14/01/2010
(UK) Law & Order UK : le syndrome de la copie ?
"In the criminal justice system, the people are represented by two separate, yet equally important groups. The police, who investigate crime, and the Crown Prosecutors, who prosecute the offenders. These are their stories."
Lundi soir a repris la diffusion, sur ITV, de la suite de la saison 1 de Law & Order UK (dont la première partie avait été proposée au cours de l'hiver/printemps 2009). Si elle a déjà été diffusée dans son intégralité au Canada durant l'été 2009, ces épisodes sont encore inédits en Angleterre. Ne me demandez pas d'expliquer les mystères impénétrables des diffusions internationales, ni pourquoi ces épisodes, qui constituaient originellement un tout, se voient désormais affubler de la désignation de "series 2". Toujours est-il que ITV avait également commandé, l'été passé, 13 autres épisodes (d'une "vraie" saison 2, cette fois - qui s'appellera probablement... "saison 3"), en plus de la première fournée. Même si, en concurrence directe avec un classique de la BBC, Hustle (Les Arnaqueurs VIP en VF), Law & Order UK est sortie perdante de leur première confrontation d'audiences, elle n'a cependant pas démérité.
Dans l'absolu, Law & Order UK est une série procédurale efficace, écrite de manière sérieuse, où les différentes affaires criminelles se révèlent suffisamment complexes pour intéresser le téléspectateur. Construite sur le même schéma que sa grande soeur, elle se divise ainsi en deux : d'une part, l'enquête policière, d'autre part, les poursuites au tribunal. Le volet policier est incontestablement l'aspect le plus réussi du show. Les enquêteurs forment un duo sympathique, protagonistes très différents tout autant que complémentaires, auxquels on s'attache aisément. La série trouve en effet très rapidement un équilibre au sein du commissariat, plutôt bien inspirée quand il s'agit de mettre en scène les enquêtes, chaperonnées par une patronne impliquée. En revanche, la partie judiciaire révèle plus de faiblesses. Tout autant stéréotypée, mais moins équilibrée, elle apparaît aussi plus manichéenne. Elle peine à trouver son rythme, le téléspectateur ayant au final certaines difficultés à s'impliquer dans les préoccupations de l'accusation.
Cependant dotée d'intrigues policières qui ont fait leur preuve (et pour cause), Law & Order UK reste une série policière et judiciaire, intéressante à plus d'un titre, et qui fidélise facilement le téléspectateur appréciant ce type de fiction. D'autant que, sur la forme, la série offre une réalisation propre, où l'image est fluide et le jeu de couleurs pas inintéressant. En somme, c'est très correct et l'on devine qu'un réel soin y a été apporté. Le casting ne dépareille pas non plus, composé d'habitués du petit écran : Jamie Bamber (Battlestar Galactica), Freema Agyeman (Doctor Who), Ben Daniels (The State Within), Bill Paterson (Little Dorrit), Bradley Walsh (Coronation Street)...
Mais là où le bât blesse, c'est dans la conception même à l'origine de cette reprise. Pour tout amateur de la franchise, familier de la série originelle, il lui sera bien difficile de ne pas se sentir frustré en regardant Law & Order UK. En effet, les différentes affaires sont des adaptations copier/coller d'intrigues traitées dans la série originelle. Chaque épisode a donc son équivalent américain. Ainsi ce premier épisode de la saison 2, Samaritan, est-il une copie d'un épisode diffusé en 1993 aux Etats-Unis, dans la première série, et qui s'intitulait Manhood. Le fait divers est le même, seule la retranscription change. Certes, pour être honnête, je n'ai jamais dû voir en intégralité toutes les saisons de Law & Order, et il est encore moins probable que je me souvienne précisément d'épisodes diffusés il y a plus d'une décennie (déjà qu'une année me fait l'effet d'une éternité pour ce type de show)...
Reste que, devant mon écran, je ne peux m'empêcher de m'interroger : quel est l'intérêt de faire traverser l'océan à une franchise, pour en reprendre jusqu'aux histoires ? Ce n'est pas seulement le canevas d'ensemble que l'on reprend, mais c'est l'essence même de la série originelle que l'on veut reproduire. Qu'a à nous apporter, cette adaptation, en dehors d'un cadre étranger, de nouveaux acteurs et d'une relative modernisation d'ensemble ?
