Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/01/2010

(K-Drama) Bicheonmu (BiChunMoo / Fei Tian Wu) : des destinées tragiques en quête d'un art martial unique



bichumoo.jpg

Un peu d'ouverture supplémentaire en ce dimanche asiatique, puisque le drama dont je vais vous parler aujourd'hui est une coproduction sino-coréenne, nous ouvrant donc à la Chine. Même si je dois vous prévenir que ce n'est pas un pays que vous retrouverez régulièrement dans ces colonnes, notamment en raison du fait que j'ai un peu de difficultés à me faire à la langue (cantonnais ? mandarin ? Je ne sais pas, mes compétences linguistiques en la matière sont proches du néant) -à la différence du japonais ou coréen- et que la longueur  de leurs dramas historiques (qui sont ceux qui m'intéressent le plus a priori) les rend assez imposant. Je n'en ai d'ailleurs vu qu'un seul jusqu'à présent, qui soit un pur c-drama (non une co-production) : il s'agissait d'une des versions du grand classique The Legend of the Condor Heroes, celle de 2003, je pense. De plus, en grande fresque historique, actuellement, je me suis promis de parvenir au bout de Jumong et de ses 81 épisodes (je vous annonce fièrement que j'approche la moitié -je crois que j'en ferais un bilan de mi-série, ou je risque d'oublier les 20 premiers épisodes d'ici que j'arrive à la fin). Une chose à la fois, donc, même si c'est un univers inexploré qu'il faudra que je prenne le temps de découvrir un jour. (D'autant qu'après, il faudra que j'enchaîne sur The Kingdom of the Wind.)

bicheonmu3.jpg

Pour en revenir au drama qui fait l'objet de la note du jour, il va sans doute marquer une nouvelle étape dans mes découvertes en provenance de ce continent. Oh, il fallait bien que cela arrive un jour. Les dramas historiques sont rarement joyeux, se rapprochant plus d'une succession de tragédies placées sous le signe du destin. Vous savez aussi que j'ai la larme facile. Reste que, après trois ans de découvertes de séries asiatiques, si j'en ai vu des fins tragiques, si j'ai parfois eu les yeux humides, j'étais toujours restée stoïque devant mon petit écran. Jusqu'à Bicheonmu. Où toutes mes belles résolutions ont volé en éclat, tandis qu'une pyramide de mouchoirs se constituait progressivement sur la table basse de mon salon : j'étais déjà en larmes devant l'avant-dernier épisode...

bicheonmu1.jpg

Bicheonmu fut diffusé en 2006 en Chine, et seulement en 2008 en Corée du Sud, suite à des problèmes de droits d'auteur. Les deux versions seraient différentes, mais je n'ai vu que celle coréenne. Adaptation d'un manhwa éponyme de Kim Hye Rin, cette histoire avait déjà fait l'objet d'un film, sorti en 2001 et disponible en DVD en France (sous le titre Bichunmoo). Contrairement à d'autres fresques historiques dont la longueur peut faire hésiter, il s'agit d'un drama relativement court pour les standards coréens, puisqu'il ne comporte que 14 épisodes (d'1 heure environ chacun).

bicheonmu5.jpg

L'histoire est la suivante... Suite à l'assassinat, le jour de sa naissance, de ses parents dont il ignore tout, Jin-Ha a été élevé par un serviteur de son père qui s'est présenté comme son oncle. Il l'a initié aux techniques du BiChun, un art martial ancien et secret que l'on ne peut apprendre que grâce à un manuel unique, que son père a laissé en héritage à Jin-Ha, et dont la puissance attire toutes les convoitises. Coréens exilés du royaume de Goryeo, conquis par l'Empereur Mongol, les deux hommes ont vécu retiré dans la montagne chinoise, déménageant souvent. Jin-Ha croise un jour la belle Sul-Ri. Les deux jeunes gens tombent éperdument amoureux, tandis qu'ils se lient également d'amitié avec un héritier noble de passage, Namgong Jun Kwang. Mais Sul-Ri, fille d'une concubine d'un puissant général mongol, Tarooga, doit suivre son père, lorsqu'il rend une dernière visite à sa mère.

L'enchaînement tragique des évènements commence alors. Ayant passé trop de temps au même endroit, des hommes, qui n'ont jamais cessé de rechercher le précieux manuel d'art martial, surgissent et tuent l'oncle de Jin-Ha. Ce dernier, découvrant peu à peu ses origines, sent son désir de vengeance s'affirmer. D'autant que Namgong Jun Kwang, aveuglé par son amour inconditionnel sur Sul-Ri, profite de l'absence de Jin-Ha pour faire pression sur la jeune femme afin qu'elle l'épouse. Leurs parents s'étaient déjà combattus pour le manuel du BiChun ; le général Tarooga ayant décoché la flèche fatale au père de Jin-Ha, sur ordre du père de Namgong Jun Kwan. Les enfants vont devenir les dépositaires de haines qui ne vont que grandir, tandis que l'amour qui unit Jin-Ha à Sul-Ri ne va, lui, jamais flétrir. Autour d'eux, l'Empire Mongol de la dynastie Yuan se désagrège peu à peu, plongeant le pays dans l'anarchie, bouleversant un peu plus leur univers.

bicheonmu4.jpg

Comme souvent dans les dramas historiques, la multiplicité des clans (et des peuples représenté ici : coréens, chinois et mongols), les alliances fluctuantes et les noms composés qu'un occidental ne retient pas forcément du premier coup, font que la complexité de la géopolitique mise en scène nous échappe parfois dans les premiers épisodes. Parce que, même s'il y a des indications pour situer chaque personnage, vous êtes peut-être aussi familier que moi avec l'histoire de la Chine (c'est-à-dire, je l'avoue, avec des connaissances proches du néant).

