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13/09/2013

(UK) The Wipers Times : un journal satirique tenu sur le front durant la Grande Guerre

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La Première Guerre Mondiale est un sujet qui a été fréquemment traité dans les fictions : ces dernières années, de Downton Abbey à Parade's End, en passant par The Village et Birdsong, les period dramas l'évoquant n'ont pas manqué. La commémoration qui s'annonce en 2014 pour son centenaire promet également d'apporter son lot de productions y étant consacrées. Cependant certaines fictions parviennent encore à se réapproprier ce thème avec une approche originale, qui mérite pour cela toute l'attention du téléspectateur.

C'est le cas du savoureux téléfilm qui a été diffusé ce mercredi 11 septembre 2013 sur BBC2, en Angleterre. D'une durée de 90 minutes, The Wipers Times a été écrit par Ian Hislop et Nick Newman. Il s'inspire d'une histoire vraie, puisqu'il revient sur un journal de tranchées satirique qui fut tenu par des soldats anglais postés sur la ligne de front durant la Première Guerre Mondiale. Assez naturellement, le téléspectateur songe forcément un instant à la saison 4 de Blackadder qui a durablement marqué le petit écran britannique. Mais The Wipers Times a son identité, et une tonalité qui lui est propre. Une chose est sûre : ce téléfilm est une vraie réussite.

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The Wipers Times débute en 1916 dans une ville d'Ypres en train d'être réduite en ruines par les obus qui la frappent. L'unité du capitaine Fred Roberts découvre dans un des bâtiments encore debout une presse typographique en état de marche. Un de ses subordonnés ayant une formation lui permettant de manier une telle machine, Roberts, avec l'assistance de son lieutenant Jack Pearson, a une idée : créer un journal satirique qui romprait l'ennui dans lequel lui et ses hommes sont plongés, tout en aidant à maintenir le moral des troupes. Ils le nomment "The Wipers Times", Wipers étant la façon dont les soldats anglais prononcent "Ypres".

Avec ses brèves ironiques voire sarcastiques, ses plaisanteries plus ou moins allusives qui n'épargnent guère la hiérarchie, le journal ne fait évidemment pas l'unanimité parmi les officiers supérieurs. Mais il rencontre un franc succès auprès des troupes. Roberts bénéficie en plus de la bienveillance du général en charge de leur division. De 1916 à 1918, les publications se poursuivent, en dépit des difficultés matérielles et des aléas du front. Accompagnant la division jusque dans la Somme - le titre du journal changeant au gré des déplacements des troupes -, les numéros ouvrent aussi leurs colonnes aux soldats qui, avec une plume parfois maladroite mais toujours sincère, éprouvent le besoin de retranscrire les horreurs de la guerre.

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Dès ses premières scènes, c'est par sa tonalité que The Wipers Times séduit et se démarque. Bénéficiant d'une écriture fine et vive, la fiction introduit une savoureuse dynamique au sein de cette unité militaire qui s'improvise rédaction publiante. Les dialogues sont parfaitement ciselés. Les répliques s'enchaînent, démontrant une réjouissante gestion de l'ironie, ponctuée de pointes de sarcasme, dosée comme il faut. En plus de relater le quotidien de ces soldats-journalistes, c'est également au sein de l'hebdomadaire que la fiction immerge le téléspectateur. Non seulement elle nous fait assister à la naissance de certaines idées, mais elle va même plus loin en mettant en scène, au cours de brefs sketchs, des passages humoristiques directement issus des articles. C'est une ironie noire qui ressort, parfois féroce, notamment lors de la première parenthèse qui ouvre le journal, au cours de laquelle un soldat se fait diagnostiquer un mal dangereux : l'optimisme. Imaginez, ce brave homme pense que la guerre se finira vraiment dans les 12 prochains mois et que l'état-major est compétent pour remporter la victoire... Le médecin lui prescrit un remède efficace contre cette terrible maladie : il lui rédige son ordre de mission pour être envoyé au front.

