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09/03/2013

(UK) The Scapegoat : l'histoire d'une deuxième chance inattendue

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Ma pile de fictions à regarder est une haute tour sans fin (dont je sais pertinemment que je n'en viendrais jamais à bout), au sein de laquelle j'oublie parfois même certaines de ces oeuvres, mises de côté lors de leur diffusion, englouties depuis dans l'océan des séries "qu'il faudra que je rattrape un jour". Dans ces conditions, entreprendre un peu de rangement a parfois du bon : cela permet de se remémorrer quelques oublis, à l'image du téléfilm que j'ai finalement (enfin) visionné dimanche dernier.

The Scapegoat a été diffusé sur ITV1 le 9 septembre 2012. Il s'agit d'une adaptation d'un roman du même nom de Daphne du Maurier, datant de 1957. A noter qu'une adaptation cinématographique a déjà eu lieu, en 1959, mettant en scène Alec Guinness dans le rôle principal. Dans cette version de 2012, d'une durée d'1h40, c'est à Matthew Rhys qu'est confié cet intriguant double rôle, pour une fiction qui s'est révélée vraiment très plaisante à suivre. 

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Il faut préciser d'emblée que The Scapegoat (2012) prend un certain nombre de libertés avec l'histoire d'origine (que je n'ai pas lue). Le téléfilm s'ouvre en Angleterre, en 1952, dans un contexte de préparation des festivités pour le couronnement de la reine. John Standing est enseignant. Il vient d'être renvoyé de son établissement, sa matière ayant été sacrifiée au nom d'arbitrages pédagogiques. Sans attaches, ni famille, il envisage de partir à la découverte du monde. Mais, dans un bar, il croise un individu étonnamment semblable à lui en apparence, Johnny Spence. Les deux hommes semblent être des doubles l'un de l'autre. Il s'ensuit une soirée, arrosée, de discussions où ils échangent sur leurs vies respectives, toutes deux à problèmes.

Le lendemain matin, John Standing se réveille difficilement dans une chambre qui n'est pas la sienne, avec, disposés dans la pièce, des vêtements qui ne sont pas non plus à lui. De Johnny Spence, plus aucune trace, l'homme étant parti avec les papiers de Standing. Or ce dernier passe sans difficulté pour Johnny Spence auprès de son personnel, à commencer par son chauffeur. Pour en apprendre plus sur l'homme qui a volé son identité, John décide un temps de jouer le jeu et se laisse conduire dans la belle demeure qui est celle des Spence. Il y découvre une situation maritale, familiale et professionnelle extrêmement tendue, son double étant loin d'être irréprochable moralement. Presque malgré lui, il s'introduit dans ce quotidien et entreprend d'essayer de sauver ce qui peut encore l'être.

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Le concept de départ de The Scapegoat, qui voit deux individus identiques échanger leurs vies et se faire passer l'un pour l'autre, est un ressort narratif très fréquemment utilisé dans certains petits écrans comme la Corée du Sud. Il l'est en revanche moins dans la fiction occidentale. Pour rentrer dans l'histoire, il faut donc admettre le postulat de départ suivant : l'idée que Standing puisse donner le change et se faire vraiment passer pour son double physique auprès des proches qui connaissent Johnny Spence intimement. La réussite du récit est ici de proposer une narration fluide et cohérente, entraînant sans difficulté le téléspectateur à la suite du personnage de Standing et des péripéties qu'il a à solutionner. On assistera ainsi tout d'abord à ses efforts, souvent maladroits, pour comprendre la vie menée par son vis-à-vis, puis à ses tentatives pour redresser des situations semblants brisées au-delà de toute réparation.

En filigranne, se construit peu à peu l'opposition entre les deux hommes. Car Standing et Spence ont tous deux des caractères, mais aussi des valeurs, très différents. L'approche choisie est un autre grand classique, celle manichéenne du "bon jumeau" et de son "double maléfique". L'intérêt de l'histoire tient au fait que la confrontation qui viendra, on le pressent, à un moment ou à un autre, n'est pas au centre de l'intrigue. L'enjeu de l'ensemble est avant tout une réalisation humaine et relationnelle. Endossant le costume de Spence, Standing rebâtit et rétablit peu à peu des ponts, oubliés ou depuis longtemps détruits, entre chaque personne de son entourage. Il avance avec une sincérité et une bonne volonté assez touchantes. Il règne sur The Scapegoat une forme de chaleur humaine, plutôt optimiste, qui provoque l'attachement du téléspectateur. C'est ainsi un divertissement solide et à plaisant à suivre, jusqu'à la conclusion qui diffère de celle du livre d'origine.

