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15/11/2009

(K-Drama) The Legend (Tae Wang Sa Shin Gi) : l'accomplissement d'une prophétie


Il existe peut-être une divinité téléphagique qui nous envoie des signes de réconfort lorsque notre étincelle vacille. Au milieu du marasme des déceptions de la semaine, je me suis retrouvée skotchée devant un drama coréen, diffusé à l'automne 2007 sur MBC, The Legend (Tae Wang Sa Shin Gi)
. Être emporté par surprise par le souffle addictif d'une fiction m'a rappelé les bons moments de la vie du sériephile.

En effet, jeudi soir, un peu en désespoir de cause, j'avais jeté mon dévolu sur cette série qui traînait, bien rangée sur mon disque dur, depuis quelques temps déjà, mais dont j'avais toujours retardé le lancement pour une raison ou une autre. Je m'attendais éventuellement à passer une soirée sympathique, la série ayant des thématiques devant a priori me plaire. Mais je ne pensais pas éteindre à regret mon petit écran à 1 heure du matin passée, après le visionnage d'affilée des six premiers épisodes. Non que The Legend soit un "chef-d'oeuvre", mais elle a allumé une petite flamme en moi qui m'a fait sacrifier mes nuits de sommeil depuis lors, afin d'en visionner l'intégralité. Et ce petit instant magique, dont tout téléphage connaît la valeur, c'est déjà beaucoup !

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Résumer le synopsis de The Legend se révèle assez complexe. Il s'agit d'un récit clairement empreint de Fantasy, faisant référence à un légendaire royaume de Corée, Jooshin. Composée de 24 épisodes, la série se propose de nous narrer l'accomplissement épique d'une prophétie.

L'histoire commence 2000 ans auparavant. Le fils du roi des Cieux (la divinité suprême) était alors descendu sur Terre afin d'unir les peuples et de fonder une nation, Jooshin, où règneraient paix et prospérité. Mais, voyant la fondation de Jooshin comme une menace pour leur clan, la Tribu du Tigre, qui régnait par la force sur la Terre, rentra en guerre pour assurer sa domination, conduite par sa prêtresse, Kajin, qui possédait le pouvoir du Feu. Après de nombreux massacres, le fils du roi des Cieux décida finalement de lui retirer ce pouvoir destructeur et il l’emprisonna dans une amulette, le Coeur du Phoenix. Or, durant leur confrontation, Kajin tomba amoureuse du jeune homme. Mais le coeur du fils du roi de Cieux appartenait déjà à une autre, une guerrière du Clan de l'Ours, à qui il confia le Symbole du Phoenix. Kajin devint folle de jalousie lorsqu'elle apprit la future naissance de leur enfant. Elle enleva le nouveau-né en otage dans le but de récupérer en échange son pouvoir du Feu. Mais, sous l'emprise de la colère et du désespoir, la mère libéra le Phoenix Noir de l'amulette. Incontrôlable, il dévasta la Terre par le Feu. Le fils du roi des Cieux n’eut alors d’autre choix que de tuer sa bien-aimée pour maîtriser cette créature divine.
Anéanti par son échec sur Terre, il décida alors de retourner aux Cieux, abandonnant derrière lui les symboles qui renfermaient les pouvoirs des quatre divinités censées l'aider dans sa tâche. Cependant, il laissa au peuple une prophétie : il prédit qu'un jour, les Cieux enverraient un véritable roi, le Roi de Jooshin, qui réunifiera tous les royaumes. La nuit de sa naissance, l'étoile de Jooshin brillera dans le ciel. Et les quatre symboles des divinités s'éveilleront et chercheront leur gardien.

2000 ans plus tard, une nuit, l’étoile de Jooshin apparut dans le ciel… Et la légende reprit vie dans la mémoire du peuple. C'est de son accomplissement dont nous allons être les témoins.