The Wipers Times a des scènes franchement drôles. Cependant l'humour ne masque pas la réalité de la guerre. Derrière une vision critique et désabusée, se perçoit quelque chose de plus poignant. Le journal est le moyen pour ces hommes, et en premier lieu pour Roberts, de se raccrocher à ce qu'ils sont, à ce qu'ils étaient avant les évènements. Face à l'enlisement de la situation, face à la vanité de certaines offensives pourtant si mortelles (la bataille de la Somme), ils répondent par leur entêtement à créer encore et toujours des blagues, à persister dans la publication de l'hebdomadaire. Comme Roberts l'explique après la guerre à un journaliste avec lequel il a un entretien, ce journal reflète sa guerre, sa façon à lui de ne pas se laisser emporter par les horreurs dont il est témoin. Car tout en pointant inlassablement les absurdités du quotidien des soldats, on retrouve aussi au fil des numéros les épreuves traversées, mesurant tout ce qui se brise chez un soldat dans ces tranchées. The Wipers Times est une fiction nuancée, dotée d'un souci d'authenticité bien réel. Partageant avec le téléspectateur cet humour d'époque qui savait dérider les troupes, elle n'en laisse pas moins transparaître l'étendue de la tragédie humaine qui se déroule sur ce front.

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Sur la forme, The Wipers Times privilégie le huis clos, s'appuyant sur la qualité de son fond et de ses dialogues. La reconstitution historique de la vie des tranchées est minimale, se limitant principalement à quelques lieux stratégiques où se déroulent la plupart des scènes (le QG de l'unité, quelques tranchées autour). Il y a cependant deux-trois passages de plus grande ampleur (dans la Somme notamment). La mise en scène tire le meilleur parti de cette approche, y compris avec de petites parenthèses en noir et blanc qui reprennent des articles du journal : le téléspectateur peut ainsi pleinement apprécier le contenu de cette publication.

Enfin, The Wipers Times peut s'appuyer sur un très solide casting. La dynamique qui s'installe entre les acteurs principaux est excellente. Ben Chaplin (World Without End, Dates) interprète un capitaine Roberts à l'esprit vif, au mot ironique facile, qui tente de préserver son état d'esprit, en dépit de la guerre et des épreuves qu'il traverse. Ses échanges avec un Julian Rhind-Tutt (Green Wing, The Hour) tout aussi impeccable sont savoureux. Steve Oram (Heading Out) ou encore Michael Palin (Monty Python), en général amusé, rejoignent ce même état d'esprit, tandis que Ben Daniels (The State Within, Law & Order : UK, House of Cards US), à l'opposé, investit le registre de l'officier jugeant le journal trop irrévérencieux à son goût pour le maintien de l'ordre au sein des troupes.

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Bilan : Dotée d'un sujet très intéressant et original, la publication d'un journal satirique sur le front durant la Première Guerre Mondiale, The Wipers Times est une fiction finement écrite, versant dans une tonalité chargée d'ironie noire. Sachant très bien manier un humour authentique (et même historique), ce téléfilm se révèle à la fois drôle, mais aussi fort et poignant. Car, en filigrane, se perçoit non seulement la critique de la guerre et de sa gestion, mais aussi la façon dont les tragédies et les horreurs dont ils sont témoins affectent les soldats. The Wipers Times est en plus un bel hommage rappelant à la mémoire collective le souvenir de ce journal de tranchées dont les responsables furent très vite oubliés une fois l'Armistice signée, et ne poursuivirent pas cette carrière journalistique improvisée. Une jolie réussite du petit écran, à découvrir !


NOTE : 8/10


Une bande-annonce du téléfilm :

Un extrait - "Optimism" :

11/02/2010

(Mini-série UK) Affaires d'Etats (The State Within) : jeux de guerre diplomatiques


Classiquement, une immersion dans les coulisses du pouvoir offre toujours une matière première intéressante pour les fictions du petit écran. A partir de cette base de départ attrayante, les essais sont évidemment transformés avec plus ou moins de succès. Parmi les productions proposées au cours de ces dernières années, il en est une que j'avoue revisionner avec toujours beaucoup de plaisir : The State Within (Affaires d'Etat). Il s'agit d'une mini-série, comportant 6 épisodes d'1 heure, qui fut diffusée en 2006 sur BBC1.

