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28/08/2013

(K-Drama / Pilote) Two Weeks : compte à rebours impitoyable aux portes du mélodrame

 
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En ce mercredi asiatique, retour en Corée du Sud, où une vague de nouveautés est arrivée ces dernières semaines. Depuis le printemps, vous avez dû remarquer que j'ai souvent jeté mon dévolu sur des séries sud-coréennes riches en tensions et/ou en actions (Empire of Gold, Cruel City, Shark... et même The End of the world ou The Virus), plutôt que sur des fictions légères. Chaque téléspectateur a ses affinités d'un jour et ses humeurs. Ceci dit, la lassitude commençant à pointer, je m'étais promis de rediversifier un peu mes visionnages... Mais, en attendant, j'ai été incapable de résister à tester Two Weeks, en guise de première nouveauté d'août. La diversification, ce sera pour le mois prochain !

Two Weeks est diffusé sur MBC depuis le 7 août 2013, les mercredi et jeudi soirs. Derrière ce drama promis d'être un thriller teinté de mélodrame, on retrouve à l'écriture So Hyun Kyung (Shining Inheritance, Prosecutor Princess, 49 Days) qui s'essaie donc cette fois au registre du suspense, tandis que la réalisation a été confiée à Son Hyung Suk (Personal Preference). Côté casting, le drama devrait s'assurer une certaine visibilité avec la présence de Lee Jun Ki. Sur le papier, Two Weeks laissait entrevoir des promesses, mais aussi certaines réserves au vu du projet annoncé. Et je dois dire que les trois premiers épisodes ne m'ont pas pleinement convaincu...

[Cette review a été rédigée après les trois premiers épisodes.]

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Jang Tae San est un petit escroc, obnubilé par les femmes et les jeux d'argent, qui vit au jour le jour et sans assumer la moindre responsabilité. Pas particulièrement apprécié dans son milieu, il ne se préoccupe guère de l'opinion des autres. Sa perspective change le jour où une ancienne petite amie, Seo In Hye, vient le voir sur son lieu de travail. Ils se sont séparés de manière très douloureuse il y a plus de huit ans, Tae San la pressant alors d'avorter de l'enfant qu'elle attendait. In Hye n'a cependant pas fait ce qu'il réclamait : elle a eu, et élevé seule, une petite fille, Soo Jin.

Désormais fiancée, In Hye aurait tout pour être heureuse. Malheureusement, sa fille est atteinte de leucémie : sans donneur, elle est condamnée. Elle vient demander à Tae San de passer les examens permettant de déterminer s'il peut être un donneur compatible : il est son dernier espoir pour sauver Soo Jin. Après avoir hésité, le jeune homme accepte de se rendre à l'hôpital. Les résultats sont positifs, et l'opération est fixée dans 14 jours. L'échéance commence pour préparer médicalement la petite fille, sans retour en arrière-possible si le donneur fait faux bond. Or Tae San est piégé par un dirigeant de la pègre locale : il est arrêté par la police sur les lieux d'un meurtre et accusé du crime qu'il n'a pourtant pas commis.

Échappant aux autorités, il a deux semaines pour rester en vie et sauver sa fille, avec la police, mais aussi des tueurs, lancés à ses trousses.

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Two Weeks connaît les classiques du petit écran de son pays : de la leucémie au thème de la corruption des élites, les ressorts sont familiers et le téléspectateur ne doute pas un seul instant être installé devant un drama sud-coréen. Au point de sonner par moment très "déjà vu" et de frustrer quelque peu par manque d'innovation. Le concept de départ pose cependant un mélange intriguant et prometteur, permettant de jouer sur plusieurs tableaux en oscillant entre émotion dramatique et thriller à suspense. Tout l'enjeu va être de parvenir à trouver le bon dosage et de marier ces tonalités. Sur ce point, les premiers épisodes sont corrects, même si l'écriture laisse entrevoir ses limites.

Le grand atout du drama, ce qui renforce la curiosité d'un téléspectateur qui mettrait un peu de temps à s'acclimater, est qu'il s'agit d'une histoire construite comme un compte-à-rebours, avec l'opération programmée pour sauver la fille de Tae San en guise d'échéance. Les objectifs sont donc clairement définis, on sait où l'on va : l'enjeu est, pour Tae San, d'arriver en vie (et si possible libre) au terme du récit. Le tout s'anime suivant un rythme narratif régulier, sans précipitation artificielle, même si le drama tire parfois un peu trop sur la corde en gagnant du temps face à certains développements, ce qui cause quelques longueurs.

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A partir de ce cadre, Two Weeks dispose d'un autre atout d'importance : le personnage de Tae San. Représentant l'anti-héros par excellence et toute l'ambivalence qui s'y rattache, il s'est enfermé dans une spirale sans lendemain, jouant les irresponsables et les gigolos d'un soir. Traité avec mépris par ceux qui l'entourent, il a parfaitement conscience de sa situation et n'est pas loin de partager leur opinion. L'arrivée de son ex-amie, la découverte de sa paternité et, surtout, pour la première fois, la possibilité qui lui est offerte de réaliser une action qui compte, changent soudain la donne. Alors qu'il avait baissé les bras, c'est une voie possible de rédemption qui lui est ouverte. Ne laissant pas indifférent, il implique le téléspectateur dans cette quête hésitante vers le rachat.

