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31/12/2009

(Ma DVDthèque idéale) Dix dramas du câble US des années 2000


La sélection la plus brise-coeur, je dois l'avouer. Car si j'ai bien du mal à trouver dix dramas des grands networks US qui me tiennent particulièrement à coeur, la problématique est inversée en ce qui concerne le câble US... Où un top 20 serait sans doute plus approprié, et plus respectueux de mes affinités. Avec beaucoup de difficultés, et des prises de décisions arbitraires, j'ai donc dégagé une sélection de dix dramas câblés, très insatisfaisante, mais le plus fidèle à mes goûts.

(Liste par ordre alphabétique)

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Battlestar Galactica (Sci-Fi/SyFy, 2004-2009)

La série de science-fiction de ces dernières années. Si sa résolution n'a pas tenu toutes ses promesses, elle reste un récit ambitieux, d'une portée mythologique et symbolique difficilement égalée. Mêlant thématiques politiques, philosophiques et religieuses, dans le cadre post-apocalyptique d'un génocide de la race humaine, cette série utilise le cadre de la science-fiction pour poser des problématiques très actuelles, à la portée particulièrement aiguë à travers le prisme de l'actualité de ces années 2000. Battlestar Galactica a aussi renouvelé et modernisé les codes scénaristiques de la science-fiction sur le petit écran. Une série qui a marqué son époque.

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Brotherhood (Showtime, 2006-2008)

Un essai très intéressant de Showtime, malheureusement trop méconnu, qui s'intéresse aux rouages du pouvoir, officiel et officieux à Rhode Island, à travers les intéractions de deux frères, l'un politicien, l'autre gangster. Une série sombre qui dévoile les ressorts des rapports de force constants qui agitent les dessous de cette ville, formant un vase-clos presque malsain. Brotherhood réussit le tour de force de mêler habilement les genres : mafia et politique, sur fond d'union ou désunion familiale. Dotée d'intrigues complexes, d'un rythme lent, tout en exposition, et d'une réalisation particulièrement travaillée, elle nous plonge dans des luttes d'influence de l'ombre, subtiles et nuancées, vraiment intrigantes. Avec notamment Jason Isaacs, Jason Clarke et Fionnula Flanagan.

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Deadwood (HBO, 2004-2006)

Le récit dense des premières années de cette ville symbole de la conquête de l'Ouest au XIXe siècle a toujours exercé sur moi une profonde fascination. Cela vient-il d'une éducation télévisuelle construite à partir des westerns de la vidéothèque paternelle ? Probablement en partie. Théâtrale et lente, dotée d'une réalisation soignée, servie par une reconstitution d'époque minutieuse et réaliste, cette série est d'une richesse rare, abordant les thématiques les plus diverses. Métaphore de création d'une société, elle nous relate la vie d'une collectivité humaine qui, à l'origine sans loi, ni organisation, va peu à peu devoir se régenter pour survivre. Remontant finalement à son origine, elle propose une véritable réflexion sur le pouvoir et son exercice, mais aussi sur les ressorts qui motivent la nature humaine, optant pour une vision noire et pessimiste, à la fois glaçante et captivante. Avec notamment un magistral Ian McShane. Une indispensable qui conduit le téléspectateur dans une analyse anthropologique qui va bien au-delà de la simple image du western.

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Dexter (Showtime, 2006-..)

On ne présente plus cette intrigante série de Showtime qui a choisi de mettre en scène, en tant que personnage principal, un serial killer. Dérangeante, voire malsaine, tout autant que fascinante, Dexter est finalement une série d'introspection. Nous suivons les enquêtes policières, et plus globalement la vie des membres de la brigade criminelle, par le prisme des réflexions et des évolutions de Dexter. Par bien des côtés, elle est, pour son personnage principal, une forme de récit initiatique. Il ne remet jamais en cause le fait de tuer, mais c'est sur sa nature profonde qu'il est amené à s'interroger. Adoptant la thèse d'un déterminisme glaçant, la série ne se cantonne pas à une simple réflexion sur l'humanité, mais réfléchit également sur la vaste thématique de la justice, proposant plusieurs niveaux d'analyse : les pensées de Dexter sur lui-même, mais aussi sur ses rapports à la société, sont les ressorts de chacune des saisons, qui voient ce degré d'introspection progresser et acquérir une dimension supplémentaire. Une série qui offre une perspective originale, menée par Mickaël C. Hall (Six Feet Under).

