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31/03/2012

(UK) Being Human, saison 4 : un nouveau départ pour une série fidèle à elle-même

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Bien négocier cette saison 4 était sans doute le plus grand défi qu'ait jamais relevé Being Human depuis sa création. Ayant toujours fait de ses personnages son atout principal et les garants de la fidélité du public, la série allait devoir prouver sa capacité à se renouveler. Car, dans la continuité du final sur lequel elle nous avait quitté, le premier épisode de la saison 4 sera celui qui referme définitivement un chapitre : celui de la première ère de Being Human. En effet, du trio original, seule Annie demeure fidèle au poste, protectrice autoproclamée du bébé laissé derrière eux par George et Nina, Eve, un War Child qui suscite tant d'attentions.

Le téléspectateur pouvait naturellement craindre que la série ne s'égare dans une sorte de re-boot maladroit, devenant un ersatz sans saveur de ce qui avait fait cette fiction. Mais les scénaristes feront le bon choix : celui de rester fidèle au cadre conceptuel de la série, cette idée, un peu farfelue sur le papier, d'une cohabitation entre un vampire, un loup-garou et un fantôme, chacun s'entraidant pour supporter leurs conditions respectives. Et parvenant à introduire de nouveaux protagonistes ou en développant de plus anciens, comme Tom désormais esseulé, la saison 4 n'aura pas démérité. Certes, certains schémas narratifs invariables ont perdu un peu de leur charme, mais dans l'ensemble, la greffe tentée aura permis de passer 8 épisodes très sympathiques.

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Si Annie symbolise la continuité et la fondation sur laquelle s'appuyer, la première réussite de cette saison 4 tient à sa faculté à reformer des dynamiques au sein d'un nouveau trio principal reconstitué dans les deux premiers épisodes. On y retrouve des éléments familiers, mais aussi certaines approches très différentes, notamment dans le duo loup-garou/vampire qui s'esquisse. En effet, lorsque le téléspectateur avait rencontré pour la première fois George et Mitchell, ces derniers avaient déjà une solide amitié établie en dépit de leur nature respective. Ici, l'association de départ est plus malaisée et difficile. La saison va nous permettre d'assister à la construction d'une confiance fragile, se consolidant peu à peu. Du respect qui s'installe naîtra même une véritable amitié. Ainsi, non seulement la paire formée par Tom et Hal, véritable valeur ajoutée de la saison, fonctionne très bien, mais de plus, tout en ne reniant pas les thématiques classiques liées à leur antagonisme de loup-garou et de vampire, la série ne se contente pas d'un simple copier-coller du passé.

L'éducation de Tom au milieu d'un environnement surnaturel hostile omniprésent et ses réflexes de combattant rendent le personnage très différent des incertitudes que pouvait manifester George. Sa jeunesse est également un facteur non négligeable : il va devenir adulte au fil de la saison. A l'opposé, si Hal a des problèmes typiquement vampiriques, devant combattre cette soif de sang jamais assouvie, c'est aussi un vampire très âgé (un "Old one"), qui a du recul par rapport à sa condition et aussi à ses illusions. Enfermé depuis longtemps dans un cycle qui semble insurmontable, où à des décennies de sevrage succèdent des décennies de sauvagerie indescriptible, il cherche constamment à maintenir un équilibre. La ritualisation de son quotidien, qui confine à des troubles obsessionnels compulsifs, ainsi que son ouverture progressive sur le monde que lui permettent ses nouveaux colocataires, apportent une complexité à ce personnage très intéressant se dévoilant peu à peu.

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Fidèle à ce qui fait le charme de la série depuis ses débuts, la saison 4 s'attache donc à développer une dimension humaine très appréciable. Elle se rappelle aussi que c'est à la croisée des tonalités, dans ces oscillations entre passages légers et drama horrifique, que Being human s'est créée une identité à part dans le registre du fantastique. Evitant toute sur-dramatisation, la série trouve un juste équilibre. Si les évènements causeront leur lot de morts, et en dépit d'un fil rouge clairement apocalyptique, la saison 4 sera néanmoins moins sombre et désespérée que la troisième. Peut-être est-ce parce que, malgré toutes les menaces, elle donnera toujours la priorité à l'exploration et au développement des personnages principaux, ne négligeant pas non plus les créatures surnaturelles de passage le temps d'un épisode. Rafraîchissante et humaine, elle suscite l'attachement du téléspectateur, fidélisant un public qui, finalement - et presque par surprise en ce qui me concerne -, en vient à apprécier le sang neuf permis par ce nouveau départ.