Comme cela m'a tracassé et amené à faire des recherches, autant les partager avec vous. Voici donc le cadre historique de ce drama : Bicheonmu se déroule au XIVe siècle, à la fin de la période de la dynastie mongole des Yuan. Le territoire chinois est alors sous la domination d'un peuple étranger, les Mongols, suite aux conquêtes initiées, un siècle et demi plus tôt, par Gengis Kahn, dont le petit-fils fut le premier empereur de la dynastie Yuan. Secoué de soubressauts et d'affrontements claniques internes, c'est un empire qui sert de champ de batailles, dans le cadre duquel se déroule ce drama. Le héros, Jin-Ha, est, lui, coréen. Son père, dignitaire militaire proche du roi coréen vaincu, était venu en Chine en tant qu'otage. Car, en effet, le royaume de Goryeo (équivalent à la Corée) a été conquis par les Mongols, par le biais de plusieurs invasions successives. Le père de Jin-Ha fut tué par des dignitaires mongols, qui souhaitaient s'approprier le fameux manuel du BiChun. Finalement, Jin-Ha finira par soutenir une famille chinoise, dont la bataille finale du drama va asseoir l'autorité. Cette dernière fera abdiquer la dynastie mongole déclinante et fondera ainsi une nouvelle dynastie : celle des Ming.

Si le drama n'est qu'une reconstitution romancée de l'Histoire, voici à peu près le cadre global à avoir en tête pour bien comprendre les enjeux qui sont posés dans la série.

*C'était la parenthèse culturelle de ce blog (qui a dit que la télévision ne permettait pas de se cultiver ?).*

bicheonmu6.jpg

C'est donc avec, en toile de fond, cette agitation politique et militaire, que Bicheonmu va prendre toute sa dimension. Il s'agit d'un splendide et puissant drama historique, aux ressorts scénaristiques très classiques mais efficacement mis en scène. La durée relativement courte de la série permet d'éviter toute baisse de rythme : ainsi, l'intensité ne cesse de croître au fil des épisodes, captant le téléspectateur dans le souffle épique et tragique des destins qui se jouent sous ses yeux. En effet, bien plus qu'une simple série traitant de complots et de jeux de pouvoirs dans un cadre médiéval, ce qui frappe, lors de la découverte de cette fiction, c'est la force qui émane de ce récit.

Car Bicheonmu s'inscrit dans la tradition la plus pure de ces tragédies antiques, où les destinées paraissent, dès le départ, déjà écrites dans le sang. Pèse, sur les protagonistes, le poids amer d'une prédestination à laquelle ils ne peuvent échapper. Le téléspectateur assiste, à la fois impuissant et fasciné, à la naissance de sentiments, qui vont poser les germes des trahisons futures, et aux prises de décisions les plus irréversibles, scellant ainsi des désirs de vengeance insubmersibles qui les conduiront à leur perte. Les différents personnages se retrouvent happés, sans toujours en prendre conscience, par ce tourbillon du destin, au sein duquel ils se débattent, mais qu'ils vont toujours finir par accompagner et nourrir.

bicheonmu7.jpg

Les thèmatiques abordées n'innovent en rien le genre, mais elles sont exposées de façon telle que l'on ne peut être que submergé par cette histoire poignante, sans aucune arrière-pensée. Tous les ingrédients d'une grande épopée tragique sont présents : des triangles amoureux, où les sentiments croisés ne sont pas réciproques, un peuple exilé et opprimé qui aspire à la liberté, un Empire en décrépitude où le pouvoir est en jeu entre les différentes factions qui s'affrontent et un art martial puissant au coeur de toutes les convoitises. Au milieu de tout cela, seule certitude immuable, l'amour, devenu impossible, qui unit Sul-Ri à Jin-Ha, en dépit des distances et des circonstances. Mêlant superbement sentiments et actions, se rapprochant par ce biais de la tradition des films Wu Xia Pian, la force de ce drama réside dans les émotions qu'il sait faire naître, tant auprès du téléspectateur que chez ses personnages.

Si ces derniers paraissent tous enfermés dans une prédestination tragique, dont ils ne peuvent se défaire, héritant de haines mortelles et de rivalités, gravées bien avant leur naissance, ils ne sont pour autant jamais unidimensionnels et vont tous progressivement évoluer au fil du drama. Emportés par leurs choix, le téléspectateur devine le moment où ils dépassent le point de non-retour, scellant définitivement le sort tragique qui les attend. Cette conscience accroît l'impression que tous se mouvent vers une destinée dont ils ne sont pas maîtres, sorte de fatalité chargée d'amertume, à laquelle, en tant qu'observateur extérieur, il est très difficile de rester insensible.