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Les Sopranos (HBO, 1999-2007)

On ne présente plus cette série, figure de proue des années fastes de HBO et qui s'est imposée comme un des symboles -si ce n'est le symbole- de ces dix dernières années. Les Sopranos est une série bien plus dense que ne le laisserait sous-entendre la simple étiquette de "parrain des temps modernes" que l'on pourrait a priori lui associer. Saga familiale au sens large du terme, héritière distante du cinéma de gangsters des années 70-80, reflet et symbole désenchantés d'une société moderne en perte de repères, la richesse de cette fiction permet en réalité de multiplier les degrés de lecture et les angles d'analyse. Si bien qu'en seulement quelques lignes, il n'est possible que de tracer une vague esquisse, effleurant seulement l'essence de cette très grande série qui figure sans conteste au panthéon du petit écran.

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Mad Men (AMC, 2007-..)

Reconstitution soignée et méticuleuse des années 60, Mad Men a ouvert la voie aux essais de séries de la chaîne AMC. Pensée et calibrée avec minutie, elle plonge le téléspectateur au sein d'une agence de publicité à New York. Mais Mad Men va rapidement prendre une dimension bien plus ambitieuse que cette simple base de départ, profitant pleinement de son cadre temporel : la période charnière d'une décennie qui se situe à la croisée de deux époques, un moment où la société mue en profondeur. Mad Men relate et consacre ces changements, en proposant une véritable analyse sociologique de ce temps-là, grâce à une galerie de personnages particulièrement riches, dont la série nourrit à dessein les ambiguïtés et la complexité. Car derrière son apparence impersonnelle et glacée, se cache, dans cette fiction, une intensité des passions, insoupçonnée a priori et qui offre un contraste humain fascinant pour le téléspectateur. Une des séries incontournables du moment.

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Rome (HBO, co-production BBC/Rai Uno, 2005-2007)

Exemple le plus symbolique de la fiction historique de cette décennie, Rome constitue pour moi un véritable coup de coeur. Dotée d'importants moyens qui permettent à la série de s'offrir un cadre et des décors somptueux, lui confèrant une crédibilité visuelle importante, elle nous plonge, avec un souffle épique d'une rare force, dans les tumultueuses dernières années de la République romaine, qui vont conduire au changement de régime et à l'avènement impérial. Fondée sur une riche galerie de personnages dotés de fortes individualités, Rome se présente sous la forme d'une ambitieuse fresque historique, en bien des aspects, impitoyable. Elle happe le téléspectateur dans un tourbillon passionnel  de luttes de pouvoirs, qui, si les moyens ont changé, jouent sur des thématiques universelles. Dépaysante et captivante.

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Six Feet Under (HBO, 2001-2005)

Une série au coeur de laquelle se situe la mort, mais qui atteint un degré rarement égalé pour chroniquer l'essence et le sens de la vie. On ne présente plus cette fiction qui se déroule dans le cadre d'une entreprise familiale de pompes funèbres. Jamais une série n'aura traité aussi justement, sans aucun voyeurisme et avec une sobriété si travaillée, parfois teintée d'un humour noir cynique ou sarcastique, parfois profondément émouvante, du thème de la mort. Au-delà de ce décor qui n'impose pas, comme on aurait pu le craindre, une ambiance pesante, c'est la vie de la famille Fisher qui nous contée, à travers ses membres, personnages riches et complexes dont la diversité et l'humanité sont toujours mises en avant et auxquels on s'attache. Une série qui constitue une expérience unique, qui se vit plus qu'elle ne se décrit. A découvrir absolument.

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Sur Ecoute (The Wire) (HBO, 2002-2008)

The Wire est plus qu'une série. C'est une fiction qui a repoussé et distordu les limites de ce format pour atteindre une autre dimension dans la mise en forme et en scène de son récit, offrant ainsi une perspective unique. C'est une immersion dans cette autre Amérique, dans l'envers du rêve américain, au sein d'une ville en crise. Démarrant sur les bases d'une série policière, elle va rapidement les dépasser pour s'intéresser aux diverses composantes de cette cité. Au fil des saisons, le téléspectateur est ainsi entraîné toujours plus au coeur de Baltimore, décryptant chacun des rouages qui la font se mouvoir et vivre : le port, la drogue, l'éducation, la presse... un ensemble de vastes thématiques traitées avec la rigueur du quasi-documentaire. The Wire est une chronique sociale et humaine, au sens noble du terme. La série de la décennie si je ne devais en choisir qu'une, révolutionnant le genre sur le fond comme sur la forme.