Malheureusement, Tae San est isolé : les autres personnages sont moins soignés, avec un problème au niveau des figures féminines unidimensionnelles et souvent faibles. Plus qu'In Hye, lisse et passive, dans un rôle pour l'instant limité, c'est la procureure Park Jae Kyung qui signe l'entrée la moins convaincante. Alors que son personnage a un fort potentiel - elle est la seule parmi les autorités à pouvoir comprendre ce qui s'est passé -, elle se révèle inconsistante et vaguement hystérique. Cette inégalité générale de traitement est assez frustrante, car si le drama repose à juste titre sur les épaules de Tae San, il se retrouve déséquilibré par l'absence de pendant à cette figure centrale.

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Sur la forme, Two Weeks déçoit un peu : sa réalisation moyenne, et assez générique, ne parvient pas à insuffler le souffle dramatique que l'histoire devrait pouvoir générer. Si le réalisateur amuse par quelques clins d’œil cinématographiques (en incluant des images de films comme Le Fugitif), les effets de style tentés tombent souvent à plat. La bande-son n'est pas non plus particulièrement marquante, à part quelques fulgurances : elle est un arrière-plan sonore pas toujours bien utilisé, alors même que la chanson principale de l'OST est correcte (cf. la deuxième vidéo ci-dessous).

Enfin, Two Weeks rassemble un casting qui m'est a priori sympathique, mais qui souffre un peu des limites de l'écriture et de la mise en scène. Une question de réglage au démarrage peut-être. Lee Jun Ki (Time between Dog and Wolf, Iljimae, Arang and the Magistrate) entraîne sans difficulté le téléspectateur dans les dilemmes de son personnage sombre pour lequel le téléspectateur cherche et espère instinctivement une voie vers la rédemption. Park Ha Sun (Dong Yi) évolue pour le moment dans un rôle larmoyant assez limité de mère inquiète pour son enfant, épaulée par Ryu Soo Young (Ojagkyo Brothers, The Lawyer of the Great Republic Korea), à la fois policier et futur beau-père. Mais celle qui m'a le moins convaincu est Kim So Yeon (IRIS, Prosecutor Princess, Doctor Champ). J'écris cela avec regret car je l'apprécie, mais les excès de son personnage n'ont pas posé une assise crédible à une figure pourtant prometteuse. L'actrice sur-joue trop et rate le coche. Quant aux opposants, si Kim Hye Ok s'impose en politicienne retorse cachant bien son jeu, Jo Min Ki est bien transparent pour devenir un méchant d'envergure.

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Bilan : Empruntant des ingrédients narratifs éprouvés du thriller comme du mélodrame, Two Weeks a pour lui un concept efficace, avec un vrai potentiel. Le drama peut en plus s'appuyer sur une figure centrale convaincante, anti-héros ambivalent dont le téléspectateur va guetter l'éventuel rachat. Cependant, l'écriture assez balisée laisse entrevoir des limites dès ces premiers épisodes. Plus problématiques, les personnages féminins déséquilibrent pour le moment le récit. La réalisation n'a pas non plus l'apport attendu dans ce type de fiction qui prêtant mêler tension et émotion. Two Weeks signe donc une introduction en demie teinte, et je ne suis pas certaine de me prendre au jeu longtemps si elle ne corrige pas certains aspects.


NOTE : 5,75/10


Une bande-annonce du drama :

Une chanson de l'OST :

21/08/2013

(J-Drama) Double tone : deux rêves en parallèle, deux vies entrecroisées

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En ce mercredi asiatique, je vous propose de poursuivre notre exploration de la saison estivale japonaise. Plus précisément, il s'agit de faire le bilan d'un drama diffusé les samedi soirs, de fin juin à début août 2013, sur NHK BS Premium : Double tone. Comportant 6 épisodes, d'une demi-heure environ, il s'agit de l'adaptation d'un roman de Shinji Kajio publiée en 2012. Le scénario a été confié à Akari Yamamoto, et la réalisation à Koichiro Miki. L'intérêt de Double tone tient au fait qu'il s'agisse d'une série tendant vers le registre fantastique en raison d'un concept de départ pour le moins intriguant. Elle va cependant explorer son mystère suivant une approche avant tout dramatique. Sans parvenir à exploiter tout le potentiel que son sujet laissait entrevoir, ce drama n'en reste pas moins une fiction correcte.

