culturelle.
Si le téléspectateur redécouvre, par le biais de cette remise au goût du jour, un certain nombre de codes scénaristiques, parfois assez directs, pour ne pas dire simpliste, d'une époque plus manichéenne, moins nuancée dans son rapport à l'ordre, cette atmosphère se révèle être un des atouts majeurs de la série. D'autant que l'immersion 70s' passe également par des détails plus formels : les costumes, mais aussi et surtout une excellente bande-son musicale, très fournie et particulièrement bien choisie, qui offre un retour en arrière entraînant, tout aussi symbolique, au téléspectateur.
Au-delà de ce dépaysement sympathique, Life on Mars bénéficie également de son concept, qui permet un intrigant mélange des genres, offrant la possibilité d'alterner différentes tonalités. En effet, certes, la série se présente sous l'apparence d'un cop-show -tout droit sorti des 70s'- et va donc proposer diverses enquêtes occupant chaque épisode. Des affaires pouvant avoir une connotation très marquée par l'époque, mais on y trouve également des intrigues très classiques. Seulement, et Life on Mars ne vous le fera jamais oublier, Sam Tyler n'est pas un simple policier qui évoluerait dans un formula-show traditionnel. La confusion, source de mystère et de tant d'interrogations, qui entoure sa présence dans les 70s' est savamment entretenue tout au long de la série. Si les scénaristes nous donnent des pistes et des indices penchant pour l'une ou l'autre des explications proposées au début de chaque épisode, la série va s'avérer particulièrement réussie pour progressivement diluer les repères de la réalité, faisant peu à peu disparaître, par des hallucinations tout autant que par les étranges coïncidences qu'il croise, la frontière qui préserve la santé mentale de son héros.
De policière, la série flirte ainsi parfois avec le surnaturel. Ce fantastique de façade, jamais pleinement consacré, est utilisé pour mettre au défi la tentative de maintien de rationnalité du show. Quels sont les points de repère que Sam peut conserver ? Ne glisse-t-il pas peu à peu vers une assimilation de cet univers si coloré des 70s' ? Son comportement gardera toujours une profonde ambivalence, tiraillée entre deux priorités : ce qui l'entoure dans l'immédiat et son analyse extérieure et détachée de la situation dans laquelle il se trouve bloqué. Au fond, la thématique récurrente, qui constitue le coeur de la série, est celle de la perte du sens de la réalité. Un égarement progressif qui culminera avec le déchirant - mais sonnant si juste - final.
Au-delà d'une métaphore identitaire aux accents de tragédie, Life on Mars ne repose pas uniquement sur cette toile de fond prenante et originale. En effet, la série ne se serait pas imposée avec une telle force à l'écran sans des protagonistes qui en sont la véritable âme. L'équipe policière, au sein de laquelle Sam Tyler est parachuté, est dirigée par un DI, Gene Hunt, personnalité forte qui défie toute catégorisation : il a ses ambiguïtés éthiques mais demeure instinctivement attaché à son métier et à la mission qu'il sous-tend. Ce personnage est profondément marqué, tant par les moeurs de son époque, que par les stéréotypes associés depuis dans l'imaginaire du public. Bien souvent, l'intérêt des épisodes va résider plus dans la confrontation explosives des deux approches, souvent presque antinomiques, incarnées par Sam et par Gene, plutôt que dans le fond de l'enquête menée qui n'est pas toujours des plus fouillées. Ici encore, l'opposition s'inscrit dans une lignée classique : les méthodes policières de travail des années 2000 n'ayant pas grand chose de commun avec ce qui peut être perçu comme le tourbillon des années 70. L'aspect très rigoriste, mais aussi très humain et souvent touchant, de Sam se heurte aux initiatives pragmatiques, détachése du code de bonnes conduites, et fonctionnant à l'instinct, que symbolise Gene.
Le clash était inévitable - et même recherché - et il va suivre un développement intéressant, s'inscrivant dans la logique du petit écran. En effet, si la construction des épisodes, de l'affaire du jour jusqu'aux oppositions de vues qu'elle génèrera chez nos deux principaux personnages, peut apparaître un peu répétitive sur le long terme, il faut cependant préciser qu'elle ne suit pas toujours avec rigueur un schéma invariable. Peu à peu, Gene et Sam vont parvenir à une certaine compréhension réciproque, où vont poindre les bases d'une amitié, mais aussi une forme de respect. Bénéficiant de cette complicité relative et du théorème selon lequel les opposés s'attirent, Life on Mars s'inscrit dans la lignée de ces bromances explosives particulièrement appréciées du petit écran. Pour parfaire cela, les excellents acteurs qui composent ce duo, John Simm et Philip Glenister, délivrent des performances parfaites, aux accents charismatiques très magnétiques et à l'alchimie évidente à l'écran.