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The Shield (FX, 2002-2008)

Chronique policière urbaine qui nous plonge dans la vie d'un commissariat des quartiers chauds de Los Angeles, The Shield a renouvelé les codes des séries policières. C'est une série dont le thème pourrait être le flirt constant avec les limites : limites pour ses personnages, dont la "Strike Team" est la meilleure représentante, qui franchissent les lignes jaunes de la légalité, en s'efforçant de maintenir un équilibre précaire entre leur mission professionnelle et leurs intérêts particuliers ; limites également dans le réalisme de la mise en scène, violente et explosive. Au fil des saisons, The Shield va acquérir une portée supplémentaire, se démarquant de la simple série policière, grâce à des affrontements entre des individualités hors du commun, et va devenir ainsi un champ d'affrontement où le recours aux manipulations et intimidations constitue le ressort des rapports de force.



Méritent une mention spéciale :

Big Love (HBO, 2006-..)
Par sa seule saison 3, Big Love méritait sans doute de figurer dans la liste ci-dessus ; mais j'ai préféré privilégier les séries complètes, ou bien celles qui n'ont pas eu besoin d'une saison pour prendre toute leur dimension. Cependant, au cours de sa dernière saison à ce jour diffusée, Big Love est devenue, sous les yeux de ses fidèles, un très grand drama. Il ne faut pas se laisser décontenancer par son concept, évoquant polygamie, sectes mormones, le tout dans l'Utah profond. J'attends la saison 4 avec beaucoup d'impatience.

La Caravane de l'étrange (Carnivàle) (HBO, 2003-2005)
Dans l'Amérique en pleine dépression des années 30, une série hautement symbolique, d'une esthétique soignée et raffinée, qui ne ressemble à aucune autre. Malheureusement inachevée.

Oz (HBO, 1997-2003)
C'est une série que je classe plutôt dans les années 90 car s'y déroulent ses plus belles années. Mais il est impossible d'évoquer la production câblée de la décennie, sans rappeler cette magistrale série qui se déroule au coeur d'un quartier expérimental d'une prison de haute sécurité. Âmes sensibles s'abstenir ; mais une expérience dessensibilisatrice incontournable.

Sons of Anarchy (FX, 2008-..)
Un bilan décennal qui intervient trop tôt pour Sons of Anarchy. La deuxième saison, impressionnante de maîtrise, vient tout juste de s'achever, sur une très bonne impression d'ensemble. Mais il faut encore lui laisser du temps pour mûrir, afin que la série acquière sa pleine stature et se hisse à la hauteur du potentiel entre-aperçu.

30/12/2009

(Ma DVDthèque idéale) Cinq dramas canadiens des années 2000


Les séries canadiennes ont longtemps souffert en France d'une exposition relativement confidentielle. Si on a pu constater des progrès importants, notamment initiés avec la diffusion en prime-time de ReGenesis par Arte, il reste encore beaucoup à faire.

Si je ne connais malheureusement que de trop loin les productions de ce pays, voici cinq séries canadiennes de cette dernière décennie que j'accueillerais volontiers dans ma DVDthèque idéale.

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Charlie Jade (co-production avec l'Afrique du Sud) (Space, 2005)

Cette série, qui ne comporte qu'une seule saison, est un petit OVNI télévisuel qui mérite vraiment le détour. S'inscrivant dans le genre fantastique, elle met en place un univers sombre, exploitant habilement la thématique des mondes parallèles. Le héros, Charlie Jade, est un détective privé, vivant dans une vaste mégalopole industrielle, Cape City. A la suite d'une rencontre avec une jeune femme perdue, il va découvrir l'existence d'un univers où coexistent trois réalités (l'Alphaverse, le Betaverse et le Gammaverse), dont l'équilibre est sur le point d'être rompu par les actions d'une puissante entreprise de son monde, Vexcor Technologies. Charle Jade est une série déroutante et intrigante à plus d'un titre. A partir d'un budget minimal, elle parvient à créer une atmosphère inhabituelle, impossible à catégoriser, sur la forme comme sur le fond. En effet, la réalisation verse déjà dans l'originalité, exploitant filtres de couleur et cadrages étranges pour créer une impression diffuse de mystère, laquelle est renforcée par un style de narration relâché, qui donne à l'ensemble un ton presque poétique.
Avec quelques effets de style et une histoire complexe, la série réussit la surprise de parvenir à exercer une véritable fascination sur le téléspectateur, qui suit ces aventures avec curiosité, très intrigué. En somme, un OVNI télévisuel très particulier, à découvrir.