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Double tone propose aux téléspectateurs d'assister aux destins croisés de deux femmes qui n'ont a priori rien en commun, si ce n'est leur prénom. En effet, Tamura Yumi est une mère de famille qui divise tout son temps entre son travail à mi-temps et la gestion du foyer familial à s'occuper d'un mari et d'une petite fille qui n'ont pas toujours conscience des efforts qu'elle fait pour eux. A l'opposé, Nakano Yumi est une jeune femme célibataire, qui se consacre entièrement à sa carrière dans une petite agence de publicité, n'envisageant pas de se marier, ni de fonder une famille.

Un jour, chacune commence à rêver de l'existence de l'autre, découvrant dans son sommeil le quotidien de l'autre. Le mystère constitué par ces étranges rêves récurrents ne fait que commencer. En effet, Nakano Yumi rencontre alors, dans le cadre du travail, une amie de Tamara Yumi, Arinuma Ikuko, qu'elle a vue dans ses rêves, prouvant donc la réalité de ses "visions" : sont-elles prémonitoires ? s'interroge-t-elle. Les choses se compliquent un peu plus lorsque Ikuko présente Nakano Yumi à un homme qu'elle sait être le mari de Tamara Yumi...

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Double tone repose tout entier sur un mystère : l'idée que deux femmes partagent en rêve leur existence, sans savoir comment, ni pour quelles raisons une telle chose est possible. En dépit de son emprunt à une thématique clairement fantastique, il ne faut cependant pas s'y tromper, il s'agit avant tout d'un drama familial. Son objet est de mettre en parallèle les vies de ces deux femmes et les choix qu'elles ont faits, éclairant leurs attentes et satisfactions, mais aussi leurs regrets. En partant de l'idée des rêves partagés, la fiction entremêle différents genres, tendant tour à tour vers l'enquête, la tragédie ou tout simplement une histoire relationnelle. C'est cette richesse qui fait son attrait : si elle suit des sentiers extrêmement balisés, voire convenus, dans son évolution générale, son twist particulier de départ lui permet malgré tout de se démarquer. Elle sait bel et bien retenir l'attention du téléspectateur grâce à une construction de son intrigue plutôt maîtrisée, au cours de laquelle il semble que chaque réponse soit destinée à densifier l'énigme posée plutôt qu'à commencer à la résoudre.

Sans conteste, Double tone intrigue donc : il est bien difficile de ne pas se prendre au jeu, trop de questions appelant des réponses. Cependant, le drama souffre d'un défaut structurel qui devient de plus en plus handicapant à mesure qu'il progresse : son écriture, figée, lui fait adopter une sorte de faux rythme, avec des lenteurs, qui a la fâcheuse conséquence de saper toute tension. La série se révèle incapable de générer un véritable suspense, alors même qu'elle aurait toutes les cartes en main en théorie pour le faire. Si dans la première partie, ce problème reste anecdotique, il devient de plus en plus visible à mesure que l'on approche de la fin. Alors que les révélations finales sont censées marquer, elles se glissent ici dans la narration sans véritable souffle dramatique. Il manque une étincelle, une intensité à cet ensemble exécuté de façon presque trop mécanique. De plus, le refus de s'aventurer sur un terrain plus mythologique pour essayer d'expliquer les liens unissant les deux femmes en dehors d'un croisement du destin laisse une impression un peu frustrante d'inachevé. C'est en somme une fiction high concept qui fonctionne honnêtement dans sa progression, mais dont la chute n'est pas au niveau de l'attente ainsi construite.

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Il faut cependant reconnaître que, si une partie du problème de rythme de Double tone est imputable à son écriture, la mise en scène n'est pas exempte de responsabilité. Tout comme la narration, la réalisation est trop plate. Elle est incapable d'impulser de réelles dynamiques à l'écran. Un peu trop transparente par moment, téléguidée et prévisible, elle exacerbe, plus qu'elle ne compense, les limites de fond de la série.

Enfin, Double tone rassemble un casting qui n'est pas forcément à son avantage, avec des prestations sans doute perfectibles. Les deux héroïnes sont interprétées respectivement par Nakagoshi Noriko (Keishicho Sosa Ikka 9 Gakari), en trentenaire carriériste, et Kurotani Tomoka (Honcho Azumi), en mère de famille consacrée à son foyer : elles s'en sortent à peu près, mais manquent parfois de présence à l'écran dans les moments où il aurait fallu voir leurs personnages vraiment s'imposer. Dans les rôles secondaires, si Yoshizawa Yu (Jin, Bloody Monday) s'en sort honorablement, Tomochika (Loss:Time:Life) est moins convaincante, avec une interprétation qui sonne très artificielle et plombe en conséquence certains des derniers développements du récit. Quant à Moro Morooka et Shimada Kyusaku, leurs rôles restent anecdotiques.

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Bilan : Bénéficiant d'un concept intriguant auquel il sait donner les développements qu'il convient pour aiguiser la curiosité du téléspectateur et retenir son attention, Double tone est intéressant par sa façon d'aborder un mystère fantastique en empruntant à différents genres (fiction d'enquête, drame ou bien encore fiction familiale). Le résultat auquel aboutissent ces six épisodes est très honnête, mais il manque cependant une vraie ambition derrière cette écriture trop académique et figée. La fin est à l'image des limites manifestes de la série, avec une chute qui laisse un peu frustré. Au final, il reste une série pas déplaisante à suivre, mais anecdotique.


