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25/10/2010

(Pilote / Mini-série UK) Single Father : veuf et père de famille... mais ensuite ?


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J'ai finalement trouvé le courage durant le week-end de regarder le premier épisode de la mini-série dominicale diffusée sur BBC1 depuis 15 jours : Single Father. Le "courage", voilà bien l'expression adéquate. Non, ce n'est pas mon goût prononcé pour le théâtralisme qui s'exprime. Car si la présence de David Tennant dans le rôle principal n'est pas étrangère au buzz qui l'a accompagnée, son sujet, particulièrement difficile, retenait également l'attention. Et si le visionnage de Single Father fut si difficile, cela n'a rien à voir avec sa qualité indéniable, loin de là. C'est plutôt la conséquence directe d'un thème très éprouvant qui ne peut laisser le téléspectateur insensible devant son petit écran.

Par ricochet, c'est également la rédaction même d'une review qui s'avère compliquée. Submerger par cette dimension émotionnelle, il est difficile de prendre du recul par rapport à ce premier épisode, sur les quatre que va compter la mini-série. Je ne vous cache pas avoir, au cours de ce pilote, construit méticuleusement une pyramide de mouchoirs qui, au bout d'une heure, n'était plus si loin de faire concurrence, en hauteur, à sa consoeur de Giseh. Comment reviewer une fiction où le ressenti est si fort qu'il écarte toute possibilité de raisonnement rationnel ? C'est ce que j'ai tenté de faire dans cette critique.

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Dès les premières minutes, il apparaît évident que Single Father est un drame humain qui sera placé sous le signe de l'authenticité. L'épisode nous plonge immédiatement dans le quotidien animé d'une famille de la classe moyenne britannique. Avec ses cris, ses disputes et ses réconciliations, rien de plus banal finalement que les situations portées à l'écran. Rien de plus reconnaissable pour tout un chacun aussi, que les frustrations et les apaisements ainsi dépeints. C'est donc en premier lieu par cette simplicité presque désarmante que Single Father pose les bases de la tragédie qui va suivre. Car l'enjeu est bien là : la perte de ce cocon confortable, de cette normalité presque stéréotypée, lorsque va se produire un drame qui vient tout bouleverser. Il aura suffi d'une voiture de police, girophare allumé mais sans sirène, grillant un feu rouge à un carrefour pour briser net ce fragile bonheur dont on ne prend généralement pleinement conscience, qu'une fois qu'il s'est enfui.

Rita, mère et épouse, est tuée sur le coup suite à cet accident, laissant derrière elle, épleurés, un mari et quatre enfants, dont l'aînée a 15 ans. C'est désormais sur les épaules de Dave que repose la responsabilité de toute cette petite tribu. Comment continuer à vivre, faire face à son veuvage et à sa propre solitude, tout en étant capable de s'occuper et d'être là pour des enfants ayant perdu leurs repères. Car si les plus jeunes s'échappent de leurs pensées sombres en ayant encore cette capacité d'évasion qui leur est propre, pour s'émerveiller et rester dans leur monde, comment peut réagir une adolescente qui n'est pas la fille biologique de Dave, mais le fruit d'une liaison antérieure de Rita ? Si les amis, la famille, sont là pour aider, est-il seulement possible, dans de telles circonstances, de se reconstruire et de repartir vers l'avant ? Et si oui, de quelle manière cela peut-il se réaliser ?

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Ce qui frappe tout d'abord devant cet épisode, c'est qu'au-delà du tourbillon émotionnel qu'il soulève, il est d'une sobriété rigoureuse et appliquée qui lui apporte une réelle sincérité. Tout au plus Single Father semble-t-il céder une seule fois aux sirènes du lacrymal, par sa gestion temporelle de l'introduction qui amène à une répétition de l'accident fatal, nous faisant vivre deux fois ce fameux moment. Mais dans l'ensemble, c'est avec une retenue presque pudique que l'histoire est mise en scène. Il y a quelque chose de profondément intimiste et de très personnel dans la manière dont les caméras accompagnent ce deuil éprouvant. Des attitudes jusqu'aux dialogues, en passant par les silences et les non-dits, Single Father réussit à raconter avec beaucoup d'authenticité une histoire tellement sensible et difficile à retranscrire.

Pour autant, aucun doute là-dessus : l'épisode est excessivement éprouvant pour le téléspectateur. Mais, si les nerfs des personnages lâchent sporadiquement et légitimement, jamais la mini-série ne verse dans un pathos théâtral qui était l'obstacle le plus difficile à éviter. Pas de capitalisation sur l'empathie et les larmes du téléspectateur, c'est simplement une histoire, tragique certes, mais aussi atrocement simple. Et c'est justement cette proximité que l'on ressent avec les personnages qui accentue la force de Single Father. Les scénaristes ont trouvé le juste équilibre dans ce mélange paradoxal, porté à l'écran, d'exceptionnel et de banalité. De cette impressionnante maîtrise dramatique, on retient une matûrité d'écriture incontestable dont beaucoup de fictions gagneraient à s'inspirer.  