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Durham County (The Movie Network, 2007-..)

Durham County est une série policière atypique. Bien loin des formula show classiques, les enquêtes ne s'y succèdent pas au rythme saccadé d'une par épisode, mais, au contraire, les intrigues s'étalent, se complexifient et prennent progressivement toutes leurs dimensions. Dans l'atmosphère presque oppressante, voire étouffante, de Durham, sous ces poteaux électriques à perte de vue, nous suivons Mike Sweeney, un policier, qui emménage dans cette nouvelle ville au début de la série, accompagné d'une famille déjà très éprouvée par le cancer de sa femme, et avec l'espoir de repartir à zéro. A partir de cette base, Durham County va à merveille exploiter de solides scénarios, d'où ressort une ambiance pesante. Elle fascine également par l'esthétique de ses images, dominées par des couleurs froides, qui colle parfaitement au ton de la série.
La saison 3 de cette série trop méconnue est actuellement en préparation : une expérience téléphagique à tenter !

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Intelligence (CBC, 2006-2007)

Série sombre, elle nous plonge dans les rouages du crime organisé de la région de Vancouver, en s'intéressant tout particulièrement aux rapports étroits et parfois flous qu'entretiennent les autorités et les mafieux. Au milieu de ce champ de bataille urbain, où manipulation et infiltration règnent au sein même de chacun des camps, où tout se monnaye et où la clé du pouvoir réside dans la détention de parcelles d'information, Jimmy Reardon occupe une position prééminente au sein du crime organisé de Vancouver. A la suite d'un concours de circonstances, il va être amené à collaborer avec celle qui dirige la lutte contre le grand banditisme. Intelligence parvient à générer un microcosme complexe, où domine une étrange consanguinité. A la croisée des genres, policier, gangster et espionnage, cette série constitue une des belles réussites canadiennes de ces dernières années. Parmi les nombreuses têtes connues du casting, figure notamment Ian Tracey (Coroner DaVinci).

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ReGenesis (The Movie Network, 2004-2008)

"The future is here. Bioterrorism. Designer babies. Frankenfoods. Suddenly Humanity possesses the ability to play god. But is it progress-or madness? Will cutting-edge science be our salvation? Or our demise? The Pandora's box of biotech is wide open. Have we gone too far ?"

Cette série, qui se présente sous la forme d'un thriller scientifique, nous introduit au sein du Norbac, un organisme nord-américain créé pour étudier et faire face aux menaces biologiques et sanitaires que l'avancée des sciences, ou encore les attaques terroristes, font peser sur les sociétés occidentales. Tout en sensibilisant à divers enjeux actuels, la série amène à s'interroger sur les limites et l'utilisation des sciences. Son attrait réside dans le fait qu'elle parvient à conserver un équilibre entre les enquêtes scientifiques, menées par les membres d'une équipe bigarée et soudée, et leur vie personnelle. Progressivement, ReGenesis va d'ailleurs, au fil des saisons, de plus en plus s'intéresser à ses personnages, auxquels le téléspectateur s'est attaché. Tandis que la première saison avait constitué un vaste "toutélié" conspirationniste où tout s'emboîtait à la fin. Même si la qualité fluctue, l'intérêt du téléspectateur ne se dément pas pour cette série très intéressante, qui traite avec beaucoup de sérieux et de rigueur d'une thématique scientifique, insuffisamment exploitée à bon escient dans le petit écran.

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Slings & Arrows (The Movie Network, 2003-2006)

"To be, or not to be: that is the question : Whether 'tis nobler in the mind to suffer the slings and arrows of outrageous fortune, or to take arms against a sea of troubles, and by opposing end them?" (Hamlet, Acte III, Scène I)