bicheonmu9.jpg

Pour faire vivre cette histoire, le casting, bi-national comme le drama, se révèle globalement solide. Jin-Ha est interprété de façon assez convaincante par Joo Jin Mo (Dream), lequel parvenant efficacement à traduire l'évolution du personnage, de l'insouciance teintée de naïveté des débuts, jusqu'à la mélancolie douloureuse du chef de guerre endurci par les épreuves que la vie lui a réservées. Park Ji Yoon, même si elle est parfois un peu trop stoïque, incarne avec une grâce certaine l'amour de sa vie, la belle Sul-Ri. Dans le casting principal, le seul acteur avec lequel j'ai eu quelques difficultés est Wang Ya Nan, qui joue Namgong Jun Kwang, l'ancien ami de Jin-Ha qui le trahira pour obliger Sul-Ri à l'épouser. Sa performance ne m'a pas convaincu, trop statique, ses émotions donnaient l'impression d'être vraiment forcées lorsqu'il essayait de les exprimer. Enfin, du côté, des personnages plus secondaires, il faut saluer la présence de Niu Li, en jeune femme noble qui tombera fatalement amoureuse de Jin-Ha, et de son serviteur, dont la fidélité fluctuera, Shi Jun, interprété par Kim Kang Woo (qui jouait Chae Do Woo, dans Story of a Man / The Slingshot).

bicheonmu8.jpg

Cependant, plus que l'histoire, efficace mais somme toute classique, plus que le casting, ce qui fait la réelle particularité et la force de Bicheonmu, y puisant son essence plus qu'aucun autre drama historique que j'ai eu l'occasion de voir, c'est l'ambiance que la série parvient à créer. Elle est en effet servie par une bande-son absolument magnifique, composées de petites mélodies récurrentes et, surtout, de très belles chansons, à la tonalité chargée de regrets non formulés, qui transportent le téléspectateur et le touchent en plein coeur à chaque fois qu'elles retentissent. J'ai eu des frissons, au cours de certains épisodes, en entendant ces superbes thèmes se superposer si justement aux scènes qu'ils soulignaient. Je pense d'ailleurs qu'une bonne partie de l'intensité émotionnelle générée par ce drama l'est grâce au soutien très bien inspiré de ces musiques. Le travail qui a été fait mérite vraiment d'être salué.

Par ailleurs, toujours sur un plan formel, ce drama bénéficie d'une réalisation travaillée et assez soignée, des beaux décors dans lesquels se déroule l'action jusque dans les chorégraphies des combats (car Bicheonmu est aussi une série d'art martial très efficacement mise en scène). Les images filmées sont parfois vraiment belles ; et les couleurs, presque un peu poussiéreuses en ce sens qu'elles sont moins chatoyantes que dans d'autres k-dramas historiques, confèrent une forme de légitimité supplémentaire, une impression presque légendaire, au récit.

bicheonmu2.jpg

Bilan : Bicheonmu est une magnifique fresque épique, où les nécessités des luttes de pouvoir autour de la maîtrise d'un art martial supérieur, le Bi Chun, se mêlent à l'intensité des sentiments amoureux qui vont unir et désunir chaque camp. Bien loin d'être un simple drama d'intrigues de cour, il se déroule dans une Chine en proie à la guerre civile, avec en toile de fond la situation confuse et anarchique de la fin de la période de la dynastie Yuan. Mêlant épopée vengeresse, amours impossibles et destins de peuples entiers, l'intensité des émotions sur laquelle ce drama capitalise en fait une oeuvre à part, à mon sens incontournable et indispensable.


NOTE : 7,5/10


Un des aspects les plus marquants de ce drama réside dans sa bande-son. Voici deux morceaux de son OST qui ne peuvent vous laisser indifférents.

BiChunMoo, OST, 2. Nocturne (Park Ji Yoon) (Avec des images de la série) :


BiChunMoo, OST, 9. In a World without You (Han Ul) :


15/01/2010

(Pilote UK) Material Girl : plongée dans les coulisses clichées de la mode


materialgirl1.jpg

Lenora Crichlow (Sugar Rush) est décidément une actrice très occupée ces derniers temps. Apparue dans la mini-série d'ITV, Collision, cet automne, actuellement à l'affiche de la saison 2 de Being Human, diffusée sur BBC3 depuis dimanche, elle tient également le rôle titre dans une nouvelle série (initialement prévue pour la fin de l'année dernière, mais finalement reportée à ce début 2010) lancée sur BBC1 ce jeudi soir : Material Girl. Pour le moment, six épisodes d'une heure chacun ont été commandés.

materialgirl2.jpg

A priori, l'univers de la mode n'est pas forcément ma tasse de thé, même si j'ai suivi Ugly Betty durant presque deux saisons. La filiation de Material Girl avec toutes les fictions traitant de ce sujet se révèle d'ailleurs immédiatement évidente. Si la série bénéficie sans doute d'un peu moins de moyens que sa consoeur américaine pour faire étalage des dernières tenues vestimentaires affriolantes, elle investit cependant de façon très classique -et complète- les coulisses de la mode, en nous proposant de suivre le parcours d'Ali Redcliffe, jeune créatrice, designer en devenir. Jusqu'alors assistante auprès d'une patronne tyrannique, elle quitte brusquement sa position, sur un coup de tête, en comprenant que cette dernière ne lui donnera jamais sa chance. Va-t-elle réussir à rebondir ? Aux côtés de Lenora Crichlow, on retrouve notamment l'expérimentée Dervla Kirwan (55 Degrees North, Hearts and Bones), mais aussi Michael Landes (Lois & Clark : les nouvelles aventures de Superman, Special Unit 2). Un casting a priori  donc relativement solide et qui ne va pas démériter.

