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21/08/2013

(J-Drama) Double tone : deux rêves en parallèle, deux vies entrecroisées

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En ce mercredi asiatique, je vous propose de poursuivre notre exploration de la saison estivale japonaise. Plus précisément, il s'agit de faire le bilan d'un drama diffusé les samedi soirs, de fin juin à début août 2013, sur NHK BS Premium : Double tone. Comportant 6 épisodes, d'une demi-heure environ, il s'agit de l'adaptation d'un roman de Shinji Kajio publiée en 2012. Le scénario a été confié à Akari Yamamoto, et la réalisation à Koichiro Miki. L'intérêt de Double tone tient au fait qu'il s'agisse d'une série tendant vers le registre fantastique en raison d'un concept de départ pour le moins intriguant. Elle va cependant explorer son mystère suivant une approche avant tout dramatique. Sans parvenir à exploiter tout le potentiel que son sujet laissait entrevoir, ce drama n'en reste pas moins une fiction correcte.

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Double tone propose aux téléspectateurs d'assister aux destins croisés de deux femmes qui n'ont a priori rien en commun, si ce n'est leur prénom. En effet, Tamura Yumi est une mère de famille qui divise tout son temps entre son travail à mi-temps et la gestion du foyer familial à s'occuper d'un mari et d'une petite fille qui n'ont pas toujours conscience des efforts qu'elle fait pour eux. A l'opposé, Nakano Yumi est une jeune femme célibataire, qui se consacre entièrement à sa carrière dans une petite agence de publicité, n'envisageant pas de se marier, ni de fonder une famille.

Un jour, chacune commence à rêver de l'existence de l'autre, découvrant dans son sommeil le quotidien de l'autre. Le mystère constitué par ces étranges rêves récurrents ne fait que commencer. En effet, Nakano Yumi rencontre alors, dans le cadre du travail, une amie de Tamara Yumi, Arinuma Ikuko, qu'elle a vue dans ses rêves, prouvant donc la réalité de ses "visions" : sont-elles prémonitoires ? s'interroge-t-elle. Les choses se compliquent un peu plus lorsque Ikuko présente Nakano Yumi à un homme qu'elle sait être le mari de Tamara Yumi...

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Double tone repose tout entier sur un mystère : l'idée que deux femmes partagent en rêve leur existence, sans savoir comment, ni pour quelles raisons une telle chose est possible. En dépit de son emprunt à une thématique clairement fantastique, il ne faut cependant pas s'y tromper, il s'agit avant tout d'un drama familial. Son objet est de mettre en parallèle les vies de ces deux femmes et les choix qu'elles ont faits, éclairant leurs attentes et satisfactions, mais aussi leurs regrets. En partant de l'idée des rêves partagés, la fiction entremêle différents genres, tendant tour à tour vers l'enquête, la tragédie ou tout simplement une histoire relationnelle. C'est cette richesse qui fait son attrait : si elle suit des sentiers extrêmement balisés, voire convenus, dans son évolution générale, son twist particulier de départ lui permet malgré tout de se démarquer. Elle sait bel et bien retenir l'attention du téléspectateur grâce à une construction de son intrigue plutôt maîtrisée, au cours de laquelle il semble que chaque réponse soit destinée à densifier l'énigme posée plutôt qu'à commencer à la résoudre.

Sans conteste, Double tone intrigue donc : il est bien difficile de ne pas se prendre au jeu, trop de questions appelant des réponses. Cependant, le drama souffre d'un défaut structurel qui devient de plus en plus handicapant à mesure qu'il progresse : son écriture, figée, lui fait adopter une sorte de faux rythme, avec des lenteurs, qui a la fâcheuse conséquence de saper toute tension. La série se révèle incapable de générer un véritable suspense, alors même qu'elle aurait toutes les cartes en main en théorie pour le faire. Si dans la première partie, ce problème reste anecdotique, il devient de plus en plus visible à mesure que l'on approche de la fin. Alors que les révélations finales sont censées marquer, elles se glissent ici dans la narration sans véritable souffle dramatique. Il manque une étincelle, une intensité à cet ensemble exécuté de façon presque trop mécanique. De plus, le refus de s'aventurer sur un terrain plus mythologique pour essayer d'expliquer les liens unissant les deux femmes en dehors d'un croisement du destin laisse une impression un peu frustrante d'inachevé. C'est en somme une fiction high concept qui fonctionne honnêtement dans sa progression, mais dont la chute n'est pas au niveau de l'attente ainsi construite.

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Il faut cependant reconnaître que, si une partie du problème de rythme de Double tone est imputable à son écriture, la mise en scène n'est pas exempte de responsabilité. Tout comme la narration, la réalisation est trop plate. Elle est incapable d'impulser de réelles dynamiques à l'écran. Un peu trop transparente par moment, téléguidée et prévisible, elle exacerbe, plus qu'elle ne compense, les limites de fond de la série.

Enfin, Double tone rassemble un casting qui n'est pas forcément à son avantage, avec des prestations sans doute perfectibles. Les deux héroïnes sont interprétées respectivement par Nakagoshi Noriko (Keishicho Sosa Ikka 9 Gakari), en trentenaire carriériste, et Kurotani Tomoka (Honcho Azumi), en mère de famille consacrée à son foyer : elles s'en sortent à peu près, mais manquent parfois de présence à l'écran dans les moments où il aurait fallu voir leurs personnages vraiment s'imposer. Dans les rôles secondaires, si Yoshizawa Yu (Jin, Bloody Monday) s'en sort honorablement, Tomochika (Loss:Time:Life) est moins convaincante, avec une interprétation qui sonne très artificielle et plombe en conséquence certains des derniers développements du récit. Quant à Moro Morooka et Shimada Kyusaku, leurs rôles restent anecdotiques.

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Bilan : Bénéficiant d'un concept intriguant auquel il sait donner les développements qu'il convient pour aiguiser la curiosité du téléspectateur et retenir son attention, Double tone est intéressant par sa façon d'aborder un mystère fantastique en empruntant à différents genres (fiction d'enquête, drame ou bien encore fiction familiale). Le résultat auquel aboutissent ces six épisodes est très honnête, mais il manque cependant une vraie ambition derrière cette écriture trop académique et figée. La fin est à l'image des limites manifestes de la série, avec une chute qui laisse un peu frustré. Au final, il reste une série pas déplaisante à suivre, mais anecdotique.


NOTE : 6/10

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