Ce petit bijou méconnu nous plonge dans un milieu peu exploré par les fictions télévisées : le théâtre. Elle se propose de nous faire vivre le quotidien tumultueux, souvent rocambolesque, mais toujours intense, d'une troupe de théâtre. Chacune des trois saisons qu'elle comporte va être consacrée à la mise en scène d'une pièce particulière de Shakespeare : Hamlet (dont elle tire son titre, en saison 1), Macbeth (saison 2) et enfin Le roi Lear (saison 3).
Slings & Arrows
se révèle très vivante et attachante. Elle nous narre, sur un rythme dynamique, la vie de cette troupe, dirigée par une personnalité haute en couleur,
Geoffrey Tennant (incarné par l'excellent Paul Gross (Un tandem de choc)), un acteur talentueux mais quelque peu instable mentalement, dont le caractère et les lubies créent souvent plus de soucis qu'il n'en résoud. Tour à tour sarcastique, drôle, émouvante, voire parfois cynique, cette dramédie alterne habilement les genres, pouvant passer avec subtilité du rire aux larmes en un clin d'oeil.
C'est une série originale qui rappelle encore une fois toute la richesse du petit écran : à découvrir sans hésitation !

(Ma DVDthèque idéale) Dix mini-séries des années 2000


Un bilan décennal parce que :
"Y
ou got to ask yourself which is more exciting,
watching your car roll over from 99,999 to 100,000,
or watching it go from 100 to 101 ?
"
(Sam Seaborn, A la Maison Blanche, 1.10)


Plus le temps passe et plus j'apprécie le format d'une mini-série. Plus longue qu'un film, donc permettant à l'histoire de bien s'installer et de se complexifier, avec l'assurance qu'il y aura une vraie fin et que la structure d'ensemble du scénario a été pensée dès le départ, le tout d'une durée raisonnable, ne laissant pas le temps à la lassitude et aux répétitions de s'installer : serait-ce mon format téléphagique d'avenir ?


Donc, voici les dix mini-séries, diffusées entre 2000 et 2009, qui figureraient dans ma DVDthèque idéale si je devais faire une sélection (la liste a été réalisée par ordre alphabétique ; elle englobe toutes les nationalités) :

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Angels in America [HBO (US), 2003]

Dans l'Amérique des années 80, dans le cadre de la communauté homosexuelle, une mini-série bouleversante qui nous raconte les premières années de l'apparition du SIDA. Cette fiction de haut prestige est de plus dotée d'un casting exceptionnel, cinéphile (Al Pacino, Meryl Streep, Emma Thompson) et sériephile (Mary-Louise Parker, Justin Kirk). Une très grande mini-série qui a marqué le petit écran lors de sa diffusion et qui mérita amplement toutes les récompenses qu'elle remporta.

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Band of Brothers [HBO (US), 2001]

Co-produite par Steven Spielberg et Tom Hanks, Band of Brothers nous raconte le sort de la Easy Compagny, au cours de la Seconde Guerre Mondiale. De la formation des hommes dans le camp d'entraînement jusqu'à la reddition japonaise marquant la fin du conflit, en passant par le débarquement sur les côtes françaises, l'enlisement du terrible hiver 1944-45 ou encore la découverte de l'horreur des camps nazis. C'est une fiction de très standing, porté par un solide casting homogène conduit notamment par Damian Lewis.

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Charles II: The Power and the Passion [BBC (UK), 2003]

Je me devais d'évoquer au moins un costume drama britannique. Attirée, par goût personnel, vers les mini-séries portant sur des récits historiques, et n'ayant pas peur des têtes couronnées, j'ai longtemps hésité entre celle-ci et Elizabeth I. Si j'ai finalement arrêté mon choix sur elle, c'est peut-être parce qu'il s'agit d'une des premières du genre que j'ai découverte. Elle nous relate la vie compliquée du roi Charles II, fils de Charles Ier qui fut exécuté en 1649, sur fond de guerre civile et de révolution anglaise au XVIIe siècle. Cette fiction est particulièrement bien servie par l'interprétation magistrale de Rufus Sewel.

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City of Vice [Channel 4 (UK), 2007]

Une mini-série prenante, qui nous plonge dans la dangereuse Londres du XVIIIe siècle, aux côtés de Henry Fielding, un écrivain célèbre de l'époque, qui va rassembler quelques hommes pour constituer la première police publique de la capitale britannique, les Bow Street Runners. Cette mini-série, policière et historique, sombre et réaliste, offre une reconstitution rigoureuse de l'époque et se révèle vraiment capitivante, avec un magistral Ian McDiarmid (le chancelier Palpatine de Star Wars). A mes yeux le plus convaincant costume drama britannique de la deuxième partie de la décennie.