materialgirle1.jpg

Opèrant une redistribution des cartes entre les différents protagonistes, ce pilote sert à exposer les futurs enjeux de la série. Ali a claqué la porte du label de Davina Bailey (Dervla Kirwan), créatrice qui gère d'une main de fer son petit empire. Obstinée, la jeune femme refuse toute compromission (et avances) pour percer et préfère se mettre en quête d'un nouveau travail dans la création vestimentaire. Mais sa réputation la précède désormais, s'étant aliénée trop de personnes influentes, si bien que toutes les portes se referment une à une. Seule réelle opportunité concrète : une proposition de la part de Marco Keriliak (Michael Landes), un businessman qui dispose des connexions nécessaires pour permettre à Ali de lancer sa propre ligne de vêtements, mais dont la fiabilité en affaires ne vaut presque rien. La confrontation avec Davina devenant plus personnelle, notre jeune héroïne finit par se rallier à l'offre de Marco, en dépit des craintes formulées par ses amis.

materialgirle2.jpg

Remplissant pleinement le rôle d'installation qui lui est dévolu, l'épisode nous fait suivre les débuts de la nouvelle entreprise. On assiste donc aux premières passes d'armes avec Davina, mais aussi entre Ali et Marco, chacun ayant une conception très différente des affaires, entre naïve utopie et requin attiré par l'argent et les paillettes. La première bataille contre Davina étant gagnée, tout est bien qui finit bien. Pour le moment. Car désormais "It's war". De quoi s'attendre à de nouvelles péripéties pour Ali et sa toute jeune ligne de vêtements, d'autant que Marco ne restera le partenaire idéal que dans le succès. En cas de difficultés, les choses pourront rapidement devenir plus compliquées.

materialgirle3.jpg

Résumée ainsi, vous devinez déjà quel écueil majeur Material Girl ne peut éviter : celui de l'accumulation des clichés. Proposer une fiction dans le cadre de la mode ne signifie pas souscrire jusqu'au moindre détail, au vaste fantasme imagé qui y est désormais associé. Il n'est pas nécessaire de reprendre à son compte tous les stéréotypes véhiculés sur le sujet. Car, devant ce pilote, le téléspectateur finit par penser qu'il assiste à un défilé des clauses contenues dans le cahier des charges d'une série sur la mode : de la tyrannique patronne étouffant la concurrence, jusqu'au meilleur ami gay, colocataire, travaillant également pour Davina, en passant par la proposition indécente (parachutée) pour percer, tout y est. Avoir vu ou lu une histoire sur ce milieu signifierait-il que l'on en a fait le tour et qu'il n'aurait plus rien (d'autre) à offrir ? Ce manque flagrant d'imagination et d'initiative des scénaristes laisse un sentiment mitigé : tout est parfaitement en place, trop bien en place même, trop huilé pour attirer l'attention d'un téléspectateur finalement blasé.

materialgirle5.jpg

Pourtant, l'histoire en elle-même, d'un classicisme extrême que l'on pourrait qualifier de "traditionnelle", n'est pas déplaisante à suivre. L'introduction d'une petite storyline amoureuse pour Ali s'inscrit d'ailleurs dans cette même perspective. Simplement, elle ne ressemble qu'à une énième copie d'un récit déjà bien trop souvent croisé.

A cette réserve, s'y ajoutent des remarques plus formelles. Si la réalisation est correcte, alternant quelques plans inspirés et d'autres plus douteux, mais dans l'ensemble relativement soignés, la bande-son, offrant de nombreuses chansons pop/rock, se révèle en revanche bien trop présente, transformant certaines scènes "de transition" en faux extraits de clips musicaux. Ce qui n'est jamais une bonne chose pour la cohésion de la construction globale d'un épisode.

materialgirle4.jpg

Bilan : Cumulant les stéréotypes sous des atours chatoyants relativement divertissants, le pilote de Material Girl sonne quelque peu creux. Le ton vacille, incapable de choisir, hésitant entre légèreté et touches plus sérieuses, ne sachant trop comment se positionner. Dans cet univers "impitoyable" de la mode, démystifié tant de fois au cours de ces dernières années, Material Girl ne semble a priori rien proposer de neuf. Trop bien calibré, trop rangé, pour apporter un soupçon d'originalité salvateur, elle reste cantonnée sur des sentiers si souvent empruntés. Au final, ce pilote d'exposition se révèle trop linéaire, manquant cruellement de mordant pour accrocher le téléspectateur. Non pas que ce show ne soit pas sympathique aux premiers abords, mais il faudra sans doute faire preuve de plus de dynamisme et d'audace pour le faire vivre au-delà de cette phase d'installation.


NOTE : 4,5/10


L'ouverture de la série (à Paris) :


Une preview :

14/01/2010

(UK) Law & Order UK : le syndrome de la copie ?

"In the criminal justice system, the people are represented by two separate, yet equally important groups. The police, who investigate crime, and the Crown Prosecutors, who prosecute the offenders. These are their stories."

LawAndOrderUK.jpg

Lundi soir a repris la diffusion, sur ITV, de la suite de la saison 1 de Law & Order UK (dont la première partie avait été proposée au cours de l'hiver/printemps 2009). Si elle a déjà été diffusée dans son intégralité au Canada durant l'été 2009, ces épisodes sont encore inédits en Angleterre. Ne me demandez pas d'expliquer les mystères impénétrables des diffusions internationales, ni pourquoi ces épisodes, qui constituaient originellement un tout, se voient désormais affubler de la désignation de "series 2". Toujours est-il que ITV avait également commandé, l'été passé, 13 autres épisodes (d'une "vraie" saison 2, cette fois - qui s'appellera probablement... "saison 3"), en plus de la première fournée. Même si, en concurrence directe avec un classique de la BBC, Hustle (Les Arnaqueurs VIP en VF), Law & Order UK est sortie perdante de leur première confrontation d'audiences, elle n'a cependant pas démérité.