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Sur la forme, The Scapegoat propose une belle reconstitution des années 50 - la demeure des Spence offrant un de ces décors de la haute société que nombre de period dramas affectionnent. La réalisation est soignée, l'image est belle avec une teinte qui sied parfaitement à l'époque mise en scène. Quant à la bande-son, elle ne se fait jamais trop intrusive, mais accompagne posément le récit.

Côté casting, le téléfilm repose en grande partie sur Matthew Rhys (Brothers & Sisters, The Americans) qui cumule les rôles de ces deux "faux jumeaux", aux inclinaisons et caractères très différents. L'acteur s'en sort dans l'ensemble bien. Le fait que le "double maléfique" ait finalement assez peu de scènes lui permet surtout d'explorer le personnage autrement plus franc et digne de confiance qu'est Standing ; cependant, les quelques scènes communes aux protagonistes - notamment au début - sont bien menées. Autour de lui gravite un entourage au sein duquel on retrouve quelques têtes très familières, comme Eileen Atkins (Smiley's People, Psychoville, Doc Martin) qui interprète la matriarche de la famille Spence, ou encore Andrew Scott (aka Moriarty dans Sherlock) qui incarne le frère de Johnny. On croise également Alice Orr-Ewing, Sheridan Smith (Mrs Biggs), Jodhi May (Emma, Strike Back, The Jury II), Eloise Webb, Sylvie Testud (avec un accent de l'Est prononcé), Anton Lesser (Little Dorrit, The Hour), Pip Torrens (The Promise) ou encore Phoebe Nicholls.

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Bilan : The Scapegoat est l'histoire surprenante d'une deuxième chance inattendue, tout autant que le récit d'une reconstruction de diverses vies au bord de l'implosion. Il flotte sur l'ensemble le parfum caractéristique, un peu à part, d'une fable aussi improbable qu'attachante. L'histoire apparaît somme toute très simple, mais le récit assuré se déroule de façon fluide et sans à-coups. Et les ouvertures et les possibilités permises par ce concept étonnant achèvent de séduire un téléspectateur qui passe, devant son petit écran, 1h40 très agréables. En résumé, un visionnage plaisant donc recommandé (parfait pour un dimanche). 


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce du téléfilm :

03/12/2011

(Mini-série UK) The Jury II (2011) : chronique judiciaire ordinaire au sein d'un jury

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Poursuivons les week-end d'exploration du petit écran anglais sur My Télé is Rich!. Avant de bientôt revenir sur la saison 3 de Garrow's Law qui s'achève ce dimanche sur BBC1, c'est au XXIe siècle que nous retrouvons Old Bailey à l'occasion d'une mini-série judiciaire proposée sur ITV1 en ce mois de novembre 2011 : The Jury.

Écrite par Peter Morgan, cette fiction se compose de 5 épisodes. Si elle se visionne de manière indépendante, précisons qu'elle s'inscrit dans la continuité créative d'une première mini-série éponyme, datant de 2002. Drama judiciaire classique, sa particularité tient à son approche du système judiciaire : elle s'intéresse en effet à une institution spécifique, la place du jury.

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L'affaire qu'entreprend de nous relater The Jury est le procès en révision d'Alan Lane. L'homme a été condamné cinq ans auparavant pour les meurtres de trois femmes avec lesquelles il était entré en contact via un site de rencontres sur internet. A l'époque, le fait divers avait défrayé les médias. Mais la cour d'appel a infirmé et annulé l'arrêt de condamnation rendu par le premier jury, estimant qu'une des preuves apportées au dossier était irrecevable. Alan Lane doit donc être rejugé devant ses pairs.

C'est le jury convoqué pour ce nouveau procès que la mini-série va suivre. On y retrouve des personnes issues de milieux très différents, tels une assistante de direction qui se fait passer pour sa patronne débordée, une enseignante qui a eu une aventure avec élève, un immigré soudanais (la condition de résidence suffit à pouvoir être tiré au sort), un jeune homme souffrant du syndrome d'Asperger ou encore un divorcé s'occupant de sa mère malade. Chacun arrive dans le box des jurés avec son histoire et ses soucis, mais ils vont devoir se faire une opinion en conscience, car ils détiennent entre leurs mains le sort de l'accusé.