Bilan : Sans révolutionner le petit écran, Life on Mars aura réussi à pleinement capitaliser sur un concept de départ original, qui l'aura conduit à utiliser des ingrédients classiques dont la force va être de parvenir, avec beaucoup de naturel, à toucher la fibre affective du téléspectateur. Qu'il s'agisse de l'attrait nostalgique, de cette étrange ambiance indéfinissable naviguant entre faux policier et quête identitaire, entre drames et décalages humoristiques, l'attrait de la série restera sa capacité à se faire apprécier instinctivement, notamment par le biais de personnages très attachants.
NOTE : 8,5/10
Le générique de la série :
Une bande-annonce (de la première saison) :
07:57 Publié dans (Séries britanniques), Ashes to Ashes / Life on Mars | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : life on mars, bbc, john simm, philip glenister, liz white, dean andrews, marshall lancaster | Facebook |
14/01/2010
(UK) Law & Order UK : le syndrome de la copie ?
"In the criminal justice system, the people are represented by two separate, yet equally important groups. The police, who investigate crime, and the Crown Prosecutors, who prosecute the offenders. These are their stories."
Lundi soir a repris la diffusion, sur ITV, de la suite de la saison 1 de Law & Order UK (dont la première partie avait été proposée au cours de l'hiver/printemps 2009). Si elle a déjà été diffusée dans son intégralité au Canada durant l'été 2009, ces épisodes sont encore inédits en Angleterre. Ne me demandez pas d'expliquer les mystères impénétrables des diffusions internationales, ni pourquoi ces épisodes, qui constituaient originellement un tout, se voient désormais affubler de la désignation de "series 2". Toujours est-il que ITV avait également commandé, l'été passé, 13 autres épisodes (d'une "vraie" saison 2, cette fois - qui s'appellera probablement... "saison 3"), en plus de la première fournée. Même si, en concurrence directe avec un classique de la BBC, Hustle (Les Arnaqueurs VIP en VF), Law & Order UK est sortie perdante de leur première confrontation d'audiences, elle n'a cependant pas démérité.
Dans l'absolu, Law & Order UK est une série procédurale efficace, écrite de manière sérieuse, où les différentes affaires criminelles se révèlent suffisamment complexes pour intéresser le téléspectateur. Construite sur le même schéma que sa grande soeur, elle se divise ainsi en deux : d'une part, l'enquête policière, d'autre part, les poursuites au tribunal. Le volet policier est incontestablement l'aspect le plus réussi du show. Les enquêteurs forment un duo sympathique, protagonistes très différents tout autant que complémentaires, auxquels on s'attache aisément. La série trouve en effet très rapidement un équilibre au sein du commissariat, plutôt bien inspirée quand il s'agit de mettre en scène les enquêtes, chaperonnées par une patronne impliquée. En revanche, la partie judiciaire révèle plus de faiblesses. Tout autant stéréotypée, mais moins équilibrée, elle apparaît aussi plus manichéenne. Elle peine à trouver son rythme, le téléspectateur ayant au final certaines difficultés à s'impliquer dans les préoccupations de l'accusation.
Cependant dotée d'intrigues policières qui ont fait leur preuve (et pour cause), Law & Order UK reste une série policière et judiciaire, intéressante à plus d'un titre, et qui fidélise facilement le téléspectateur appréciant ce type de fiction. D'autant que, sur la forme, la série offre une réalisation propre, où l'image est fluide et le jeu de couleurs pas inintéressant. En somme, c'est très correct et l'on devine qu'un réel soin y a été apporté. Le casting ne dépareille pas non plus, composé d'habitués du petit écran : Jamie Bamber (Battlestar Galactica), Freema Agyeman (Doctor Who), Ben Daniels (The State Within), Bill Paterson (Little Dorrit), Bradley Walsh (Coronation Street)...
Mais là où le bât blesse, c'est dans la conception même à l'origine de cette reprise. Pour tout amateur de la franchise, familier de la série originelle, il lui sera bien difficile de ne pas se sentir frustré en regardant Law & Order UK. En effet, les différentes affaires sont des adaptations copier/coller d'intrigues traitées dans la série originelle. Chaque épisode a donc son équivalent américain. Ainsi ce premier épisode de la saison 2, Samaritan, est-il une copie d'un épisode diffusé en 1993 aux Etats-Unis, dans la première série, et qui s'intitulait Manhood. Le fait divers est le même, seule la retranscription change. Certes, pour être honnête, je n'ai jamais dû voir en intégralité toutes les saisons de Law & Order, et il est encore moins probable que je me souvienne précisément d'épisodes diffusés il y a plus d'une décennie (déjà qu'une année me fait l'effet d'une éternité pour ce type de show)...