law_and_order_uk_5.jpg

Dans l'absolu, Law & Order UK est une série procédurale efficace, écrite de manière sérieuse, où les différentes affaires criminelles se révèlent suffisamment complexes pour intéresser le téléspectateur. Construite sur le même schéma que sa grande soeur, elle se divise ainsi en deux : d'une part, l'enquête policière, d'autre part, les poursuites au tribunal. Le volet policier est incontestablement l'aspect le plus réussi du show. Les enquêteurs forment un duo sympathique, protagonistes très différents tout autant que complémentaires, auxquels on s'attache aisément. La série trouve en effet très rapidement un équilibre au sein du commissariat, plutôt bien inspirée quand il s'agit de mettre en scène les enquêtes, chaperonnées par une patronne impliquée. En revanche, la partie judiciaire révèle plus de faiblesses. Tout autant stéréotypée, mais moins équilibrée, elle apparaît aussi plus manichéenne. Elle peine à trouver son rythme, le téléspectateur ayant au final certaines difficultés à s'impliquer dans les préoccupations de l'accusation.

Cependant dotée d'intrigues policières qui ont fait leur preuve (et pour cause), Law & Order UK reste une série policière et judiciaire, intéressante à plus d'un titre, et qui fidélise facilement le téléspectateur appréciant ce type de fiction. D'autant que, sur la forme, la série offre une réalisation propre, où l'image est fluide et le jeu de couleurs pas inintéressant. En somme, c'est très correct et l'on devine qu'un réel soin y a été apporté. Le casting ne dépareille pas non plus, composé d'habitués du petit écran : Jamie Bamber (Battlestar Galactica), Freema Agyeman (Doctor Who), Ben Daniels (The State Within), Bill Paterson (Little Dorrit), Bradley Walsh (Coronation Street)...

law_and_order_uk_3.jpg

Mais là où le bât blesse, c'est dans la conception même à l'origine de cette reprise. Pour tout amateur de la franchise, familier de la série originelle, il lui sera bien difficile de ne pas se sentir frustré en regardant Law & Order UK. En effet, les différentes affaires sont des adaptations copier/coller d'intrigues traitées dans la série originelle. Chaque épisode a donc son équivalent américain. Ainsi ce premier épisode de la saison 2, Samaritan, est-il une copie d'un épisode diffusé en 1993 aux Etats-Unis, dans la première série, et qui s'intitulait Manhood. Le fait divers est le même, seule la retranscription change. Certes, pour être honnête, je n'ai jamais dû voir en intégralité toutes les saisons de Law & Order, et il est encore moins probable que je me souvienne précisément d'épisodes diffusés il y a plus d'une décennie (déjà qu'une année me fait l'effet d'une éternité pour ce type de show)...

Reste que, devant mon écran, je ne peux m'empêcher de m'interroger : quel est l'intérêt de faire traverser l'océan à une franchise, pour en reprendre jusqu'aux histoires ? Ce n'est pas seulement le canevas d'ensemble que l'on reprend, mais c'est l'essence même de la série originelle que l'on veut reproduire. Qu'a à nous apporter, cette adaptation, en dehors d'un cadre étranger, de nouveaux acteurs et d'une relative modernisation d'ensemble ?

J'avoue que, confrontée à ce dilemne, ma conscience téléphagique se trouble. Si la série s'était contentée de reprendre simplement la formule et l'équilibre de la franchise, en abordant des cas moins génériques, plus particuliers... Mais, au final, Law & Order UK ne cherche pas à gagner une indépendance. Oui, c'est une série qui se suit sans difficulté, qui présente bien, et derrière laquelle il y a un vrai investissement des acteurs, comme du réalisateur. Mais une question lancinante revient fatalement me hanter à chaque début d'épisode : est-ce que je veux participer à cette consécration de la copie ? A priori, je n'ai aucune opposition de principe contre les remakes, les spin-offs, les rip-offs ou autres libres inspirations... Ne devrais-je pas simplement apprécier sans arrière-pensée ce show procédural ? Je n'y parviens pourtant pas. Peut-être est-ce simplement le regret de se dire qu'avec plus d'ambitions, les scénaristes auraient pu créer une série judiciaire à part entière, non juste cette énième ombre, plaisante mais dispensable...

laworderuk3.jpg

Bilan : Série judiciaire attrayante pour les amateurs du genre, Law & Order UK cherche encore ses marques, disposant d'un volet policier, plus équilibré et réussi que le volet judiciaire, encore hésitant. Sérieuse sur le fond, soignée sur la forme, le principal bémol qu'on lui adressera est ce sentiment gênant d'absence d'identité propre. J'aimerais que les scénaristes trouvent l'ambition de se détacher de cette tentation du copier/coller, pour adapter ce concept aux spécificités britanniques.


NOTE : 6/10


Le générique :


La bande-annonce de la "saison 2" :


13/01/2010

(Mini-série UK) The Day of the Triffids : nouvelle adaptation d'un classique de la fiction post apocalyptique




"How did it happen ?
How did the world get swallowed up so quickly ?
It was because we had our eyes closed.
Even when we could see."


dayofthetriffids.jpg

Pour terminer l'année 2009 sur une touche optimiste, quelques jours avant la reprise de la nouvelle saison de Survivors, BBC1 proposait une mini-série à l'univers post-apocalyptique, genre qu'elle semble affectionner ces derniers temps : The Day of the Triffids. A l'origine, il s'agit d'un classique de la science-fiction catastrophe, roman publié en 1951, par John Wyndham. En 1962, cette histoire devint un film au cinéma. Puis, elle fut pour la première fois adaptée à la télévision britannique en 1981, dans une mini-série de six épisodes, déjà diffusée sur cette chaîne. Fin décembre, la BBC, poursuivant donc sa politique de remise au goût du jour des fictions catastrophes présentes sur son antenne dans les années 70/80, en a proposé une nouvelle adaptation, sur un format plus court, en deux parties d'1h30 chacune.