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Pour une mini-série britannique, elle a la particularité de se dérouler aux Etats-Unis, s'invitant ainsi dans les coulisses du pouvoir américain. Nous allons traverser aux côtés de l'ambassadeur britannique en poste outre-atlantique, Sir Mark Brydon (Jason Isaacs), une crise majeure entre les deux pays, à la suite d'un attentat perpétré sur le sol américain par d'apparents terroristes bénéficiant de la nationalité anglaise. Disposant d'un scénario à tiroirs, où diverses intrigues s'entrechoquent, pour se révéler, à terme, constituer les pièces d'un même vaste puzzle létal, The State Within offre un contenu vraiment très riche. Quels rapports peuvent être établis entre l'explosion du vol en direction de Londres, la prochaine exécution en Floride d'un vétéran britannique ou encore le décès d'un mercenaire au cours d'un étrange exercice d'entraînement en Virginie ? Une vaste partie d'échecs très dangereuse s'engage, dont Brydon ignore initialement les réels enjeux.  Gérant habilement ces différentes storylines a priori déconnectées, tout en alternant les tons, la complexité croissante de l'histoire s'impose rapidement comme très addictive.

Adoptant, au fur et à mesure que l'intrigue progresse, une ambiance de plus en plus paranoïaque, que les maîtres des fictions d'espionnage n'auraient pas renié, cette mini-série  nous plonge dans des jeux de pouvoirs et de guerre au plus haut sommet de l'Etat, dans le cadre duquel les motivations de chacun apparaissent très ambivalentes. Peu à peu se dégage la menace très concrète d'une vaste conspiration à l'oeuvre, dont les ramifications réelles ne nous sont dévoilées que progressivement. Dotée d'un suspense électrisant, mêlant efficacement drame, action, mais aussi mise en place de stratégies plus feutrées, cette production a tous les attributs d'un fascinant thriller de haut vol. Elle peut finalement être perçue comme le pendant international d'une mini-série comme State of Play (Jeux de pouvoir), avec une atmosphère s'inscrivant parfaitement dans la tradition de la référence de la BBC en la matière, Spooks (MI-5). De manière générale, ce récit, sur l'emballement d'un système que certains tentent d'enrayer, m'a aussi évoqué les romans de Tom Clancy.

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Traitant de thématiques classiques, sur fond de conspiration ayant des ramifications dans les plus hautes sphères du pouvoir, The State Within va très loin dans le brassage des genres qu'elle exploite, n'hésitant pas à mettre en scène des faits trouvant un écho certain avec la réalité. Si les parallèles sont "fortuits", ils n'en demeurent pas moins évidents. De la figure du dictateur, gênant ou promouvant certains intérêts occidentaux, jusqu'à la préparation d'une guerre derrière laquelle se cachent des enjeux industriels, en passant par l'évocation de la dangerosité de ces armées privées composées de mercenaires, ou encore en introduisant des personnages atypiques comme l'ex-diplomate James Sinclair (inspiré d'un ancien ambassadeur britannique Ouzbékistan, Craig Murray), tous ces éléments ont une résonnance particulière, d'autant plus captivante.

A travers cette plongée conduite de main de maître dans les coulisses du pouvoir, The State Within dresse aussi un portrait sans concession des démocraties modernes, pointant les dérives d'un système tout en s'interrogeant sur la place et le pouvoir détenus par certaines grandes entreprises multinationales, et plus précisément, en l'espèce, celles de l'industrie de l'armement. L'accent est surtout mis sur les rapports consanguins, équivoques, que peuvent entretenir les milieux d'affaires et les politiques auxquels les prises de décision sont sensées revenir. Pour autant, nous sommes loin d'une présentation manichéenne, les personnages bénéficiant d'une psychologie fouillée qui leur confère une réelle épaisseur, nourrissant leur ambivalence. Dans cette perspective, la figure de la Secrétaire d'Etat à la Défense offre sans doute l'exemple le plus concret : si elle est passée d'un monde à l'autre, avec la bénédiction de son précédent employeur, elle est aussi marquée par un drame familial qui l'influence tout autant. Si les conflits d'intérêts potentiels sont évidents a priori, dans cette mini-série, on assiste plutôt à une harmonisation artificielle de ces mêmes intérêts. Le sous-traitant, servant le puissant, n'étant pas forcément celui que l'on croit, dans cette relation entre le privé (la société) et le public (l'Etat). Accentuant la complexité de l'ensemble, la mise en scène des rapports de force à l'intérîeur même des différents camps se révèle très convaincante.

