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01/11/2009

(Mini-série UK) Cambridge Spies : l'histoire d'une trahison

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Cherchant dans ma DVDthèque l'inspiration pour le sujet de ce dimanche, je me suis arrêtée sur un classique, bien dans l'air du temps à quelques jours du retour de nos agents du MI-5 sur BBC One. Quelques années avant de travailler pour les services secrets de Sa Majesté, dans Spooks (MI-5), Rupert Penry-Jones avait déjà fait ses classes d'espion international dans une autre production de la BBC, dans laquelle il ne défendait, cette fois, pas les intérêts de la Couronne d'Angleterre.

En effet, en 2003, la BBC s'était attelée à raconter l'histoire des fameux Cambridge Five dans une mini-série, comportant 4 épisodes. Recrutés par les Services secrets Russes alors qu'ils étaient de jeunes étudiants à Cambridge, dans les années 30, ils  accédèrent ensuite à des postes à responsabilité et transmirent des informations à l'Union soviétique au cours de la Seconde Guerre Mondiale jusque dans les années 50. Ils figurent parmi les plus célèbres agents doubles de l'histoire de la guerre froide ; et il n'est pas rare de croiser leurs figures ou leurs noms au détour de la plupart des romans d'espionnage évoquant cette époque.

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Cambridge Spies suit leur progression et leurs désillusions sur les chemins de la trahison, de leurs études à Cambridge (l'histoire commence en 1934) jusqu'à la défection de Burgress (Tom Hollander) et Maclean (Rupert Penry-Jones) pour l'Union soviétique, en 1951, laissant Philby (Toby Stephens), le plus emblématique d'entre eux sans doute, seul encore en poste. Fortement soupçonné, ce dernier démissionnera du MI-6 quelques années plus tard. La mini-série prend le temps d'expliquer la genèse de leurs choix. Puis, ce sera l'engrenage progressif des premières missions presque anodines, confiées par les Soviétiques, jusqu'à la transmission d'informations classées, une fois les personnages en poste. Ces parties séduiront tout amateur d'histoires d'espionnage, car nous y retrouvons tous les classiques du genre jusque dans les moindres petits détails. Une manière de rappeler que réalité et fiction ne font souvent qu'un dans ces domaines et nous offrant ainsi des scènes à l'atmosphère incomparable qui pourraient être sorties tout droit des romans de John Le Carré.

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Mais Cambridge Spies ne se cantonne pas seulement à ces histoires d'espions. En effet, c'est un portrait sans complaisance de la haute bourgeoisie britannique du milieu du XXe siècle qui nous est proposé. Car, en 1934, c'est dans un contexte encore bien éloigné de celui de la future guerre froide que se scelle le destin de ces jeunes gens. Issus d'un milieu privilégié, leur attirance vers un idéal aux contours de réalisation encore si mal connus, le communisme, s'explique par leurs propres observations de ce monde auquel ils sont destinés. Ce n'est pas un régime, dont ils ignorent tant, qu'ils rejoignent, mais une utopie qui n'a jamais existé. Ils réagissent d'abord confrontés à cet étouffant immobilisme ambiant, face à la rigidité d'une haute société si codifiée, tandis qu'en toile de fond, le vieux continent européen connaît la montée des fascismes dans la relative indifférence de l'Establishment britannique.

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Dotée d'une thématique forte, Cambridge Spies est parfaitement consciente qu'elle détient un sujet suffisamment solide pour pouvoir quelque peu broder autour. Si elle réussit pleinement dans sa description de la société britannique comme dans la mise en scène de ces jeux d'espions, elle peine parfois à rendre justice à ses personnages et à leurs relations. Elle offre dans l'ensemble une qualité inégale, même si l'intérêt du téléspectateur n'est jamais pris en défaut. S'alternent des scènes magistrales et des ruptures de rythme marquées par une scénarisation maladroite dans lesquelles la mini-série se perd un peu. Un des reproches majeurs qui fut adressé à cette fiction est sa propension à re-écrire quelque peu l'histoire, mêlant vérités historiques et ajouts romancés pas toujours très bien inspirés. Ne s'embarassant pas de subtilités pour exposer son point de vue narratif, elle n'hésite pas à verser dans la caricature. Cependant, ces quatre épisodes s'apprécient sans arrière-pensée, se suivant avec plaisir.
 