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Si Single Father négocie avec tact le tournant du décès de Rita, l'enjeu va ensuite être de réussir à raconter le deuil de chacun et finalement comment la vie peut continuer après une telle tragédie. Comme le titre l'indique, c'est à travers Dave que va nous être narrée cette reconstruction vers l'avenir. Comment continuer à vivre  en dépit de la douleur menaçant à tout instant de submerger ? C'est une question sous-jacente qui reste informulée, en arrière-plan, et sur laquelle il n'a pas le loisir de réfléchir. Il réagit, recadre, se laisse porter par le quotidien animé que proposent toujours ses enfants. Des plus jeunes n'ayant pas forcément conscience de tout ce qui se passe à l'adolescente ébranlée qui doit désormais en plus faire face à cette crise identitaire qui achève ses dernières certitudes, chacun réagit à sa manière. Une des forces de cette mini-série est de prendre le temps de les individualiser, leur conférant ainsi également une vraie légitimité dramatique.

En effet, toutes les réactions, tous ces échanges, ont une constante : cette impression de sincérité, presque désarmante, mais aussi très poignante, qui émane de chaque scène. La dimension humaine de Single Father doit  beaucoup à la manière dont elle réussit à décrire la dynamique existant au sein de cette petite famille. Le soutien de l'entourage, avec la présence des amis, bénéficie du même traitement narratif. C'est d'ailleurs parmi eux que se trouve peut-être le salut de Dave, alors qu'il se rapproche peu à peu de celle qui partage une douleur aussi profonde que lui, l'ancienne meilleure amie de sa femme... La reconstruction d'une vie a un prix, mais ne sera-t-il pas trop élevé ?

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Bénéficiant d'une réalisation à la sobriété toute aussi maîtrisée, Single Father peut en plus s'appuyer sur un solide casting qui a les épaules pour porter un tel drame émotionnel à l'écran et qui est emmené par un David Tennant (Doctor Who, Blackpool) impeccable : il parvient à jouer dans un registre très émotionnel, avec beaucoup d'empathie, mais sans jamais trop en faire. A ses côtés, on retrouve des valeurs sûres du petit écran britannique : Suranne Jones (Five Days, Harley Street, Coronation Street), Warren Brown (Dead Set, Luther), Isla Blair (House of Cards : The Final Cut), Rupert Graves (Sherlock, Midnight Man, Charles II : The Power & The Passion), Mark Heap (Green Wing, Desperate Romantics, Lark Rise to Candleford) ou encore Neve McIntosh (Bodies). A noter également que Rita, énergique et rafraîchissante, était interprétée par Laura Fraser (Lip Service).

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Bilan : Ce premier épisode de Single Father se révèle impeccable à plus d'un titre dans la manière dont il construit sa narration, presque fascinant dans sa maîtrise. Ne cédant pas à la tentation d'en faire trop dans un pathos qui s'impose de lui-même, il se dégage au contraire beaucoup de justesse et d'authenticité des situations et des échanges mis en scène. Adoptant une tonalité intimiste qui colle parfaitement au drame, Single Father reste d'une sobriété louable qu'il faut souligner. Certes, le visionnage est éprouvant. Je pense que cette mini-série s'adresse à un public averti. Je sais que je suis une téléspectatrice naturellement émotionnelle, mais j'ai trouvé certains passages vraiment difficiles à regarder. En résumé, Single Father est intéressante, elle est d'une intensité troublante et mérite d'être vue, mais pas dans n'importe quelles circonstances et conditions.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la mini-série :


Une scène extraite du premier épisode :

27/09/2010

(Mini-série UK) Bouquet of Barbed Wire : le subversif ne suffit pas.

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En 1976, une mini-série, adaptée d'un roman des années 60 d'Andrea Newman, choquait l'Angleterre, tout en rencontrant un vrai succès. Amorale, subversive, repoussant et détruisant toutes les conventions, Bouquet of Barbed Wire a ainsi marqué la télévision britannique de son empreinte. Plus de trois décennies plus tard, ITV se ré-appropriait ce nom qui résonne toujours d'un écho particulier outre-Manche pour proposer une version modernisée de cette histoire, complexe à plus d'un titre, par le biais d'une mini-série qu'elle a diffusé au cours de ce mois de septembre 2010 (durant trois lundis soirs d'affilée).

Comme toute reprise de fiction aussi iconoclaste, l'exercice de modernisation s'est avéré délicat. Plus que certaines modifications visant à crédibiliser le cadre, il était facile de deviner que ce serait surtout la gestion de la frontière du choquant qui allait être difficile pour cette nouvelle adaptation. La télévision moderne a fait son oeuvre, désensibilisant considérablement un téléspectateur qui n'est plus choqué par grand chose venu de son petit écran.

Pourtant, plus que l'évolution des moeurs télévisuelles, c'est probablement la réduction conséquente de sa durée qui aura été dommageable à Bouquet of Barbed Wire. En effet, cette version de 2010 ne comprend plus que 3 épisodes, contre 7 pour l'originale. Ces contraintes expliquent sans doute en partie le résultat saccadé, très mitigé voire peu satisfaisant, auquel la mini-série est parvenu. Quelques étincelles ne pouvant faire oublier le déséquilibre narratif constant qui l'a caractérisée.