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Generation Kill [HBO (US), 2008]

Cette mini-série de sept épisodes se présente sous la forme brute d'une chronique de la dernière guerre d'Irak. Un journaliste va suivre, au sein d'une unité de marines américains, l'invasion et la chute du régime de Saddam Hussein. Réalisée par les auteurs de The Wire (Sur Ecoute), Generation Kill en adopte le style narratif neutre, son ton quasi-documentaire et une caméra qui se présente comme un observateur extérieur, en quête d'authenticité. On retrouve au sein de son casting des têtes appréciées des téléphages, comme Lee Tergesen (Oz) et Alexander Skarsgård (True Blood).

Je lui ai déjà consacré un article sur ce blog : Generation Kill : chronique désabusée d'une guerre moderne.

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John Adams [HBO (US), 2008]

Cette somptueuse mini-série historique nous plonge dans la tumultueuse vie politique d'Etats-Unis encore en gestion. De la guerre d'indépendance jusqu'à sa mort en 1826, nous suivons John Adams, avocat qui participa activement à la formation de cet pays et qui en devint le deuxième président, succédant à Georges Washington. Pédagogique et intéressante, John Adams offre une reconstitution historique rigoureuse de la carrière de cet homme politique, à travers ses succès et sa vie personnelle, ainsi que son amitié et sa rivalité avec Thomas Jefferson. Le tout est superbement mis en scène. Cette fiction dispose en plus un casting cinq étoiles, composé de Paul Giamatti, Laura Linney, Stephen Dillane, Danny Huston, David Morse, Sarah Polley, Tom Wilkinson ou encore Rufus Sewell (Charles II: The Power and the Passion).

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State of Play [BBC (UK), 2003]

Mini-série devenue une référence du thriller médiatico-politique, elle s'interroge sur cette zone d'ombre trouble où évoluent les initiés du pouvoir et sur les pratiques qui y ont cours. A travers une enquête journalistique sur plusieurs morts qui n'ont a priori rien en commun, le téléspectateur plonge dans les coulisses et les rouages amers des secrets de fabrication d'une démocratie dont nous ne sommes normalement pas témoin. Une fiction britannique captivante qui a renouvelé le genre, servie par un casting brillantissime : John Simm, David Morrissey, Bill Nighy, James McAvoy, Polly Walker...

Je lui ai déjà consacré un article sur ce blog : State of Play : des jeux de pouvoir immuables.

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The Corner [HBO (US), 2000]

Dans une Baltimore lourdement touchée par le chômage et la drogue, cette mini-série suit la descente aux enfers d'une famille qui tente d'y survivre. Ce fut la première fiction des créateurs de The Wire (Sur Ecoute) ; elle a posé les bases de leur style quasi-documentaire ; la force et la dureté du récit est déjà là. D'un ton désespéré et pessimiste, elle nous expose, à travers un portrait sombre et méticuleux, l'envers du rêve américain. Indispensable.

Je lui ai déjà consacré un article sur ce blog : The Corner : plongée dans l'envers du rêve américain.

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The Project (Les Années Tony Blair) [BBC (UK), 2002]

Cette mini-série en deux parties constitue un modèle de fiction politique, chroniquant la vie de quatre amis d'université : ardents militants du temps de l'opposition, qui vont peu à peu accéder ensuite aux responsabilités avec le succès électoral du parti Travailliste en 1997. C'est une fiction, mais c'est aussi un quasi-documentaire qui relate la lente métamorphose d'un parti, une fois qu'il a accédé aux responsabilités. Elle constituait également une critique virulente de le gouvernement de Tony Blair. Mais, sa portée dépasse ce simple cadre conjoncturel : elle amène le téléspectateur à réfléchir sur le fonctionnement de nos démocraties modernes et sur la gestion du pouvoir. Avec Matthew Macfadyen (Spooks).

Je lui ai déjà consacré un article sur ce blog : The Project : l'histoire d'une désillusion.

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The State Within (Affaires d'Etats) [BBC (UK), 2006]

Se situant dans les coulisses de la froide géopolitique internationale et nous immergeant dans les méandres d'une diplomatie post-11 septembre, cette mini-série traite de la thématique moderne du terrorisme. Elle propose une véritable oeuvre de politique fiction en exploitant jusqu'à ses limites son concept, mettant en scène des conspirations qui mêlent nationalisme, enjeux industriels et financiers et espionnage. Très prenante, elle est de plus dotée d'un excellent casting, conduit par Jason Isaacs (Brotherhood).