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Se réappropriant tous les codes classiques du drame judiciaire, The Jury est une fiction bien huilée qui va efficacement développer les différents volets du procès qu'elle relate, avec des audiences rythmées par les revirements que peuvent apporter les témoins et les contre-interrogatoires musclés des représentants des parties. Il faut noter que la mini-série conserve une préoccupation centrale : celle de rester le simple instantané d'une justice à l'oeuvre, peu importe l''importance de l'affaire et le volet forcément passionnel qu'elle soulève. Cette approche sobre, visant à dépeindre un fonctionnement ordinaire du système judiciaire, s'inscrit dans une recherche plus générale de représentativité.

Le même parti pris se retrouve ainsi dans la distribution des rôles au sein du jury. Fiction logiquement chorale du fait de son concept, The Jury propose un certain reflet de la société anglaise, insistant sur le caractère banal de ces jurés sélectionnés par le hasard. Si la mini-série n'évite pas certains clichés ou raccourcis pour développer les personnalités de chacun et les histoires qui leur sont attachées, en nous entrouvrant timidement les portes de la vie privée de certains, la mini-série va s'humaniser peu à peu. Elle va habilement jouer sur le contraste entre leur vie quotidienne - et leurs problèmes personnels - et les responsabilités qui leur incombent soudain, obligés de remplir un devoir au cours duquel l'avenir d'un homme est en jeu. Il est aussi intéressant de voir les réactions de chacun, face à l'affaire mais aussi par le pouvoir qui leur est confié.  

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Cependant, si la fiction s'impose comme une chronique judiciaire efficace, elle ne va pas réussir à aller au bout de son sujet. En effet The Jury reste trop timorée, ne parvenant pas à prendre la mesure des problématiques légitimement soulevées par son thème. C'est ainsi qu'elle relègue en toile de fond tout un volet qui aurait mérité d'être exploré plus avant : chaque épisode débute sur des bribes d'un débat politique, qui divise alors le pays, visant justement à remettre en cause l'acquis multiséculaire que représente l'institution du jury. La ministre de la Justice a entrepris une vaste campagne en faveur de sa suppression, invoquant pêle-mêle économies budgétaires, gains de temps et supposé laxisme.

The Jury commet sans doute l'erreur de mentionner un débat qui, pour elle, ne se pose pas et dans lequel elle ne veut pas rentrer. Les arguments qui seront avancés resteront obstinément détachés de l'affaire relatée dans la mini-série. C'est une forme de caution narrative permet d'éclairer de façon très superficielle toutes les facettes du sujet, mais sans prendre le temps de former un tout homogène. Si cela laisse sur une impression un peu frustrante, cela s'inscrit dans la continuité du parti pris du récit. La conscience de chacun des jurés du devoir qui leur incombe est la démonstration la plus éclatante du caractère profondément ancré de cet acquis fondamental du système judiciaire du pays. Si bien que la façon dont les différents membres seront affectés, à leur manière, par cette expérience ravive un sens civique qui semble être le propos premier de The Jury.

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Sur la forme, The Jury bénéficie d'une réalisation qui reste simple et classique. La photographie est dans l'ensemble assez froide, comme un écho au fait qu'il s'agisse d'une chronique judiciaire ordinaire de fait divers. Sa bande-son alterne entre une mélodie introductive plutôt envoûtante et quelques extraits de chansons qui permettent de marquer l'importance de certaines scènes.

Enfin, The Jury bénéficie d'un casting homogène globalement solide, au sein duquel le sériephile reconnaîtra notamment Branka Katicas (Big Love), Steven Mackintosh (Luther, Criminal Justice), Anne Reid (Bleak House, Upstairs Downstairs, Five Days, Marchlands), Sarah Alexander (Green Wing, Mutual Friends), Jodhi May (Strike Back) ou encore Natalie Press (Bleak House, Five Daughters). Grâce à cette galerie d'acteurs, la mini-série peut ainsi fonctionner pleinement dans sa dimension chorale.

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Bilan : Avec une sobriété à saluer, The Jury exploite efficacement son registre de chronique judiciaire ordinaire, plaçant cette institution particulière qu'est le jury en son centre. Si elle parvient à assez bien mettre en scène les dynamiques qui le traversent et vont conduire jusqu'à la décision clôturant le procès - le cinquième épisode étant à ce titre le plus réussi -, la mini-série va cependant échouer à prendre la mesure des problématiques plus générales de son sujet, alors même qu'elle prend soin d'ouvrir le débat en arrière-plan. En dépit de ce manque d'envergure qui peut lui être reproché, The Jury demeure malgré tout un legal drama intéressant qui devrait satisfaire les amateurs de ce genre de fiction.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce :

13/05/2010

(Mini-série UK) Strike Back, episodes 1 et 2 : un condensé d'action, en quête de rédemption


