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12/12/2009

(UK) Party Animals (La jungle du pouvoir) : glamour and politics


A moins que vous n'ayez émigré sur Mars (encore que, cette affirmation elle-même peut être discutable) ou que vous ne vous soyez imposé un embargo de toutes nouvelles en provenance d'outre-Manche, il est difficile d'échapper au buzz (doux euphémisme) orchestré par la BBC, autour de Doctor Who, qui bat son plein en ce mois de décembre... David Tennant est en lice pour le record du nombre de unes de magazines et de participations à toutes les émissions possibles et imaginables en Angleterre, afin de promouvoir sa propre mort. Ou plutôt celle de Ten. Car, le 1er janvier 2010, nous allons ouvrir l'année avec un nouveau docteur. Le Onzième du nom. L'annonce du nom de l'acteur s'apprêtant à l'incarner a été faite il y a près d'un an, suscitant divers débats et interrogations. Matt Smith, semi-inconnu, jeune acteur de 27 ans, manque surtout singulièrement de références, empêchant qu'on puisse déjà se faire une idée sur lui. La question se posait avec une telle acuité qu'il existe même un site consacré à sa réponse : whoismattsmith.com.

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Pour résoudre le mystère, en téléphage appliquée, une fois la nouvelle connue, je me suis penchée sur sa fiche imdb afin d'étudier la maigre filmographie qui s'y trouve. Un rôle dans un épisode de The Sally Lockhart Mysteries et une apparition furtive dans Secret diary of a call-girl se sont chargés de lui faire rencontrer Billie Piper (rituel préalable obligatoire) ; un autre passage fugace dans The Street ; enfin, un personnage plutôt secondaire dans une mini-série oubliable l'hiver dernier, Moses Jones... Bref, rien qui permette de se former un jugement sur l'acteur lui-même. Dans la liste, seule une série sympathique, diffusée au cours de l'hiver 2007 sur BBC2, retient vraiment l'attention : Party Animals (proposée par une chaîne d'Orange en France, sous le nom La jungle du pouvoir). Elle est composée d'une saison unique, comptant huit épisodes, au cours desquels Matt Smith tient un des rôles clés, au sein d'une solide distribution 3 étoiles. On retrouve en effet à ses côtés, notamment, Andrew Buchan (The Fixer, Garrow's Law), Andrea Riseborough (The Devil's Whore), Patrick Baladi (No heroics, Mistresses, The Office UK), Shelley Conn (Dead Set, Mistresses).

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Party Animals est une dramédie rythmée, plutôt enjouée, qui nous plonge dans les coulisses du Parlement britannique de Westminster. Ne s'étant pas fixée pour mission de faire oeuvre de pédagogie, elle se concentre principalement sur sa galerie disparate de personnages ; les intrigues politiques constituant plutôt une toile de fond, prétexte à des retournements de situation, mais dont seules les grandes lignes sont esquissées. Dynamique mais souvent désordonnée, la série navigue entre les genres, mettant plusieurs épisodes à trouver son équilibre : entre moments lourds, passages tendant plus vers la comédie et sorte de pseudo-soap clinquant, Party Animals devient peu à peu un divertissement attachant, dont le ton d'ensemble se révèle finalement assez léger. Ainsi, si elle baigne dans la politique, cet aspect s'efface derrière l"importance des rapports entre les différents personnages ; en effet, mêlant, dès le départ, coeur et travail, le relationnel finit par jouer un rôle prépondérant dans la série. C'est pourquoi l'intérêt de Party Animals ne réside pas tant dans son portrait superficiel, voire caricatural, des moeurs politiciennes modernes, que dans l'attachement que le téléspectateur développe pour ces personnages.

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Souvent stéréotypée dans ses storylines, parfois excessive dans ses mises en scène, la série conserve une distance salutaire avec son sujet, exploitant parfaitement la carte "glamour & politics" qui constitue son concept de départ. L'ambiance reste donc dans l'ensemble frivole, à quelques exceptions près, s'inscrivant dans la lignée des dramédies modernes. Si son cadre lui confère un dynamisme attrayant certain, c'est grâce à ses personnages que Party Animals parvient véritablement à séduire le téléspectateur. Nous suivons deux représentants de la Chambre des Communes et leur staff, un conservateur, l'autre travailliste, ainsi qu'une agence de lobbying, dans les coulisses agitées du Parlement britannique. Tous sont des trentenaires ambitieux ; ce qui va permettre à la série d'utiliser, dans leurs intéractions, les codes scénaristiques de comédies sentimentales, tout en conservant une légèreté toujours entretenue. Les personnages très diversifiés se révèlent surtout sympathiques. La série en profite également pour renouveler l'image des conservateurs, notamment en terme d'exposition des minorités. Logiquement portée par son très solide casting, Party Animals offre à Matt Smith un rôle énergique de jeune homme obstiné, qui n'a pas renié ses idéaux, au cours duquel l'acteur m'a convaincue de son potentiel à incarner le Docteur, notamment grâce à cette hyperactivité qu'il parvient à faire passer à l'écran.

