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03/04/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 1


“My name is Alex Drake. And, quite frankly, your guess is as good as mine.”

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Nouveau générique pour débuter la dernière ligne droite de la série, avec une phrase introductive qui résume bien le trouble qui s'est désormais installé au sein de cet univers. Entre le présent et le passé, le réveil et le coma, la frontière préservant la réalité s'efface peu à peu et tout s'entrechoque. A l'image des premières minutes de la série, le téléspectateur suit Alex sur un chemin de traverse qui ne distingue plus ces deux mondes, les entremêlant pour poser plus explicitement les mystères premiers qui sont à la base du concept sur lequel repose cette franchise depuis Life on Mars et que la saison se promet de résoudre.

Par ce premier épisode, Ashes to Ashes s'offre un très solide retour, exposant efficacement les enjeux à venir et offrant des pistes de réflexion mythologiques promptes à titiller la curiosité du téléspectateur. Ajoutons à cela le plaisir de retrouver la série en elle-meme, agrémentée de cette dynamique de groupe inimitable et de ses personnages auxquels on s'est, mine de rien, tant à attacher... Une heure de bonheur téléphagique qui vous réconcilie avec votre petit écran.

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Trois mois se sont écoulés depuis le final de la saison 2, dramatique ou sous forme de happy end, suivant votre perspective. Dans le présent, Alex a bien du mal à se ré-acclimater à cette réalité qui lui semble tellement aseptisée, bien moins vivante que l'intensité offerte par sa plongée dans les années 80. Un mal-être qui nous amène logiquement sur les traces de Life on Mars et nous rappelle la façon dont Sam n'était pas parvenu à se réconcilier avec son époque. Sauf que l'enjeu dépasse ici la seule personne d'Alex. La jeune femme, plongée dans le coma en 1982, reçoit des bribes d'informations de ses collègues qui viennent lui rendre visite, ressentant à quel point ils ont besoin de son aide. Un appel du passé d'autant plus difficile à repouser que son réveil est déterminant pour l'avenir de Gene, qui, accusé d'avoir tiré volontairement sur elle, s'est enfui à l'étranger. Après quelques tergiversations, il rentre en Angleterre, devant se rendre à l'évidence : il se définit par sa vie de policier. Or, seule Alex pourra la lui rendre. Dans le même temps, pour accentuer l'urgence de la situation, une petite fille a disparu. Ray, désormais en charge de l'unité, ne sait où donner de la tête. La nécessité du retour des deux têtes dirigeantes de l'équipe, pour un numéro de duettistes dont ils ont le secret, s'impose comme une évidence. C'est la direction que va logiquement prendre l'épisode, tout en glissant vers une mythologie toujours plus dense.

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Car, de plus en plus, Ashes to Ashes nourrit l'ambiguïté de son univers, sapant nos certitudes et troublant toujours plus la ligne de réalité. La transition du présent au passé qu'opère, presque naturellement, Alex, en début d'épisode, est particulièrement révélatrice de cette approche, soulignant la volonté toujours plus poussée des scénaristes de brouiller les points d'ancrage du téléspectateur, mais également de son héroïne. Nous ne savons pas si un évènement particulier se produit dans le présent, mais, dans le passé, c'est le retour de Gene à ses côtés qui semble être le déclencheur du réveil d'Alex en 1982. Un réveil dans un lit d'hôpital étonamment similaire à celui, opérant le passage inverse, qui avait conclu la saison précédente. Pour le moment, la série nourrit la curiosité du téléspectateur, se contentant de susciter les interrogations et laissant finalement notre imagination libre d'interpréter cela, en entendant une réponse des scénaristes. Mais une chose est certaine : désormais, les choses nous sont présentées comme si les deux époques étaient bel et bien deux réalités à part entière. Et au sein de la tension suscitée par cette coexistence, celle des années 80 semble se solidifier chaque jour davantage et prendre une place prépondérante dans les priorités d'Alex. C'est dans cette réalité que se trouvent les réponses qu'elle cherche.

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Au-delà de ce tourbillon mythologique qui retient logiquement toute notre attention, plus pragmatiquement, la lutte contre le crime continue en 1982, avec une routine invariable. Au cours de la parenthèse qui vient de s'écouler, Ray a été promu à la tête de l'équipe. Shaz est retournée à ses cafés, de nouveau célibataire, tandis que Chris en a profité pour lire un peu, après toutes les agitations expérimentées lors de la saison précédente. Mais le point central de tout l'univers de Ashes to Ashes reste le personnage de Gene Hunt, dont le retour est à la hauteur du personnage, à la présence qui s'impose au-delà même du poste de télévision. Fidèle à lui-même, incontournable par le seul fait d'être là, il faut toute son audace pour permettre à la série de retrouver, au pas de charge, son équilibre au sein du commissariat. Revenir comme si de rien n'était semble bien entendu utopique et irréalisable, pourtant, c'est aussi la seule voie que l'on imagine pouvoir être prise par Gene : il revient fidèle au poste, flic avant tout. Un rétablissement conforme au personnage qui a également le mérite de ne pas faire traîner les choses.

