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05/12/2010

(FR) Nicolas le Floch - saison 3, episode 1 : La larme de Varsovie

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Chaque année, je me promets d'essayer de donner plus de place aux fictions françaises. Chaque année, cette résolution reste invariablement lettre morte. Pourtant, j'entends bien des échos intéressants du Village français et autre Fais pas ci, fais pas ça, qui me donneraient assez envie de trouver le temps de m'installer devant mon petit écran. Mais pour une raison ou pour une autre, je finis toujours par oublier et remettre à plus tard. Cependant il reste quand même une poignée de séries françaises auxquelles je suis fidèle.

C'est ainsi que vendredi soir dernier marquait le retour des aventures inédites de Nicolas le Floch, sur France 2, pour une saison 3 qui s'annonce tout aussi brève que savoureuse. Doublement inédite car il s'agit de la première saison où les scénarios ne sont pas basés sur les livres originaux de Jean-François Parot. D'ailleurs, pour évoquer tout cela, n'hésitez pas à aller regarder la vidéo de la rencontre avec l'équipe de la série sur Le Village. Toujours est-il que, attendue, la première aventure, La larme de Varsovie, aura tenu toutes ses promesses.

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Cette première enquête plonge Nicolas dans les coulisses de la Cour, au sein de laquelle l'intrigant et excessivement mystérieux Comte de Saint-Germain, sur lequel mille et une rumeurs agitent Versailles, apparaît bien en grâce auprès de Louis XV, pour le plus grand agacement de certains de ses ennemis, dont le duc de Choiseul. Non seulement le Comte de Saint-Germain indique au roi l'emplacement secret où repose, depuis soixante ans, un magistrat dont le sort était entouré de mystère, mais il se propose également de raviver l'éclat de la "Larme de Varsovie", une perle que la reine tient de sa famille et qui semble se ternir chaque jour un peu plus. On raconte que si elle venait à s'éteindre, elle scellerait la fin de la lignée la détenant... Or, le Comte de Saint-Germain a tout juste le temps de se mettre à l'ouvrage que le précieux bijou lui est dérobé. Nicolas, chargé originellement de sa sécurité, enquête donc, tout en s'occupant de plusieurs homicides par strangulation qui semblent également liés à toute cette affaire aux premiers abords bien floue.

Adoptant les codes habituels de la série, on retrouve dans cette aventure tous les ingrédients qui font de Nicolas le Floch une série aussi aboutie que divertissante. L'intrigue débute avec un paradoxal excès de simplicité pour mieux se complexifier au fil de l'épisode, à mesure que viennent s'y greffer de nouveaux enjeux, plus ou moins obscurs, voire à la rationnalité discutable, et des protagonistes aux intérêts très divers. C'est d'ailleurs dans cette multiplicité de pistes qui finissent par toutes se rejoindre, s'assemblant en un puzzle finalement cohérent, que réside une des forces de l'épisode. Cette richesse du scénario dénote une réelle ambition narrative qu'il est nécessaire de souligner, tant elle s'assure de captiver l'intérêt d'un téléspectateur dont l'attention ne retombera jamais. L'ensemble est rythmé, les rebondissements soutenus. Si on aurait facilement pu s'égarer quelque peu en suivant Nicolas et son fidèle Burdeau dans cette intrigue à tiroirs multiples, la réussite de la construction narrative proposée est de ne jamais perdre de vue le fil rouge principal.

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Assurément prenant par sa maîtrise d'un scénario complexe, l'épisode ne se départit pas de ses origines policières, tout en n'hésitant pas à tendre à l'occasion vers l'aventure de cape et d'épée. On retrouve ainsi ce cocktail des plus attrayants, déjà admirablement maîtrisé au cours de la saison 2. Flirtant avec une thématique résolument ésotérique, entre alchimie, société secrète et malédiction, sur fond de résurgence de la fameuse vengeance des Templiers (il y a quand même quelque chose d'assez fascinant dans la source narrative inépuisable que constitue cet ordre monastique), l'histoire ne nous épargne pas des sempiternelles querelles de personnes gangrénant la Cour, au cours desquelles les plus humbles apparaissent invariablement comme de simples pions à la disposition des puissants. Le téléspectateur se prend donc facilement au jeu de ces mystères, parfaitement portés à l'écran par une galerie de personnages des plus convaincante.

Il faut bien dire en effet que si l'ensemble fonctionne aussi, il le doit en partie à ses personnages, au dynamisme communicatif. Ce sont eux qui permettent aussi bien d'alterner les tons - offrant des passages plus légers - que d'insérer des ruptures opportunes dans la narration. Ils apportent une vitalité parfaitement symbolisée par un Nicolas le Floch, charismatique à souhait, dont l'assurance flirte à l'occasion avec une certaine arrogance qu'il assume par une prise de distance souvent désarmante. Il est impossible de ne pas apprécier le personnage. Pourtant la série ne se limite pas à sa seule figure centrale ; en effet, on retrouve à ses côtés des protagonistes, extrêmement différents les uns des autres, mais en un sens parfaitement complémentaires. C'est homogène et chacun apporte une pierre à l'édifice, à l'image d'un Sartine ambivalent, qui permet tout à la fois de rappeler - avec humeur - ses limites à Nicolas, tout en introduisant une imperceptible pointe de comédie.