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Au final, Cambridge Spies reste une belle mini-série qui aurait pu être perfectible, mais qui propose une description passionnante du milieu du XXe siècle européen. Servie par ce savoir-faire britannique, toujours si professionnel, pour les reconstitutions historiques, cette histoire laisse un arrière-goût doux-amer au téléspectateur. Seuls restent à l'écran des idéaux qui ont flêtri confrontés à la réalité, à l'ombre d'une nature humaine capricieuse et versatile capable du meilleur comme du pire. Cette impression diffuse est accrue par notre perspective d'observateur extérieur qui nous permet de bénéficier du recul historique, conscient des enjeux et percevant les faux-semblants bien avant des personnages principaux à la croisée des chemins.
 
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Bilan : Une mini-série qui devrait combler les amateurs de fictions d'espionnage comme de reconstitutions historiques. Elle offre une interrogation sur les enjeux du pouvoir tout autant qu'un portrait critique de la bourgeoisie britannique, écrasée et immobilisée par ses codes sociaux, au tournant de la Seconde Guerre Mondiale.
 

NOTE : 7/10

30/10/2009

(Mini-série UK) State of Play : des jeux de pouvoir immuables

Ce soir, Arte rediffuse une des plus réussies mini-séries britanniques des années 2000 : State of Play (Jeux de pouvoir).

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J'ai beau connaître l'histoire sur le bout des doigts, finir par être capable de réciter certaines scènes par coeur et avoir presque rayé mes DVD à force de visionner en boucle certaines scènes, c'est toujours un plaisir de la regarder à nouveau. Cela reste toujours aussi facile de s'enthousiasmer devant son petit écran, de jubiler devant ces dialogues finement écrits qui sonnent justes, de se prendre au jeu de cette tension qui se construit peu à peu, de se piquer aux relations entre les protagonistes qui se font et se défont, de s'interroger sur la complexité des personnages, d'applaudir devant l'ultime retournement de situation avec l'estomac noué.

C'est un thriller médiatico-politique qui s'interroge sur cette zone d'ombre trouble où évoluent les initiés du pouvoir et sur les pratiques qui y ont cours ; on plonge dans les coulisses et les rouages amers d'une démocratie, des secrets de fabrication dont nous ne sommes normalement pas témoin. Une intrigue prenante et passionnante se déroule et captive rapidement. Si bien qu'une adaptation en film a même été faite cette année par les américains. Autant le dire tout de suite, je n'ai pas réussi à trouver l'envie d'aller y risquer un oeil. C'est difficile de se motiver pour voir rejouer une intrigue simplifiée (6 heures réduites au format d'un film) et américanisée (translation géographique, mais aussi des enjeux derrière la trame principale). Mais surtout, il y a un élément, plus brise-coeur, plus répulsif : le casting original a disparu. Et imaginer State of Play sans Bill Nighy, John Simm, David Morrissey, Polly Walker, James McAvoy... C'est juste blasphématoire.

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Il faut dire que State of Play et moi, cela se joue également sur un plan purement affectif. Mon premier visionnage, c'était au temps où je commençais juste à découvrir la télévision britannique. C'était au temps où je ne connaissais pas encore toutes les têtes familières du petit écran d'outre-Manche. Et ce fut juste le coup de foudre. Du genre à me conduire à aller fouiller la filmographie de tous ces acteurs, pour découvrir d'autres petits bijoux. Je garde encore les noms de John Simm (en dépit de Life on Mars) ou de David Morrissey (Blackpool, Meadowland, etc...) associés en priorité à cette mini-série. James McAvoy conservera toujours à mes yeux cette image de dandy irrésistible, en dépit de sa carrière cinématographique future. Dans mon esprit, seule Polly Walker a pu se détacher de l'image de l'épouse subissant les évènements pour devenir un symbole de Rome.

On a tous, vous comme moi, près de notre coeur de téléphage, quelques séries qui sont particulières. Ce serait trop réducteur de parler uniquement d'une question de qualité. C'est cela, certes, mais bien plus encore. Cela renvoie à l'impact que telle ou telle fiction a pu avoir sur nous lors du premier visionnage, à sa place dans notre expérience téléphagique globale. C'est purement subjectif. Souvent conjoncturel. Tellement personnel. Cela ne s'explique pas en termes rationnels. Je suis certaine que ce sentiment ne vous est pas non plus étranger. Toujours est-il que State of Play est, pour moi, une de ces fameuses séries. Une de ces éternelles et immuables qui occupent mon petit Panthéon personnel du petit écran.

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Si jamais State of Play vous est encore inconnu. Je n'ai qu'un seul conseil : Arte, ce soir, 22h10 (bon, en VF, cela me hérisse un peu car il manquera quand même la savoureuse multitude d'accents offerte par la mini-série ; mais ce sera un début!). Car même si ce billet n'est pas vraiment une critique, je peux bien attribuer une note à cette série, et ce sera sans hésitation, avec tout ma subjectivité :

NOTE : 9,5/10