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19/02/2012

(Pilote AUS) The Straits : le sort d'une famille régnant sur le crime organisé dans un décor tropical de rêve

 
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Après avoir passé les dix derniers jours à voyager dans le nord de l'Europe, entre Danemark, Suède et Norvège (il faut absolument que je mette la main sur une série finlandaise sympa, un de ces jours ; si vous avez des suggestions, n'hésitez pas !), en ce dimanche, c'est un dépaysement plus exotique et surtout tropical que je vous propose, en changeant de continent et d'hémisphère. Direction l'océan, ses plages, ses îles et son soleil, nous voici donc en Australie, et plus précisément dans l'extrême Nord Est de ce pays, à Cairns et dans les centaines petites îles du Détroit de Torrès.

Si l'Australie s'est taillée une petite réputation ces dernières années dans le registre gangsters grâce à la franchise Underbelly, The Straits est, elle, une série originale qui ne s'inspire pas des faits divers criminels du pays. Cette nouveauté a débuté le 2 février 2012. Une saison de 10 épisodes a été commandée, s'ouvrant avec un long pilote comme les aime ABC1. Cette chaîne a en effet la mauvaise habitude de proposer un premier épisode à rallonge (souvenez-vous de Crownies par exemple). La série a donc eu 1h45 pour me convaincre. J'avais lu en amont des reviews plutôt mitigées, et mes attentes avaient donc baissé. C'était sans doute un mal pour un bien, le tout combiné avec mon penchant pour ce genre d'histoire, car j'avoue m'être laissée embarquer sans trop de difficultés dans cet univers.

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The Straits suit la famille criminelle qui "règne" sur la ville de Cairns et sa région, les Montebello. A leur tête, le patriarche Harry Montebello contrôle un vaste réseau allant du trafic de drogue à la vente d'armes. La région constitue en effet un des points privilégiés d'entrée et de sortie de l'Australie, et les îles du Détroit de Torrès, avec leurs coutumes toujours profondément ancrées dans les moeurs quotidiennes, le terrain idéal pour conduire discrètement toutes ces affaires de contrebande. Mais le milieu criminel est toujours très volatile, et le calme apparent ne doit jamais abuser : il suffit souvent d'une étincelle pour que tout s'enflamme.

Or, les problèmes, les Montebello  les cumulent dans ce pilote. Il y a tout d'abord la question de la succession de Harry qui se pose. Sur ses trois fils, Noel, celui qui s'est toujours le plus impliqué dans les affaires, apparaît comme le logique successeur ; mais, trop impulsif, il inquiète Harry qui décide de laisser aux trois une chance de s'affirmer et de gagner le titre d'héritier. Or le besoin de faire ses preuves conduit souvent à en faire trop ; c'est d'autant plus dangereux de froisser certaines sensibilités que la famille Montebello a logiquement cultivé son lot d'ennemis. Des bikers jusqu'aux gangs de Nouvelle-Guinée, les ambitions ne manquent pas. Les armes vont parler. Les Montebello s'entre-déchireront-ils ou sauront-ils faire face à ceux qui convoitent leur business ?

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Tout téléspectateur familier des codes des fictions mettant en scène une famille du crime organisé retrouvera dans le pilote de The Straits des partitions scénaristiques bien connues. Dans les dynamiques internes aux Montebello, comme dans leur gestion courante des affaires, on croise tous les ingrédients légitimement attendus, à même de fonder une solide série de gangsters. Trafics en tous genres, représailles, trahisons, manipulations et intimidations sont logiquement au rendez-vous ; et la première heure 45 de la série s'attache à tous les passer en revue. Elle les adapte cependant aux couleurs locales, avec leurs particularités : ainsi, les exécutions "propres" n'ont pas lieu avec un revolver posé sur la nuque, mais dans des piscines où sont lâchées des méduses vénéneuses.

C'est, sans surprise, dans son cadre que réside la principale valeur ajoutée de The Straits. L'impression d'exotisme qui émane de la série ne se limite pas l'ambiance et au contraste offert entre son décor paradisiaque et les évènements très sombres s'y déroulant. Elle tient également à la manière dont toutes ces spécificités sont intégrées à l'organisation criminelle des Montebello. Car Harry règne sur le coin en ayant parfaitement compris et même instrumentalisé les coutumes de ces îles, territoires fonctionnant en quasi-autarcie avec leurs propres règles et temporalités, semblant comme déconnectés du reste de l'Australie. La série fait de cet univers son atout le mieux maîtrisé ; cette réussite permet de compenser le fait que le pilote ne parvienne pas complètement à prendre la pleine mesure du potentiel de son idée de départ.