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Par ailleurs, même si c'est une constante, il est impossible de ne pas rappeler une nouvelle fois un élément incontournable sur lequel une bonne partie du charme de Nicolas le Floch repose : ses dialogues si finement ciselés, dont les tournures soignées sont un ravissement pour les oreilles, et qui rendent les échanges tellement savoureux. Cela apporte un plaisir supplémentaire à suivre l'ensemble.

Ce délicieux parfum de XVIIIe siècle qui flotte ainsi sur la série est cependant modérément confirmé sur la forme. Si les costumes - et les perruques - ne dépareillent pas, si la réalisation est également tout à fait correcte, tout reste cependant très propret, clair, offrant une reconstitution, certes par l'esprit, mais point par la photographie qui reste peut-être un peu trop neutre.

Enfin, il convient de saluer les performances du casting, conduit par un Jérôme Robart qui personnifie à merveille le charme, mais aussi les ambivalences, du héros. A ses côtés, nous retrouvons également Mathias Mlekuz, Camille de Pazzis, François Caron ou encore Vincent Winterhalter. Chacun maîtrise son registre, pour un résultat des plus convaincants.

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Bilan : Mêlant les ingrédients de l'enquête policière à ceux de l'aventure de cape et d'épée, avec en toile de fond les soubressauts avant-coureurs du milieu du XVIIIe siècle, La larme de Varsovie propose une aventure enlevée, où les dialogues savoureux résonnent avec délice dans notre petit écran. Si l'affaire du jour semble parfois un peu alambiquée, l'histoire se suit de façon plaisante, d'autant plus que les personnages trouvent chacun leur place pour offrir une galerie aussi bariolée qu'équilibrée, portée par le dynamisme et l'aplomb sans faille d'un Nicolas le Floch toujours aussi charismatique.

Bref, ne boudons pas notre plaisir. 


NOTE : 7,25/10


Le savoureux générique :


La bande-annonce de la saison 3 :

Commentaires

Un épisode en effet très plaisant,même si la résolution du mystère est somme toute de facture classique.Confier le rôle de Saint-Germain à Tom Novembre était une bonne idée.
Cependant,les saisons de cette série sont vraiment trop courtes,un ou deux épisodes de plus par an ne seraient pas du luxe.

Écrit par : Greg | 05/12/2010

@ Greg: Exactement, je n'avais pas relevé la performance de Tom Novembre et c'est un oubli qui méritait d'être corrigé, car il se révèle particulièrement convaincant.

Le format de pseudo "saison" est effectivement regrettable et surtout assez contre-productif pour France 2 qui tient pourtant là une série de qualité qu'elle aurait l'occasion d'installer en figure de proue de ses fictions... Ce qui supposerait bien sûr que France Télévision ait une politique de fiction cohérente et accomplie, ce qui malheureusement reste à l'état d'éternel projet fluctuant.
J'ai beau parfois essayer de comprendre les motivations des chaînes du service public - ou ne serait-ce qu'en lisant les résumés du dernier rapport relatif aux fictions sorti récemment -, je reste toujours aussi confuse.

Certes, le débat sur les séries françaises fait un peu figure d'éternel serpent de mer, mais lorsque je vois ce dont sont capables tant de pays étrangers, où les moyens financiers sont moindres ou équivalents, et le savoir-faire égal, j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi il est si difficile de rationaliser et d'optimiser tout cela.

Écrit par : Livia | 08/12/2010

J'ai adoré cette nouvelle saison, parce qu'elle est plus légère, plus dynamique que les précédentes, surtout la première, qui était sombre et lente. Il y a un subtil changement de ton dans la série. Elle est passé d'une série pour public exigeant, une série un peu difficile d'abord, avec des codes presque cinématographiques, à quelque chose de plus grand public. Ainsi, Le Floch devient une sorte de héros romantique, qu'il n'était pas dans la saison 1. Cela se voit aussi, petit détail qui m'a amusée, à la soudaine pudeur des scènes d'amour. Dans la première saison, c'est très "cinéma réaliste", dans celle-ci, c'est très "suggérons sans montrer". :-))

Le seul gros point négatif pour moi est La Satin. Je sais que l'actrice engagée dans les deux premières saisons et son interprétation n'allaient pas dans le sens souhaité par Parrot mais cette nouvelle Satin, moins jolie, est surtout moins piquante, moins fine mouche et elle donne beaucoup moins bien la réplique à Le Floch. On la sentait sur un pied d'égalité avec lui auparavant, voire même en situtation de domination (voir la scène finale de la S2 où Le Floch doute clairement de sa place dans la nouvelle vie de son amante), ici elle est effacée, pale, en retrait. Pitié, que l'on maquille un peu le visage de l'actrice ! Elle a l'air de sortir de maladie. Et qu'elle retrouve ses répliques mi-coquines, mi-assassines et ses duels verbaux avec Le Floch.