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Bilan : Party Animals est une dramédie vivante, souvent désordonnée, sans prétention, qui joue sur une ambiance de fausse comédie sentimentale. Sa force réside dans sa capacité à se rendre attachante. En effet, elle mise sur l'aspect humain, sans chercher à pleinement exploiter le cadre politique, plutôt toile de fond et prétexte à la mise en scène des relations entre les personnages ; ce qui débouche donc sur des intrigues politiciennes souvent clichées. Mais, avec une énergie communicative jamais démentie, Party Animals remplit cependant efficacement sa mission de divertissement, à des lieux du classique ton corrosif que l'on retrouve souvent outre-manche.

Il ne faut donc pas qu'il y ait confusion : si vous êtes intéressé par une vision britannique moderne de la politique, vous ne trouverez pas satisfaction dans Party Animals. Essayez plutôt une série telle The Tick of it. En revanche, si vous recherchez un cocktail détonnant, parfois maladroit, mais toujours dynamique, entre politique et comédie sentimentale, Party Animals pourra vous faire passer un moment agréable.


NOTE : 7/10


Quelques extraits du premier épisode :

03/12/2009

(UK) Wire in the blood (La fureur dans le sang) : entrez dans la tête d'un serial killer


ITV
est généralement une chaîne associée à une qualité de fictions souvent en dents de scie, se côtoient du bon (classiquement Prime Suspect, actuellement The Fixer...) et du moins bons (Demons...), avec beaucoup de productions oscillant dans la zone grise entre les deux. Cependant, un certain nombre de ses fictions sont parvenues à me fidéliser à cette chaîne. Parmi lesquelles figure La Fureur dans le sang (Wire in the blood), proposée par Canal + en France. Certes, je considère que sa qualité a quelque peu baissé à partir de la saison 4 et, étrangement, la série ne s'est jamais pleinement remise du départ de Hermione Norris, même si elle a continué d'offrir des saisons relativement solides dans l'ensemble, dont il est difficile de décrocher. Il reste que Wire in the blood, adaptation des romans de l'écrivaine écossaise Val McDermid, reste un vrai classique du traitement des serial killer par le petit écran qui mérite vraiment le détour. La série comprend 6 saisons, diffusées de 2002 à 2008.

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Wire in the blood est une série policière, mettant en scène le Docteur Tony Hill (Robson Green), psychologue réputé spécialisé dans les pathologies des tueurs en séries. Il est amené à collaborer avec la police sur les enquêtes de crimes particulièrement violents ou potentiellement en série, dans un rôle proche de ce que l'on qualifierait de profiler aux Etats-Unis. Il essaye en effet de dresser le profil psychologique et les caractéristiques (sexe, âge, background social, etc...) du criminel recherché, à partir de l'analyse des victimes, du lieu des meurtres et de leurs mises en scène. La collaboration avec la police ne se passe pas toujours bien, leurs méthodes, comme leurs approches, divergeant très souvent ; mais Tony noue cependant une relation particulière avec celle qui dirige l'unité d'enquête de la police, Carole Jordan (Hermione Norris). Après le départ de cette dernière, Alex Fielding (Simone Lahbib), prendra la relève, pour offrir un vis-à-vis de caractère au psychologue.

Wire in the blood doit une partie de son attrait aux affaires qu'elle traite. Jamais avare de mises en scène macabres et de détails sanguinolents, sans jamais pour autant verser dans la surenchère, la série nous immerge dans une ambiance très sombre, parfois glauque et souvent glaçante. Elle donne l'impression de passer de l'autre côté du miroir des apparences pour étudier la face obscure de la nature humaine. Mais cette abondance de détails s'inscrit toujours dans une recherche de réalisme et d'authenticité, souvent perceptible, qui confère une dimension supplémentaire à la série, crédibilisant ses intrigues. Les enquêtes sont d'ailleurs généralement très fouillées, tout en restant globalement classiques. Bref, on est aisément happé par cette atmosphère de polar noir, très bien retranscrite, où l'on met à jour les modes de raisonnement de meurtriers ordinaires ou effroyables. Rarement une série aura aussi bien soigné cette approche psychologique du crime, sous un jour aussi rigoureusement scientifique ; ce qui la rend incontournable pour toute personne que Hannibal Lecter a fasciné au cinéma.