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Il était une fois une famille sans histoire. Cliché de la petite bourgeoisie britannique, avec enfants en école privée et belle demeure à la campagne. Une famille qui, pourtant, derrière ces apparences pseudo parfaites ,cache déjà des failles et des non-dits que le bonheur affiché masque plus ou moins. Mais ce fragile équilibre va être perturbé par un nouvel arrivant qui va méthodiquement entreprendre de détruire toutes ses fondations.

La si belle Prue Manson, prunelle des yeux de son père, va en effet entrer dans l'âge adulte plus rapidement que ce dernier n'aurait pu l'imaginer, séduite par son professeur de littérature, le mystérieux Gavin Sorenson. Prue sait si peu de choses à son sujet. Mais l'heure n'est plus aux interrogations, car la jeune femme est enceinte, abandonnant ainsi ses projets d'études. Or l'introduction de Gavin dans la famille ne va pas se faire sans heurt. D'une insolence travaillée, adoptant un comportement souvent odieux, il provoque constamment un beau-père déjà déstabilisé par la conscience dérangeante du fait que sa fille lui échappe et grandisse loin de lui. Mais chacun s'accroche à ses secrets, tandis que Gavin bouleverse chaque jour un peu plus les certitudes de tous les membres de cette famille autrefois ordinaire. Peu à peu les Manson se désagrègent tandis que les interdits sont transgressés les uns après les autres.

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Car s'il y a bien une constance dans ce tourbillon pas toujours maîtrisé que constitue Bouquet of Barbed Wire, c'est cette volonté presque revendiquée de repousser les limites. La mini-série entreprend de jouer avec les codes moraux afin de mieux s'en affranchir, opérant ainsi une redistribution des conventions. La dynamique qui s'installe entre les différents personnages principaux apparaît d'emblée viciée, un malaise se crée sans que l'on sache immédiatement en desceller l'origine et les aboutissants. Derrière ces rapports ambivalents, les frustrations des uns et des autres, face à des situations qui les troublent, vont se charger de ramener à la surface, les exposant au grand jour, des désirs et des pulsions jusqu'alors inavouées.

A ce petit jeu, il est évident que Bouquet of Barbed Wire peut difficilement retrouver le retentissement que l'histoire avait eu il y a trois décennies. La télévision moderne est passée par là. Mais la mini-série s'emploie cependant à mettre en scène avec conviction cette dérive humaine qui va conduire au drame et à la déchéance. Adultère, inceste, harcèlement, maltraitance... toutes les thématiques propres aux tragédies familiales seront exploitées. Avec plus ou moins d'envergure. Il faut cependant quand même reconnaître la force de certains passages. Parmi les moments marquants, je citerais notamment la scène finale du premier épisode, terriblement glaçante, qui est sans doute une des plus réussies de la mini-série. Prue, défigurée par son mari, y observe Gavin s'automutiler dans la pénombre, à la lueur d'une bougie. Au-delà du drame, c'est aussi l'ambiguïté de leurs rapports que le regard qu'elle lui jette transcrit parfaitement. Il est dommage que Bouquet of Barbed Wire ne soit parvenue que par brèves éclipses à cet indéfinissable équilibre.

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Car aussi ambitieuse qu'elle puisse être dans les thèmes traités, ce sont surtout ses problèmes de narration qui vont marquer et entraver la mini-série. Avoir réduit sur seulement 3 épisodes de 45 minutes, une histoire sans doute trop dense pour ce format, donne un résultat au fil narratif saccadé à l'excès, où c'est par sauts que l'intrigue progresse, sans donner la moindre impression d'homogénéité. Cela manque de cohésion et la force du récit en souffre considérablement, puisque la progression de l'histoire paraît trop souvent parachutée sans préavis. Plus qu'une simple maladresse d'écriture, on a comme le sentiment qu'il y a eu des coupes sombres dans le scénario.

Cette construction déséquilibrée empêche Bouquet of Barbed Wire de véritablement toucher le téléspectateur, alors même qu'elle met en scène une tragédie à l'issue fatale entre-aperçue dès la première scène qui s'ouvre sur un flashforward. Navigant entre un théâtralisme aux accents irréels et un drame humain dont la mini-série peine à véritablement imposer l'ambiance, c'est un peu de la même manière qu'avec les codes moraux qu'elle se joue de la logique des ficelles scénaristiques. Difficilement catégorisable, iconoclaste à l'excès, sans que tout cela soit forcément volontaire. 

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Sur la forme, il n'y a en revanche pas grand chose à redire. La réalisation est plutôt de bon standing, proposant quelques plans personnalisés assez inspirés. La musique, instrumentale, contribue à l'ambivalence de l'atmosphère mise en scène, accompagnant naturellement certaines scènes ou servant d'interludes. Elle se fond dans le décor narratif sans véritablement marquer.