Reste que, devant mon écran, je ne peux m'empêcher de m'interroger : quel est l'intérêt de faire traverser l'océan à une franchise, pour en reprendre jusqu'aux histoires ? Ce n'est pas seulement le canevas d'ensemble que l'on reprend, mais c'est l'essence même de la série originelle que l'on veut reproduire. Qu'a à nous apporter, cette adaptation, en dehors d'un cadre étranger, de nouveaux acteurs et d'une relative modernisation d'ensemble ?
J'avoue que, confrontée à ce dilemne, ma conscience téléphagique se trouble. Si la série s'était contentée de reprendre simplement la formule et l'équilibre de la franchise, en abordant des cas moins génériques, plus particuliers... Mais, au final, Law & Order UK ne cherche pas à gagner une indépendance. Oui, c'est une série qui se suit sans difficulté, qui présente bien, et derrière laquelle il y a un vrai investissement des acteurs, comme du réalisateur. Mais une question lancinante revient fatalement me hanter à chaque début d'épisode : est-ce que je veux participer à cette consécration de la copie ? A priori, je n'ai aucune opposition de principe contre les remakes, les spin-offs, les rip-offs ou autres libres inspirations... Ne devrais-je pas simplement apprécier sans arrière-pensée ce show procédural ? Je n'y parviens pourtant pas. Peut-être est-ce simplement le regret de se dire qu'avec plus d'ambitions, les scénaristes auraient pu créer une série judiciaire à part entière, non juste cette énième ombre, plaisante mais dispensable...
Bilan : Série judiciaire attrayante pour les amateurs du genre, Law & Order UK cherche encore ses marques, disposant d'un volet policier, plus équilibré et réussi que le volet judiciaire, encore hésitant. Sérieuse sur le fond, soignée sur la forme, le principal bémol qu'on lui adressera est ce sentiment gênant d'absence d'identité propre. J'aimerais que les scénaristes trouvent l'ambition de se détacher de cette tentation du copier/coller, pour adapter ce concept aux spécificités britanniques.
NOTE : 6/10
Le générique :
La bande-annonce de la "saison 2" :
14:35 Publié dans (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : law & order uk, itv, jamie bamber, freema ageyman, ben daniels, bill paterson, bradley walsh | Facebook |
09/01/2010
(UK) Survivors : l'après du scénario catastrophe d'une pandémie meurtrière (Bilan, saison 1)
A partir de ce mardi 12 janvier 2009, NRJ12 entame la diffusion d'une série britannique à la thématique bien ancrée dans l'air du temps : et si la quasi-totalité des habitants de la Terre succombait à un virulent virus grippal ? Il ne s'agit pas du scénario catastrophe du ministère de la santé concernant la grippe A, mais du concept de départ de cette fiction britannique, dont la saison 1 a été diffusée en décembre 2008 sur BBC1 (donc, antérieurement au contexte grippal de 2009). Hasard du calendrier, la saison 2, comportant six épisodes, débutera en Angleterre ce même mardi 12 janvier.
Après un pilote implacable nous relatant la rapide progression inéluctable de la pandémie et ses conséquences bouleversantes, éradiquant 99% de l'humanité, Survivors se concentre ensuite sur un groupe de survivants, qui se retrouvent livrés à eux-même dans des villes désertées, où les structures et institutions sociales, mais aussi tout le confort moderne, ont été balayés par l'épidémie. Survivors est en fait un remake d'un classique de la télévision britannique : une série diffusée de 1975 à 1977 outre-Manche. Les téléphages y retrouveront de nombreuses têtes connues, habitués (avec plus ou moins de réussite) du petit écran anglais, tant dans le casting principal (Julie Graham, Max Beesley, Paterson Joseph, Zoe Tapper, Phillip Rhys), que dans les guest-stars (Freema Ageyman, Nikki Amuka-Bird).
Se situant dans un créneau post-apocalyptique que l'on pourrait rapprocher éventuellement, dans le paysage téléphagique de ces dernières années, d'une série comme Jericho, la saison 1 de Survivors laisse dans l'ensemble une impression très mitigée. Le potentiel d'un tel scénario est évident ; mais si s'esquissent quelques éléments intéressants à creuser, dans l'ensemble, la série souffre du manque d'ambition de ses scénaristes, qui choisissent de se reposer uniquement sur le concept fort et très spécifique de cette fiction, sans prendre la peine de se réapproprier ce cadre, d'atteindre la pleine envergure que l'on serait légitimement en droit attendre d'une telle idée. La vie d'après la pandémie se voit ainsi réserver un traitement scénaristique qui n'offre aucune surprise. En résulte des intrigues trop classiques, des enchaînements de clichés, parfois divertissants, parfois indigestes, et une frustration qui ne quitte pas le téléspectateur tout au long du visionnage. L'écriture est très aseptisée, quasi-linéaire, ne prenant jamais de risques.