Au-delà de ses atouts inchangés, Being human conserve aussi ses faiblesses. En premier lieu, c'est la mythologie de la saison, centrée sur Eve et l'arrivée prochaine des Old Ones, anciens vampires décidés à s'approprier le monde, qui peine à convaincre. Si les perspectives apocalyptiques sont efficaces, le mystère autour du War Child sonnera toujours un peu trop creux. Par ailleurs, la série laissera entrevoir de bonnes idées, avec un potentiel intéressant, mais la chute finale ne sera pas toujours à la hauteur, à l'image de Nick Cutler, vampire pragmatique censé nous faire patienter jusqu'aux Old Ones et qui finira par leur voler la vedette et le titre de méchant le plus réussi de la saison. Outre ses excellentes lignes de dialogues ("They're eating my focus group !"), c'est un personnage qui va acquérir une vraie dimension au fil des épisodes, pour rencontrer une fin aussi expéditive que décevante dans le dernier épisode. Le fil rouge aura donc eu ses promesses inachevées, sans pour autant que cela porte préjudice à la saison en elle-même.

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Enfin, côté casting, Being Human peut une nouvelle fois s'enorgueillir d'accueillir quelques guest stars particulièrement convaincantes, comme Mark Gatiss (Sherlock) dans le dernier épisode. Cependant, celui qui a le mieux tiré son épingle du jeu est indéniablement Andrew Gower (Monroe) qui, tout au long de la saison, a bénéficié des ces quelques répliques qui marquent. Il aura fait un très bon travail pour incarner, avec aplomb et distance, Cutler, vampire adepte des nouvelles technologies ne manquant pas de ressources. Dans un autre registre, Kate Bracken s'est également très bien imposée en potentielle petite amie, puis fantôme au fort caractère.

Parmi le trio principal, Lenora Crichlow est restée fidèle à elle-même, dans un rôle parfois un peu agaçant mais qui garde sa logique. Michael Socha interprète avec une spontanéité bienvenue Tom ; il a l'art de savoir nous rappeler soudain, au détour d'une réaction immature, qu'en dépit des épreuves et des horreurs, Tom reste un jeune homme qui a tant à apprendre. Mais ma révélation personnelle de la saison aura été Damien Molony, acteur irlandais charmant que je n'avais jamais eu l'occasion de croiser jusqu'à présent dans le petit écran. Il réussit à retranscrire de manière convaincante toutes les facettes de Hal, du vampire maniéré avec son quotidien entièrement ritualisé au charismatique et puissant buveur de sang. Jouant sur l'ambivalence de son rôle, mais aussi sur sa transformation progressive au contact des deux autres membres du trio, il aura vraiment réussi à trouver très vite ses marques dans l'univers de la série.

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Bilan : La saison 4 de Being Human a offert à la série un nouveau départ. Au vu de la place déterminante qu'ont toujours occupée les personnages, redistribuer les rôles et repartir avec de nouveaux protagonistes principaux était loin d'être un pari gagné d'avance. Pourtant, en restant fidèle à elle-même, à son fantastique à la tonalité mi-drama, mi-comédie, à sa mise en valeur soignée de personnages attachants, la série a réussi à relativement bien négocier ce tournant difficile, conservant également ses limites mythologiques structurelles. Ce n'est plus le Being Human que nous connaissions, mais elle a précieusement conservé l'âme du show. C'est le plus important.

Une saison 5 de 6 épisodes a d'ores et déjà été commandée ; et s'il est acquis qu'Annie ne reviendra pas, je serai au rendez-vous pour la suite des aventures de Hal, Tom et des autres...!


NOTE : 7/10 


La bande-annonce de la saison :

Le prequel de Hal : 

 

03/01/2012

(UK) Sherlock, saison 2, épisode 1 : A Scandal in Belgravia

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Pour commencer l'année de la meilleure des façons, BBC1 proposait dimanche soir un bien beau cadeau pour conclure les fêtes, avec le retour du détective qu'elle a fait revivre dans le courant de l'été 2010 : Sherlock Holmes. Cette deuxième saison longtemps attendue - coincée entre l'agenda surchargé de Steven Moffat et le tournage à l'autre bout du monde de The Hobbit - porte logiquement de hautes espérances tant la première avait agréablement surpris et marqué.

