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27/01/2012

(Pilote UK) Call the Midwife : aux côtés de sages-femmes dans les années 50

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Vous connaissez mon penchant pour les period drama, quelque soit l'époque qu'ils mettent en scène. Et si en plus ils peuvent nous offrir d'intéressants portraits de femmes, c'est encore mieux. En ce mois de janvier, les chaînes m'ont entendu puisque plusieurs séries s'intéressent au milieu du XXe siècle d'une perspective féminine. Il y a d'abord la canadienne Bomb Girls, mini-série se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale diffusée depuis le début du mois, et sur laquelle je reviendrais peut-être. Et puis, dans un tout autre genre, BBC1 nous propose, elle, une immersion dans les années 50.

Call the Midwife a débuté le 15 janvier dernier. Écrite par Heidi Thomas, elle s'inspire des mémoires de Jennifer Worth. Ayant remporté un joli succès d'audience le dimanche soir, puisque son premier épisode a rassemblé plus de 9 millions de téléspectateurs et qu'ils étaient encore plus de 8 millions devant le second, une deuxième saison a d'ores et déjà été commandée par la BBC. En attendant, la première saison comportera en tout six épisodes. Et après avoir visionné les deux premiers épisodes (sur les conseils avisés de Skyefleur), je suis certaine que je serai au rendez-vous pour la suite !

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Call the Midwife se déroule dans les années 50, dans un quartier populaire de l'Est londonien. Elle s'intéresse au quotidien des sages-femmes de Nonnatus House, un établissement où des infirmières laïques interviennent aux côtés de religieuses. La série débute par l'arrivée d'une nouvelle sage-femme, tout juste qualifiée, Jenny Lee, qui est également la narratrice de l'histoire. Issue d'un milieu social qui ne l'a pas préparée aux conditions de vie des classes les plus défavorisées de son pays, la jeune femme a du mal à s'adapter aux situations qu'elle doit gérer, les notions d'hygiène notamment apparaissant complètement étrangères à certaines de ses patientes.

A travers le travail des sages-femmes, la série prend le pouls d'un quartier où, sans moyens contraceptifs pour contrôler les naissances, les familles sont souvent très nombreuses (même si la première patiente de Jenny, qui attend son vingt-cinquième enfant, restera un cas exceptionnel). Parallèlement, Call the Midwife va aussi éclairer l'apprentissage de ces jeunes sages-femmes qui ont choisi de venir ici exercer ce métier, mais qui connaissent encore si peu la réalité de la vie. Leurs difficultés à se plier aux exigences et à la flexibilité demandées, le caractère très éprouvant d'une tâche qui peut être la plus belle qui soit - contribuer à donner la vie - ou tourner à un drame poignant, mais aussi l'amitié qui se noue entre elles, sont autant de thématiques que la série va entreprendre d'explorer.

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Choisir de s'intéresser au métier de sages-femmes va permettre à Call the Midwife de jouer sur plusieurs tableaux. Tout d'abord, le fait que ses personnages soient au plus proche de la population est l'occasion de proposer une reconstitution historique complète de l'époque et des moeurs de ces quartiers populaires. Elle va ainsi décrire les conditions de vie de ces classes les plus défavorisées. Et si elle renvoie parfois l'impression d'instantanés trop proprets, la série n'occulte pas pour autant des problématiques sociales et de santé qui demeurent des enjeux centraux, comme en témoigne le destin de cette fille-mère que la grossesse arrache un temps à la prostitution dans le deuxième épisode.

Pour autant, Call the Midwife ne tombe jamais dans le misérabilisme. La série trouve en effet le juste équilibre dans sa tonalité, pour apparaître avant tout comme porteuse d'un message d'espoir. Dès la fin du premier épisode, d'ailleurs, une discussion éclaire ce parti pris : les héroïnes, ce ne sont pas ces sages-femmes qui se dévouent pour accompagner ces mères, ce sont ces dernières qui perpétuent le cycle de la vie même avec le peu dont elles disposent. Et c'est d'ailleurs dans cette optique que le métier de sage-femme est parfaitement exploité : si des drames se produisent inévitablement, dans le même temps, le fait de voir ainsi transmettre la vie redonne des forces, amenant naturellement à se tourner vers le futur avec un réel optimisme. On touche ici au charme de Call the Midwife : sa faculté à susciter un véritable kaléidoscope d'émotions.