NOTE : 6/10

14/08/2013

(J-Drama / SP) Towa no Izumi : histoire touchante de deuil et de réconciliation

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Retour au Japon en ce mercredi asiatique pour évoquer un drama datant de l'année dernière et qui figurait depuis sur ma liste de visionnage. Towa no Izumi a l'avantage d'être une fiction brève : c'est un tanpatsu comportant une seule partie d'une durée totale d'1h15 environ. Il a été diffusé sur la NHK le 16 juin 2012. Rassemblant un casting ne manquant pas de têtes familières (Terao Akira, Kohinata Fumiyo, Suzuki Anne, Yamamoto Koji), cette fiction démarre comme une affaire judiciaire, mais elle se révèle en fait être une belle et touchante histoire humaine de deuil et de réconciliation. Offrant en plus en guise de décor une jolie carte postale du paysage volcanique japonais, il a donc été une intéressante découverte.

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Yamauchi Aki est un vétéran du barreau. Il commence à sentir le poids des années et n'a plus la vitalité d'autrefois pour défendre ses clients. Alors qu'il envisage sa retraite prochaine, il accepte cependant une dernière affaire : il est commis d'office pour un homme accusé du meurtre de sa femme au cours d'une randonnée sur le Mont Aso. En dépit des aveux de son client, Yamauchi Aki découvre rapidement que les choses sont plus complexes. L'épouse décédée était en effet atteinte d'un cancer en phase terminale, et cette excursion dans la montagne était sans doute une de ces dernières escapades au grand air. La culpabilité exprimée par le mari n'est-elle pas d'un tout autre genre que celle d'un meurtre ?

L'affaire touche d'autant plus l'avocat qu'elle réveille chez lui d'anciennes blessures non cicatrisées : il n'a jamais fait le deuil de sa femme, culpabilisé par les reproches de leur fille, Yuri, qui l'accuse d'avoir trop privilégié son travail à un moment où elle aurait eu besoin de lui. Ses rapports restent toujours tendus avec cette fille désormais devenue procureur. Sur une impulsion, pour essayer de se reconnecter avec elle, Aki se rend chez elle. Il découvre que Yuri vit en couple avec un dessinateur en devenir, Toshiyuki. Témoin des relations compliquées qui lient sa compagne et son père et qui les affectent tous les deux, Toshiyuki entreprend de les réconcilier : il les convainc de faire ensemble la randonnée sur les pentes du Mont Aso grâce à laquelle Aki souhaite comprendre cette affaire de meurtre qu'il veut éclaircir.

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Towa no Izumi a les qualités qui permettent à un tanpatsu de s'exprimer sans souffrir de son format court ; il peut notamment s'appuyer sur une belle sobriété d'ensemble. Le problème judiciaire initial n'est pas l'enjeu central du drama : son déroulement, logique, apparaît vite prévisible. Cependant cette enquête qui s'esquisse n'est qu'un prétexte. Elle sert avant tout de fil rouge utile en introduisant le thème principal de l'histoire (l'acceptation de la perte d'un être cher), et en servant de révélateur aux dynamiques relationnelles existantes entre les différents protagonistes. Tout au long de ces 1h15, l'écriture va à l'essentiel, privilégiant la simplicité. Pour autant, le drama prend aussi le temps de jouer sur des symboliques liées à la nature, accompagnées de métaphores sur la vie et la mort. Tout cela lui permet de distiller une émotion qui se glisse dans le récit sans jamais le faire tomber dans un pathos excessif. Cela donne un propos traversé par quelque chose de profondément humain, qui conduira à plusieurs scènes poignantes.

Towa no Izumi est le récit d'un double travail de deuil et de réconciliation qui s'opère en parallèle. Le client s'accusant de la mort de sa femme et le vieil avocat jamais remis du décès de la sienne vont s'aider l'un l'autre, leur peine se répondant comme un écho. Du fait de son passé, Aki connaît l'épreuve que traverse son client. Ne croyant pas à ses aveux, il entreprend de retracer les derniers mois de cette épouse qu'il découvre mourante. Ce n'est pas tant aux autorités qu'à son client qu'il s'adresse lorsqu'il reconstitue les faits : il s'agit de faire comprendre à ce dernier ce qu'il s'est réellement passé dans la montagne, afin qu'il puisse dire adieu à sa femme. Mais marcher sur ce sentier réveille chez l'avocat des souvenirs plus personnels. En tentant de renouer avec sa fille, à terme, c'est avec lui-même qu'il va être capable de faire la paix, réalisant, enfin, ce deuil qu'il n'avait jamais pris le temps de faire, s'étant réfugié dans le travail pour chasser la douleur.