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Enoncé de façon aussi abrupte, cela peut sembler un brin compliqué a priori, mais je vous rassure, il est relativement aisé de s'immerger dans l'histoire. Un ou deux épisodes suffisent pour bien cerner les enjeux et identifier les différents camps s'affrontant.
Le premier épisode nous présente les évènements qui se sont passés il y a 2000 ans et qui ont forgé la prophétie, racontés, sous la forme d'un conte légendaire, à une enfant curieuse et fascinée. Les trois épisodes suivants introduisent les personnages principaux, en nous exposant leur enfance. Ensuite, à partir du quatrième épisode, arrivés à l'âge adulte, s'enclenche l'escalade finale : l'affrontement pour la réalisation de la prophétie, l'assouvissement d'une vengeance millénaire et une course au pouvoir qui s'envenime rapidement. Car deux princes de sang royal sont nés le jour de l'étoile de Jooshin ; la confrontation des ambitions des uns et des autres trouvera d'une façon ou d'une autre une issue fatale. Intrigues de cour, complots mortels et manipulations s'étirent en toile de fond. Outre la question de l'accession au trône (première partie), c'est la quête des symboles des divinités qui occupera la seconde partie du récit. La légende ne dit-elle pas que leurs gardiens ne reconnaîtront que le véritable roi ? Ils deviennent un enjeu central dans ces luttes de pouvoir. Entre guerres et trahisons, entre amours et haines, les loyautés se troublent et une histoire qui paraît déjà presqueécrite se met irrémédiablement en marche. Le destin de certains semble déjà scellé ; comme il le fut 2000 ans auparavant.

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Le premier aspect marquant dans The Legend est son ambiance. La série parvient parfaitement à recréer une atmosphère épique, où se mêlent destinés humaine et divine, ambitions et loyautés, trahisons et manipulations. Mise à part quelques petits épisodes de transition au milieu, son rythme reste dynamique et sans temps mort. Les situations ne demeurent jamais figées, se renversant régulièrement complètement en un épisode. En raison de la densité de l'histoire (où de multiples évènements s'enchaînent), les scénaristes doivent éviter toute baisse de rythme dans la narration. Cela les oblige ainsi à ne jamais laisser s'éterniser une situation. Par conséquent, la réalité des distances entre les lieux a parfois tendance à disparaître, sacrifiée au nom du récit. Mais ces petites approximations scénaristiques, tout comme l'omniscience apparente un peu agaçante de certains personnages, ne viennent pas enrayer le souffle épique qui règne sur cette série. Sans être aveugle à ces facilités de conception, le téléspectateur se laisse transporter, grisé, dans l'histoire.
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Car The Legend réussit une très bonne exploitation de son attrayant concept de départ, bien aidée par une base mythologique complexe et très intéressante. Le versant Fantasy de la série conduit à mettre en jeu des intérêts tels, que cela donne une résonnance particulière au cocktail habituel à ce type de fiction : du drame, mêlé à une touche d'humour, notamment grâce à quelques personnages secondaires bien inspirés ; de l'action, que viennent brouiller de légères romances, qui ne sont pas omniprésentes, mais servent à exposer et justifier l'intensité des relations d'amour et de haine entre les personnages principaux. L'équilibre entre tous ces éléments est vite trouvé et savamment dosé. The Legend va ainsi au-delà de la simple série historique. Tout cela contribue à son originalité et à sa réussite auprès d'un téléspectateur qui ne peut rester insensible à la richesse de cet univers.
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Le second attrait majeur de la série réside dans ses personnages. Loin d'être manichéens (à une ou deux exceptions marginales près), ils sont pour la plupart très fouillés et bénéficient d'une psychologie vraiment travaillée. On échappe ainsi aux stéréotypes unidimensionnels, même si, à chacun, est dévolu un rôle précis dans ce vaste et impitoyable jeu d'échecs qui prend forme sous nos yeux. Ces personnages ne sont pas non plus figés une fois pour toute dans la série. Au contraire. Nous les voyons évoluer, se forger un destin, se former à travers les épreuves qu'ils doivent traverser. Ce sont les évènements qui les façonnent et les amènent à faire leurs propres choix, à choisir un camp qu'ils trahiront peut-être avant la fin.
Un autre élément qui contribue à la richesse de la série, c'est le fait que les personnages secondaires ne sont pas éclipsés par les principaux, comme c'est trop souvent le cas. Ils ne sont pas cantonnés à de simples rôles de faire-valoir. Ils ont droit à leur propre développement et à leurs propres épreuves. Est ainsi mise en scène une galerie de protagonistes très diversifiée. Conférant une réelle densité au récit, elle apporte aussi une touche d'humanité, lui permettant également de jouer sur l'affectif du téléspectateur.