L'aspect marquant, sans doute le plus réussi, de Survivors se résume en fait à son pilote, une efficace fiction catastrophe, à la fois divertissante et glaçante, exploitant tous les poncifs du genre, de façon assez prenante. On assiste à la plongée progressive de l'Angleterre dans le chaos, le pays cessant peu à peu de fonctionner, paralysé par la brusque pandémie. Les institutions officielles, dépassées, n'ont rien anticipé et vont être frappées de plein fouet, de la même manière que le reste de la population. Car la prise de conscience de la gravité de la situation, par le gouvernement comme par les citoyens, ne va intervenir que sur le tard, alors que la bataille contre l'épidémie est déjà perdue, l'issue fatale étant désormais inéluctable. Le pays entier sombre et se dissout en quelques jours... A travers le suivi du destin de quelques personnes, le téléspectateur se familiarise avec les futurs survivants et leurs tragédies personnelles.
Puis, la série s'ouvre alors sur une nouvelle ère, le "jour d'après". Les villes, cadres de civilisation par excellence, sont devenues froide et vides. Les cadavres, que l'on devine ou l'on croise, pourrissent derrière les murs des bâtiments, laissant les survivants à la merci de nouvelles épidémies. Il n'y a plus aucun mouvement, plus aucune vie. Ce désert civilisé, ruines béantes d'une société qui n'est plus, génère une sensation pesante, particulièrement forte. Les scénaristes n'ont aucun souci pour jouer sur les symboles dans la mise en scène de ce point de départ glaçant, dans l'ensemble très efficace.
Cependant, c'est ensuite que cela se corse et que Survivors peine à tenir les promesses qu'elle a fait naître. Il va falloir décrire le nouveau mode de vie des rares survivants, des derniers êtres humains qui errent, sans but, au milieu de ce théâtre de tragédie. Chacun se retrouvant isolé, séparé des siens qui sont morts ou disparus, un groupe d'individus très hétéroclyte se forme, suivant le premier principe de survie : l'union fait la force. Il offre une galerie de personnages très différents, mais qui ne vont jamais dépasser les stéréotypes qui leur sont assignés. Trop unidimensionnels, dotés de personnalité sans nuance, on peine à s'attacher à leur sort. Au fil des épisodes, alors même que l'histoire progresse, aucun ne parvient à prendre une réelle dimension, manquant désespérément d'épaisseur.
Si ce n'est donc pas du côté de ses protagonistes que Survivors va trouver le salut, son exploitation du grand concept de départ va se révéler également laborieuse. Il faut reconstruire une organisation sociale permettant aux derniers représentants de l'espèce humaine d'assurer leur survie. Plusieurs systèmes sont proposés, très différents : de la tendance tyrannique et liberticide d'une des dernières officielles de l'ancien gouvernement britannique jusqu'à des propositions de libre association plus souple. Mais la série, refusant d'introduire toute subtilité, ne prend jamais le temps de s'interroger réellement sur ces diverses options et leur finalité, restant trop souvent dans l'exposition caricaturale.
Enfin, le dernier fil rouge le plus affirmé laisse pour le moment le téléspectateur sur sa faim : il s'agit du développement d'une véritable théorie du complot, amenant à s''interroger sur l'origine du virus, une origine humaine qui implique que la pandémie est une conséquence du travail de scientifiques. Le téléspectateur a ainsi droit à quelques scènes entourées de mystère dans un laboratoire caché.
Bilan : La saison 1 de Survivors s'avère être de facture très (trop) moyenne. Insuffisamment ambitieuse, en dépit de son fort concept de départ ; trop timorée pour oser prendre le moindre risque dans son écriture qui manque de subtilité, elle ne laisse qu'entre-apercevoir un potentiel bien présent mais qui n'est pas exploité. La série ne répond pas aux attentes que son pilote efficace avait fait naître chez le téléspectateur. Elle s'inscrit un peu dans la lignée de ces séries au synopsis de départ intriguant, mais qui ne parviennent pas à relever le défi de le faire vivre sur le long terme. Sa durée brève (six épisodes) peut cependant lui permettre de bénéficier de la patience du téléspectateur qui n'attendrait d'elle qu'un divertissement post-apocalyptique. Mais dans l'ensemble, cela reste une série très dispensable.
NOTE : 4/10
La bande-annonce de la saison 1 (VO) :
13:13 Publié dans (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : survivors, bbc, julie graham, max beesley, paterson joseph, zoe tapper, phillip rhys, freema ageyman | Facebook |