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En effet, dans l'ensemble, le récit reste très - trop - convenu : il ne surprend que rarement, et conserve une lancinante sensation de "déjà vu". L'ensemble est certes bien huilé. Mais tout en se suivant sans déplaisir, ni ennui, il manque quelque chose à ce premier épisode pour véritablement captiver et impliquer le téléspectateur dans le sort de cette famille. Non seulement il peine à faire ressentir la tension légitime engendrée par les évènements, mais en plus les scènes les plus dramatiques n'atteignent pas l'intensité logiquement attendue. C'est sans doute dû à une certaine inconsistance dans l'écriture : à côté de scènes franchement réussies, d'autres tombent à plat sonnant trop téléphonées. Le même problème se ressent dans la tonalité de l'épisode dont les incursions dans un registre plus léger, presque humoristique, perturbent le rythme de l'épisode sans rien y apporter de plus.

Cette limite se retrouve aussi dans la caractérisation des différents personnages. Au sein de la famille Montebello, les rôles sont très clairement - peut-être trop - distribués. Le pilote laisse peu de place à la nuance ou aux ambiguïtés, comme l'illustre la situation des différents enfants. Noel est celui qui embrasse les pas de leur père avec un peu trop d'enthousiasme, quitte à commettre des excès de zèle dommageables. Marou, celui qui s'est tourné vers la religion pour apaiser une conscience en porte-à-faux par rapport à cette vie moralement discutable dans laquelle il a grandi. Gary est le benjamin, jeune chien fou incontrôlable. Et enfin Sissi, l'unique fille, fait office de tête de la famille, qui serait parfaite en comptable pour les affaires. A priori, de course à la succession il n'y a même pas, car chacun semble admettre que Noel est le logique héritier. Ce n'est que vers la fin du pilote que l'ambition de la femme de Marou permet d'esquisser une redistribution des cartes et des conflits à venir. Il faut espérer qu'à mesure que les aspirations de chacun se préciseront, leurs personnalités s'affirmeront.

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Sur la forme, The Straits est une jolie réussite, encore une fois grâce à son cadre. C'est une série dont toutes les images respirent littéralement le coin d'Australie où elle se déroule. Le téléspectateur reste difficilement insensible à cet atout, car le décor est tout simplement superbe, et les multiples changements de paysages au cours du pilote, grâce aux voyages entre les îles, permettent à la caméra de pleinement le mettre en valeur. La bande-son se met aussi au diapason, avec des morceaux semi-festifs qui correspondent parfaitement à l'ambiance. Le seul visionnage du générique (1ère vidéo en bas de ce billet) vous donnera d'ailleurs un aperçu représentatif de ce qu'on ressent devant cette série !

Enfin, le casting ne démérite pas, sans forcément immédiatement s'imposer. Comme les personnages restant un peu trop en retrait dans un premier temps, cela n'aide pas à asseoir les positions de chacun, mais au fil du pilote, chacun trouve peu à peu ses marques. A la tête de la famille, il y a une valeur sûre du petit écran, l'Ecossais Brian Cox (Deadwood, The Sinking of the Laconia), solide dans ce registre de patriarche expérimenté. Pour jouer le reste des Montebello, on retrouve Rena Owen, Aaron Fa'aoso (East West 101), Firass Dirani (Underbelly), Jimi Bani (RAN : Remote Area Nurse) et Suzannah Bayes-Morton. A leurs côtés, on croise Emma Lung (The Cooks), Kate Jenkinson (Offspring, Killing Time), Cramer Cain, Andy Anderson, Kim Gyngell ou encore Rachael Blake.

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Bilan : Dotée d'un décor de rêve en toile de fond, The Straits démarre comme une classique série de gangsters, entre tensions familiales et rapports compliqués avec les autres organisations criminelles de la région. Si elle manque parfois d'un peu de tension et de rythme, navigant entre les tonalités et ne parvenant pas toujours à exploiter pleinement le potentiel des situations qu'elle met en scène, la série installe cependant des intrigues qui devraient plaire à tout amateur du genre. En espérant qu'elle réussisse à plus imposer et nuancer ses personnages au fil des épisodes, j'ai bien envie de tenter l'aventure plus avant avec elle ! Ne serait-ce que pour apprécier un peu plus ces îles qui lui servent de cadre. 


NOTE : 6,75/10


Le générique de la série :


Une bande-annonce :

13/01/2010

(Mini-série UK) The Day of the Triffids : nouvelle adaptation d'un classique de la fiction post apocalyptique




"How did it happen ?
How did the world get swallowed up so quickly ?
It was because we had our eyes closed.
Even when we could see."