De manière générale, The State Within joue parfaitement sur une ambiguïté qu'elle entretient avec beaucoup de subtilité. L'implication et les motivations de nombreux personnages demeurent floues. De plus, les scénaristes n'hésitent pas à laisser certains éléments à la libre interprétation du téléspectateur, telle la fin relativement ouverte sur laquelle se conclut la série, illustration de la dualité régnant dans cette fiction.

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Intrigante sur le fond, la mini-série bénéficie également d'un casting cinq étoiles particulièrement solide, mené par un acteur que j'apprécie beaucoup, Jason Isaacs (qui reste, dans mon esprit téléphagique, associé à son rôle de frère malfrat dans l'excellente série de Showtime, Brotherhood), incarnant un diplomate plein de ressources. On retrouve globalement beaucoup de têtes connues à l'affiche, à commencer par l'incontournable, et toujours si impeccable, Sharon Gless (qui évoquera, suivant la génération de téléphages à laquelle vous appartenez, Cagney & Lacey, Queer as Folk ou bien encore Burn Notice) : elle excelle dans son rôle de secrétaire d'Etat américaine, figure autoritaire et ambiguë, gardant toujours un sang-froid admirable.

A leurs côtés, c'est le casting dans son ensemble qui se révèle très convainquant. A commencer par Ben Daniels, en agent du MI-6 rompu aux rouages du métier, mais dont on s'interroge sur les loyautés réelles, qui est devenu désormais le procureur de Law & Order UK. Cette mini-série est également l'occasion de croiser : Genevieve O'Reilly, qui jouait Sarah Caulfield dans la dernière saison de Spooks (MI-5) cet automne, Alex Jennings, le révérend de Cranford, Eva Birthistle, vue depuis dans la mini-série The Last Enemy, Lennie James de Jericho, dernièrement croisé dans la version moderne du Prisonnier, ou enore Noam Jenkins, aperçu dans de nombreux rôles de guest-stars de ReGenesis à Being Erica...

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Bilan : Thriller conspirationniste de haut vol, brassant de vastes enjeux géopolitiques, The State Within est une mini-série captivante qui nous plonge dans les coulisses de la diplomatie et des jeux de pouvoirs internationaux, aux côtés d'un ambassadeur quelque peu atypique. Mettant en lumière la prédominance prise par certaines grandes entreprises, et l'impuissance des appareils étatiques classiques, l'histoire prenante est bien servie par un excellent casting.

Une délocalisation britannique réussie !


NOTE : 9/10

14/01/2010

(UK) Law & Order UK : le syndrome de la copie ?

"In the criminal justice system, the people are represented by two separate, yet equally important groups. The police, who investigate crime, and the Crown Prosecutors, who prosecute the offenders. These are their stories."

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Lundi soir a repris la diffusion, sur ITV, de la suite de la saison 1 de Law & Order UK (dont la première partie avait été proposée au cours de l'hiver/printemps 2009). Si elle a déjà été diffusée dans son intégralité au Canada durant l'été 2009, ces épisodes sont encore inédits en Angleterre. Ne me demandez pas d'expliquer les mystères impénétrables des diffusions internationales, ni pourquoi ces épisodes, qui constituaient originellement un tout, se voient désormais affubler de la désignation de "series 2". Toujours est-il que ITV avait également commandé, l'été passé, 13 autres épisodes (d'une "vraie" saison 2, cette fois - qui s'appellera probablement... "saison 3"), en plus de la première fournée. Même si, en concurrence directe avec un classique de la BBC, Hustle (Les Arnaqueurs VIP en VF), Law & Order UK est sortie perdante de leur première confrontation d'audiences, elle n'a cependant pas démérité.

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Dans l'absolu, Law & Order UK est une série procédurale efficace, écrite de manière sérieuse, où les différentes affaires criminelles se révèlent suffisamment complexes pour intéresser le téléspectateur. Construite sur le même schéma que sa grande soeur, elle se divise ainsi en deux : d'une part, l'enquête policière, d'autre part, les poursuites au tribunal. Le volet policier est incontestablement l'aspect le plus réussi du show. Les enquêteurs forment un duo sympathique, protagonistes très différents tout autant que complémentaires, auxquels on s'attache aisément. La série trouve en effet très rapidement un équilibre au sein du commissariat, plutôt bien inspirée quand il s'agit de mettre en scène les enquêtes, chaperonnées par une patronne impliquée. En revanche, la partie judiciaire révèle plus de faiblesses. Tout autant stéréotypée, mais moins équilibrée, elle apparaît aussi plus manichéenne. Elle peine à trouver son rythme, le téléspectateur ayant au final certaines difficultés à s'impliquer dans les préoccupations de l'accusation.