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L'attrait de Call the Midwife tient en effet à sa profonde humanité. Une humanité qui est explorée grâce à la thématique médicale, mais aussi grâce à la galerie de personnages attachants qu'elle met en scène. Si la série demeure toujours dans un registre à dominante dramatique, elle sait aussi introduire à l'occasion des passages plus légers. Ainsi, une des religieuses, avec ses étranges divagations ou sa chasse continuelle à la moindre pâtisserie, permet des parenthèses bienvenues qui équilibrent l'ambiance du récit. Plus généralement, à défaut de figures originales ou surprenantes, la série opère une distribution des rôles efficaces qui permet au téléspectateur de s'investir à leurs côtés.

La narratrice, Jenny Lee, sert de clé d'entrée dans ce quartier. C'est à travers son regard que l'on découvre ce métier. Il faut rappeler que ces sages-femmes laïques sont avant tout des jeunes femmes qui ont encore beaucoup à apprendre non seulement sur leur travail, mais aussi plus globalement sur la vie. Au-delà de leur sens des responsabilités, transparaît surtout leur inexpérience. Cette relative innocence, que certaines de leurs patientes soulignent, leur confère une sincérité touchante et donne envie au téléspectateur de les accompagner dans cet apprentissage.

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Sur la forme, Call the Midwife est une vraie réussite. C'est un period drama diffusé sur BBC1 et cela se perçoit dans la mise en scène et l'esthétique de la photographie. La reconstitution est soignée. De manière très appuyée, la série entreprend vraiment de jouer sur une fibre nostalgique qu'elle cultive. Le générique, et sa succession de photographies en noir et blanc, donne immédiatement le ton. La bande-son est également sur ce point révélatrice : elle utilise à plusieurs reprises des chansons d'époque ou des chants religieux qui servent de transition ou de conclusion. Cela contribue à cette atmosphère étonnamment chaleureuse, contrastant avec la réalité des conditions de vie dépeintes.

Enfin, Call the Midwife bénéficie d'un casting sympathique. C'est Jessica Raine qui incarne Jenny Lee, la narratrice dont la voix off (âgée) nous relate avec le recul ces années dans l'Est londonien. L'actrice capture bien à la fois l'innocence, mais aussi la détermination, de la jeune femme. A ses côtés, pour incarner ses collègues de travail, on retrouve l'excellente Miranda Hart, dans un registre très différent de la comédie habituelle (Miranda), Helen George et Bryony Hannah (Above Suspicion : Silent Scream). Quant aux religieuses, elles sont jouées par Jenny Agutter (Spooks), Pam Ferris (Little Dorrit), Judy Parfitt (Funland, Little Dorrit) et Laura Main (Murder City).

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Bilan : Period drama à l'esthétique soignée et au sujet très intéressant, Call the Midwife est une série chaleureuse et attachante, parfaitement représentative du savoir-faire des prime-time de la BBC. En nous relatant le quotidien de ces sages-femmes, elle entreprend d'explorer toutes les facettes - médicales et sociales - d'une thématique à fort potentiel. Par les destinées féminines qu'elle nous raconte, qu'il s'agisse des futures mères ou bien des sages-femmes elles-même, la série semble avant tout célèbrer une humanité revigorante, le tout accompagné d'un parfum de douce nostalgie assumée. A conseiller aux amateurs de period drama.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la série :

13/01/2010

(Mini-série UK) The Day of the Triffids : nouvelle adaptation d'un classique de la fiction post apocalyptique




"How did it happen ?
How did the world get swallowed up so quickly ?
It was because we had our eyes closed.
Even when we could see."


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Pour terminer l'année 2009 sur une touche optimiste, quelques jours avant la reprise de la nouvelle saison de Survivors, BBC1 proposait une mini-série à l'univers post-apocalyptique, genre qu'elle semble affectionner ces derniers temps : The Day of the Triffids. A l'origine, il s'agit d'un classique de la science-fiction catastrophe, roman publié en 1951, par John Wyndham. En 1962, cette histoire devint un film au cinéma. Puis, elle fut pour la première fois adaptée à la télévision britannique en 1981, dans une mini-série de six épisodes, déjà diffusée sur cette chaîne. Fin décembre, la BBC, poursuivant donc sa politique de remise au goût du jour des fictions catastrophes présentes sur son antenne dans les années 70/80, en a proposé une nouvelle adaptation, sur un format plus court, en deux parties d'1h30 chacune.