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Sur la forme, Towa no Izumi bénéficie d'une réalisation classique du petit écran japonais. Si sa bande-son ne se démarque guère, le tanpatsu tire son épingle du jeu grâce au cadre choisi. Ne se contentant pas de confrontations entre quatre murs, il entraîne en effet le téléspectateur en extérieur et plus précisément sur les pentes du Mont Aso. Dans les pas de ses protagonistes partant en randonnée, il s'offre alors quelques beaux paysages qui viennent contribuer à cette métaphore sur la vie que dessine la fiction au contact de la nature. C'est un dépaysement bienvenue très agréable.

Enfin, Towa no Izumi rassemble un casting sympathique et familier devant la caméra. Terao Akira (Kokoro, CHANGE) interprète ce vieil avocat veuf qui songe à la retraite, toujours marqué par le décès de sa femme. Sonnant usé, mais aussi déterminé, c'est tout en sobriété qu'il rentre dans son rôle. Dans son entourage proche, sa fille est jouée par Suzuki Anne (Stand up!, Harukanaru Kizuna, Seinaru Kaibutsutachi), tandis que Yamamoto Koji (Shinsengumi, Pandora, Mother) incarne son (potentiel) gendre. Quant à son client accusé du meurtre de sa femme, il est interprété par Kohinata Fumiyo (Ashita no Kita Yoshio, Marks no Yama, Jin) qui sait apporter cette sensibilité pleine de détresse qui convient à ce rôle.

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Bilan : Loin du drama judiciaire auquel son synopsis aurait pu conduire, Towa no Izumi est l'histoire d'un travail de deuil qui se réalise de manière incidente grâce à une affaire professionnelle. C'est le récit touchant d'une réconciliation qui aboutit à une paix retrouvée, aussi bien avec soi-même qu'avec ses proches. Parvenant à bien gérer sa brièveté, avec un style simple qui sonne juste, ce tanpatsu dépaysant permet donc une agréable soirée devant son petit écran. Avis aux amateurs.


NOTE : 7/10

31/07/2013

(K-Drama / Première partie) The Blade and Petal (Sword and Flower) : un amour impossible sur fond de chute d'un royaume




"Flowers wither like love, only blades are eternal."

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Retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique pour parler sageuk (série historique). Tandis que War of the Flowers - Cruel Palace se poursuit sur jTBC, de nouveaux dramas de ce genre ont été lancés ces dernières semaines sur les grandes chaînes. Certains sont malheureusement plutôt à oublier, comme Jung Yi, the Goddess of Fire sur MBC, en dépit de la présence de Moon Geun Young. Un autre a en revanche autrement retenu mon attention : The Blade and Petal. Cette série a débuté le 3 juillet 2013 sur KBS2. Diffusée les mercredi et jeudi soirs, elle est prévue pour le moment pour une durée de 20 épisodes. Etant donné ses mauvaises audiences, il est peu probable qu'elle soit rallongée (espérons qu'elle ne soit pas raccourcie).

Initialement, c'est un intéressant article publié sur The Vault au sujet de son storytelling qui a aiguisé ma curiosité pour cette fiction. Sur le papier, son synopsis s'inscrit en effet dans les canons classiques du genre, en revanche, visuellement, The Blade and Petal offre autre chose. Sa réalisation a été confiée à Kim Yong Soo, dont certains parmi vous se souviennent certainement du travail d'ambiance assez fascinant réalisé dans White Christmas. En somme, si The Blade and Petal n'innove pas sur le fond, la forme se montre bien plus entreprenante, voire expérimentale. Tout n'est pas parfait, mais il y a un vrai souffle qui anime ce drama, dans lequel je me suis laissée emporter avec plaisir.

[La review qui suit a été rédigée après le visionnage des huit premiers épisodes.]

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The Blade and Petal se déroule au VIIe siècle, à la fin de la période que l'on désigne sous le nom des Trois Royaumes, qui étaient composés de Silla, Baekje et Goguryeo. C'est au sort de ce dernier, le royaume de Goguryeo, que le drama s'intéresse : il va nous relater sa chute, face à la dynastie chinoise Tang et au royaume de Silla, lequel unifiera la péninsule coréenne. Dès les premières scènes, le cadre est posé avec la narration de la princesse Moo Young qui, à côté des ruines fumantes de ce qui fut Goguryeo, s'interroge sur les raisons qui ont précipité son royaume vers sa perte, se remémorrant l'engrenage d'évènements qui allait être fatal. Le drama nous ramène alors au début des tensions avec les Tang, alors que la perspective d'une guerre semble de plus en plus inévitable et que le royaume est de plus en plus divisé.

Tandis que le général Yeon Gae So Mun, le plus haut dignitaire militaire, presse à prendre les armes et à répondre aux provocations chinoises, le roi Young Ryu s'efforce au contraire de freiner ses ardeurs guerrières, estimant que Goguryeo doit se préparer et ne pas se précipiter vers la manière forte. L'opposition entre ces deux hommes qui sont les plus puissants du royaume ne cesse de croître. C'est dans ce contexte déjà difficile que Moo Young fait la rencontre de Yeon Choong. Les deux jeunes gens s'éprennent instantanément l'un de l'autre. Habile combattant, Choong entre même au service de la princesse. Seulement, Moo Young ignore sa réelle identité : il est en fait le fils illégitime du général Yeon, renié par ce dernier, mais venu à la capitale pour rencontrer ce père absent.