triffids1.jpg

Le narrateur de cette mini-série est un biologiste, Bill Masen. Il a passé toute sa vie à travailler et à étudier les Triffids, obsession familiale qui lui a été transmise par ses parents, sa mère ayant été tuée sous ses yeux par ces gigantesques plantes carnivores qui peuvent se déplacer. Seulement, en dépit du danger qu'elles pourraient en théorie représenter, les Triffids ont quelque chose de précieux à apporter à l'humanité : l'industrie peut y puiser une source d'énergie, apporter une solution au problème de l'effet de serre et au risque d'arriver à court de pétrole. Chaque pays à travers le globe a donc aménager ses fermes où sont élevées, contenues et exploitées, les Triffids. Les prophètes de mauvaises augures dont les voix s'élèvent pour souligner leur danger ne sont pas écoutés. Bill Masen en fait partie. Il travaille pour une entreprise exploitant ces plantes afin d'essayer de comprendre ce qu'elles sont et de percer le mystère des sons qu'elles émettent : ne trouve-t-on pas en elles quelque chose qui pourrait s'apparenter à de l'intelligence ?

triffids5.jpg

Le danger hypothétique présenté par les Triffids demeure tout théorique, confinées qu'elles sont dans des fermes de haute sécurité. Mais un évènement naturel sans précédent, a priori anodin, va bouleverser la donne. En effet, une explosion solaire provoque un magnifique spectacle dans le ciel terrestre, sorte de condensé plus intense des aurores boréales. Seulement, au milieu de ces belles lumières chatoyantes, un rayonnement beaucoup plus intense que celui que les humains ont l'habitude de voir, éblouit, et surtout aveugle définitivement, tous ceux qui n'avaient pas les yeux couverts à ce moment-là. Bill Masen, à l'hôpital après avoir été attaqué par un Triffids, échappe à ce sort, tout comme quelques milliers de personnes suffisamment chanceuses pour avoir été occupées à autre chose qu'à regarder le ciel à ce moment fatal.

The Day of the Triffids contient tous les ingrédients attendus d'un classique récit catastrophique, nous plongeant prioritairement dans un univers chaotique post-apocalyptique. En effet, suite à la tempête solaire, la grande majorité des humains est devenue aveugle. Ils errent dans des rues dévastées, ne pouvant s'occuper seuls d'eux-mêmes, sans l'aide des quelques personnes voyantes restantes. Le pays, la Terre entière, a été fauché par cette intense luminosité, laissant les habitants comme paralysés, là où ils se trouvaient au moment fatidique. Les institutions et les services les plus basiques ne peuvent plus fonctionner sans personnel. Tout s'arrête brusquement. Et on assiste à l'écroulement d'un pays en quelques heures. Il ne s'en relèvera pas. Car pour ajouter à la tragédie, les fermes aménagées pour accueillir les Triffids se retrouvent privées d'électricité, ne pouvant plus contenir les terribles plantes carnivores, dont personne ne mesure le danger avant qu'il ne soit bien trop tard pour s'en prémunir. Elles bénéficient d'un gibier de choix, démuni et sans défense : une entière population de non-voyants, incapable de se protéger.

triffids4.jpg

Pour que cette mini-série fonctionne pour le téléspectateur, il lui faut accepter ces bases comme un postulat de départ nécessaire. Ces dernières sont tout juste esquissées dans les premières scènes. C'est à peine si l'on comprend qui sont et à quoi servent les Triffids, quels sont les enjeux qui les entourent... Les scénaristes ont en fait choisi cette introduction minimaliste, qui peut quelque peu déstabiliser le téléspectateur logique et consciencieux, dans le but de rentrer le plus rapidement possible dans le feu de l'action. Tout s'enchaîne en effet très vite : on se retrouve projeté de l'avant à l'après catastrophe lumineuse en 10 petites minutes, montre en main. Ce manque d'exposition suscite quelques interrogations sur la cohérence d'ensemble de l'univers de départ ; mais, une fois dépassé cela, le téléspectateur se laisse prendre dans la description des conséquences du terrible flash, que nous voyons s'abattre à travers  le monde grâce aux caméras de BBC News. Puis, la mise en scène d'une Londres dévastée, où le désordre règne, est particulièrement bien réalisée.

D'ailleurs, plus généralement, le vrai point fort de The Day of the Triffids réside dans son esthétique. La mini-série bénéficie d'une belle réalisation, avec des plans larges, dotés d'une abondance de jeux de lumière très appréciable. La caméra, optant pour un style très propre, nous offre de beaux cadrages qui permettent une belle reconstitution de l'atmosphère que les scénaristes tentent de donner à la fiction.

triffids6.jpg

Mais ces atouts formels ne peuvent occulter la faiblesse structurelle dont souffre cette mini-série. En effet, il s'agit une fiction balisée jusqu'à l'extrême, manquant finalement d'une âme. Les dialogues sont très (trop?) conventionnels ; les dynamiques entre les personnages se développent sans surprise. Se reposant entièrement sur le matériel dont elle disposait au départ, elle refuse de prendre le moindre risque et se contente de suivre un scénario d'où est absente une réelle valeur ajoutée. Souffrant de quelques ruptures de rythme et de longueurs évitables, l'enchaînement des évènements demeure cependant suffisamment intense pour que l'attention du téléspectateur ne soit jamais prise en défaut.