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Mercredi dernier a débuté sur Sky One une nouvelle mini-série, plutôt orientée action, Strike Back. Adaptée des romans de Chris Ryan, elle comportera six épisodes, dont la diffusion sera regroupée sur trois soirées (les épisodes 3 et 4 étaient diffusés hier soir). La chaîne de Rupert Murdoch semblait avoir vu les choses en grand pour cette fiction, dont le casting était également des plus accrocheurs. Les téléspectateurs friands de fiction militaire et de géopolitique musclée y retrouvent ainsi Richard Armitage (actuellement dans Spooks sur BBC One) ; même si, à titre personnel, je vous avoue que j'étais plus curieuse de découvrir le rôle attribué à Andrew Lincoln. Reste qu'en dépit de toute cette débauche de moyens, Strike Back peine cependant à justifier ses ambitions affichées.

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Aucun doute n'est laissé au téléspectateur sur le genre dans lequel Strike Back entend s'inscrire. Elle s'impose d'emblée, dès les premières scènes, comme une série résolument tournée vers l'action, en nous plongeant dans l'extraction mouvementée d'un otage, en pleine guerre d'Irak, en 2003. La réalisation est fluide, l'adrénaline monte, les balles volent, l'hémoglobine gicle : aucun effet n'est épargné au téléspectateur pour bien établir le créneau que la mini-série va investir. La construction scénaristique de ces deux premiers épisodes (qui forment ensemble une aventure) se déroule sans anicroche. Mais on garde cependant un arrière-goût de frustration, tant les schémas suivis sont d'un classique qui confine presque au cliché.

Tout débute donc en 2003, au cours d'une opération qui va mal tourner et marquer un tournant dans la vie de John Porter. Lors d'une mission derrière les lignes ennemies, John se contente de mettre hors d'état de nuire un jeune garçon portant une ceinture d'explosif, l'assommant sans le tuer. Or, quelques minutes plus tard, une fusillade retentit. John n'assiste pas à la scène, mais sur les quatre soldats l'accompagnant, seul l'officier de renseignement, Hugh Collinson, échappe aux balles fatales. Deux hommes sont laissés pour mort, un troisième est grièvement blessé et ne s'en remettra jamais. Hugh confirme les craintes de John, affirmant avoir vu le gamin, que ce dernier n'avait pu tuer, se déplacer avec une mitraillette.

S'ensuit une logique descente aux enfers progressive pour John Porter. Ejecté de l'armée, où ses compagnons d'armes ont perdu toute confiance en lui, incapable de se ré-adapter à la vie civile, sa famille se désagrège sous son regard impuissant, tandis que les regrets le rongent de l'intérieur. Sept années passent ainsi. Ne vivant plus avec les siens, John travaille désormais dans la sécurité des bâtiments du MI-6. Mais un évènement va finalement provoquer l'électrochoc attendu et offrir cette possibilité d'expiation espérée. Une journaliste britannique, Alexandra Porter, fille d'un ancien ministre des Affaires étrangères anglais, est en effet enlevée en Irak, dans la zone où l'opération fatale avait eu lieu en 2003. La jeune femme n'a que le temps d'envoyer la photo d'un de ses kidnappeurs : un jeune homme portant une cicatrice très distinctive sur un côté du visage. Or, John n'a jamais oublié cette marque, que l'enfant-kamikaze arborait sept ans plus tôt. Il reconnaît en lui le meurtrier de ses trois hommes ; mais aussi le gamin qui lui doit une dette d'honneur pour ne pas l'avoir abattu cette nuit-là.

Recontactant Hugh Collinson, désormais en charge d'une division spéciale au MI-6, John Porter obtient d'être envoyé sur place, pour aider au sauvetage de la journaliste. Sa quête de rédemption peut commencer.

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C'est donc presque un euphémisme que d'affirmer que Strike Back se situe sur des sentiers balisés. Suivant des développements prévisibles, les grandes lignes de l'histoire semblent déjà être écrites à l'avance. Certes, l'ensemble est efficace, mené énergiquement et sans temps mort inutile. Le téléspectateur n'a aucun souci pour accrocher à l'intrigue. Mais reste un regret principal : Strike Back peine à se démarquer des dizaines de fictions similaires qui l'ont précédé. Trop convenue dans ses grandes lignes, elle réussit seulement à s'affirmer par intermittence. Ainsi, les scènes entre la journaliste otage et le chef de ses ravisseurs figurent parmi les plus réussies, à la fois glaçantes et étrangement ambivalentes, elles traduisent efficacement la force des antagonismes et les excès suscitées par la radicalisation de chaque camp. Et la réaction du groupe terroriste à la demande de rançon fait figure d'électroc.