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Pour terminer l'année 2009 sur une touche optimiste, quelques jours avant la reprise de la nouvelle saison de Survivors, BBC1 proposait une mini-série à l'univers post-apocalyptique, genre qu'elle semble affectionner ces derniers temps : The Day of the Triffids. A l'origine, il s'agit d'un classique de la science-fiction catastrophe, roman publié en 1951, par John Wyndham. En 1962, cette histoire devint un film au cinéma. Puis, elle fut pour la première fois adaptée à la télévision britannique en 1981, dans une mini-série de six épisodes, déjà diffusée sur cette chaîne. Fin décembre, la BBC, poursuivant donc sa politique de remise au goût du jour des fictions catastrophes présentes sur son antenne dans les années 70/80, en a proposé une nouvelle adaptation, sur un format plus court, en deux parties d'1h30 chacune.

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Le narrateur de cette mini-série est un biologiste, Bill Masen. Il a passé toute sa vie à travailler et à étudier les Triffids, obsession familiale qui lui a été transmise par ses parents, sa mère ayant été tuée sous ses yeux par ces gigantesques plantes carnivores qui peuvent se déplacer. Seulement, en dépit du danger qu'elles pourraient en théorie représenter, les Triffids ont quelque chose de précieux à apporter à l'humanité : l'industrie peut y puiser une source d'énergie, apporter une solution au problème de l'effet de serre et au risque d'arriver à court de pétrole. Chaque pays à travers le globe a donc aménager ses fermes où sont élevées, contenues et exploitées, les Triffids. Les prophètes de mauvaises augures dont les voix s'élèvent pour souligner leur danger ne sont pas écoutés. Bill Masen en fait partie. Il travaille pour une entreprise exploitant ces plantes afin d'essayer de comprendre ce qu'elles sont et de percer le mystère des sons qu'elles émettent : ne trouve-t-on pas en elles quelque chose qui pourrait s'apparenter à de l'intelligence ?

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Le danger hypothétique présenté par les Triffids demeure tout théorique, confinées qu'elles sont dans des fermes de haute sécurité. Mais un évènement naturel sans précédent, a priori anodin, va bouleverser la donne. En effet, une explosion solaire provoque un magnifique spectacle dans le ciel terrestre, sorte de condensé plus intense des aurores boréales. Seulement, au milieu de ces belles lumières chatoyantes, un rayonnement beaucoup plus intense que celui que les humains ont l'habitude de voir, éblouit, et surtout aveugle définitivement, tous ceux qui n'avaient pas les yeux couverts à ce moment-là. Bill Masen, à l'hôpital après avoir été attaqué par un Triffids, échappe à ce sort, tout comme quelques milliers de personnes suffisamment chanceuses pour avoir été occupées à autre chose qu'à regarder le ciel à ce moment fatal.

The Day of the Triffids contient tous les ingrédients attendus d'un classique récit catastrophique, nous plongeant prioritairement dans un univers chaotique post-apocalyptique. En effet, suite à la tempête solaire, la grande majorité des humains est devenue aveugle. Ils errent dans des rues dévastées, ne pouvant s'occuper seuls d'eux-mêmes, sans l'aide des quelques personnes voyantes restantes. Le pays, la Terre entière, a été fauché par cette intense luminosité, laissant les habitants comme paralysés, là où ils se trouvaient au moment fatidique. Les institutions et les services les plus basiques ne peuvent plus fonctionner sans personnel. Tout s'arrête brusquement. Et on assiste à l'écroulement d'un pays en quelques heures. Il ne s'en relèvera pas. Car pour ajouter à la tragédie, les fermes aménagées pour accueillir les Triffids se retrouvent privées d'électricité, ne pouvant plus contenir les terribles plantes carnivores, dont personne ne mesure le danger avant qu'il ne soit bien trop tard pour s'en prémunir. Elles bénéficient d'un gibier de choix, démuni et sans défense : une entière population de non-voyants, incapable de se protéger.