Les amateurs éprouveront sans nul doute un certain plaisir à suivre cette fiction post-apocalyptique efficace, respectant scrupuleusement les codes scénaristiques du genre et progressant par paliers. Mais ceux, qui auraient attendu un peu plus de cette nouvelle adaptation d'une histoire déjà transcrite à l'écran, resteront sur leur faim. Sans doute le récit de départ -un grand classique écrit en 1951-, même s'il est modernisé avec des préoccupations actuelles, n'offrait-il pas les nuances et subtilités qui lui aurait permis de se démarquer de ce canevas trop traditionnel un demi-siècle plus tard.

triffids2.jpg

Reste que cette impression mitigée tient aussi en partie à son casting principal, en particulier à la figure bien terne du héros. Dougray Scott se révèle plutôt fade (surtout dans la première partie), stéréotype unidimensionnel trop prévisible qui ne suscite que l'indifférence du téléspectateur. Certes peu épaulé par l'écriture de son personnage si monolithique, il ne parvient pas à prendre la mesure de ce héros et à assumer le rôle titre qui lui est ainsi conféré. Au final, seul le dernier quart de la mini-série lui permettra de commencer à jouer sur un registre plus émotionnel qu'il aurait été avisé de découvrir plus tôt. Car le récit souffre avant tout d'un manque d'empathie flagrant, le téléspectateur ne parvenant pas à créer un lien avec les personnages clés, se contenant de suivre leurs péripéties sans s'impliquer. J'ai également beaucoup de réserves à formuler à l'égard d'Eddie Izzard, "méchant" qui finit surtout par agacer et à l'égard duquel je suis restée un peu perplexe, tant pour son personnage, que pour sa façon de l'interpréter. Finalement, si Joely Richardson tire un peu mieux son épingle du jeu, en journaliste dynamique -encore un grand classique-. heureusement surtout que Brian Cox (Dennis Masen) passe faire une petite visite appréciable en fin de parcours, permettant du même coup d'approfondir le héros.

triffids3.jpg

Bilan : Fiction post-apocalyptique, au scénario trop classique pour marquer le téléspectateur, mais suffisamment efficace pour qu'il suive jusqu'au bout cette aventure, The Day of the Triffids se révèle être avant tout une mini-série esthétique, dotée de belles images bien travaillées et d'une réalisation soignée. Sur le fond, elle ne convainc pas pleinement, peu aidée par des acteurs principaux quelques peu hésitants qui peinent à s'imposer, enfermés dans des rôles trop monolithiques pour être attachants. A ce titre, d'ailleurs, les personnages secondaires s'en tirent de manière bien plus appréciable. Globalement, le scénario de cette mini-série manque d'épaisseur et ses storylines d'une réelle dimension. C'est somme toute divertissant, plutôt efficace, mais cela laisse quelques regrets au vu du soin évident apporté à la forme.


NOTE : 4,5/10


Des previews :

(US) Big Love : Free at last (saison 4, épisode 1)

bigloves4.jpg

C'est un euphémisme d'écrire que j'attendais avec impatience cette saison 4 de Big Love. En 2009, ce drama, avec sa magistrale saison 3, constitua probablement ma série préférée de l'année. Par conséquent, j'étais curieuse/enthousiaste/excitée (avec le risque de la déception inhérent à cette forte attente) de retrouver les polygames de HBO pour de nouveaux ennuis à affronter. Une reprise qui s'est avérée très correcte, dans la continuité de la saison précédente, mais qui a commencé sur un bémol : un changement de générique à l'opportunité très discutable.

bl401d.jpg

La force, mais aussi parfois la faiblesse de Big Love, réside dans la richesse de sa vaste galerie de personnages auxquels elle ne peut pas toujours consacrer le temps d'antenne qu'ils mériteraient pour développer leurs storylines. Chaque épisode est toujours particulièrement intense, mêlant une multitude d'histoires qui ne se rejoignent pas toujours immédiatement. Si bien que le téléspectateur a généralement l'impression de voir défiler l'heure très rapidement, sans avoir le temps de souffler, restant frustré du survol de certains éléments qui auraient pu être plus approfondis. Ce premier épisode ne déroge pas à ce schéma devenu classique.

bl401a.jpg

Nous reprenons directement dans la continuité de la saison 3, pour retrouver les soucis que nous avions laissés aux Henricksons l'année passée. Roman Grant a disparu. Le téléspectateur sait qu'il est mort. Mais les personnages vont mettre du temps à l'apprendre, et l'ancien patriarche continue de causer bien des ennuis à ses ennemis d'hier. Le FBI, toujours à sa recherche, harcèle Juniper Creek, multipliant les descentes de police, mais aussi les Henrickson, se concentrant sur Nicky, qui occupe une position toujours très fragile au sein de la famille, rattrapée encore une fois par ses liens avec Juniper Creek.