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Outre la qualité de ses enquêtes, ce qui confère son originalité à Wire in the blood, c'est le rapport de forces qui s'établit entre les deux personnages principaux. La série bouleverse la répartition classique des rôles dans ce genre de fiction. Carol, policière aux méthodes expéditives, toujours pragmatiques, se retrouve confronté à un homme plus proche de la figure du professeur Tournesol que du redresseur de torts que l'on a coutume de voir dans ce type d'association. Tony Hill a souvent un sens des réalités un brin distordu, que son entourage peine à comprendre. Sa vie sociale se résumerait presque, au départ, à ses visites quotidiennes à ses patients, des criminels enfermés dans un asile. Le décalage entre les deux personnages offre d'excellents échanges, entre brusque remise au point et exaspération teintée d'humour, suivant la situation. A mon sens, c'est avec Carol Jordan que l'alchimie fonctionne le mieux et que cet équilibre est parfaitement mis en place. Dotés de personnalités complexes et recherchées, avec ses forces et ses faiblesses, chacun des personnages se révèlent en plus attachant. Le téléspectateur retrouve donc ce duo d'enquêteurs avec beaucoup de plaisir au fil des enquêtes. (Hermione Norris jouera dans les trois premières saisons.)

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Bilan : Wire in the blood est une série policière sombre et intelligente, aux personnages bien loin des stéréotypes classiques de ce genre de fiction. Le duo principal brise ainsi les clichés traditionnels, lui conférant un équilibre original et une identité propre. Dotée d'intrigues fortes, c'est à travers la psychologie qu'elle nous immerge dans cet univers des serial killer. Les saisons étant courtes et les épisodes longs (1h30), son intensité n'a pas le temps de faiblir, tout en ayant l'occasion de bien construire ses intrigues.

Voici une série policière de référence qui devrait piquer l'intérêt du plus grand nombre.


NOTE : 8/10


La bande-annonce :


28/11/2009

(UK) Demons, saison 1 : vade retro

Cela doit venir de mon naturel optimiste, mais vous avez sans doute remarqué que je privilégie dans mes récits d'aventures en terres téléphagiques, les "séries qu'il peut être sympa de regarder", par opposition aux "séries à oublier". C'est qu'il n'est jamais agréable de revenir sur une mauvaise expérience télévisée, sur la dernière déception sériephile que l'on a connue. Parce qu'aussi, en ces périodes de doutes, je préfère me concentrer sur le positif. Après tout, ce blog traduit une volonté de vous faire partager ce que j'aime (avec quelques nuances), il n'est pas là afin de servir d'exécutoire pour mes dernières réactions épidermiques contre telles ou telles découvertes (même si évacuer sa frustration est parfois nécessaire).

Si bien que vous ne savez presque rien de la face obscure de ma vie sériephile. Quel est mon dernier abandon en date de séries en cours ? Quels effroyables pilotes j'ai tentés cette semaine pour instantanément les oublier ensuite ? Or, la téléphagie, ce n'est pas une passion toute rose qui se vit toujours avec plaisir. Elle passe aussi par des périodes creuses, de recherches sans fin de petites étincelles, et comporte son lot d'expériences plus ou moins traumatisantes devant son petit écran. Car, soyons réaliste, statistiquement, les séries décevantes sont supérieures en nombre aux intéressantes. Même en sélectionnant les synopsis, en gardant un oeil sur les critiques de confrères avisés, notre curiosité intarissable nous conduit invariablement vers des sentiers de traverse. Bien sûr, il est mieux de se faire une opinion sur une série par son propre visionnage ; mais parfois, avec le recul, on se dit qu'il aurait quand même été plus avisé de s'épargner certaines peines et de sauver une heure de son temps.