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Pour que cette mini-série fonctionne pour le téléspectateur, il lui faut accepter ces bases comme un postulat de départ nécessaire. Ces dernières sont tout juste esquissées dans les premières scènes. C'est à peine si l'on comprend qui sont et à quoi servent les Triffids, quels sont les enjeux qui les entourent... Les scénaristes ont en fait choisi cette introduction minimaliste, qui peut quelque peu déstabiliser le téléspectateur logique et consciencieux, dans le but de rentrer le plus rapidement possible dans le feu de l'action. Tout s'enchaîne en effet très vite : on se retrouve projeté de l'avant à l'après catastrophe lumineuse en 10 petites minutes, montre en main. Ce manque d'exposition suscite quelques interrogations sur la cohérence d'ensemble de l'univers de départ ; mais, une fois dépassé cela, le téléspectateur se laisse prendre dans la description des conséquences du terrible flash, que nous voyons s'abattre à travers  le monde grâce aux caméras de BBC News. Puis, la mise en scène d'une Londres dévastée, où le désordre règne, est particulièrement bien réalisée.

D'ailleurs, plus généralement, le vrai point fort de The Day of the Triffids réside dans son esthétique. La mini-série bénéficie d'une belle réalisation, avec des plans larges, dotés d'une abondance de jeux de lumière très appréciable. La caméra, optant pour un style très propre, nous offre de beaux cadrages qui permettent une belle reconstitution de l'atmosphère que les scénaristes tentent de donner à la fiction.

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Mais ces atouts formels ne peuvent occulter la faiblesse structurelle dont souffre cette mini-série. En effet, il s'agit une fiction balisée jusqu'à l'extrême, manquant finalement d'une âme. Les dialogues sont très (trop?) conventionnels ; les dynamiques entre les personnages se développent sans surprise. Se reposant entièrement sur le matériel dont elle disposait au départ, elle refuse de prendre le moindre risque et se contente de suivre un scénario d'où est absente une réelle valeur ajoutée. Souffrant de quelques ruptures de rythme et de longueurs évitables, l'enchaînement des évènements demeure cependant suffisamment intense pour que l'attention du téléspectateur ne soit jamais prise en défaut.

Les amateurs éprouveront sans nul doute un certain plaisir à suivre cette fiction post-apocalyptique efficace, respectant scrupuleusement les codes scénaristiques du genre et progressant par paliers. Mais ceux, qui auraient attendu un peu plus de cette nouvelle adaptation d'une histoire déjà transcrite à l'écran, resteront sur leur faim. Sans doute le récit de départ -un grand classique écrit en 1951-, même s'il est modernisé avec des préoccupations actuelles, n'offrait-il pas les nuances et subtilités qui lui aurait permis de se démarquer de ce canevas trop traditionnel un demi-siècle plus tard.

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Reste que cette impression mitigée tient aussi en partie à son casting principal, en particulier à la figure bien terne du héros. Dougray Scott se révèle plutôt fade (surtout dans la première partie), stéréotype unidimensionnel trop prévisible qui ne suscite que l'indifférence du téléspectateur. Certes peu épaulé par l'écriture de son personnage si monolithique, il ne parvient pas à prendre la mesure de ce héros et à assumer le rôle titre qui lui est ainsi conféré. Au final, seul le dernier quart de la mini-série lui permettra de commencer à jouer sur un registre plus émotionnel qu'il aurait été avisé de découvrir plus tôt. Car le récit souffre avant tout d'un manque d'empathie flagrant, le téléspectateur ne parvenant pas à créer un lien avec les personnages clés, se contenant de suivre leurs péripéties sans s'impliquer. J'ai également beaucoup de réserves à formuler à l'égard d'Eddie Izzard, "méchant" qui finit surtout par agacer et à l'égard duquel je suis restée un peu perplexe, tant pour son personnage, que pour sa façon de l'interpréter. Finalement, si Joely Richardson tire un peu mieux son épingle du jeu, en journaliste dynamique -encore un grand classique-. heureusement surtout que Brian Cox (Dennis Masen) passe faire une petite visite appréciable en fin de parcours, permettant du même coup d'approfondir le héros.

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Bilan : Fiction post-apocalyptique, au scénario trop classique pour marquer le téléspectateur, mais suffisamment efficace pour qu'il suive jusqu'au bout cette aventure, The Day of the Triffids se révèle être avant tout une mini-série esthétique, dotée de belles images bien travaillées et d'une réalisation soignée. Sur le fond, elle ne convainc pas pleinement, peu aidée par des acteurs principaux quelques peu hésitants qui peinent à s'imposer, enfermés dans des rôles trop monolithiques pour être attachants. A ce titre, d'ailleurs, les personnages secondaires s'en tirent de manière bien plus appréciable. Globalement, le scénario de cette mini-série manque d'épaisseur et ses storylines d'une réelle dimension. C'est somme toute divertissant, plutôt efficace, mais cela laisse quelques regrets au vu du soin évident apporté à la forme.


NOTE : 4,5/10


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