Enfin, le casting souffre sans doute un peu de l'inconsistance du récit lui-même, les acteurs peinant à prendre la pleine mesure des ressentis insuffisamment approfondis de leurs personnages. On retrouve pourtant un certain nombre de têtes familières du petit écran britannique : Trevor Eve (Waking the Dead), Imogen Poot, Tom Riley (Lost in Austen), Hermione Norris (La Fureur dans le sang, Spooks (MI-5)), Jemima Rooper (Lost in Austen).

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Bilan : Donnant l'étrange impression de ne jamais véritablement démarrer ou de sauter des étapes du récit, Bouquet of Barbed Wire ne réussira pas à faire entrer le téléspectateur dans l'histoire qu'elle raconte. Certes, elle offrira bien quelques scènes de confrontations méritant clairement le détour dans cette autodrestruction familiale méthodique à laquelle on assiste. Cependant, ces quelques lignes de dialogues ciselés et piquants se noieront dans une masse mal maîtrisée, où le rythme saccadé ne fait que souligner un peu plus le manque de cohésion d'ensemble.

Je reste persuadée que la principale erreur est structurelle : ce fut celle de réduire la mini-série à seulement 3 épisodes, les évènements s'enchaînant trop vite, sans transition et sans qu'on puisse jamais en apprécier toute la portée. Il n'empêche que je serais curieuse de jeter un oeil sur la version de 1976 si j'en ai l'opportunité, ne serait-ce que pour constater les transformations du traitement de cette intrigue.


NOTE : 4,5/10


La bande-annonce de la mini-série :

27/08/2010

(Mini-série UK) Perfect Strangers : une fascinante introspection familiale et personnelle


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Parmi mes achats DVD "from England" de l'été (si jamais la Beeb envisage d'expatrier un de ses stores par chez moi, je lui signale la candidature de mon appartement qui peut d'ores et déjà faire office d'antenne, au vu de tous les coffrets "BBC DVD" qui s'y empilent), j'ai commandé plusieurs productions signées Stephen Poliakoff. Si j'avais souvent entendu parler de ses fictions, je dois dire que je n'avais pas eu l'occasion d'en voir beaucoup jusqu'à présent. Histoire de corriger cette inculture tragique, j'ai donc fait quelques investissements.

La première production dans laquelle je me suis lancée est une mini-série, composée de 3 épisodes, datant de 2001 : Perfect Strangers. Certes, outre les échos positifs glanés ça et là, pour ne rien vous cacher, les noms du casting m'avaient un peu attiré l'oeil, à commencer par la perspective d'y retrouver Matthew Macfadyen (on ne se refait pas). Mais au-delà des performances d'acteurs à souligner, j'ai vraiment été fascinée par le style et l'ambiance qui se dégagent de Perfect Strangers. Une belle immersion intemporelle et universelle dans des rouages familiaux pour un très solide Poliakoff.

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Perfect Strangers, c'est une fascinante introspection familiale, d'une richesse et d'une justesse qui méritent vraiment d'être soulignées. L'histoire débute par la volonté du patriarche d'une grande famille, les Symon qui étaient autrefois très fortunés, de réunir les siens lors d'un week-end où explorations des arbres généalogiques et retrouvailles avec de vieilles images d'archives seront au programme. Raymond Symon a depuis des années coupé les ponts avec cette branche clinquante de sa famille, vivant désormais en "exil" du côté de Hillingdon. Cependant, il reçoit lui-aussi la fameuse invitation au week-end. Après bien des tergiversations, il se laisse convaincre d'accepter par sa femme et son fils unique, Daniel. C'est à travers les yeux de ce dernier que vont nous être relatés les différents évènements de ces vastes retrouvailles familiales qui offriront à ses participants une forme de retour aux sources parfois douloureux, mais, en un sens, regénérateur.

Le téléspectateur se retrouve progressivement immergé dans ce monde inconnu aux côtés d'un Daniel aussi perdu. Derrière l'apparence luxueuse, aux allures si policées qui est proposée aux premiers abords, c'est le portrait d'une famille bien vivante et entière qui va être dressé, avec ses codes, ses non-dits et ses blessures passées ; avec ses paradoxes, ses vitalités et ses secrets... Daniel se lie notamment, d'une façon étrangement naturelle quasi-instantanée, avec deux cousins éloignés, dont l'histoire personnelle est marquée par un drame qu'ils n'ont jamais dépassé. Stimulé par les trouvailles étonnantes de Stephen, l'archiviste auto-proclamé de la famille, chacun entreprend un voyage en lui-même, dans ses souvenirs effacés ou les quelques bribes qu'il lui reste encore, découvrant ainsi des pans oubliés, secrets de famille ou anecdotes rarement évoquées, qui résonnent de façon particulière en chacun d'eux. Plus qu'une réunion, Perfect Strangers est une invitation à se découvrir soi-même en découvrant sa famille.

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Cette introspection familiale, sous ses ressorts classiques, se révèle captivante à plus d'un titre, en partie parce que ce sont des parcours finalement très personnels que nous allons suivre sous couvert de ce mouvement collectif. L'enjeu ne réside pas dans les routes tortueuses empruntées qui vont conduire au récit d'anecdotes symboliques, mais dans la façon dont l'expérience va directement toucher les personnages. La portée métaphorique des souvenirs est pleinement exploitée. A mesure que la vision des uns et des autres évoluent sur ceux qui les entourent, c'est sur eux-mêmes qu'ils changent également de perspective. Il est assez troublant d'assister à cette réflexion quasi-identitaire, initiée avec une sobriété très intimiste qui sonne souvent tellement juste.