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Le narrateur de cette mini-série est un biologiste, Bill Masen. Il a passé toute sa vie à travailler et à étudier les Triffids, obsession familiale qui lui a été transmise par ses parents, sa mère ayant été tuée sous ses yeux par ces gigantesques plantes carnivores qui peuvent se déplacer. Seulement, en dépit du danger qu'elles pourraient en théorie représenter, les Triffids ont quelque chose de précieux à apporter à l'humanité : l'industrie peut y puiser une source d'énergie, apporter une solution au problème de l'effet de serre et au risque d'arriver à court de pétrole. Chaque pays à travers le globe a donc aménager ses fermes où sont élevées, contenues et exploitées, les Triffids. Les prophètes de mauvaises augures dont les voix s'élèvent pour souligner leur danger ne sont pas écoutés. Bill Masen en fait partie. Il travaille pour une entreprise exploitant ces plantes afin d'essayer de comprendre ce qu'elles sont et de percer le mystère des sons qu'elles émettent : ne trouve-t-on pas en elles quelque chose qui pourrait s'apparenter à de l'intelligence ?

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Le danger hypothétique présenté par les Triffids demeure tout théorique, confinées qu'elles sont dans des fermes de haute sécurité. Mais un évènement naturel sans précédent, a priori anodin, va bouleverser la donne. En effet, une explosion solaire provoque un magnifique spectacle dans le ciel terrestre, sorte de condensé plus intense des aurores boréales. Seulement, au milieu de ces belles lumières chatoyantes, un rayonnement beaucoup plus intense que celui que les humains ont l'habitude de voir, éblouit, et surtout aveugle définitivement, tous ceux qui n'avaient pas les yeux couverts à ce moment-là. Bill Masen, à l'hôpital après avoir été attaqué par un Triffids, échappe à ce sort, tout comme quelques milliers de personnes suffisamment chanceuses pour avoir été occupées à autre chose qu'à regarder le ciel à ce moment fatal.

The Day of the Triffids contient tous les ingrédients attendus d'un classique récit catastrophique, nous plongeant prioritairement dans un univers chaotique post-apocalyptique. En effet, suite à la tempête solaire, la grande majorité des humains est devenue aveugle. Ils errent dans des rues dévastées, ne pouvant s'occuper seuls d'eux-mêmes, sans l'aide des quelques personnes voyantes restantes. Le pays, la Terre entière, a été fauché par cette intense luminosité, laissant les habitants comme paralysés, là où ils se trouvaient au moment fatidique. Les institutions et les services les plus basiques ne peuvent plus fonctionner sans personnel. Tout s'arrête brusquement. Et on assiste à l'écroulement d'un pays en quelques heures. Il ne s'en relèvera pas. Car pour ajouter à la tragédie, les fermes aménagées pour accueillir les Triffids se retrouvent privées d'électricité, ne pouvant plus contenir les terribles plantes carnivores, dont personne ne mesure le danger avant qu'il ne soit bien trop tard pour s'en prémunir. Elles bénéficient d'un gibier de choix, démuni et sans défense : une entière population de non-voyants, incapable de se protéger.

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Pour que cette mini-série fonctionne pour le téléspectateur, il lui faut accepter ces bases comme un postulat de départ nécessaire. Ces dernières sont tout juste esquissées dans les premières scènes. C'est à peine si l'on comprend qui sont et à quoi servent les Triffids, quels sont les enjeux qui les entourent... Les scénaristes ont en fait choisi cette introduction minimaliste, qui peut quelque peu déstabiliser le téléspectateur logique et consciencieux, dans le but de rentrer le plus rapidement possible dans le feu de l'action. Tout s'enchaîne en effet très vite : on se retrouve projeté de l'avant à l'après catastrophe lumineuse en 10 petites minutes, montre en main. Ce manque d'exposition suscite quelques interrogations sur la cohérence d'ensemble de l'univers de départ ; mais, une fois dépassé cela, le téléspectateur se laisse prendre dans la description des conséquences du terrible flash, que nous voyons s'abattre à travers  le monde grâce aux caméras de BBC News. Puis, la mise en scène d'une Londres dévastée, où le désordre règne, est particulièrement bien réalisée.