Il existe, bien entendu, encore tellement de mini-séries de la décennie qui figurent sur mon immense pile de "fictions à voir" (surtout du côté anglais, où je suis loin d'avoir exploré tout l'univers des costume dramas), que ce bilan n'a rien d'exhaustif. Mais parmi celles que j'ai eues l'occasion de regarder, avec toute ma subjectivité, je pense que ces dix seraient celles que je sélectionnerais pour ma DVDthèque idéale des dix dernières années.

N'hésitez pas à compléter cette liste pour faire partager vos propres références et découvertes en mini-séries !

De la "décennie" et des listes du sériephile (ou pourquoi il faudrait revoir A la Maison Blanche)


Chaque fin d'année, la blogosphère, les médias en général, nous-mêmes dans l'anonymat de notre salon, nous sacrifions au rituel du bilan. Que retenir ? Que penser de l'année qui s'achève ? En 2009, la question se pose avec d'autant plus d'acuité que vient se greffer une problématique plus vaste : ce que l'on appelle la "fin d'une décennie".

Sauf que...

Il faudrait commencer par citer une des grandes séries de cette "décennie" pour rétablir une vérité trop facilement oubliée : pas plus que le 1er janvier 2000 ne marquait l'entrée dans le nouveau millénaire, le début de l'année 2010 ne marque pas la fin d'une décennie... qui se conclura en fait le 31 décembre 2010 (et qui a commencé le 1er janvier... 2001).

Mais si, souvenez-vous, il y a dix ans (déjà !), de Toby et Sam dissertant sur le sujet dans les couloirs de la Maison Blanche :

Toby : It’s not the new millennium, but I’ll just let it drop.
Sam : It is.
Toby : It is not the new millennium. The year 2000 is the last year of the millennium. It’s not the first one of the next.
Sam : But the common sensibility, to quote Steven J. Gould...
Toby : Steven J. Gould needs to look at a calendar.
Sam : Gould says that this is a largely unreasonable issue
Toby : Yes, it’s tough to resolve. Yes, you have to look at a calendar.
(...)
Sam : You got to ask yourself which is more exciting, watching your car roll over from 99,999 to 100,000, or watching it go from 100 to 101?

Pour les non anglophones, la version française :

Toby : Ce n'est pas un nouveau millénaire, mais laissons tomber.
Sam : Je dis que si !
Toby : Ce n'est pas un nouveau millénaire. L'année 2000 est la dernière année de ce millénaire, et non pas la première du suivant...
Sam : Mais le bon sens populaire pour citer Steven G. Gould...
Toby : Ton biologiste ferait mieux de regarder un calendrier.
Sam : Gould dit que c'est une question assez difficile à résoudre.
Toby : Oui, c'est vrai. Très difficile à résoudre, oui. Faut regarder un calendrier !
(...)
Sam : Il faut savoir ce qui est le plus excitant... Voir le compteur de ta voiture passer de 99.999 à 100.000, ou alors le voir passer de 100 à 101, là est toute la question.

(A la Maison Blanche, 1.10, In Excelsis Deo)

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Conclusion, non, la décennie ne se finit pas jeudi. 2010 est en fait la dernière année de la première décennie du siècle. Par conséquent, il faudrait logiquement remballer tous les classements, sondages, enquêtes et autres tops spontanés établis en l'honneur d'une décennie artificielle qui ne respecte pas le calendrier.

Reste que, comme le dit si bien Sam, il s'agit de savoir ce qui est le plus excitant...
J'avoue avoir toujours plus penché pour l'optimisme teinté d'idéalisme de mon cher Sam, plutôt que le pragmatisme efficace et grognon de Toby. Et puisque la même erreur avait déjà été faite il y a dix ans de cela, et qu'aucun classement global n'a été réalisé depuis, continuons donc -mais en en ayant conscience !- avec ce calendrier fictif, en s'interrogeant : les séries de 2000 à 2009, c'étaient comment ?


N'étant qu'une apprentie téléphage en herbe, modeste "sériephile" qui mesure la pile imposante de fictions qu'il lui reste encore à découvrir, je ne vais pas essayer de réaliser une réelle rétrospective. Je ne tenterai pas de faire le point sur les séries marquantes, influentes ou cultes : d'autres le feront de manière bien plus éclairée.

Mais je me suis simplement demandée dans quelles séries de ces dix dernières années, j'investirais pour constituer ma DVDthèque idéale. Pour cela, j'ai délimité plusieurs catégories (par format, nationalité ou genre), créées artificiellement pour me faciliter la vie et correspondre à mes propres visionnages. Je vais tâcher de vous proposer, au cours des prochains jours, quelques billets, esquisses maladroites de "bilans", qui seront surtout l'occasion d'évoquer un peu les fictions qui m'ont marquée ces dix dernières années, plutôt qu'une volonté de dresser arbitrairement des listes immuables "objectives".