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Sur la forme, The Legend est un drama très abouti pour une production coréenne. On devine derrière un budget plus conséquent que la moyenne. En effet, la réalisation s'avère propre et assez convaincante, plus stable et posée que ce que l'on rencontre habituellement dans ce type de fictions. De plus, la photo est globalement bien travaillée. Même si on n'échappe pas à quelques poncifs, il y a un réel effort qui est fait pour différencier les ambiances suivant les lieux et les personnages mis en scène. Pour bien s'immerger dans l'univers de la série, nous avons également droit à quelques beaux paysages et des décors changeants, même si les lieux clés sont bien rentabilisés. De manière générale, la reconstitution historique de ce monde médiéval est bien maîtrisée, dans la lignée des classiques dramas historiques coréens. Par ailleurs, il n'y a rien à redire sur les scènes d'action, où les chorégraphies des combats sont bien orchestrées et plutôt sobres dans l'ensemble. Certes, on n'échappe pas à quelques petits problèmes de raccord entre les scènes, avec quelques translations de décors malencontreuses ou des ruptures maladroites dans la correspondance entre deux perspectives d'une même scène. Mais ce ne sont que points de détail qui ne dérangent pas le téléspectateur.
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Dans l'ensemble, The Legend se révèle très sérieuse dans la forme. Finalisée jusqu'à sa bande-son, qui constitue un autre de ses points forts. L'utilisation opportune de musiques épiques ou de douces mélodies d'ambiance confère une stature supplémentaire à l'épopée suivie, contribuant à happer le téléspectateur dans le souffle du récit. Très présent, cet aspect n'est cependant pas envahissant. Hormis une chanson exceptionnellement utilisée deux ou trois fois, ce sont toujours uniquement des thèmes musicaux qui viennent accompagner les moments les plus importants.
Le casting, mené par Bae Yong Jun (Winter Sonata), est globalement convaincant, alternant entre sobriété dans le dramatique et quelques excès de théâtralisme dans un but plus comique. Je voudrais faire une mention toute particulière pour la performance de Lee Ji-Ah (qui incarne Sujini) qui est mon véritable coup de coeur. Je l'ai trouvée superbe et éclatante dans ses scènes, nous démontrant qu'elle était capable d'évoluer sur tous les registres, suivant les nécessités du scénario.
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Bilan : The Legend (Tae Wang Sa Shin Gi) est une série qui se révèle très addictive. Utilisant certains codes des dramas historiques coréens, elle va cependant plus loin que cette simple approche, en offrant un récit teinté d'éléments de Fantasy. L'attrait de la légende s'ajoute donc à la reconstitution de l'univers médiéval. Une fois rentré dans l'histoire, il est difficile de s'en détacher. La diversité des protagonistes, dotés d'une psychologie fouillée, la densité du récit, la dynamique d'ensemble qui s'en dégage... tous ces éléments contribuent à la richesse de cette fiction, dont les épisodes s'enchaînent très facilement une fois que l'on s'est laissé emporter par l'histoire. Les quelques petits soucis de cohésion à certains moments du récit ne sont que des points de détail, vite balayés, et ne gâchent pas l'appréciation d'ensemble.

Certes, mon enthousiasme ne m'empêche pas d'être réaliste. Je suppose que ce n'est pas une série destinée à être mise entre toutes les mains. Mais si vous êtes en quête de dépaysement, n'hésitez pas à tenter l'aventure. Sinon, les amateurs de science-fantasy et de dramas historiques devraient y trouver leur compte avec beaucoup de plaisir !


NOTE : 8,5/10


Un clip de la chanson qui clôture chaque épisode, avec des images des premiers épisodes de la série :