L'amour naissant entre Moo Young et Yeon Choong se retrouve pris au piège de la rivalité qui oppose leurs pères. Lorsque l'inéluctable confrontation se produit, les liens du sang et les liens des sentiments se brouillent... La vengeance va-t-elle succéder à l'amour ?

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The Blade and Petal se réapproprie une thématique classique : celle de l'amour impossible, déchirant voire autodestructeur, dans la droite lignée d'un Roméo et Juliette. Les sentiments se heurtent violemment à la loyauté familiale, les deux personnages se trouvant écartelés par l'antagonisme de leurs pères. Au cours de ce premier tiers, la série s'attarde sur leurs tiraillements, sur les dilemmes si difficiles à trancher auxquels ils sont confrontés, soulignant combien l'amour semble toujours finir par guider leurs pas, malgré eux, parfois même en dépit de leur raison. Le téléspectateur s'implique sans difficulté dans ce double destin croisé, inachevé et chargé de regrets. Tout se ressent de manière très intense, et l'émotion n'est jamais loin. L'écriture n'a guère à forcer le trait pour acquérir des accents tragiques shakespeariens : le poids des sentiments devient bien douloureux à porter lorsque l'affrontement sort du seul cadre politique et que les complots visant à éliminer le clan adverse prennent forme.

Ces huit premiers épisodes forment une escalade : l'apogée annoncé est le coup d'Etat aboutissant à l'élimination d'un des deux camps - il se réalise finalement dans le huitième. La narration trouve le bon dosage pour nous plonger dans des jeux de cour létaux et dans une montée inéluctable des tensions, tout en ne négligeant jamais les incidences de ces évènements sur les deux jeunes gens placés au centre de l'histoire. Les enjeux sentimentaux sont imbriqués aux luttes de pouvoir en cours. Ironiquement, c'est alors qu'il semblait avoir été définitivement rejeté par son père, que la filiation de Choong acquiert une toute autre dimension : il est un pion projeté sur l'échiquier du royaume, un enjeu pour le roi, mais aussi pour son général de père. Ce lien familial n'est pas appréhendé de la même manière par Moo Young qui, elle, remet en cause ses sentiments, tout en retenant la fidélité manifeste de Choong. Un tournant définitif dans leur relation est cependant franchi lors du coup d'Etat qui signe la mort du roi de la main du général. Le basculement a lieu, le Rubicon est franchi : le désir de vengeance peut désormais se mêler à l'amour, et troubler encore un peu plus ce duo principal.

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The Blade and Petal développe donc une histoire classique, entre romance et pouvoir, qui s'inscrit parfaitement dans les canons d'un sageuk. L'originalité du drama ne tient pas à son fond, mais à la manière dont cette histoire va être racontée et mise en scène. Si certaines fictions présentent une réalisation neutre et calibrée, que l'on qualifierait aisément d'interchangeable, ce n'est pas du tout le cas de celle proposée par Kim Yong Soo. En effet, ce dernier se montre particulièrement interventionniste, multipliant des effets de style qui peuvent un temps dérouter, voire surprendre, avant que le téléspectateur ne se prenne au jeu. C'est la caméra qui rythme ici le récit, proposant presque sa propre narration qui se substitue aux dialogues : elle appuie sur les regards, répète certaines scènes, repasse des moments en suivant différentes perspectives, et plus généralement joue sur une théâtralisation de l'écran qui est poussée à son paroxysme.

Les épisodes semblent trouver leur propre souffle sous la direction d'un réalisateur orchestrant images et musique. Il use dans cette optique d'une bande-son omni-présente qui donne une dynamique à l'ensemble. L'utilisation d'instrumentaux modernes souvent entraînants, loin de toute musique traditionnelle, ainsi que de la chanson phare de l'OST (cf. la 2ème vidéo ci-dessous), tombe le plus souvent juste. The Blade and Petal limite les dialogues et raccourcit les échanges, parlant au téléspectateur visuellement et musicalement. Les scènes paraissent parfois des tableaux s'animant sous nos yeux, poussant la symbolique à son maximum, voire au-delà. La caméra devient un acteur à part entière du récit, dépassant le seul scénario pour aposer sa marque sur la narration. Si bien que l'exécution de l'histoire apparaît presque prendre le pas sur son contenu, un choix dans lequel tous les publics ne s'y retrouveront pas. Signe que la réalisation reste à un stade expérimental, elle ne transforme pas toutes ses tentatives : elle a notamment quelques longueurs, et cède parfois à des répétitions de scènes un peu trop excessives. Mais l'ensemble constitue un effort aussi louable qu'intéressant.