 

(A regret, je dois laisser les séries asiatiques de côté : si je suis déjà loin d'avoir fait le tour des fictions occidentales, je n'ai vraiment vu qu'une proportion bien trop marginale de la production de ces dix dernières années pour pouvoir avoir un avis sur le sujet.)

 

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A venir donc : Ma DVDthèque idéale de ces dix dernières années, avec un premier article sur les mini-séries.

29/12/2009

(UK) Bonus : Doctor Who Confidential, 2009 Christmas Special : The End of Time, part. 1


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Je prends rarement le temps de regarder les Confidential de Doctor Who lors de la première diffusion télévisée. On les trouve (en partie) dans les coffrets DVD UK (ne parlons pas de sujet qui fâche, n'évoquons pas la question des "DVD" de la série sortis -ou en suspend- en France). J'aime donc à les garder inédits jusqu'à cet investissement, pour pouvoir découvrir pour la première fois tous les bonus dont les éditions DVD britanniques  de la série regorgent. Par conséquent, c'est plutôt au cours d'un second visionnage que l'envie me prendra d'aller explorer l'envers du décor et les coulisses du tournage de tel ou tel épisode.

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Cependant, pour ce double épisode de Noël, qui va marquer le tournant que l'on sait, j'ai fait une exception, de façon à passer une pleine soirée complète de deux heures devant Doctor Who. Après tout, c'est la dernière fois que l'on va voir David Tennant et Russell T. Davies monologuer devant les caméras en décryptant l'épisode et partageant leurs impressions. Et je suis une téléphage sentimentale, prompte à verser dans la nostalgie.

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Pour ceux qui ne les ont jamais regardés, sachez que les Confidential nous font passer de l'autre côté de la caméra, offrant au téléspectateur un aperçu du tournage de chacun des épisodes. Ils nous expliquent la façon dont a été réalisée telle ou telle scène spécifique, ils nous démystifient les effets spéciaux utilisés, Russell T. Davies, David Tennant et d'autres membres de l'équipe exposent leur vision de l'épisode, et nous avons généralement droit à des rappels de la mythologie de la série, avec des références aux premiers Docteurs et à l'histoire de l'univers who-esque ; une perspective plutôt intéressante pour qui n'est pas trop familier (comme moi) avec le Doctor Who pré-2005.

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Dans le Confidential de cette première partie, on découvre notamment comment ils ont tourné la scène d'enlèvement du Master en hélicoptère... sans hélicoptère, pour respecter les limites de leur budget (comme ce fut déjà le cas lors de la saison 1, pour l'épisode Aliens of London). On s'amuse avec les heures de maquillage pour filmer les shimmers (si à propos rebaptisés les "cactus" selon Wilf). On se dit aussi que John Simm a dû bien s'amuser quand on le voit enchaîner les dizaines de prises devant un fond vert, dans des habits les plus divers, pour assurer à l'écran la transformation de la race humaine en Masters.

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Sur un plan plus "historique", on s'intéresse également à la relation particulière qui unit les deux ennemis intimes que sont le Docteur et le Master, avec des images de leurs diverses confrontations à travers les saisons passées de la première série. Est mis en avant le certain respect qui s'est installé entre ces adversaires.

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Et surtout Russell T. Davies revient sur sa conception de la race des Time Lords. Il universalise le constat bien connu de Montesquieu, selon lequel "c'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser", présentant ainsi une grande civilisation au bout du compte pervertie par la toute-puissance qu'elle a si longtemps détenue. C'est l'occasion d'évoquer les problèmes passés du Docteur avec son propre peuple, en rappelant leur passif comprenant les deux procès qu'ils lui ont intentés, le premier aboutissant notamment à la condamnation du Docteur à une regénération forcée.

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Enfin, ce Confidential permet de croiser quelques guests de l'épisode, notamment la dynamique Sinead Keenan (actuellement dans Being Human) qui y joue une shimmer. Il lui faut surtout beaucoup de patience pour pouvoir tourner ses quelques scènes : deux heures et demie passées au maquillage afin de se transformer en alien.

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Un extrait de la seconde partie de l'épisode The End of Time (diffusion le 1er janvier 2010) :