D'ailleurs, si Perfect Strangers fonctionne aussi bien auprès du téléspectateur, c'est aussi parce qu'elle choisit de s'inscrire dans le créneau des "séries d'ambiance" : elle doit en effet beaucoup à l'atmosphère que ses scènes réussissent à dégager. Il flotte dans l'air comme un indéfinissable parfum aigre-doux, manifestation diffuse d'une nostalgie involontaire, relent d'un passé non soldé encore suspendu dans l'inconscient de chacun. Ce sont les clés du futur qui sont pourtant en jeu, derrière ce repli passéiste auquel nous assistons. Mais la réalité de la quête entreprise n'apparaîtra qu'à la fin d'un parcours qui aura revivifié, presque à leur insu, bien des âmes troublées.

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Très solide sur le fond, Perfect Strangers l'est également sur la forme, bénéficiant sur ce point d'une très grande maîtrise, dans la droite lignée des BBC dramas de haut standing. Sa réalisation est certes classique, mais elle sait admirablement bien mettre en valeur et jouer sur le décor luxueux dans lequel les protagonistes évoluent, sans tomber dans un clinquant excessif. C'est classe, sans être prétentieux. L'ambiance un peu indéfinissable, entre nostalgie et mélancolie, est accentuée par le choix et l'utilisation des thèmes musicaux. Ces derniers s'inscrivent en parfaite adéquation avec la tonalité de la série, notamment la musique récurrente au piano qui donne vraiment une marque à ce beau drama, contribuant à une certaine impression d'intemporalité et d'universalité des thèmes abordés. C'est ainsi très plaisant de voir la forme, non seulement venir en soutien du contenu, mais surtout finir par ne faire qu'un avec lui, complément naturel, sans jamais trop en faire.

Enfin, parachevant l'ensemble, il est difficile de trouver qualificatifs suffisamment louangeurs pour évoquer les performances du casting. J'ai déjà mentionné la présence de Matthew Macfadyen (Spooks, Little Dorrit, The Pillars of the Earth), qui trouve ici le juste équilibre entre l'assurance naturelle de son personnage et les hésitations légitimes d'une jeunesse inexpérimentée face à un milieu et surtout des gens dont il ignore tout. Si c'est à travers ses yeux que le téléspectateur suit l'histoire, il est loin d'être le seul à avoir l'opportunité d'y briller. Michael Gambon (Wives and Daughters, Emma) offre une prestation bluffante, en vieil homme sarcastique, un brin aigri, que ces retrouvailles douloureuses vont marquer plus qu'il aurait pu le penser. Son discours bouleversant lors du "karaoké familial" improvisé restera comme une des scènes les plus marquantes de la mini-série. Lindsay Duncan (Rome) est, elle-aussi, absolument magistrale, dévoilant toute la classe inhérente à cette actrice vraiment fascinante. On retrouve également à leurs côtés Claire Skinner (Life begins, Trinity), Toby Stephens (Cambridge Spies, Jane Eyre, Vexed), Timothy Spall (The Street) et encore Michael Culkin (Garrow's Law).

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Bilan : Fascinante et troublante introspection, Perfect Strangers explore les ressorts qui régissent et font le coeur de chaque famille, de manière intemporelle. C'est avec une subtilité et une pudeur pleine de tact que cette mini-série souligne les paradoxes et les dynamiques qui se trouvent cachés sous les apparences policées des Symon. En redécouvrant un passé oublié, en se re-saisissant d'un héritage non liquidé, c'est finalement le présent qui est éclairé sous un jour nouveau. Cette réunion et toute la nostalgie passée qu'elle fait remonter va, à terme, servir à chacun pour en apprendre plus sur lui-même.

S'inscrivant dans une ambiance étonnamment envoûtante et vraiment fascinante, Perfect Strangers est une belle mini-série, sur le fond comme sur la forme, tour à tour légère, touchante, émouvante et rafraîchissante, qui ne laissera pas le téléspectateur insensible et que l'on quittera songeur devant son petit écran.


NOTE : 9/10


Les premières minutes du premier épisode :


19/08/2010

(Mini-série UK) Dead Set : Zombies Survivor !

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Après la déferlante vampire, c'est un autre mythe du fantastique quI devrait revivre dans notre petit écran, en fin d'année : les zombies. Entre nous, autant l'avouer de suite, si j'ai toujours eu un certain faible pour les suceurs de sang aux canines proéminentes, il en va tout autrement pour cette autre figure, qui nous rapproche trop de l'horreur fantastique à mon goût. Je n'irai pas jusqu'à parler de phobie, mais disons que, généralement, lorsque je vois une fiction avec des zombies dedans, ce sera un argument fort pour que je ne m'y risque devant sous aucun prétexte. Voyez-y un instinct de survie téléphagique.