La dernière fois que j'ai évoqué Sherlock sur ce blog, c'était à la fin du mois de juillet 2010. Le pilote venait d'être diffusé dans la torpeur estivale, j'étais complètement sous le charme et ma review croulait sous les superlatifs. Un an et demi plus tard, au milieu de l'hiver cette fois, ce premier épisode de la saison 2 a suscité chez moi un enthousiasme similaire. Si bien que je ne résiste pas à l'envie de vous en parler.

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A Scandal in Belgravia débute logiquement par la résolution du cliffhanger sur lequel la série nous avait laissé il y a deux ans. Cette première confrontation directe avec l'extravagant et versatile Moriarty, pendant criminel de Sherlock, n'aura pas été de tout repos pour nos deux héros, mais l'humeur changeante de leur ennemi leur aura permis de se sortir de ce mauvais pas en évitant tout drame. La suite de l'épisode est l'occasion de nous réintroduire dans le quotidien de Sherlock Holmes, dont la popularité et la reconnaissance grandissent grâce au blog tenu par John Watson qui y détaille les affaires élucidées (ou non) à ses lecteurs.

C'est Mycroft qui va, une nouvelle fois, venir solliciter son frère et propulser notre duo dans l'aventure de l'épisode. Holmes et Watson sont en effet convoqués à rien moins que Buckingham Palace pour se voir confier la mission de récupérer des photos compromettantes prises par une femme fatale du nom d'Irene Adler. Mais l'affaire se révèle rapidement bien plus complexe qu'une simple histoire de moeurs et de chantage, et lorsqu'elle se change en une question de sécurité nationale, cette partie d'échecs prend un tournant fort dangereux...

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A Scandal in Belgravia renoue avec le souffle et l'élan jubilatoire de A study in pink qui avait ouvert la première saison. L'écriture y est très dense, toujours extrêmement rythmée. L'histoire, volontairement complexe, multiplie les ruptures de rythme et autres retournements de situation. A tout moment, on a l'impression que le scénariste pourrait perdre le contrôle de ce récit construit en escaliers dont on ne sait trop où il nous conduit, si ce n'est qu'il nous y conduit vite et de manière fort savoureuse. Mais Steven Moffat maîtrise parfaitement son sujet. Cette surenchère d'effets narratifs reste jusqu'au bout un vrai délice à l'écran et se conclut par un ultime twist où perce une pointe de démesure qui lui permet de s'inscrire parfaitement dans la continuité de l'épisode.

La richesse de l'épisode doit beaucoup à sa tonalité tonalité aussi enlevée que versatile. A Scandal in Belgravia peut ainsi se permettre de commencer en dépeignant la monotone routine de notre duo de détectives, avec un Sherlock rongé par l'ennui, pour se changer ensuite en affaire de moeurs tout aussi banale mais avec un employeur prestigieux. Puis, peu à peu, elle se complexifie pour introduire de nouveaux enjeux autrement plus importants, liés à des actes de terrorisme, et faisant intervenir les services secrets mais aussi la figure de Moriarty en arrière-plan qui tire dans l'ombre certaines obscures ficelles. L'ensemble est construit comme un toutélié distendu, multipliant les faux-semblants ; si on y perd parfois le fil, on se laisse toujours emporter avec enthousiasme dans cette affaire.

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Au-delà de son histoire prenante, A Scandal in Belgravia doit beaucoup à la caractérisation de ses personnages, et à la dynamique d'ensemble qui marque leurs relations. L'entourage qui gravite autour de Sherlock éclaire les différentes facettes de ce personnage central, l'épisode réservant son lot de passages marquants : la complicité avec Mrs Hudson, les échanges toujours provocateurs et fraternels avec Mycroft... Et puis, bien entendu, le plus important, John Watson, flegmatique et posé, qui incarne le pendant parfait à l'hyperactivité de Sherlock. Tous ces rapports sont mis en valeur grâce à des dialogues admirablement ciselés, riches en tirades inspirées, mais aussi en réparties qui font toujours mouche.