J'avoue que, confrontée à ce dilemne, ma conscience téléphagique se trouble. Si la série s'était contentée de reprendre simplement la formule et l'équilibre de la franchise, en abordant des cas moins génériques, plus particuliers... Mais, au final, Law & Order UK ne cherche pas à gagner une indépendance. Oui, c'est une série qui se suit sans difficulté, qui présente bien, et derrière laquelle il y a un vrai investissement des acteurs, comme du réalisateur. Mais une question lancinante revient fatalement me hanter à chaque début d'épisode : est-ce que je veux participer à cette consécration de la copie ? A priori, je n'ai aucune opposition de principe contre les remakes, les spin-offs, les rip-offs ou autres libres inspirations... Ne devrais-je pas simplement apprécier sans arrière-pensée ce show procédural ? Je n'y parviens pourtant pas. Peut-être est-ce simplement le regret de se dire qu'avec plus d'ambitions, les scénaristes auraient pu créer une série judiciaire à part entière, non juste cette énième ombre, plaisante mais dispensable...
Bilan : Série judiciaire attrayante pour les amateurs du genre, Law & Order UK cherche encore ses marques, disposant d'un volet policier, plus équilibré et réussi que le volet judiciaire, encore hésitant. Sérieuse sur le fond, soignée sur la forme, le principal bémol qu'on lui adressera est ce sentiment gênant d'absence d'identité propre. J'aimerais que les scénaristes trouvent l'ambition de se détacher de cette tentation du copier/coller, pour adapter ce concept aux spécificités britanniques.
NOTE : 6/10
Le générique :
La bande-annonce de la "saison 2" :
14:35 Publié dans (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : law & order uk, itv, jamie bamber, freema ageyman, ben daniels, bill paterson, bradley walsh | Facebook |
Commentaires
J'ai beaucoup aimé la saison 1, surtout le dernier épisode avec le gynéco louche !!
Par contre je ne savais pas que c'était du copier/coller, je regarde la série US, mais je ne me souviens plus de tout (en même temps ça fait presque 20 ans qu'elle existe quand même)...
Écrit par : Céline | 15/01/2010
J'ai aussi bien apprécié la saison 1 (même si je garde un bémol sur le traitement du volet judiciaire dans certains épisodes). Mais je n'arrive pas à occulter cette information sur le copier/coller. Certes, la série originale est tellement riche et longue, que je suppose que cela ne dérange que ceux qui se sont faits des intégrales à plusieurs reprises de L&O.
Mais c'est quand même dommage ce manque d'originalité. Je suis sûre que cela pourrait donner une dimension moins aseptisée/générique, et plus british, si les scénaristes s'en donnaient la peine !
Peut-être avec la saison 2... (la vraie ^_^)
Écrit par : Livia | 16/01/2010
C'est vrai que c'est dommage, car les british sont quand même plutôt bon dans les fictions.
Peut-être que le copier/coller c'était juste pour tester le public, voir s'il accrochait à la série, avant de proposer leur propre scénarii !
Écrit par : Céline | 17/01/2010
LIVIA => Je me demande si l'adapation d'épisodes n'est une condition contractuelle, car LAW & ORDER SPECIAL VICTIMS UNIT: RUSSIA et PARIS ENQUETES CRIMINELLES ont été obligées de passer par là également...
Peut-être aurons-nous la réponse avec LAW & ORDER : LOS ANGELES ?
Mais de toutes ces adaptations étrangères, la britannique est de (très) loin la plus agréable à suivre !
Écrit par : Jérôme | 18/01/2010
LIVIA => "adaptation", désolé. ;)
Écrit par : Jérôme | 18/01/2010
Intéressante précision Jérôme, merci ! Il y a peut-être quelque chose à creuser de ce point de vue-là en effet. Si ce sont des obligations contractuelles, je suppose qu'il faut s'incliner.
Je n'ai pas tenté la version russe (^_^), mais il est vrai que l'adaptation française n'était pas spécialement convaincante.
Écrit par : Livia | 18/01/2010
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