Pour remobiliser les troupes, l'épisode propose une enquête "prétexte" assez solide, dont l'objectif est surtout de remettre toutes les dynamiques en place, ressuscitant les oppositions de style comme les relations entre chacun des personnages. Pour jouer sur une fibre sensible, l'affaire à résoudre est celle de l'enlèvement d'une petite fille, accompagnée d'une demande de rançon. Classique parmi les classiques. L'instinct de Gene, pointant presque naturellement sur un suspect qu'il apparaît pourtant si illogique de désigner, la vivacité d'esprit et les qualités diplomatiques d'Alex, les maladresses de Ray, le soutien de Shaz, tout revient quasi-automatiquement au cours d'une enquête menée avec rythme. Cette storyline a le mérite de nous replonger avec beaucoup de plaisir dans cet univers atypique et si riche qu'est parvenu à construire Ashes to Ashes.

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Mais l'enjeu de ce premier épisode n'est pas dans le sauvetage de l'enfant kidnappé, il se trouve ailleurs, dans la façon dont il donne le ton des interrogations qui vont rythmer l'ensemble de la saison. Car c'est le rôle-clé joué par Gene Hunt qui apparaît bel et bien placé au coeur de tout; et vers lequel tout pointe. L'épisode semble ne jamais trop insister sur ce point qu'il souligne en surabondance. Un Gene à nouveau présenté avec beaucoup d'ambiguïtés. A ce titre, l'introduction d'un intrigant nouveau personnage majeur trouble un peu les cartes, le présentant sous un autre jour. Le DCI Jim Keats (Daniel Mays) travaille en effet pour les affaires internes et son opinion sur Gene, guère reluisante, semble déjà toute faite. La scène finale de confrontation entre les deux hommes est magistralement bien construite, posant les bases d'une opposition quasi-viscérale, où demeurent encore tant de non-dits qu'il manque des éléments de comphrénsion déterminants au téléspectateur, témoin privilégié de cette déclaration de guerre.

Le personnage de Jim Keats s'impose d'entrée comme un être troublant à plus d'un titre. Ses propos, souvent cryptiques, soulèvent plus de questions qu'ils n'en résolvent. Quel est son rôle réel, son objectif ultime et, surtout, que sait-il très concrètement de la situation d'Alex... tant d'interrogations qu'il parvient à soulever en quelques scènes et qui lui permettent de signer des débuts particulièrement réussis dans l'univers de la série. Il paraît suivre son propre agenda, mais pour le moment, le téléspectateur ne peut que constater que sa curiosité est piquée et attendre avec impatience la suite.

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Cependant, s'il y a un aspect vraiment réussi dans ce premier épisode, c'est sa capacité à introduire la nouvelle saison. Car c'est définitivement sous le signe du mystère qu'elle démarre, avec des thématiques où la mythologie de la franchise prend désormais le pas sur les anciennes préoccupations d'Alex. La volonté de rentrer chez soi, à son époque, n'est plus l'objectif premier, cette obsession envahissante qui dictait toutes ses décisions. Elle est rentrée, mais sans résoudre la question fondamentale de la nature de cette réalité de 1982. Or le repos ne paraît désormais possible pour Alex que lorsqu'elle aura cerné l'ensemble du tableau, qui forme une énigme dont Gene Hunt est le coeur ou la clé.

Avec une telle ouverture mythologique, où le questionnement porte sur les fondations même du concept à la base de la franchise, il est logique que l'ombre de Sam Tyler paraisse planer de façon omniprésente sur l'épisode. Il est un élément fixe dans ce double univers où Alex évolue désormais, en ayant établi des passerelles fortes entre les deux. A mesure que les lignes et les délimitations de la réalité se troublent et s'effondrent, il est normal que la série effectue une forme de retour aux sources. Une promesse d'autant plus excitante pour le téléspectateur, compagnon fidèle depuis cinq années.

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Bilan : Ashes to Ashes nous revient avec un épisode convaincant et bien calibré pour remettre les choses en place et poser efficacement les bases de la saison à venir, aiguisant à dessein la curiosité du téléspectateur et esquissant de nombreuses questions qui appelleront des réponses avant la fin. Insistant sur l'importance du personnage de Gene, qui, d'une façon ou d'une autre, constitue un élément central de ce qui se joue sous nos yeux, la série continue de troubler son héroïne, comme le téléspectateur, en brouillant la frontière d'une réalité qui semble toujours plus volatile et relative. En somme, voici une très bonne façon de reprendre l'histoire et d'offrir de belles promesses pour boucler la boucle ouverte par Life on Mars.


NOTE : 8,75/10


Le nouveau générique de cette saison 3 :


La bande-annonce du prochain épisode :