Outre ces soutiens traditionnels, A Scandal in Belgravia introduit face à Sherlock Holmes une figure féminine qui est un adversaire de choix. Si la série fait d'elle une dominatrix qui semble cette fois s'être attaquée à plus forte qu'elle, Irene Adler vient surtout brouiller la distribution des rôles, et se glisser avec assurance dans le quotidien bien agencé de notre détective. Elle est "LA femme", celle qui trouble notre détective, sans que l'on sache précisément qui manipule vraiment qui dans les joutes verbales constantes auxquelles se livrent Irene et Sherlock. L'ambiguïté du personnage rend ses rapports avec le détective assez fascinants, la confrontation se changeant peu à peu en une complicité où chacun a conscience que l'un des deux se brûlera fatalement les ailes tant leurs intérêts divergent. Pour incarner une telle opposante, Laura Pulver est superbe à l'écran.

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Bilan : Bénéficiant d'une écriture enlevée, marquée par des dialogues savoureux et une histoire complexe où les retournements de situation sont incessants, A Scandal in Belgravia est une aventure vraiment jubilatoire et captivante. Portée par une dynamique exaltante, elle marque un retour en très grande forme de Sherlock. Le téléspectateur prend un plaisir rare à suivre cette surenchère narrative maîtrisée, l'heure et demie passant sans s'en rendre compte. En résumé, c'est une bien belle façon de commencer l'année 2012 !

Dimanche prochain, Sherlock adapte un des récits les plus célèbres du détective, Le chien des Baskerville.


NOTE : 9/10


La bande-annonce de l'épisode :

04/09/2010

[TV Meme] Day 3. Your favorite new show (aired this tv season).

Question qui tombe à un moment particulier, le hasard me faisant y répondre début septembre, alors que la nouvelle saison US s'apprête à débuter. Reste que je n'ai pas trop su comment délimiter le "this tv season" : faut-il prendre en compte toute la saison 2009-2010 depuis septembre dernier ? Seulement l'été ? Et comment imbrique-t-on les saisons asiatiques là-dedans ? Après de longs dilemmes méthodologiques, puis tout autant de tergiversations pour arriver à choisir, je me suis arrêtée sur la série qui a sans doute généré en moi le plus de plaisir. Même si elle fut brève, s'apparentant presque autant à une promesse pour le futur qu'à une réelle installation présente. Mais elle a incontestablement illuminé mon été téléphagique.

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Sherlock

(2010 - BBC1)

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"I'm not a psychopath, I'm a high-functioning sociopath." (Sherlock Holmes)


Parce que les classiques ne meurent jamais. (Et hop, c'est le moment de faire un petit tour à la bibliothèque pour se replonger dans le canon Holmes-ien.)
Parce que tous les anti-héros surdoués asociaux qui peuplent notre petit écran de nos jours (le docteur House vous salue) sont des héritiers, à des degrés divers, d'Arthur Conan Doyle, il était donc grand temps et logique de permettre à l'original de se rappeler au bon souvenir de chacun. Surtout en y mettant autant de conviction.
Parce qu'il est tellement rare de voir une adaptation littéraire, doublée d'une modernisation, aussi bien menée et aboutie, capable de préserver l'esprit et l'ambiance de l'oeuvre originale, tout en étant en mesure de transposer et de tirer le meilleur parti du nouveau cadre moderne.
Parce qu'il est impossible de bouder ce plaisir à l'état pur que provoquent les délicieux dialogues, superbement enlevés et ciselés, qui rythment cette série.
Parce que des scénarios écrits par Steven Moffat (1er épisode) et Mark Gatiss (3e épisode), c'est un moment de communion téléphagique qu'il serait blashpématoire de rater.
Parce que Benedict Crumberbatch surprend agréablement dans un rôle qu'il investit avec une maîtrise admirable, présentant une incarnation convaincante de Sherlock Holmes, tour à tour brillant, excentrique, versatile ou orgueilleux.
Parce que les petits thèmes musicaux qui accompagnent certaines scènes sont entraînants à souhait (si même la forme est à la hauteur...).
Parce que vous avez une longue année pour rattraper les 3 épisodes de 90 minutes que comporte la première saison : la seconde n'arrivera pas avant l'automne 2011 sur BBC1.
Parce que vous n'aurez absolument aucune excuse pour ne pas la tenter si vous habitez en France : la série aura même droit à une diffusion en clair sur la TNT, elle est annoncée sur France 4.


La bande-annonce de la série :


Steven Moffat and Mark Gatiss interview (sur la création d'un Sherlock Holmes moderne) :


Benedict Cumberbatch dans BBC Breakfast (interview) :