D'ailleurs, plus généralement, le vrai point fort de The Day of the Triffids réside dans son esthétique. La mini-série bénéficie d'une belle réalisation, avec des plans larges, dotés d'une abondance de jeux de lumière très appréciable. La caméra, optant pour un style très propre, nous offre de beaux cadrages qui permettent une belle reconstitution de l'atmosphère que les scénaristes tentent de donner à la fiction.

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Mais ces atouts formels ne peuvent occulter la faiblesse structurelle dont souffre cette mini-série. En effet, il s'agit une fiction balisée jusqu'à l'extrême, manquant finalement d'une âme. Les dialogues sont très (trop?) conventionnels ; les dynamiques entre les personnages se développent sans surprise. Se reposant entièrement sur le matériel dont elle disposait au départ, elle refuse de prendre le moindre risque et se contente de suivre un scénario d'où est absente une réelle valeur ajoutée. Souffrant de quelques ruptures de rythme et de longueurs évitables, l'enchaînement des évènements demeure cependant suffisamment intense pour que l'attention du téléspectateur ne soit jamais prise en défaut.

Les amateurs éprouveront sans nul doute un certain plaisir à suivre cette fiction post-apocalyptique efficace, respectant scrupuleusement les codes scénaristiques du genre et progressant par paliers. Mais ceux, qui auraient attendu un peu plus de cette nouvelle adaptation d'une histoire déjà transcrite à l'écran, resteront sur leur faim. Sans doute le récit de départ -un grand classique écrit en 1951-, même s'il est modernisé avec des préoccupations actuelles, n'offrait-il pas les nuances et subtilités qui lui aurait permis de se démarquer de ce canevas trop traditionnel un demi-siècle plus tard.

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Reste que cette impression mitigée tient aussi en partie à son casting principal, en particulier à la figure bien terne du héros. Dougray Scott se révèle plutôt fade (surtout dans la première partie), stéréotype unidimensionnel trop prévisible qui ne suscite que l'indifférence du téléspectateur. Certes peu épaulé par l'écriture de son personnage si monolithique, il ne parvient pas à prendre la mesure de ce héros et à assumer le rôle titre qui lui est ainsi conféré. Au final, seul le dernier quart de la mini-série lui permettra de commencer à jouer sur un registre plus émotionnel qu'il aurait été avisé de découvrir plus tôt. Car le récit souffre avant tout d'un manque d'empathie flagrant, le téléspectateur ne parvenant pas à créer un lien avec les personnages clés, se contenant de suivre leurs péripéties sans s'impliquer. J'ai également beaucoup de réserves à formuler à l'égard d'Eddie Izzard, "méchant" qui finit surtout par agacer et à l'égard duquel je suis restée un peu perplexe, tant pour son personnage, que pour sa façon de l'interpréter. Finalement, si Joely Richardson tire un peu mieux son épingle du jeu, en journaliste dynamique -encore un grand classique-. heureusement surtout que Brian Cox (Dennis Masen) passe faire une petite visite appréciable en fin de parcours, permettant du même coup d'approfondir le héros.

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Bilan : Fiction post-apocalyptique, au scénario trop classique pour marquer le téléspectateur, mais suffisamment efficace pour qu'il suive jusqu'au bout cette aventure, The Day of the Triffids se révèle être avant tout une mini-série esthétique, dotée de belles images bien travaillées et d'une réalisation soignée. Sur le fond, elle ne convainc pas pleinement, peu aidée par des acteurs principaux quelques peu hésitants qui peinent à s'imposer, enfermés dans des rôles trop monolithiques pour être attachants. A ce titre, d'ailleurs, les personnages secondaires s'en tirent de manière bien plus appréciable. Globalement, le scénario de cette mini-série manque d'épaisseur et ses storylines d'une réelle dimension. C'est somme toute divertissant, plutôt efficace, mais cela laisse quelques regrets au vu du soin évident apporté à la forme.


NOTE : 4,5/10


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