Sauf que, comme je vous l'ai dit, AMC nous réserve pour octobre prochain l'adaptation d'un comics, The Walking Dead, mettant justement en scène ces charmantes sanguinolantes créatures. Mine de rien, le concept a l'air alléchant. La chaîne s'étant constituée une intéressante image au cours des dernières saisons, et le héros étant interprété par Andrew Lincoln (Teachers), il est pour moi hors de question de passer à côté de cette nouvelle série. J'ai donc entrepris, en guise d'entraînement, une forme de préparation psychologique : une mise à jour de mes connaissances en mythologie zombie-esque dans le petit écran. Le sujet n'ayant jamais été particulièrement central dans les séries, je me suis logiquement retrouvée devant la mini-série britannique de ces dernières années, qui symbolise ce genre : Dead Set.

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Dead Set est une brève mini-série qui fut diffusée sur E4 fin octobre 2008. Elle comporte un premier épisode de 45 minutes, puis 4 épisodes de 25 minutes chacun environ. L'atout principal de cette fiction est d'investir un créneau assez délaissé par les scénaristes du petit écran : les zombies. D'ailleurs, cette mini-série part d'une idée doublement originale, pourrait-on dire, car elle intègre le concept de télé-réalité Big Brother, poussant le parallèle avec la réalité jusqu'à faire de la présentatricce de Big Brother en Angleterre, celle du show dans la série. Clin d'oeil appuyé, sans pour autant que Dead Set verse dans une complète confusion des formats, tel qu'avait pu le proposer Cast offs, à l'automne dernier, sur Channel 4.

La mini-série va choisir de prendre pour cadre les locaux de tournage de l'émission de télé-réalité, ne prenant soin de nous informer que par quelques bribes des évènements (l'attaque généralisée de zombies) se produisant au niveau global, ou du moins à l'échelle du continent européen, semble-t-il.  La fin va débuter un soir de prime-time. Les fans et autres groupies se sont donnés rendez-vous sur le plateau, autour de la maison où sont coupés du monde les candidats encore en lice, tandis que l'un d'entre eux s'apprête à être éliminé au cours de la soirée. La seule inquiétude au sein de ce huis clos que constituent les studios est de s'assurer de la diffusion de l'émission, apparemment compromise par des émeutes se produisant un peu partout dans le pays, sans que personne, sur place, ne cherche à en savoir plus... Mais rien ne pourra enrayer ce déferlement létal qui va contaminer et dévaster toute l'Angleterre.

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Profitant de ses débuts en quasi-autarcie, dans des studios coupés du monde, Dead Set commence par nous relater de façon indirecte la propagation des zombies, jouant sur le suggestif d'une invasion dont seul le téléspectateur a conscience. En mettant en scène, par le biais d'une caricature cynique et sarcastique, les préoccupations du moment, tant de l'équipe technique que des candidats à l'intérieur, la fiction semble surtout prendre beaucoup de plaisir à mettre en relief toute leur superficialité et leur futilité. Cela crée un décalage assez frappant pour le téléspectateur, qui sait ce qui attend ces insouciants, installant l'atmosphère très série B de la mini-série et ouvrant finalement la porte à un certain second degré assumé, où tous les excès seront permis.

Car, si les premières minutes de Dead Set se divertissent de la frivolité ambiante régnant dans les studios de Big Brother, la suite va progressivement tourner à l'orgie sanguinolante, où le gore s'installe comme la composante principale du genre horrifique investi. Les techniciens en charge des effets spéciaux s'en donneront à coeur joie et n'épargneront rien à un téléspectateur qui devra avoir le coeur bien accroché. Artères arrachées, évicération, dépecage en règle de cadavres encore frais (voire pas encore véritablement "cadavre"), et même, cerise sur le gâteau, le découpage méticuleux de steak humains pour servir de diversion à une futile (et fatale) tentative d'évasion. Bref, Dead Set propose un spectacle, sanglant à l'excès, des plus appétissants.

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Dans sa construction narrative, la mini-série ne propose pas de réelle innovation, s'attachant surtout à reproduire les classiques du genre. Tout est prévisible, mais dans le bon sens du terme : c'est-à-dire que Dead Set assume pleinement, voire même crânement, tous les poncifs sur-exploités. Avec ce style d'écriture, très anglais, de s'efforcer de coller à une réalité où la médiocrité des individus s'impose, nous avons donc droit à des dialogues très crus, sans artifice. Une intervention minimaliste d'un scénariste qui s'est surtout attaché à retranscrire une ambiance où le romanesque et autres effets scénarisés sont proscrits.

Si on versait dans l'intellectualisation à outrance (qui n'a pas lieu d'être ici), on pourrait sans doute argumenter sur le choix du cadre, tout comme sur la présentation sans complaisance, d'un cynisme noir, qui est proposée des coulisses de l'émission de télé-réalité. Est-ce vraiment neutre ? Quelques dialogues brouillons sur les possibles origines de ce fléau ravageant l'Angleterre suffiront pour faire naître, dans l'esprit du téléspectateur, des parallèles diffus pointant les dérives de la société moderne. Mais cette voie n'est ni l'objet, ni même l'inspiration, de cette mini-série qui surfe, avec une certaine effronterie revendiquée, sur son mélange des genres explosif, conçu comme moyen marketing, et profite ainsi du cadre particulier real-tvien. Le reste n'est qu'une déclinaison excessive et gore d'un classique de l'horreur zombie-esque.