Cette longue introduction pour vous parler d'une série britannique dont l'arrivée en France est prévue ce lundi 30 novembre sur TF6 : Demons. Projet initié par ITV, dans le but de surfer sur le renouveau du genre fantastique, cette fiction fut enterrée, à l'issue de sa première saison, dans la vaste fosse commune des désastres télévisuels à oublier.

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Initialement, Demons tente de réactualiser la chasse aux vampires et autres démons, en nous introduisant auprès du dernier descendant des Van Helsing, un adolescent de 18 ans, autour duquel veillent plusieurs personnages protecteurs. Nous sommes donc dans un univers à la thématique très proche de Buffy.

Il est difficile de savoir par où commencer pour énumérer tous les défauts, qui surgissent à chaque ligne de dialogues. La série constitue une sorte de vaste cliché ambulant, qu'on ne sait pas trop à quel degré comprendre. Ce recyclage éhonté de tous les stéréotypes du genre s'accompagne de dialogues tellement plats et convenus qu'il est presque possible au téléspectateur de les réciter avant même que les répliques ne soient prononcées. Le manque de subtilité se ressent aussi dans la présentation des personnages, figures unidimensionnelles sans la moindre épaisseur psychologique. La faiblesse est d'autant plus criante que le jeune supposé "héros" se révèle d'une fadeur désespérante (le jeu monolithique de l'acteur, Christian Cooke, y est sans doute pour quelque chose -le pauvre a d'ailleurs réussi à se commettre dans l'exaspérante Trinity depuis). Ce n'est pas la présence de Philip Glenister qui sauvera quoique ce soit. Impossible de s'attacher à cette ambiance.

Malheureusement, les intrigues suivent le même schéma. Les scénaristes brûlent les étapes de construction des storylines, utilisent toutes les ficelles les plus connues pour finir par plonger dans une caricature dont on est réduit à se demander si elle est asssumée ou à prendre au premier degré. Si sur le fond, tout tombe désespérément à plat, la forme ne permet pas de relever le niveau. Dotée d'une réalisation pour le moins discutable, la série devait en plus disposer d'un budget très serré, car tout est très très cheap (mais sans aucun charme). Les effets spéciaux n'étaient probablement pas une priorité ; ils pourront cependant nourrir l'aspect comédie involontaire de la série en générant sans doute quelques rires. Enfin, je vous épargnerai le récit de la mise en scène des combats.

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Bilan : Caricature ratée, cliché sans âme, ni charme, Demons enchaîne tous les poncifs du genre sans sourciller. C'est une de ces séries qu'il convient d'oublier très vite.

Bref, pour ce samedi, je vais à l'encontre de mes principes : au lieu de rajouter des séries à votre pile des indispensables à voir, je vous fais gagner du temps (je sais aussi me montrer charitable). C'est bien simple : ne regardez par Demons. Ne tentez même pas le pilote.
Si vous aimez tellement Philip Glenister, ressortez vos DVD de Life on Mars ou Ashes to Ashes. Même si cela ne sera pas de l'inédit, vous passerez au moins une bonne soirée. Si vous voulez absolument voir des histoires de vampires, du classique Buffy jusqu'à Being Human, tout sera plus attrayant (sauf peut-être Blade... dans le genre...).


NOTE : 1,5/10

 

Voilà donc un gain de temps gracieusement offert qui va vous permettre de ménager un espace dans vos programmes pour la série que je vous proposerai demain !

09/11/2009

(UK) Being human, saison 1 : en quête d'identité et d'humanité


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Ce samedi soir a débuté, en France, sur Orange Cine novo (sérieusement, c'est une vraie chaîne ?), la saison 1 de Being Human. Tandis qu'aux Etats-Unis, SyFy, faisant une fois encore preuve d'innovation, a commandé 13 épisodes d'une version américanisée de Being Human, souhaitant sans doute surfer sur la nouvelle vague de fantastique qui envahit le petit écran. Pourtant, la genèse quelque peu chaotique de cette série britannique ne laissait pas entrevoir la pérennité que le concept aurait. En effet, après un pilote "test" qui permit à la série de se constituer une petite base de fans, mais dont la diffusion esseulée en février 2008 ne remporta pas la bataille de l'audience, ce n'est qu'après tergiversations et suite à une campagne de mobilisation pour sauver la série que BBC3 commanda finalement une saison complète de six épisodes. Ce délai avait laissé le temps aux acteurs originaux de s'engager sur d'autres projets, ce qui nécessita le changement d'une partie du casting, d'où l'existence d'un "deuxième" pilote qui ouvrit cette saison 1 en janvier 2009. La chaîne, satisfaite de l'écho de Being Human, commanda une saison 2, de huit épisodes. Elle devrait être diffusée en début d'année 2010 en Angleterre.