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Enfin, The Blade and Petal peut s'appuyer sur un assez solide casting. Concernant les deux représentants de cette romance qui ne peut pas être, c'est Kim Ok Bin (Hello God, Over the rainbow) qui interprète la princesse Moo Young ; tandis que Uhm Tae Woong (Resurrection, The Devil, Dr Champ, The Equator Man) joue Yeon Choong. Leurs scènes communes fonctionnent, et la caméra n'a pas à forcer artificiellement le lien qui se noue entre leurs peronnages. Ensuite, pour incarner leurs pères respectifs, on retrouve Kim Young Chul (IRIS, The Princess' Man), qui interprète le roi, et Choi Min Soo (The Sandglass, The Legend, Warrior Baek Dong Soo) qui joue le général Yeon. Il faut reconnaître à ce dernier une certaine tendance au sur-jeu de la stoïcité au cours des premiers épisodes. Mais les deux forment de solides adversaires à l'écran, et ils délivrent notamment une marquante ultime confrontation. Du côté des rôles plus secondaires, Ohn Joo Wan (Chosun Police) incarne ce cousin royal qui trahit son oncle pour un trône et un pouvoir placé sous la dépendance militaire du général. On retrouve également Lee Jung Shin (du groupe CNBLUE), ou encore Park Soo Jin (My Girlfriend is a Gumiho, Flower Boy Next Door).

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Bilan : The Blade and Petal est l'histoire d'une romance impossible, sur laquelle se superpose la fin d'un royaume qui s'apprête à disparaître. Cela confère au récit une dimension émotionnelle, aux accents forcément tragiques, qui happe le téléspectateur. Le scénario est classique, bien huilé mais prévisible. La valeur ajoutée de ce drama vient de la manière dont cette histoire est racontée et portée à l'écran : la caméra très interventionniste orchestre et mène à la baguette un récit auquel elle donne vie et ampleur, se faisant acteur à part entière de la narration. L'initiative est intéressante, même si l'expérience n'est pas toujours parfaite, avec quelques excès. Peut-être que tous les publics ne parviendront pas à adhérer à ce style, mais The Blade and Petal n'en est pas moins un solide sageuk dont le souffle saura emporter plus d'un téléspectateur curieux. Un sageuk qui aura aussi très bien réussi son premier apogée constitué par le coup d'Etat attendu. A découvrir.


NOTE : 7,5/10


Une bande-annonce du drama :

La chanson principale de l'OST (Dear love, de WAX) [Vidéo sous-titrée anglais] :

24/07/2013

(J-Drama / Pilote) Limit : de la tragédie à la lutte pour la survie

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En ce mercredi asiatique, je vous propose de prendre la direction du Japon où la saison estivale bat son plein. Plusieurs dramas actuellement diffusés ont retenu mon attention, notamment Woman, déjà arrivée à mi-saison après ses trois premiers épisodes et sur laquelle je reviendrai une fois la série intégralement vue. Mais c'est un autre drama, d'un genre très différent, qui va retenir mon attention aujourd'hui : Limit.

Proposé par TV Tokyo, le vendredi soir (dans la même case horaire que Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro, par exemple), il s'agit de l'adaptation d'un manga de Keiko Suenobu. Ses épisodes ont une durée moyenne d'une demi-heure environ, pour une diffusion qui a débuté le 12 juillet 2013. Outre son affiche réussie, c'est son concept même, une histoire de survie en milieu hostile, qui avait aiguisé ma curiosité. Toujours est-il que le pilote signe une entrée en matière convaincante.

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Limit est l'histoire d'une sortie de classe qui va se changer en drame, puis en cauchemar pour ses survivants. La série débute aux côtés de Konno, une jeune lycéenne ayant parfaitement intégré les codes sociaux de son établissement. Elle appartient à un des groupes de filles les plus populaires, et traverse ainsi sans souci les difficultés d'être adolescent sur les bancs d'une école. Mais son quotidien bien ordonnancé bascule le jour d'une sortie scolaire : le chauffeur du bus, qui les conduisait, elle et ses camarades, vers leur destination, perd connaissance au volant. Le car rempli de lycéens sort alors de la route et tombe dans un ravin.

Lorsque Konno reprend ses esprits, elle découvre que la plupart des occupants du véhicule n'ont pas survécu à la chute, y compris le personnel encadrant. Seules 5 jeunes filles s'extirpent vivantes de ces décombres métalisées. Coupées du monde, car leurs téléphones ne captent pas dans cette forêt dense, elles ne peuvent pas non plus espérer de secours immédiats : le chauffeur n'avait pas emprunté l'itinéraire prévu... Nul ne sait où elles sont. Pour survivre, elles vont devoir chercher des ressources jusqu'au plus profond d'elles-mêmes. Mais les choses s'annoncent d'autant plus difficiles que les adolescentes ayant survécu ont toutes des personnalités très différentes, voire antagonistes... et les tensions sont immédiates.