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Côté technique, comme vous pouvez le juger ci-dessus, certains membres du staff se sont manifestement beaucoup amusés  dans une série où les effets gores l'emportent sur l'horreur pure. Dead Set joue plutôt efficacement sur son atmosphère très "série B". La reconstitution est globalement enthousiaste, et la mise en scène de certaines attaques de zombies ne manque de bonnes idées pour faire monter la tension. Les effets de caméra sont tout aussi expérimentaux, mais parfois un peu moins inspirés. La réalisation caméra au poing, notamment dans les courses poursuites, pose l'ambiance, mais fatigue un peu dans la durée. Cependant, dans l'ensemble, la forme est à l'image du fond, investissant totalement, presque à outrance, le registre sanglant choisi.

Enfin, le casting ne dépareille pas. L'écriture de la mini-série requiert d'eux un service simplement minimum, en se laissant porter par le cadre horrifique, ce qu'ils n'ont aucune difficulté à assurer. On y retrouve quelques visages plus ou moins familiers : Jaime Winstone (Five Daughters), Andy Nyman, Kyle Summercorn, Riz Ahmed (Wired), Warren Brown (Occupation, Luther), Drew Edwards, Raj Ghatak, Chizzy Acudolu (Jinx), et même Shelley Conn (Mistresses).

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Bilan : Dead Set est une mini-série qui investit pleinement le registre de l'horreur sanglante, assumant crânement ses débauches gores, repoussant toujours plus loin ses limites. L'écriture, voulant rester dans un registre très brut, s'avère assez neutre et s'efface derrière le concept principal, qui est la propagation des zombies. Si tout se visionne avec un certain second degré, Dead Set répond à son objectif principal : proposer un récital horrifique et sanglant à la télévision, sur des bases les plus classiques qui soient. Ni plus, ni moins. Elle ne révolutionne pas le genre, n'a pas de prétention particulière, mais elle aura au moins eu ce mérite d'offrir un peu d'exposition à un type de fiction sans doute destiné à un public précis.

En ce qui me concerne, soyons franc, il est fort probable que je sois à jamais rêtive à ce genre. Dire que j'ai apprécié serait bien excessif. Disons que le visionnage de Dead Set a constitué une expérience téléphagique, sans doute dispensable, mais pas pour autant inintéressante.

Et puis, de façon très pragmatique, en terme de révision mythologique, ce fut aussi très enrichissant pour revoir ses classsiques, ma culture zombie-esque se rapprochant dangereusement du néant avant Dead Set. Donc, ça a été l'occasion de retenir quelques règles de survie élémentaires que j'ai soigneusement classées dans un coin de ma tête, du genre : 1/ les promenades en voiture avec un individu mordu, peu importe le caractère bénin ou non de la blessure, ne sont pas franchement conseillées ; 2/ quinze coups de machette dans la poitrine ne feront rien, un seul coup dans la tête suffira ; 3/ les zombies ne sont pas des as de la natation...

Bref, me voici prête à affronter The Walking Dead !


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce :

06/08/2010

(Pilote / Mini-série UK) The Deep : plongée en de troubles profondeurs


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Mardi soir débutait sur BBC1 une nouvelle mini-série (5 x 60') intitulée The Deep. Dépaysement claustrophobique garanti pour un plongeon en Arctique construit sur un format de thriller. Le calme paysage téléphagique aoûtien se prête aux aventures ; et The Deep, avec son casting (James Nesbitt, Minnie Driver, Goran Visnjic, et même Tobias Menzies), ne manquait pas d'atouts, a priori, pour nous décider à embarquer dans son exploration des profondeurs.

Fonctionnant par à-coups, ce premier épisode se révèlera surtout assez poussif, s'attachant à introduire méthodiquement tous ses enjeux. La brusque accélération de l'intrigue, dans son dernier tiers, réveillera cependant la curiosité jusqu'alors très réservée du téléspectateur. Jusqu'à se laisser embarquer pour explorer les mystères des fonds marins ?

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The Deep pose, dès sa scène d'ouverture, le cadre claustrophobique auquel elle tend, tout en peinant à réellement insuffler l'angoisse que l'on devine devoir poindre. En mission d'exploration dans les eaux de l'Arctique, le sous-marin Hermes y disparaît sans laisser de trace, son équipage, porté disparu, étant déclaré mort. Le mystère de cette tragédie demeure entier. Six mois plus tard, une nouvelle expédition s'organise, dirigée cette fois par Frances Kelly. En digne fiction du genre, cherchant à trouver un équilibre entre action et émotionnel, on retrouve également à son bord, tendu et, logiquement, déprimé, le mari de la scientifique qui dirigeait la précédente mission, Clem ; ainsi qu'un biologiste marié avec lequel Frances entretient une liaison.