Dans le deuxième épisode que j'espère que tu revieweras, j'ai a-do-ré la scène du début entre Sartine et Le Floch. Trop mimi !

Écrit par : Snow | 13/12/2010

@ Livia

Il est vrai qu'en termes de production sérielle, on n'est pas gâté en France, sans doute car aussi bien les diffuseurs qu'une bonne partie du grand public ne porte qu'un intérêt limité à la création audiovisuelle.
Concernant France Television, j'espère que les fictions prévues pour 2011 des auteurs de séries venus de Canal+ tiendront leur promesses ("Signature" par Hadmar/Herpoux et "Les beaux mecs" de Gilles Bannier),ainsi que l'adaptation de la BD "L'épervier".Quand bien même ces séries seraient réussies, il faudrait qu'elles soient programmées judicieusement,ce qui n'a pas souvent été le cas par le passé. Donc, il y a quelque espoir mais n'en attendons pas trop non plus.

@Snow

J'ai aussi apprécié le second épisode "Le grand veneur",cependant j'ai quand même trouvé l'intrigue un peu prévisible, l'identité des coupables étant révélée très tôt.Au niveau scénaristique, le meilleur épisode reste pour moi "L'affaire Nicolas Le Floch".
Ce dernier épisode était quand même plaisant, et a permis d'évoquer une légende cousine de la bête du Gévaudan.Il y eut d'ailleurs beaucoup de bêtes mystérieuses à l'époque. Voir cette page:

http://cryptozoologie.conceptforum.net/canides-f12/betes-feroces-de-france-t377.htm

Écrit par : Greg | 16/12/2010

Désolée de ce petit délai de réponse, j'ai enfin pu voir ce second épisode de Nicolas le Floch jeudi soir, car je n'avais pu le regarder vendredi dernier (je vais essayer de trouver le temps d'en rédiger une critique ce week-end, mais je ne promets rien).

L'épisode en lui-même investit
effectivement des chemins peut-être un peu trop classiques, ou du moins prévisibles. L'aventure est ici clairement privilégiée par rapport à une réelle densité de l'enquête et à un travail du scénario qui aurait préféré les rebondissements et recherché une originalité, ou du moins une valeur ajoutée.

Mais j'avoue que, comme Greg, l'exploitation de ces mythes communs au XVIIIe sur les "bêtes" a suffi à mon bonheur, ayant toujours été fascinée et intéressée par ces histoires aux allures un peu légendaires. Quand j'étais jeune, j'ai passé tout un été à lire tous les travaux qui avaient pu être réalisés autour de la bête du Gévaudan et ses différentes théories (l'intérêt pour ce mythe particulier s'expliquait probablement parce que je suis originaire des frontières de l'ancienne province du Gévaudan et que j'ai passé de longs étés à écouter ces histoires racontées au coin du feu). J'ai notamment dans ma bibliothèque une réédition de l'étude de l'abbé Fabre, avec la reproduction de documents d'archives, gravures, mais aussi extraits de procès-verbaux et d'état civil. Absolument fascinant, quand on le feuillette, cela a un diffus parfum d'archives. :)


@ Snow : Concernant l'évolution de Nicolas le Floch, ce côté divertissement grand public (qui se ressent jusque dans la photographie plus claire) désormais plus clairement assumé ne me déplaît pas. Tant que la série continue de soigner ses reconstitutions et l'univers mis en scène, si c'est à ce prix qu'elle peut toucher un public (un peu) plus large, cela me satisfait.

Pour La Satin, le personnage est peut-être devenu plus "calibré", "générique". Je ne saurais dire précisément ce qui a changé, mais c'est un peu comme si le jeu de la nouvelle actrice la faisant plus rentrer dans le rang. A moins que ce ne soit le personnage de Nicolas le Floch et son interprète qui emporte tout, car j'avoue qu'il propose une composition vraiment remarquable.


@ Greg : Le problème de France Télévision, c'est qu'elle ne semble pas avoir de continuité sur le long, voire même moyen, terme. C'est assez frustrant. Cette année, une fiction comme La Commanderie en est le parfait exemple. C'était modeste, les moyens limités, la qualité n'a pas été homogène, mais il y avait une réelle motivation narrative, une volonté de créer un univers, ce genre d'initiative est à encourager... Or qu'a fait France 3 ? Une diffusion en rafale expédié en deux samedis soirs de façon complètement anonyme. A croire que France Télévision commande des fictions, pour ensuite ne pas les assumer.

Écrit par : Livia | 18/12/2010

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