En fait, sur le plan du scénario, en dépit de quelques petits tressautements, le réel démarrage de la mini-série semble s'opérer à la toute fin du deuxième épisode (ce qui implique une certaine patience). Le twist final, salvateur, ré-injecte un intérêt à l'ensemble et donne finalement une raison au téléspectateur pas certain de vouloir poursuivre l'aventure, de découvrir où la confrontation ainsi promise va nous conduire.

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Cependant, au-delà de ces quelques passages qui sortent du lot, la mini-série se contente de suivre les actions du personnage principal, héros brisé par les évènements, mais dont la compétence à gérer ces situations de crise ne saurait être remise en cause. John Porter ne se démarque pas vraiment de ses prédécesseurs dans ce créneau : il leur emprunte les blessures passées et le traumatisme, comme le sens des responsabilités et une éthique professionnelle chevillée au corps. En somme, une psychologie binaire des plus classiques qui donne un héros parfaitement calibré, mais sans originalité particulière. Il est entouré par des personnages secondaires peu développés pour le moment, en apparence très monolithiques. Chacun s'insère dans un stéréotype, correspondant à des protagonistes trop souvent rencontrés dans des fictions de ce genre. Seule la journaliste tire réellement son épingle du je, sans doute en raison des épreuves qu'elle doit affronter et qui lui offrent l'occasion de s'affirmer dans l'adversité.

Reste qu'au final, Strike Back souffre d'un important déficit de dimension humaine. Certes, dans le cadre d'une mini-série d'action, cet élément n'était sans doute pas un des objectifs des scénaristes, qui ont préféré se concentrer sur les grandes lignes de l'intrigue, plutôt que de développer la psychologie des personnages. Cependant, il en résulte une impression de fiction quelque peu déshumanisée, alors qu'il y avait matière intéressante pour étayer cet aspect. Derrière ses recettes de blockbuster télévisuel, Strike Back aurait probablement gagné en prenant le temps de se construire une identité propre.

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Sur la forme, la mini-série s'inscrit dans la lignée du côté calibré et épuré qui ressort de son contenu. La réalisation est de bonne facture. Si les angles choisis par la caméra sont classiques, les images sont  de qualité, propres, avec des couleurs qui ressortent bien à l'écran. En somme, tout est fait pour proposer un esthétique abouti et plutôt attractif.

Enfin, Strike Back rassemble un casting des plus solides, dont on ne doute pas qu'ils puissent mener à bien l'intrigue, si tant est qu'on leur propose un scénario à la hauteur. En tête d'affiche, on retrouve Richard Armitage (Robin Hood, Spooks) dans un créneau qui lui convient bien : un rôle d'action, où il incarne un héros brisé en quête de rédemption et qui va probablement mûrir sa vengeance. A ses côtés, Laura Greenwood (Echo Beach) incarne la journaliste Alexandra Porter ; elle profite pleinement d'être sans doute celle qui dispose des scènes les plus marquantes de ce double épisode. Le très lisse Hugh Collinson est joué par Andrew Lincoln (This Life, Teachers, Afterlife) qui n'a pour le moment pas grand chose à faire. La confrontation qui s'esquisse à la fin du deuxième épisode entre ces deux anciens amis de combats promet cependant beaucoup. Parmi les autres têtes connues, on croise également Shelley Conn (Party Animals, Dead Set, Mistresses), Colin Salmon (Hex, Party Animals), Jodhi May (The Amazing Mrs Pritchard, Emma) ou encore Nicola Stephenson (Northern Lights, The Chase).

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Bilan : Strike Back est une honnête série d'action tout autant qu'un efficace divertissement. Mais tout aussi huilés que ses rouages scénaristiques apparaissent, elle se révèle frustrante pour le téléspectateur qui pouvait légitimement en attendre plus qu'une simple reproduction de stéréotypes du genre soigneusement calibrés. La mini-série ne surprend que trop rarement. Elle se contente le plus souvent de dérouler un scénario très convenu, manquant d'une réelle valeur ajoutée par rapport à toutes les déclinaisons de la fiction d'action militaire, sans prendre le moindre risque. Au final, on ne passe pas un moment  désagréable, mais c'est très léger au vu des ambitions initialement affichées. Le twist final qui conclut ces deux épisodes permettra-t-il d'injecter un peu de piment dans cet ensemble ?


NOTE : 5,5/10


La bande-annonce de la mini-série :