C'est un appel de sa mère qui la précipite, à nouveau, dans les luttes  intestines de la communauté. Car il s'avère que si la mort de Roman Grant n'est pas encore connue, c'est en raison d'Adaleen, sa fidèle épouse, qui, ayant découvert le corps, l'a placé dans le garde-manger réfrigéré. Plus que pour préserver l'image de Roman, et sa prédiction non réalisée qu'il vivrait jusqu'à 126 ans, on devine Adaleen surtout perdue, cherchant désespérément à maintenir un artificiel statu quo, en préférant mettre en scène la disparition de son mari. Une fois informée, Nicky va cependant commettre une erreur classique, même si elle partait d'une bonne intention : traiter directement avec sa famille -ou plus précisément Alby- pour tenter d'étouffer l'affaire, sans vouloir impliquer les Henrickson, mais sans non plus les mettre au courant.

bl401f.jpg

Or Alby, avec son esprit retors, par bien des côtés si semblable à Nicky, choisit de profiter de cette opportunité pour donner quelques sueurs froides à Bill, en déménageant le corps de son père sur le chantier de son beau-frère. La "balade du cadavre de Roman Grant", comme on pourrait la nommer, à la fois pathétique et tragi-comique, allège d'une étrange façon le caractère pesant de ces storylines de nature avant tout dramatiques. Encore une fois prise en défaut, Nicky se retrouve à devoir affronter la méfiance de sa famille, mais les reproches seront pour plus tard. Il lui faudra plus d'une journée pour bien réaliser que son père est mort. La scène où elle craque dans la voiture aux côtés de Bill correspond parfaitement au personnage, une fois la prise de conscience progressivement réalisée, les nerfs lâchent devant cette situation irréaliste.

La mort de Roman Grant n'achève cependant pas les tensions entre Bill et sa belle-famille. Alby va reprendre le flambeau paternel. Les offres de paix teintées de menaces, que Bill formule sans sourciller, indiquent bien que les choses ne peuvent en rester là. Il faut dire qu'avoir réussi à causer en partie la perte de l'ancien patriarche de Juniper Creek lui a ouvert de nouveaux horizons. Il nourrit manifestement des ambitions toujours plus hautes. Mais si Alby doit faire face au gel des comptes de l'UEB, il fait surtout la rencontre de celui qui préside la commission de gestion nommée : une rencontre dans le parc, au cours de laquelle il a -entame ?- une relation avec cet homme. Les constantes manipulations qui ont régulièrement cours dans Big Love nous amèneraient presque à nous demander si cela a été plannifié, d'un côté ou de l'autre. S'il semble peu probable qu'Alby savait qui était le business man, au vu de sa réaction lorsqu'il le recroise, quid de ce dernier ?

bl401e.jpg

Si à Juniper Creek, les choses demeurent quelque peu chaotiques, c'est également le cas chez les Henrickson, qui s'apprêtent à ouvrir leur premier casino. Une source permanente de crises de nerfs qui pèse sur toute la famille. C'est à Barb qu'a échu la responsabilité de l'organisation ; tandis que Margene, aussi excitée qu'elle soit par ce lancement pour lequel elle a tant fait, souhaite toujours privilégier sa propre carrière, et préfère propulser Barb sur le devant de la scène.

Cependant, l'association avec Jerry Flute n'est pas aussi saine que Bill aurait pu l'espérer. Le harcèlement du FBI, suite à la disparition de Roman Grant, a nourri la méfiance des indiens. Les tensions avec Barb et ses aménagements "mormon friendly" apparaissent comme la simple partie émergée de l'iceberg. Pour le moment, le casino s'ouvre sur un premier soir à succès. Mais il semble évident que le partenariat tangue déjà très dangereusement. Les ambitions de Bill n'allant pas rester rassasiées par cette réalisation de projet, il est probable que cette dégradation risque de se poursuivre.

bl401c.jpg

Ces storylines déjà chargées ne permettent pas de consacrer beaucoup de temps aux autres personnages. Du côté des enfants, Cara Lynn vit désormais avec Nicky et s'apprête à effectuer sa rentrée à l'école. Un arrangement fait à l'insu de l'ex-mari, que Bill canalise pour le moment en arbitrant un compromis acceptable, mais la présence régulière de JJ, dans l'ombre de sa fille, ne peut être que génératrice de futurs ennuis. Sarah, elle, n'est qu'entre-aperçue au début, de façon à prendre de ses nouvelles et à évoquer les préparatifs de son futur mariage. Enfin, Ben joue les chanteurs dans un groupe, tout en aidant sa grand-mère dans le commerce apparemment fructueux d'oiseaux exotiques. Les affaires de Lois, justement, vont nous occuper pour quelques scènes, pleines d'humour noir, typiques de la dynamique de couple qu'elle entretient avec Franck. Entre menaces et partenariat entreprenarial, ces deux-là n'évolueront probablement jamais, jusqu'au jour où l'un des deux tuera l'autre. En attendant, ils parviennent à un fragile statu quo et signe une trêve qui sera sans doute brève.

bl401b.jpg

Bilan : Avec cet épisode, signe un retour dans la continuité très correct et très riche. Il permet de parachever les storylines pendantes de la saison précédente, la mort de Roman Grant et l'ouverture du casino. La famille n'a pas été épargnée par les secousses, mais elle semble retrouver progressivement un nouvel équilibre. Cependant, ce que je retiendrais en premier lieu de cet épisode, ce sont les dilemmes émotionnels des trois femmes, qui chacune à leur niveau, doivent gérer des situations difficiles. L'exposé de ces états d'âme est traité avec beaucoup de justesse.

Enfin, je demeure très réservé sur le nouveau générique proposé. Comment interpréter cette chute sans fin des quatre personnages, ainsi mise à l'écran ? Est-ce métaphorique ? Cela consacre-t-il les évolutions et la fragilisation de la famille dont nous avons été témoins la saison passée ? Vous trouverez un aperçu vidéo ci-dessous pour pouvoir vous faire votre propre opinion.


NOTE : 7,5/10


Le nouveau générique de Big Love :