Cependant, avant même la plongée, l'objectif initial d'exploration est remis en cause, en cours de route, par l'addition d'un nouveau membre à l'équipage, Raymond, qui enquête sur ce qui a pu arriver au Hermes. De troublants enregistrements audios des dernières minutes du sous-marin contribuent à nourrir d'étranges hypothèses ; il est donc nécessaire de retrouver les données que l'appareil a pu recueillir dans ces instants dramatiques. De regards appuyés en lourds sous-entendus, s'esquissent les différentes questions centrales de l'intrigue de ce pilote : qui cache quoi à bord de l'expédition ? Et, surtout, quels secrets renferment ces profondeurs inexplorées ?

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A lire ce résumé servant de base à The Deep, il est aisé d'identifier l'écueil que ce premier épisode ne parvient pas à éviter : un enchaînement de clichés peu subtiles qui peinent à générer la moindre tension. Les scénaristes appliquent (trop ?) cliniquement le cahier des charges des fictions pseudo-claustrophobiques du genre. Les ficelles du scénario se révèlent, au mieux, trop évidentes, au pire, grossières. Si bien que l'épisode ronronne sur une dynamique trop prévisible pour ne pas être frustrante. Tout y est huilé à l'excès, finalement assez déshumanisé, semblable à un thriller sur papier glacé.

Les élans de dramatisation ne réussissent pas à dégager la moindre empathie avec un téléspectateur qui peine à s'impliquer. Tandis que la construction du suspense sonne un peu trop creux pour créer une ambiance inquiétante... du moins pour le moment.

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Une fois ce manque d'épaisseur d'un scénario trop prompt à céder à la facilité, constaté, le seul élément pouvant permettre à The Deep de redresser la barre serait de réussir le côté mouvementé de cette plongée dans les profondeurs qu'elle entend nous proposer, afin d'éclaircir le mystère de la disparition du précédent sous-marin. Ici, la mini-série souffre surtout du syndrome du premier épisode d'exposition. Les débuts sont poussifs, assez lents. Tout avance par à-coup sans parvenir à verser dans l'ambiance un peu oppressante qu'on serait en droit d'attendre d'une telle histoire. Manquant d'homogénéité, cette première heure débute réellement dans son dernier tiers. Cependant, si la suite poursuit sur ces bases finales plus rythmées, elle pourra se révéler plus divertissante.

En somme, au-delà de cette résurrection de tous les poncifs du genre "thriller en huis-clos", le téléspectateur était sans doute en droit d'attendre mieux de ce premier épisode de The Deep. Les amateurs de ce genre aux rouages un peu mécaniques ne seront pas dépaysés ; j'espère surtout que la mini-série saura construire une atmosphère plus tendue et propre à son cadre particulier par la suite.

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Sur la forme, The Deep tente quelques effets de style, sans que sa réalisation d'ensemble se démarque réellement. Si elle sait jouer sur des teintes colorées différentes, suivant l'environnement (prédominance bleue dans le sous-marin, etc...), en revanche, cette utilisation de flou sur les bords qu'elle renvoie à certains moments, pour renforcer son ambiance, n'est pas des plus convaincantes.

Enfin, le casting, comme je l'ai déjà dit, ne manque pas de figures bien connues, que le téléspectateur familier des fictions britanniques (et même au-delà) devrait retrouver avec un certain plaisir. Même si, pour le moment, il faut reconnaître que le scénario ne les transcende pas, chacun assurant un solide service minimum, si j'ose dire. Minnie Driver (The Riches) mène l'expédition, aux côtés de Clem, en veuf déprimé interprété avec naturel par James Nesbitt (Jekyll). Au sein de l'équipage du sous-marin, pour compléter ce trio principal, on retrouve Goran Visnjic (Urgences). Enfin (et parce que je l'aime bien), signalons en invité de dernière minute qui en sait sans doute plus qu'il ne le dit sur le mystère de la disparition du précédent sous-marin, un Tobias Menzies (Rome) fidèle à lui-même.

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Bilan : Un peu lente au démarrage, The Deep peine à trouver son rythme dans une première partie d'épisode qui se révèle un peu creuse, servant surtout d'exposition un brin poussive, voire clichée. Si bien que le téléspectateur éprouve quelques difficultés à s'investir immédiatement dans les enjeux qui s'esquissent. Cependant, une fois que l'action commence réellement, il est possible de se prendre à ce jeu claustrophobique, essayant d'oublier les écueils d'une écriture très unidimensionnelle qui manque trop souvent de punch et de subtilité.

Au final, The Deep est un peu trop plate en terme de personnalité et d'ambiance (ce qui, pour une telle fiction, est assez dommageable), mais si elle poursuit sur le rythme du dernier tiers de l'épisode (comme la bande-annonce du suivant le laisse entendre), elle peut peut-être s'imposer dans ce créneau de l'aventure divertissante sur papier glacé, sans autre prétention. En plein mois d'août, aidé par le désoeuvrement du téléphage, cela peut fonctionner. Cependant, il est fort probable que ce voyage ne restera pas dans les annales.


NOTE : 5,25/10


Une bande-annonce de la mini-série :