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D'une durée de moins de 30 minutes, ce premier épisode adopte un rythme rapide, allant avec justesse à l'essentiel. Sa construction, classique, est efficace, commençant d'abord par introduire le téléspectateur dans la vie des lycéens. Il le fait par l'intermédiaire de Konno qui, a posteriori, s'improvise narratrice : logiquement, c'est donc avec un regard plein de distance qu'elle réveille ses souvenirs du quotidien d'avant la tragédie, consciente des futilités et des insouciances d'alors, mais aussi des codes qui régissaient ce microcosme, destinés à se perpétuer par-delà les portes de l'établissement. Pour dresser ce portrait de classe, Limit emprunte aux canons les plus traditionnels du high school drama : on y retrouve, pêle-mêle, les populaires, les marginaux, les souffre-douleurs ou encore les potentiels intérêts amoureux. Ces passages permettent de rendre très concrète pour le téléspectateur la tragédie qui est en marche - toutes ces vies qui s'apprêtent à être fauchées -, tout en esquissant les personnalités de celles qui vont survivre. On comprend les relations complexes qu'elles pourront avoir et leurs éventuelles oppositions, voire confrontations. Les deux premiers tiers de l'épisode sont ainsi utilisés pour poser les enjeux et cerner les dynamiques qui seront à l'oeuvre dans la série.

Puis, dans son dernier, Limit entre dans le vif du sujet. C'est là qu'elle conquiert pleinement l'attention : nous faisant vivre les évènements de la perspective de Konno, l'épisode met en scène une tragédie qui frappe au coeur. Depus le flashforward d'ouverture, le récit est construit sur un compte-à-rebours. La tension monte progressivement jusqu'au moment fatidique de l'accident, au cours duquel la série bascule, avec une efficacité redoutable et éprouvante, dans le drame véritablement glaçant. S'ensuivent plusieurs scènes marquantes, à l'intensité émotionnelle palpable, vécues à travers les yeux de Konno. Il y a par exemple le réveil de la lycéenne, avec sa main ensanglantée d'un sang dont elle ne sait à qui il appartient. Puis la prise de conscience de l'ampleur de ce qui s'est produit quand elle découvre, effarée, tous ces corps sans vie, désarticulés, ensanglantés, de camarades avec qui elle passait ses journées de classe. Autre vision d'horreur : celle de la rangée de cadavres écrasés, alignés sur un côté. Le bus s'est transformé en cercueil de fer, implacable et létal. Ce sont là des passages extrêmement forts. Et comme la série adopte le point de vue de Konno, le téléspectateur ressent vraiment le choc émotionnel. L'intensité atteinte dès ce pilote incite à l'optimisme pour la suite : à Limit de se baser sur ce démarrage pour reproduire la même approche prenante en relatant les épreuves à venir des survivantes.

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Sur la forme, Limit est une série de TV Tokyo : son budget n'a donc rien de mirobolant. La réalisation s'en sort cependant de manière décente, notamment pour recréer l'accident. De manière générale, on se situe plutôt dans la moyenne de la télévision japonaise, avec les limites qui lui sont inhérentes. Côté bande-son, le drama ne fait pas dans la nuance, offrant une ambiance musicale assez sur-chargée. Si quelques-unes des premières scènes m'ont fait un peu peur par leur sur-utilisation de chansons, la suite se contente d'instrumentaux. L'ensemble est un peu à l'image du générique (cf. 1ère vidéo ci-dessous) : il y a un effort pour construire une ambiance, mais tout n'est pas toujours bien dosé. Le téléspectateur se laisse cependant facilement happer par l'ensemble.

Enfin, le casting est plutôt homogène. C'est Sakuraba Nanami (Last hope) qui interprète Konno, celle par laquelle le téléspectateur va vivre l'histoire. A ses côtés, pour lutter également pour leur survie, on retrouve Tsuchiya Tao (dans un tout autre registre par rapport à son rôle dans Suzuki Sensei où elle jouait l'adolescente qui troublait tant son enseignant), Kudo Ayano (HUNTER~Sono Onnatachi, Shoukin Kasegi~), Yamashita Rio (Kaitakushatachi) et Suzuki Katsuhiro (Shima Shima). Parmi les rôles secondaires, il faut noter notamment la présence de Watanabe Ikkei (Strawberry Night, Magma).

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Bilan : Limit signe un premier épisode prenant, mené sans temps mort, et introduisant efficacement la situation et les enjeux particuliers du drama. Le potentiel du concept apparaît pour l'instant bien compris et exploité : l'épisode fait preuve d'une intensité marquante, éprouvante même, pour relater l'horreur que représente la tragédie qui frappe de plein fouet ces lycéens. Partant sur de telles bases, la suite semble prometteuse : il sera question de survie, au sein d'un groupe divisé et face à une forêt hostile, tout en continuant à en apprendre plus sur les survivantes, avec toutes les réactions diverses qu'elles pourront avoir dans cette situation exceptionnelle. A suivre.


NOTE : 7/10


Le générique du drama :



Une bande-annonce du drama :