Cependant dotée d'intrigues policières qui ont fait leur preuve (et pour cause), Law & Order UK reste une série policière et judiciaire, intéressante à plus d'un titre, et qui fidélise facilement le téléspectateur appréciant ce type de fiction. D'autant que, sur la forme, la série offre une réalisation propre, où l'image est fluide et le jeu de couleurs pas inintéressant. En somme, c'est très correct et l'on devine qu'un réel soin y a été apporté. Le casting ne dépareille pas non plus, composé d'habitués du petit écran : Jamie Bamber (Battlestar Galactica), Freema Agyeman (Doctor Who), Ben Daniels (The State Within), Bill Paterson (Little Dorrit), Bradley Walsh (Coronation Street)...

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Mais là où le bât blesse, c'est dans la conception même à l'origine de cette reprise. Pour tout amateur de la franchise, familier de la série originelle, il lui sera bien difficile de ne pas se sentir frustré en regardant Law & Order UK. En effet, les différentes affaires sont des adaptations copier/coller d'intrigues traitées dans la série originelle. Chaque épisode a donc son équivalent américain. Ainsi ce premier épisode de la saison 2, Samaritan, est-il une copie d'un épisode diffusé en 1993 aux Etats-Unis, dans la première série, et qui s'intitulait Manhood. Le fait divers est le même, seule la retranscription change. Certes, pour être honnête, je n'ai jamais dû voir en intégralité toutes les saisons de Law & Order, et il est encore moins probable que je me souvienne précisément d'épisodes diffusés il y a plus d'une décennie (déjà qu'une année me fait l'effet d'une éternité pour ce type de show)...

Reste que, devant mon écran, je ne peux m'empêcher de m'interroger : quel est l'intérêt de faire traverser l'océan à une franchise, pour en reprendre jusqu'aux histoires ? Ce n'est pas seulement le canevas d'ensemble que l'on reprend, mais c'est l'essence même de la série originelle que l'on veut reproduire. Qu'a à nous apporter, cette adaptation, en dehors d'un cadre étranger, de nouveaux acteurs et d'une relative modernisation d'ensemble ?

J'avoue que, confrontée à ce dilemne, ma conscience téléphagique se trouble. Si la série s'était contentée de reprendre simplement la formule et l'équilibre de la franchise, en abordant des cas moins génériques, plus particuliers... Mais, au final, Law & Order UK ne cherche pas à gagner une indépendance. Oui, c'est une série qui se suit sans difficulté, qui présente bien, et derrière laquelle il y a un vrai investissement des acteurs, comme du réalisateur. Mais une question lancinante revient fatalement me hanter à chaque début d'épisode : est-ce que je veux participer à cette consécration de la copie ? A priori, je n'ai aucune opposition de principe contre les remakes, les spin-offs, les rip-offs ou autres libres inspirations... Ne devrais-je pas simplement apprécier sans arrière-pensée ce show procédural ? Je n'y parviens pourtant pas. Peut-être est-ce simplement le regret de se dire qu'avec plus d'ambitions, les scénaristes auraient pu créer une série judiciaire à part entière, non juste cette énième ombre, plaisante mais dispensable...

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Bilan : Série judiciaire attrayante pour les amateurs du genre, Law & Order UK cherche encore ses marques, disposant d'un volet policier, plus équilibré et réussi que le volet judiciaire, encore hésitant. Sérieuse sur le fond, soignée sur la forme, le principal bémol qu'on lui adressera est ce sentiment gênant d'absence d'identité propre. J'aimerais que les scénaristes trouvent l'ambition de se détacher de cette tentation du copier/coller, pour adapter ce concept aux spécificités britanniques.


NOTE : 6/10


Le générique :


La bande-annonce de la "saison 2" :