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Being human se propose de nous conter le quotidien de trois amis "colocataires". Mitchell, un vampire de plus de 100 ans, et George, un récent loup-garou, unis par leurs insécurités et leurs interrogations, emménagent au cours du premier épisode dans une maison, où une jeune femme est morte il y a peu, tombée dans les escaliers. Annie n'est pourtant pas partie, elle hante les lieux sans vraiment comprendre sa situation. A la différence des humains "normaux", les autres créatures surnaturelles ont toujours la capacité de voir un fantôme. Si bien que Annie se retrouve vite adoptée par l'étrange duo qui prend possession de la maison. Nous allons suivre ensemble le quotidien et le lot d'épreuves que ce dernier peut réserver à un vampire, un loup-garou et un fantôme. Plus que l'amitié qui se forge peu à peu, ce qui les unit en premier lieu, cela va être leur interrogation commune sur leur étrange nature, voire leur quête vers l'humanité. Chacun se situe à différents stades. George est en plein déni, transformé en loup-garou il y a peu, il se considère comme un monstre et refuse d'être confronté à cette évolution qui s'est produite en lui. Ne s'acceptant pas tel qu'il est, il aspire ouvertement à la normalité, tout en nourrissant la hantise de blesser quelqu'un lors de ses transformations, préférant fuir. Annie, également nouvelle dans son état fantômatique, est plus détachée de ces réflexions matérielles en raison de sa mort. Seulement, progressivement, c'est toute sa vie (et sa fin) qui va apparaître sous un angle nouveau, à des lieues de l'apparence légère et heureuse qu'elle mettait en scène. Dans la mort, c'est, étrangement, sa propre vie qu'elle va devoir reprendre en main pour trouver la paix. Enfin, pour Mitchell, la situation est quelque peu différente, car il a déjà pleinement accepté sa nature de vampire du fait de son expérience. C'est son état d'esprit qui a changé au fil des ans ; après des années où il s'était dégagé de toute considération morale, "humaine" pourrait-on dire, il a de lui-même rompu avec ses congénères et refuse désormais de se nourrir de sang directement sur un être vivant. On retrouve alors la même ambiguïté que chez George : l'interrogation sur le contrôle (et son manque par moment) et une vie qui tourne autour de ces moments dangereux où la nature surnaturelle prend le dessus, au cours desquels Mitchell peut tuer, bien plus sûrement et souvent que George.

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Being human est donc une série sur une quête impossible de normalité par des êtres surnaturels. Cela se ressent dans le traitement des personnages, comme des storylines. En effet, c'est avec une sobriété surprenante, pour ce type de thématique, qu'est mis en scène le caractère particulier de chacun. Pas de surenchère fantastique, ni même d'effets spéciaux hormis le strict minimum. C'est un quotidien d'une banalité irréelle qui est mis artificiellement en place, propre à nous faire oublier par moment la spécificité de nos protagonistes. Mais, soudain, arrive le dérapage incontrôlé. Quelque chose vient griper ce bel agencement et toute cette apparence s'effondre aussi sûrement qu'un château de cartes. C'est un souci rencontré lors d'une nuit de pleine lune pour enfermer George et éviter qu'il ne blesse quelqu'un quand il est transformé ; c'est Mitchell qui cède à sa tentation constante du sang frais et tue la dernière fille avec laquelle il était sorti flirter ; c'est Annie qui, soudain, prend conscience que sa mort n'avait rien d'un accident... L'illusion de normalité se brise brusquement, parfois sans prévenir, laissant les personnages exsangues, confrontés à leurs démons intérieurs. Being human ne pousse pas la réflexion jusqu'à s'interroger sur cet idéal d'humanité et sa pertinence, même si cela est parfois esquissé à travers certaines réactions si humaines (et horrifiées) auxquelles se heurtent les héros. Cependant, cette interrogation identitaire, quasi initiatique, offre un angle scénaristique intéressant et plutôt original. Faire la paix avec eux-même. Accepter ce qu'ils sont. Tout un programme qui permet une approche très introspective et qui constitue un des attraits majeurs de la série.

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Cependant, Being human n'exploite pas pleinement, et aussi efficacement qu'on aurait pu l'attendre, les thématiques de son concept, au cours de cette première saison. Si elle joue volontairement sur une ambiance inhabituelle de "normalité" qui constitue sa particularité (et dont la sobriété peut peut-être dérouter de prime abord), les intrigues des différents personnages prennent invariablement un tour très classique, traitées à de nombreuses reprises dans d'autres fictions. Elles sont de plus assez éclatées, chacun ayant droit à une ou deux épisodes vraiment consacrés à ses propres problèmes. Mais il manque un fil rouge reliant l'ensemble. L'unité de la série se maintient grâce aux liens qui se tissent entre les protagonistes et à ce refuge que constitue la maison dans laquelle ils cohabitent. Mais, au-delà de la force de cette amitié, les différentes intrigues n'ont pas ce petit plus qui aurait permis à la série de gagner en cohésion et en équilibre d'ensemble. Cette saison 1 est placée sous le signe de la recherche de soi. Chaque personnage va suivre une évolution personnelle ; plus marquée et marquante chez George et Annie que chez Mitchell qui stagne un peu dans un cercle vicieux dont il ne parvient pas à sortir, se heurtant constamment à la communauté vampirique de la ville (qu'il finit par s'aliéner définitivement). C'est d'ailleurs peut-être ici que réside le micro-fil rouge le plus constant de la saison. Si les épreuves de George et les découvertes de Annie contribuent à construire les liens d'amitié entre les trois colocataires, les ennuis de Mitchell, qui les mettent réellement en danger, achèvent de sceller leur amitié dans l'adversité et dans la tragédie.

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En fin de compte, si les idées de Being Human sont dans l'ensemble intéressantes, quoique guère originales, elles donnent parfois l'impression de ne pas être suffisamment abouties, donnant un ensemble quelque peu brouillon. L'autre conséquence est un rythme de narration inégal, les épisodes passant parfois un peu trop lentement au goût du téléspectateur. Pour autant, ces défauts narratifs n'occultent pas l'attachement que l'on éprouve rapidement pour les personnages et pour la série en générale. C'est en jouant sur l'affectif que cette fiction comble en partie ses faiblesses scénaristiques. Je pense qu'avec un fort fil rouge, plus évident que celui de la saison 1, l'introspection des personnages gagnerait en force et la série en cohésion, permettant d'aiguiser plus directement l'intérêt du téléspectateur. C'est d'ailleurs ce que parvient à faire le final de la saison, qui se conclut sur l'ouverture d'une nouvelle piste de réflexion, où toutes ces interrogations identitaires s'inscriraient dans une toute autre perspective. Cela renforce a posteriori les évolutions de cette saison et crée une attente importante pour la saison 2, avec un nouveau mystère qui pourrait potentiellement servir de trame principale solide.

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Du côté des acteurs, il faut souligner la performance de Russel Tovey (George), très convaincant en loup-garou privé de tout repère et assailli de doutes. Les deux autres acteurs, qui ne figuraient pas dans le pilote original, ont conduit leurs personnages dans des directions très différentes de la façon dont je les avais perçus lors du premier visionnage en 2008. Si bien que la comparaison automatique que mon cerveau opère m'amène à nuancer mon jugement. Disons que cela tient beaucoup à l'affectif ; et que cela n'a sans doute aucune incidence si vous n'avez pas vu le premier pilote. Mais Lenora Crichlow (Annie), que j'aimais beaucoup dans Sugar Rush, ne peut pas rivaliser à mes yeux avec la troublante Andrea Riseborough, je n'y peux rien. Quant à Aidan Turner (Mitchell), il fait le boulot, plus sobre que dans la première version du vampire, mais il reste parfaitement crédible.

 

Bilan : S'il fallait décrire Being Human en un seul adjectif, cela serait "sympathique". Assurément, la série capitalise sur l'affectif du téléspectateur qui s'attache à ces personnages, créatures surnaturelles mais aux introspections et aux attentes si humaines. D'un rythme quelque peu inégal, cette première saison se suit pourtant avec un réel intérêt. On peut sans doute regretter que les scénaristes n'aient pas mis à profit le concept, notamment cette vaine quête d'humanité, pour s'interroger beaucoup sur la nature humaine et la question de l'identité. Mais sans être pleinement aboutie, elle offre un divertissement efficace et simple, mêlant des thèmes existentiels aux fins potentiellement tragiques et l'ambiance détendue et confiante d'une amitié qui se forme.


NOTE : 6,5/10